Le linguiste était presque parfait
Double Negative
David Carkeet
Monsieur Toussaint Louverture, 2013
Traduit par Nicolas Richard
Une crèche où s'ébattent des bambins, quoi de plus normal? Sauf qu'en plus du personnel habituel, les enfants sont observés, enregistrés par des linguistes, désireux de capter l'avancement de leur langage, et surtout ces expressions connues d'eux seules et disparaissant avec le temps, telle le mboui du petit Wally.*
Un matin l'un des linguistes est retrouvé mort dans le bureau de Jeremy Cook. L'enquête est menée par Leaf, qui a ses méthodes. Une autre mort survient.
Avouerai-je une petite déception à la lecture de ce roman dont j'attendais sans doute trop? J'ai eu du mal à m'intéresser aux suspects, tous plus ou moins interchangeables, et finalement à l'identité du coupable. C'est bien fichu, c'est sûr, il y a de l'humour, c'est intelligent (je m'attendais cependant à plus de linguistique dès le départ et me suis demandé un certain temps si l'histoire n'aurait pas pu se dérouler ailleurs). Mais j'ai aimé la façon dont le mboui, justement, servira à tout dénouer! (Quoique je me demande encore la raison du second assassinat?)
*Ces expressions, bien des parents ont dû les remarquer, ma propre nièce en avait deux, dont nous avions détecté la signification. Disparues bien sûr, mais alimentant l'histoire familiale...
Les avis de Sandrine, Cachou, clara, kathel,
vendredi 31 janvier 2014
mercredi 29 janvier 2014
Récit intégral (ou presque) d'une coupe de cheveux ratée
Récit intégral (ou presque) d'une coupe de cheveux ratée
Jo Witek
Seuil, 2012
Depuis quelque temps j'avais repéré Un jour j'irai chercher mon prince en skate, mais à la bibli je suis tombée sur cet autre roman jeunesse du même auteur, alors hop!
Xavier rentre en seconde, mais c'est vraiment la catastrophe : sa coupe de cheveux est ratée, donc son année le sera aussi semble-t-il. Il n'est plus le grand de troisième dans son collège, mais le petit de seconde... Son pote Martin est dans un lycée professionnel, et Xavier se met en tête de l'y retrouver, et quel meilleur moyen que de jouer les cancres au lycée?
Pour une fois c'est un garçon qui écrit son journal, un ado de 15 ans basique, stressé normalement par les changements dans sa vie, qui se pose des questions sur l'amitié et l'amour. Il va apprendre, le p'tit, aidé par sa grand-mère d'ailleurs.
Une charmante histoire qui se termine bien, sans drames insurmontables, mais ça fait du bien finalement et cette plongée dans la tête d'un garçon d'aujourd'hui me paraît fort crédible. L'écriture est vivante, un peu "jeune" (normal) mais sans excès. En tout cas pas exagérément trop soutenue, ce qui me fait fuir car trop en décalage avec la réalité me semble-t-il (pour cette raison j'ai abandonné un roman jeunesse d'un autre auteur narré à la première personne, qui ne sonnait pas à mes oreilles comme crédible)(mais c'est mon point de vue, hein!)
Pour continuer avec l'auteur (car trouvé ensuite, finalement!):
Un jour j'irai chercher mon prince en skate
Jo Witek
Actes sud junior, 2013
A 14 ans, Frédérique (Fred) rêve d'embrasser un garçon, mais se refuse à le faire avec n'importe qui. Une peu garçon manqué, championne de skate, détestant maquillage et shopping, elle rêve du prince charmant mais hélas la vraie vie n'est pas un conte; cependant, la rencontre avec sa marraine Diane pourrait changer tout cela.
Un joli détournement des contes, justement, pour une histoire contemporaine. Fred va rester elle-même, et ne plus avoir peur de se lancer. Cela se lit d'un trait, toujours bien écrit, de l'humour, des personnages adultes aussi tout autour, bref j'ai retrouvé la patte de l'auteur, même si j'ai un poil préféré le premier. A recommander à votre ado !
Challenge de Philippe
Jo Witek
Seuil, 2012
Depuis quelque temps j'avais repéré Un jour j'irai chercher mon prince en skate, mais à la bibli je suis tombée sur cet autre roman jeunesse du même auteur, alors hop!
Xavier rentre en seconde, mais c'est vraiment la catastrophe : sa coupe de cheveux est ratée, donc son année le sera aussi semble-t-il. Il n'est plus le grand de troisième dans son collège, mais le petit de seconde... Son pote Martin est dans un lycée professionnel, et Xavier se met en tête de l'y retrouver, et quel meilleur moyen que de jouer les cancres au lycée?
Pour une fois c'est un garçon qui écrit son journal, un ado de 15 ans basique, stressé normalement par les changements dans sa vie, qui se pose des questions sur l'amitié et l'amour. Il va apprendre, le p'tit, aidé par sa grand-mère d'ailleurs.
Une charmante histoire qui se termine bien, sans drames insurmontables, mais ça fait du bien finalement et cette plongée dans la tête d'un garçon d'aujourd'hui me paraît fort crédible. L'écriture est vivante, un peu "jeune" (normal) mais sans excès. En tout cas pas exagérément trop soutenue, ce qui me fait fuir car trop en décalage avec la réalité me semble-t-il (pour cette raison j'ai abandonné un roman jeunesse d'un autre auteur narré à la première personne, qui ne sonnait pas à mes oreilles comme crédible)(mais c'est mon point de vue, hein!)
Pour continuer avec l'auteur (car trouvé ensuite, finalement!):
Un jour j'irai chercher mon prince en skate
Jo Witek
Actes sud junior, 2013
A 14 ans, Frédérique (Fred) rêve d'embrasser un garçon, mais se refuse à le faire avec n'importe qui. Une peu garçon manqué, championne de skate, détestant maquillage et shopping, elle rêve du prince charmant mais hélas la vraie vie n'est pas un conte; cependant, la rencontre avec sa marraine Diane pourrait changer tout cela.
Un joli détournement des contes, justement, pour une histoire contemporaine. Fred va rester elle-même, et ne plus avoir peur de se lancer. Cela se lit d'un trait, toujours bien écrit, de l'humour, des personnages adultes aussi tout autour, bref j'ai retrouvé la patte de l'auteur, même si j'ai un poil préféré le premier. A recommander à votre ado !
Challenge de Philippe
lundi 27 janvier 2014
Le cinquième témoin
Le cinquième témoin
Michael Connelly
calmann-levy, 2013
Traduit par Robert Pépin
De Connelly, j'ai tout lu (ou presque), je crois qu'il me manque juste Les neuf dragons (2011) et Volte face (2012). Parmi ses polars, j'ai quelques chouchous, bien sûr, particulièrement ceux où intervient l'inspecteur Harry Bosch, quoique McEvoy et l'héroïne de La lune était morte sont très bien aussi.
Bref, dernièrement notre Connelly a une petite baisse de régime, son héros étant l'avocat Mickey Haller, à Los Angeles bien sûr, LA ville de Connelly, cela se sent bien.
En pleine crise des subprimes, Lisa Trammel ne peut plus payer ses mensualités à la banque, sa maison va être saisie, son dossier est entre les mains de Haller, qui espère faire traîner les choses le plus possible, c'est sa technique. Mais Lisa Trammel est accusée du meurtre de Mitchell Bondurant, cadre de la banque la menaçant, justement! Haller et son équipe se chargent de la défendre.
Nous voilà donc dans un de ces "romans-procès" à l'américaine, avec accusation, défense, juge arbitre, témoins, enquête, contre enquête. Bien des pages relatent le procès au tribunal. C'est très bien fait, Connelly connaît le sujet, l'on en apprend beaucoup, y compris sur cette affaire de subprimes et leurs conséquences. C'est bien mis en scène, avec quelques découvertes et rebondissements. De la belle ouvrage, comme Connelly sait en proposer, et un final très réussi!
Pas d'action vraiment haletante, donc, mais un joli petit jeu de chat et la souris entre accusation et défense. Haller défend, point barre. Mais sans se soucier de savoir si sa cliente est innocente, il ne veut pas lui poser la question, d'ailleurs."Je n'ai pas besoin de le savoir pour faire mon travail." Sa cliente crie son innocence sans faillir, les preuves contre elle sont quand même claires, mais Haller est tenace, et même si cette cliente ne lui paraît pas sympathique, il la défend bec et ongles. Une certaine ambiguïté plane sur tout le roman, on se demande (et Haller quand même, il est humain!) si elle a fait le coup...
Les avis chez babelio
Michael Connelly
calmann-levy, 2013
Traduit par Robert Pépin
De Connelly, j'ai tout lu (ou presque), je crois qu'il me manque juste Les neuf dragons (2011) et Volte face (2012). Parmi ses polars, j'ai quelques chouchous, bien sûr, particulièrement ceux où intervient l'inspecteur Harry Bosch, quoique McEvoy et l'héroïne de La lune était morte sont très bien aussi.
Bref, dernièrement notre Connelly a une petite baisse de régime, son héros étant l'avocat Mickey Haller, à Los Angeles bien sûr, LA ville de Connelly, cela se sent bien.
En pleine crise des subprimes, Lisa Trammel ne peut plus payer ses mensualités à la banque, sa maison va être saisie, son dossier est entre les mains de Haller, qui espère faire traîner les choses le plus possible, c'est sa technique. Mais Lisa Trammel est accusée du meurtre de Mitchell Bondurant, cadre de la banque la menaçant, justement! Haller et son équipe se chargent de la défendre.
Nous voilà donc dans un de ces "romans-procès" à l'américaine, avec accusation, défense, juge arbitre, témoins, enquête, contre enquête. Bien des pages relatent le procès au tribunal. C'est très bien fait, Connelly connaît le sujet, l'on en apprend beaucoup, y compris sur cette affaire de subprimes et leurs conséquences. C'est bien mis en scène, avec quelques découvertes et rebondissements. De la belle ouvrage, comme Connelly sait en proposer, et un final très réussi!
Pas d'action vraiment haletante, donc, mais un joli petit jeu de chat et la souris entre accusation et défense. Haller défend, point barre. Mais sans se soucier de savoir si sa cliente est innocente, il ne veut pas lui poser la question, d'ailleurs."Je n'ai pas besoin de le savoir pour faire mon travail." Sa cliente crie son innocence sans faillir, les preuves contre elle sont quand même claires, mais Haller est tenace, et même si cette cliente ne lui paraît pas sympathique, il la défend bec et ongles. Une certaine ambiguïté plane sur tout le roman, on se demande (et Haller quand même, il est humain!) si elle a fait le coup...
Les avis chez babelio
vendredi 24 janvier 2014
Toutes les choses de la vie
Toutes les choses de la vie
Everything
Kévin Canty
Albin Michel, Terres d'Amérique, 2014
Traduction Anne Damour
Le premier paragraphe : "Le 5 juillet, RL et June allèrent à la rivière, s'installèrent sur les rochers avec une bouteille de Johnnie Walker Red et parlèrent de Taylor. Le 5 juillet était le jour de son anniversaire et ils faisaient la même chose tous les ans. Il aurait eu cinquante ans. RL avait été son ami d'enfance et June l'avait épousé. Il était mort onze ans auparavant."
Ne rien imaginer à partir de là, se laisser mener dans une histoire où quelques saisons s'écoulent, là bas dans le Montana, avec quelques personnages face à la vie, la mort, et des choix. Beaucoup de dialogues, avec des non dits à lire entre les lignes, quelques descriptions (brèves!) de nature. Un charme extrêmement prenant, des petits détails à remarquer au fil de la lecture, l'impression d'être avec des amis, dans un cocon.
"Tu n'y as jamais pensé? A cet autre monde de l'autre côté? Juste aussi réel que celui-ci, et nous sommes seulement le rêve qu'ils ont de l'autre côté. Nous n'en avons aucun souvenir exact. Ils se réveillent de l'autre côté, et ils se disent : j'ai fait le plus étrange des rêves."
Merci à l'éditeur et Marlène P.
et je réalise que ça le fait pour le challenge de Philippe!
Everything
Kévin Canty
Albin Michel, Terres d'Amérique, 2014
Traduction Anne Damour
Le premier paragraphe : "Le 5 juillet, RL et June allèrent à la rivière, s'installèrent sur les rochers avec une bouteille de Johnnie Walker Red et parlèrent de Taylor. Le 5 juillet était le jour de son anniversaire et ils faisaient la même chose tous les ans. Il aurait eu cinquante ans. RL avait été son ami d'enfance et June l'avait épousé. Il était mort onze ans auparavant."
Ne rien imaginer à partir de là, se laisser mener dans une histoire où quelques saisons s'écoulent, là bas dans le Montana, avec quelques personnages face à la vie, la mort, et des choix. Beaucoup de dialogues, avec des non dits à lire entre les lignes, quelques descriptions (brèves!) de nature. Un charme extrêmement prenant, des petits détails à remarquer au fil de la lecture, l'impression d'être avec des amis, dans un cocon.
"Tu n'y as jamais pensé? A cet autre monde de l'autre côté? Juste aussi réel que celui-ci, et nous sommes seulement le rêve qu'ils ont de l'autre côté. Nous n'en avons aucun souvenir exact. Ils se réveillent de l'autre côté, et ils se disent : j'ai fait le plus étrange des rêves."
Merci à l'éditeur et Marlène P.
et je réalise que ça le fait pour le challenge de Philippe!
mercredi 22 janvier 2014
Un homme effacé
Un homme effacé
Alexandre Postel
Gallimard, 2013
Prix Goncourt du premier roman
Un roman peu vu sur les blogs, mais repéré chez cathulu et cuné (et hop dans la LAL), mais pas chez clara (que fait donc la dernière tentatrice du club des trois c?). Voir l'avis de Anne, qui a dégainé en premier d'ailleurs.
Homme effacé, Damien North l'est assurément. Professeur de philosophie, veuf, sans enfants, liens familiaux distendus, liens professionnels sans guère d'empathie. Mais ça lui va bien. Un jour le ciel lui tombe sur la tête: on a trouvé dans son ordinateur des images pédopornographiques, le voilà donc arrêté, convaincu de plaider coupable, alors qu'il se sait innocent.
Il faut découvrir ce roman tout en subtilité, sans un gramme de trop, et plutôt terrible à y réfléchir. Damien ne peut sortir de la toile où il est inextricablement pris, même après sa libération (non, je ne spoile pas tant que ça, le roman est tout aussi intéressant si on le sait, et se poursuit bien après). Rien à faire, quoiqu'il fasse, c'est interprété de travers...
Temps et lieu restent indéterminés, le roman n'en est que plus fort. Je me demande seulement (voir page 122) s'il ne se déroulerait pas dans un futur tout proche et tout crédible? Bien écrit, ce court roman fait montre d'une ironie un poil désespérée. Un auteur à suivre!
Alexandre Postel
Gallimard, 2013
Prix Goncourt du premier roman
Un roman peu vu sur les blogs, mais repéré chez cathulu et cuné (et hop dans la LAL), mais pas chez clara (que fait donc la dernière tentatrice du club des trois c?). Voir l'avis de Anne, qui a dégainé en premier d'ailleurs.
Homme effacé, Damien North l'est assurément. Professeur de philosophie, veuf, sans enfants, liens familiaux distendus, liens professionnels sans guère d'empathie. Mais ça lui va bien. Un jour le ciel lui tombe sur la tête: on a trouvé dans son ordinateur des images pédopornographiques, le voilà donc arrêté, convaincu de plaider coupable, alors qu'il se sait innocent.
Il faut découvrir ce roman tout en subtilité, sans un gramme de trop, et plutôt terrible à y réfléchir. Damien ne peut sortir de la toile où il est inextricablement pris, même après sa libération (non, je ne spoile pas tant que ça, le roman est tout aussi intéressant si on le sait, et se poursuit bien après). Rien à faire, quoiqu'il fasse, c'est interprété de travers...
Temps et lieu restent indéterminés, le roman n'en est que plus fort. Je me demande seulement (voir page 122) s'il ne se déroulerait pas dans un futur tout proche et tout crédible? Bien écrit, ce court roman fait montre d'une ironie un poil désespérée. Un auteur à suivre!
lundi 20 janvier 2014
En même temps, toute la terre et tout le ciel
En même temps, toute la terre et tout le ciel
A tale for the time being
Ruth Oseki
Belfond, 2013
Traduction Sarah Tardy
A girl from earth vit dangereusement quand elle prodigue des conseils: "Si tu n'aimes pas ce roman, je me fais nonne zen!" A plusieurs reprises elle est donc passée à côté de ce sort, et ce n'est pas moi non plus qui l'enverrai dans un temple japonais sur une montagne éloignée du Japon, à laver des sacs plastique et autres tâches, pour changer un peu du zazen (pour en savoir plus, lire le roman)
Se promenant sur une plage de la baie Désolation (Colombie Britannique), Ruth ramasse un sac contenant le journal d'une collégienne japonaise, une montre, des lettres en japonais et en français. Avec l'aide d'Oliver, son compagnon, (et d'internet!) elle découvrira qui sont la jeune Nao et sa famille, une arrière grand-mère nonne zen de 104 ans, un oncle kamikaze mort en 1945, un père suicidaire...
Alternant Japon (il y a une dizaine d'années) et Canada (actuel) avec Nao et Ruth (oui, comme l'auteur, et écrivain aussi), ce roman nous immerge complètement dans chaque univers.
Cette île canadienne loin de tout, à l'électricité vite défaillante, où tout se sait (pas moyen de garder une information secrète...), où la nature reprend ses droits, avec des loups et un mystérieux corbeau. Dora est un personnage secondaire, mais on la connaît : "Ma chérie, j'ai survécu à un cancer du sein. Ce n'est pas une petite dose de radiations en plus qui va me tuer." "Oliver était une anomalie, une irrégularité, une déviation du type normal. 'Il fait sa friture dans une autre poêle', comme on le disait souvent sur l'île." Ruth a peur de perdre la mémoire; à lire le journal de Nao, d'étranges rêves surviennent, l'impression de passer d'un temps à l'autre...
De son côté Nao, après une enfance américaine en Californie, doit rentrer au Japon, suite au licenciement de son père. Les collèges japonais, où la pression de réussite est forte (toute ta vie dépend du lycée où tu entreras) lui sont un monde hostile, surtout compte tenu du harcèlement de ses camarades (et là, c'est hyper violent, j'étais assommée, mais personne ne peut intervenir?). Heureusement la fameuse grand-mère nonne zen sera là! Jiko, "la célèbre romancière anarchiste féministe devenue moine bouddhiste sous l'ère Taisho", qui "ne se rappelle pas vraiment être née" [104 ans, !]. En fait, le Japon imprègne tout le roman, y compris les parties plus américaines puisque Ruth est de mère japonaise et lit le japonais (actuel). Mille petits détails de la vie quotidienne, de la culture, des croyances, et de l'histoire récente, sont vraiment bien rendus. Des histoires incroyables de suicide, par exemple, suicide tentant à la fois Nao et son père...
Saviez-vous que "sur tout le littoral japonais, des gravures ont été retrouvées sur les falaises, porteuses d'avertissements ancestraux:
Passé cette limite, interdiction de construire!
Certaines dataient de plus de six cents ans. la plupart avaient résisté au tsunami." [région de Fukushima]
Saviez-vous que "le séisme a modifié la répartition de la masse de la Terre, ce qui la fait tourner plus vite. Et cette augmentation de la vitesse de rotation a raccourci la durée du jour. Nous avons des journées plus courtes maintenant."[on a perdu 1,8 microsecondes par jour]
J'ai une tendresse particulière pour l'auteur, qui excelle à décrire Pesto, le chat, dans ses mouvements et traits de caractère. Futile, je sais...
Un autre passage :
"Il est étrange de constater combien le temps interfère avec l'attention. La cpncentration absolue de Ruth, ses obsessions compulsives face à son écran d'ordinateur avaient l'effet d'une vague qu ise gonfle puis se brise, balayant une nouvelel portion d'une nouvelle journée.
A l'extrême inverse, lorsque son attention s'égarait et se fracturait, elle faisait une expérience granulaire du temps, pendant laquelle les moments restaient en suspension comme des particules diffuses flottant dans une eau trouble et stagnante."
Billet prolixe, bon signe des multiples qualités de ce roman, foisonnant. Le côté nippo-murakamien-fantastico-onirique est resté raisonnable,j'ai juste trouvé des redondances avec les lettres ET le journal de l'oncle, et, comme d'habitude, ai lu en diagonale les récits de rêves...(même s'ils font partie de l'histoire, heureusement)
L'auteur : Née en 1956 à New Haven, dans le Connecticut, d'un père américain et d'une mère japonaise, Ruth Ozeki a étudié la littérature japonaise à l'université Nara, au Japon, avant de revenir aux États-Unis pour débuter une carrière dans le cinéma en tant que réalisatrice de films et de documentaires acclamés par la critique.
Les avis de blablabla mia, Mélopée,Papillon, A girl, lystig,
A tale for the time being
Ruth Oseki
Belfond, 2013
Traduction Sarah Tardy
A girl from earth vit dangereusement quand elle prodigue des conseils: "Si tu n'aimes pas ce roman, je me fais nonne zen!" A plusieurs reprises elle est donc passée à côté de ce sort, et ce n'est pas moi non plus qui l'enverrai dans un temple japonais sur une montagne éloignée du Japon, à laver des sacs plastique et autres tâches, pour changer un peu du zazen (pour en savoir plus, lire le roman)
La baie Désolation en Colombie-Britannique. |
Se promenant sur une plage de la baie Désolation (Colombie Britannique), Ruth ramasse un sac contenant le journal d'une collégienne japonaise, une montre, des lettres en japonais et en français. Avec l'aide d'Oliver, son compagnon, (et d'internet!) elle découvrira qui sont la jeune Nao et sa famille, une arrière grand-mère nonne zen de 104 ans, un oncle kamikaze mort en 1945, un père suicidaire...
Alternant Japon (il y a une dizaine d'années) et Canada (actuel) avec Nao et Ruth (oui, comme l'auteur, et écrivain aussi), ce roman nous immerge complètement dans chaque univers.
Cette île canadienne loin de tout, à l'électricité vite défaillante, où tout se sait (pas moyen de garder une information secrète...), où la nature reprend ses droits, avec des loups et un mystérieux corbeau. Dora est un personnage secondaire, mais on la connaît : "Ma chérie, j'ai survécu à un cancer du sein. Ce n'est pas une petite dose de radiations en plus qui va me tuer." "Oliver était une anomalie, une irrégularité, une déviation du type normal. 'Il fait sa friture dans une autre poêle', comme on le disait souvent sur l'île." Ruth a peur de perdre la mémoire; à lire le journal de Nao, d'étranges rêves surviennent, l'impression de passer d'un temps à l'autre...
De son côté Nao, après une enfance américaine en Californie, doit rentrer au Japon, suite au licenciement de son père. Les collèges japonais, où la pression de réussite est forte (toute ta vie dépend du lycée où tu entreras) lui sont un monde hostile, surtout compte tenu du harcèlement de ses camarades (et là, c'est hyper violent, j'étais assommée, mais personne ne peut intervenir?). Heureusement la fameuse grand-mère nonne zen sera là! Jiko, "la célèbre romancière anarchiste féministe devenue moine bouddhiste sous l'ère Taisho", qui "ne se rappelle pas vraiment être née" [104 ans, !]. En fait, le Japon imprègne tout le roman, y compris les parties plus américaines puisque Ruth est de mère japonaise et lit le japonais (actuel). Mille petits détails de la vie quotidienne, de la culture, des croyances, et de l'histoire récente, sont vraiment bien rendus. Des histoires incroyables de suicide, par exemple, suicide tentant à la fois Nao et son père...
Saviez-vous que "sur tout le littoral japonais, des gravures ont été retrouvées sur les falaises, porteuses d'avertissements ancestraux:
Passé cette limite, interdiction de construire!
Certaines dataient de plus de six cents ans. la plupart avaient résisté au tsunami." [région de Fukushima]
Saviez-vous que "le séisme a modifié la répartition de la masse de la Terre, ce qui la fait tourner plus vite. Et cette augmentation de la vitesse de rotation a raccourci la durée du jour. Nous avons des journées plus courtes maintenant."[on a perdu 1,8 microsecondes par jour]
J'ai une tendresse particulière pour l'auteur, qui excelle à décrire Pesto, le chat, dans ses mouvements et traits de caractère. Futile, je sais...
Un autre passage :
"Il est étrange de constater combien le temps interfère avec l'attention. La cpncentration absolue de Ruth, ses obsessions compulsives face à son écran d'ordinateur avaient l'effet d'une vague qu ise gonfle puis se brise, balayant une nouvelel portion d'une nouvelle journée.
A l'extrême inverse, lorsque son attention s'égarait et se fracturait, elle faisait une expérience granulaire du temps, pendant laquelle les moments restaient en suspension comme des particules diffuses flottant dans une eau trouble et stagnante."
Billet prolixe, bon signe des multiples qualités de ce roman, foisonnant. Le côté nippo-murakamien-fantastico-onirique est resté raisonnable,j'ai juste trouvé des redondances avec les lettres ET le journal de l'oncle, et, comme d'habitude, ai lu en diagonale les récits de rêves...(même s'ils font partie de l'histoire, heureusement)
L'auteur : Née en 1956 à New Haven, dans le Connecticut, d'un père américain et d'une mère japonaise, Ruth Ozeki a étudié la littérature japonaise à l'université Nara, au Japon, avant de revenir aux États-Unis pour débuter une carrière dans le cinéma en tant que réalisatrice de films et de documentaires acclamés par la critique.
Les avis de blablabla mia, Mélopée,Papillon, A girl, lystig,
vendredi 17 janvier 2014
Chroniques de la vigne
Chroniques de la vigne
Conversations avec mon grand-père
Fred Bernard
Glénat, 2013
Ne dites surtout pas, "ouais, encore une BD avec des vignerons", et découvrez le grand père haut en couleurs de Fred Bernard.
D'abord, ce n'est pas le même terroir, nous sommes à Savigny-lès-Beaune, petit village bourguignon dont est originaire la famille de l'auteur, grand père et arrière grand père vigneron (bon, OK, moi aussi, d'où mon intérêt, mais pas dans un coin aussi glorieux). Ensuite c'est une histoire de famille. Le grand père est un sacré bonhomme, qui ne chipote pas sur la bouteille (mais du bon, tant qu'à faire) et n'a que faire du politiquement correct en matière de vin.
"Pour moi un vin c'est : 1) Un vin rouge ou un vin blanc. 2) Il est jeune ou il est vieux. 3) Tu l'aimes ou tu l'aimes pas. Point barre."
De jolies réflexions, un peu d'histoire du village à travers celle du grand père, des rapports grand -père/ petit-fils sympathiques, pleins de respect et d'admiration, mais avec de l'humour.
J'ai adoré (oui, encore) cette chouette lecture, pleine de peps comme le papy, marrante, informative, qui vous met de bonne humeur (et je n'ai rien bu pendant ma lecture). Jolies aquarelles, et il y a du texte, que demande-t-on, hein? Et les petits "Fred" marrants en bas de page, comme dans Gaston Lagaffe...
Conversations avec mon grand-père
Fred Bernard
Glénat, 2013
Ne dites surtout pas, "ouais, encore une BD avec des vignerons", et découvrez le grand père haut en couleurs de Fred Bernard.
D'abord, ce n'est pas le même terroir, nous sommes à Savigny-lès-Beaune, petit village bourguignon dont est originaire la famille de l'auteur, grand père et arrière grand père vigneron (bon, OK, moi aussi, d'où mon intérêt, mais pas dans un coin aussi glorieux). Ensuite c'est une histoire de famille. Le grand père est un sacré bonhomme, qui ne chipote pas sur la bouteille (mais du bon, tant qu'à faire) et n'a que faire du politiquement correct en matière de vin.
"Pour moi un vin c'est : 1) Un vin rouge ou un vin blanc. 2) Il est jeune ou il est vieux. 3) Tu l'aimes ou tu l'aimes pas. Point barre."
De jolies réflexions, un peu d'histoire du village à travers celle du grand père, des rapports grand -père/ petit-fils sympathiques, pleins de respect et d'admiration, mais avec de l'humour.
J'ai adoré (oui, encore) cette chouette lecture, pleine de peps comme le papy, marrante, informative, qui vous met de bonne humeur (et je n'ai rien bu pendant ma lecture). Jolies aquarelles, et il y a du texte, que demande-t-on, hein? Et les petits "Fred" marrants en bas de page, comme dans Gaston Lagaffe...
Images prises ici :https://www.google.fr/search?q=chroniques+de+la+vigne&tbm=isch&tbo=u&source=univ&sa=X&ei=ioetUsWnKoKj0QX6h4HICg&sqi=2&ved=0CE8QsAQ&biw=1024&bih=601 |
3599 hectares, dont environ 500 ha de vignes 1402 habitants |
mercredi 15 janvier 2014
Le Russe aime les bouleaux
Le Russe aime les bouleaux
Der Russe ist einer, der Birken liebt
Olga Grjasnowa
Les escales, 2014
Traduit par Pierre Deshusses
Quatrième de couverture (pour une fois...)
« Immigré », « identité », « patrie »... Des mots qui ont le don d'énerver Mascha.
D'origine azerbaïdjanaise et juive, Mascha est arrivée avec sa famille à onze ans en Allemagne pour fuir la guerre et les massacres. Elle qui devient une « sans voix » prend aussitôt conscience du pouvoir que procure la maîtrise de la langue. Aujourd'hui, elle en parle cinq couramment et fait des études d'interprétariat. Son objectif : travailler au sein des Nations unies. À Francfort, en couple avec Elias, Mascha essaie d'oublier les horreurs vécues à Bakou, enfant... quand son petit ami meurt brutalement.
De désespoir, et sur un coup de tête, Mascha part pour Israël. Là-bas, les fantômes du passé la rattrapent, se mêlant à celui d'Elias et aux images terribles du présent.
Plus que jamais, Mascha va avoir besoin d'un endroit ou se sentir chez elle, pour surmonter les drames et faire la paix avec le passé. Mais où le trouver ?"
Née en 1984 à Bakou, émigrée en Allemagne en 1996 avec sa famille, l'auteur a mis beaucoup d'elle-même chez son héroïne Mascha. Espérons qu'elle n'est pas aussi écorchée vive. Elle a bien su faire passer la difficulté de l'émigré de s'insérer dans une autre culture, que ce soit Mascha, ou ses amis Cem et Sami (originaires respectivement de Turquie et du Liban), qui connaissent mieux l'Allemagne que leur pays d'origine, sans être considérés comme totalement allemands.
Olga Grjasnowa a également su présenter, de façon plutôt neutre mais poignante, le conflit en Azerbaïdjan (quelle horreur! un de ces conflits bien éloignés des préoccupations des français je suppose) et la situation en Israël/Palestine. L'on ressent aussi parfaitement le long chagrin, le deuil sans fin de son ami Elias.
Cependant aux trois quarts du roman j'étais quelque peu fatiguée de cette multiplicité de thèmes, de cette intensité et des virevoltes de l'héroïne. J'aspirais à me poser un peu.
En conclusion : un premier roman intéressant, une écriture sobre et efficace, mais qui m'a laissée un peu déconcertée.
L'avis d'Antigone
Merci à l'éditeur (je crois que je le découvre avec ce roman) et Anne et Arnaud
Der Russe ist einer, der Birken liebt
Olga Grjasnowa
Les escales, 2014
Traduit par Pierre Deshusses
Quatrième de couverture (pour une fois...)
« Immigré », « identité », « patrie »... Des mots qui ont le don d'énerver Mascha.
D'origine azerbaïdjanaise et juive, Mascha est arrivée avec sa famille à onze ans en Allemagne pour fuir la guerre et les massacres. Elle qui devient une « sans voix » prend aussitôt conscience du pouvoir que procure la maîtrise de la langue. Aujourd'hui, elle en parle cinq couramment et fait des études d'interprétariat. Son objectif : travailler au sein des Nations unies. À Francfort, en couple avec Elias, Mascha essaie d'oublier les horreurs vécues à Bakou, enfant... quand son petit ami meurt brutalement.
De désespoir, et sur un coup de tête, Mascha part pour Israël. Là-bas, les fantômes du passé la rattrapent, se mêlant à celui d'Elias et aux images terribles du présent.
Plus que jamais, Mascha va avoir besoin d'un endroit ou se sentir chez elle, pour surmonter les drames et faire la paix avec le passé. Mais où le trouver ?"
Née en 1984 à Bakou, émigrée en Allemagne en 1996 avec sa famille, l'auteur a mis beaucoup d'elle-même chez son héroïne Mascha. Espérons qu'elle n'est pas aussi écorchée vive. Elle a bien su faire passer la difficulté de l'émigré de s'insérer dans une autre culture, que ce soit Mascha, ou ses amis Cem et Sami (originaires respectivement de Turquie et du Liban), qui connaissent mieux l'Allemagne que leur pays d'origine, sans être considérés comme totalement allemands.
Olga Grjasnowa a également su présenter, de façon plutôt neutre mais poignante, le conflit en Azerbaïdjan (quelle horreur! un de ces conflits bien éloignés des préoccupations des français je suppose) et la situation en Israël/Palestine. L'on ressent aussi parfaitement le long chagrin, le deuil sans fin de son ami Elias.
Cependant aux trois quarts du roman j'étais quelque peu fatiguée de cette multiplicité de thèmes, de cette intensité et des virevoltes de l'héroïne. J'aspirais à me poser un peu.
En conclusion : un premier roman intéressant, une écriture sobre et efficace, mais qui m'a laissée un peu déconcertée.
L'avis d'Antigone
Merci à l'éditeur (je crois que je le découvre avec ce roman) et Anne et Arnaud
lundi 13 janvier 2014
Une bibliothèque idéale
Une bibliothèque idéale
Hermann Hesse
Rivages Poche, 2012
Traduction et préface : Nicolas Waquet
Photo Martin Hesse
Ce court recueil comprend des textes de Hermann Hesse écrits entre 1903 et 1945 et ne parle pas de littérature récente. "Ce n'est pas, bien sûr, pour nous fermer à l'univers littéraire contemporain - il doit avoir sa place dans nos pensées et notre bibliothèque - non, c'est parce qu'il dépasse le cadre de notre sujet. Ce n'est pas à notre époque de juger de ce qui passera à la postérité."
Ceci posé, Hermann Hesse s'attaque au contenu d'un petite bibliothèque idéale, parcourant les siècles et les continents, retenant des classiques bien sûr. "Les œuvres les plus anciennes sont celles qui vieillissent le moins.(...) Il est probable que nous estimerons toute notre vie ce qui a traversé les siècles, ce qui n'est pas encore tombé dans l'oubli ou ce qui n'a pas encore disparu."
Bien, d'accord, mais cette bibliothèque idéale ne risque-t-elle pas de demeurer un peu froide, impersonnelle? Devant ce risque, Hermann Hesse fait part de son parcours de lecteur, de sa découverte des écrits indiens, puis surtout chinois. Des parties de bibliothèque doivent révéler l'amour et la passion de son propriétaire, et gonfler face à d'autres laissées à leur minimum.
Le lecteur "doit emprunter le chemin de l'amour, non celui du devoir." Qu"'il préfère les vers, l'histoire, la philosophie, peu importe; "les voies sont innombrables."
Avec le temps chacun pourra se faire sa propre bibliothèque remplie d’œuvres enrichissantes (la qualité plus que la quantité), suivant ses goûts et sa personnalité. A la lecture de ces essais, l'on ressent l'envie de faire un sérieux tri dans les livres possédés, combien méritent de rester?
Ah ces lecteurs parvenant "même à avaler un volume par jour", cherchant à juste satisfaire une envie de lecture! Mais je me moque, alors que Hesse est vraiment sympathique et enthousiaste dans ses écrits. J'avoue qu'il m'a forcée à réfléchir encore plus sur mes choix de lecture.
"Les livres n'ont de valeur que s'ils mènent à la vie, que s'ils sont utiles, au service de l'existence. Si elle n'éveille pas chez le lecteur une étincelle d'énergie, un soupçon de rajeunissement, un souffle de fraîcheur, toute heure passée à lire est une heure perdue."
Laissant les lecteurs (qui ont droit à leur classement par catégories, pouvant évoluer au cours du temps d'ailleurs selon chaque individu) , Hesse s'intéresse aussi aux écrivains, et pour terminer je recommande l'essai intitulé "Le jeune poète, lettre à maints destinataires", où Hesse sait répondre avec humour et délicatesse à un jeune auteur lui ayant fait parvenir quelques poèmes de son cru. "Tant que vous aurez le sentiment que vos essais vous font du bien, qu'ils vous aident à être plus lucides sur le monde et sur vous-même, qu'ils vous permettent d'accroître votre vigueur et d'aiguiser votre conscience, persistez! Poète ou non, vous deviendrez un homme utile, vif et clairvoyant."
Passionné et passionnant, voilà un petit livre qui mènera vers de grands livres, espérons-le.
Bien évidemment : à découvrir!
En parlent : Mina, (et Mina),
Hermann Hesse
Rivages Poche, 2012
Traduction et préface : Nicolas Waquet
Photo Martin Hesse
Ce court recueil comprend des textes de Hermann Hesse écrits entre 1903 et 1945 et ne parle pas de littérature récente. "Ce n'est pas, bien sûr, pour nous fermer à l'univers littéraire contemporain - il doit avoir sa place dans nos pensées et notre bibliothèque - non, c'est parce qu'il dépasse le cadre de notre sujet. Ce n'est pas à notre époque de juger de ce qui passera à la postérité."
Ceci posé, Hermann Hesse s'attaque au contenu d'un petite bibliothèque idéale, parcourant les siècles et les continents, retenant des classiques bien sûr. "Les œuvres les plus anciennes sont celles qui vieillissent le moins.(...) Il est probable que nous estimerons toute notre vie ce qui a traversé les siècles, ce qui n'est pas encore tombé dans l'oubli ou ce qui n'a pas encore disparu."
Bien, d'accord, mais cette bibliothèque idéale ne risque-t-elle pas de demeurer un peu froide, impersonnelle? Devant ce risque, Hermann Hesse fait part de son parcours de lecteur, de sa découverte des écrits indiens, puis surtout chinois. Des parties de bibliothèque doivent révéler l'amour et la passion de son propriétaire, et gonfler face à d'autres laissées à leur minimum.
Le lecteur "doit emprunter le chemin de l'amour, non celui du devoir." Qu"'il préfère les vers, l'histoire, la philosophie, peu importe; "les voies sont innombrables."
Avec le temps chacun pourra se faire sa propre bibliothèque remplie d’œuvres enrichissantes (la qualité plus que la quantité), suivant ses goûts et sa personnalité. A la lecture de ces essais, l'on ressent l'envie de faire un sérieux tri dans les livres possédés, combien méritent de rester?
Ah ces lecteurs parvenant "même à avaler un volume par jour", cherchant à juste satisfaire une envie de lecture! Mais je me moque, alors que Hesse est vraiment sympathique et enthousiaste dans ses écrits. J'avoue qu'il m'a forcée à réfléchir encore plus sur mes choix de lecture.
"Les livres n'ont de valeur que s'ils mènent à la vie, que s'ils sont utiles, au service de l'existence. Si elle n'éveille pas chez le lecteur une étincelle d'énergie, un soupçon de rajeunissement, un souffle de fraîcheur, toute heure passée à lire est une heure perdue."
Laissant les lecteurs (qui ont droit à leur classement par catégories, pouvant évoluer au cours du temps d'ailleurs selon chaque individu) , Hesse s'intéresse aussi aux écrivains, et pour terminer je recommande l'essai intitulé "Le jeune poète, lettre à maints destinataires", où Hesse sait répondre avec humour et délicatesse à un jeune auteur lui ayant fait parvenir quelques poèmes de son cru. "Tant que vous aurez le sentiment que vos essais vous font du bien, qu'ils vous aident à être plus lucides sur le monde et sur vous-même, qu'ils vous permettent d'accroître votre vigueur et d'aiguiser votre conscience, persistez! Poète ou non, vous deviendrez un homme utile, vif et clairvoyant."
Passionné et passionnant, voilà un petit livre qui mènera vers de grands livres, espérons-le.
Bien évidemment : à découvrir!
En parlent : Mina, (et Mina),
samedi 11 janvier 2014
Philomena
Philomena
The lost child of Philomena Lee
Martin Sixsmith
Document
Presses de la Cité, 2014
Traduit par Marion Roman
"Le livre qui a inspiré le film de Stephen Frears" annonce la couverture, mais pour ce que j'en sais, le film n'a pas du tout pris l'histoire par le même bout. Parlons donc uniquement du livre, annoncé comme "Document", puisqu'il raconte une histoire vraie.
Irlande, années 50, sous la coupe de la puissante Église catholique, très très influente en politique. Quand Philomena tombe enceinte, elle est vite envoyée au couvent de Roscrea pour y accoucher. Elle y passera trois années de dur labeur, s'attachant à son petit Anthony, jusqu'à ce qu'il soit adopté par une riche famille américaine. Fortement influencée, elle a signé l'autorisation!
Anthony, rebaptisé Mike, va avoir une destinée remarquable, devenant avocat de droit constitutionnel, travaillant pour le parti républicain de l'époque Reagan et Bush, peu connus pour leurs sympathies à l'égard des homosexuels. Mike, qui justement a découvert ses goûts pour les hommes, doit mener une double vie...
Très tôt il désire retrouver sa mère, se rend en Irlande plusieurs fois, mais hélas, rien à faire, les sœurs gardent le silence. De son côté, sa mère cherche à le retrouver, contactant justement le journaliste Martin Sixsmith, l'auteur du livre.
Une telle histoire pourrait tomber dans un effroyable pathos, mais sait rester sobre. Finalement, le livre est centré à 90% sur l'histoire d'Anthony/Mike, son enfance, ses études, et surtout sa vie professionnelle et personnelle. J'ai retrouvé avec un effroi rétrospectif les débuts de l'épidémie de sida, encore plus ignorée aux États-Unis par les gouvernements républicains qu'en France à la même époque, semble-t-il.
(Le lecteur ne retrouvera Philomena qu'à la toute fin du livre, ce qui est frustrant tout de même. J'aurais aussi aimé avoir plus de détails sur les recherches du journaliste, qui les évoque bien rapidement : sans doute le film répondra à mes questions?)
Un document vraiment intéressant à découvrir. Et comme il paraît que l'actrice du film (qui a écrit la préface du livre) est formidable, je peux me laisser tenter par un doublé.
The lost child of Philomena Lee
Martin Sixsmith
Document
Presses de la Cité, 2014
Traduit par Marion Roman
"Le livre qui a inspiré le film de Stephen Frears" annonce la couverture, mais pour ce que j'en sais, le film n'a pas du tout pris l'histoire par le même bout. Parlons donc uniquement du livre, annoncé comme "Document", puisqu'il raconte une histoire vraie.
Irlande, années 50, sous la coupe de la puissante Église catholique, très très influente en politique. Quand Philomena tombe enceinte, elle est vite envoyée au couvent de Roscrea pour y accoucher. Elle y passera trois années de dur labeur, s'attachant à son petit Anthony, jusqu'à ce qu'il soit adopté par une riche famille américaine. Fortement influencée, elle a signé l'autorisation!
Anthony, rebaptisé Mike, va avoir une destinée remarquable, devenant avocat de droit constitutionnel, travaillant pour le parti républicain de l'époque Reagan et Bush, peu connus pour leurs sympathies à l'égard des homosexuels. Mike, qui justement a découvert ses goûts pour les hommes, doit mener une double vie...
Très tôt il désire retrouver sa mère, se rend en Irlande plusieurs fois, mais hélas, rien à faire, les sœurs gardent le silence. De son côté, sa mère cherche à le retrouver, contactant justement le journaliste Martin Sixsmith, l'auteur du livre.
Une telle histoire pourrait tomber dans un effroyable pathos, mais sait rester sobre. Finalement, le livre est centré à 90% sur l'histoire d'Anthony/Mike, son enfance, ses études, et surtout sa vie professionnelle et personnelle. J'ai retrouvé avec un effroi rétrospectif les débuts de l'épidémie de sida, encore plus ignorée aux États-Unis par les gouvernements républicains qu'en France à la même époque, semble-t-il.
(Le lecteur ne retrouvera Philomena qu'à la toute fin du livre, ce qui est frustrant tout de même. J'aurais aussi aimé avoir plus de détails sur les recherches du journaliste, qui les évoque bien rapidement : sans doute le film répondra à mes questions?)
Un document vraiment intéressant à découvrir. Et comme il paraît que l'actrice du film (qui a écrit la préface du livre) est formidable, je peux me laisser tenter par un doublé.
tous les livres sur Babelio.com
jeudi 9 janvier 2014
Le chardonneret
Le chardonneret
The Goldfinch
Donna Tartt
Plon, feux croisés, 2014
Traduit par Edith Soonckindt
Mort en 1654 suite à l'explosion de la poudrière de Delft, le peintre Fabritius a laissé peu d’œuvres derrière lui, dont ce Chardonneret, véritable personnage du roman.
Theo Decker ne bouge plus de sa chambre d'hôtel à Amsterdam, scrutant les journaux écrits dans une langue qu'il ne comprend pas. Rêvant de sa mère, il démarre la narration d'un fascinant flash back, quatorze ans auparavant, quand il était un jeune collégien se souciant fort d'une convocation au collège pour une grosse bêtise.Cette journée cruciale verra sa vie basculer.
Et ne comptez pas sur moi pour en dire plus.
Pourquoi ai-je adoré/dévoré ce roman? (et si Le maître des illusions est du même tonneau, je fonce!)
- près de 800 pages coulant toutes seules (bravo à la traductrice, bien sûr), et j'étais partante pour un peu plus.
- impossible de savoir comment tout cela va tourner. Un poil roman d'apprentissage à la Dickens furieusement moderne, mais quand même...
- un intérêt toujours renouvelé, des passages scotchants, des rebondissements inattendus, sans de faux suspenses artificiels (devinez qui je vise là)
- une écriture éblouissante, en particulier dans les atmosphères de villes, New York surtout, mais aussi Amsterdam ou Las Vegas
- une histoire d'amour, quand même, un peu tristounette mais si belle.
- des réflexions sur l'art, la vie, tout ça, quoi...
- de l'amitié
- un côté thriller, surtout vers la fin à Amsterdam.
A découvrir sans tarder!
Le billet de cathulu
Merci à Anne et Arnaud. Quant à la collection Feux croisés, elle confirme son excellence.
The Goldfinch
Donna Tartt
Plon, feux croisés, 2014
Traduit par Edith Soonckindt
Mort en 1654 suite à l'explosion de la poudrière de Delft, le peintre Fabritius a laissé peu d’œuvres derrière lui, dont ce Chardonneret, véritable personnage du roman.
Theo Decker ne bouge plus de sa chambre d'hôtel à Amsterdam, scrutant les journaux écrits dans une langue qu'il ne comprend pas. Rêvant de sa mère, il démarre la narration d'un fascinant flash back, quatorze ans auparavant, quand il était un jeune collégien se souciant fort d'une convocation au collège pour une grosse bêtise.Cette journée cruciale verra sa vie basculer.
Et ne comptez pas sur moi pour en dire plus.
Pourquoi ai-je adoré/dévoré ce roman? (et si Le maître des illusions est du même tonneau, je fonce!)
- près de 800 pages coulant toutes seules (bravo à la traductrice, bien sûr), et j'étais partante pour un peu plus.
- impossible de savoir comment tout cela va tourner. Un poil roman d'apprentissage à la Dickens furieusement moderne, mais quand même...
- un intérêt toujours renouvelé, des passages scotchants, des rebondissements inattendus, sans de faux suspenses artificiels (devinez qui je vise là)
- une écriture éblouissante, en particulier dans les atmosphères de villes, New York surtout, mais aussi Amsterdam ou Las Vegas
- une histoire d'amour, quand même, un peu tristounette mais si belle.
- des réflexions sur l'art, la vie, tout ça, quoi...
- de l'amitié
- un côté thriller, surtout vers la fin à Amsterdam.
A découvrir sans tarder!
Le billet de cathulu
Merci à Anne et Arnaud. Quant à la collection Feux croisés, elle confirme son excellence.
lundi 6 janvier 2014
En chemin vers Rome
En chemin vers Rome
avec nos enfants, l'âne Octave et notre rêve...
Edouard Cortès
XO éditions, 2013
Edouard et Mathilde Cortès n'en sont pas à leur coup d'essai question marche (déjà Compostelle, Jérusalem, et Edouard est plutôt baroudeur), mais là on passe le cran au-dessus puisque les enfants seront de la partie. L'aînée n'a pas quatre ans, la dernière fera quelques dents de lait au cours des quatre mois de pèlerinage sur la Via Francigena.
"On ne peut donner que deux choses à ses enfants : des racines et des ailes." (Proverbe juif, cité en exergue)
Du Puy-en-Velay à Rome, 1307 kilomètres à découvrir à la suite de la carriole tirée par Octave, grand noir du Berry (rien que ce choix déclenche ma sympathie...). Rencontres, échanges, bivouacs ou accueils inattendus chez l'habitant, et aussi découverte de soi (j'ai fort aimé les réflexions d'Octave, bien philosophe, cet âne...), sans passer sous silence quelques disputes dans le couple. Des détails sur cette Via Francigena et son histoire et la religion catholique, mais en lien avec cette aventure, sans insister trop, un délicat équilibre a été trouvé, et ce livre devrait plaire à tous ceux qui s'intéressent à ce type d'aventure humaine. Un peu de spirituel dans notre "monde de brutes" ne saurait faire de mal.
L'on pourrait se sentir loin de Rufin et son voyage solitaire à Compostelle, mais j'ai retrouvé quelques idées: "Voyager, c'est consentir au dépouillement. Pour qu'il prenne effet à l'intérieur, il semble systématiquement commencer par l'extérieur." (et hop, on allège la carriole!)
"Les voyages nous font trouver ce que l'on ne cherche pas."
Quelques "mots d'enfant"
Jeanne essaie d'ouvrir un flacon de sirop
"Mon chou, tu n'y arriveras pas. Ce n'est pas pour les petites filles, il y a une sécurité. Seules les grandes personnes peuvent l'ouvrir.*
Frustrée, Jeanne s'énerve:
-Mais comment il fait, le bouchon, pour savoir que je suis une petite fille?"
(* Mouais, il y a aussi des grandes personnes qui doivent déployer force et patience pour les ouvrir, c'est du vécu)
"Maman, quand je suis sortie de ton ventre, comment tu as su que je m'appelais Jeanne?"
Le site, avec présentation du livre, des photos, du texte, etc... Allez y voir!
Le billet de saxaoul
Merci à Mélanie R de XO éditions
avec nos enfants, l'âne Octave et notre rêve...
Edouard Cortès
XO éditions, 2013
Edouard et Mathilde Cortès n'en sont pas à leur coup d'essai question marche (déjà Compostelle, Jérusalem, et Edouard est plutôt baroudeur), mais là on passe le cran au-dessus puisque les enfants seront de la partie. L'aînée n'a pas quatre ans, la dernière fera quelques dents de lait au cours des quatre mois de pèlerinage sur la Via Francigena.
"On ne peut donner que deux choses à ses enfants : des racines et des ailes." (Proverbe juif, cité en exergue)
Du Puy-en-Velay à Rome, 1307 kilomètres à découvrir à la suite de la carriole tirée par Octave, grand noir du Berry (rien que ce choix déclenche ma sympathie...). Rencontres, échanges, bivouacs ou accueils inattendus chez l'habitant, et aussi découverte de soi (j'ai fort aimé les réflexions d'Octave, bien philosophe, cet âne...), sans passer sous silence quelques disputes dans le couple. Des détails sur cette Via Francigena et son histoire et la religion catholique, mais en lien avec cette aventure, sans insister trop, un délicat équilibre a été trouvé, et ce livre devrait plaire à tous ceux qui s'intéressent à ce type d'aventure humaine. Un peu de spirituel dans notre "monde de brutes" ne saurait faire de mal.
L'on pourrait se sentir loin de Rufin et son voyage solitaire à Compostelle, mais j'ai retrouvé quelques idées: "Voyager, c'est consentir au dépouillement. Pour qu'il prenne effet à l'intérieur, il semble systématiquement commencer par l'extérieur." (et hop, on allège la carriole!)
"Les voyages nous font trouver ce que l'on ne cherche pas."
Quelques "mots d'enfant"
Jeanne essaie d'ouvrir un flacon de sirop
"Mon chou, tu n'y arriveras pas. Ce n'est pas pour les petites filles, il y a une sécurité. Seules les grandes personnes peuvent l'ouvrir.*
Frustrée, Jeanne s'énerve:
-Mais comment il fait, le bouchon, pour savoir que je suis une petite fille?"
(* Mouais, il y a aussi des grandes personnes qui doivent déployer force et patience pour les ouvrir, c'est du vécu)
"Maman, quand je suis sortie de ton ventre, comment tu as su que je m'appelais Jeanne?"
Pèlerins en route vers Rome sur la via Francigena (haut relief sculpté sur la Cathédrale de Fidenza à la fin du XIIe siècle). |
Le billet de saxaoul
Merci à Mélanie R de XO éditions
samedi 4 janvier 2014
Proust contre Cocteau
Proust contre Cocteau
Claude Arnaud
Grasset, 2013
Voyons voir : Proust (1871-1922) et Cocteau (1889-1963). Il m'a fallu ce livre pour réaliser qu'ils se sont connus! Sans doute Cocteau ne m'évoquait-il que La belle et la bête et son décès en 1963 (le même jour que Piaf, pas de chance)
Claude Arnaud, dont je découvre (décidément!) qu'il est aussi l'auteur d'une biographie de Cocteau, après deux chapitres sur leurs origines et leur mère à chacun, évoque leur rencontre (où? on ne sait pas précisément) et leurs rapports mi amicaux mi conflictuels. Cocteau, jeune homme doué, à 17 ans sa poésie est publiée, face à Proust, qui à la quarantaine se cherche encore et désespère d'écrire son "grand roman" qu'il sent possible. Après la parution d'Un amour de Swann, tout bascule, c'est Proust qui reçoit les honneurs de la critique, et Cocteau devra reconsidérer son œuvre à venir, jusqu'à renier ses premiers recueils.
Admiration et jalousie réciproques, remarques incisives sur l'autre, description de l'ambiance littéraire et mondaine du temps, analyse de A la recherche du temps perdu par Cocteau (chouette chapitre 9, Posthume), et laissons la postérité s'exprimer... Un assez court volume que j'ai dévoré, bien sûr! Même si j'ai finalement peu découvert de nouveau sur Proust (c'est un de mes chouchous). Une façon originale de le découvrir pour les débutants, tiens.
Comme Madame de Chevigné (Madame de Guermantes?) refusait de donner à Proust son avis sur son roman, Cocteau lance : "On ne peut pas demander à un hanneton de lire l'histoire naturelle!"
Laure de Chevigné (1859-1936)(née de Sade)(oui, le marquis) |
Les avis de Jostein,
Challenge Lire sous la contrainte de Philippe (avec deux noms de famille!)
jeudi 2 janvier 2014
Jeune fille en Dior
Jeune fille en Dior
Annie Goetzinger
Dargaud, 2013
(Prolongeons ce temps festif avec un album qui met des paillettes ou des étoiles plein la vue)(non, je n'ai rien bu - récemment)
Annie Goetzinger nous convie à suivre Clara, jeune journaliste de mode, à un défilé chez Dior, pour y découvrir les élégantes, les célébrités, et surtout ce qui deviendra le New Look, selon l'expression de Carmel Snow, rédactrice au Harper's Bazaar.
Clara (personnage fictif) ne demeurera pas journaliste, mais deviendra mannequin chez Dior, une des "jeunes filles" comme le couturier les appelait. D'où une plongée dans la maison de couture, ses coulisses, jusqu'au décès de Dior, en 1957.
A la sortie de la seconde guerre mondiale, et les restrictions se prolongeant à l'après-guerre, pas étonnant que ces tenues mangeant des mètres de tissu aient choqué et attiré! Tout le monde n'aimait pas, il a même existé aux Etats-Unis un mouvement anti jupes longues , le "Little below the knee club".
Les dessins d'Annie Goetzinger sont parfaits pour rendre l'élégance de ces tenues là, j'ai plongé dans une bulle remplie de tissus brillants et soyeux, rêvé devant des silhouettes sublimées... Pas pour tous les budgets, d'accord, mais regarder n'est pas interdit... Le livre est beau et soigné, la préface d'Anna Gavalda, les annexes fort instructives.
Comme l'a déclaré Marlène Dietrich pour accepter un rôle dans Le grand alibi de Hitchcock : "No Dior, no Dietrich!"
Challenge Lire sous la contrainte de Philippe
Interview de l'auteur
Merci à Babelio
Annie Goetzinger
Dargaud, 2013
(Prolongeons ce temps festif avec un album qui met des paillettes ou des étoiles plein la vue)(non, je n'ai rien bu - récemment)
Annie Goetzinger nous convie à suivre Clara, jeune journaliste de mode, à un défilé chez Dior, pour y découvrir les élégantes, les célébrités, et surtout ce qui deviendra le New Look, selon l'expression de Carmel Snow, rédactrice au Harper's Bazaar.
12 février 1947 premier défilé de haute couture |
A la sortie de la seconde guerre mondiale, et les restrictions se prolongeant à l'après-guerre, pas étonnant que ces tenues mangeant des mètres de tissu aient choqué et attiré! Tout le monde n'aimait pas, il a même existé aux Etats-Unis un mouvement anti jupes longues , le "Little below the knee club".
Les dessins d'Annie Goetzinger sont parfaits pour rendre l'élégance de ces tenues là, j'ai plongé dans une bulle remplie de tissus brillants et soyeux, rêvé devant des silhouettes sublimées... Pas pour tous les budgets, d'accord, mais regarder n'est pas interdit... Le livre est beau et soigné, la préface d'Anna Gavalda, les annexes fort instructives.
Comme l'a déclaré Marlène Dietrich pour accepter un rôle dans Le grand alibi de Hitchcock : "No Dior, no Dietrich!"
Challenge Lire sous la contrainte de Philippe
Interview de l'auteur
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