lundi 29 mars 2021

Atkinson

 Suite à une visite à Emmaüs, quelques romans d'Atkinson, auteure que je suis depuis longtemps ...


Dans les coulisses du musée

Behind the scenes at the museum, 1995

Kate Atkinson

Editions de Fallois, 1997 

Traduit par Jean Bourdier


On suit le parcours de la jeune Ruby Lennox d'avant sa naissance (j'ai même cru qu'Atkinson allait nous faire le coup de Tristram Shandy) dans une famille finalement assez dysfonctionnelle. Une mère sans trop d'amour et d'attention, de drôles de soeurs. 

Chaque fin  de chapitre est l'occasion de revenir une, deux, voire trois générations plus tôt, et ce n'est pas plus gai : amours brèves, mariages ratés ou décevants, décès prématurés (avec un usage un peu forcé des deux guerres mondiales).

Ruby voit vraiment les choses à hauteur d'enfant à laquelle on cache des choses, mais petit à petit cela va s'éclairer. Pour le lecteur aussi, qui se doit de ne pas trop traîner pour demeurer au fait (un arbre généalogique est absent)!

En dépit de passages tristounets, demeurent de jolies réussites pour le lecteur : des vacances en Écosse -ratées- et un mariage le jour de la finale de la coupe du monde 1966 -hilarant mais offrant peu d'avenir pour le nouveau couple.

Un premier roman? Incroyable, quel départ en fanfare! J'ai bien aimé le style et l'humour de l'auteur, et sa virtuosité dans la narration. Mais ce n'est pas mon préféré (on devient difficile).

Avis babelio


Poursuivons chronologiquement


La souris bleue

Case histories, 2004

Kate Atkinson

Editions de Fallois, 2004

Traduit par Isabelel Caron


Première apparition, pour ce que j'en sais, de Jackson Brodie, ex militaire, ex policier, et détective privé. Père de Marleen, 8 ans, ah oui, ex mari de Josie.

Trois vieilles histoires apparaissent : disparition d'enfant avec son doudou, la fameuse souris bleue, un mari tué à la hache, une jeune fille assassinée.

Atkinson entrelace ces histoires, les personnages se retrouvent -ou pas. Il ne faut pas s'attendre à une avancée rapide d'enquêtes, on passe du temps à connaître les protagonistes. Ah j'oubliais, je suis toujours bien sensible à un certain humour de l'auteur.

Avis babelio

Et je découvre dans mes archives bloguesques que je l'avais déjà lu! 


Et puis le suivant, où on retrouve Brodie deux ans après (donc peut-être vaut-il mieux les lire dans l'ordre)


Les choses s'arrangent mais ça ne va pas mieux

One good turn 

A jolly murder mystery

Kate Atkinson

Editions de Fallois, 2006

Traduit par Isabelle Caron

Donc, ne rien divulguer de la vie privée de Jackson Brodie, présentement à Edimbourg pour un festival. Lui et pas mal de monde vont assister à un accrochage violent entre deux automobilistes, deux personnages qui reviendront sur le devant de la scène. Il va découvrir un cadavre - qui disparaîtra- et fera figure de suspect dans différentes affaires car se trouvant un peu trop au mauvais endroit au mauvais moment.

Le roman passe d'un chapitre à l'autre d'une action à l'autre, beaucoup de coïncidences, mais c'est le jeu de l'auteur, et à la fin la boucle est bouclée. Je ne dirais pas qu'il y a un Jackson Brodie enquêteur, il est là, il agit, mais ne fait pas fonctionner de petites cellules grises. On croise des femmes intéressantes, telles Tatiana, Louise et Gloria.

Avis babelio

Des trois romans présentés ici, c'est mon préféré, qui me donne une grosse envie de relire les suivants...


jeudi 25 mars 2021

L'année des deux dames


 L'année des deux dames

Catherine Faye et Marine Sanclemente

Paulsen, 2020


"L'originalité d'Odette est sûrement ce qui a valu à nos deux héroïnes d'entrer dans la chronologie locale. L'année des sauterelles, l'Année des inondations, l'Année des coeurs de palmier ou encore l'Année des feuilles, qui marque l'introduction des billets de banque au Tagant en 1920. En Mauritanie, chaque année était naguère identifiée par un nom, un événement. Pour honorer le parcours extraordinaire des Françaises, leur courage et leur endurance, les habitants marquent au fer rouge celle de leur passage. Pour les Maures, 1934 sera à jamais l'année des deux dames."

Odette du Puigaudeau et Marion Sénones, les exploratrices en question, ne m'étaient point inconnues (voir le billet sur les trois livres disponibles). Des décennies plus tard, les journalistes Catherine Faye et Marine Sanclemente décident de partir sur leurs traces et refaire si possible leur voyage. Elles devront éviter certains coins peu sûrs, voyager en 4x4, sauf une méharée de 300 km quand même!, et découvrir la Mauritanie moderne, quoique à la fin de la vie d'Odette et Marion un tournant avait été pris.

Citant Odette assez régulièrement, leur narration en chapitres alternés (chaque auteure a sa personnalité) est vive et se lit fort aisément. L'idée était aussi de retrouver les lieux où les deux françaises avaient vécu, et même des personnes les ayant connues ou en ayant entendu parler précisément. Il se dégage un portrait parfois différent de l'autobiographie d'Odette. 

A découvrir, aussi pour un voyage en Mauritanie...

D'accord, elles ne sont plus trop connues, mais je m'étonne que personne n'ait su leur dire avant leur voyage où étaient enterrées Odette et Marion?

Avis : babelio,

lundi 22 mars 2021

Indésirable

 


Indésirable

Erwan Larher

Quidam, 2021

 

 Roman débutant classiquement par l'arrivée d'un personnage dans une petite ville provinciale sur le déclin, Saint-Airy, le nouvel opus d'Erwan Larher va bien évidemment réserver quelques surprises au lecteur. Sam, dont on devine entre les lignes une carrière au théâtre et une autre moins avouable, tombe en amour d'un vieux logis, la maison du Disparu, l'acquiert et la retape avec goût. 

Hélas son arrivée et son installation vont intriguer, gêner, comme un petit caillou dans la chaussure. Il faut dire que le physique de Sam est particulier, et les braves gens aiment bien caser les gens dans des catégories.

Et c'est parti pour des péripéties attendues ou pas, une joyeuse critique sociétale, des élections municipales, des coups fourrés, des trafics louches (qui l'eut cru, dans ce coin justement trop tranquille?), un épisode de L'amour est dans le pré, un poil de mystère dans les sous-sols. Le tout en usant d'une écriture dense, drue, inventive mais fluide.

Sans oublier les réactions face à la différence. Jusqu'ici, j'ai été futée, sur trois paragraphes je peux le faire, mais avec Sam il a fallu utiliser iel et des terminaisons neutres qui passent très bien et que j'ai trouvées harmonieuses. Oui, le français et ses accords... 

On l'aura compris, j'ai dévoré le roman, un bon cru, et l'on peut dire 'mâtin, l'auteur est égal à lui-même pour dézinguer ce qu'il n'aime pas et raconter une histoire mais il se renouvelle dans son inspiration, jamais là où on l'attend'. 

Pour terminer, j'ai aimé le clin d’œil à Francis Rissin (p 16) et reconnu la description du logis, p 18 

Les avis de Mots pour mots,

jeudi 18 mars 2021

Petite bibliothèque slave

 Chez Ginkgo dans sa petite bibliothèque slave je découvre !


La paix soit avec vous

Notes de voyage en Arménie (1967)

Vassili Grossman

Ginkgo, 2021

Traduit par Nilima Changkakoff

Préface de Shimon Markish

Vassili Grossman, c'est l'auteur de Vie et destin, présenté ici par Patrice, qui revient aussi sur la vie de l'auteur et le contexte. D'ailleurs la préface de La paix soit avec vous les évoquent, et le livre propose des passages censurés lors de la première publication en Russie.

Totale découverte pour moi, et j'avoue que je suis fortement impressionnée  : ce voyage en Arménie, à Erevan où il ne trouve pas sa place, puis dans des coins reculés où l’accueil des arméniens est tellement plus chaleureux, est à découvrir absolument. On en sort étonnamment en paix, après des moments drôles, d'autres émouvants.

Brev dzes - la paix soit avec vous.



Ma confession

Léon Tolstoï

Traduit par J-Wladimir Bienstock

(suivi de Ce qu'un chrétien peut faire et ce qu'il ne peut pas faire)

2020

A cinquante ans environ, Tolstoï passe par une grande crise existentielle et religieuse qui le ramène, non pas à l'église orthodoxe, mais au message du Christ. Il expose avec sincérité ses souffrances dans sa recherche qui a un côté 'Ecclésiaste' par moments.


Olessia (1898)

Alexandre Kouprine

Traduit du russe par Henri Mongault

2020


Un citadin devant passer six mois au fin fond de la campagne, s'adonne à la chasse et s'intéresse à une 'sorcière' rejetée en forêt par les villageois, et surtout à sa petite fille, Olessia. S'ensuit une belle histoire d'amour, contée avec délicatesse, et dont l'issue est prévisible.




lundi 15 mars 2021

A l'auberge de l'orient


 A l'auberge de l'orient

Seule sur les routes d'Asie centrale

Alice Plane

Transboréal, 2011

 

Oui, Transboréal et l'Asie centrale, sur ce blog, c'est une routine.  Ce qui m'a attirée, c'est le projet de l'auteur, une toute jeune fille de 22 ans à l'époque, de découvrir la cuisine 'populaire' de ces contrées, et bien sûr rencontrer plus avant celles qui réalisent le plus souvent ces plats, les femmes.

Nous sommes en 2007 en janvier plus précisément. Autant dire qu'il va faire froid et que certaines routes ne seront pas accessibles. Alice Plane part tout de même avec quelques contacts en poche, elle parle russe et a déjà voyagé en Ouzbékistan avec des amies, histoire de tester avant. Voyageant en bus la plupart du temps, ou taxis collectifs, elle a parfois recours aux hôtels locaux à portée de sa bourse, mais le plus souvent elle bénéficie de l'hospitalité locale, qui, à quelques exceptions près, n'est pas un vain mot. Le moyen idéal de mener son projet à bien!

Le récit est bien rythmé, bien écrit, sans détails inutiles, complété de recettes (un jour je cuisinerai un plov mais je me demande si ce n'est pas comme le pulao afghan?)(le truc roboratif quand même) et permet de découvrir une Asie centrale marquée par l'union soviétique et les traditions (l'enlèvement des jeunes filles, vraiment?). Elle va dans des coins où la vie est vraiment rude! Et la sécurité? Elle a eu chaud disons deux fois mais ça s'est bien terminé.

Babelio,

jeudi 11 mars 2021

Peut-être Esther


 Peut-être Esther

Vielleicht Esther

Katja Petrowskaja

Seuil, 2015

Traduit (de l'allemand) par Barbara Fontaine


L'auteur, née à Kiev en 1970, y a passé son enfance; actuellement elle vit et travaille en Allemagne. Peut-être Esther est le récit de ses recherches vagabondes, dans l'est européen et l'Autriche en particulier, au sujet de sa famille, originaire en partie de Pologne. Il faut dire que les frontières dans le coin ont pas mal bougé. Une famille en partie juive. Elle a connu quelques-uns de ses grands parents, et entendu des histoires familiales. 

S'il y avait eu un arbre généalogique, ma lecture aurait été facilitée, surtout que certains ont changé de nom et que les prénoms aussi varient, sont abrégés, etc. Mais j'ai décidé assez vite de me laisser porter, surtout que j'ai aimé la façon d'écrire de l'auteur.

Je retiens des moments. Quand elle ramène de Pologne un disque et que sa grand mère Rosa, qui jamais n'avait parlé cette langue devant elle et sa mère, se met à chanter en yiddish. Quand au cours de ses recherches, elle retrouve Dina, une ex voisine, vivant aux États-Unis. L'incroyable survie de Mira pendant la seconde guerre mondiale. Les dalles funéraires du cimetière juif de Kalisz utilisées pour les rues, tournées de sorte qu'on ne voie pas les lettres, puis retournées après des travaux (et les lettres visibles). Babi Yar où est morte une arrière grand mère appelée peut-être Esther. Une visite à Mauthausen sur les pas d'un grand père.

Dans son enfance, les voisins avaient un jardin. Pas eux. A cause des livres, pense-telle. "Nous en avions des milliers qui faisaient tous les déménagements, et si on pouvait encore respirer dans notre appartement, c'était bien grâce aux amis de la famille qui ne rapportaient pas les livres empruntés."

Avis babelio, Aifelle


lundi 8 mars 2021

Elle n'en pense pas un mot / The Franchise affair


 The Franchise affair

Josephine Tey

Paru en 1948

Traduit par Elle n'en pense pas un mot

 

 Auteur du génial La fille du temps (Où l'on découvre que Richard III n'était pas le méchant qu'on croit), Joséphine Tey a écrit des pièce de théâtre et des romans à suspense, parfois adaptés au cinéma, dont un par Hitchkock!

Dans une grande maison à l'écart de tout, appelée la Franchise, demeurent deux dames, la mère et la fille, les Sharpe, qui fréquentent peu le village d'à côté. Où se situe l'étude de Robert Blair, menant une vie plan plan, choyé par sa tante. Jusqu'au jour où Marion Sharpe demande son aide : Betty Kane, jeunes fille d'environ quinze ans, affirme avoir été enlevée, battue, affamée, séquestrée au grenier de la Franchise, avant de s'échapper. Sa description de la maison est sans faute, c'est donc parole contre parole. Puis les journaux à sensation s'emparent de l'affaire, et la vie des Sharpe devient difficile.

Aaaah les romancières british, quel bonheur! Du thé, bien sûr, mais aussi du sherry (de qualité). C'est parfaitement découpé, mené de main de maître(sse), les rebondissements surviennent jusqu'au bout. L'auteur semble avoir des opinions bizarres sur comment détecter un criminel, mais baste, cette ambiance entre gens de bonne éducation demeure amusante. Mrs Sharpe, la mère, est un personnage qui à lui seul mérite le détour...

 Avis : goodreads, babelio

Et je participe au 



jeudi 4 mars 2021

Vilnius, Paris, Londres


 Vilnius, Paris, Londres

Andrei Kourkov

Liana Levi piccolo, 2020

Traduit par Paul Lequesne


Le 21 décembre 2007, à minuit, la Lituanie intègre l'espace Shengen. Le vieux Kukutis passe le poste frontière, direction l'ouest, à pied et en stop. Il a toutes ses possessions dans les tiroirs de sa jambe de bois. Qui est réellement Kukutis, appelé là où souffrent des lituaniens? J'en ai fait une sorte de 'lituanien errant'.

Mais d'autres personnages évoquent moins une légende; trois couples de jeunes lituaniens décident de tenter leur chance ailleurs. Vitas et Renata en Italie, mais finalement ils resteront dans la ferme du grand père de Renata. Barbora et Andrius se retrouvent d'abord à Paris, Andrius est clown dans un hôpital pour enfants, Renata promène les chiens ou les bébés. Et Ingrida et Klaudijus démarrent une nouvelle vie à Londres, avec de petits boulots précaires.

Quatre fils à suivre, donc, et c'est fort plaisant et donne beaucoup de dynamique à l'ensemble. On se cale confortablement dans ce gros roman, qui se lit quasiment tout seul! J'ai quitté à regret les personnages. 

"Et en tombant la neige émettait des bruits singuliers, comme si les flocons se frottaient les uns aux autres en cours de vol ou bien bavardaient;"

Avis babelio

Un bon démarrage du mois!