Au pays du long nuage blanc
Journal
Wellington, août 2003 -janvier 2004
Charles Juliet
P.O.L., 2005 (mais je choisis la couverture folio)
Il ne peut échapper aux visiteurs du blog de Flo que Charles Juliet est un auteur qui lui est très cher, et désirant lui rendre hommage à l'occasion de ses 80 ans (aujourd'hui!) elle a proposé (ici) de lire un de ses ouvrages. Grâce à elle j'ai mieux découvert cet auteur et je vous présente un volume du journal un peu particulier puisqu'il a été écrit lors d'un séjour de l'auteur en Nouvelle-Zélande.
Rencontres avec des personnalités, des écrivains, des artistes, mais aussi contacts improvisés: Charles Juliet se montre toujours extrêmement curieux de tout, faisant montre d'une grande empathie. Son regard sur ce pays, ses paysages, son histoire (maoris et émigration fort variée), sa culture, est intéressant à découvrir mais l'on ne trouvera pas là un guide de voyage exhaustif (j'ai été surprise des conséquences des séismes passés à Wellington!)
"CJ en vacances", disait Flo en réponse à un des mes commentaires, oui (il a même réussi à rater un avion) mais aussi toujours le Charles Juliet en réflexion sur son travail d'écriture, sa connaissance de lui même et des autres. Un journal un peu différent, certes, mais où l'on retrouve bien - et avec le même plaisir- l'auteur fidèle à lui-même (et ce n'est pas qu'une formule).
Quelques passages :
Le 30 septembre il écrit "Jour anniversaire de ma naissance. Bonne occasion pour voir rapidement à ce stade de mon existence.
Je peux constater que je suis clair, serein, que je sais mieux vivre.(trop long à citer, hélas) Je continue donc de creuser mon sillon, mais sans plus me soucier de ce qui poussera ou non sur la terre retournée.
Deux autres choses sont à noter : bien que pas mal d'années soient derrière moi, je ne suis nullement blasé. Je continue d'aller au-devant de la vie avec la même fraîcheur, le même plaisir à recevoir ce qu'elle m'offre que lorsque j'étais jeune. Serait-ce dû pour une part à cette naïveté que parfois on me reproche? Je ne sais. Le certain, c'est que je me réjouis de n'être pas la proie de ce désenchantement, de cette maussaderie qui gagne ceux qui sont au décours de leur vie."
"Il faut aussi ajouter que mon paysage intérieur change. Je commence à prendre conscience que je n'ai plus tellement d'années devant moi."
"(page 63)
"Au début de mon parcours, pendant plusieurs années, j'ai vécu en retrait du monde et dans une grande concentration. Mais je me suis rendu compte un jour qu'à vivre trop resserré sur soi-même, on finit par s'appauvrir. (...) Mon intérêt pour le rugby et le sport en général est une de ces fenêtres que je maintiens ouvertes sur le monde extérieur." (p 23)
"Ce que je dévoile de mon activité intérieure, mon lecteur peut le retrouver en lui. Je me repose donc sur cette idée que nous avons tous deux beaucoup en commun, et que je n'ai pas à redouter ce qu'il pensera de moi."(page 147)
Je voudrais tout noter! page 163 encore sa façon de travailler, page 187 ses questions aux écrivains, "avez-vous contribué à offrir à l'homme des mots qui le vitalisent, adoucissent sa solitude, lui permettent de se révéler à lui-même?"
Bien sûr, je vais continuer à découvrir les écrits de Charles Juliet, particulièrement ses Journaux. En attendant: Bon anniversaire!
Un avis, et ceux d'Aifelle,
Autres participantes à cette journée anniversaire (leurs billets) : Maryline, Flo, kroustik, Litterauteurs,
mardi 30 septembre 2014
samedi 27 septembre 2014
Sans voix
Lost for words
Edward St Aubyn
Christian Bourgois, 2014
Traduit par Jacqueline Odin
En cette période fébrile (pour certains) d'attribution des prix littéraires, je me suis plongée dans les dessous du prix Elysian, sorti de l'imagination de l'auteur. Le comité de sélection est une équipe d'individualités en désaccord sur ce que doit être un roman et pour lesquels lire les romans en lice n'est qu'un point de détail. Le lecteur aura tout de même droit à quelques extraits parfois ahurissants de la prose des auteurs. L'on suivra aussi avec joie un prince indien et sa Tantine, dont le livre de cuisine envoyé par erreur sera dans la dernière sélection, tandis que la même erreur privera Katherine, la femme aux multiples amants (!) de toute participation au prix. Vraiment jubilatoire.
Penny écrit des romans en utilisant le logiciel Scriptor Royal Plus:
"Quand on entrait un mot, par exemple 'réfugié', plusieurs suggestions bien utiles apparaissaient : 'serrant un ballot pitoyable' ou 'aux yeux tourmentés par la faim'; pour 'assassin', on obtenait 'une eau glacée coulait dans ses veines' et 'son regard était mince et froid'. Au mot 'chaussures', on trouvait 'sérieusement éraflées', soigneusement cirées', 'qui avaient fait leur temps' et 'achetées à Paris'. Si on tapait 'rivière' [..] on obtenait 'sombres flots pailletés d'or' ou 'dans sa tenue vespérale de soie chatoyante'."
Un très beau passage (il n'y a pas que du caustique dans ce roman)
"Elle se rendit compte qu’elle pensait au roi Lear après la mort de Cordelia.
Et elle se demanda pourquoi un livre devrait remporter ce foutu prix auquel elle participait à moins d'avoir une chance de faire comme la pièce de Shakespeare à l'instant : revenir à la mémoire d'une personne lorsqu’elle voulait pleurer mais n'y arrivait pas, ou voulait réfléchir mais ne réussissait pas à penser clairement, ou voulait rire mais ne voyait aucun motif de gaieté."
Didier (un français prolixe et difficile à suivre -pour moi en tout cas -mais hilarant), sur le fameux Livre de cuisine:
"Manifestement nous sommes en présence du texte-textile, tissage ourdissant un voile qui dissimule son sujet évident, exprimant l'excès de la langue figurée sur tout sens assigné ou, plus généralement, la force excessive du signifiant par rapport au signifié qui essaie de le contenir. Une recette du Livre de cuisine du palais est aussi une recette du Livre de cuisine de l'anarchiste! Précisément parce que la langue éclate de sens qui subvertissent notre lecture logocentrique du texte, y compris le texte que nous appelons 'Réalité'."
Les avis de clara, cuné (parfaite citation de départ!), ici aussi,
mercredi 24 septembre 2014
Les enfants de la dernière pluie
Les enfants de la dernière pluie
Françoise Guérin
Editions du Masque, 2014
Après une diète de polar j'ai retrouvé le commandant Eric Lanester et sa petite bande du 36 quai des orfèvres. Maintenant on est bien calé dans une série, les personnages évoluent tranquillement, on les retrouve comme de vieux amis. Pour ceux qui auraient raté le début: Cherche jeunes filles à croquer et A la vue à la mort
Alors qu'il rend visite à son frère Xavier en hôpital psychiatrique, Lanester est témoin direct de deux morts pas vraiment accidentelles. Par choix je n'ai pas voulu lire la quatrième de couverture, et finalement c'était parfait, donc on ne me fera rien avouer de plus, inutile de jouer le rôle du bon ou du méchant flic. Comme dans les précédents opus Lanester mène l'enquête à son idée, continue ses séances avec Jacinthe Bergeret sa psychanalyste, gère les tensions dans son équipe. Pas de détails glauques sur les crimes, des ellipses intéressantes dans la narration, bien plus efficaces que des délayages, et un découpage dynamique sans temps mort. En tout cas les dialogues un peu barrés entre policiers apportent une détente utile, car l'univers des hôpitaux psy, c'est éprouvant! En tout cas l'histoire passée et présente de la psychiatrie est fort intéressante et se découvre sans effort -mais parfois de la révolte ou de la stupeur.
Merci à l'auteur pour la découverte. Les avis de clara, kathel,
Françoise Guérin
Editions du Masque, 2014
Après une diète de polar j'ai retrouvé le commandant Eric Lanester et sa petite bande du 36 quai des orfèvres. Maintenant on est bien calé dans une série, les personnages évoluent tranquillement, on les retrouve comme de vieux amis. Pour ceux qui auraient raté le début: Cherche jeunes filles à croquer et A la vue à la mort
Alors qu'il rend visite à son frère Xavier en hôpital psychiatrique, Lanester est témoin direct de deux morts pas vraiment accidentelles. Par choix je n'ai pas voulu lire la quatrième de couverture, et finalement c'était parfait, donc on ne me fera rien avouer de plus, inutile de jouer le rôle du bon ou du méchant flic. Comme dans les précédents opus Lanester mène l'enquête à son idée, continue ses séances avec Jacinthe Bergeret sa psychanalyste, gère les tensions dans son équipe. Pas de détails glauques sur les crimes, des ellipses intéressantes dans la narration, bien plus efficaces que des délayages, et un découpage dynamique sans temps mort. En tout cas les dialogues un peu barrés entre policiers apportent une détente utile, car l'univers des hôpitaux psy, c'est éprouvant! En tout cas l'histoire passée et présente de la psychiatrie est fort intéressante et se découvre sans effort -mais parfois de la révolte ou de la stupeur.
Merci à l'auteur pour la découverte. Les avis de clara, kathel,
lundi 22 septembre 2014
Pensées en chemin
Pensées en chemin
Ma France, des Ardennes au pays basque
Axel Kahn
Stock, 2014
Quand Axel Kahn décide de parcourir cette diagonale nord est - sud ouest, c'est à la fois pour voyager seul, jouir des paysages et des lieux, mais aussi pour rencontrer les habitants, d'où un planning serré de réunions et conférences avec les différents responsables ou acteurs économiques. Comme tout marcheur il affronte les intempéries, sait voir la beauté des contrées traversées, tout en proposant une vision de la France en proie à la désertification industrielle, aux difficultés, tentée par le repli sur soi et la désespérance (et les sirènes de certain parti), mais aussi souvent dynamique.
Dans son sac, une tablette pour tenir un blog à jour et emmagasiner la totalité de A la recherche du temps perdu. Son "but n'est pas de choisir le chemin le plus court, il est d'emprunter le plus beau", d'où des boucles nombreuses autour des étapes, contrairement aux marcheurs vers Saint Jacques qu'il retrouve dans la seconde moitié de son itinéraire.Il fait halte chez lui, puis dans sa famille, se permet même un crochet en voiture dans son village natal (en passant par ma bonne ville de S., "une charmante petite ville dont les seuls atouts ne sont pas les fromages de chèvre").
Chacun sait que je suis une bonne cliente pour ce type de récits, mais il faut aussi que ce soit bien écrit, plein d'allant, d'un peu d'humour, intéressant et amenant à la réflexion, qualités présentes dans ce livre. D'ores et déjà je signe pour lire celui qui paraîtra (peut-être?) sur l'autre diagonale parcourue en 2014, de la pointe du Raz à Menton.
Le site/blog de l'auteur associé à ce périple (d'où j'ai tiré cette image avec les deux diagonales)
Ma France, des Ardennes au pays basque
Axel Kahn
Stock, 2014
Quand Axel Kahn décide de parcourir cette diagonale nord est - sud ouest, c'est à la fois pour voyager seul, jouir des paysages et des lieux, mais aussi pour rencontrer les habitants, d'où un planning serré de réunions et conférences avec les différents responsables ou acteurs économiques. Comme tout marcheur il affronte les intempéries, sait voir la beauté des contrées traversées, tout en proposant une vision de la France en proie à la désertification industrielle, aux difficultés, tentée par le repli sur soi et la désespérance (et les sirènes de certain parti), mais aussi souvent dynamique.
Dans son sac, une tablette pour tenir un blog à jour et emmagasiner la totalité de A la recherche du temps perdu. Son "but n'est pas de choisir le chemin le plus court, il est d'emprunter le plus beau", d'où des boucles nombreuses autour des étapes, contrairement aux marcheurs vers Saint Jacques qu'il retrouve dans la seconde moitié de son itinéraire.Il fait halte chez lui, puis dans sa famille, se permet même un crochet en voiture dans son village natal (en passant par ma bonne ville de S., "une charmante petite ville dont les seuls atouts ne sont pas les fromages de chèvre").
Chacun sait que je suis une bonne cliente pour ce type de récits, mais il faut aussi que ce soit bien écrit, plein d'allant, d'un peu d'humour, intéressant et amenant à la réflexion, qualités présentes dans ce livre. D'ores et déjà je signe pour lire celui qui paraîtra (peut-être?) sur l'autre diagonale parcourue en 2014, de la pointe du Raz à Menton.
Le site/blog de l'auteur associé à ce périple (d'où j'ai tiré cette image avec les deux diagonales)
vendredi 19 septembre 2014
Rue des Boutiques Obscures
Rue des Boutiques Obscures
Patrick Modiano
Gallimard, 1978
Galéa et son amour pour Modiano ne pouvant passer inaperçus à tout visiteur de son blog, il me fallait tester (un romancier français contemporain, en plus, mon caillou dans la chaussure). Sur ses conseils éclairés et facebookiens, j'ai choisi Rue de Boutiques Obscures, par ailleurs prix Goncourt 1978. Wikipedia donne tous les détails, dont un résumé spoiler heureusement découvert après lecture du roman.
Le narrateur, dont on ignore le nom durant une bonne partie du roman (lui-même aussi, et finalement qu'est-ce qui est bien sûr là-dedans?) part à la recherche de son passé. Rencontres fantomatiques, étranges, détails subtils, souvenirs fugaces, déambulations dans un Paris précis et flou à la fois. Des personnages n'hésitant pas à remettre documents, photographies. Souvenirs auditifs et olfactifs, la mémoire revient, repart, hésite, se fourvoie. Le narrateur entraîne le lecteur à la suite d'un fil ténu et captivant.
Sachez-le, on ne se rendra pas dans cette fameuse rue. Pas cette fois en tout cas. On ne saura pas pourquoi Mansoure a si peur de traverser le bout de la rue Germain-Pilon. Sachez cependant que bien avant internet, de gros bottins et annuaires pouvaient faire merveille dans une recherche (ah ces numéros de téléphone désuets, tels AUTeuil 15-28...)
D'après le Dictionnaire amoureux de Proust, Modiano serait le plus proustien des écrivains vivants. En effet, en effet...
Était-ce une bonne idée? Je l'ignore, mais j'ai embrayé derechef sur Quartier perdu.
Quartier perdu
Patrick Modiano
Gallimard, 1985
Vingt ans après, donc (encore? ) en 1965, comme dans rue des Boutiques obscures, Ambrose Guise revient à Paris, quitté après l'assassinat d'une connaissance. Sous ce nom il est connu comme auteur de romans style Ian Fleming, alors qu'auparavant il s'appelait Jean Dekker et fréquentait un groupe de noctambules menu par Carmen Blin.
A la recherche des témoins du passé, personnes ou lieux, Ambrose Guise parcourt Paris. Là encore on lui donne une épaisse chemise de documents. Là encore cela se termine assez brusquement, sans toutes les réponses.
Il y a véritablement un style Modiano, une atmosphère Modiano. Mais j'avoue avoir un peu survolé ce deuxième roman, fatiguée de courses dans ce Paris nocturne, de ces personnages qui ne m'attiraient guère. C'est bien écrit, bien construit, mais l'intrigue est tout de même assez ténue. Sans doute faudrait-il laisser sagement un peu plus de temps entre deux lectures.
Les avis de Lecture/Ecriture, ici pour Rue des boutiques obscures,
Patrick Modiano
Gallimard, 1978
Galéa et son amour pour Modiano ne pouvant passer inaperçus à tout visiteur de son blog, il me fallait tester (un romancier français contemporain, en plus, mon caillou dans la chaussure). Sur ses conseils éclairés et facebookiens, j'ai choisi Rue de Boutiques Obscures, par ailleurs prix Goncourt 1978. Wikipedia donne tous les détails, dont un résumé spoiler heureusement découvert après lecture du roman.
Le narrateur, dont on ignore le nom durant une bonne partie du roman (lui-même aussi, et finalement qu'est-ce qui est bien sûr là-dedans?) part à la recherche de son passé. Rencontres fantomatiques, étranges, détails subtils, souvenirs fugaces, déambulations dans un Paris précis et flou à la fois. Des personnages n'hésitant pas à remettre documents, photographies. Souvenirs auditifs et olfactifs, la mémoire revient, repart, hésite, se fourvoie. Le narrateur entraîne le lecteur à la suite d'un fil ténu et captivant.
Sachez-le, on ne se rendra pas dans cette fameuse rue. Pas cette fois en tout cas. On ne saura pas pourquoi Mansoure a si peur de traverser le bout de la rue Germain-Pilon. Sachez cependant que bien avant internet, de gros bottins et annuaires pouvaient faire merveille dans une recherche (ah ces numéros de téléphone désuets, tels AUTeuil 15-28...)
D'après le Dictionnaire amoureux de Proust, Modiano serait le plus proustien des écrivains vivants. En effet, en effet...
Était-ce une bonne idée? Je l'ignore, mais j'ai embrayé derechef sur Quartier perdu.
Quartier perdu
Patrick Modiano
Gallimard, 1985
Vingt ans après, donc (encore? ) en 1965, comme dans rue des Boutiques obscures, Ambrose Guise revient à Paris, quitté après l'assassinat d'une connaissance. Sous ce nom il est connu comme auteur de romans style Ian Fleming, alors qu'auparavant il s'appelait Jean Dekker et fréquentait un groupe de noctambules menu par Carmen Blin.
A la recherche des témoins du passé, personnes ou lieux, Ambrose Guise parcourt Paris. Là encore on lui donne une épaisse chemise de documents. Là encore cela se termine assez brusquement, sans toutes les réponses.
Il y a véritablement un style Modiano, une atmosphère Modiano. Mais j'avoue avoir un peu survolé ce deuxième roman, fatiguée de courses dans ce Paris nocturne, de ces personnages qui ne m'attiraient guère. C'est bien écrit, bien construit, mais l'intrigue est tout de même assez ténue. Sans doute faudrait-il laisser sagement un peu plus de temps entre deux lectures.
Les avis de Lecture/Ecriture, ici pour Rue des boutiques obscures,
mercredi 17 septembre 2014
Chers voisins
Chers voisins
Capital
John Lanchester
feux croisés, Plon, 2013
Traduit par Anouk Neuhoff, avec la collaboration de Suzy Borello
"Nous voulons ce que vous avez."
Mais pourquoi les habitants de Pepys Road (Londres) reçoivent-ils ce message anonyme? Dans le coin, le prix de l'immobilier atteint des sommets, mais Petunia Howe, fragile octogénaire, et Ahmed Kamal qui ne compte pas ses heures dans sa petit épicerie ne voient pas trop de raison d'être enviés. Ou alors les Yount, chez qui ruisselle l'argent gagné à la City (comptez sur Arabella pour le dépenser, et il va bien falloir que le bonus de fin d'année de son époux Roger soit à sept chiffres)? Quant au jeune prodige du football récemment débarqué du Sénégal, il n'est même pas au courant...
Au départ le titre Chers voisins (en anglais Capital!) m'avait faire croire à des interactions entre lesdits voisins de rue, mais non. Quant à l'enquête pour découvrir qui est le Corbeau, elle a bien lieu, mais en arrière plan plutôt, et la réaction des destinataires est rapidement évoquée. Finalement j'ai eu ce que je n'attendais pas, une plongée dans l'univers impitoyable de la finance, dans la vie des immigrés de toutes origines plus ou moins légaux (mention spéciale à Quentina), dans le milieu de la culture, y compris une vision nouvelle de Londres, bref, j'ai pris un énorme plaisir à lire ce roman, savourer son humour, découvrir des personnages attachants et jamais méchamment présentés ! Il sera sûrement bientôt en poche, n'hésitez pas!
Les avis de krol, clara, cathulu,
Capital
John Lanchester
feux croisés, Plon, 2013
Traduit par Anouk Neuhoff, avec la collaboration de Suzy Borello
"Nous voulons ce que vous avez."
Mais pourquoi les habitants de Pepys Road (Londres) reçoivent-ils ce message anonyme? Dans le coin, le prix de l'immobilier atteint des sommets, mais Petunia Howe, fragile octogénaire, et Ahmed Kamal qui ne compte pas ses heures dans sa petit épicerie ne voient pas trop de raison d'être enviés. Ou alors les Yount, chez qui ruisselle l'argent gagné à la City (comptez sur Arabella pour le dépenser, et il va bien falloir que le bonus de fin d'année de son époux Roger soit à sept chiffres)? Quant au jeune prodige du football récemment débarqué du Sénégal, il n'est même pas au courant...
Au départ le titre Chers voisins (en anglais Capital!) m'avait faire croire à des interactions entre lesdits voisins de rue, mais non. Quant à l'enquête pour découvrir qui est le Corbeau, elle a bien lieu, mais en arrière plan plutôt, et la réaction des destinataires est rapidement évoquée. Finalement j'ai eu ce que je n'attendais pas, une plongée dans l'univers impitoyable de la finance, dans la vie des immigrés de toutes origines plus ou moins légaux (mention spéciale à Quentina), dans le milieu de la culture, y compris une vision nouvelle de Londres, bref, j'ai pris un énorme plaisir à lire ce roman, savourer son humour, découvrir des personnages attachants et jamais méchamment présentés ! Il sera sûrement bientôt en poche, n'hésitez pas!
Les avis de krol, clara, cathulu,
lundi 15 septembre 2014
Bon rétablissement
Bon rétablissement
Marie-Sabine Roger
la brune au rouergue, 2012
"Aujourd'hui, étape imprévue dans cette course en solitaire, je suis en cale sèche dans un lit d'hôpital pour cause d'avaries -bassin en deux morceaux et jambe en mosaïque - le temps de faire le point sur la coque, les voiles, et le trajet qui reste avant le dernier port."
Jean-Pierre, 67 ans, veuf sans enfants, se retrouve sur un lit d'hôpital, à la merci des chirurgiens, infirmières, kinés, femmes de service, et de ses pensées. Plutôt sauvage et ours, le Jean-Pierre, pourtant il n'est pas si seul, une gamine vient lui emprunter de force son ordinateur ("pas de ça ici, je veux ma tranquillité"), l'un des policiers intervenant après son accident, son jeune sauveteur, sa famille aussi lui rendent visite. (Bien plus que n'en ont certains dans la vraie vie!)
Je ne vais pas chipoter, j'ai plutôt aimé cette découverte de l'auteur (et je récidiverai bien), on ne s'ennuie pas une seconde, l'humour fait mouche (parfois j'aimerais un peu moins de "formules", même bien trouvées et formulées, ça m'a plutôt gêné l'émotion). Court, efficace. Une vision de l'hôpital extrêmement réaliste.
Un des nombreux passages marrants, et je ne spoile pas du tout.
"- Tu lis quoi en ce moment? Moi je suis en train de relire Histoire de la France des origines à nos jours, de Duby.
- Oui, très bien, bon choix. Moi, vu que j'ai du temps de libre, j'ai commencé l'annuaire. J'en suis à 'Giraudin Jean-Claude, 13 rue Amiral Courbet.'
- Ah oui, je me souviens de ce passage... Tu verras, après, dès que tu arrives à 'Lefevre Jocelyne', ça commence à te prendre aux tripes.
- Ne me raconte pas, je ne veux pas savoir la fin."
Zut, c'est tout moi : je découvre en cherchant la couverture du roman pour l'y insérer, qu'il y aura une adaptation ciné ... Petite cervelle.
A part ça plein de gens l'ont déjà lu
Marie-Sabine Roger
la brune au rouergue, 2012
"Aujourd'hui, étape imprévue dans cette course en solitaire, je suis en cale sèche dans un lit d'hôpital pour cause d'avaries -bassin en deux morceaux et jambe en mosaïque - le temps de faire le point sur la coque, les voiles, et le trajet qui reste avant le dernier port."
Jean-Pierre, 67 ans, veuf sans enfants, se retrouve sur un lit d'hôpital, à la merci des chirurgiens, infirmières, kinés, femmes de service, et de ses pensées. Plutôt sauvage et ours, le Jean-Pierre, pourtant il n'est pas si seul, une gamine vient lui emprunter de force son ordinateur ("pas de ça ici, je veux ma tranquillité"), l'un des policiers intervenant après son accident, son jeune sauveteur, sa famille aussi lui rendent visite. (Bien plus que n'en ont certains dans la vraie vie!)
Je ne vais pas chipoter, j'ai plutôt aimé cette découverte de l'auteur (et je récidiverai bien), on ne s'ennuie pas une seconde, l'humour fait mouche (parfois j'aimerais un peu moins de "formules", même bien trouvées et formulées, ça m'a plutôt gêné l'émotion). Court, efficace. Une vision de l'hôpital extrêmement réaliste.
Un des nombreux passages marrants, et je ne spoile pas du tout.
"- Tu lis quoi en ce moment? Moi je suis en train de relire Histoire de la France des origines à nos jours, de Duby.
- Oui, très bien, bon choix. Moi, vu que j'ai du temps de libre, j'ai commencé l'annuaire. J'en suis à 'Giraudin Jean-Claude, 13 rue Amiral Courbet.'
- Ah oui, je me souviens de ce passage... Tu verras, après, dès que tu arrives à 'Lefevre Jocelyne', ça commence à te prendre aux tripes.
- Ne me raconte pas, je ne veux pas savoir la fin."
Zut, c'est tout moi : je découvre en cherchant la couverture du roman pour l'y insérer, qu'il y aura une adaptation ciné ... Petite cervelle.
A part ça plein de gens l'ont déjà lu
vendredi 12 septembre 2014
Little big man
Little big man
Mémoires d'un visage pâle
Thomas Berger
Editions du rocher, Nuage rouge, 1991
Paru en 1964 aux Etats Unis sous le même titre
Film d'Arthur Penn en 1970
J'ignorais totalement que Little big man (le film) était tiré d'un roman de Thomas Berger (1924-2014, il vient juste de décéder) et je remercie vivement Sandrine de l'avoir présenté sur son blog (et ma bibli d'avoir un magasin incroyable, tout y est, ou presque!). Voir son billet et la couverture de la réédition chez Télémaque (Frontières)(même excellente traductrice, Marie-France Watkins)
En 1852, Jack Crabb et sa soeur Caroline sont kidnappés par les indiens Cheyennes (enfin, c'est plutôt un quiproquo, cette affaire...), alors qu'avec leur famille ils se dirigeaient vers l'Utah. Jack, âgé d'une dizaine d'années, va devenir le fils adoptif du chef, Peaux de la Vieille Cabane(j'adore ce vieil indien!) et élevé comme un vrai Cheyenne, à qui l'on donnera le nom de Little Big Man après une bataille contre une autre tribu. Sa vie, qui sera fort longue puisqu'il raconte son histoire alors qu'il réside dans une maison de retraite dans les années 1950 (!), se déroulera dans l'ouest des Etats-Unis, à l'époque de la Frontière, des colons, chasseurs de bisons, chercheurs d'or, saloons, prostituées, et guerres indiennes. L'on croisera Calamity Jane, Wild Bill Hickock, Wyatt Earp et forcément Custer puisque Jack assistera aux premières loges aux batailles de la Washita et surtout Little Big Horn. L'histoire s'arrêtera là, mais j'ai découvert que Berger a écrit Le retour de Little Big Man...
Pas la peine de soupirer en pensant qu'il s'agit d'une simple histoire avec des indiens (et des cow boys) où enfin l'indien aura un meilleur rôle, non, le lecteur passe d'un camp à l'autre en suivant Jack qui pense surtout à sauver sa peau et sa liberté et effectuera des aller-retours entre les groupes. Sa vision des indiens sera assez réaliste (hé oui ça pue dans leurs campements, et je passe les détails culinaires) mais celle des blancs ne sera pas en reste. Et surtout quelle ironie! Je ne m'attendais pas à ce que ce soit si amusant de suivre Jack, mais attention, moments de tendresse ou fort tragiques aussi.
Avec Jack l'on vit vraiment chez les Cheyennes, avec croyances et traditions (j'ai découvert les Contraires et les Heemaneh), Jack racontant sans être dupe de tout, mais fort admiratif. J'ai l'impression que Thomas Berger donne plein de détails vrais, ainsi que pour la vie des émigrants, qui recoupe pas mal la vie de Calamity Jane lue récemment.
Prenez le temps de découvrir ce roman !
"La guerre était remise à plus tard, parce qu'il faisait trop froid pour se battre. Je me souviens qu'une fois, en rentrant de traquer du bison, on a croisé un groupe de cinq à six Corbeaux et on a levé une main lasse pour prendre notre arc, mais les autres nous ont fait signe 'on se battra quand il fera meilleur', et nous autres on a été soulagés."
"J'étais drôlement heureux d'être recouvert moi-même de peinture de guerre. C'est ça que ça a d'épatant, la peinture; on peut penser ce qu'on veut à l'intérieur, avoir les foies ou pas, on a toujours l'air abominable."
Des avis sur Babelio,
Mémoires d'un visage pâle
Thomas Berger
Editions du rocher, Nuage rouge, 1991
Paru en 1964 aux Etats Unis sous le même titre
Film d'Arthur Penn en 1970
J'ignorais totalement que Little big man (le film) était tiré d'un roman de Thomas Berger (1924-2014, il vient juste de décéder) et je remercie vivement Sandrine de l'avoir présenté sur son blog (et ma bibli d'avoir un magasin incroyable, tout y est, ou presque!). Voir son billet et la couverture de la réédition chez Télémaque (Frontières)(même excellente traductrice, Marie-France Watkins)
En 1852, Jack Crabb et sa soeur Caroline sont kidnappés par les indiens Cheyennes (enfin, c'est plutôt un quiproquo, cette affaire...), alors qu'avec leur famille ils se dirigeaient vers l'Utah. Jack, âgé d'une dizaine d'années, va devenir le fils adoptif du chef, Peaux de la Vieille Cabane(j'adore ce vieil indien!) et élevé comme un vrai Cheyenne, à qui l'on donnera le nom de Little Big Man après une bataille contre une autre tribu. Sa vie, qui sera fort longue puisqu'il raconte son histoire alors qu'il réside dans une maison de retraite dans les années 1950 (!), se déroulera dans l'ouest des Etats-Unis, à l'époque de la Frontière, des colons, chasseurs de bisons, chercheurs d'or, saloons, prostituées, et guerres indiennes. L'on croisera Calamity Jane, Wild Bill Hickock, Wyatt Earp et forcément Custer puisque Jack assistera aux premières loges aux batailles de la Washita et surtout Little Big Horn. L'histoire s'arrêtera là, mais j'ai découvert que Berger a écrit Le retour de Little Big Man...
Pas la peine de soupirer en pensant qu'il s'agit d'une simple histoire avec des indiens (et des cow boys) où enfin l'indien aura un meilleur rôle, non, le lecteur passe d'un camp à l'autre en suivant Jack qui pense surtout à sauver sa peau et sa liberté et effectuera des aller-retours entre les groupes. Sa vision des indiens sera assez réaliste (hé oui ça pue dans leurs campements, et je passe les détails culinaires) mais celle des blancs ne sera pas en reste. Et surtout quelle ironie! Je ne m'attendais pas à ce que ce soit si amusant de suivre Jack, mais attention, moments de tendresse ou fort tragiques aussi.
Avec Jack l'on vit vraiment chez les Cheyennes, avec croyances et traditions (j'ai découvert les Contraires et les Heemaneh), Jack racontant sans être dupe de tout, mais fort admiratif. J'ai l'impression que Thomas Berger donne plein de détails vrais, ainsi que pour la vie des émigrants, qui recoupe pas mal la vie de Calamity Jane lue récemment.
Prenez le temps de découvrir ce roman !
"La guerre était remise à plus tard, parce qu'il faisait trop froid pour se battre. Je me souviens qu'une fois, en rentrant de traquer du bison, on a croisé un groupe de cinq à six Corbeaux et on a levé une main lasse pour prendre notre arc, mais les autres nous ont fait signe 'on se battra quand il fera meilleur', et nous autres on a été soulagés."
"J'étais drôlement heureux d'être recouvert moi-même de peinture de guerre. C'est ça que ça a d'épatant, la peinture; on peut penser ce qu'on veut à l'intérieur, avoir les foies ou pas, on a toujours l'air abominable."
Des avis sur Babelio,
mercredi 10 septembre 2014
Bookhunter
Bookhunter
Jason Shiga
Cambourakis, 2008
Oakland, Californie, 1973.
La police des bibliothèques enquête et agit. Sa mission : récupérer les livres volés à la bibliothèque.
Ses moyens : illimités.
Façon GIGN pour le prologue.
Police scientifique au millimètre pour l'histoire principale. Laboratoire. Relevés d'empreintes. Interventions musclées (encore). Planques. Course poursuite finale dans les rayons de la bibliothèque...
Un décalage hilarant, et une promenade dans les bibliothèques d'il y a ... 40 ans. Que de changements...
Une BD à découvrir.
Jason Shiga
Cambourakis, 2008
Oakland, Californie, 1973.
La police des bibliothèques enquête et agit. Sa mission : récupérer les livres volés à la bibliothèque.
Ses moyens : illimités.
Façon GIGN pour le prologue.
Police scientifique au millimètre pour l'histoire principale. Laboratoire. Relevés d'empreintes. Interventions musclées (encore). Planques. Course poursuite finale dans les rayons de la bibliothèque...
Un décalage hilarant, et une promenade dans les bibliothèques d'il y a ... 40 ans. Que de changements...
Une BD à découvrir.
Les avis sur Babelio
lundi 8 septembre 2014
Les fatwas Petit traité d'intolérance II
Les fatwas
Petit traité d'intolérance II
Charb
Les échappés, Charlie Hebdo, 2014
Tout ou presque est dans le titre, Charb ne fait pas dans le consensuel. Précisons que je ne le connais pas plus que ça, lui ou son journal, mais un petit coup de lance flammes de temps en temps, ça dégage les neurones et fait vibrer les synapses.
A quoi s'attaque-t-il dans ces courtes chroniques écrites au scalpel? (signalons aussi que "le monsieur il dit des gros mots")(un poil trop pour mon goût, je l'avoue, ça n'ajoute rien à l'efficacité de la démonstration, mais ça doit faire partie du jeu). A tout. Mort aux bistrotiers carafobes! Mort aux bizutages qui tournent mal! Mort au champagne obligatoire! Mort au jour d'aujourd'hui! Mort à la boule de glace vanille! Mort aux parents d'élèves! Même à Mort aux couples avec enfants! (oui, il n'épargne rien)
Plus inattendu, Mort aux sourires dans le métro! Mort à Brassens! Mort aux dictons! Mort aux trains qui arrivent à l'heure! Mais finalement assez convaincants...
A ne pas lire d'affilée, bien sûr. Et avec une bonne dose d'humour au 25ème degré ou d'auto dérision.
Les premières pages.
Merci à l'éditeur.
Petit traité d'intolérance II
Charb
Les échappés, Charlie Hebdo, 2014
Tout ou presque est dans le titre, Charb ne fait pas dans le consensuel. Précisons que je ne le connais pas plus que ça, lui ou son journal, mais un petit coup de lance flammes de temps en temps, ça dégage les neurones et fait vibrer les synapses.
A quoi s'attaque-t-il dans ces courtes chroniques écrites au scalpel? (signalons aussi que "le monsieur il dit des gros mots")(un poil trop pour mon goût, je l'avoue, ça n'ajoute rien à l'efficacité de la démonstration, mais ça doit faire partie du jeu). A tout. Mort aux bistrotiers carafobes! Mort aux bizutages qui tournent mal! Mort au champagne obligatoire! Mort au jour d'aujourd'hui! Mort à la boule de glace vanille! Mort aux parents d'élèves! Même à Mort aux couples avec enfants! (oui, il n'épargne rien)
Plus inattendu, Mort aux sourires dans le métro! Mort à Brassens! Mort aux dictons! Mort aux trains qui arrivent à l'heure! Mais finalement assez convaincants...
A ne pas lire d'affilée, bien sûr. Et avec une bonne dose d'humour au 25ème degré ou d'auto dérision.
Les premières pages.
Merci à l'éditeur.
vendredi 5 septembre 2014
Les suprêmes
Les suprêmes
The Suprêmes at Earl's All-You-Can-Eat
Edward Kelsey Moore
Actes sud, 2014
Traduit par Cloé Tralci
avec la collaboration d'Emmanuelle et de Philippe Aronson
A Plainview, tout le monde les appelle les Suprêmes. Leur amitié est née au lycée dans les années 60 et quatre décennies plus tard, elles sont toujours fidèles au rendez-vous, particulièrement au restaurant Chez Earl. Odette, au caractère bien trempé, et James, amoureux comme au premier jour, Clarice et le beau Richmond, qui la trompe allègrement, et la belle Barbara Jean et Lester.
Une fois accepté le fait qu'Odette voit parfois sa défunte mère (et Madame Roosevelt), tout a bien roulé. C'est surtout une belle histoire d'amitié, qui connaît tout ou presque de l'autre, l'accepte comme elle est, n'essaie pas forcément de la changer, mais de l'aider, quand même, sait quand il vaut mieux se taire ou parler. Sur fond d'une certaine ségrégation dans les années 60 (Chick, le roi des petits Blancs craquants employé chez Earl, ça passait mal). Et c'est là que je m'aperçois que j'ai complètement oublié de signaler que nos trois héroïnes sont afro-américaines (comme on ne disait pas à l'époque).
Grâce à une alternance passé/présent, l'intérêt ne faiblit pas, les révélations se suivent, c'est drôle et émouvant, j'aurais adoré connaître Earl en vrai, assister au mariage de Sharon, et et j'ai quitté avec regret ce petit monde là. On n'est pas dans la Haute Littérature, mais qu'est-ce que ça fait plaisir à lire!
Juste un passage
Clarice ne ferait jamais la moindre réflexion à Barbara Jean sur ses habitudes vestimentaires, et nous le savions toutes deux. De la même manière, Clarice et Barbara ne me diraient jamais en face que j'étais grosse, et nous ne rappellerions jamais à Clarice que son mari se tapait tout ce qui bougeait. Entre Suprêmes, nous nous traitions avec beaucoup de délicatesse. Nous fermions les yeux sur les défauts des autres et faisions preuve de prévenance, même quand cela n'était pas mérité."
Les avis de Clarabel (ou, livre doudou!), babelio, cathulu, clara, gambadou, philisine cave,
En revanche j'ai cru déceler des fautes, tiens, le roi des petits Blanc craquants, manque pas un s?
Je trouve aussi étrange que Barbara Jean ait comme nom Perdue. C'est Lost ou pas? Si oui, pourquoi traduire alors que les autres noms ne le sont pas? J'ai cherché en vain sur des sites en anglais ce qu'il en est.
J'aurais aussi aimé que le mot Bible ait une majuscule à chaque fois, et non au petit bonheur. Dans le même domaine, p 224, "Ephèse dit" m'a l'air traduit directement de "Ephesians says", et ne veut rien dire en français. Etant donné que nos trois Suprêmes fréquentent chacune une église Baptiste (différente), on aurait pu être plus attentif à ce détail qui pour elles au moins a sûrement de l'importance.
The Suprêmes at Earl's All-You-Can-Eat
Edward Kelsey Moore
Actes sud, 2014
Traduit par Cloé Tralci
avec la collaboration d'Emmanuelle et de Philippe Aronson
A Plainview, tout le monde les appelle les Suprêmes. Leur amitié est née au lycée dans les années 60 et quatre décennies plus tard, elles sont toujours fidèles au rendez-vous, particulièrement au restaurant Chez Earl. Odette, au caractère bien trempé, et James, amoureux comme au premier jour, Clarice et le beau Richmond, qui la trompe allègrement, et la belle Barbara Jean et Lester.
Une fois accepté le fait qu'Odette voit parfois sa défunte mère (et Madame Roosevelt), tout a bien roulé. C'est surtout une belle histoire d'amitié, qui connaît tout ou presque de l'autre, l'accepte comme elle est, n'essaie pas forcément de la changer, mais de l'aider, quand même, sait quand il vaut mieux se taire ou parler. Sur fond d'une certaine ségrégation dans les années 60 (Chick, le roi des petits Blancs craquants employé chez Earl, ça passait mal). Et c'est là que je m'aperçois que j'ai complètement oublié de signaler que nos trois héroïnes sont afro-américaines (comme on ne disait pas à l'époque).
Grâce à une alternance passé/présent, l'intérêt ne faiblit pas, les révélations se suivent, c'est drôle et émouvant, j'aurais adoré connaître Earl en vrai, assister au mariage de Sharon, et et j'ai quitté avec regret ce petit monde là. On n'est pas dans la Haute Littérature, mais qu'est-ce que ça fait plaisir à lire!
Juste un passage
Clarice ne ferait jamais la moindre réflexion à Barbara Jean sur ses habitudes vestimentaires, et nous le savions toutes deux. De la même manière, Clarice et Barbara ne me diraient jamais en face que j'étais grosse, et nous ne rappellerions jamais à Clarice que son mari se tapait tout ce qui bougeait. Entre Suprêmes, nous nous traitions avec beaucoup de délicatesse. Nous fermions les yeux sur les défauts des autres et faisions preuve de prévenance, même quand cela n'était pas mérité."
Les avis de Clarabel (ou, livre doudou!), babelio, cathulu, clara, gambadou, philisine cave,
Les suprêmes |
Je trouve aussi étrange que Barbara Jean ait comme nom Perdue. C'est Lost ou pas? Si oui, pourquoi traduire alors que les autres noms ne le sont pas? J'ai cherché en vain sur des sites en anglais ce qu'il en est.
J'aurais aussi aimé que le mot Bible ait une majuscule à chaque fois, et non au petit bonheur. Dans le même domaine, p 224, "Ephèse dit" m'a l'air traduit directement de "Ephesians says", et ne veut rien dire en français. Etant donné que nos trois Suprêmes fréquentent chacune une église Baptiste (différente), on aurait pu être plus attentif à ce détail qui pour elles au moins a sûrement de l'importance.
mercredi 3 septembre 2014
Bravo Emile!
Aussitôt lu le billet d'A Girl, j'ai emprunté tout le stock Emile Bravo à la bibliothèque.
Il était une fois sept ours nains (qui rentraient du boulot) fatigués et affamés. Las! Qui dort dans leur lit? Une "géante"... Pour s'en débarrasser, rien de mieux qu'un prince tueur de géants (et ex petit tailleur). Où l'on retrouvera boucle d'Or, la pomme de Blanche Neige, et le Petit Poucet et ses frères.
Complètement loufoques, bourrées d'humour, ces histoires mêlant tous les contes de notre enfance sont des mines de trouvailles et ensoleillent la journée. Les enfants aimeront, c'est sûr, et encore plus les adultes, je le sens. Ce ne sont pas A Girl ou Noukette qui diront le contraire. Edit de 14 h 42 : C'est Jérôme qui a fait la trouvaille! (son billet)
L'image précédente est extraite de La belle aux ours nains (Seuil jeunesse, 2009) qui verra se croiser toute une panoplie de princes et princesses de contes (avec fées et petits cochons) , se terminer par la vision des sept ours scotchés devant la télévision, mais ils seront délivrés de cette malédiction dans Mais qui veut la peau des ours nains? (2012)
Le seul bémol, le prix (ça se lit très très vite en plus). On peut emprunter en bibli. Ou se dire qu'il y a la relecture, et la lecture le soir aux chères têtes blondes ou brunes ("n'importe quoi!")(si, si, je vois bien ça)
Il était une fois sept ours nains (qui rentraient du boulot) fatigués et affamés. Las! Qui dort dans leur lit? Une "géante"... Pour s'en débarrasser, rien de mieux qu'un prince tueur de géants (et ex petit tailleur). Où l'on retrouvera boucle d'Or, la pomme de Blanche Neige, et le Petit Poucet et ses frères.
Complètement loufoques, bourrées d'humour, ces histoires mêlant tous les contes de notre enfance sont des mines de trouvailles et ensoleillent la journée. Les enfants aimeront, c'est sûr, et encore plus les adultes, je le sens. Ce ne sont pas A Girl ou Noukette qui diront le contraire. Edit de 14 h 42 : C'est Jérôme qui a fait la trouvaille! (son billet)
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Le seul bémol, le prix (ça se lit très très vite en plus). On peut emprunter en bibli. Ou se dire qu'il y a la relecture, et la lecture le soir aux chères têtes blondes ou brunes ("n'importe quoi!")(si, si, je vois bien ça)
lundi 1 septembre 2014
Sur la route again
Sur la route again
Aux Etats-Unis avec Kérouac
Guillaume Chérel
Transboreal, 2013
A relire mon vieux billet Sur la route je me retrouve encore emportée par l'énergie se dégageant de ce texte... Guillaume Chérel, 20 ans après une traversée des Etats Unis en stop, repart en bus Greyhound sur les traces de Kerouac, de New York à Los Angeles, via Chicago et San Francisco. Plus l'incursion au Mexique. Les deux Jack (London et Kerouac) sont ses héros, et il choisit de s'adresser au second (en le tutoyant), rappelant les expériences d'il y a (déjà!) un demi siècle et narrant les siennes propres.
"C'est autant un récit de voyage qu'un exercice de style, un hommage à un livre devenu culte."
Une constatation pour lui, pas question de faire du stop maintenant, et le bus est surtout emprunté par les plus désargentés. Il pose un regard plein d'empathie sur les SDF, décalés, tout du long de son voyage, et l'on sent que les Mexicains l'ont positivement frappé.
En revanche son séjour à Los Angeles, avec les homeless, le tout bagnoles, les frimeurs, le clinquant, l'argent, les sorties, l'alcool, la drogue (et sans trop de modération) lui a paru long, à moi aussi d'ailleurs. Des dizaines de pages où j'attendais qu'il "se tire", se décidant à reprendre la route.
Un saut sur le blog qu'il tenait durant son voyage donnera une idée du style parfois "allumé" (un poil trop à la longue, pour un livre écrit plus à froid) mais bon, c'est sa personnalité enthousiaste, brut de pomme je pense, et ça donne bien une idée de ce qu'est mettre ses pas dans ceux de Kerouac.
Le blog (j'ai tapé Chérel Kérouac Libération, comme expliqué par l'auteur)
L'avis de Chinouk,
Aux Etats-Unis avec Kérouac
Guillaume Chérel
Transboreal, 2013
A relire mon vieux billet Sur la route je me retrouve encore emportée par l'énergie se dégageant de ce texte... Guillaume Chérel, 20 ans après une traversée des Etats Unis en stop, repart en bus Greyhound sur les traces de Kerouac, de New York à Los Angeles, via Chicago et San Francisco. Plus l'incursion au Mexique. Les deux Jack (London et Kerouac) sont ses héros, et il choisit de s'adresser au second (en le tutoyant), rappelant les expériences d'il y a (déjà!) un demi siècle et narrant les siennes propres.
"C'est autant un récit de voyage qu'un exercice de style, un hommage à un livre devenu culte."
Une constatation pour lui, pas question de faire du stop maintenant, et le bus est surtout emprunté par les plus désargentés. Il pose un regard plein d'empathie sur les SDF, décalés, tout du long de son voyage, et l'on sent que les Mexicains l'ont positivement frappé.
En revanche son séjour à Los Angeles, avec les homeless, le tout bagnoles, les frimeurs, le clinquant, l'argent, les sorties, l'alcool, la drogue (et sans trop de modération) lui a paru long, à moi aussi d'ailleurs. Des dizaines de pages où j'attendais qu'il "se tire", se décidant à reprendre la route.
Un saut sur le blog qu'il tenait durant son voyage donnera une idée du style parfois "allumé" (un poil trop à la longue, pour un livre écrit plus à froid) mais bon, c'est sa personnalité enthousiaste, brut de pomme je pense, et ça donne bien une idée de ce qu'est mettre ses pas dans ceux de Kerouac.
Le blog (j'ai tapé Chérel Kérouac Libération, comme expliqué par l'auteur)
L'avis de Chinouk,
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