TV Lobotomie
La vérité scientifique sur les effets de la télévision
Michel Desmurget
Max Milo, 2011
La quatrième de couverture paraît tellement incroyable, biaisée,
exagérée, brutale en un mot, que, bien qu'elle soit vraiment un bon
résumé du contenu de TV Lobotomie, je l'ai reléguée en fin de
billet.
Au cours de ma lecture, j'étais complètement abasourdie, incrédule
puis convaincue, effarée, révoltée, retournée et effondrée...
Un chercheur qui démonte les mécanismes du cerveau exposé à l'influence de la télévision,
que j'ai aperçu par hasard sur la 5 à C à vous, donc à la télévision.
Un
comble quand on découvre le contenu de son essai. Mais il a
parfaitement raison de tirer parti des avantages de l'adversaire! Je
l'ai ensuite rencontré au salon de Chateauroux et lui ai fait
confiance.
Que regarder la télévision à haute dose soit nuisible pour nos chers
petits, on s'en doutait un peu, mais à ce point là, je n'imaginais pas.
Même les émissions dites "pour enfants" ne leur
apportent rien, faute d'interactivité. Le livre expose les dégats en
matière de santé et comportements violents, mais là où je suis restée
pantoise, c'est en ce qui concerne les d'atteintes au
plein développement des gamins. En tant qu'enseignante, je croyais
naïvement que seule l'heure tardive du coucher à cause de la télévision
me donnait des élèves endormis ou excités le lendemain
matin, mais c'est bien plus profond que cela!
Au lieu de parler abondamment du contenu très riche du livre, je préfère inciter à le découvrir.
Sa lecture réclame un peu d'attention, mais elle est passionnante tout du long, grâce au
contenu bien sûr, et à son écriture roborative, certes, mais aussi alerte et non dénuée d'humour.
L'auteur ne se contente évidemment pas d'assertions "la télé c'est le
Mal", mais
il les étaie par des chiffres, des références à des expérimentations
et études au cours des décennies précédentes. Notons d'ailleurs
l'inventivité des scientifiques en la matière. L'une de mes
préférées est l'étude de trois bourgades canadiennes, l'une sans
télé (pas de réception à l'époque), les autres avec une ou plusieurs
chaînes; il s'agit alors de comparer les enfants
(apprentissage de la lecture, agressivité, créativité, loisirs,
etc...), et de recommencer au moment où tous reçoivent la télé, quelque
temps après. Et, oui, les conséquences sont encore plus
désastreuses que ce qu'on devine...
Evidemment chacun connait un gamin nourri à la télévision qui
réussit bien ses études, n'a pas de problèmes de santé ou d'agressivité,
etc... mais ici il s'agit de données statistiques et de
probabilité qu'une situation survienne. L'auteur prend soin de
préciser que les comparaisons se font "toutes choses égales par
ailleurs" et sans être allée lire tous les documents dont il donne
les références, j'ai tendance à croire ses conclusions, même si
c'est effarant.
En conclusion, il laisse ses lecteurs libres de
leur choix, mais conseille fortement le zéro télé pour les
très jeunes enfants (une télé allumée en arièrre plan même non
regardée se révèle nocive)(il explique pourquoi), éventuellement un
temps modéré pour les plus âgés et ados, et surtout pas
dans la chambre à coucher!
A lire absolument.
Présentation de l'éditeur
Sophie, 2 ans, regarde la télé 1 heure par jour. Cela double ses chances de présenter des troubles attentionnels en grandissant.
Lubin, 3 ans, regarde la télé 2 heures par jour. Cela triple ses chances d'être en surpoids.
Kevin, 4 ans, regarde des programmes jeunesse violents comme DragonBall Z. Cela quadruple ses chances de présenter des troubles du comportement quand il
sera à l'école primaire.
Silvia, 7 ans, regarde la télé 1 heure
par jour. Cela augmente de plus d'un tiers ses chances de devenir une
adulte sans diplôme.
Lina, 15 ans, regarde des séries comme Desperate Housewives. Cela triple ses chances de connaître une grossesse précoce non désirée.
Entre 40 et 60 ans, Yves a regardé la
télé 1 heure par jour. Cela augmente d'un tiers ses chances de
développer la maladie d'Alzheimer.
Henri, 60 ans, regarde la télé 4
heures par jour. René, son jumeau, se contente de la moitié. Henri a 2
fois plus de chances de mourir d'un infarctus que
René.
Chaque mois, les revues
scientifiques internationales publient des dizaines de résultats de ce
genre. Pour les spécialistes, dont fait partie l'auteur, il n'y a
plus de doute : la télévision est un fléau. Elle exerce une
influence profondément négative sur le développement intellectuel, les
résultats scolaires, le langage, l'attention, l'imagination,
la créativité, la violence, le sommeil, le tabagisme,
l'alcoolisme, la sexualité, l'image du corps, le comportement
alimentaire, l'obésité et l'espérance de vie.
Ces faits sont niés avec un aplomb
fascinant par l'industrie audiovisuelle et son armée d'experts
complaisants. La stratégie n'est pas nouvelle : les cigarettiers
l'avaient utilisée, en leur temps, pour contester le caractère
cancérigène du tabac...
Biographie de l'auteur
Michel Desmurget est docteur en
neurosciences. Après avoir fréquenté plusieurs grandes universités
américaines (MIT, Emory, UCSF), il est aujourd'hui directeur
de recherche à l'INSERM. Il est l'auteur de Mad in USA (Max Milo, 2008).
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