lundi 30 juin 2014

Calme-toi, Werther

Calme-toi, Werther
Guy Marchand
Ginkgo éditeur, Neige, 2014



Pas besoin de présenter l'auteur, je l'espère, remarqué dans plein de domaines; mais j'ignorais son incursion dans l'écriture.
Un roman qui logiquement fera la part belle au milieu de la police et du cinéma, ainsi qu'à la nostalgie d'un amour perdu (je n'ai compris pourquoi qu'en fouinant ensuite sur internet)

Maurice Morrigane est un inspecteur de police atypique, sans voiture (vivent les transports en commun parisiens et la marche), lisant et relisant Les souffrances du jeune Werther, retrouvant de vieux amis au café, et menant sans stress une enquête.
"Maurice ne travaillait jamais à son bureau, il restait chez lui à dialoguer avec son chat, ou il se promenait dans Paris."
"Le quai des Orfèvres ne le trouvait pas toujours, tant sa façon d'enquêter non-conformiste et sa réputation de fumiste efficace lui laissaient beaucoup de liberté."

On l'aura compris, cette histoire policière est plus un prétexte à narrer une histoire douce-amère, à plonger dans une ambiance bien rendue de décontraction élégante et de nostalgie.
Un portrait de Simonetta Vespucci par Sandro Boticelli (que j'aurais bien vu en couverture)

vendredi 27 juin 2014

Mettez un livre dans mon cercueil

Mettez un livre dans mon cercueil
Michel Polac
puf, 2014


Créateur et animateur du Masque et la plume en 1955, journaliste de presse, télévision, radio, critique littéraire, producteur, écrivain, cinéaste, Michel Polac donne l'impression d'avoir eu plusieurs vies...
 "Les textes de cet ouvrage, réunis à l'initiative de Nadia Polac et Clement Rosset, ont été publiés entre 1989 et  2009 par l'Evénement du Jeudi et Charlie Hebdo. Le choix proposé est celui de Nadia Polac."

Le convoi de l'eau, d'Akira Yoshimura, Soseki, Inoué, Yi Munyol, Un sergent dans la neige, de Rigoni Stern, Pessoa, Hermann Hesse, Isaac Bashevis Singer (relire Sosha, Ennemies), Svetlana Alexievitch (La supplication, "La primo Levi de Tchernobyl"), Tchékov, Schiffter, Tranströmer, Le fléau de David van Reybrouk, et tant d'autres pépites mises à jour par Polac au fil de ses chroniques... (là j'ai juste noté ce qui m'intéressait a priori)

Fort heureusement pour ma liste à lire présente (!) il s'enthousiasme parfois pour des auteurs que j'ai déjà lus, tels, Wallace Stegner, il faut lire comme il parle de Vue Cavalière et La vie obstinée! Il dit aussi beaucoup de bien de Dorothy Johnson et sa Colline des potences, de John Muir, et il parle de Cécile Vargaftig (que j'ai lue aussi, marrant tout plein)

Avec lui, même s'il râle, s'emporte, dynamite parfois (BHL...), ne prend pas de gants ("la Bovary m'emmerde") on est en bonne compagnie, les idées lectures s'empilent, et l'on retrouve des auteurs aimés. Bref, on sent le gros lecteur passionné, et ça c'est bien agréable. Quelques incursions en philosophie, un peu évocation de sa vie perso, mais sans plus, il reste pudique...

Sans doute tout cela est-il classé, peu importe, j'ai aimé aussi les textes précédant chaque partie :
"C'est le rentrée, quoi de neuf? Ce n'est pas moi qui vous le dirai. Je lis à mon rythme et me fous d'être le premier à parler d'un bouquin."
"Quand on veut parler chaque semaine d'un livre qu'on aime sincèrement, il faut ramer : je hume, feuillette, lis la quatrième de couverture, quelque chose m'accroche, je lis cinquante pages et puis soudain je décroche (le style, le sujet, des réflexions stupides), j'abandonne neuf fois sur dix et le dégoût monte, temps perdu ( mieux vaut relire un classique)"
"Depuis trois mois, je me bourre de romans de rentrée et je résiste au désir de leur rentrer dedans : lire tous les jours ce genre d'ouvrages, ça vous gâcherait le plaisir de rêver l'été sous un pin ou un figuier entouré de petites bêtes silencieuses si reposantes : coccinelles, lézards, papillons qui ignorent, les bienheureux, les mots qui nous causent tant de maux, et le chant des oiseaux est un poème sans paroles."
"Je crois que je sature, faudrait que j'arrête, ça me rend dingue tous ces livres que je reçois, que je feuillette et qui me tombent des mains(je vous rassure, je ne les vends pas aux soldeurs, je les donne : écoles, hôpitaux, mais j'ai honte, ce ne sont pas de bonnes lectures)

mercredi 25 juin 2014

Un tigre dans la soute / Le parapluie rouge

Un tigre dans la soute
Philippe Doumenc
Actes sud, 2008


Philippe Doumenc est aussi l'auteur de contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary, paru en 2007, dont on a pas mal parlé sur les blogs à l'époque (prix Biblioblog du roman 2008). Né en 1934, ayant fait carrière dans l'aviation long-courrier (dixit son éditeur), c'est un monsieur charmant que ma médiathèque a eu le plaisir d'inviter en 2009. Ce recueil a alors rejoint ma PAL et honore seulement maintenant le mois de la nouvelle de Flo.

Doté d'un joli brin de plume, d'un humour plaisant et d'une imagination fertile mais basée sur des connaissances bien réelles, Philippe Doumenc fait voyager son lecteur. Les amateurs de félins seront comblés, qu'il s'agisse d'un tigre en liberté dans la soute ou d'un chat sud africain candidat à un concours de beauté aux Etats-Unis. De la fantaisie, avec Sherlock Holmes sur le Bangui Paris, un poil de fantastique à Marne la Vallée, le cœur serré avec l'histoire de Matthias, et toute bride lâchée avec l'inspection de l'inénarrable et touchant Bidonnet, il y a longtemps, à Tripoli.

Un seul regret: avoir laissé ce recueil si longtemps en attente!

Le parapluie rouge
Anna de Sandre
Les éditions In8, Alter Ego, 2014

Reçu par hasard, ce recueil de cinq courtes nouvelles ne me disait trop rien, et il a fallu le billet de Flo pour me sortir de ma léthargie. Histoire de lui donner mon avis. Bon, alors?
Finalement ma préférée est la seule dont le héros soit un homme (psychanalysez-moi), qui a décidé de se suicider sur son lieu de travail (L'heure dite). Épouvantable ambiance au bureau! Les autres nouvelles mettent en lumière (assez floue, trop floue pour moi?) des femmes plutôt paumées, SDF, criminelle, etc... Flo a bien signalé qu'on était parfois un peu perdue, c'est sûr qu'il faut capter tous les détails, et j'avoue que j'ai un peu trop lu en diagonale... Envie d'une lecture moins tristounette? Dommage, car c'est finalement finement écrit et construit.

L'avis de Flo (et hop, mois de la nouvelle, encore!)

Le parapluie rouge, d'Avigdor Arikha

lundi 23 juin 2014

Chercher Proust

Chercher Proust
Michaël Uras
Livre de Poche, 2014



L'heure est grave, on ne rit plus. C'est une blogueuse ayant une entrée Proust colonne de droite de son blog qui vous parle. C'est dire la gravité du cas. Pourtant, contrairement à Jacques Bartel, je n'ai jamais eu de poster de Marcel au dessus de mon lit.

Jacques Martel a poussé à fond la dévotion à Proust, sous les yeux inquiets de ses parents. Devenu chercheur, sa vie se déroule l'ombre de Marcel Proust. Ses petites amies fuient, ses amis le plaignent, bref, est-ce une vie?

Un court roman fort bien écrit (c'est la moindre des choses, vu le sujet) sur la proustolâtrie poussée à bout. Instructif mais pas lourd (pas vraiment besoin de connaître grand chose du p'tit Marcel) et bourré d'humour. Inutile de dire que j'ai bu du petit lait (sans madeleine trempée) et me suis bien amusée.

"Je profitai de ce temps pour lire un article sur l'utilisation de la lettre 'i' dans l'oeuvre de Proust. Deux pages suffirent à m'endormir."

"La vérité sur Proust [d'après un des personnages]
C'est un fils à papa qui n'a jamais travaillé. Un chroniqueur mondain. Même pas beau. Certainement un détraqué avec cette moustache fournie. Aucune classe, regardez-le poser en militaire; Ridicule sur cette photo où il fait semblant de jouer de la guitare avec une raquette de tennis. Toujours à parler de sa mère. Un pot de colle avec ses amis, inventeur du harcèlement psychologique par lettre.
Son oeuvre : illisible, trop longue. Des phrases sans fin, se munir d'une bouteille d'oxygène. Pourquoi parler tout le temps des riches, des princes, des princesses aux noms débiles? Quel intérêt d'évoquer cette vieille France aujourd'hui? Blablabla... Perdre des mois à lire ça, roman pour les gens qui s'ennuient. Il a eu le Goncourt, ça en dit long sur la qualité."

Aifelle a aimé et se prépare à attaquer le monstre de la Recherche! Lecture commune prévue.
Le billet d'Yv 

vendredi 20 juin 2014

L'Oural en plein coeur

L'Oural en plein coeur
Des steppes à la taïga sibérienne
Astrid Wendlandt
Albin Michel, 2014


Quinze ans après une histoire d'amour avec Micha, l'auteur retourne à Tcheliabinsk, dans une Russie passée du post soviétisme à l'essor du capitalisme gangrené par la corruption. Vite son projet devient celui de découvrir l'Oural, du sud au nord, jusqu'aux steppes qu'elle connaît déjà pour avoir vécu avec les Nenets. Elle ne retrouvera pas d'ethnie cachée, mais des groupes retournés à une vie isolée, lassés du monde moderne.
Un voyage empreint de nostalgie et aussi de déceptions, qui cependant changera sa vie.

Une balade pas désagréable et plutôt instructive sur ce coin du monde entre Europe et Asie, en pleine transformation, rude et parfois dangereux, mêlé des réflexions , évolutions et vie sentimentale de l'auteur. Je reste un peu mitigée, pas plus emballée que ça, quoi. J'en attendais sûrement trop?

En parlent : Un chocolat dans mon roman, saxaoul, jules,

Merci à l'éditeur!

mercredi 18 juin 2014

Un festival, des festivaux (1)

Vendredi soir voilà ce que j'aurais pu voir à Tours (Dialogue avec Rothko, avec Carolyn Carlson et le violoncelliste Jean-Paul Dessy)



et ce que j'ai vu
Hier soir, le spectacle du festival Tours d'horizons prévu au Nouvel Olympia a été annulé. En soutien, Carolyn Carlson a dansé seule, avec une dizaine d'intermittents sur le plateau. (La NR)
Thomas Lebrun, comme Jean-Paul Dessy, et Carolyn Carlson, se produira sans moyens techniques. - (dr)
Ne désirant pas me lancer sur le sujet des intermittents du spectacle (j'en ignore tout ou presque), j'ai décidé de trouver le positif à cette soirée imprévue : d'abord, face à un plateau brut, sous les néons, l'on prend mieux conscience de toute la mise en scène, arrière plan, éclairages, qui participent à un spectacle, il n'y a pas que la danseuse. Ensuite le duo inattendu Carolyn Carlson / Thomas Lebrun était plutôt bluffant...

Dimanche après-midi, direction Nohant pour le festival Chopin. Au programme, Gautier Capuçon et Frank Braley. Debussy, Schubert (Arpeggione, impossible d'insérer la vidéo dans ce billet), puis Schumann et un Britten plus décoiffant. Les bis, du Chopin, évidemment dans ce haut lieu Sandien.

Je ne m'attarderai pas sur la perfection du spectacle, des interprètes, de l'acoustique de la grange de Meslay... Si vous passez par là, ou une autre année, n'hésitez pas, du haut de gamme dans le programme.

L'acoustique parfaite a aussi permis de profiter de la toux catarrheuse d'un monsieur, du froissement d'un papier de bonbon, de la recherche de qui sait quoi dans un sac à main (trois dames différentes), de l'ouverture de la porte arrière (curieusement plus du tout grinçante en deuxième partie, l'a-t-on huilée?), du léger grincement de l'éventail de ma voisine, et des interventions des dames de derrière ("ah ça c'est beau"; "le pizzicato" (deux fois)!;"mineur, non majeur"). Tant qu'à déconcentrer les gens, bien sûr, autant le faire aux moments les plus subtils.Mais tout cela n'a pu me faire redescendre du nuage où je flottais...

lundi 16 juin 2014

Sept années de bonheur

Sept années de bonheur
Etgar Keret
Editions de l'Olivier, 2014
Traduit de l'anglais par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso


"Il y a notre vie, et toi qui n'arrêtes pas de la réinventer pour essayer d'en faire quelque chose de plus intéressant. C'est bien ça que font les écrivains, non?

Comme le remarque fort justement l'épouse de l'auteur, ces petites chroniques s'appuient sur le réel, Etgar Keret est bien un écrivain israélien, il se rend par avion dans divers pays du monde, il a un fils, un grand frère admiré parti loin du pays et une soeur religieuse version juif orthodoxe. Au fil des pages, son humour, son autodérision et sa façon de délirer quelque peu font mouche (j'adore ses dédicaces fictionnelles); cependant il sait aborder des sujets plus sérieux et souvent point l'émotion (la maison à Varsovie, les chaussures de son père).
Une chouette lecture, à découvrir!

Merci Aifelle

vendredi 13 juin 2014

Bons baisers du Baïkal

Bons baisers du Baïkal
Nouvelles de Sibérie
Géraldine Dunbar
Transboréal, 2014 (voyage en poche)


Transboréal, le retour, donc, avec des nouvelles de Géraldine Dunbar dont j'avais découvert Seule sur le Transsibérien (à lire bien sûr, mais je l'ai lu avant blog, quand je "préparais" mon propre voyage, et n'en ai donc pas parlé ici)(ajoutons que j'ai effectué ce voyage de Moscou à Pékin sans prendre une seule photo, tout dans la tête...)

Mais vous me croirez si je vous assure que le Baïkal est un lieu particulier : grand comme la Belgique, pour donner une idée, profond jusqu'à 1,6 km, une merveille - fragile.

Et ces nouvelles?
Une belle surprise. L'auteur connaît le coin, c'est clair, et sait faire passer l'impression fabuleuse ressentie. On croise chasseurs, ermites, amoureux, désespérés, malchanceux, dans une Russie aux prises avec l'industrialisation forcenée et sans scrupules, mais résistant vaillamment. Tour à tour touchantes, tragiques, drôles, fantaisistes, féeriques -on est souvent près des contes- et, cerise sur le gâteau, écrites d'une plume délicate et vivante.

"L'amitié, c'est quand l'un accepte que l'autre partage l'amour du silence avec lui."

"Dans un grain de sable voir un monde
Et dans chaque fleur des champs le paradis
Faire tenir l'infini dans la paume de la main
Et l'éternité dans une heure."
(William Blake)

J'ai adoré le projet d'évasion d'une maison de retraite des "dix petites vieilles"
"Si les futures ex-prisonnières se faisaient prendre ou balourder, elles encourraient l'enfermement à vie avec les petites vieilles à mobilité réduite, et les Feux de l'amour jusqu'à la fin de leurs jours."

Et hop, pour le mois de la nouvelle chez FLO!
Merci à l'éditeur (je sens qu'il va exister toute une collection poche, belle idée!)

mercredi 11 juin 2014

Six ans, ça passe vite!

C'était le 8 juin, mon blogounet a eu ses six ans, l'âge d'entrer à la primaire, d'apprendre à lire, écrire et compter...

Pas trop envie de jouer la nostalgie et tout ça (désolée, Karine:), tu n'auras pas mes anecdotes sur la blogosphère d'avant, celle que les p'tits jeunes ne connaissent pas), de parler chiffres (allez, un petit, plus de 1000 billets), de crier ma joie des belles rencontres (joie réelle pourtant, à bientôt, je l'espère, IRL), de râler (ah, si, les 'prouver qu'on n'est pas un robot' m'énervent toujours autant).

Pour fêter ça, un petit visiteur de mon jardin, cela faisait des années que je n'en avais plus vu, j'avais peur qu'ils n'aient disparu du coin. Pour lui, du thym en fleurs.


Et un petit compte-rendu de sortie : abbaye de Noirlac, amis cisterciens, bonjour.
Le cloître
Bien évidemment il y avait un concert dans l'histoire, avec douze membres du choeur Mikrokosmos et  Katie Geissinger, accompagnant Meredith Monk pour interpréter ses œuvres, dans le réfectoire des moines à l'acoustique exceptionnelle. Purement vocal, déstabilisant, captivant, incroyable. Jubilatoire parfois, y compris pour les interprètes.

Un compte rendu plus complet d'une soirée Monk/Geissinger
Dans le parc, au moment du pique nique

lundi 9 juin 2014

La petite boutique des rêves

La petite boutique des rêves
Corner Shop
Roopa Farooki
Gaïa, 2012
Traduit par Jérémy Oriol


Au départ, il y eut la tranche des éditions Gaïa sur les étagères de la bibliothèque avec ce titre prometteur, puis une couverture colorée plutôt irrésistible. Mon instinct encore une fois ne m'a pas induite en erreur : j'ai lu cette histoire à son rythme, retrouvant avec plaisir tous les personnages. Un bon roman.

Bon, de quoi ça parle, quand même?
Londres. Le grand père Zaki est censé tenir la fameuse petite boutique du coin, mais il préfère jouer et parier. Son fils Jinan (mais est-il son fils?), brillant et riche avocat, fait périr d'ennui et d'agacement Delphine, qui a renoncé à une belle carrière pour devenir mère et femme au foyer. Lucky, leur fils, ne rêve que de football (et de sa copine Portia). Ajoutons que Zaki est l'ex de Delphine, et l'on a presque tous les ingrédients ...

Le roman aurait pu s'enliser dans une situation délicate, mais aux deux tiers environ un grand changement offre une nouvelle voie (j'ai adoré le personnage de Coco). Le leitmotiv (un peu trop insistant, on avait vite compris) demeure cette citation d'Oscar Wilde :" Dans ce monde il n'y a que deux tragédies. La première est de ne pas obtenir ce que l'on veut, et la seconde est de l'obtenir." D'où de belles notes de nostalgie.
L'auteur a réussi à rendre tous ses personnages, quoique différents et parfois en conflit, extrêmement attachants et je les ai quittés à regret.

Une petite note d'humour
"J'ai accepté la demande en mariage de D. Je ne le connaissais pas très bien, et je n'étais même pas particulièrement amoureuse de lui. C'était comme faire du stop sous la pluie : on prend la première voiture qui s'arrête."

Les avis chez babelio, Miss Alfie,

vendredi 6 juin 2014

Tombée du ciel

Tombée du ciel
How to Fall in Love
Cecelia Ahern
Flammarion, 2014
Traduit par Florence Bellot


En recevant (sans l'avoir demandé) ce roman (qui semble avoir inondé la blogosphère - féminine?)(j'ai lu des billets parus avant la date de sortie), j'ai craint le pire... La couverture. Le pitch : Christine réussit à empêcher Adam de se suicider, et se donne deux semaines pour lui redonner goût à la vie. Elle ne le quitte donc quasiment pas des yeux (superglu, le retour) durant cette quinzaine.

Je serai honnête: j'ai dévoré ce roman à grande vitesse! Ce n'est bien évidemment pas le roman du siècle, et ne le prétend pas, mais c'est correctement écrit, les personnages sont sympathiques, il y a du fond, un peu de suspense quand même et surtout de l'humour... Adam, beau, riche et en bonne santé, veut se suicider, bon, d'accord, cela peut s'expliquer sinon il n'y aurait pas de roman (sa copine est partie avec son meilleur ami)(il ne veut pas reprendre l'entreprise familiale)(ha? fabriquant des chocolats, en plus...) mais comme Christine  a décidé d'intervenir manu militari dans ses affaires amoureuses et professionnelles, on va voir ce qu'on va voir!

La famille de Christine est un poil barrée, son ex mari Barry se livre à moult crasses téléphoniques derrière son dos, elle a vécu quelques blessures personnelles, bref, notre héroïne a tout pour devenir notre meilleure copine, celle qui veut aider et tout arranger (elle devra apprendre à laisser un peu de liberté aux autres...)
Christine collectionne aussi les livres intitulés Quarante-cinq façons d'être optimiste, Cinq façons de montrer votre amour, Dix façons d'économiser votre énergie, etc... d'où un fil conducteur de petits moments d'humour tout au long du roman. Juste un exemple, elle a dû se séparer d'une employée, mais tout s'arrange (c'est le genre de roman où tout s'arrange, vous l'aurez compris) et laissant à l'employée sur son bureau "Comment reconnaître que vous vous êtes trompé sans passer pour une girouette", elle retrouve le lendemain sur le sien "Apprendre à gérer un patron difficile". Je suis bon public pour ce genre d'humour.

Un roman pour l'été, si on veut, en tout cas détente. Mission accomplie. Dit-elle en cochant sur sa do-it liste une lecture commune de Du côté de chez Swann. Le 29 août si ça vous intéresse.

mercredi 4 juin 2014

Du temps de cerveau disponible

Du temps de cerveau disponible
Causse et Urien
Editions In8, 2014


Au départ, il y eut la phrase de Patrick Le Lay, alors PDG de TF1
"Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ”business”, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (...).Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (...)."
Cette collection de Nouvelles d'anticipation sociale récupère des phrases aussi fameuses et emblématiques  comme titres de novellas, par exemple Liliane, fais les valises ou Si à 50 ans, t'as pas ta Rolex...

Présentation éditeur
Au XXIIéme siècle, les sapiens sont avant tout des « cerveaux ». Le noble organe est l'objet de toutes les attentions. Grâce au Transem™ (transmetteur émotionnel) qui lui a été implanté dans le crâne, chaque citoyen est abreuvé en permanence de messages infommerciaux. Des publicités choisies qui lui sont adressées en fonction de sa géolocalisation, de son profil psychologique ou du fil de ses pensées. Beurberry, employé modèle et arriviste, ambitionne de se hisser à la claste supérieure. Mais c'est compter sans son vieux pote Joe, un déclasté qui débarque à l'improviste pour le rallier à sa cause : le bonheur pour tous. Or, les deux hommes ne sont pas sur la même... longueur d'onde!

Mon avis
Brrrr! Un texte court, efficace, sans graisse inutile, qui fait froid dans le dos et offre quelques surprises qui secouent... Nous n'en sommes pas encore à ce stade, quoique déjà les publicités bien ciblées survenant sur notre page facebook prouve que nous sommes bien surveillés déjà... Camarades, restons vigilants! A lire absolument!

L'avis de Flo 
et je participe au mois de la nouvelle chez la même Flo... (moins de 80 pages)

lundi 2 juin 2014

Une collection très particulière

Une collection très particulière
Bernard Quiriny
Seuil, 2012


Attention : ce bouquin est bien barré, surréaliste (l'auteur n'est pas Belge pour rien), et épatant! Un vrai régal pour les amateurs de livres.

Car le mystérieux Gould est un collectionneur de livres très particuliers (ben oui, c'est dit dans le titre) : livres dont l'auteur oublie tout au fur et à mesure qu'il les écrit, livres terriblement ennuyeux que personne n'a réussi à lire, livres gigognes au contenu pratiquement infini, livres reniés par leurs auteurs, livres refusant d'être lus si le lecteur n'arbore pas une tenue correcte, livres perdant ou gagnant des mots en restant sur les étagères...

Comme si ce feu d'artifice d'imagination ne suffisait pas, ce recueil propose la description de dix villes, celle où l'on parle trois langues identiques, la ville sans aucun bruit, celle en miroir, etc...

Sans oublier de réjouissants textes intitulés Notre époque, complètement farfelus et absurdes, dont voici l'annonce:
"Depuis quelque temps, rien ne tourne plus rond sur notre planète. Chaque jour surviennent de nouveau phénomènes, chaque semaine nos sociétés paraissent plus folles. Voici la chronique de quelques-uns des bouleversements qui changent en ce moment la face du monde :
- Les résurrections en masse ;
- La liberté de s'appeler comme on veut;
- L'échange des corps pendant l'amour;
- La jonction problématique des réalités parallèles;
- L'expansion inexpliquée de la surface du globe ;
- Et la découverte d'un élixir de jouvence."

Le tout étant exposé dans un style impeccable, un sérieux imperturbable et une logique implacable.

C'est le mois de la nouvelle chez Flo : rejoignez-nous!
Des avis chez babelio,