La force des femmes
Puiser dans la résilience pour réparer le monde
Denis Mukwege
Gallimard, 2021
Traduit par Marie Chuvin et Laetitia Devaux
Né en 1955 dans une famille de l'est du Congo, une zone proche du Rwanda, Burundi et Ouganda, le docteur Denis Mukwege a voulu rester dans son pays (après une formation en France), là où les besoins en gynécologie obstétrique étaient criants. Le taux de mortalité maternelle y est effarant.
"Aujourd'hui seuls deux pays au monde ne prévoient pas une forme de congé payé pour la mère. Il s'agit en premier lieu de la Papouasie Nouvelle Guinée, et des Etats-Unis." Le président actuel a un plan. Mais Noires et Latino-Américaines sont mal loties sur ce plan.
On le constate assez rapidement, le récit de l'auteur, dans sa biographie complète et passionnante, prend de la hauteur et s'intéresse aux femmes en général de part le monde.
Dès les années 90, les conflits dans la région s'étendent et là encore les principales victimes sont les femmes, souvent extrêmement jeunes. Enlèvements, viols, les détails sont écœurants, nécessaires mais pas étalés inutilement. Gynécologue chirurgien, le docteur répare les femmes, physiquement lorsque c'est encore possible, psychiquement mais pas toujours, leur force est immense. On sent sa grande admiration pour ces femmes.
En cherchant les causes (en effet, pourquoi dans cette zone du pays et pas à côté?)
"La carte que nous avons produite, qui superposait les zones avec des taux de viol élevés et les zones d'extraction, montrait de façon frappante le lien entre violences sexuelles et lutte pour le contrôle des minerais, métaux et diamants."
On le sait, le Congo est dit un "scandale géologique", dont profite peu le peuple congolais. Pour ceux qui ignoreraient les grandes lignes de l'histoire congolaise, on retrouve en résumé ce que j'avais lu dans Congo de David van Reybrouk.
Denis Mukwege lutte donc à son niveau pour que ça change, rencontrant des communautés, essayant de faire évoluer certaines mentalités misogynes. Pour cela, il donne quelques idées, particulièrement dans l'éducation des garçons.
Le problème de la violence à l'égard des femmes et des viols de masse lors des conflits ne se limite pas au Congo. Nadia Murad, jeune femme Yézidi, a reçu en 2018 le pris Nobel de la paix, avec le docteur Mukwege.
En conclusion, disons que ce livre est à lire, j'ai été bousculée bien sûr, mais des lueurs d'espoir existent, tant qu'il y aura des gens comme ce docteur et ses collaborateurs au Congo.
Avis babelio,