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Affichage des articles du septembre, 2014

Au pays du long nuage blanc (Happy Birthday, Mister Juliet)

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Au pays du long nuage blanc Journal Wellington, août 2003 -janvier 2004 Charles Juliet P.O.L., 2005 (mais je choisis la couverture folio) Il ne peut échapper aux visiteurs du blog de Flo que Charles Juliet est un auteur qui lui est très cher, et désirant lui rendre hommage à l'occasion de ses 80 ans (aujourd'hui!) elle a proposé ( ici ) de lire un de ses ouvrages. Grâce à elle j'ai mieux découvert cet auteur et je vous présente un volume du journal un peu particulier puisqu'il a été écrit lors d'un séjour de l'auteur en Nouvelle-Zélande. Rencontres avec des personnalités, des écrivains, des artistes, mais aussi contacts improvisés: Charles Juliet se montre toujours extrêmement curieux de tout, faisant montre d'une grande empathie. Son regard sur ce pays, ses paysages, son histoire (maoris et émigration fort variée), sa culture, est intéressant à découvrir mais l'on ne trouvera pas là un guide de voyage exhaustif (j'ai été surprise des con

Sans voix

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Sans voix Lost for words Edward St Aubyn Christian Bourgois, 2014 Traduit par Jacqueline Odin En cette période fébrile (pour certains) d'attribution des prix littéraires, je me suis plongée dans les dessous du prix Elysian, sorti de l'imagination de l'auteur . Le comité de sélection est une équipe d'individualités en désaccord sur ce que doit être un roman et pour lesquels lire les romans en lice n'est qu'un point de détail. Le lecteur aura tout de même droit à quelques extraits parfois ahurissants de la prose des auteurs. L'on suivra aussi avec joie un prince indien et sa Tantine, dont le livre de cuisine envoyé par erreur sera dans la dernière sélection, tandis que la même erreur privera Katherine, la femme aux multiples amants (!) de toute participation au prix. Vraiment jubilatoire. Penny écrit des romans en utilisant le logiciel Scriptor Royal Plus: "Quand on entrait un mot, par exemple 'réfugié', plusieurs suggestions bien u

Les enfants de la dernière pluie

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Les enfants de la dernière pluie Françoise Guérin Editions du Masque, 2014 Après une diète de polar j'ai retrouvé le commandant Eric Lanester et sa petite bande du 36 quai des orfèvres. Maintenant on est bien calé dans une série, les personnages évoluent tranquillement, on les retrouve comme de vieux amis.  Pour ceux qui auraient raté le début:     Cherche jeunes filles à croquer  et    A la vue à la mort  Alors qu'il rend visite à son frère Xavier en hôpital psychiatrique, Lanester est témoin direct de deux morts pas vraiment accidentelles. Par choix je n'ai pas voulu lire la quatrième de couverture, et finalement c'était parfait, donc on ne me fera rien avouer de plus, inutile de jouer le rôle du bon ou du méchant flic. Comme dans les précédents opus Lanester mène l'enquête à son idée, continue ses séances avec Jacinthe Bergeret sa psychanalyste, gère les tensions dans son équipe. Pas de détails glauques sur les crimes, des ellipses intéressantes dans

Pensées en chemin

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Pensées en chemin Ma France, des Ardennes au pays basque Axel Kahn Stock, 2014 Quand Axel Kahn décide de parcourir cette diagonale nord est - sud ouest , c'est à la fois pour voyager seul, jouir des paysages et des lieux, mais aussi pour rencontrer les habitants, d'où un planning serré de réunions et conférences avec les différents responsables ou acteurs économiques. Comme tout marcheur il affronte les intempéries, sait voir la beauté des contrées traversées, tout en proposant une vision de la France en proie à la désertification industrielle, aux difficultés, tentée par le repli sur soi et la désespérance (et les sirènes de certain parti), mais aussi souvent dynamique. Dans son sac, une tablette pour tenir un blog à jour et emmagasiner la totalité de A la recherche du temps perdu. Son "but n'est pas de choisir le chemin le plus court, il est d'emprunter le plus beau" , d'où des boucles nombreuses autour des étapes, contrairement aux marcheurs

Rue des Boutiques Obscures

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Rue des Boutiques Obscures Patrick Modiano Gallimard, 1978 Galéa et son amour pour Modiano ne pouvant passer inaperçus à tout visiteur de son blog, il me fallait tester (un romancier français contemporain, en plus, mon caillou dans la chaussure). Sur ses conseils éclairés et facebookiens, j'ai choisi Rue de Boutiques Obscures, par ailleurs prix Goncourt 1978. Wikipedia donne tous les détails, dont un résumé spoiler heureusement découvert après lecture du roman. Le narrateur , dont on ignore le nom durant une bonne partie du roman (lui-même aussi, et finalement qu'est-ce qui est bien sûr là-dedans?) part à la recherche de son passé . Rencontres fantomatiques, étranges, détails subtils, souvenirs fugaces, déambulations dans un Paris précis et flou à la fois. Des personnages n'hésitant pas à remettre documents, photographies. Souvenirs auditifs et olfactifs, la mémoire revient, repart, hésite, se fourvoie. Le narrateur entraîne le lecteur à la suite d'un fil ténu

Chers voisins

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Chers voisins Capital John Lanchester feux croisés, Plon, 2013 Traduit par Anouk Neuhoff, avec la collaboration de Suzy Borello " Nous voulons ce que vous avez. " Mais pourquoi les habitants de Pepys Road (Londres) reçoivent-ils ce message anonyme? Dans le coin, le prix de l'immobilier atteint des sommets, mais Petunia Howe , fragile octogénaire, et Ahmed Kamal qui ne compte pas ses heures dans sa petit épicerie ne voient pas trop de raison d'être enviés. Ou alors les Yount , chez qui ruisselle l'argent gagné à la City (comptez sur Arabella pour le dépenser, et il va bien falloir que le bonus de fin d'année de son époux Roger soit à sept chiffres)? Quant au jeune prodige du football récemment débarqué du Sénégal, il n'est même pas au courant... Au départ le titre Chers voisins (en anglais Capital!) m'avait faire croire à des interactions entre lesdits voisins de rue, mais non. Quant à l'enquête pour découvrir qui est le Corbeau, elle

Bon rétablissement

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Bon rétablissement Marie-Sabine Roger la brune au rouergue, 2012 "Aujourd'hui, étape imprévue dans cette course en solitaire, je suis en cale sèche dans un lit d'hôpital pour cause d'avaries -bassin en deux morceaux et jambe en mosaïque - le temps de faire le point sur la coque, les voiles, et le trajet qui reste avant le dernier port." Jean-Pierre, 67 ans, veuf sans enfants, se retrouve sur un lit d'hôpital, à la merci des chirurgiens, infirmières, kinés, femmes de service, et de ses pensées. Plutôt sauvage et ours, le Jean-Pierre, pourtant il n'est pas si seul, une gamine vient lui emprunter de force son ordinateur ("pas de ça ici, je veux ma tranquillité"), l'un des policiers intervenant après son accident, son jeune sauveteur, sa famille aussi lui rendent visite. ( Bien plus que n'en ont certains dans la vraie vie! ) Je ne vais pas chipoter, j'ai plutôt aimé cette découverte de l'auteur (et je récidiverai bien), o

Little big man

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Little big man Mémoires d'un visage pâle Thomas Berger Editions du rocher, Nuage rouge, 1991 Paru en 1964 aux Etats Unis sous le même titre Film d'Arthur Penn en 1970 J'ignorais totalement que Little big man (le film) était tiré d'un roman de Thomas Berger (1924-2014, il vient juste de décéder) et je remercie vivement Sandrine de l'avoir présenté sur son blog (et ma bibli d'avoir un magasin incroyable, tout y est, ou presque!). Voir son billet et la couverture de la réédition chez Télémaque (Frontières)(même excellente traductrice, Marie-France Watkins) En 1852, Jack Crabb et sa soeur Caroline sont kidnappés par les indiens Cheyennes (enfin, c'est plutôt un quiproquo, cette affaire...), alors qu'avec leur famille ils se dirigeaient vers l'Utah. Jack, âgé d'une dizaine d'années, va devenir le fils adoptif du chef, Peaux de la Vieille Cabane(j'adore ce vieil indien!)  et élevé comme un vrai Cheyenne, à qui l'on donnera le

Bookhunter

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Bookhunter Jason Shiga Cambourakis, 2008 Oakland, Californie, 1973. La police des bibliothèques enquête et agit. Sa mission : récupérer les livres volés à la bibliothèque. Ses moyens : illimités. Façon GIGN pour le prologue. Police scientifique au millimètre pour l'histoire principale. Laboratoire. Relevés d'empreintes. Interventions musclées (encore). Planques. Course poursuite finale dans les rayons de la bibliothèque... Un décalage hilarant, et une promenade dans les bibliothèques d'il y a ... 40 ans. Que de changements... Une BD à découvrir. Les avis sur Babelio

Les fatwas Petit traité d'intolérance II

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Les fatwas Petit traité d'intolérance II Charb Les échappés, Charlie Hebdo, 2014 Tout ou presque est dans le titre, Charb ne fait pas dans le consensuel. Précisons que je ne le connais pas plus que ça, lui ou son journal, mais un petit coup de lance flammes de temps en temps, ça dégage les neurones et fait vibrer les synapses. A quoi s'attaque-t-il dans ces courtes chroniques écrites au scalpel? (signalons aussi que "le monsieur il dit des gros mots")(un poil trop pour mon goût, je l'avoue, ça n'ajoute rien à l'efficacité de la démonstration, mais ça doit faire partie du jeu).  A tout.  Mort aux bistrotiers carafobes! Mort aux bizutages qui tournent mal! Mort au champagne obligatoire! Mort au jour d'aujourd'hui! Mort à la boule de glace vanille! Mort aux parents d'élèves! Même à Mort aux couples avec enfants! (oui, il n'épargne rien) Plus inattendu, Mort aux sourires dans le métro! Mort à Brassens! Mort aux dictons! Mort aux tra

Les suprêmes

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Les suprêmes The Suprêmes at Earl's All-You-Can-Eat Edward Kelsey Moore Actes sud, 2014 Traduit par Cloé Tralci avec la collaboration d'Emmanuelle et de Philippe Aronson A Plainview, tout le monde les appelle les Suprêmes. Leur amitié est née au lycée dans les années 60 et quatre décennies plus tard, elles sont toujours fidèles au rendez-vous, particulièrement au restaurant Chez Earl. Odette , au caractère bien trempé, et James, amoureux comme au premier jour, Clarice et le beau Richmond, qui la trompe allègrement, et la belle Barbara Jean et Lester. Une fois accepté le fait qu'Odette voit parfois sa défunte mère (et Madame Roosevelt), tout a bien roulé. C'est surtout une belle histoire d'amitié , qui connaît tout ou presque de l'autre, l'accepte comme elle est, n'essaie pas forcément de la changer, mais de l'aider, quand même, sait quand il vaut mieux se taire ou parler. Sur fond d'une certaine ségrégation dans les années 60 (Chi

Bravo Emile!

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Aussitôt lu le billet d'A Girl, j'ai emprunté tout le stock Emile Bravo à la bibliothèque. Il était une fois sept ours nains (qui rentraient du boulot) fatigués et affamés. Las! Qui dort dans leur lit? Une "géante"... Pour s'en débarrasser, rien de mieux qu'un prince tueur de géants (et ex petit tailleur). Où l'on retrouvera boucle d'Or, la pomme de Blanche Neige, et le Petit Poucet et ses frères. Complètement loufoques, bourrées d'humour, ces histoires mêlant tous les contes de notre enfance sont des mines de trouvailles et ensoleillent la journée. Les enfants aimeront, c'est sûr, et encore plus les adultes, je le sens. Ce ne sont pas A Girl ou  Noukett e qui diront le contraire. Edit de 14 h 42 : C'est Jérôme qui a fait la trouvaille! ( son billet ) cliquer pour agrandir L'image précédente est extraite de La belle aux ours nains (Seuil jeunesse, 2009) qui verra se croiser toute une panoplie de princes et princesses

Sur la route again

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Sur la route again Aux Etats-Unis avec Kérouac Guillaume Chérel Transboreal, 2013 A relire mon vieux billet Sur la route  je me retrouve encore emportée par l'énergie se dégageant de ce texte... Guillaume Chérel, 20 ans après une traversée des Etats Unis en stop, repart en bus Greyhound sur les traces de Kerouac, de New York à Los Angeles, via Chicago et San Francisco. Plus l'incursion au Mexique. Les deux Jack (London et Kerouac) sont ses héros, et il choisit de s'adresser au second (en le tutoyant), rappelant les expériences d'il y a (déjà!) un demi siècle et narrant les siennes propres. "C'est autant un récit de voyage qu'un exercice de style, un hommage à un livre devenu culte." Une constatation pour lui, pas question de faire du stop maintenant, et le bus est surtout emprunté par les plus désargentés. Il pose un regard plein d'empathie sur les SDF, décalés, tout du long de son voyage, et l'on sent que les Mexicains l'ont pos