Tupinilândia
Samir Machado de Machado
Métailié, 2020
Traduit par Hubert Tézenas
L'excellent éditeur aurait-il eu un coup de mou avec la quatrième de couverture? Non qu'elle soit menteuse, bien au contraire, mais elle raconte les trois quarts du roman, et c'est bien dommage. Cependant il en restait heureusement beaucoup à découvrir.
Un (très) riche industriel brésilien fan absolu de Walt Disney a lancé la construction d'un parc d'attractions au fin fond de l'Amazonie, parc devant être inauguré en 1984 (si!) , au grand moment du retour de la démocratie au Brésil, après 20 ans de dictature militaire.
Hélas rien ne va se passer comme prévu...
Idée fort originale, imagination parfois délirante, description du parc dans les moindres détails, évocation de cette culture brésilienne des contes, livres d'enfants et objets de collection, boissons colorées, héros de l'enfance, tout est là! Un peu trop d'ailleurs, j'ai un peu fatigué, ce n'est pas mon univers. Pourtant j'ai arpenté avec délices trois parcs Disney et Epcot center, c'est dire que j'ai gardé une âme d'enfant au fil des décennies. Mais c'était plus proche de mes souvenirs d'enfance.
"A Tupinilândia, la réalité grise de l'inflation et de la déforestation incontrôlée, de la dette extérieure et des généraux antipathiques, des oligarques brutaux et des célébrités vulgaires serait effacée par une autre, bariolée comme un décor de BD, où tout fonctionnerait toujours parfaitement, où tout le monde serait en permanence joyeux et enthousiaste."
On le sent, l'auteur va aussi présenter un Brésil en proie à la corruption, la violence, surtout durant ces années noires.
Et les personnages? Pas de souci, ils sont hauts en couleurs, le "méchant" se nomme Kruell, et il l'est! Face à lui, la famille du concepteur du parc, dont Helena, un bon personnage féminin flamboyant.
Ajoutons de l'humour, et beaucoup beaucoup d'action, parfois, dans un parc imaginé (il y a un plan à la fin). Au point que j'ai un peu fatigué à m'imaginer tous les déplacements (mais pas grave, on suit!)
"Si, quand j'avais onze ans, quelqu'un m'avais annoncé que je me retrouverais un jour dans une ville perdue en pleine Amazonie, entouré de dinosaures et en train de combattre des nazis avec le capitaine Aza, je l'aurais pris pour un débile."
Donc ça bouge, ça castagne, mais pas que. De belles pages sur la nostalgie. De bons retours en arrière pour ceux qui ont vécu les années 80. "La dernière décennie où, pour parler à quelqu'un, vous deviez attendre que ce quelqu'un rentre chez lui."
Et le bandeau? Orwell oui finalement puisqu'on découvre un monde évoquant pas mal 1984; quant aux dinosaures, ils ne sont pas vivants, mais le parc recèle un bassin de loutres pas sympathiques quand on les dérange...
Avis babelio ,
Je termine en dénonçant A girl (son billet) qui m'a entraînée dans l'aventure, et grâce à qui je participe au challenge latino-américain!