lundi 28 février 2022

Bons baisers de Moscou


 Bons baisers de Moscou

Hélène Blanc et Claude André

Ginkgo, 2022


Aïe! J'ai terminé ce roman mercredi soir 23 février, juste avant que certains événements ne se précisent, et après une hésitation à en parler, je me décide car le livre est dédié, entre autres, "à l'Ukraine chevillée au coeur", "aux courageux résistants de Mémorial". L'auteure n'en est pas à son premier livre sur la Russie, et ces Bons baisers de Moscou permettent de découvrir Saint-Pétersbourg et Tachkent, sur les pas de quelqu'un dont on sent qu’elle connaît le coin. J'ai aimé aussi découvrir le théâtre Ilkom, qui existe réellement, mais j'avoue ne pas être allée vérifier tout ce dont on parle dans ce roman. Disons que ça paraît bien vraisemblable.

Quoiqu'il en soit, en avril 2022, ça chauffe à l'Elysée, des articles de journaux prétendent que les campagnes d'Emmanuel M. en 2017 et 2022 auraient été financées par le Kremlin. L'homme censé apporter les preuves qu'il s'agit d'une machination montée par une Agence russe est assassiné dans les couloirs de l'Elysée. La taupe de l'Agence, on l'apprend vite, est une certaine Natalia, qui va rapidement se retrouver recherchée par le FSB, mais la DGSI et l'ambassade de France pourront-elles la tirer de ce guêpier?

Les méchants ici, c'est le FSB, il semble que Vladimir Vladimirovitch ne soit pas dans le coup, en tout cas le roman ne le dit pas. Natalia et ses amis russes et français sont sympathiques, et globalement c'est plaisant à lire, même si certaines méthodes évoquées, certainement pas de fiction, font froid dans le dos.

Le roman se termine le 22 novembre 2023 à 12 h 30, non, pas à Dallas, mais j'ai beaucoup apprécié ce clin d'oeil final. Un peu amer compte tenu de l'actualité.

vendredi 25 février 2022

Intime Arabie


 Intime Arabie

Confidences saoudiennes

Laetitia Klotz

Transboreal, 2020


Après quelques années passées au Yémen où les contacts étaient assez aisés, fréquentant différentes personnes y compris Yéménites, Laetitia Klotz a suivi son mari en Arabie Saoudite, espérant pouvoir  connaître ce pays plutôt fermé. Elle y est arrivée en 2011 et y a résidé 3 ans environ.

Problème : elle n'a pas vraiment le droit de travailler, mais va cependant chercher à donner des cours de français (par ailleurs elle poursuit des études en FLE et écrit un mémoire). De nombreux flops en dépit de promesses, particulièrement avec une université pour femmes (forcément que pour femmes)

Elle désire beaucoup fréquenter des Saoudiennes, connaître leur vie de plus près. Mais elle réside dans un "camp" pour expatriés où il est strictement interdit aux Saoudiens d'entrer (et interdit, cela signifie interdit). Petit à petit cependant elle va pouvoir connaître quelques femmes.

Alors? Si on veut en savoir plus sur l'Arabie saoudite, oui, mais on risque de demeurer sur sa faim, et je ne peux rien reprocher à l'auteur, c'est ainsi. Déjà qu'elle ne peut conduire elle-même (en 2011) ou recevoir chez elle, ça bloque. Beaucoup de promesses non tenues, sans qu'elle sache vraiment pourquoi. 

Drôle de pays, assez fermé, où les travailleurs étrangers issus des Philippines par exemple et astreints aux travaux de ménage, entre autres, sont quasiment prisonniers, ne pouvant revenir chez eux facilement. Le 'sponsor' qui leur a permis d'arriver retient leur passeport, etc. De toute façon, même l'auteure (et son mari) dépendaient de l'administration pour sortir du pays.

Si on veut tout savoir ou presque de la vie des femmes d'expatriés, logées en appartement ou villas d'un "compound", c'est le moment! (Je connais (un peu) ce qu'est la 'vie d'expat', mais dans ce pays-ci cela m'a l'air particulier.) Entre The Truman Show et Desperates Housewives. Le coin est joli, coquet, tout est là, piscine, plage, centre de" recréation", salle de sport, diverses activités, crèche, école, possibilité de trouver une nounou (non, pas Saoudienne). Un poil étouffant quand même. Faire son trou, même parmi des femmes partageant la même vie, est difficile. Petit à petit, elle s'adapte, mais franchement, les sorties au Mall à 120 km de là, c'est souvent le seul objectif... Quelques respirations inattendues quand dauphins ou tortues se pointent. Un tout petit peu de tourisme aussi.

Un exemple intéressant où une Saoudienne est chargée de trouver une femme pour son fils, suivant les critères du fils. Les pères ne seront consultés qu'après. Les tourtereaux communiqueront d'abord par WhatsApp. Quand les réseaux sociaux permettent d'évoluer...

Avis babelio

mardi 22 février 2022

Vols au crépuscule

 


Vols au crépuscule

essais

Vesper flights

Helen Macdonald

Gallimard, 2021

Traduit par Sarah Gurcel


Sans surprise, c'est chez Dominique que j'ai découvert ce titre, et comme il venait de se poser à la médiathèque...

L'auteure a plusieurs casquettes, elle a travaillé comme fauconnière, elle est chercheuse au département d'Histoire et de Philosophie des Sciences à l'Université de Cambridge et certains essais sont parus dans le New York Times Magazine. Elle est l'auteur de M pour Mabel, sur lequel je vais devoir me pencher, maintenant.

Qu'on soit sans crainte! Ce recueil est parfaitement aisé à lire, intelligent, sensible, varié et passionnant. Bien sûr cela va parler de nature, forêts, diverses bestioles, plantes, animaux, particulièrement les oiseaux. Je ne connais même pas la moitié des noms qu'elle précise, mais peu importe.

Vols au crépuscule est un texte parmi d'autres, qui évoque le vol des martinets, et c'est fascinant.On soupçonne qu'ils dorment en groupe à quelque trois mille mètres d'altitude.

Elle peut aussi parler des daims pris dans les phares (mauvais pour le daim), des coucous, on connaît leur chant mais pour les voir, c'est coton (une fois seulement j'en ai vu en, il volait d'une rive à l'autre d'un canal  en chantant, donc il s'est trahi) , des gratte-ciel ("Pour un faucon, un gratte-ciel est une falaise : il offre les mêmes possibilités, les mêmes vents d'altitude, les mêmes dessertes pour leurs plats à emporter."), la migraine, qu’elle lie à l’urgence climatique (!),  de réactions lors d'éclipses, "une expédition (au Chili, avec une équipe de chercheurs) dans un désert de haute altitude visant à tester des méthodes de détection de vie sur Mars".

"Wicken Fen m'a appris non seulement que je ne verrai pas toujours les animaux que je sais vivre ici, mais aussi que, parfois, savoir où est un animal sans savoir quel est cet animal est plus fort que le voir."

Avis babelio

vendredi 18 février 2022

Lady Chevy


 Lady Chevy

John Woods

Terres d'Amérique, Albin Michel, 2022

Traduit par Diniz Galhos


Dans ce coin un peu perdu de l'Ohio, les mines ferment, les mineurs y ont parfois laissé leur santé, les petites entreprises ont périclité, alors quand on propose aux habitants de louer leurs terres à l'industrie du gaz de schiste, dire non est difficile. La famille Wirkner a accepté, allez savoir si c'est la cause de la maladie du petit dernier? En tout cas l'eau est imbuvable, les maladies respiratoires se développent, et parfois la terre tremble.

Dans la famille Wirkner, on ne veut pas grand monde : le grand père appartenait (appartient?) au KKK, le père est effacé, la mère désespérée traîne dans les bars, le fils est handicapé, et la fille, Amy, réussit au lycée, et rêve d'aller à l'université pour devenir vétérinaire. J'oubliais un oncle (par alliance) dont les idées font froid dans le dos (son bunker survivaliste est doté de bouquins et drapeaux qui n'auraient pas déparé un intérieur allemand des années 30). Bien évidemment tout le monde à Barnesville possède des armes et sait les utiliser, voire les utilise.

Le surpoids d'Amy, la pauvreté de sa famille, sans doute son côté cash qui ne se laisse pas piétiner lui valent bien des inimitiés, elle n'en a cure. Quant son ami Paul l'entraîne dans un projet violent, elle accepte, mais les conséquences risquent de lui coûter l'avenir dont elle rêvait.

La police, dont Brett Hastings, enquête, tourne autour de la vérité. Hastings dont les idées de suprématie blanche font écarquiller les yeux, a une façon personnelle de régler les problèmes, en effet on disparaît vite dans le coin...

Comme Le bouquineur, je n'en dis pas trop, mais je ressors de là un peu rincée, troublée, bousculée, car quasiment tous parlent et agissent sans fard. En dépit du malaise évoqué par le blogueur cité, pas question de lâcher, c'est noir, inattendu, ahurissant, mais à découvrir c'est sûr.

Avis babelio, bibliosurf, dont tu vas t'abîmer les yeux

mardi 15 février 2022

Le voyant d'Etampes

 


Le voyant d'Etampes

Abel Quentin

Les éditions de l'Observatoire, 2021


Quan on vit dans une (très) petite ville loin de Paris, on s'intéresse fort peu (voire pas du tout)(et à condition d'en avoir entendu parler) à ces notions de woke (éveillé), cancel culture, appropriation culturelle. Mais heureusement ce roman ne parle pas que de cela ou en tout cas il le fait au travers d'un exemple, celui de Jean Roscoff, professeur d'université parisienne à la retraite, pas vraiment héros flamboyant : sa femme a divorcé (il espère pourtant), il a des problèmes d'alcool, un bouquin écrit dans les années 90 sur les époux Rosenberg est tombé au mauvais moment. Bref, la lose. La compagne de sa fille est droit dans ses bottes sur les droits des femmes et des minorités, d'entrée elle est hostile face à ce mâle blanc, et pas la peine de se targuer d'un passé à SOS Racisme dans les années 80.

Le voilà qui ressort des placards une idée abandonnée des décennies plus tôt, parler d'un poète américain, Robert Willow, mort 'emplatané' en 1960. Ayant eu des soucis avec le Maccarthysme il s'est installé en France, a fréquenté les clubs de jazz et les existentialistes. Ecrivant en anglais, puis en français, et là des poèmes d'influence médiévale, Villon, tout ça. Un type intéressant, quoi, non dénué de talent.

Le livre paraît, c'est sûr que parler d'un obscur poète des années 50 n'est pas garantie de gros succès, Jean le sait, mais il  a été touché par Willow, son itinéraire, son œuvre. 

Mais patatras!!! Il n'a pas accordé une importance primordiale au fait que Willow est noir, insistant plutôt sur ses opinions communistes, car Roscoff a enseigné cette branche de l'histoire.

C'est le début d'accusations sur les réseaux sociaux, dans les magazines, ses défenseurs ne sont pas forcément fréquentables, bref ça se n'arrête pas, il se débat sans pouvoir éclaircir la situation, reconnaissant son erreur initiale mais rien à faire, la situation se dégrade.

Un anti-héros ai-je lu, oui, pas antipathique, plutôt paumé devant ce déferlement d'hostilité qu'il n'avait pas vu venir.

En conclusion : un roman fort intéressant, des thèmes dans l'air du temps, exposés plus subtilement qu'on ne le craindrait, et étonnamment de l'humour et du sens de la formule. L'histoire de Robert Willow seule aurait déjà donné un roman intéressant. Je recommande cette lecture!

Les avis de Nicole, Delphine, la petite liste, sandrion

avis babelio, bibliosurf


samedi 12 février 2022

Ré-ensauvageons la France


 Ré-ensauvageons la France

Plaidoyer pour une nature sauvage et libre

Gilbert Cochet et Stéphane Durand

Babel, 2021


L'excellente collection Mondes sauvages chez Actes sud arrive en Babel, comment résister?


Les auteurs sont conscients des potentialités offertes par la France, en paysages, en terroirs, en animaux qui pourraient revenir, en cours d'eaux, etc. Travailler à aider plantes et animaux à revenir sur notre territoire serait parfaitement viable ... et attractif pour le tourisme. Ils rêvent déjà d'ours attrapant les saumons dans les Pyrénées.

En attendant, il y a du travail, mais ce qui m'a plu dans ce livre c'est que l'on n'en ressort pas désespéré mais plutôt admiratif. La bataille sera dure mais elle n'est pas perdue. Ce qui marche très bien chez nos voisins, pourquoi pas en France? (oui, je sais, certains lobbies)

Je retrouve des idées déjà abordées dans Chaudun : les populations d'ongulés se régulent très bien toutes seules, en présence de leurs prédateurs (je parle du loup, pas des chasseurs). "Il est désormais prouvé scientifiquement que des populations importantes d'ongulés sauvages détournent les loups des troupeaux de moutons." "L'Allemagne héberge 45 meutes de loups essentiellement en plaine et dans des régions beaucoup plus peuplées que chez nous." Les loups imposent un qui-vive aux ongulés qui les empêchent de trop rester tranquilles à boulotter la végétation.

Ce livre parle aussi de plein de bestioles, le castor (il revient!), le pygargue (il revient!). Tous les écosystèmes sont étudiés (sans longueurs) et franchement ça donne envie de les voir redevenir un peu plus sauvages et peuplés.

Rêvons, ça fait du bien!

Et voici une rubrique exceptionnelle ici, un peu de cinéma!

Après avoir été scotchée par le film La panthère des neiges, j'ai consommé plus local avec Lynx, tourné dans le Jura, un animal lui aussi réintroduit il y a quelques années, et qui s'adapte si l'humain lui en laisse l'occasion. Magnifiques images, parfois cruelles (oui, le lynx est carnivore), des moments de tristesse (c'est la vie, la vraie histoire), bref je recommande, et pense aller voir Le chêne, en présence peut-être du réalisateur, l'arbre étant situé pas loin de chez moi;

Avis babelio

jeudi 10 février 2022

Deuils


 Deuils

Duelo

Eduardo Halfon

Quai Voltaire, 2018

Traduit par David Fauquemberg


Revenant au Guatemala, le narrateur adulte est à la recherche de témoins du décès du jeune frère de son père, Salomon, noyé dans le lac proche. Ses souvenirs reviennent, fluides, il semble que ce souvenir soit un souvenir recréé, comme nous tous pouvons en avoir. Son propre frère n'a aucune idée de cette histoire, la famille ne lui répond pas. Finalement, au fil de ce roman défile sans chronologie particulière l'histoire de la famille. La reprise de débuts de paragraphes est jolie et envoutante ("elle me dit qu'un autre enfant s'était noyé", "enfants,") . A la fin, je ne savais plus trop ce qui était réel ou rêvé (et là j'ai moins adhéré à l'intervention de Dona Hermelinda). Une vieille photo en noir et blanc revient aussi.

Sans doute suis-je moins enthousiaste que Kathel, grâce à qui j'ai eu l'idée de cette lecture (mais on revient de loin, j'ai déjà abandonné deux livres d'Amérique latine!) mais je suis contente d 'avoir découvert une si jolie plume et un auteur talentueux.

Avis babelio, Ingannmic, theaustistreading, claudialucia

Et voilà, je participe au mois latino-américain.



lundi 7 février 2022

L'Octopus et moi

 


L'Octopus et moi

Erin Hortle

Dalva, 2021

Traduit par Valentine Leÿs 


Direction la Tasmanie, un état australien au sud de ce pays, avec ses poulpes, ses puffins, ses phoques et ses humains. Parmi ces derniers, Lucy qui a vécu des moments traumatisants et essaie de se reconstruire, son compagnon Jem, raide dans ses bottes côté écologie, Harry vite amoureux de Lucy, sa mère Flo amie de Jem. Peu de personnages, mais des liens d'amitié ou d'amour  parfaitement mis en lumière.

Sans oublier tous ces courts chapitres où l'on se sent un poulpe, un puffin, un phoque, avec des sensations, des émotions, des envies. C'est décrit en tenant compte de données, rien de 'romantique'. Leur rencontre avec les humains ne se termine pas toujours bien, d'ailleurs, mais offre aussi des moments extraordinaires.

J'ai aussi beaucoup aimé la construction habile et claire, où certains épisodes sont revus autrement plus loin.

Voilà, ce (premier) roman est une fort jolie surprise, coup de coeur!

Avis babelio, cathulu

jeudi 3 février 2022

Le grand rire des hommes assis au bord du monde


 Le grand rire des hommes assis au bord du monde

Philipp Weiss

Seuil, 2021

Traduit par Olivier Mannoni


Avis : babelio


Comme l'image le montre, ce 'livre' se compose de cinq, dont l'on subodore qu'ils doivent former un tout. Face à cet OLNI (objet littéraire non identifié) mon cœur de lectrice intrépide a forcément battu plus fort, mais comment réagissent les médiathèques? L'une propose le coffret entier, quitte à laisser l'usager fouineur le demander lui-même, car identifié comme un seul livre et mis de côté. Les livres ne sont pas couverts, c'est risqué, je ne suis pas allée jusqu'à lire avec des gants, mais j'ai fait attention. L'autre a éclaté  l'œuvre en cinq livres empruntables un par un, casant d'ailleurs l'un en BD, les 4 autres sur le même présentoir. Avec le risque que l'on néglige une partie.

On peut lire dans l'ordre que l'on veut, mais j'ai choisi celui de la présentation de la quatrième de couverture.

Tout d'abord

Encyclopédies d'un Moi, par Paulette Blanchard, sous la direction de Louis de Neufville, Paris, 1881. Il s'agit du récit autobiographique imaginaire de Paulette Blanchard, jeune fille de la bonne bourgeoisie parisienne, où elle étouffe un peu, amoureuse de son oncle, refusant un mariage arrangé; épousant les idées du susdit oncle, elle va participer à la Commune de Paris. On la retrouve ensuite à l'exposition universelle de Vienne, puis au Japon, accompagnée d'un médecin japonais connu à Vienne.

Au fil des années, elle a écrit des carnets personnels, pour finalement les élaguer, les classer en entrées alphabétiques, en parties nommés alphabets, et finalement, en 1880, propose le tout remanié à l'éditeur Louis de Neufville.

Pour les titres et intertitres, il est fait usage de typographie très fin 19ème siècle, et le récit est illustré de dessins de la même époque. L'héroïne (fictive) a cependant entretenu une correspondance avec Kusumoto Ine (1827-1903), première femme médecin praticienne de la médecine occidentale au Japon (merci Wikipédia)

Son portrait est reproduit dans le roman

https://fr.wikipedia.org/wiki/Kusumoto_Ine

Assez naïve et plutôt sympathique, Paulette entraîne facilement le lecteur à sa suite, dans des aventures incroyables, mais bien documentées.

Puis vient

Jona Jonas  Terrain vague récit

Jona Jonas est un trentenaire viennois , photographe et artiste, ayant vécu une relation avec Chantal Blanchard, plus âgée que lui (ce serait, on l'apprend par ailleurs, la descendante de Paulette). Un amour troublant et troublé, Chantal la climatologue part dans des directions inattendues, et voilà des semaines qu'elle a disparu. Une piste : elle serait au Japon, où part Jona. Il arrive en plein tremblement de terre, avec la  catastrophe de Fukushima. Il fait la connaissance d'une certaine Abra, qui apparaît bien givrée, et rend visite à l'hôpital à un ouvrier de la centrale, complètement irradié.

Comme dans le précédent opus, la narration n'est pas si linéaire, on peut revenir dans le passé, qui éclaire le présent. l'écriture fait qu'on ne lâche pas, et l'histoire de l'ouvrier Satoshi est vraiment affolante, le besoin d'argent lui a fait passer outre le danger...

Puis

Cahiers  Chantal Blanchard Septième cahier -novembre 2010 à mars 2011

Oui, la Chantal Blanchard ayant disparu, et dont on a appris qu'elle écrivait des textes en cachette de son employeur. Elle est visiblement très perturbée par la découverte d'un crâne dans une île du sud est de l'Asie (Gyokusendo), 

On retrouve une lettre de Louis de Neufville, l'éditeur. On apprend ce qu'est devenue Paulette. "de 'Blanchard', les langues japonaises firent un 'Buroshiro', et plus tard 'Bushiro'. Le dernier descendant serait un certain Bushiro Satoshi." (allons bon, il serait un descendant de Paulette?)

A la recherche du fameux crâne (trouvé par Paulette?) elle quitte Vienne, et voyage en transsibérien jusqu'au Japon. Une fois là ... 

Cet opus propose de découvrir les pensées débordantes de Chantal et aussi des pages parlant de climatologie, géologie, astronomie, physique, chimie, etc. C'est fascinant (parfois copieux).

Les carnets d'Akio   Akio Itô (transcription)

Akio est un gamin de neuf ans, il écrit ou plutôt il enregistre depuis le camp d'évacuation de Koriyama, 18 mars 2011. La date dit tout ou presque. Son père travaillait à la centrale, et père, mère, arrière grand-mère, un iguane et sa soeur Keiko habitaient une maison qui a pris bien cher lors de la grande vague! La survie s'est jouée à un cheveu. Akio est un petit bonhomme prolixe, sans doute avec un maxi QI, en tout cas il fait preuve d'intelligence, curiosité, connaissances diverses, avec une naïveté enfantine rafraîchissante. Ce sont ses transcriptions qu'écoute Satoshi, qui lui a sans doute sauvé la vie, d'ailleurs.

Pour terminer (!), un manga

Les îles heureuses

Abra Aoki

Texte de Philipp Weiss, dessins de Raffaela Schöbitz

On a déjà rendontré Abra, on sait qu'elle a perdu deux membres lors d'un accident, et elle souffre de douleurs fantômes. Bon, je fais court, je n'ai pas compris grand chose à l'histoire, mise en scène de délires(?), de souffrances, apparaissent furtivement Jona et Chantal, et l'Homme de la  lune Satoshi.

Conclusion : lecteur curieux et intrépide, ce livre (en 5 parties) est pour toi. Prends ton temps, ne cherche pas à tout comprendre parfois, tu feras un voyage intéressant et original qui te mènera loin des sentiers battus.

Des avis : babelio, voir aussi bibliosurf, l'avis tranché de The Austist reading.