Mettez un livre dans mon cercueil
Michel Polac
puf, 2014
Créateur et animateur du Masque et la plume en 1955, journaliste de presse, télévision, radio, critique littéraire, producteur, écrivain, cinéaste, Michel Polac donne l'impression d'avoir eu plusieurs vies...
"Les textes de cet ouvrage, réunis à l'initiative de Nadia Polac et Clement Rosset, ont été publiés entre 1989 et 2009 par l'Evénement du Jeudi et Charlie Hebdo. Le choix proposé est celui de Nadia Polac."
Le convoi de l'eau, d'Akira Yoshimura, Soseki, Inoué, Yi Munyol, Un sergent dans la neige, de Rigoni Stern, Pessoa, Hermann Hesse, Isaac Bashevis Singer (relire Sosha, Ennemies), Svetlana Alexievitch (La supplication, "La primo Levi de Tchernobyl"), Tchékov, Schiffter, Tranströmer, Le fléau de David van Reybrouk, et tant d'autres pépites mises à jour par Polac au fil de ses chroniques... (là j'ai juste noté ce qui m'intéressait a priori)
Fort heureusement pour ma liste à lire présente (!) il s'enthousiasme parfois pour des auteurs que j'ai déjà lus, tels,
Wallace Stegner, il faut lire comme il parle de Vue Cavalière et La vie obstinée! Il dit aussi beaucoup de bien de
Dorothy Johnson et sa Colline des potences, de
John Muir, et il parle de Cécile Vargaftig (que j'ai lue aussi, marrant tout plein)
Avec lui, même s'il râle, s'emporte, dynamite parfois (BHL...), ne prend pas de gants ("la Bovary m'emmerde") on est en bonne compagnie,
les idées lectures s'empilent, et l'on retrouve des auteurs aimés. Bref, on sent le gros
lecteur passionné, et ça c'est bien agréable. Quelques incursions en philosophie, un peu évocation de sa vie perso, mais sans plus, il reste pudique...
Sans doute tout cela est-il classé, peu importe, j'ai aimé aussi les textes précédant chaque partie :
"C'est le rentrée, quoi de neuf? Ce n'est pas moi qui vous le dirai. Je lis à mon rythme et me fous d'être le premier à parler d'un bouquin."
"Quand on veut parler chaque semaine d'un livre qu'on aime sincèrement, il faut ramer : je hume, feuillette, lis la quatrième de couverture, quelque chose m'accroche, je lis cinquante pages et puis soudain je décroche (le style, le sujet, des réflexions stupides), j'abandonne neuf fois sur dix et le dégoût monte, temps perdu ( mieux vaut relire un classique)"
"Depuis trois mois, je me bourre de romans de rentrée et je résiste au désir de leur rentrer dedans : lire tous les jours ce genre d'ouvrages, ça vous gâcherait le plaisir de rêver l'été sous un pin ou un figuier entouré de petites bêtes silencieuses si reposantes : coccinelles, lézards, papillons qui ignorent, les bienheureux, les mots qui nous causent tant de maux, et le chant des oiseaux est un poème sans paroles."
"Je crois que je sature, faudrait que j'arrête, ça me rend dingue tous ces livres que je reçois, que je feuillette et qui me tombent des mains(je vous rassure, je ne les vends pas aux soldeurs, je les donne : écoles, hôpitaux, mais j'ai honte, ce ne sont pas de bonnes lectures)