L'emprise
Marc Dugain
Gallimard, 2014
"Pourquoi vos parents vous ont-ils appelée Lorraine?
-J'imagine qu'ils ont réalisé qu'Alsace c'est un peu dur à porter pour une fille.
-Et votre nom de famille, K., ça vient d'où?
- Je ne sais pas. Un nom breton qui a perdu ses lettres."
Philippe Launay est favori dans les sondages, qui le donnent gagnant à de futures primaires, et au second tour face au président sortant ou l'extrême droite. Son adversaire du même parti aimerait bien mettre la main sur quelques casseroles, Launay, lui, essaie d'avoir un tour d'avance, histoire de garder la main dans le jeu.
Blandine Habber, ancienne présidente du groupe Arlena, "fleuron de l'industrie nucléaire française", est en rapports avec un ingénieur syndicaliste du groupe, lequel disparaît mystérieusement;
Corti, directeur de la Direction centrale du renseignement intérieur, corse et amateur de nourritures roboratives, essaie de tout savoir sur tout, sans se laisser embobiner, et envoie Lorraine mener une enquête à la fois sur la disparition du syndicaliste et celle d'un voilier.
Par pitié, ne fuyez pas dès que vous aurez lu les expressions "politique","services de renseignements", "groupe industriel". Ce bouquin se lit comme un thriller américain (un compliment) dont il possède l'efficacité tout en offrant une écriture de bon niveau. Souvent cynique, mais laissant une petite part à des moments plus tendres, il donne souvent l'impression au lecteur d'être une petite souris dans les chambres ou antichambres du pouvoir, et je n'ai pu m'empêcher de tenter de mettre une tête sur des noms fictifs, en vain la plupart du temps car Dugain se garde de donner trop de détails. Mais tous les rebondissements et les faits demeurent bien crédibles.
"Afin de financer des campagnes électorales avec des sommes prélevées sur des travaux d'adduction d'eau, d'assainissement, de chauffage collectif, de traitement des ordures ménagères, de transports scolaires et urbains, ils avaient corrompu un bon nombre d'élus locaux de tout bord et à tous les étages de la représentation territoriale, ce qui leur valait d'être craints sous couvert de respect et d'estime."
J'ai bien aimé aussi les petites remarques au détour d'une phrase
"Il n'avait pas atteint l'âge où l'on parle du temps pour engager une conversation."
Les avis de krol, tasha, malika, mon petit chapitre, athalie,
Edit du 9 juin (billet écrit avant, donc)(et ça prouve qu'un billet peut vraiment traîner dans mes brouillons de blog)
Hier soir ce livre était présenté au Masque et la plume, qui n'a pas tellement aimé mais n'en a pas dit que du mal. A été évoquée la façon de voir la montée du candidat, a été déplorée la disparition de Li (le livre aurait échappé à l'auteur et aurait évolué vers autre chose; j'aime bien cette idée, et pourquoi pas?), et a été remarquée la fin ouvrant des pistes vers une révolution constitutionnelle... (et un second volume?)
Marc Dugain
Gallimard, 2014
"Pourquoi vos parents vous ont-ils appelée Lorraine?
-J'imagine qu'ils ont réalisé qu'Alsace c'est un peu dur à porter pour une fille.
-Et votre nom de famille, K., ça vient d'où?
- Je ne sais pas. Un nom breton qui a perdu ses lettres."
Philippe Launay est favori dans les sondages, qui le donnent gagnant à de futures primaires, et au second tour face au président sortant ou l'extrême droite. Son adversaire du même parti aimerait bien mettre la main sur quelques casseroles, Launay, lui, essaie d'avoir un tour d'avance, histoire de garder la main dans le jeu.
Blandine Habber, ancienne présidente du groupe Arlena, "fleuron de l'industrie nucléaire française", est en rapports avec un ingénieur syndicaliste du groupe, lequel disparaît mystérieusement;
Corti, directeur de la Direction centrale du renseignement intérieur, corse et amateur de nourritures roboratives, essaie de tout savoir sur tout, sans se laisser embobiner, et envoie Lorraine mener une enquête à la fois sur la disparition du syndicaliste et celle d'un voilier.
Par pitié, ne fuyez pas dès que vous aurez lu les expressions "politique","services de renseignements", "groupe industriel". Ce bouquin se lit comme un thriller américain (un compliment) dont il possède l'efficacité tout en offrant une écriture de bon niveau. Souvent cynique, mais laissant une petite part à des moments plus tendres, il donne souvent l'impression au lecteur d'être une petite souris dans les chambres ou antichambres du pouvoir, et je n'ai pu m'empêcher de tenter de mettre une tête sur des noms fictifs, en vain la plupart du temps car Dugain se garde de donner trop de détails. Mais tous les rebondissements et les faits demeurent bien crédibles.
"Afin de financer des campagnes électorales avec des sommes prélevées sur des travaux d'adduction d'eau, d'assainissement, de chauffage collectif, de traitement des ordures ménagères, de transports scolaires et urbains, ils avaient corrompu un bon nombre d'élus locaux de tout bord et à tous les étages de la représentation territoriale, ce qui leur valait d'être craints sous couvert de respect et d'estime."
J'ai bien aimé aussi les petites remarques au détour d'une phrase
"Il n'avait pas atteint l'âge où l'on parle du temps pour engager une conversation."
Les avis de krol, tasha, malika, mon petit chapitre, athalie,
Edit du 9 juin (billet écrit avant, donc)(et ça prouve qu'un billet peut vraiment traîner dans mes brouillons de blog)
Hier soir ce livre était présenté au Masque et la plume, qui n'a pas tellement aimé mais n'en a pas dit que du mal. A été évoquée la façon de voir la montée du candidat, a été déplorée la disparition de Li (le livre aurait échappé à l'auteur et aurait évolué vers autre chose; j'aime bien cette idée, et pourquoi pas?), et a été remarquée la fin ouvrant des pistes vers une révolution constitutionnelle... (et un second volume?)
Commentaires
Quant à celui-là, Keisha, les expressions en question me donnent toujours envie de fuir illico, et pourtant j'adore cet auteur...
Aifelle, suis les conseils de Véronique! Et ensuite tu auras envie de découvrir les autres, je pense.
Avenue des géants m'a convaincue de continuer avec l'auteur, alors pourquoi pas La chambre des officiers? ^_^
Luocine
Bien écrit et intelligent est la marque de fabrique de l'auteur, j'y retournerai donc.
Bon, à part ça, je note les titres de Dugain... Il n'est pas sûr que j'aie le temps pour Pancoll.
Je vais me motiver pour en lire d'autres de l'auteur!