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Affichage des articles du octobre, 2013

Pays perdu

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http://www.amazon.fr/Pays-perdu-Pierre-Jourde/dp/2846360464 Pays perdu Pierre Jourde L'esprit des péninsules, 2003 Arriver à L., petit village du nord Cantal, ça se mérite. Et encore quand il n'y a pas trop de neige. Préférer la belle saison, quoi. Mais la neige, quand même ... "Je me souviens du bonheur de ces reliefs effacés, enveloppés dans une substance égale, éblouissante, engourdissant les sensations, avalant même les sons. Plus de prés, de bosquets, de haies, de murs ,de chemins, d'herbe, de taupinières, une continuité douce, des ondulations moelleuses laissant seulement la trace des choses qu'on s'étonnait presque d'avoir connues sous une forme moins parfaite. Moins encore que des traces, une allusion, une esquisse de courbe, rien. D'invraisemblables vagues soulevées par le vent, au bord de l'effondrement, et demeurant comme des rouleaux mécaniques figés dans un temps suspendu. Des éclats de paillettes que la  lumière allume,

Le Dernier Monde (abandon!)

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Le Dernier Monde Céline Minard Denoël, 2007 Bon, ça démarre ainsi : enfin, presque. Jaume Roiq Stevens refuse de quitter sa station orbitale et se retrouve seul dans l'espace, observant la Terre. Ensuite? "Allo, Houston?" Aucune réponse. Il revient sur Terre, découvre qu'il n'y a plus un chat un être humain. C'est l'ambiance Demain les chiens  Enfin, plus exactement, les cochons . Durant les 100 premières pages, je jubile, je ronge mes ongles, je rigole, je flippe à mort. "Désemparé, ça veut dire : plus emparé? Qu'on était emparé et qu'on ne l'est plus? Mais qu'est-ce qui s'est emparé de moi pour me laisser tout d'un coup brutalement si désemparé? Sans remparts. Déparé, sans bijoux. Dépris?" J'aime bien l'écriture, en plus. Comme l'on comprend très vite que Jaume est le dernier homme, pour dynamiser la narration, apparaissent des dialogues entre Jaume, Miss Echampson, Lincoln

J'ai deux amours, mon sac et Paris

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J'ai deux amours, mon sac et Paris Fabienne Legrand le cherche midi, 2013 Après Un été au Cap-Ferret (grâce auquel j'ai découvert où c'était...), voici du même auteur J'ai deux amours, mon sac et Paris, où Fabienne Legrand semble faire une fixation sur les sacs. Disons plutôt Prune, 44 ans, son héroïne parisienne jusqu'au bout des ongles. Pas tout à fait mon monde, bien sûr. (On me souffle dans l'oreillette que je possède, euh, dix sacs à main ou assimilés...incroyable!) On retrouve les silhouettes longilignes et colorées au milieu de décors et de personnages croqués en noir et blanc, dans une ambiance hyper chic. Les fashionistas, c'est de mère en fille, sur plusieurs générations. Léger bien sûr, mais malin et drôle. L'on pourra découvrir comment Mamita la grand mère s'est offert le sac en tapisserie le plus cher de l'histoire, comment agir contre une main baladeuse dans le métro (la saisir et l'agiter en criant "à qui ç

La prophétie d'Abouna

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La prophétie d'Abouna Fawaz Hussain ginkgo éditeur, 2013 L’auteur : écrivain kurde de langue française, né dans le nord-est de la Syrie, vivant à Paris, également traducteur d'auteurs français. Encouragé par Abouna, le prêtre catholique de l'école où il a appris le français, Mohamed débarque à Paris en 1978, décidé à devenir Balzac ou rien. Il s'inscrit à la Sorbonne, pour de longues années plus tard venir à bout de sa thèse intitulée "La prophétie mésopotamienne et les rives de la Seine". Aidé par des connaissances de même origine kurde et quelques français, il va loger dans des chambres de bonne, exercer des petits boulots alimentaires et selon ses dires plaire à pas mal de femmes. Jusqu'à une suédoise qui le convaincra de la suivre dans son pays. Cela ne se passera pas tellement bien, le malheureux passant en prime des années en Laponie. Ce quart de siècle sans doute bien autobiographique est conté avec vivacité et humour, dans une langue

Si vaste d'être seul

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Si vaste d'être seul Tristan Cabral cherche midi, 2013 Ah c'est malin, "on*" m'envoie un recueil de poésie, je le lis entièrement, et j'ai envie d'en parler sur ce blog. Je n'aime pas trop la poésie d'ordinaire, c'est de notoriété publique et en désespère certaines, alors en parler intelligemment.... Tentons. Landes Dans le jour bleu des ronces Le sable me surveille et m'attend; Dans les fentes de la mer, Je vois des phares aux yeux fermés, Les forêts bleues résonnent de rafales et je sais l'âme des bruyères; je serre sur mon cœur de vieilles armes rouillées;Derrière les barbelés d'enfance M'attend Un grand bateau aux voiles toutes blanches. Au Cap-Ferret Sur le Mur de l'Atlantique Côte Atlantique, avec cette couleur bleue qui revient, puis rapidement des thèmes en des lieux "où le destin de notre siècle saigne" [Aragon], tels Cambodge, Treblinka, Syrie, Paris 1963, Liban, Rwanda,

Un roman argentin

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Un roman argentin Gilles Perez naïve livres, 2013 Un roman argentin s'est révélé, comme espéré, inclassable. Inclassable et à découvrir, oui, mais comme souvent dans ce cas, difficile à expliquer ce qui fait le charme dudit livre... A quarante ans, le narrateur (auteur?) se décide à partir en vacances à Buenos Aires ,  laissant à paris une vie calme de lecteurs de manuscrits et rewriter et son chat Crébillon, refusant la tentation de devenir écrivain médiocre, craint-il, passant les dimanches soirs chez ses parents (blanquette ou gigot), ne laissant pas les femmes s'attarder dans sa vie. En vol l'avion est pris dans un cyclone, tous les passagers craignent le pire. Ses pensées volent, il imagine ses parents en deuil, pense à des lectures passées, croit qu'un passager a disparu : Meurtre ordinaire dans un avion , est-ce possible? Pas moyen de se lever pour vérifier. Revenant périodiquement dans l'avion, il imagine, il voyage en Argentine, rencontre un vie

Faillir être flingué

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Faillir être flingué Céline Minard Rivages, 2013 Repéré dans la liste des sorties de la rentrée, mais ce que je n'avais pas prévu, c'est le succès sur les blogs, car son précédent, So long Luise , était resté plus confidentiel. Alors?   Petite mise en bouche: "Sally le regarda dans les yeux et lui déclara d'une voix grave et chaude qui pouvait augurer du pire comme du meilleur: - Et pourquoi pas, tu commences à m'intéresser, cow boy." "- Qui est venu ici avec le hongre pommelé qui est attaché dehors? (...) - Et pourquoi, c'est le tien? - Précisément, répondit Bird dont la main droite se crispa involontairement sur la crosse du fusil." Quel régal! L'ouest est là, sous nos yeux, tel qu'il a dû exister peut-être, en tout cas tel qu'on l'imagine! Rien ne manque : les chariots bâchés dans la prairie, les trappeurs, les fourrures, les bandits (méchants), les aventuriers, les indiens, les loges médecine, les huttes de

MetaMaus

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Maus Art Spiegelman Flammarion, 2004 Traduction Judith Ertel Qui n'a pas encore lu l'incontournable Maus, où Art Spiegelman raconte la vie des ses parents dans la Pologne d'avant la seconde guerre mondiale , puis leurs tentatives d'échapper aux nazis, pour se retrouver à Auschwitz en 1944, et enfin leur sortie des camps ? Dans le même temps il évoque ses propres relations tendues avec son père , ses entretiens avec lui en vue du livre (démarrés en 1972, repris vers 1977), sans rien cacher du caractère assez difficile dudit père. Une BD à lire absolument , et à seconde lecture j'ai noté que Art Spiegelman n'appuie pas sur les sentiments, il ne sort pas les violons, l'histoire en Europe parle d'elle-même. En revanche ses relations avec son père ne sont pas de tout repos. Je n'en dis pas plus, craignant avoir été influencée dans mes impressions par le livre suivant: Ce billet sera plutôt consacré à Metamaus, tout aussi incontournable. Par

Rue des dames

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Rue des Dames Petits plaisirs solidaires Roman premier volet (une suite un jour?) Isabelle Marsay Ginkgo éditeur, éditions Neige Si j'avais eu mon mot à dire sur la couverture, j'aurais plutôt choisi la photo d'une superbe maison bourgeoise un peu fatiguée avec parc à l'abandon, comme celle où emménagent Prisca, Florence, et leurs enfants , rejoignant leur amie Juliett e, propriétaire désireuse d'offrir gratuitement le gite et de créer une sorte de communauté fondée sur le respect de certaines règles biens sûr mais la liberté respectée de chacun. Sont prévus théâtre, rencontres, expositions, etc... et éventuellement la venue d'autres locataires. Cette ambiance "fille" est un peu cassée par l'arrivée d'un auteur spécialiste de Richard de Fournival , trouvère du 13ème siècle et auteur d'un Bestiaire d'amours. Les discussions s'avèrent parfois de haute volée, les individualités s'affrontent, c'est souvent brillant et

Au revoir là-haut

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Au revoir là-haut Pierre Lemaitre Albin Michel, 2013 D'accord, ce roman réunit les louanges de blogs et est en lice pour de nombreux prix littéraires, ma bibliothèque à cette occasion a enfin découvert l'auteur (et acheté tous ses titres ou presque), mais bon, comme on dit, faut voir ça soi-même. Eh bien, j'ai vu, et je suis bluffée! On est là dans l'excellent, l'incontournable et le passionnant.  L'auteur aime Dumas, donc si je parle de "populaire" il n'en sera pas vexé j'espère. Enfin un roman intelligent et pas ennuyeux! Pour sûr, les tranchées en 1918, le patriotisme exacerbé les années suivantes, les démobilisés sans trop le sou, ça n'attire pas a priori. Mais les caméras tournent à hauteur de personnages, et quels personnages! Une crapule finement réussie, Henri D'Aulnay-Pradelle. Edouard Péricourt, né une cuillère d'argent dans la bouche, doué, fantasque et malheureux. Albert Maillard le petit employé besogneux, p

Mon Amérique

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Mon Amérique Jim Fergus Le cherche midi, 2013 Traduit par Nicolas de Toldi Bon, j'ai toujours une prévention contre la chasse et préfère les balades où on admire les bestioles en les laissant tranquilles, mais Fergus, comme dans Espaces sauvages , a une façon de raconter pleine d' humour et d'autodérisio n. Il nous invite à sillonner l'Amérique rurale en déshérence mais recelant toujours des sites prodigieux de beauté. Rappelant que les chasseurs ne sont pas plus responsables de la disparition des oiseaux que les promoteurs immobiliers et les industries polluantes, il prend tranquillement son fusil et surtout surtout Sweetzer sa fidèle labrador . Il est toujours aussi mauvais tireur et prend autant plaisir à admirer la nature qu'à remplir sa gibecière (en vue de repas fins, à l'en croire). D'ailleurs les oiseaux sont futés et parfois logent dans des coins inaccessibles... "Et ces gens-là étaient des marcheurs, ce qui nous allait bien à Doug et

Comme les amours

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Comme les amours Los enamoramientos Javier Marias Gallimard, 2013 Traduction Anne-Marie Geninet Un roman repéré dans les listes de la rentrée littéraire, et hop, emprunté, et hop, lu. J'aime Javier Marias, son étudiant d'Oxford, son univers, bref, ce billet ne sera pas objectif. Madrid , de nos jours. Maria est éditrice (de courts passages hilarants sur "ses" auteurs, j'en redemanderais, mais le propos du livre était ailleurs) et prend son petit déjeuner dans une cafeteria où elle observe un couple tellement  remarquable qu'elle le nomme le Couple Parfait . Jusqu'au jour où elle ne le voit plus et apprend que Miguel , le mari, a été assassiné par un déséquilibré. Plusieurs mois plus tard, elle se présente à Luisa , la veuve, encore sous le choc, qui lui parle sans contrainte de sa douleur. Chez elle, Luisa fait connaissance de Javier Diaz-Varela, et leur relation deviendra intime, même si l'intérêt de Javier pour Luisa ne lui laisse guère

Mudwoman

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Mudwoman Joyce Carol Oates Philippe Rey, 2013 Traduction Meredith Ruth Neukirchen revient de très très loin. Une mère folle qui la jette dans la boue, dont elle est sortie presque mourante par un type qui entend des voix. Une famille d'accueil où il faut lutter, puis l'adoption par un couple de quakers lui donnant le même nom que leur fillette décédée. Volontaire, travailleuse acharnée et intelligente, elle fera de très brillantes études et deviendra la première femme présidente d'une université renommée. Seule -ou sachant mal déléguer-, perfectionniste, devant jouer un rôle. Elle doit en particulier gérer l'agression d'un de ses étudiants, mal vivre l'engagement des Etats Unis dans la guerre en Irak, et s'épuiser à suivre un emploi du temps démentiel. Par hasard -ou pas- elle reviendra sur des lieux de son passé. Surmenage professionnel, vie personnelle sans éclat, elle va frôler la folie. Voilà pour l'histoire. Sachant que mes dernières