vendredi 28 juin 2013

Villette

Villette
Charlotte Brontë
archipoche, 2013
Traduit par 
paru en 1853


Réglons déjà un détail : oui, Charlotte, c'est celle qui a écrit Jane Eyre.

Jeune anglaise apparemment sans famille proche et sans fortune, Lucy Snowe débarque à Villette, royaume de Labassecour (vraisemblablement la Belgique), espérant trouver un poste de gouvernante. Embauchée par Madame Beck, directrice d'une école de jeunes filles, elle deviendra enseignante. M. Paul, un autre professeur, l'accable de reproches et la bouscule. Les sentiments de Lucy à l'égard du Docteur John évoluent vers un peu plus que de l'amitié. Par ailleurs (coïncidences nombreuses) elle retrouve d'anciens amis connus en Angleterre.

Si l'on sait que Charlotte Brontë a enseigné l'anglais dans une école bruxelloise, on sera amené à juger cette histoire un peu autobiographique. En tout cas, les détails sur l'école et l'ambiance qui y règne sont extrêmement vraisemblables et vivants.

Lucy Snowe est une héroïne fort intéressante. "Je prétends ne pas souffrir de la malédiction qu'est une imagination surchauffée, débordante, effrénée."
Disons plutôt qu’elle sait faire taire son imagination." Des épidémies, j'en étais convaincue, étaient fréquemment annoncées par un de ces lugubres vents d'est qui vous coupent la respiration: long sanglot douloureux, lamentation sans fin."
"Pas le moins du monde aventureuse." Pourtant elle part à Londres, seule, puis pour la Belgique, seule encore (il semble qu’elle pouvait voyager seule à cette époque, puisqu'anglaise). Cela se fait sur des impulsions soudaines.

Lucy n'a guère d'atouts en apparence, elle semble froide, raisonnable, pourtant, elle est énergique, lutte contre sa timidité, la passion couve chaudement en elle, même si bridée, jamais elle ne se raconte d'histoires, dans sa lucidité. L'évolution de ses sentiments est finement conduite par Charlotte Brontë.

Charlotte Brontë, fille de pasteurs, n'hésitant pas à utiliser dans son roman des images prises dans les histoires bibliques. Comment l'ignorer aussi, avec cette Lucy protestante en ce milieu catholique, droite dans ses bottes, inébranlable. " Bien peu d'entre nous savent ce qu'ils deviendront un jour, mais si je tablais sur tout ce qui m'était arrivé jusqu'ici, j'avais tout lieu d'espérer vivre et mourir en protestante raisonnable: il y avait dans la "sainte Église" une sorte de perfidie cachée sous des fleurs, qui ne m'attirait que fort peu." Même si elle reconnaît l'authenticité de la foi du catholique M. Paul.

Quant à l'écriture de ce long roman touffu, elle est bien sûr impeccable, pas lourde du tout, non dénuée d'humour, tout en laissant parfois transparaître des ambiances mystérieuses et exaltées. Romantique?

Merci à Archipoche et Léa A de LP Conseils.

OK, j'ai lu ce pavé avant le lancement du challenge Pavé de l'été chez Brize, mais il semble que ça puisse passer.

mercredi 26 juin 2013

Le placard

Le placard
Kim Un-Su
Ginkgo éditeur
Traduit du coréen par Choï Kyungran et Pierre Bisiou



Le narrateur travaille dans un Institut de Séoul, enfin, quand on dit travaille, précisons : il n'a pas grand chose à faire, et s'ennuie mortellement. Jusqu'au jour où il se souvient qu'il est officiellement Assistant du Responsable de la Sécurité des placards d'archives, et découvre qu'un seul, le numéro 13, est muni d'un cadenas. Qu'il lui faut bien sûr ouvrir! Il y découvre des dossiers sur des "symptomatiques", à savoir des personnes souffrant de divers désordres ou mutations, précurseurs d'un homme futur, d'une nouvelle espèce? Ou fruit d'expériences?

La majeure partie du roman présente une grande variété de cas, de l'homme voulant devenir un chat, à ceux se nourrissant de verre, acier, papier, pétrole, ..., en passant par celui voyant un ginkgo pousser au bout de son doigt, des sauteurs de temps ou de torporers. L'imagination de l'auteur n'a guère de limites, et son style vivant doté d'un humour subtil fait passer ces histoires incroyables.

Parallèlement, la vie continue, avec ses collègues et supérieurs hiérarchiques, jusqu'au jour où son responsable direct tombe malade et désire lui léguer ce placard numéro 13. Une mystérieuse entreprise s'attaque alors au narrateur, pensant qu'il détient un document important. Là on bascule dans des scènes à vous donner le frisson.

Bizarre, bizarre, n'est-ce pas? L'absurde règne dans ce roman, qui se lit quasiment d'une traite, même si parfois on désirerait ne plus découvrir de nouveaux cas de symptomatiques. Mais c'est tellement bien raconté qu'on marche sans réfléchir! Tout de même, ce roman inclassable - qui n'oublie pas de présenter une société coréenne réelle et crédible- laisse une impression de malaise inquiétant. Une découverte!

Les avis de Mark et Marcel,

Un grand merci à  Marine D. des éditions Ginkgo

lundi 24 juin 2013

La paupière du jour

La paupière du jour
Myriam Chirousse
Buchet-Chastel, 2013





Miel et vin, un précédent roman historique aux allures de conte enchanté, de superbes traductions de Rosa Montero, l'écriture de vraies histoires remplies de personnages à plusieurs facettes, des intrigues bien nouées, une bonne documentation, voilà pour moi Myriam Chirousse, et pour ces raisons j'ai démarré ce nouveau roman avec plaisir.

L'histoire :
Pourquoi Cendrine Gerfaut vient-elle, à l'approche de l'hiver, recenser des espèces végétales dans un village perdu dans les montagnes du sud-est de la France? Près de vingt ans auparavant, son fiancé a été abattu par Benjamin Lucas, et celui-ci, originaire du petit village, vient de sortir de prison et Cendrine est bien décidée à se venger.
Mais le village cache bien des secrets, des haines tenaces et rancies. La curiosité de Cendrine n'est pas toujours bienvenue, sa couverture de biologiste est bien fragile. Au fil de ses excursions en montagne, elle fait connaissance de personnages hauts en couleur ou marqués par la vie. En particulier Hugo, à qui elle n'est pas indifférente.

Mes impressions :
Une lecture facile, trop facile peut-être, même si l'écriture n'est pas simpliste, et je me suis surprise assez rapidement à lire des passages en diagonale, ce qui n'a pas gêné ma compréhension de l'intrigue. Même l'inattendu était attendu. Ce village de Barjouls semblait attirer tous les cas de figure (un corbeau, un assassin, un violeur, un fada surveillant les pierres, un écolo attendant la fin du monde du 21 décembre 2012, des chasseurs beaufs, des marginaux, etc...). Pour achever de convaincre de la dureté de mon cœur, j'avouerai que je suis restée longtemps à l'écart des malheurs de Cendrine et des autres, indifférente à la nature et aux situations stressantes. En revanche les chatons m'ont fait craquer. Je songe à consulter.

Cependant les extraits du journal de Hugo ont fait mouche, je les ai dévorés, regrettant que tout le roman ne m'emballe pas ainsi. Et puis quand même, en gros le dernier tiers, l'amitié entre Sandrine et Charlotte, le pardon de Madame Guillaumin, ça a fait tilt, c'était très beau, j'étais touchée.

Le titre est une citation d'Omar Khayyâm,
"La nuit n'est peut-être que la paupière du jour."

En conclusion : les trois blogs cités ci-dessous ont vraiment aimé ce roman, alors à chacun de se faire une idée. Je signale aussi que je n'ai pas aimé Les déferlantes et plein d'autres romans français contemporains, donc mon avis sur La paupière du jour est tout à fait personnel et pas forcément fiable.

Les avis de A bride abattue, Isa, Koryfée,
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vendredi 21 juin 2013

Pause

Pause
The winter of our disconnect
Susan Maushart
NiL, 2013
Traduit parPierre Reignier


Pas de panique, Pause est le titre de ce bouquin épatant qu'il vous faut lire toutes affaires cessantes, tous écrans éteints (je me tâte pour savoir si une liseuse est autorisée, disons que oui)...


Nous avons donc une maman américaine vivant en Australie avec ses trois ados de quatorze, quinze et dix-huit ans, tous accros aux médias, qui décide de passer six mois en "désert numérique". Les jeunes poursuivant leurs études, cette interdiction ne tient que pour la maison, mais c'est déjà lourd, quand on apprend à quel point ils sont attachés à leurs écrans. D'ailleurs l'expérience démarre avec quinze jours sans électricité. Carrément, histoire de bien engager le processus.
"C'est décidé  : le lave-vaisselle est un appareil largement surestimé. Il ne fait pas vraiment gagner de temps. Il sert plutôt à remettre à plus tard. Sa fonction est aux trois-quarts esthétique : il fait disparaître la vaisselle sale. Une cuisine plongée dans le noir en fait autant."

Ecouter des CD et la radio était autorisé, mais pas iPod ou lecteur MP3.
"Et nos téléphones?! demanda-t-il [le fils]. Je vis mes trois enfants devenir livides et tourner vers moi des yeux caves et implorants. L'atmosphère passa en deux secondes de Norman Rockwell à Edward Munch."
La mère (qui appelle son iPhone iNès et dort avec) , fut stricte : pas d'iPhone, mais accepta les petits portables basiques et le filaire à la maison.
Avec des conséquences parfois prévisibles
"Beaucoup de gens m'ont demandé s'il y a eu un moment, au cours de l'Expérience, où j'ai eu la tentation de tout arrêter. Exception faite du 25 avril, le jour où j'ai reçu une note de téléphone de mille cent vingt-trois dollars et des poussières, je peux sincèrement répondre que non, jamais cette idée ne m'est venue à l'esprit."

Mais foin d'anecdotes drôles et parlantes, ce livre va plus loin.

Susan Maushart est docteur en sociologie des médias, rien que ça, et ne se borne donc pas à raconter au jour le jour comment s'est déroulée ce qu’elle nomme l'Expérience. Au bout de six mois, d'ailleurs, chacun a retrouvé ses écrans, car dit-elle, même Thoreau a quitté Walden (!). L'un des charmes de ce livre est d'ailleurs la façon dont Susan Maushart utilise les citations de Walden.
"Nous nous hâtons beaucoup de construire un télégraphe magnétique du Maine au Texas. Mais il se peut que le Maine et le Texas n'aient rien d'important à se communiquer." Et avec Twitter et autres?

Pour écrire ce livre, en plus de son journal de bord, elle a lu pas mal de documents, qu'elle partage avec nous, quitte à nous faire ouvrir grands les yeux. Parents, enseignants, vous connaissez déjà les méfaits de la télévision, mais tous les gadgets modernes n'arrangent rien à la situation. Contrairement à ce que certains veulent nous faire croire, le multitâches n'existe pas. Le cerveau bascule (vite, éventuellement) d'une tâche à l'autre. Quant à savoir si cela améliore l'exécution desdites tâches, pas sûr... J'ai appris avec plaisir que le cerveau des aînés travaille mieux et plus vite que ceux des plus jeunes!(si, si, il y a eu des études menées)
Ce livre est donc follement intéressant et bien documenté, les données sérieuses étant étayées par les exemples tirés de l'Expérience.

Je vous laisse découvrir comment se sont passés ces six mois (vous ne vous en doutez pas un peu?) et les leçons qui en ont été tirées. Sachez que tous ont survécu, ont appris à se divertir , se sont trouvés les uns les autres, ont passé du temps ensemble. Avec en bonus un changement radical et inattendu dans la vie de Susan Maushart, sans rapport avec la technologie.

Cuné et cathulu, tentatrices associées.
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mercredi 19 juin 2013

L'ange d'Ayala

L'ange d'Ayala
Ayala's Angel (1881)
Anthony Trollope
L'Herne, 2013
Traduit par Béatrice Vierne


Ma foi, est-il besoin d'en dire beaucoup? Les amateurs de pavés victoriens (dont je suis) seront comblés dans leurs attentes.

Dès le premier paragraphe, on est dans l'histoire:
"A sa mort, Egbert Dormer laissa ses deux filles seules au monde, sans un sou vaillant, et il faut bien dire que c'est exactement ce à quoi on aurait pu s'attendre de sa part. L'une et l'autre étaient jolies, mais Lucy, âgée de vingt et un ans, passait pour une jeune personne simple et relativement peu attirante, alors qu'Ayala -comme le laissait présager son nom quelque peu romantique- avait la réputation de se distinguer par son charme poétique et son goût du romanesque. Elle avait dix-neuf ans lorsqu'elle perdit son père."

Pas question que fin 19ème siècle deux jeunes anglaises de la bonne société et non mariées restent seules, alors Lucy résidera chez un oncle peu fortuné, l'autre chez une tante au mari riche à millions. Si Lucy possède déjà un amoureux sérieux, même s'il faudra bien sûr quelques centaines de pages pour que le mariage ait lieu, Ayala, elle, attend carrément un Ange de Lumière, le prétendant parfait, et en dépit de trois, oui trois, amoureux déclarés, elle fera bien attendre celui qu’elle finira par choisir...

A lire ce roman épatant, rondement mené,on ne s'ennuie évidemment pas, et même l'on s'amuse beaucoup. Lycy et Ayala sont les nièces de Sir Thomas, doté d'un gendre décidé à s'incruster chez son beau-père en dépit de la dot confortable de son épouse Augusta (une jolie chipie par ailleurs), et d'une autre fille, Gertrude, résolue à se marier à tout prix avec le premier désargenté venu.

Les dialogues sont alertes, les remarques font mouche et vont plus profond qu'il ne semble au premier abord.
"Moi, si je ne me marie pas, je ne pourrai jamais rien être. Il me sera impossible de voler de mes propres ailes, si l'on peut dire. Je n'ai pas d'autre moyen de me signaler à l'attention du monde. Toi, tu es un homme."

Bref, pas poussiéreux du tout, et j'ai aimé la complicité souriante de l'auteur avec son lecteur.
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lundi 17 juin 2013

Les Apparences

Les Apparences
Gillian Flynn
Sonatine, 2012
Traduit par Héloïse Esquié



Un couple américain, encore un, dans la trentaine bien entamée, qui arrive au cinquième anniversaire de leur mariage. Mais bien des choses ont changé depuis leur rencontre! Sentimentalement, déjà. L'autre n'est pas du tout comme on l'imaginait ou comme il était au début. Amy s'épanche dans son journal intime, voulant y croire, déployant des efforts. Nick s'est bien éloigné, et il a des choses à cacher. Financièrement, ensuite. Amy était la fille riche de parents riches, mais ce n'est plus trop le cas. Nick, journaliste à New York, a été licencié, car à cause d'internet les journaux papier ont du mal à survivre, et les deux doivent revenir dans le Missouri natal de Nick, où, dans une petite ville frappée par la crise, Nick et sa sœur s'occupent d'un bar.

En ce jour anniversaire du mariage, Amy disparait de la maison. Traces de lutte, traces de sang. Évidemment le premier soupçonné est le mari, rien d'original là-dedans. Nick, le second narrateur du roman, ce qui permet au lecteur de découvrir les incompréhensions dans le couple, se déclare innocent, tente de se défendre et de découvrir les indices du traditionnel jeu de piste laissé par sa femme, comme à chaque anniversaire.

Bon, ça c'est la première partie.
Ami lecteur, vous allez avoir du mal à lâcher ce roman.

Voilà un thriller (mais pas que) magistralement composé, où chaque détail va compter, posant sur le couple un regard d'une ironie mordante. Quant à la fin, elle laisse estomaqué. Impossible d'en dire plus. Lisez-le. En bonus, la vision comme si on y était du monde des médias, paparazzis, avocats, à chacun de savoir les utiliser...

Les avis de Stephie, chez babelio, canel, brize, yspaddaden, a propos de livres

Challenge Polars et Thrillers chez liliba

vendredi 14 juin 2013

Une famille heureuse

Une famille heureuse
We only know so much
Elisabeth Crane
Phébus, 2013
Traduit par Bruno Boudard







Une citation (p 35)

"Résumé : fille caractérielle, père je-sais-tout, fils gentil et normal, quoiqu'un peu bizarre, maman au-potentiel-non-encore-exploité/ayant-une-aventure, arrière-grand-mère vacharde, papy qui perd la boule. Nous savons à présent d'où nous partons."

Pour cette histoire de famille en mode caustique, Elisabeth Crane est en fait partie de plusieurs nouvelles vivant leur propre vie jusqu'à devenir un roman. Le produit fini peut décontenancer avec son narrateur (intervenant comme "nous") déclarant parfois ne pas tout savoir, et l'impression finale d'une non fin, même si bien sûr quelques événements se sont déroulés entre temps. Des pistes sont proposées au lecteur pour savoir ce qui suivra vraisemblablement.

"Le thème général du livre est l'incapacité de cette famille à communiquer." Il existe en effet des passages plutôt inquiétants où la mère se confie au petit Otis de neuf ans, qui ne comprend rien et on a peur pour lui. Gordon, le père, et son usage(hilarant) des tests de F**k rappellera à certains des souvenirs. Priscilla est souvent pathétique mais si drôle, ne désirant que travailler à la télévision et fréquenter des vedettes, mais quand elle réalise la vacuité de sa vie, sa réaction est positive. L'histoire d'Otis et Caterina (dix-huit ans à eux deux) est très mignonne (mais la famille de Caterina est quelque peu détonnante).

Pas de suspense ou de grands événements surprenants, pas de fin où tout s'explique, mais un roman dont on tourne les pages avec plaisir, grâce à l'ironie douce d'Elisabeth Crane.

Masse critique chez Babelio

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mercredi 12 juin 2013

La mort et la belle vie

La mort et la belle vie
Richard Hugo
10/18, 1999


Début de la quatrième de couverture, qui répondra à la question "pourquoi cette lecture?":
"Maître en écriture de Crumley, Kittredge et Welch, Richard Hugo, qui fut avant tout poète, est considéré comme le fondateur de l'école littéraire de Missoula dans le Montana. Avec cet unique roman, il a souhaité rendre hommage aux maîtres du genre -Hammett, Chandler et Macdonald- à sa façon, avec un personnage de flic au grand cœur, hors du commun lui aussi."

Pour mettre la main sur cette pépite, fort heureusement présente à la bibli -mais en magasin- il a fallu que deux bibliothécaires s'y collent, car la bestiole s'était un peu trop camouflée parmi les œuvres de Victor Hugo. Ma réputation d'enquiquineuse en sort grandie.

Et le roman, alors? Sans problème, dans la catégorie "ne se lâche pas".

Al Barnes est flic et poète, il a quitté Seattle pour la tranquillité (supposée?) d'un bled paumé du Montana, où rode la tueuse à la hache. Mais son dernier crime peut-il lui être attribué? La police en doute, et voilà Al parti dans l'Oregon, à Portland, pour mener l'enquête et se retrouver à démêler les fils d'un autre rime commis près de vingt ans auparavant.

Al, surnommé Barnes la Tendresse à Seattle, ayant entre autres "établi un nouveau record en matière d'absences de contraventions pour excès de vitesse", est un bon policier qui ne lâche rien, mais il a ses faiblesses et en a conscience. En tant que narrateur de l'histoire, son humour et son auto dérision font mouche.
L'enquête en elle-même tient bien la route, avec moult rebondissements et un final inattendu qui peut laisser perplexe.
Lecture hautement recommandable!

Les avis de Jérôme, sarawastibus, et recommandé par lionel, un visiteur du blog.
challenge Polars thrillers de Liliba

lundi 10 juin 2013

Don Quichotte

L'ingénieux hidalgo Don Quichotte de la Manche
Miguel de Cervantes Saavedra
Garnier Frères, 1961 (pépite trouvée à la bourse aux livres)(en version reliée et solide)
Paru en 1605
Traduction de Viardot (1836)



Comme chacun sait, Don Quichotte vivait tranquillement dans son village de la Manche jusqu'à ce que, la cervelle échauffée par la multitude de romans de chevalerie qu'il possède et lit, il s'imagine lui-même en chevalier errant destiné à guerroyer, sauver les femmes en danger et prêter son bras armé au faible. Il lui faut une dame à qui penser: Dulcinée, villageoise à qui il n'a jamais parlé, fera l'affaire. Il réussit à convaincre un paysan du coin, Sancho Panza, de lui servir d'écuyer, lui promettant le gouvernement d'une île quand leurs exploits les auront rendus riches et célèbres, et hop, les voilà partis sur les routes, chevauchant l'haridelle Rossinante pour Don Quichotte, et un âne pour Sancho.

Don Quichotte possède une imagination fertile qui le conduit à prendre des moulins pour une armée, c'est connu, et cet épisode survient dans les premiers chapitres, mais ensuite tout lui est occasion de se tromper. Mis le nez sur son erreur, il attribue tout à des enchantements.
Sancho, lui, le suit peu ou prou dans ses délires...

Dans cette première partie (et je m'oblige à ne pas relire la seconde pour garder l'esprit libre), Don Quichotte ne voyage finalement pas à plus de trois ou quatre journées de cheval de son village. Du temps se passe dans un endroit sauvage et écarté, ou une hôtellerie, lieux où curieusement se retrouvent tous les protagonistes s'ajoutant à l'histoire au fur et à mesure. Car les aventures du pauvre hidalgo peuvent sembler répétitives : une idée lui vient en tête, il fonce, le sang coule, c'est violent en général, ensuite jamais il ne réalise sa folie, il a toujours une explication logique pour lui, ce au grand étonnement des assistants, qui pour la plupart rient de lui, reconnaissant vite qu'il ne "perdait les étriers" et que sa "cervelle avait un faux pli"seulement sur le chapitre de la chevalerie, restant logique et intelligent pour le reste.[ les expressions citées sont dans le texte!]

Les aventures de notre chevalier errant sont entrecoupées d'histoires fort bien contées, en règle générale histoires d'amour difficiles ou contrariées, donnant à penser qu'il s'agit de digressions, mais Cervantès s'amuse bien à relier tous les fils à la fin. On trouve aussi une sorte de nouvelle, où un mari aimé et heureux se met en tête de faire courtiser son épouse par son meilleur ami, histoire de vérifier si la belle est fidèle. Dans toutes ces histoires d'ailleurs amoureux hommes comme femmes tombent souvent en pâmoison ou folie, ou carrément meurent d'amour...

Mais ce qui m'a bien plu, c'est que Cervantès n'oublie pas son lecteur (ne surtout pas rater sa préface), critique les romans de chevalerie tout en les parodiant, et intervient sans crier gare au détour d'une page. Par exemple quand les amis de Don Quichotte veulent brûler ses livres, l'un est sauvé, écrit par un certain Miguel de Cervantès, qui a droit derechef à une critique de ses écrits.

Fin chapitre 8, patatras!Don Quichotte et un Biscayen s'élancent l'un vers l'autre l'épée au poing, les spectateurs tremblent et prient, et zut alors, pas de suite trouvée pour ces aventures. Mais, chance! "me trouvant un jour à Tolède, dans la rue d'Alcana, je vis un jeune garçon qui venait vendre à un marchand de soieries de vieux cahiers de papier. ". Ces cahiers sont écrits en arabe et content l'Histoire de don Quichotte de la Manche, écrite par Cid Hamed Ben-Engeli, historien arabe." Dans le premier cahier justement se trouvait l'histoire de Don Quichotte et du Biscayen, "tous deux dans la posture où l'histoire les avait laissés."
Fin donc de l'arrêt sur image, l'histoire continue...

De nombreux proverbes ou considérations de bon sens émaillent les discours, souvent le fait de Sancho Panza aux savoureuses argumentations. Sa nièce dit aussi:"Ne vaudrait-il pas mieux rester pacifiquement dans sa maison que d'aller par le monde chercher du meilleur pain que celui de froment, sans considérer que bien des gens vont quérir de la laine qui reviennent tondus?"

Tout du long de cette relecture, je constatais à nouveau à quel point Cervantès est plutôt moderne, tout en usant d'une langue recherchée ou triviale parfois, coulant vraiment très aisément. A girl from earth (son billet), ma complice de lecture commune semble avoir eu les mêmes impressions, non? Maintenant, droit sur la seconde partie, dans quelque temps, histoire comme Don Quichotte de nous remettre de nos émotions.

Le billet de cryssilda qui peu ou prou a remis ce Don Quichotte sur notre chemin de lecture.


Musée de l'Ermitage, Saint Petersbourg, Picasso

samedi 8 juin 2013

5

Oui, cinq ans.

Plusieurs blogueuses (cristie, insatiable blogueuse, cuné, A girl, Cachou, j'en oublie? ...) ont pensé à moi (en dépit du fait que je n'aime guère les tags) pour un Liebster Award dans les semaines précédentes, alors j'en profite pour répondre - à ma sauce.

D'abord, 11 révélations (!)

1 )  J'ai ouvert un blog le 8 juin 2008, c'était un dimanche. L'idée tournait dans ma tête depuis quelques semaines, et je visitais en douce quelques blogs, dont deux qui existent toujours. J'étais aussi inscrite à des forums, délaissés depuis  faute de temps.

2 ) Le 24 juin 2012, j'ai quitté la plateforme overblog pour celle-ci, blogspot, qui, mis à part les commentaires anonymes en anglais ou polono-serbo-croate, me convient bien.
J'essaie de rapatrier les anciens billets, en les laissant à la date initiale, ce qui évite d'affoler les agrégateurs de flux. Un jour j'aurai terminé.

3 ) Je me tiens en ce moment à trois billets par semaine, avec quelques uns tout prêts en brouillon.
 "Mais comment faites-vous pour lire autant? " D'abord, d'autres aussi lisent beaucoup. Disons que je lis vite, n'ai pas à m'occuper d'enfants en bas âge, et ne possède pas la télévision (je coche avec délectation la case idoine sur ma déclaration d'impôts). Des mauvaises langues pourraient suggérer que c'est mon chat qui lit, mais c'est faux, déjà que la pauvre bête corrige mes copies...

4 ) Bien évidemment j'ai toujours ou presque un livre avec moi (y compris au travail, pour un moment perdu), destiné aux attentes à la Poste, chez le médecin, etc... Ah oui, et même quand je vais en bibliothèque ou en librairie, j'ai souvent un livre sous le coude. Inquiétant?

5 ) J'essaie de ne pas trop acheter ou emprunter de nouveaux livres. Pas gagné.
Merci Cuné
6 ) Je suis inscrite à deux médiathèques. Sans commentaires. Dans l'une, on m'a repérée, et je suis autorisée à emprunter plus que le quota (si en plus on m'encourage...). Je leur fais acheter les livres qui m'intéressent, et j'adore arriver et entendre "ah, il y a un livre pour vous". Je me sens une star, moi aussi, what else?

7 ) En cinq ans j'ai eu la joie de rencontrer des blogueurs et des blogueuses, de me rendre à des salons du livre, et tout ça, c'est vraiment chouette, car bloguer en solitaire, pas trop mon truc.

8 ) J'habite chez un chat sociopathe. Qui me fait rire, c'est excellent dit-on.
C'est la couette que j'préfère
9 ) Depuis longtemps je suis fan d'opéra, et moi qui m'endors vers 21 h 30, suis capable de tenir trois heures d'affilée le soir à écouter une dame aux derniers stades de la tuberculose crier sa passion. Violetta, si tu me lis... Parfois il s'agit de trucs grandioses et baroques. Mais une mise en scène inventive fait tout passer!

Je suis une fidèle d'un opéra près de chez moi, théâtre "à l'italienne" de la fin du 19ème avec ses avantages acoustiques et les désavantages des places de côté. Une programmation à la fois classique et novatrice qui fait le bonheur des mélomanes, remplit la salle, le tout pour un prix raisonnable. Chef d'orchestre et chœurs sont sans reproche et le metteur en scène habituel est parfait.
Parfois c'est plus loin, à Versailles par exemple. (Je pourrais préparer un guide des opéras de France, avec étoiles ou pas)
Opéra de Versailles, photo prise de ma place


théorbe


10 ) Pour ceux qui sont toujours là :
Ma région, en plus du vin (avec modération, toujours) et du fromage de chèvre, offre bon nombre d'ensembles baroques, et, devinez quoi, c'est aussi occasion de sillonner ladite région.












11 ) Je n'aime pas le jazz, mais je me soigne.
Youn Sun Nah et Ulf Wakenius

Cachou m'a fait l'honneur et le plaisir de concocter des questions juste pour moi, alors je vais y répondre (les autres, je vous aime aussi, mais je ne peux allonger trop ce billet roman)

1) Quel est l'objet qui te caractérise le plus (que tu portes le plus, dont tu prends le plus soin, autre)(interdiction de répondre "livre")(ou "ordinateur")(oui, je suis dure)?
Réfléchissons. Que je porte le plus, à part montre et lunettes? Mes boucles d'oreille? Mais ça ne caractérise pas? Un coussin pour atténuer la dureté des sièges? Oui, voilà, c'est ça!

2) Tu es chez des amis, qui ont une bibliothèque bien fournie mais, catastrophe, les livres sont "mal" rangés, certains sont même tordus ou ont la couverture pliée parce qu'ils sont mal mis. La bibliothèque est dans la pièce dans laquelle vous allez passer la soirée, tu auras donc sous les yeux ces pauvres livres torturés pendant de longues heures. Que fais-tu?
Solution polie : je m'assieds dans un endroit où je leur tourne le dos (mais ne peux m'empêcher d'y penser)
Solution plus vraisemblable "Oh vous avez plein de livres, je peux jeter un coup d’œil?" et hop, en douce, je les soigne.


3) Tu as été tellement gentille que l'amicale des musées du monde entier (si si, ça existe) décide de t'accorder le droit d'avoir le tableau (ou la sculpture, c'est selon) de ton choix chez toi jusqu'à ta mort (après, il retournera au musée). Lequel choisis-tu?
La fuite en Égypte, le tout petit Rembrandt du musée des Beaux Arts de Tours.

4) Quel est l'aliment que tu détestes le plus? Pourquoi?
Les olives, parce que beurk et frissons. Bon, d'un autre côté, c'est rare qu'on serve un plat d'olives, donc dans la vie courante ça se passe bien.

5) Si tu voulais donner le goût de lire à un mathématicien hermétique à la lecture, que lui conseillerais-tu comme roman (oui, les essais sont exclus)?
 Tiens tiens, la BD Logicomix.


6) Tu as participé (sans le savoir) à un concours et tu as le droit de remporter gratuitement l’œuvre entière d'un auteur. Lequel choisis-tu?
Danièle Steel. Comme ça, ma maman a de quoi lire pour des mois et des mois (et ce sont ses étagères à elle qui craqueront)

7) Quel est le pire essai que tu aies eu l'occasion de lire? Et le pire roman? (non, c'est une seule question, pourquoi dis-tu cela?)
 Joker, pour ne pas me faire lyncher par ceux qui placent ce roman ou essai au dessus de tout.


8) Si tu ne devais plus lire que les livres d'un seul éditeur (grand format, choisir une édition poche serait trop facile...), lequel choisirais-tu? (oui, j'aime bien les choix cornéliens)
Gallimard, à cause de la Pléiade. Et ne pas dire que ce sont des "poche"... 1500 pages et 70 euros, on ne joue plus dans la même catégorie, là.

9) Quel est le livre dont tu meurs d'envie de voir l'adaptation au cinéma? Si tu as une idée de la chose, grâce à l'imaginaire de quel réalisateur?
Les images dans ma tête en cours de lecture suffisent. 

10) Et quelle est la meilleure adaptation de roman (nouvelle ou autre) que tu aies pu voir?
 Orgueil et Préjugés, adaptation BBC 1995.Pas duuuuuu tout à cause de Colin Firth, mais parce qu'en 5 heures, au moins, on ne perd rien du roman.

11) Quel est le billet de ton blog qui t'as donné le plus de satisfaction?
Sûrement pas celui-ci.

Et une question spécial "bloganniversaire" (parce que bon, l'événement le mérite):
11) Si on te dis "je suis allé(e) dans le futur et j'ai vu que ton blog avait fêté ses 10 ans", tu en penses quoi?
C'est possible, mais pas forcément sans aucun changement. Ah si, peut être aurai-je terminé à ce moment là de rapatrier tous mes billets d'overblog? Et rencontré plein de blogueurs en vrai?

mercredi 5 juin 2013

Jack Rosenblum rêve en anglais / Le manoir de Tyneford

Jack Rosenblum rêve en anglais
Mr Rosenblum's list
Natasha Solomons
calmann-lévy, 2011
Traduit par Nathalie Peronny



Partis de Berlin en 1937, Jack, Sadie et leur fille Élisabeth se sont installés à Londres, où la fabrique de tapis de Jack devient florissante. Jack complète la liste des choses à accomplir pour devenir vraiment anglais (même si son accent allemand est toujours là), et son rêve est d'appartenir à un club de golf. Hélas il est refusé de partout. Sa solution : installé à la campagne, il décide d'en avoir un dans son jardin, et s'attèle à la tâche, sous l’œil mi-goguenard mi-intéressé des autochtones... Tout sera-t-il prêt pour le couronnement de la reine, en juin 1953?

Sa fille est étudiante à Cambridge et devient de plus en plus anglaise. Sa femme, elle, est bien souvent dans le passé, particulièrement à Berlin où elle a laissé sa famille (sans doute morte dans les camps). Elle cuisine, y compris sa fameuse Baumtorte,  autrement dite "gâteau pour se souvenir". Jack et Sadie, chacun dans leur monde, s'éloignent l'un de l'autre.

Après bien des péripéties, tout se terminera bien, on s'en doute.

Au fil de la lecture, Jack, assez pathétique et ridicule, a forcé la sympathie par son acharnement à réaliser son rêve. Lui et Sadie évoluent, ainsi que leurs relations avec les villageois. Un brin d'atmosphère féérique ne nuit pas au roman, loin s'en faut, lui apportant un joli petit plus qui a contribué à me plaire. En dépit de quelques longueurs, voilà un roman inspiré de la vie des grands-parents de l'auteur, traitant avec sensibilité de la difficulté de casser ses racines et de s'intégrer dans une autre culture. Le livre de cuisine de Sadie, passant de mère en fille, saura jouer le rôle de remède contre l'oubli. Un brin d'humour avec l'évocation de l'Angleterre de l'époque vue, ou plutôt rêvée et imaginée par Jack...

Sans oublier le fabuleux cochon laineux du Dorset, mais chuuuut!

Plein d'avis chez babelio

Autant lire le deuxième de l'auteur, non?

Le manoir de Tyneford
The novel in the viola
Natasha Solomons
calmann-lévy, 2012


Natasha Solomons s'est cette fois inspirée de sa grand-tante Gabi Landau qui a fui l'Europe en devenant aide-maternelle dans une famille maternelle à la fin des années 30.

Elise Landau appartient à une famille viennoise aisée, père romancier, mère chanteuse à l'opéra. Contrairement à sa soeur Margot qui joue fort bien de l'alto, elle n'a guère de talent musical, mais c'est à elle que son père confie un exemplaire du brouillon de son prochain roman, caché dans un alto, lorsqu'elle part en Angleterre comme femme de chambre dans une belle propriété anglaise sur la côte est.

Si je dis qu’elle va tomber amoureuse du fils de son patron, on aura peur d'une intrigue trop "romantique", mais l'intérêt du roman est ailleurs. Elise a la nostalgie de Vienne, elle souffre de la séparation d'avec ses parents qui attendent un visa, et de sa soeur, émigrée aux Etats-Unis. Les autres domestiques ressentent bien sa différence, car elle n'appartient ni à leur monde ni à celui des patrons.

Un fort joli roman sur la difficulté de l'exil forcé, l'attachement à un nouvel endroit, remarquable pour évoquer en peu de phrases un paysage ou une atmosphère.

Toujours Babelio, et Lou

lundi 3 juin 2013

Petite philosophie du voyage épisode 3

Cette fois merci à Minou, Chinouk, et l'éditeur himself, je possède trois titres de plus! Mais grâce à leur format poche moins de 100 pages mes étagères ne ploieront pas.

Le temps du voyage
Petite causerie sur la nonchalance et les vertus de l'étape
Patrick Manoukian
Transboréal, 2011


 "Je préfère l'étape au parcours et j'aime laisser mes étapes se construire autour de rencontres inattendues que le temps favorise. Mes petites astuces pour y parvenir sont simples : si vous le pouvez, ne laissez pas l'échéance du voyage déterminer vos étapes et ne préparez l'étape suivante que si le désir de quitter la précédente s'impose doucement à vous. Prenez l'habitude de vous asseoir à côté des gens plutôt qu'en face d'eux, faites vôtres certaines de leurs préférences et défendez-les avec eux, apprenez quelques gestes quotidiens à partager en toute complicité, choisissez de vivre des rencontres plutôt que de voir des choses... La nonchalance fera le reste, qui n'est ni un désintérêt, ni une paresse, mais la démarche élégante et naturelle d'un voyageur qui se sait un étranger qui passe."

L'auteur résume bien en fin de livre sa propre philosophie du voyage, avec le sofa comme allégorie de la nonchalance et des vertus de l'étape. Au travers d'exemples bien choisis, il raconte son parcours car il n'a pas toujours privilégié l'importance du temps sur la vitesse. Ses réflexions sont à découvrir en détail, à méditer voire à appliquer (j'aime bien l'idée de s’asseoir à côté de, que l'on peut mettre en pratique quotidiennement). Mon seul bémol, quelques redondances.

Les avis de ChinoukMinou,


Les vertiges de la forêt
Petite déclaration d'amour aux mousses, aux fougères et aux arbres
Rémi Caritey
Transboréal, 2011

"Regarder un arbre, c'est contempler la création du monde."
"Les Chinois expriment l'idée du repos en dessinant l'idéogramme "homme" accolé à celui d'"arbre", et non de "maison" ou de "toit".

A récolter les cônes de sapin ou autres dans les hauteurs de forêts, Rémi Caritey est tout à fait l'homme de la situation pour nous parler de la forêt. Ses pas l'ont aussi conduit au Sénégal et en Côte d'Ivoire.
Dans ce court (trop court?) volume parfois lyrique, un peu scientifique sans lourdeur, il évoque sa passion pour les arbres. L'intérêt ne faiblit pas tellement c'est touffu!
Un bon titre incontournable de cette collection, qui donne envie d'aller s'oxygéner et méditer.

Les avis de Minou, Chinouk,Flo,

Surprise surprise, pour terminer : juste avant de rencontrer David Lefevre au salon du livre de Châteauroux, je reçois l'un des derniers nés de la collection,  écrit justement par ce même David Lefevre. Bien sûr je l'ai lu rapidement, et nous en avons parlé. J'ai aussi acheté ses deux bouquins sur la Patagonie et sa vie là-bas en cabane...

La vie en cabane
Petit discours sur la frugalité et le retour à l'essentiel
David Lefevre
Transboréal, 2013


Dès les premières pages j'ai réalisé avec satisfaction que cela ne ferait pas doublon avec les deux gros livres plus axés sur la Patagonie, l'esprit de la collection étant plutôt celui d'essais sur un thème donné.  Avant la Patagonie, le chemin de l'auteur a rencontré diverses "cabanes" dans des coins variés du monde. Yourtes, tentes, tipis, ..., elles sont censées ne laisser aucun dommage ou aucune cicatrice sur la terre, étant écologiques au sens contemporain du terme. Pour l’écrivain, ce fut un espace de paix et de concentration. Mais gare aux dangers de l'isolement, il ne s'agit pas de vivre toujours en ermite. Ce peut n'être qu'une étape.

La cabane pointe son nez là où on ne l'imaginait plus, à Notre-Dame-des-Landes (après le Larzac). Mais gare, chez nous il existe des lois, on ne s'installe pas n'importe où en cabane, la société demande domicile fixe et inscription au cadastre, certains sont priés de s'installer ailleurs que sur les rives de la Loire (exemple récent).
Même si cela ne se termine pas toujours par une "mise en cabane"...

Tiens, dernières nouvelles ici  , coïncidence!

Pas mal de jours après ma lecture, je voulais la résumer en gros, même rapidement. Un bon petit volume de cette collection...

Voilà, il me reste à lire les deux gros livres de l'auteur (un jour, un jour...) et à remercier l'éditeur pour son envoi inattendu mais fort bienvenu!