Une sacrée Mamie (Tome 1)
Yoshichi Shimada et Saburo Ishikawa
Delcourt, 2009
Tiré d'une autobiographie, ce manga (qui compte de nombreux volumes, comme il se doit) raconte l'histoire d'Akihiro dont la mère est forcée de se séparer pour l'envoyer à la campagne chez sa grand mère. Celle ci vit fort pauvrement, récupérant quasiment tout pour s'en tirer (en particulier au fil de la rivière ou en laissant traîner un aimant derrière elle sur le chemin). Akihiro se fait petit à petit à sa nouvelle vie, aux camarades de classe, à la pauvreté. Le lecteur se met à aimer cette grand mère si positive et courageuse qui sait éduquer moralement aussi son petit-fils. Découvrir comment cette mamie réagit face à un voleur, aux factures d'eau et d'électricité, à la fête de Noël, aux demandes du petit, est un régal.
J'ai beaucoup apprécié découvrir cette vie rude à la campagne dans le japon de la fin des années 50 et les leçons en douceur de la grand mère. Pour tous!
La grand mère n'achète quasiment rien, mais
"Mamie, pourquoi tu achètes seulement le tofu? Parce qu'on n'en trouve pas dans la rivière?
Oui, c'est une des raisons, mais c'est aussi parce qu'à toujours récupérer, on se rétrécit le cœur. Acheter est alors un luxe qui égaie le cœur."
Plein d'avis sur babelio
Il y a 11 tomes, George les a tous lus, la veinarde!
Pour Aifelle (et qui veut), comment lire une page de manga (on s'y fait très bien!)
mercredi 30 juillet 2014
lundi 28 juillet 2014
Une terre d'ombre
Une terre d'ombre
The Cove
Ron Rash
Seuil, 2014
Traduit par Isabelle Reinharez
En 1957, quarante ans après l'histoire racontée par Ron Rash, la nature a repris ses droits dans ce vallon quasiment jamais atteint par les rayons du soleil, la ferme est à l'abandon, un crâne est retrouvé au fond d'un puits. Qui? Comment? Pourquoi?
Venus d'une autre région, les Shelton ont acheté la ferme, au faible rendement, et les malheurs se succèdent, maladie, mort. Le fils Hank part à la guerre et en revient amputé d'une main. Lui et sa soeur Laurel triment sur leurs terres, Laurel victime en plus du rejet des habitants de la ville voisine, à cause d'une tache de naissance. L'espoir d'une vie différente naît en elle, avec l'arrivée de Walter, muet, n'ayant avec lui qu'une flûte dont il joue fort bien, et un mystérieux médaillon.
En ville, l'ambiance est au patriotisme acharné avec la chasse aux patronymes germaniques et livres écrits en allemand, à la tristesse lors du retour d'Europe de combattants estropiés ou l'annonce des morts au front. Pas question pour certains cerveaux échauffés de ne pas faire justice eux-mêmes, et c'est le drame prévisible.
Ron Rash nous offre encore une fois un très beau livre, avec une magnifique héroïne, Laurel, "en train d'attendre que sa vie commence", cherchant à agripper toute petite parcelle de bonheur à sa portée. Mais face aux préjugés et à la peur, cela pouvait-il se terminer autrement? (petit cœur broyé)
Les avis de micmélo, krol,
Edit du 24 juillet 2015 : J'ai lu le recueil de nouvelles, Incandescences. Unité de lieu, ces campagnes isolées, ces petites villes de l'est, mais pour le temps, de la guerre de Sécession à nos jours (?) en passant par la grande Dépression économique, les personnages, des gens simples, assez taiseux, plutôt sympathiques. Incandescences, avec ses incendies volontaires et cette femme connaissant un bonheur tardif, est très très belle. Mais toutes sont réussies, laissant souvent un goût amer, ou de la tristesse. Pas la joie, quoi, mais quelle beauté.
Des nouvelles où on entre tout de suite, avec des histoires complètes, une atmosphère, des personnages tout de suite attachants.
The Cove
Ron Rash
Seuil, 2014
Traduit par Isabelle Reinharez
En 1957, quarante ans après l'histoire racontée par Ron Rash, la nature a repris ses droits dans ce vallon quasiment jamais atteint par les rayons du soleil, la ferme est à l'abandon, un crâne est retrouvé au fond d'un puits. Qui? Comment? Pourquoi?
Venus d'une autre région, les Shelton ont acheté la ferme, au faible rendement, et les malheurs se succèdent, maladie, mort. Le fils Hank part à la guerre et en revient amputé d'une main. Lui et sa soeur Laurel triment sur leurs terres, Laurel victime en plus du rejet des habitants de la ville voisine, à cause d'une tache de naissance. L'espoir d'une vie différente naît en elle, avec l'arrivée de Walter, muet, n'ayant avec lui qu'une flûte dont il joue fort bien, et un mystérieux médaillon.
En ville, l'ambiance est au patriotisme acharné avec la chasse aux patronymes germaniques et livres écrits en allemand, à la tristesse lors du retour d'Europe de combattants estropiés ou l'annonce des morts au front. Pas question pour certains cerveaux échauffés de ne pas faire justice eux-mêmes, et c'est le drame prévisible.
Ron Rash nous offre encore une fois un très beau livre, avec une magnifique héroïne, Laurel, "en train d'attendre que sa vie commence", cherchant à agripper toute petite parcelle de bonheur à sa portée. Mais face aux préjugés et à la peur, cela pouvait-il se terminer autrement? (petit cœur broyé)
Perroquet de Caroline |
Edit du 24 juillet 2015 : J'ai lu le recueil de nouvelles, Incandescences. Unité de lieu, ces campagnes isolées, ces petites villes de l'est, mais pour le temps, de la guerre de Sécession à nos jours (?) en passant par la grande Dépression économique, les personnages, des gens simples, assez taiseux, plutôt sympathiques. Incandescences, avec ses incendies volontaires et cette femme connaissant un bonheur tardif, est très très belle. Mais toutes sont réussies, laissant souvent un goût amer, ou de la tristesse. Pas la joie, quoi, mais quelle beauté.
Des nouvelles où on entre tout de suite, avec des histoires complètes, une atmosphère, des personnages tout de suite attachants.
vendredi 25 juillet 2014
La bicyclette rouge
La bicyclette rouge
Kim Dong Hwa
Paquet, 2005, 2006, et 2009
A ce jour sont parus quatre volumes des histoires de La bicyclette rouge, du coréen Kim Dong Hwa. Quatre à six pages chaque fois, en couleur, dans le sens occidental de la lecture. Le héros est un facteur qui sur sa bicyclette rouge distribue le courrier dans les villages de la campagne. Un facteur qui prend son temps, discute beaucoup, philosophe, rend service,observe. Bien souvent ces histoires s'intéressent aux petits événements de la vie quotidienne de paysans assez âgés, guettant des nouvelles de leurs enfants ou petits enfants, un vieux couple aime se disputer, un veuf soupire encore après son épouse, le labeur des champs est dur et répétitif, mais ils savent jouir des changements au fil des saisons et admirer un coucher de soleil.
Il se dégage de ces histoires une atmosphère hors du temps, sans méchanceté, pleine de douceur et de tendresse. Non, pas de vitesse, de précipitation ou de bagarres. Mais finalement savoir profiter des petits plaisirs simples de la vie de tous les jours.
Coup de cœur!
L'annonce du printemps
Le facteur pose l'oreille sur la glace d'un ruisseau gelé.
"J'étais en train d'écouter le bruit qui annonce le printemps sur le ruisseau gelé."
Il y a quelques jours, le ruisseau était complètement gelé mais aujourd'hui je sens qu'il y a un écoulement timide en dessous de la glace. C'est comme le battement de cœur d'un petit poussin.
Quand le bruit sera tel le souffle d'un chiot endormi, le printemps s'installera définitivement."
Pour le paysan
"Par jour de vent, quand on sent un goût sucré au bout de la langue, on sait que le printemps n'est pas loin. En hiver, le vent a le goût piquant de la moutarde."
Ma sa femme n'est pas d'accord!
"Quand on sent notre cœur battre d'excitation sans raison, c'est le printemps."
Finalement, pense le facteur
"Le printemps nous revient tous les ans de la même façon, alors qu'on l’accueille de mille façons différentes."
Kim Dong Hwa
Paquet, 2005, 2006, et 2009
A ce jour sont parus quatre volumes des histoires de La bicyclette rouge, du coréen Kim Dong Hwa. Quatre à six pages chaque fois, en couleur, dans le sens occidental de la lecture. Le héros est un facteur qui sur sa bicyclette rouge distribue le courrier dans les villages de la campagne. Un facteur qui prend son temps, discute beaucoup, philosophe, rend service,observe. Bien souvent ces histoires s'intéressent aux petits événements de la vie quotidienne de paysans assez âgés, guettant des nouvelles de leurs enfants ou petits enfants, un vieux couple aime se disputer, un veuf soupire encore après son épouse, le labeur des champs est dur et répétitif, mais ils savent jouir des changements au fil des saisons et admirer un coucher de soleil.
Il se dégage de ces histoires une atmosphère hors du temps, sans méchanceté, pleine de douceur et de tendresse. Non, pas de vitesse, de précipitation ou de bagarres. Mais finalement savoir profiter des petits plaisirs simples de la vie de tous les jours.
Coup de cœur!
L'annonce du printemps
Le facteur pose l'oreille sur la glace d'un ruisseau gelé.
"J'étais en train d'écouter le bruit qui annonce le printemps sur le ruisseau gelé."
Il y a quelques jours, le ruisseau était complètement gelé mais aujourd'hui je sens qu'il y a un écoulement timide en dessous de la glace. C'est comme le battement de cœur d'un petit poussin.
Quand le bruit sera tel le souffle d'un chiot endormi, le printemps s'installera définitivement."
Pour le paysan
"Par jour de vent, quand on sent un goût sucré au bout de la langue, on sait que le printemps n'est pas loin. En hiver, le vent a le goût piquant de la moutarde."
Ma sa femme n'est pas d'accord!
"Quand on sent notre cœur battre d'excitation sans raison, c'est le printemps."
Finalement, pense le facteur
"Le printemps nous revient tous les ans de la même façon, alors qu'on l’accueille de mille façons différentes."
mercredi 23 juillet 2014
Epépé
Epépé
Ferenc Karinthy
In Fine/Austral, 1996
Traduit du hongrois par Judith et Pierre Karinthy
Paru en 1970
Catégorie : incontournable!
"En y repensant, ce qui a dû se passer, c'est que dans la cohue de la correspondance, Budaï s'est trompé de sortie, il est probablement monté dans un avion pour une autre destination et les employés de l'aéroport n'ont pas remarqué l'erreur."
Voilà comment Budaï n'est jamais parvenu à son congrès de linguistique à Helsinki et s'est retrouvé coincé dans une ville inconnue. Ecriture et langues complètement inconnues aussi, et pourtant ce n'est pas faute de connaître les méthodes pour agripper des éléments éclairants. Personne pour l'aider, du moins au début, dans cette ville où se presse la foule, poussant, cognant, où s'écoule la circulation dense, où l'on doit faire la queue pour la moindre demande ou le moindre achat.
Par ses yeux nous découvrons cette ville, nous essayons aussi de raisonner logiquement, que faire pour s'en sortir? C'est absolument passionnant, fascinant, une forte expérience de lecture. Avec en prime un thème qui m'est cher, celui des langues. Coup de chapeau à l'auteur qui a su glisser un poil d'humour dans cette ambiance désespérante, relancer constamment l'intérêt et rendre crédible, palpable et cohérente cette cité tentaculaire.
Les avis de Kathel,
Ferenc Karinthy
In Fine/Austral, 1996
Traduit du hongrois par Judith et Pierre Karinthy
Paru en 1970
Catégorie : incontournable!
"En y repensant, ce qui a dû se passer, c'est que dans la cohue de la correspondance, Budaï s'est trompé de sortie, il est probablement monté dans un avion pour une autre destination et les employés de l'aéroport n'ont pas remarqué l'erreur."
Voilà comment Budaï n'est jamais parvenu à son congrès de linguistique à Helsinki et s'est retrouvé coincé dans une ville inconnue. Ecriture et langues complètement inconnues aussi, et pourtant ce n'est pas faute de connaître les méthodes pour agripper des éléments éclairants. Personne pour l'aider, du moins au début, dans cette ville où se presse la foule, poussant, cognant, où s'écoule la circulation dense, où l'on doit faire la queue pour la moindre demande ou le moindre achat.
Par ses yeux nous découvrons cette ville, nous essayons aussi de raisonner logiquement, que faire pour s'en sortir? C'est absolument passionnant, fascinant, une forte expérience de lecture. Avec en prime un thème qui m'est cher, celui des langues. Coup de chapeau à l'auteur qui a su glisser un poil d'humour dans cette ambiance désespérante, relancer constamment l'intérêt et rendre crédible, palpable et cohérente cette cité tentaculaire.
Les avis de Kathel,
lundi 21 juillet 2014
Paris, toujours
Paris, toujours
J.P. Nishi
Philippe Picquier, 2014
Revoilà J.P. Nishi (J.P. = Jean-Paul, pseudo choisi par l'auteur, japonais) dans ses aventures à Paris, et, scoop, à Marseille! (Voir A nous deux, Paris, le tome 1. Je pense que tout cela est indépendant, tant pis s'il manque le numéro 2)
Quoi de neuf, donc? Nishi continue au fil des années des aller-retour entre Paris et le Japon, à mon grand étonnement il semble parler aussi peu le français, et je l'ai trouvé bien naïf de réaliser quelle sorte de personnes il fréquente, à savoir des japonais ou des français (anglophones) en lien avec ses activités, et donc peu de "français moyens" (si ça existe, d'ailleurs). L'on dirait aussi qu'il découvre la cuisine?
Il s'agit d'une traduction de courtes histoires (une à trois quatre pages) parues au Japon, ce qui explique (à mes yeux) le point de vue utilisé et les explications qui tombent un peu à plat parfois, pour un français. A considérer comme une façon de découvrir la mentalité ou le mode de vie japonais? Il s'étonne par exemple de ne trouver ni brosse à dents ni rasoir dans un hôtel.
Cependant l'autodérision de l'auteur et certaines histoires font mouche, et j'ai trouvé que toute la partie sur le salon du livre où il fut invité en 2012 et celle à Marseille sont fort réussies. Pour mon œil de français, hein!
Lecture commune avec Aifelle
Masse critique Babelio
J.P. Nishi
Philippe Picquier, 2014
Revoilà J.P. Nishi (J.P. = Jean-Paul, pseudo choisi par l'auteur, japonais) dans ses aventures à Paris, et, scoop, à Marseille! (Voir A nous deux, Paris, le tome 1. Je pense que tout cela est indépendant, tant pis s'il manque le numéro 2)
Quoi de neuf, donc? Nishi continue au fil des années des aller-retour entre Paris et le Japon, à mon grand étonnement il semble parler aussi peu le français, et je l'ai trouvé bien naïf de réaliser quelle sorte de personnes il fréquente, à savoir des japonais ou des français (anglophones) en lien avec ses activités, et donc peu de "français moyens" (si ça existe, d'ailleurs). L'on dirait aussi qu'il découvre la cuisine?
Il s'agit d'une traduction de courtes histoires (une à trois quatre pages) parues au Japon, ce qui explique (à mes yeux) le point de vue utilisé et les explications qui tombent un peu à plat parfois, pour un français. A considérer comme une façon de découvrir la mentalité ou le mode de vie japonais? Il s'étonne par exemple de ne trouver ni brosse à dents ni rasoir dans un hôtel.
Cependant l'autodérision de l'auteur et certaines histoires font mouche, et j'ai trouvé que toute la partie sur le salon du livre où il fut invité en 2012 et celle à Marseille sont fort réussies. Pour mon œil de français, hein!
Lecture commune avec Aifelle
Masse critique Babelio
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vendredi 18 juillet 2014
L'emprise
L'emprise
Marc Dugain
Gallimard, 2014
"Pourquoi vos parents vous ont-ils appelée Lorraine?
-J'imagine qu'ils ont réalisé qu'Alsace c'est un peu dur à porter pour une fille.
-Et votre nom de famille, K., ça vient d'où?
- Je ne sais pas. Un nom breton qui a perdu ses lettres."
Philippe Launay est favori dans les sondages, qui le donnent gagnant à de futures primaires, et au second tour face au président sortant ou l'extrême droite. Son adversaire du même parti aimerait bien mettre la main sur quelques casseroles, Launay, lui, essaie d'avoir un tour d'avance, histoire de garder la main dans le jeu.
Blandine Habber, ancienne présidente du groupe Arlena, "fleuron de l'industrie nucléaire française", est en rapports avec un ingénieur syndicaliste du groupe, lequel disparaît mystérieusement;
Corti, directeur de la Direction centrale du renseignement intérieur, corse et amateur de nourritures roboratives, essaie de tout savoir sur tout, sans se laisser embobiner, et envoie Lorraine mener une enquête à la fois sur la disparition du syndicaliste et celle d'un voilier.
Par pitié, ne fuyez pas dès que vous aurez lu les expressions "politique","services de renseignements", "groupe industriel". Ce bouquin se lit comme un thriller américain (un compliment) dont il possède l'efficacité tout en offrant une écriture de bon niveau. Souvent cynique, mais laissant une petite part à des moments plus tendres, il donne souvent l'impression au lecteur d'être une petite souris dans les chambres ou antichambres du pouvoir, et je n'ai pu m'empêcher de tenter de mettre une tête sur des noms fictifs, en vain la plupart du temps car Dugain se garde de donner trop de détails. Mais tous les rebondissements et les faits demeurent bien crédibles.
"Afin de financer des campagnes électorales avec des sommes prélevées sur des travaux d'adduction d'eau, d'assainissement, de chauffage collectif, de traitement des ordures ménagères, de transports scolaires et urbains, ils avaient corrompu un bon nombre d'élus locaux de tout bord et à tous les étages de la représentation territoriale, ce qui leur valait d'être craints sous couvert de respect et d'estime."
J'ai bien aimé aussi les petites remarques au détour d'une phrase
"Il n'avait pas atteint l'âge où l'on parle du temps pour engager une conversation."
Les avis de krol, tasha, malika, mon petit chapitre, athalie,
Edit du 9 juin (billet écrit avant, donc)(et ça prouve qu'un billet peut vraiment traîner dans mes brouillons de blog)
Hier soir ce livre était présenté au Masque et la plume, qui n'a pas tellement aimé mais n'en a pas dit que du mal. A été évoquée la façon de voir la montée du candidat, a été déplorée la disparition de Li (le livre aurait échappé à l'auteur et aurait évolué vers autre chose; j'aime bien cette idée, et pourquoi pas?), et a été remarquée la fin ouvrant des pistes vers une révolution constitutionnelle... (et un second volume?)
Marc Dugain
Gallimard, 2014
"Pourquoi vos parents vous ont-ils appelée Lorraine?
-J'imagine qu'ils ont réalisé qu'Alsace c'est un peu dur à porter pour une fille.
-Et votre nom de famille, K., ça vient d'où?
- Je ne sais pas. Un nom breton qui a perdu ses lettres."
Philippe Launay est favori dans les sondages, qui le donnent gagnant à de futures primaires, et au second tour face au président sortant ou l'extrême droite. Son adversaire du même parti aimerait bien mettre la main sur quelques casseroles, Launay, lui, essaie d'avoir un tour d'avance, histoire de garder la main dans le jeu.
Blandine Habber, ancienne présidente du groupe Arlena, "fleuron de l'industrie nucléaire française", est en rapports avec un ingénieur syndicaliste du groupe, lequel disparaît mystérieusement;
Corti, directeur de la Direction centrale du renseignement intérieur, corse et amateur de nourritures roboratives, essaie de tout savoir sur tout, sans se laisser embobiner, et envoie Lorraine mener une enquête à la fois sur la disparition du syndicaliste et celle d'un voilier.
Par pitié, ne fuyez pas dès que vous aurez lu les expressions "politique","services de renseignements", "groupe industriel". Ce bouquin se lit comme un thriller américain (un compliment) dont il possède l'efficacité tout en offrant une écriture de bon niveau. Souvent cynique, mais laissant une petite part à des moments plus tendres, il donne souvent l'impression au lecteur d'être une petite souris dans les chambres ou antichambres du pouvoir, et je n'ai pu m'empêcher de tenter de mettre une tête sur des noms fictifs, en vain la plupart du temps car Dugain se garde de donner trop de détails. Mais tous les rebondissements et les faits demeurent bien crédibles.
"Afin de financer des campagnes électorales avec des sommes prélevées sur des travaux d'adduction d'eau, d'assainissement, de chauffage collectif, de traitement des ordures ménagères, de transports scolaires et urbains, ils avaient corrompu un bon nombre d'élus locaux de tout bord et à tous les étages de la représentation territoriale, ce qui leur valait d'être craints sous couvert de respect et d'estime."
J'ai bien aimé aussi les petites remarques au détour d'une phrase
"Il n'avait pas atteint l'âge où l'on parle du temps pour engager une conversation."
Les avis de krol, tasha, malika, mon petit chapitre, athalie,
Edit du 9 juin (billet écrit avant, donc)(et ça prouve qu'un billet peut vraiment traîner dans mes brouillons de blog)
Hier soir ce livre était présenté au Masque et la plume, qui n'a pas tellement aimé mais n'en a pas dit que du mal. A été évoquée la façon de voir la montée du candidat, a été déplorée la disparition de Li (le livre aurait échappé à l'auteur et aurait évolué vers autre chose; j'aime bien cette idée, et pourquoi pas?), et a été remarquée la fin ouvrant des pistes vers une révolution constitutionnelle... (et un second volume?)
mercredi 16 juillet 2014
Potes pour la vie
Potes pour la vie
Brode i blodet, 1996
Ingvar Ambjornsen
Gaïa, 2012
Traduit par Jean-Baptiste Coursaud
Le même jour que La petite boutique des rêves, j'ai emprunté à la bibliothèque un autre roman chez Gaïa, juste pour la couverture. Encore une fois, bonne pioche.
Les deux potes, frères de sang si je comprends bien le texte original, ce sont Elling et Kjell Bjarne. Nos deux zèbres sortent du centre de cure et de convalescence de Broynes et démarrent une nouvelle vie dans un appartement fourni par la ville, sous l’œil de Frank, leur tuteur. Kjell Bjarne est un grand costaud naïf qui n'a pas inventé l'eau chaude, peu disert et capable d'engloutir des quantités importantes de nourriture. Elling semble sortir d'une dépression, se révèle fort nerveux et d'une imagination délirante. Sortir de l'appartement est considéré comme "se transformer en cible ambulante à la merci de la violence gratuite." Téléphoner, faire les courses, sans parler de se rendre au restaurant, c'est au départ mission impossible...
Mais ça va s'arranger, petit à petit. Le duo va faire connaissance de Reidun Nordsletten, enceinte et abandonnée, et une histoire d'amour va démarrer entre elle et Kjell Bjaren... Elling, lui, va être appelé à devenir poète! Sans parler des deux chatons.
Histoire plus que sympathique, plus profonde qu'elle n'en a l'air, et surtout franchement marrante grâce au décalage entre la réalité devinée par le lecteur et la narration d'Elling, toujours hyper sérieuse. Il semble que ces deux héros fort touchants apparaissent dans plusieurs tomes (assez indépendants) et je veux les lire!
Les avis chez babelio
Brode i blodet, 1996
Ingvar Ambjornsen
Gaïa, 2012
Traduit par Jean-Baptiste Coursaud
Le même jour que La petite boutique des rêves, j'ai emprunté à la bibliothèque un autre roman chez Gaïa, juste pour la couverture. Encore une fois, bonne pioche.
Les deux potes, frères de sang si je comprends bien le texte original, ce sont Elling et Kjell Bjarne. Nos deux zèbres sortent du centre de cure et de convalescence de Broynes et démarrent une nouvelle vie dans un appartement fourni par la ville, sous l’œil de Frank, leur tuteur. Kjell Bjarne est un grand costaud naïf qui n'a pas inventé l'eau chaude, peu disert et capable d'engloutir des quantités importantes de nourriture. Elling semble sortir d'une dépression, se révèle fort nerveux et d'une imagination délirante. Sortir de l'appartement est considéré comme "se transformer en cible ambulante à la merci de la violence gratuite." Téléphoner, faire les courses, sans parler de se rendre au restaurant, c'est au départ mission impossible...
Mais ça va s'arranger, petit à petit. Le duo va faire connaissance de Reidun Nordsletten, enceinte et abandonnée, et une histoire d'amour va démarrer entre elle et Kjell Bjaren... Elling, lui, va être appelé à devenir poète! Sans parler des deux chatons.
Histoire plus que sympathique, plus profonde qu'elle n'en a l'air, et surtout franchement marrante grâce au décalage entre la réalité devinée par le lecteur et la narration d'Elling, toujours hyper sérieuse. Il semble que ces deux héros fort touchants apparaissent dans plusieurs tomes (assez indépendants) et je veux les lire!
Les avis chez babelio
lundi 14 juillet 2014
Le village évanoui
Le village évanoui
Bernard Quiriny
Flammarion, 2014
Aller (simple) pour Châtillon-en-Bierre, petit village comme bien d'autres : "de là, et c'est ainsi que tout commence, nous ne sortirons pas." Un matin, les habitants constatent qu'ils est impossible de sortir du village. Electricité et eau, oui, mais pas télévision ou internet. Il faut s'organiser, alors on s'organise, et plutôt bien.
Quiriny scrute avec humour et réalisme les réactions des habitants au fil du temps. "D'une certaine manière, pensait Ancel, nous sommes un village pilote, puisque nous expérimentons l'obligation de subvenir à nos besoins et de relocaliser les activités productives." Certains sont ravis de mener une vie loin des tentations matérialistes du monde extérieur, d'autres étouffent, quelques uns ont des interrogations métaphysiques. Sans forcer la corde fantastique et surtout sans chercher à épouvanter son lecteur, Quiriny livre là une sorte de fable fort réussie.
Bernard Quiriny
Flammarion, 2014
Aller (simple) pour Châtillon-en-Bierre, petit village comme bien d'autres : "de là, et c'est ainsi que tout commence, nous ne sortirons pas." Un matin, les habitants constatent qu'ils est impossible de sortir du village. Electricité et eau, oui, mais pas télévision ou internet. Il faut s'organiser, alors on s'organise, et plutôt bien.
Quiriny scrute avec humour et réalisme les réactions des habitants au fil du temps. "D'une certaine manière, pensait Ancel, nous sommes un village pilote, puisque nous expérimentons l'obligation de subvenir à nos besoins et de relocaliser les activités productives." Certains sont ravis de mener une vie loin des tentations matérialistes du monde extérieur, d'autres étouffent, quelques uns ont des interrogations métaphysiques. Sans forcer la corde fantastique et surtout sans chercher à épouvanter son lecteur, Quiriny livre là une sorte de fable fort réussie.
vendredi 11 juillet 2014
Le liseur du 6h27
Le Liseur du 6h27
Jean-Paul Didierlaurent
Au diable vauvert, 2014
Dans le métro, à 6h27, j'imagine que certains finissent leur nuit, lisent un livre ou leur liseuse, papotent, pensent, consultent leurs messages ou téléphonent. Guylain Vignolles, lui, lit chaque matin à voix haute une ou plusieurs pages arrachées au hasard du ventre de la Zerstor 500 (zerstören = détruire), la Chose qui détruit les livres invendus, et qu'il doit alimenter tous les jours...
Mais qu'est-ce que ce roman? Fantastique et horreur avec la Zerstor bouffeuse de rats? Boulot abrutissant et collègues plus que lourdingues? Chouettes amitiés? Ultra moderne solitude? Histoire d'amour romantique? Bribes de romans imaginaires et fascinants? Pouvoir de la lecture?
En tout cas un ensemble qu'on ne lâche pas, qui part dans des directions inattendues. J'aurais bien aimé ne pas quitter ces personnages, en savoir plus sur les vies d'autres passagers de métro, et que devient la Zerstor?, et les sisters? (Plutôt bon signe, non?)
Une seule remarque : que tous les extraits de romans me semblent écrits de la même (jolie) façon.
Mais peut-on résister à Yvon que Guylain avait toujours vu "appliquer ce principe qui consistait à ne jamais abandonner une phrase en cours de lecture, qu'elle qu'en fut la cause ou la raison."?
Merci à Anne V et l'éditeur
Jean-Paul Didierlaurent
Au diable vauvert, 2014
Dans le métro, à 6h27, j'imagine que certains finissent leur nuit, lisent un livre ou leur liseuse, papotent, pensent, consultent leurs messages ou téléphonent. Guylain Vignolles, lui, lit chaque matin à voix haute une ou plusieurs pages arrachées au hasard du ventre de la Zerstor 500 (zerstören = détruire), la Chose qui détruit les livres invendus, et qu'il doit alimenter tous les jours...
Mais qu'est-ce que ce roman? Fantastique et horreur avec la Zerstor bouffeuse de rats? Boulot abrutissant et collègues plus que lourdingues? Chouettes amitiés? Ultra moderne solitude? Histoire d'amour romantique? Bribes de romans imaginaires et fascinants? Pouvoir de la lecture?
En tout cas un ensemble qu'on ne lâche pas, qui part dans des directions inattendues. J'aurais bien aimé ne pas quitter ces personnages, en savoir plus sur les vies d'autres passagers de métro, et que devient la Zerstor?, et les sisters? (Plutôt bon signe, non?)
Une seule remarque : que tous les extraits de romans me semblent écrits de la même (jolie) façon.
Mais peut-on résister à Yvon que Guylain avait toujours vu "appliquer ce principe qui consistait à ne jamais abandonner une phrase en cours de lecture, qu'elle qu'en fut la cause ou la raison."?
Merci à Anne V et l'éditeur
mercredi 9 juillet 2014
Un festival, des festivaux (2)
Comme j'ai commis l'erreur de présenter le (1), me voilà un peu obligée d'avoir un (2). Continuons donc l'exposé de mes pérégrinations festivalières (et non sponsorisées) en région Centre.
Trouver la grange de Meslay (37) située en rase campagne, pour écouter l'Orchestre symphonique de Tours et le pianiste Adam Laloum, dont le talent n'a pas pâti du bruit des avions passant (mais pas trop souvent quand même) à proximité (eh oui, l'aéroport de Tours se situe dans la même rase campagne...). Il semble que d'ordinaire on ne les entende pas.
Satisfaire mon goût pour Haydn avec Laurence Equilbey et son Insula Orchestra, pour démarrer le festival de Chambord (41), dans la grande cour intérieure du château. Avant le concert, possibilité de suivre sur écran le match France-Allemagne (0-1 pour ceux qui l'ignorent), avec une partie des musiciens amateurs de foot...
Je ne me lasse pas de l'arrivée sur le château...
... ni des toits
Je signale que le festival n'est pas du tout terminé, et que ze bon plan c'est une entrée gratuite au château (et à l'exposition Philippe Cognée par la même occasion) dès que vous avez un billet pour un concert. Nouveauté cette année : les spectateurs ne peuvent plus être mouillés, c'est couvert!
A propos de plein air, le risque était grand lundi 7 juillet, pour assister à un opéra dans la cour du château d'Azay le Ferron (36). Iolanta, opéra de Piotr Ilitch Tchaïkovsky (livret de son frère Modeste), avec de jeunes chanteurs du Bolchoï. Chanté en russe, pas surtitré. Présenté par Jean Yves Patte, chroniqueur à France Musique et habitant du Berry.
Jolie petite soirée, spectacle mis en scène en utilisant intelligemment le château à l'arrière, basses russes comme on les aime, et chanteurs vraiment pas mal (et bons acteurs) dans l'ensemble. Un succès, et l'orage s'est tenu à l'écart de quelques kilomètres...
Trouver la grange de Meslay (37) située en rase campagne, pour écouter l'Orchestre symphonique de Tours et le pianiste Adam Laloum, dont le talent n'a pas pâti du bruit des avions passant (mais pas trop souvent quand même) à proximité (eh oui, l'aéroport de Tours se situe dans la même rase campagne...). Il semble que d'ordinaire on ne les entende pas.
Intérieur |
Extérieur nuit |
Je ne me lasse pas de l'arrivée sur le château...
![]() |
Un poil en biais, je sais... Le drapeau n'était pas là pour le match, mais parce qu'il y a une gendarmerie (à cheval) à Chambord |
Je signale que le festival n'est pas du tout terminé, et que ze bon plan c'est une entrée gratuite au château (et à l'exposition Philippe Cognée par la même occasion) dès que vous avez un billet pour un concert. Nouveauté cette année : les spectateurs ne peuvent plus être mouillés, c'est couvert!
A propos de plein air, le risque était grand lundi 7 juillet, pour assister à un opéra dans la cour du château d'Azay le Ferron (36). Iolanta, opéra de Piotr Ilitch Tchaïkovsky (livret de son frère Modeste), avec de jeunes chanteurs du Bolchoï. Chanté en russe, pas surtitré. Présenté par Jean Yves Patte, chroniqueur à France Musique et habitant du Berry.
Jolie petite soirée, spectacle mis en scène en utilisant intelligemment le château à l'arrière, basses russes comme on les aime, et chanteurs vraiment pas mal (et bons acteurs) dans l'ensemble. Un succès, et l'orage s'est tenu à l'écart de quelques kilomètres...
lundi 7 juillet 2014
Les oies de neiges
Les oies de neiges
William Fiennes
hoëbeke, 2014
J'en entends qui ricanent, ah du nature writing, des bestioles (à plumes), des grands espaces (américains), ça faisait longtemps. Remercions Dominique pour avoir déniché cette pépite.
William Fiennes n'est pas un vieux baroudeur américain, fan de pêche, de chasse et de vie en cabane, il n'a pas suivi d'études scientifiques hyper pointues, non, c'est un anglais de bonne famille comme les anglais savent en produire, il est né en 1970 et sort d'Eton et d'Oxford.
En convalescence après une opération, il trouve dans une petite bibliothèque à l'hôtel L'oie des neiges, de Paul Gallico, qu'un de ses instituteurs lisait à sa classe des années auparavant. Il sort de sa déprime, se passionne pour cet oiseau migrateur en particulier, et décide de partir sur leurs traces.
"J'ai imaginé une quête, un vol : un voyage avec les oies des neiges jusqu'à l'océan Arctique. Le pincement de nostalgie, l'intense désir de rentrer chez moi que j'avais éprouvé à l'hôpital, avait désormais été supplanté par un autre désir , non moins intense, d'aventure et de nouveaux horizons. Autant j'avais eu désespérément envie de retourner à la maison, autant j'avais désormais envie de partir.(...) Je n'arrêtais pas de penser aux oies. (...)Je voulais proclamer que j'étais libre de bouger.
J'ai réservé un vol pour Houston, pour la fin du mois de février, avec l'intention d'aller trouver les oies dans les prairies du Texas et de les suivre vers le nord, au printemps."
Et voilà!
Au cours de son périple dont le rythme sera totalement déterminé par les oies (et la météo) il aura le temps de rencontrer bien des américains hauts en couleur, vraiment accueillants et le côté road movie du sud au nord est un des charmes du livre. Point trop de descriptions de nature (un peu tout de même). Cela se terminera chez les Inuits (qui chassent et mangent l'oie des neiges)*
Je m'attendais à un récit dans le genre de l'excellent En vol d'Alan Tennant et je n'ai pas été déçue. Fort bien écrit (ça compte, même si le sujet m'intéresse a priori)(j'avoue avoir déjà abandonné un Transboréal ennuyeux comme la pluie à cause de l'écriture), avec de fortes réflexions sur le désir des êtres vivants de retourner "à la maison" tout en demeurant titillé par l'envie de découvrir le monde...
Coup de coeur? Oui!
* De 3000 à 4000 individus en 1910, leur nombre est passé à un million et demi, l'espèce n'est donc pas en danger, et certains pensent qu'il commence à y en avoir beaucoup trop qui boulottent les cultures.
Les avis de cathulu,
Merci à Babelio (Masse critique)
William Fiennes
hoëbeke, 2014
J'en entends qui ricanent, ah du nature writing, des bestioles (à plumes), des grands espaces (américains), ça faisait longtemps. Remercions Dominique pour avoir déniché cette pépite.
William Fiennes n'est pas un vieux baroudeur américain, fan de pêche, de chasse et de vie en cabane, il n'a pas suivi d'études scientifiques hyper pointues, non, c'est un anglais de bonne famille comme les anglais savent en produire, il est né en 1970 et sort d'Eton et d'Oxford.
En convalescence après une opération, il trouve dans une petite bibliothèque à l'hôtel L'oie des neiges, de Paul Gallico, qu'un de ses instituteurs lisait à sa classe des années auparavant. Il sort de sa déprime, se passionne pour cet oiseau migrateur en particulier, et décide de partir sur leurs traces.
"J'ai imaginé une quête, un vol : un voyage avec les oies des neiges jusqu'à l'océan Arctique. Le pincement de nostalgie, l'intense désir de rentrer chez moi que j'avais éprouvé à l'hôpital, avait désormais été supplanté par un autre désir , non moins intense, d'aventure et de nouveaux horizons. Autant j'avais eu désespérément envie de retourner à la maison, autant j'avais désormais envie de partir.(...) Je n'arrêtais pas de penser aux oies. (...)Je voulais proclamer que j'étais libre de bouger.
J'ai réservé un vol pour Houston, pour la fin du mois de février, avec l'intention d'aller trouver les oies dans les prairies du Texas et de les suivre vers le nord, au printemps."
Bleu: aires de nidification. Ocre: aires d'hivernages |
Au cours de son périple dont le rythme sera totalement déterminé par les oies (et la météo) il aura le temps de rencontrer bien des américains hauts en couleur, vraiment accueillants et le côté road movie du sud au nord est un des charmes du livre. Point trop de descriptions de nature (un peu tout de même). Cela se terminera chez les Inuits (qui chassent et mangent l'oie des neiges)*
Je m'attendais à un récit dans le genre de l'excellent En vol d'Alan Tennant et je n'ai pas été déçue. Fort bien écrit (ça compte, même si le sujet m'intéresse a priori)(j'avoue avoir déjà abandonné un Transboréal ennuyeux comme la pluie à cause de l'écriture), avec de fortes réflexions sur le désir des êtres vivants de retourner "à la maison" tout en demeurant titillé par l'envie de découvrir le monde...
Coup de coeur? Oui!
* De 3000 à 4000 individus en 1910, leur nombre est passé à un million et demi, l'espèce n'est donc pas en danger, et certains pensent qu'il commence à y en avoir beaucoup trop qui boulottent les cultures.
Deux oies des neiges en vol |
Merci à Babelio (Masse critique)
tous les livres sur Babelio.com
vendredi 4 juillet 2014
Au bout des comédies
Au bout des comédies
Michel Jullien
Verdier, 2011
En abordant chacune de ces courtes chroniques, le lecteur se demande à quelle époque, en quel lieu, au cours de quelle épopée, avec quel personnage il va bien pouvoir se retrouver. Délicieusement déstabilisant, mais Michel Jullien, confiant dans l'agilité de son lecteur, lui offre cependant quelques prises où se raccrocher.
De l'Antiquité (Ovide exilé, deux sportifs de Crotone) à notre époque (conquête du pôle sud, Kathleen Ferier) en passant par le grand incendie de Londres ou un voyage de Vasco de Gama, chaque fois ce sont des destins particuliers, exposés dans une langue drue, précise, rythmée, usant d'un vocabulaire souvent inusité ou décalé dont le lecteur exigeant fera son miel.
Aucun marque-page inséré au cours de ma lecture, tellement je savais que tout passage pris au hasard allait bien convenir:
Il a enfilé un méchant hoqueton dont la dernière rangée de boutons ballotte à vide sur le pan gauche. Le col fripé, rebiquant, s'avachit au droit d'une chemise largement échancrée, découvrant l'avant-poste d'un torse à crin. Par dessus la tête, un calot de peintre, un bonnet de nuit, on ne sait trop - une embarcation renversée, un soufflé-, tout à fait de travers, plié, ourlé, s'affaisse comme un fromage mou. Pour le reste, une barbe frisottée par l'essor de la négligence, une moustache, comme n'importe quel malade peut en porter après plusieurs jours de couche, des mèches en bataille surgies du calot, vivaces contre les joues, une pleine encoiffade. On ne voit pas ses mains. c'est une représentation en manchot, cadrée serré, sur l'essentiel."
Après Esquisse d'un pendu, Michel Jullien m'offre un autre joli coup de coeur!
En parlent : Culture chronique,
Michel Jullien
Verdier, 2011
En abordant chacune de ces courtes chroniques, le lecteur se demande à quelle époque, en quel lieu, au cours de quelle épopée, avec quel personnage il va bien pouvoir se retrouver. Délicieusement déstabilisant, mais Michel Jullien, confiant dans l'agilité de son lecteur, lui offre cependant quelques prises où se raccrocher.
De l'Antiquité (Ovide exilé, deux sportifs de Crotone) à notre époque (conquête du pôle sud, Kathleen Ferier) en passant par le grand incendie de Londres ou un voyage de Vasco de Gama, chaque fois ce sont des destins particuliers, exposés dans une langue drue, précise, rythmée, usant d'un vocabulaire souvent inusité ou décalé dont le lecteur exigeant fera son miel.
Aucun marque-page inséré au cours de ma lecture, tellement je savais que tout passage pris au hasard allait bien convenir:
Autoportrait de Poussin au Bristish Museum |
Après Esquisse d'un pendu, Michel Jullien m'offre un autre joli coup de coeur!
En parlent : Culture chronique,
mercredi 2 juillet 2014
Le dévouement du suspect X
Le dévouement du suspect X
Yogisha X no Kenshin
Keigo Higashino
Traduit par Sophie Refle
Amoureux secret de sa voisine, Ishigami va aider celle-ci à se débarrasser du corps de son ex-mari.
L'inspecteur Kusanagi établit aisément le rapport entre un corps trouvé près d'un fleuve et cette voisine, qui devient suspecte et doit défendre son alibi, conseillée par Ishigami en coulisses. Kusanagi partage l'avancée de son enquête avec son ami le physicien Yukawa, qui, quel hasard!, connaissait Ishigani comme un brillant mathématicien et logicien.
J'ai toujours aimé les enquêtes de Colombo, où le spectateur connaît le coupable dès le début. C'est donc un vrai plaisir de découvrir comment les policiers vont avancer dans leur enquête. Pourtant le lecteur sent que l'auteur a gardé des informations pour lui, et le suspense demeure. Le duel entre cerveaux, Ishigani-Yukawa, est un des points forts du roman.
A part ça, j'ai trouvé quelques longueurs, une raideur et une froideur qui m'ont empêchée de m'intéresser vraiment aux personnages. J'avoue aussi ne pas être convaincue par la façon dont Ishigani a agi pour embrouiller la police. Un peu tordu. Et j'ai passé mon temps à mélanger les noms...
Merci à Philisine Cave de m'avoir permis de découvrir cet auteur.
Yogisha X no Kenshin
Keigo Higashino
Traduit par Sophie Refle
Amoureux secret de sa voisine, Ishigami va aider celle-ci à se débarrasser du corps de son ex-mari.
L'inspecteur Kusanagi établit aisément le rapport entre un corps trouvé près d'un fleuve et cette voisine, qui devient suspecte et doit défendre son alibi, conseillée par Ishigami en coulisses. Kusanagi partage l'avancée de son enquête avec son ami le physicien Yukawa, qui, quel hasard!, connaissait Ishigani comme un brillant mathématicien et logicien.
J'ai toujours aimé les enquêtes de Colombo, où le spectateur connaît le coupable dès le début. C'est donc un vrai plaisir de découvrir comment les policiers vont avancer dans leur enquête. Pourtant le lecteur sent que l'auteur a gardé des informations pour lui, et le suspense demeure. Le duel entre cerveaux, Ishigani-Yukawa, est un des points forts du roman.
A part ça, j'ai trouvé quelques longueurs, une raideur et une froideur qui m'ont empêchée de m'intéresser vraiment aux personnages. J'avoue aussi ne pas être convaincue par la façon dont Ishigani a agi pour embrouiller la police. Un peu tordu. Et j'ai passé mon temps à mélanger les noms...
Merci à Philisine Cave de m'avoir permis de découvrir cet auteur.
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