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Affichage des articles du février, 2022

Bons baisers de Moscou

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  Bons baisers de Moscou Hélène Blanc et Claude André Ginkgo, 2022 Aïe! J'ai terminé ce roman mercredi soir 23 février, juste avant que certains événements ne se précisent, et après une hésitation à en parler, je me décide car le livre est dédié, entre autres, "à l'Ukraine chevillée au coeur", "aux courageux résistants de Mémorial". L'auteure n'en est pas à son premier livre sur la Russie, et ces Bons baisers de Moscou permettent de découvrir Saint-Pétersbourg et Tachkent, sur les pas de quelqu'un dont on sent qu’elle connaît le coin. J'ai aimé aussi découvrir le théâtre Ilkom, qui existe réellement, mais j'avoue ne pas être allée vérifier tout ce dont on parle dans ce roman. Disons que ça paraît bien vraisemblable. Quoiqu'il en soit, en avril 2022, ça chauffe à l'Elysée, des articles de journaux prétendent que les campagnes d'Emmanuel M. en 2017 et 2022 auraient été financées par le Kremlin. L'homme censé apporter les pre

Intime Arabie

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 Intime Arabie Confidences saoudiennes Laetitia Klotz Transboreal, 2020 Après quelques années passées au Yémen où les contacts étaient assez aisés, fréquentant différentes personnes y compris Yéménites, Laetitia Klotz a suivi son mari en Arabie Saoudite, espérant pouvoir  connaître ce pays plutôt fermé. Elle y est arrivée en 2011 et y a résidé 3 ans environ. Problème : elle n'a pas vraiment le droit de travailler, mais va cependant chercher à donner des cours de français (par ailleurs elle poursuit des études en FLE et écrit un mémoire). De nombreux flops en dépit de promesses, particulièrement avec une université pour femmes (forcément que pour femmes) Elle désire beaucoup fréquenter des Saoudiennes, connaître leur vie de plus près. Mais elle réside dans un "camp" pour expatriés où il est strictement interdit aux Saoudiens d'entrer (et interdit, cela signifie interdit). Petit à petit cependant elle va pouvoir connaître quelques femmes. Alors? Si on veut en savoir plu

Vols au crépuscule

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  Vols au crépuscule essais Vesper flights Helen Macdonald Gallimard, 2021 Traduit par Sarah Gurcel Sans surprise, c'est chez Dominique que j'ai découvert ce titre, et comme il venait de se poser à la médiathèque... L'auteure a plusieurs casquettes, elle a travaillé comme fauconnière, elle est chercheuse au département d'Histoire et de Philosophie des Sciences à l'Université de Cambridge et certains essais sont parus dans le New York Times Magazine. Elle est l'auteur de M pour Mabel, sur lequel je vais devoir me pencher, maintenant. Qu'on soit sans crainte! Ce recueil est parfaitement aisé à lire, intelligent, sensible, varié et passionnant. Bien sûr cela va parler de nature, forêts, diverses bestioles, plantes, animaux, particulièrement les oiseaux. Je ne connais même pas la moitié des noms qu'elle précise, mais peu importe. Vols au crépuscule est un texte parmi d'autres, qui évoque le vol des martinets, et c'est fascinant.On soupçonne qu'i

Lady Chevy

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 Lady Chevy John Woods Terres d'Amérique, Albin Michel, 2022 Traduit par Diniz Galhos Dans ce coin un peu perdu de l'Ohio, les mines ferment, les mineurs y ont parfois laissé leur santé, les petites entreprises ont périclité, alors quand on propose aux habitants de louer leurs terres à l'industrie du gaz de schiste, dire non est difficile. La famille Wirkner a accepté, allez savoir si c'est la cause de la maladie du petit dernier? En tout cas l'eau est imbuvable, les maladies respiratoires se développent, et parfois la terre tremble. Dans la famille Wirkner, on ne veut pas grand monde : le grand père appartenait (appartient?) au KKK, le père est effacé, la mère désespérée traîne dans les bars, le fils est handicapé, et la fille, Amy, réussit au lycée, et rêve d'aller à l'université pour devenir vétérinaire. J'oubliais un oncle (par alliance) dont les idées font froid dans le dos (son bunker survivaliste est doté de bouquins et drapeaux qui n'auraient

Le voyant d'Etampes

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  Le voyant d'Etampes Abel Quentin Les éditions de l'Observatoire, 2021 Quan on vit dans une (très) petite ville loin de Paris, on s'intéresse fort peu (voire pas du tout)(et à condition d'en avoir entendu parler) à ces notions de woke (éveillé), cancel culture, appropriation culturelle. Mais heureusement ce roman ne parle pas que de cela ou en tout cas il le fait au travers d'un exemple, celui de Jean Roscoff, professeur d'université parisienne à la retraite , pas vraiment héros flamboyant : sa femme a divorcé (il espère pourtant), il a des problèmes d'alcool, un bouquin écrit dans les années 90 sur les époux Rosenberg est tombé au mauvais moment. Bref, la lose. La compagne de sa fille est droit dans ses bottes sur les droits des femmes et des minorités, d'entrée elle est hostile face à ce mâle blanc, et pas la peine de se targuer d'un passé à SOS Racisme dans les années 80. Le voilà qui ressort des placards une idée abandonnée des décennies plus t

Ré-ensauvageons la France

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  Ré-ensauvageons la France Plaidoyer pour une nature sauvage et libre Gilbert Cochet et Stéphane Durand Babel, 2021 L'excellente collection Mondes sauvages chez Actes sud arrive en Babel, comment résister? Les auteurs sont conscients des potentialités offertes par la France, en paysages, en terroirs, en animaux qui pourraient revenir, en cours d'eaux, etc. Travailler à aider plantes et animaux à revenir sur notre territoire serait parfaitement viable ... et attractif pour le tourisme. Ils rêvent déjà d'ours attrapant les saumons dans les Pyrénées. En attendant, il y a du travail, mais ce qui m'a plu dans ce livre c'est que l'on n'en ressort pas désespéré mais plutôt admiratif. La bataille sera dure mais elle n'est pas perdue. Ce qui marche très bien chez nos voisins, pourquoi pas en France? (oui, je sais, certains lobbies) Je retrouve des idées déjà abordées dans Chaudun : les populations d'ongulés se régulent très bien toutes seules, en présence de

Deuils

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 Deuils Duelo Eduardo Halfon Quai Voltaire, 2018 Traduit par David Fauquemberg Revenant au Guatemala, le narrateur adulte est à la recherche de témoins du décès du jeune frère de son père, Salomon, noyé dans le lac proche. Ses souvenirs reviennent, fluides, il semble que ce souvenir soit un souvenir recréé, comme nous tous pouvons en avoir. Son propre frère n'a aucune idée de cette histoire, la famille ne lui répond pas. Finalement, au fil de ce roman défile sans chronologie particulière l'histoire de la famille. La reprise de débuts de paragraphes est jolie et envoutante ("elle me dit qu'un autre enfant s'ét ait noyé", "enfants,")  . A la fin, je ne savais plus trop ce qui était réel ou rêvé (et là j'ai moins adhéré à l'intervention de Dona Hermelinda). Une vieille photo en noir et blanc revient aussi. Sans doute suis-je moins enthousiaste que Kathel , grâce à qui j'ai eu l'idée de cette lecture (mais on revient de loin, j'ai déj

L'Octopus et moi

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  L'Octopus et moi Erin Hortle Dalva, 2021 Traduit par Valentine Leÿs  Direction la Tasmanie, un état australien au sud de ce pays, avec ses poulpes, ses puffins, ses phoques et ses humains. Parmi ces derniers, Lucy qui a vécu des moments traumatisants et essaie de se reconstruire, son compagnon Jem , raide dans ses bottes côté écologie, Harry vite amoureux de Lucy, sa mère Flo amie de Jem. Peu de personnages, mais des liens d'amitié ou d'amour  parfaitement mis en lumière. Sans oublier tous ces courts chapitres où l'on se sent un poulpe, un puffin, un phoque, avec des sensations, des émotions, des envies. C'est décrit en tenant compte de données, rien de 'romantique'. Leur rencontre avec les humains ne se termine pas toujours bien, d'ailleurs, mais offre aussi des moments extraordinaires. J'ai aussi beaucoup aimé la construction habile et claire, où certains épisodes sont revus autrement plus loin. Voilà, ce (premier) roman est une fort jolie s

Le grand rire des hommes assis au bord du monde

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 Le grand rire des hommes assis au bord du monde Philipp Weiss Seuil, 2021 Traduit par Olivier Mannoni Avis : babelio ,  Comme l'image le montre, ce 'livre' se compose de cinq, dont l'on subodore qu'ils doivent former un tout. Face à cet OLNI (objet littéraire non identifié) mon cœur de lectrice intrépide a forcément battu plus fort, mais comment réagissent les médiathèques? L'une propose le coffret entier, quitte à laisser l'usager fouineur le demander lui-même, car identifié comme un seul livre et mis de côté. Les livres ne sont pas couverts, c'est risqué, je ne suis pas allée jusqu'à lire avec des gants, mais j'ai fait attention. L'autre a éclaté  l'œuvre en cinq livres empruntables un par un, casant d'ailleurs l'un en BD, les 4 autres sur le même présentoir. Avec le risque que l'on néglige une partie. On peut lire dans l'ordre que l'on veut, mais j'ai choisi celui de la présentation de la quatrième de couvertur