Marcher droit, tourner en rond
Emmanuel Venet
Verdier, 2016
Si cela continue, il va falloir que je présente mes plus plates excuses aux romans contemporains français accusés par mes services de mille maux; OK, avec Verdier peu de risques, mais peuchère, belle surprise avec ce roman que je qualifierais de jubilatoire en dépit d'un fond plus triste.
Aux funérailles de Marguerite, à cent ans moins une semaine (dommage, pas de repas et fête), son petit-fils commente longuement (en 122 pages) le discours de Madame Vauquelin. Il est de bon ton de ne dire que du bien des gens en ces circonstances, mais là il fait défiler dans sa tête toutes les erreurs et inexactitudes énoncées sur Marguerite. Ce petit-fils est atteint du syndrome d'Asperger, et à quarante-cinq ans est plus ou moins toléré par sa famille, fréquentant d'ailleurs peu de personnes à l'extérieur d'icelle.
"Le syndrome d'Asperger, atypie du développement appartenant au spectre de l'autisme et qui ressemble à l'idée que je me fais du surhomme nietzschéen, me rend asociognosique, c'est-à-dire incapable de me plier à l'arbitraire des conventions sociales et d'admettre le caractère foncièrement relatif de l'honnêteté."
Dans le cadre du roman, voilà donc un héros interpellant le lecteur avec toutes les vérités sur sa famille, et il y en a, des mensonges, des faits tus ou refusés...
Même en ce qui concerne ses relations (ou manque de relations) avec Sophie Lachenal, son unique amour, il ne cache rien, et atteint à une lucidité pathétique.
On le sent seul, peinant à convaincre ses proches de s'intéresser à ses passions:
"J'aime les catastrophes aériennes* parce qu'elles répondent toujours à une logique précise qu'on peut découvrir d'après des indices parfois ténus; et j'aime le scrabble parce qu'il ravale à l'arrière plan la question du sens des mots et permet de faire autant de points avec 'asphyxie' qu'avec 'oxygène'."
*Incroyable coïncidence? Dans le livre que je lis en parallèle, Yaak, Montana, il est aussi fait allusion à la catastrophe des Canaries. Mais tout lecteur connaît ces coïncidences.
L'amour de la vérité et de l'honnêteté du personnage permet de tout dévoiler ou presque de l'histoire familiale (et c'est croquignolet), mais aussi d'aborder du plus sérieux, non?
"On nous serine à plus grande échelle qu'il nous faut à la fois abattre les dictatures et vndre au tyran des armes pour équilibrer notre balance commerciale; produire plus de voitures et diminuer les émissions de gaz d'échappement; supprimer les fonctionnaires et améliorer le service public; restreindre la pêche et manger plus de poisson; préserver les ressources en eau douce et saloper les aquifères au gaz de schiste."
Les avis de Cécile, clara
vendredi 30 septembre 2016
mercredi 28 septembre 2016
Apocalypse bébé
Image : merci Babelio |
Virginie Despentes
Grasset, 2010, Prix Renaudot
Après Vernon Subutex 1 et 2, ça collait bien entre Virginie Despentes et moi, il faut dire qu'on revenait de loin, alors je me suis lancée dans Apocalypse bébé sans trop en savoir.
En dépit de la surveillance de Lucie, demandée par sa famille, Virginie a disparu. Volontairement ou pas. Virginie en a vraiment fait voir à son père, sa grand mère et sa belle mère, qui ne sont pas blanc blanc non plus. La piste la plus probable serait qu'elle ait cherché à contacter sa mère, partie quand sa fille était toute jeune, et qui a refait sa vie à Barcelone.
Lucie et la Hyène (tiens tiens, une vieille connaissance si on a lu Vernon Subutex) se lancent sur la route, après enquête auprès de la famille maternelle, et différents copains, pour terminer par une religieuse des Missionnaires de la charité, pas vraiment Mère Térésa dans l'âme...
Je préviens : ce n'est pas un roman feel good, ni nature writing, ni romantique, c'est brut de décoffrage, râpeux et franco de port. On y appelle un chat un chat, les amoureux ne passent pas leur temps à se regarder les yeux dans les yeux, on passe vite au concret. Parfois, un peu de littérature musclée pas vraiment optimiste, ça vaut le détour. Le chapitre final laisse sur le flanc, je ne l'avais pas vu venir.
Mais ça se lit d'un bloc, sans problèmes. Virginie Despentes n'épargne rien ni personne, ses personnages s'expriment, c'est à prendre ou à laisser. C'est très loin de mon univers habituel, mais ça existe, et je sens que je vais encore en lire un autre, tiens.
"Elle n'est pas faite pour la Catalogne. Impossible, ici de trouver une bonne manucure. En arrivant, elle s'est enthousiasmée pour les coiffeuses, qui savent ce que défriser veut dire. Mais, à la longue, elle voudrait bien trouver un coiffeur qui soit aussi capable de lui faire une coupe décente. Les cours d'abdos-fessiers sont organisés pour le troisième âge. Ce qu'ils appellent Pilates consiste en une gymnastique, comme on devait la pratiquer en France dans les années 80. Au club de sport où Vanessa s'est inscrite, dont on lui a assuré à son arrivée qu'il était un des plus chic d'Espagne, les femmes sont toutes centenaires. Elles ont dû souffrir de graves carences alimentaires, et ne pas trouver de crèmes de beauté pendant longtemps. Pourtant elles ne sont pas rétives à la chirurgie esthétique. Mais à ce stade de décomposition, le seul remède serait la burqa."
Les avis de Tu vas t'abîmer les yeux,
Quand je pense que ce bouquin date de 2010, c'est fortiche, mais dire pourquoi serait divulgâcher.
Je suis tombée sur les articles de journaux parus lors de la sortie du roman, mais purée, certains racontent toute l'histoire!
lundi 26 septembre 2016
Paris-Brest
Paris-Brest
Tanguy Viel
Minuit (poche), 2013
Lors d’une lecture à Chambord de son dernier roman (pas encore paru je crois) où revenait le 'fils Kermeur', j'ai craqué pour 'Paris-Brest' dans lequel il était déjà présent. Encore un peu mystérieux, ce personnage, mais après La disparition de Jim Sullivan et Insoupçonnable, je savais que Tanguy Viel saurait m'entraîner dans son monde...
Plutôt court (moins de 200 pages), ce roman fut idéal pour un voyage en train, pas Paris-Brest, je ne fignole pas à ce point, mais un Paris-Vierzon (précédé d'un aller).
Me voilà bien embêtée au moment de raconter un peu de l'histoire : disons que le narrateur, à 17 ans, est laissé sur place à Brest pour veiller sur sa grand mère richissime (on apprend comment elle l'est devenue), pendant que ses parents doivent s'exiler en Languedoc-Roussillon. Grand mère dont la femme de ménage est justement la mère du 'fils Kermeur', lequel fils fut un 'camarade' de classe du narrateur.
Quelque temps et événements plus tard, le narrateur se retrouve à Paris, écrit une histoire de sa famille, puis revient passer un Noël en famille, et, ma foi, tout se mélange un peu, et je reste un poil là, mais ça n'a pas d'importance parce que si je retrouve le fils Kermeur dans un autre roman ça me va très bien.
En fait tout est dans la façon d'écrire de Tanguy Viel (mention spéciale : il excelle aussi à lire ses romans!), une sorte de parlé/écrit qui déroule une ficelle que le lecteur ne peut que suivre sans résister (s'il résiste, ça casse, à mon avis), avec au détour des phrases de grandes avancées dans l'histoire, des révélations inattendues et souvent coup de poing/respiration coupée, le tout emballé dans un humour très pince sans rire et dixième degré au moins, humour oui mais au final l'histoire est plutôt tragique et terrible.
Une question : mais on n'entend plus parler de Mme Kermeur?
Allez, des passages où deux régions sont évoquées (il n'y aura pas de jaloux, quoi)
"Mais quelqu'un qui vous dit que le Languedoc-Roussillon est une des régions les plus belles de France, moi je n’appelle pas ça un ami."
"D'un côté je voulais faire un roman familial à la française, et cela d'autant plus que tout se passe en Bretagne et pire qu'en Bretagne, dans le Finistère Nord, c'est-à-dire dans la partie la plus hostile, la plus sauvage et la plus rocheuse de Bretagne"...
En parlent Passion des livres, jemelivre, athalie, plaisirs à cultiver, krol, aux bouquins garnis, kathel, qui mènera à d'autres billets..., clara,
Tanguy Viel
Minuit (poche), 2013
Lors d’une lecture à Chambord de son dernier roman (pas encore paru je crois) où revenait le 'fils Kermeur', j'ai craqué pour 'Paris-Brest' dans lequel il était déjà présent. Encore un peu mystérieux, ce personnage, mais après La disparition de Jim Sullivan et Insoupçonnable, je savais que Tanguy Viel saurait m'entraîner dans son monde...
Plutôt court (moins de 200 pages), ce roman fut idéal pour un voyage en train, pas Paris-Brest, je ne fignole pas à ce point, mais un Paris-Vierzon (précédé d'un aller).
Me voilà bien embêtée au moment de raconter un peu de l'histoire : disons que le narrateur, à 17 ans, est laissé sur place à Brest pour veiller sur sa grand mère richissime (on apprend comment elle l'est devenue), pendant que ses parents doivent s'exiler en Languedoc-Roussillon. Grand mère dont la femme de ménage est justement la mère du 'fils Kermeur', lequel fils fut un 'camarade' de classe du narrateur.
Quelque temps et événements plus tard, le narrateur se retrouve à Paris, écrit une histoire de sa famille, puis revient passer un Noël en famille, et, ma foi, tout se mélange un peu, et je reste un poil là, mais ça n'a pas d'importance parce que si je retrouve le fils Kermeur dans un autre roman ça me va très bien.
En fait tout est dans la façon d'écrire de Tanguy Viel (mention spéciale : il excelle aussi à lire ses romans!), une sorte de parlé/écrit qui déroule une ficelle que le lecteur ne peut que suivre sans résister (s'il résiste, ça casse, à mon avis), avec au détour des phrases de grandes avancées dans l'histoire, des révélations inattendues et souvent coup de poing/respiration coupée, le tout emballé dans un humour très pince sans rire et dixième degré au moins, humour oui mais au final l'histoire est plutôt tragique et terrible.
Une question : mais on n'entend plus parler de Mme Kermeur?
Allez, des passages où deux régions sont évoquées (il n'y aura pas de jaloux, quoi)
"Mais quelqu'un qui vous dit que le Languedoc-Roussillon est une des régions les plus belles de France, moi je n’appelle pas ça un ami."
"D'un côté je voulais faire un roman familial à la française, et cela d'autant plus que tout se passe en Bretagne et pire qu'en Bretagne, dans le Finistère Nord, c'est-à-dire dans la partie la plus hostile, la plus sauvage et la plus rocheuse de Bretagne"...
En parlent Passion des livres, jemelivre, athalie, plaisirs à cultiver, krol, aux bouquins garnis, kathel, qui mènera à d'autres billets..., clara,
samedi 24 septembre 2016
14 juillet
14 juillet
Eric Vuillard
Actes sud, 2016
En refermant ce livre, je ne peux que faiblement réaliser le travail de recherche qu'a certainement réalisé l'auteur (et j'aurais bien aimé savoir à la fin dans quelles archives il a risqué ses poumons et ses yeux). Le 14 juillet, prise de la Bastille, tout ça, on croît connaître, et on connaît un peu , rassurez-vous. Juste assez pour suivre l'auteur sans efforts, pas assez pour ne pas être ébloui par la masse d'informations nouvelles (à moins d'être un spécialiste ou un fan de l'époque). C'est le 14 juillet au plus près, pressé par la foule des émeutiers. Une foule qui ne reste pas 100% anonyme, Eric Vuillard égrenant leurs noms et professions, si connues. Une plongée dans le petit peuple, celui qui a faim, a du mal à joindre les deux bouts, loin des fêtes et gaspillages d'une minorité. "Beaucoup de parisiens ont à peine de quoi acheter du pain. Un journalier gagne dix sous par jour, un pain de quatre livres en vaut quinze. Mais le pays, lui, n'est pas pauvre. Il s'est même enrichi. Le profit colonial, industriel, minier, a permis à toute une bourgeoisie de prospérer. Et puis les riches paient peu d'impôts; l'Etat est presque ruiné, mais les rentiers ne sont pas à plaindre. Ce sont les salariés qui triment pour rien, les artisans, les petits commerçants, les manœuvres. Enfin il y a les chômeurs, tout un peuple inutile, affamé. C'est que, par un traité de commerce, la France est ouverte aux marchandises anglaises, et les riches clients s'adressent à présent à des fournisseurs étrangers qui vendent à meilleur prix. Des ateliers ferment, on réduit les effectifs."
Heu ah oui, on est en 1789, je dois me frotter les yeux.
Donc nos gens du peuple sont là, Legrand, concierge, Legros, capitaine, Legriou, monteur en pendule, Lesselin, manouvrier, Masson, cloutier, Mercier, teinturier, Minier, tailleur, Saunier, ouvrier en soie, je donne juste une tranche, tous pour la plupart jeunes, très jeunes.Des métiers disparus, souvent.
Sous la plume d'Eric Vuillard, l'Histoire est drue, vivante, échevelée parfois. Je n'en dirai pas plus, jetez-vous sur ce court (200 pages) récit absolument éblouissant.
"Mais il n'y a pas que Louis et Aubin à jouer les équilibristes, il y a huit ou dix autres hussards sur ce toit. Il faut être attentif à ces vagues présences, contours, profils, à ces locutions dont tout récit se sert pour mener son lecteur. Gardons-les encore contre nous un instant, ces huit à dix autres, par la grâce d'un prénom personnel, comme de tout petits camarades, puisqu'eux aussi ils courent sur le toit, ils font peut-être les marioles, ils dansent sur l'horizon. Tournay est dans la cour, et là, ils disparaissent, on les abandonne définitivement, on ne les reverra plus jamais. Ce sont les petits bonhommes de Brueghel, ces patineurs que l'on voit de loin depuis l'enfance, ombres familières aperçues au fond d'un tableau, sur la glace.Ils nous font pourtant un curieux effet de miroir depuis leur brime. On se sent plus proches d'eux que de ceux qui campent au premier plan. Ce sont leurs silhouettes que l'on scrute, que nos yeux supposent, que le brouillard mouille.Et si nous rêvons, il n'y a plus qu'eux."
En parlent Delphine, Sandrine, clara (juste aujourd'hui, je le découvre!)
Eric Vuillard
Actes sud, 2016
En refermant ce livre, je ne peux que faiblement réaliser le travail de recherche qu'a certainement réalisé l'auteur (et j'aurais bien aimé savoir à la fin dans quelles archives il a risqué ses poumons et ses yeux). Le 14 juillet, prise de la Bastille, tout ça, on croît connaître, et on connaît un peu , rassurez-vous. Juste assez pour suivre l'auteur sans efforts, pas assez pour ne pas être ébloui par la masse d'informations nouvelles (à moins d'être un spécialiste ou un fan de l'époque). C'est le 14 juillet au plus près, pressé par la foule des émeutiers. Une foule qui ne reste pas 100% anonyme, Eric Vuillard égrenant leurs noms et professions, si connues. Une plongée dans le petit peuple, celui qui a faim, a du mal à joindre les deux bouts, loin des fêtes et gaspillages d'une minorité. "Beaucoup de parisiens ont à peine de quoi acheter du pain. Un journalier gagne dix sous par jour, un pain de quatre livres en vaut quinze. Mais le pays, lui, n'est pas pauvre. Il s'est même enrichi. Le profit colonial, industriel, minier, a permis à toute une bourgeoisie de prospérer. Et puis les riches paient peu d'impôts; l'Etat est presque ruiné, mais les rentiers ne sont pas à plaindre. Ce sont les salariés qui triment pour rien, les artisans, les petits commerçants, les manœuvres. Enfin il y a les chômeurs, tout un peuple inutile, affamé. C'est que, par un traité de commerce, la France est ouverte aux marchandises anglaises, et les riches clients s'adressent à présent à des fournisseurs étrangers qui vendent à meilleur prix. Des ateliers ferment, on réduit les effectifs."
Heu ah oui, on est en 1789, je dois me frotter les yeux.
Donc nos gens du peuple sont là, Legrand, concierge, Legros, capitaine, Legriou, monteur en pendule, Lesselin, manouvrier, Masson, cloutier, Mercier, teinturier, Minier, tailleur, Saunier, ouvrier en soie, je donne juste une tranche, tous pour la plupart jeunes, très jeunes.Des métiers disparus, souvent.
Sous la plume d'Eric Vuillard, l'Histoire est drue, vivante, échevelée parfois. Je n'en dirai pas plus, jetez-vous sur ce court (200 pages) récit absolument éblouissant.
"Mais il n'y a pas que Louis et Aubin à jouer les équilibristes, il y a huit ou dix autres hussards sur ce toit. Il faut être attentif à ces vagues présences, contours, profils, à ces locutions dont tout récit se sert pour mener son lecteur. Gardons-les encore contre nous un instant, ces huit à dix autres, par la grâce d'un prénom personnel, comme de tout petits camarades, puisqu'eux aussi ils courent sur le toit, ils font peut-être les marioles, ils dansent sur l'horizon. Tournay est dans la cour, et là, ils disparaissent, on les abandonne définitivement, on ne les reverra plus jamais. Ce sont les petits bonhommes de Brueghel, ces patineurs que l'on voit de loin depuis l'enfance, ombres familières aperçues au fond d'un tableau, sur la glace.Ils nous font pourtant un curieux effet de miroir depuis leur brime. On se sent plus proches d'eux que de ceux qui campent au premier plan. Ce sont leurs silhouettes que l'on scrute, que nos yeux supposent, que le brouillard mouille.Et si nous rêvons, il n'y a plus qu'eux."
En parlent Delphine, Sandrine, clara (juste aujourd'hui, je le découvre!)
jeudi 22 septembre 2016
Ma fabuleuse enfance dans l'Amérique des années 1950
http://www.livrenpoche.com/ ma-fabuleuse-enfance-dans-l-amerique-des -annees-1950-e333435.html |
The life and times ofthe Thunderbold Kid
Bill Bryson
Petite bibliothèque Payot, 2012
traduit par Julie Sibony
Un livre de Bill Bryson ne se refuse absolument pas (surtout en bourse aux livres, à 50 centimes!)! Voilà donc une autobiographie parfois fantaisiste mais toujours drôle et passionnante dudit Bill, né dans l'Iowa en 1951. "Mon enfance s'est plutôt bien passée, dans l'ensemble. Mes parents étaient des gens patients, gentils et à peu près normaux." Une enfance normale, quoi, mais transfigurée par l'imagination et la fraîcheur du gamin, devenu un adulte qui sait tout raconter!
Cette Amérique des années 50 est merveilleusement bien évoquée, avec des détails faisant souvent écarquiller les yeux. Un passé révolu (hélas ou pas) peu ou prou proche de la France des années 60 en ce qui concerne le progrès et le nombre croissant des automobiles et du matériel ménager, et l'arrivée de la télévision. Un monde rempli de gamins souvent jouant dehors (en France aussi, pour ceux qui étaient déjà nés), sans grosses zones commerciales et chaînes d'hôtels et de magasins, où la cigarette avait partout droit de cité, et où l'on admirait les explosions atomiques (pas dans l'Iowa, mais de Las Vegas, mais ça donne une idée de l'époque)
Bref, un bouquin drôle, instructif, et hautement recommandable.
"Je n'allais donc pas à l'école si je pouvais l'éviter.
Et je n'y serais sans doute pas allé du tout s'il n'y avait eu les polycopiés. Parmi toutes les disparitions tragiques depuis les années 1950, celle des polycopiés est peut-être la plus regrettable. Avec leur encre bleu clair aux effluves merveilleux, ils étaient littéralement enivrants. Deux grandes bouffées d’une feuille d'exercices fraîchement sortie de la ronéo, et je voulais bien être l'esclave consentant de l'Education nationale pendant sept heures d'affilée. Allez voir n'importe quel junkie et demandez-lui comment il a commencé à devenir accro, je parie qu'il vous répondra que c'est à cause des polycopiés du primaire. Le lundi matin je bondissais de mon lit car c'était le jour où l'on nous distribuait les nouvelles feuilles d'exercices. je me les collais sur le visage et m'envolais vers un lieu secret où les champs étaient verts, où les gens marchaient pieds nus et où la mélodie suave d'une flûte de Pan résonnait dans l'air."
Voilà, nostalgie, exagération parfaitement détectable, que du bonheur!
Ce passage ne parlera pas hélas aux moins de 30 ans... Les pauvres.
mardi 20 septembre 2016
A l'ombre des jeunes filles en fleurs
![]() |
https://fr.wikipedia.org/wiki/Madeleine_(cuisine)#La_madeleine_de_Proust |
A l'ombre des jeunes filles en fleurs
Marcel Proust
Livre de poche, 1992 (et Pléiade)
Non, cette lecture n'entre pas dans le cadre d'un quelconque Challenge Madeleine ou Challenge Longues phrases, il s'agissait juste d'accompagner A Girl(lien vers son billet) dans sa découverte de Proust (elle a démarré avec Du côté de chez Swann). Ce billet n'est pas destiné à servir de résumé ou d'étude (élèves, passez votre chemin), plus égoïstement d'aperçu de mes réactions, pour remémoration personnelle. Parce que - mise en abyme hyper tordue?- mes lectures de Proust sont toutes associées à des moments ou lieux particuliers remémorés ainsi ...
Ce blog possédant déjà une rubrique Proust colonne de droite, mon objectivité peut totalement être mise en doute. Disons que je suis en relecture (une fois par décennie, pas un rythme effréné non plus)
Ce roman a obtenu le prix Goncourt en 1919 et je ne résiste pas au plaisir de reproduire un texte trouvé ici (site de la Pléiade) , texte que les non Proustolâtres peuvent sauter.
1919
Qui sont les jurés Goncourt? Jean Ajalbert, le futur auteur des Mystères de l’académie Goncourt; Émile Bergerat, élu cette année-là, quoique presque aveugle; Élémir Bourges, que Jules Renard traitait de «pauvre vieillerie» et qui lui survécut quinze ans; Henry Céard, qui vient de publier ses Sonnets de guerre; Léon Daudet, qui a succédé à son père (rien d’étonnant pour un monarchiste); Lucien Descaves, qui boudera tant que l’on n’aura pas élu Courteline; Gustave Geffroy, critique d’art, président du jury; Léon Hennique, exécuteur testamentaire des Goncourt, auteur de L’Argent d’autrui; Rosny aîné, à qui l’on doit La Guerre du feu; et Rosny jeune, à qui l’on doit surtout d’avoir voté, ce 10 décembre, pour À l’ombre des jeunes filles en fleurs.
Une trentaine de livres, parmi lesquels de nombreux récits de guerre, sont «candidats» au Goncourt 1919. Depuis 1915, tous les romans primés avaient la Grande Guerre pour sujet. Les Jeunes Filles, ouvrage peu martial, a paru à la NRF en juin. Proust est soutenu par Léon Daudet, polémiste d’Action française qui ne rechigne pas à faire campagne pour ce dreyfusard ami de son frère Lucien. Et cela se passe bien, trois tours de scrutin suffisent. Les Jeunes Filles l’emporte par six voix contre quatre aux Croix de bois de Roland Dorgelès. Il manque un s à fleurs dans le communiqué – ce n’est pas grave. Proust, fatigué, refuse de répondre aux journalistes – cela ne fait rien. Dans les quinze jours qui suivront, il recevra quelque neuf cents lettres de félicitations.
Mais les choses s’enveniment vite. La presse parle d’injustice : c’est le roman de Dorgelès – un ancien engagé volontaire – qu’il fallait couronner! Les dames du jury Vie heureuse offrent d’ailleurs leur prix à ce héros, qui le refuse par «décence», un livre de guerre ne devant pas être primé par des femmes… On rappelle aussi qu’aux termes du testament d’Edmond de Goncourt le prix doit aller non seulement à «l’originalité du talent», mais «à la jeunesse». Or Proust n’a-t-il pas quarante-sept ans (les journaux disent «cinquante», «quarante et onze» ou même «soixante ans d’âge»), contre trente-quatre pour Dorgelès? «Place aux vieux!» titre L’Humanité. «M. Proust a le prix, M. Dorgelès l’originalité du talent et la jeunesse. On ne peut pas tout avoir», raille Lucien Descaves, qui a voté pour Les Croix de bois. De plus, comme Proust est riche (croit-on), il a dû corrompre le jury : «Il y a dans le monde des lettres, à Paris, six hommes dont la reconnaissance est fonction de leur digestion à l’ombre des havanes en fleurs», note Le Populaire du 12 décembre.
L’éditeur de Dorgelès, Albin Michel, réagit vite. Les Croix de bois est bientôt orné d’une bande où figure en gros caractères la mention prix goncourt, tandis que la deuxième ligne, 4 voix sur 10, est microscopique. Il faudra attendre le 31 mai 1920 pour que Gallimard obtienne du tribunal de commerce de la Seine le retrait de cette bande.
Marcel Proust parle de «muflerie» mais, au total, il se montre plutôt philosophe. Il s’inquiète avant tout de la disponibilité de son livre en librairie. Son désir le plus cher, combien justifié, est d’être lu. Et son exquise politesse ne se dément pas. «À propos du prix Goncourt», écrit-il à la fin de l’année à Gaston Gallimard, «le seul plaisir qu’il me donne est de penser qu’il est un peu agréable à la NRF, à vous avant tout, dont il ratifie le choix (en appel), à qui il peut laisser espérer d’avoir pris un pas trop mauvais ouvrage et qui durera assez…»
Cette fois c'est un peu sous l'angle du lecteur de 1919 que j'ai abordé la lecture. On peut penser qu'il a été bousculé, le lecteur! J'ai été frappée par le côté deuxième tome d'un tout, avec toutes les frustrations collatérales. Norpois, Cottard, Swann, Odette sont censés être connus du lecteur, ainsi que leurs aventures du premier volume. Péché fort véniel, en fait. Mais comme jamais auparavant j'ai senti le mélange entre présent, passé et futur, avec une fluidité extraordinaire.
Bref, le lecteur (de 1919) est laissé à la fin, non sur des cliffhangers de folie (c'est Proust, quand même, on sait se tenir), mais avec des personnages venant d'apparaître (Saint Loup et Charlus par exemple) et des potentialités ne demandant qu'à être développées. On sent vraiment que Marcel P. a la vision d'une oeuvre totale (même posthume)!
Page 91 apparaît Albertine."C'est l'oncle d'une petite qui venait à mon cours, dans une classe bien au-dessous de moi, la 'fameuse Albertine'. Elle sera sûrement très 'fast', mais en attendant elle a une drôle de touche." (c'est Gilberte, la fille de Swann et d'Odette, qui parle). Albertine sera plus tard l'une des jeunes filles en fleurs et le proustien averti saura trouver les indices semés par l'auteur "la mort qui, comme le montrera plus loin dans ce livre une cruelle contre-épreuve, ne diminue en rien les souffrances de la jalousie". Ce livre = carrément A la recherche du temps perdu.
Le fil conducteur de la maturation d'un écrivain désireux d'écrire une oeuvre est franchement déjà là (jusqu'ici je ne l'avais remarqué que plus tard) même si notre narrateur n'est pas encore à l'oeuvre et préfère rêvasser devant Gilberte ou Albertine et ses amies.
"Les émotions q'une jeune fille médiocre nous donne peuvent nous permettre de faire monter à notre conscience des parties plus intimes de nous-mêmes, plus personnelles, plus lointaines, plus essentielles, que ne le ferait le plaisir que nous donne la conversation d'un homme supérieur ou même la contemplation admirative de ses œuvres." Irai-je jusqu'à dire que ces rêvasseries fourniront le matériau de l'oeuvre future?
J'ai réalisé aussi que le déplacement de Combray d'Eure et Loir à l'est de paris (pour justifier la destruction de l'église dans le dernier volume) était déjà présent dans ce deuxième volume, remanié par Proust.
Je vais passer sous silence les extraits 'classiques', la description des tableaux d'Elstir ou l'image de l'aquarium.(page 265), l'inquiétude ou l'appréhension à l'idée de résider dans un nouvel endroit ou de connaître de nouvelles personnes, et après un certain temps l'indifférence due à l'habitude.
Inutile de rappeler l'habitude fréquente d'utiliser trois adjectifs, dans un doux balancement pour le lecteur, par exemple 'la peau rose, dorée ou fondante' ou la figure bienveillante, camuse et douce". Ni les métaphores.
Juste des passages qui m'ont frappées cette fois-là:
"Ceux qui produisent des œuvres géniales ne sont pas ceux qui vivent dans le milieu le plus délicat, qui ont la conversation la plus brillante, la culture la plus étendue, mais ceux qui ont eu le pouvoir, cessant brusquement de vivre pour eux-mêmes, de rendre leur personnalité pareille à un miroir, de telle sorte que leur vie si médiocre d'ailleurs qu’elle pouvait être mondainement et même, dans un certain sens, intellectuellement parlant, s'y reflète, le génie consistant dans le pouvoir réfléchissant et non dans la qualité intrinsèque du spectacle reflété." A propos de Bergotte, mais je ne peux m'empêcher de l'appliquer à Proust. C'est pour ces passages inaperçus à première lecture qu'on relit Proust.
Alors, longues phrases? Oui, il y a bien un poil d'incises, de subordonnées, de digressions, mais franchement c'est parfaitement lisible.
Il y a même des passages plus drôles (pardonnez moi si ça ne vous fait pas rire, moi si)
"Cet acteur du Palais-Royal à qui on demandait où il pouvait trouver ses surprenants chapeaux et qui répondait : 'je ne trouve pas mes chapeaux. Je les garde'."(page 13)
Et page 183, Madame Verdurin rend sa visite annuelle à Odette (elles sont plus qu'en froid) :"Cela ne vous fait pas peur, Odette, d'habiter ce quartier perdu? [note : les Champs Elysées] Il me semble que je ne serais qu'à moitié tranquille le soir pour rentrer. Et puis c'est si humide. Ça ne doit rien valoir pour l'eczéma de votre mari. Vous n'avez pas de rats au moins?" Si vous trouvez un passage ailleurs avec plus de vacheries à la ligne, faites moi signe!
Parfois c'est tellement concis que je dois relire : "Une cousine assez éloignée qui avait comme raison de passer d'abord [dans un circuit de visites familiales] que sa demeure ne le fût pas de la nôtre." (p 63)
"La pratique de la solitude lui en avait donné l'amour comme il arrive pour toute grande chose que nous avons crainte d'abord, parce que nous la savions incompatible avec de plus petites auxquelles nous tenions et dont elle nous prive moins qu'elle ne nous détache. Avant de la connaître, toute notre préoccupation est de savoir dans quelle mesure nous pourrons la concilier avec certains plaisirs qui cessent d'en être dès que nous l'avons connue."
"Mais ma volonté ne laissa pas passer l'heure où il fallait partir, et ce fut l'adresse d'Elstir qu'elle donna au cocher. Mon intelligence et ma sensibilité eurent le loisir, puisque le sort en était jeté, de trouver que c'était dommage. Si ma volonté avait donné une autre adresse, elles eussent été bien attrapées."(page 458)
Pour terminer, voici des liens utiles qui vous apprendront absolument tout! Proust, ses personnages (et bien plus!)
vendredi 16 septembre 2016
L'été avant la guerre
L'été avant la guerre
The summer before the war
Helen Simonson
NiL, 2016
Traduit par Odile Demange
Eté 1914, petit village de Rye (Sussex). L'ambiance est encore bien victorienne, femmes corsetées et messieurs un poil machos; la bonne société bourgeoise et la petite noblesse sont bourrées de préjugés à l'encontre des femmes et des classes sociales dites inférieures.
Béatrice Nash va devoir batailler pour occuper un poste d'enseignante de latin. A 23 ans, elle est cataloguée comme vieille fille et son ardent désir d'être financièrement indépendante est contrecarré par sa famille paternelle et des notaires n'ayant aucune confiance en ses capacités de gestion (alors qu’elle s'occupait fort bien des affaires de son père avant le décès de celui-ci). La femme éternelle mineure, quoi. Seul l'état de femme mariée lui permettrait de toucher son (coquet) héritage, tout en sachant que bien sûr son éventuel mari aurait la main dessus.
Pour l'instant elle n'envisage pas de se marier (à son âge avancé!), quoiqu'elle ait des atomes crochus avec Hugh et Daniel, les neveux d'Agatha Kent, qui la chapeaute dans ses premiers pas à Rye. Agatha, une femme de caractère, sachant braver quelques conventions, mais hélas pas toutes...
En plus de la situation des femmes à l'époque, est évoqué celle du peuple Tzigane, dont un élément particulièrement doué à l'école se verra fermer des portes en raison de ses origines.
Le village de Rye verra affluer des réfugiés de Belgique et certains de ses hommes s'engager. Le roman prendra une teinte plus sombre, tout en préservant une justesse de ton et un humour de bon aloi.
En démarrant cette lecture je pensais à une quelconque romance vintage et sympathique, genre tout à fait honorable par ailleurs! Mais en abordant sans insister lourdement des thèmes bien plus sérieux, l'auteur a su me toucher et m'intéresser avec ses personnages et me faire vivre quelques mois dans l'ambiance de cette époque et de ce village.
Une jolie lecture que je dois à Cryssilda! Merci!
Et pile poil pour le Challenge pavé de l'été chez Brize
The summer before the war
Helen Simonson
NiL, 2016
Traduit par Odile Demange
Eté 1914, petit village de Rye (Sussex). L'ambiance est encore bien victorienne, femmes corsetées et messieurs un poil machos; la bonne société bourgeoise et la petite noblesse sont bourrées de préjugés à l'encontre des femmes et des classes sociales dites inférieures.
Béatrice Nash va devoir batailler pour occuper un poste d'enseignante de latin. A 23 ans, elle est cataloguée comme vieille fille et son ardent désir d'être financièrement indépendante est contrecarré par sa famille paternelle et des notaires n'ayant aucune confiance en ses capacités de gestion (alors qu’elle s'occupait fort bien des affaires de son père avant le décès de celui-ci). La femme éternelle mineure, quoi. Seul l'état de femme mariée lui permettrait de toucher son (coquet) héritage, tout en sachant que bien sûr son éventuel mari aurait la main dessus.
Pour l'instant elle n'envisage pas de se marier (à son âge avancé!), quoiqu'elle ait des atomes crochus avec Hugh et Daniel, les neveux d'Agatha Kent, qui la chapeaute dans ses premiers pas à Rye. Agatha, une femme de caractère, sachant braver quelques conventions, mais hélas pas toutes...
En plus de la situation des femmes à l'époque, est évoqué celle du peuple Tzigane, dont un élément particulièrement doué à l'école se verra fermer des portes en raison de ses origines.
Le village de Rye verra affluer des réfugiés de Belgique et certains de ses hommes s'engager. Le roman prendra une teinte plus sombre, tout en préservant une justesse de ton et un humour de bon aloi.
En démarrant cette lecture je pensais à une quelconque romance vintage et sympathique, genre tout à fait honorable par ailleurs! Mais en abordant sans insister lourdement des thèmes bien plus sérieux, l'auteur a su me toucher et m'intéresser avec ses personnages et me faire vivre quelques mois dans l'ambiance de cette époque et de ce village.
Une jolie lecture que je dois à Cryssilda! Merci!
Et pile poil pour le Challenge pavé de l'été chez Brize
mercredi 14 septembre 2016
Ritzy
Ritzy
Pauline-Gaïa Laburte
Albin Michel, 2016
Bonne nouvelle, le Ritz place Vendôme a rouvert en 2016! Juste pour me faire du mal je suis allée sur le site, cliquer à Réserver... On va dire que ce n'est pas trop dans mes moyens.
Mais pour en savoir plus sur César Ritz, là c'est possible. Grâce à cette courte biographie, j'ai appris qu'il était suisse, pas forcément promis à l'hôtellerie au départ. Dans la seconde moitié du 19ème siècle, il a su monter les échelons (et pas mal travailler), imposer quelques unes de ses vues et intuitions. S'associer à Escoffier aussi (miam).
Fort heureusement cette histoire est racontée sur un rythme vif et entraînant, car je dois avouer n'avoir guère d'atomes crochus avec M. Ritz. Son époque est bien rendue, mais à la longue mon intérêt s'est un peu émoussé. Il me reste en tête la jolie plume de l'auteur.
Les avis d'Alex,
Pauline-Gaïa Laburte
Albin Michel, 2016
Bonne nouvelle, le Ritz place Vendôme a rouvert en 2016! Juste pour me faire du mal je suis allée sur le site, cliquer à Réserver... On va dire que ce n'est pas trop dans mes moyens.
Mais pour en savoir plus sur César Ritz, là c'est possible. Grâce à cette courte biographie, j'ai appris qu'il était suisse, pas forcément promis à l'hôtellerie au départ. Dans la seconde moitié du 19ème siècle, il a su monter les échelons (et pas mal travailler), imposer quelques unes de ses vues et intuitions. S'associer à Escoffier aussi (miam).
Fort heureusement cette histoire est racontée sur un rythme vif et entraînant, car je dois avouer n'avoir guère d'atomes crochus avec M. Ritz. Son époque est bien rendue, mais à la longue mon intérêt s'est un peu émoussé. Il me reste en tête la jolie plume de l'auteur.
Les avis d'Alex,
lundi 12 septembre 2016
Pour faire l'amour
Pour faire l'amour
The act of love
Howard Jacobson
Calmann-lévy, 2016
Curieuse illustration de couverture, mais finalement rendant bien l'univers bizarre où plonge cette lecture... En résumé, mais un résumé trompeur, forcément, le narrateur, Félix Quinn possède une boutique achat/vente de livres rares, activité fort select, il habite un hôtel particulier et est marié à la très belle Marisa, s'occupant comme bénévole entre deux shoppings et rendez-vous. Vous l'aurez compris, pas de soucis de fin de mois dans ce roman.
Mais Félix est une sorte de masochiste mental (ses pères et grand père étaient assez pervers aussi, dans un autre genre). Follement amoureux de Marisa (arrachée à un précédent mari) il imagine de lui fournir un amant (même s'il elle peut très bien s'en occuper elle-même) mais un amant de son choix, à savoir Marius.
Si vous aimez le graveleux et le glauque, hé bien non, pas de ça ici; on croise plutôt des exemples tirés de l'art et la littérature classique. Le seul passage un peu 'hum hum' est narré à la troisième personne, justement. Et avec ironie, finesse et élégance, comme tout le roman d'ailleurs. Jacobson ne laisse jamais son lecteur tranquille, il le bouscule; c'est intelligent, étonnant, dérangeant, tordu(?).
Un tableau de la Wallace collection, apparaissant dans le roman :
En prime une jolie visite guidée de la Wallace collection...
Les avis de Nicole G (je manque tellement de temps que je n'ai pas cherché les autres avis)
The act of love
Howard Jacobson
Calmann-lévy, 2016
Curieuse illustration de couverture, mais finalement rendant bien l'univers bizarre où plonge cette lecture... En résumé, mais un résumé trompeur, forcément, le narrateur, Félix Quinn possède une boutique achat/vente de livres rares, activité fort select, il habite un hôtel particulier et est marié à la très belle Marisa, s'occupant comme bénévole entre deux shoppings et rendez-vous. Vous l'aurez compris, pas de soucis de fin de mois dans ce roman.
Mais Félix est une sorte de masochiste mental (ses pères et grand père étaient assez pervers aussi, dans un autre genre). Follement amoureux de Marisa (arrachée à un précédent mari) il imagine de lui fournir un amant (même s'il elle peut très bien s'en occuper elle-même) mais un amant de son choix, à savoir Marius.
Si vous aimez le graveleux et le glauque, hé bien non, pas de ça ici; on croise plutôt des exemples tirés de l'art et la littérature classique. Le seul passage un peu 'hum hum' est narré à la troisième personne, justement. Et avec ironie, finesse et élégance, comme tout le roman d'ailleurs. Jacobson ne laisse jamais son lecteur tranquille, il le bouscule; c'est intelligent, étonnant, dérangeant, tordu(?).
Un tableau de la Wallace collection, apparaissant dans le roman :
http://www.wallacecollection.org/whatson/treasure/57 |
Les avis de Nicole G (je manque tellement de temps que je n'ai pas cherché les autres avis)
vendredi 9 septembre 2016
Et la vie nous emportera
Et la vie nous emportera
Prudence
David Treuer
Albin Michel, 2016
Traduction de Michel Lederer
Quand il s'agit de David Treuer*, je ne lis pas trop la quatrième de couverture, je pars dans cette contrée où résident la plupart des Ojibwés. En 1942, dans la résidence d'été des Washburn, un allemand s'est échappé du camp de prisonniers voisin; Félix l'Indien taiseux et tranquille s'occupe de la propriété sans trop se soucier des lubies de sa patronne; Frankie le fils Washburn se réjouit de retrouver Billy, et un drame survient, avec l'arrivée de Prudence et sa soeur, jeunes Indiennes venant du nord. (nota : l'histoire se passe en 1942 et 1952, l'auteur se coule parfaitement dans les têtes des personnages, aux pensées, opinions et vocabulaire de l'époque, donc je garde le mot Indien comme lui).
L'on possède un bon aperçu de la vie du coin, le côtoiement des diverses communautés, mais j'ai trouvé quelques longueurs, en particulier sur les bombardiers, la guerre en Europe, les chants la soirée de Noël, etc. C'est seulement au moment d'écrire le billet que j'ai réalisé que le titre original était Prudence, le nom de la jeune fille à la vie triste et terrible, et, franchement, le roman prend un autre éclairage quand on y repense, avec ce titre là... Comme quoi... Il y aurait donc à dire et réfléchir sur l'influence du titre sur le lecteur en cours de lecture. Je me suis hélas trop focalisée sur d'autres personnages.
*Quand vous lirez ce billet, peut-être serai-je sur le point de l'écouter au festival America?
Il a écrit Little (roman) Indian roads (non fiction) que je recommande.
Les avis de canel, papillon, chez babelio,
Prudence
David Treuer
Albin Michel, 2016
Traduction de Michel Lederer
Quand il s'agit de David Treuer*, je ne lis pas trop la quatrième de couverture, je pars dans cette contrée où résident la plupart des Ojibwés. En 1942, dans la résidence d'été des Washburn, un allemand s'est échappé du camp de prisonniers voisin; Félix l'Indien taiseux et tranquille s'occupe de la propriété sans trop se soucier des lubies de sa patronne; Frankie le fils Washburn se réjouit de retrouver Billy, et un drame survient, avec l'arrivée de Prudence et sa soeur, jeunes Indiennes venant du nord. (nota : l'histoire se passe en 1942 et 1952, l'auteur se coule parfaitement dans les têtes des personnages, aux pensées, opinions et vocabulaire de l'époque, donc je garde le mot Indien comme lui).
L'on possède un bon aperçu de la vie du coin, le côtoiement des diverses communautés, mais j'ai trouvé quelques longueurs, en particulier sur les bombardiers, la guerre en Europe, les chants la soirée de Noël, etc. C'est seulement au moment d'écrire le billet que j'ai réalisé que le titre original était Prudence, le nom de la jeune fille à la vie triste et terrible, et, franchement, le roman prend un autre éclairage quand on y repense, avec ce titre là... Comme quoi... Il y aurait donc à dire et réfléchir sur l'influence du titre sur le lecteur en cours de lecture. Je me suis hélas trop focalisée sur d'autres personnages.
*Quand vous lirez ce billet, peut-être serai-je sur le point de l'écouter au festival America?
Il a écrit Little (roman) Indian roads (non fiction) que je recommande.
Les avis de canel, papillon, chez babelio,
mercredi 7 septembre 2016
Watership Down
Watership Down
Richard Adams
Monsieur Toussaint Louverture, 2016
(Paru en 1976 chez Flammarion et 1972 au Royaume Uni)
Traduction de Pierre Clinquart
Il était une fois, dans une ville lointaine, soumise à la chaleur et la poussière (et plus vraiment au sultan local) une fantastique bibliothèque de dizaines de milliers de volumes dont l'existence promise détermina mon acceptation de vivre dans ladite ville (chaleur et poussière eurent plus tard raison de ma ténacité, mais c'est une autre histoire). Et dans cette bibliothèque, je découvris Les garennes de Watership Down, que près de vingt ans plus tard je me languissais de relire un jour (quitte à tenter la VO) tellement le souvenir en était éblouissant.
Jusqu'au jour où Monsieur Toussaint Louverture décida d'en proposer une nouvelle traduction/parution. Mon coeur fit un bond, 'il me le fallait!'
Petit stress quand même : allais-je autant aimer qu'à l'époque? Pffff! Vaine crainte, j'ai adoré.
Hazel et Fyveer sont de jeunes lapins de garenne, trop jeunes pour être bien pris au sérieux quand Fyveer pressent une catastrophe. (En fait, le coin va devenir un lotissement). Cependant quelques uns se joignent à eux dans une odyssée parsemée de grands dangers, car renards et autres vilous rodent... Traverser une rivière et parcourir quelques kilomètres se révèlent toute une aventure, au cours de laquelle Hazel montrera la carrure d'un chef, apprenant aussi à écouter les intuitions de Fyveer, qui leur promet LE coin idéal, à savoir Watership Down. Et même arrivés là après moult péripéties, il leur faudra bien se procurer des hases pour la pérennité de leur petite tribu.
Mais franchement, pourquoi un roman avec de simples lapins comme héros peut-il tenir sous le charme des millions de lecteurs?
D'abord comme le dit l'auteur, il y a une bonne histoire. Avec du suspense, des petits héros sympathiques bien campés. Les détails sur la vie des lapins sont précis et basés sur la réalité, tout est vu au niveau de la garenne, mais le lecteur peut deviner de quoi il s'agit quand les humains interviennent. Les lapins parlent, mais des termes particuliers (et compréhensibles) ne font pas oublier qu'ils demeurent des lapins. Les péripéties de l'histoire sont coupées de légendes lapinesques passionnantes. Et puis la nature est parfaitement décrite (non, pas trop longuement).
Oui, mais, quand même, un livre pour enfants, non?
Laissons la parole à l'auteur: "J'ai toujours dit que Watership down n'était pas un livre pour enfants. J'ai dit : c'est un livre, et quiconque veut le lire, peut le lire."
L'auteur, partant d'une histoire racontée à ses filles, s'est lancé dans l'écriture plutôt tardivement, il vit encore dans le Hampshire (96 ans!). Ce roman a connu un incroyable succès, de multiples interprétations lui sont tombées dessus, pourtant Adams dit "C'est seulement censé être une histoire, et c'est tout ce que c'est. Une histoire, une sacrée bonne histoire même, mais ça reste une histoire. Elle n'est pas destinée à être une parabole. c'est important je pense. Sa puissance et sa force viennent du fait que je la racontais dans la voiture."
Grominou en parlait récemment. Et profplatypus. Qui en dit plus, et c'est fort intéressant! En tout cas, les deux ont aimé.
Richard Adams
Monsieur Toussaint Louverture, 2016
(Paru en 1976 chez Flammarion et 1972 au Royaume Uni)
Traduction de Pierre Clinquart
Il était une fois, dans une ville lointaine, soumise à la chaleur et la poussière (et plus vraiment au sultan local) une fantastique bibliothèque de dizaines de milliers de volumes dont l'existence promise détermina mon acceptation de vivre dans ladite ville (chaleur et poussière eurent plus tard raison de ma ténacité, mais c'est une autre histoire). Et dans cette bibliothèque, je découvris Les garennes de Watership Down, que près de vingt ans plus tard je me languissais de relire un jour (quitte à tenter la VO) tellement le souvenir en était éblouissant.
Jusqu'au jour où Monsieur Toussaint Louverture décida d'en proposer une nouvelle traduction/parution. Mon coeur fit un bond, 'il me le fallait!'
Petit stress quand même : allais-je autant aimer qu'à l'époque? Pffff! Vaine crainte, j'ai adoré.
![]() |
Un lapin de garenne (https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Garennes_de_Watership_Down) |
Mais franchement, pourquoi un roman avec de simples lapins comme héros peut-il tenir sous le charme des millions de lecteurs?
D'abord comme le dit l'auteur, il y a une bonne histoire. Avec du suspense, des petits héros sympathiques bien campés. Les détails sur la vie des lapins sont précis et basés sur la réalité, tout est vu au niveau de la garenne, mais le lecteur peut deviner de quoi il s'agit quand les humains interviennent. Les lapins parlent, mais des termes particuliers (et compréhensibles) ne font pas oublier qu'ils demeurent des lapins. Les péripéties de l'histoire sont coupées de légendes lapinesques passionnantes. Et puis la nature est parfaitement décrite (non, pas trop longuement).
Oui, mais, quand même, un livre pour enfants, non?
Laissons la parole à l'auteur: "J'ai toujours dit que Watership down n'était pas un livre pour enfants. J'ai dit : c'est un livre, et quiconque veut le lire, peut le lire."
L'auteur, partant d'une histoire racontée à ses filles, s'est lancé dans l'écriture plutôt tardivement, il vit encore dans le Hampshire (96 ans!). Ce roman a connu un incroyable succès, de multiples interprétations lui sont tombées dessus, pourtant Adams dit "C'est seulement censé être une histoire, et c'est tout ce que c'est. Une histoire, une sacrée bonne histoire même, mais ça reste une histoire. Elle n'est pas destinée à être une parabole. c'est important je pense. Sa puissance et sa force viennent du fait que je la racontais dans la voiture."
Grominou en parlait récemment. Et profplatypus. Qui en dit plus, et c'est fort intéressant! En tout cas, les deux ont aimé.
Ben oui, quand même |
lundi 5 septembre 2016
Les fondamentaux de l'aide à la personne revus et corrigés
Les fondamentaux de l'aide à la personne revus et corrigés
The revised fundamentals of caregiving
Jonathan Evison
Monsieur Toussaint Louverture, 2016
Traduit par Marie-Odile Fortier-Masek
Ce long titre prouve simplement que l'anglais est plus ramassé que le français, pas plus, et puis on ne discute pas les choix de Monsieur Toussaint Louverture, c'est comme ça, non mais.
"La couverture a été veinée en offset puis frappée, plusieurs fois, histoire que son cœur reparte.
L'ouvrage fait 140 mm de largeur sur 210 mm de hauteur, avec un dos de 28 mm, même si les hauts et les bas de la vie ne se mesurent pas." (dernière page, et c'est aussi pour ça que j'aime l'éditeur)
Juste là maintenant je viens de lire la quatrième de couverture, et dois déplorer qu'elle en dise beaucoup trop (oui, M'sieur l'éditeur, si un truc me plait pas, je le dis, ça c'est de l'objectivité ^_^). Le plus simple, ô lecteur fidèle, sera de faire confiance et d'y aller derechef.
Benjamin Benjamin (oui) freine des quatre fers pour accepter le divorce avec Janet. Non qu'ils ne ressentent plus de l'amour, surtout lui d'ailleurs, mais après la catastrophe (dont les détails viendront petit à petit)(les deux gosses décédés accidentellement), Janet veut tourner la page. Benjamin devient aide-soignant et se retrouve en charge de Trevor, jeune atteint de la myopathie de Duchesne (croyez moi, une vraie cochonnerie, cette maladie). Je ne dirai rien de plus sauf que la seconde moitié du roman est consacrée à un voyage en minibus, avec Benjamin et toutes ses casseroles, et Trevor, son fauteuil, ses médicaments, etc.
En dépit de la maladie de Trev, du paquet de losers maladroits inclus dans ce bouquin (la palme revient au père de Trev), et du coeur brisé de Janet et Benjamin, cette lecture se révèle drôle, pleine de punch et d'espérance.
Les avis de clara, sandrine (merci!),
The revised fundamentals of caregiving
Jonathan Evison
Monsieur Toussaint Louverture, 2016
Traduit par Marie-Odile Fortier-Masek
Ce long titre prouve simplement que l'anglais est plus ramassé que le français, pas plus, et puis on ne discute pas les choix de Monsieur Toussaint Louverture, c'est comme ça, non mais.
"La couverture a été veinée en offset puis frappée, plusieurs fois, histoire que son cœur reparte.
L'ouvrage fait 140 mm de largeur sur 210 mm de hauteur, avec un dos de 28 mm, même si les hauts et les bas de la vie ne se mesurent pas." (dernière page, et c'est aussi pour ça que j'aime l'éditeur)
Juste là maintenant je viens de lire la quatrième de couverture, et dois déplorer qu'elle en dise beaucoup trop (oui, M'sieur l'éditeur, si un truc me plait pas, je le dis, ça c'est de l'objectivité ^_^). Le plus simple, ô lecteur fidèle, sera de faire confiance et d'y aller derechef.
Benjamin Benjamin (oui) freine des quatre fers pour accepter le divorce avec Janet. Non qu'ils ne ressentent plus de l'amour, surtout lui d'ailleurs, mais après la catastrophe (dont les détails viendront petit à petit)(les deux gosses décédés accidentellement), Janet veut tourner la page. Benjamin devient aide-soignant et se retrouve en charge de Trevor, jeune atteint de la myopathie de Duchesne (croyez moi, une vraie cochonnerie, cette maladie). Je ne dirai rien de plus sauf que la seconde moitié du roman est consacrée à un voyage en minibus, avec Benjamin et toutes ses casseroles, et Trevor, son fauteuil, ses médicaments, etc.
En dépit de la maladie de Trev, du paquet de losers maladroits inclus dans ce bouquin (la palme revient au père de Trev), et du coeur brisé de Janet et Benjamin, cette lecture se révèle drôle, pleine de punch et d'espérance.
Les avis de clara, sandrine (merci!),
samedi 3 septembre 2016
Où je ne perds pas le nord 3
Fin de l'épisode précédent : mais qu'est donc cette monstrueuse masse blanche barrant l'horizon?
Les pêcheurs et les mouettes ne s'en occupent pas, mais on va voir ça de plus près.
Photo aérienne : c'est un glacier dont le front recule depuis des décennies mais qui continue à vêler ses icebergs. Retenus par les moraines du bout du fjord ils finissent quand même par filer dans la mer une fois qu'ils ont un peu diminué. Vitesse d'avancée : dans les 40 mètres par jour (sauf erreur de ma part). Il paraîtrait que l'iceberg rencontré par le Titanic venait de là.
Si j'en crois une information, au pied de la glace (qui fond un peu, on voit le rebord) il y a du krill, et donc... des baleines! (cris hystériques des croisiéristes). Il y en avait trois ce jour là, toutes contentes et joueuses.
Après cette journée parfaite, il restait juste Sissimiut, petite bourgade charmante.
Hélas le voyage se termine dans un chouette fjord pas loin de l'aéroport
Photo prise à l'aéroport (kallaallisut, danois et anglais).
Titan Airways a assuré le retour : incroyable : des serviettes en tissu, de vrais couverts en métal, pas vu ça depuis si longtemps dans un avion!
Et en lien, l'article d'Olivier Nouillas (on était dans le même bateau ^_^), tout aussi enthousiaste d'ailleurs.
Les pêcheurs et les mouettes ne s'en occupent pas, mais on va voir ça de plus près.
Si j'en crois une information, au pied de la glace (qui fond un peu, on voit le rebord) il y a du krill, et donc... des baleines! (cris hystériques des croisiéristes). Il y en avait trois ce jour là, toutes contentes et joueuses.
Après cette journée parfaite, il restait juste Sissimiut, petite bourgade charmante.
Vieille maison au musée |
Pareil, en plus vieux encore |
Une maison ordinaire |
Elevage de chiens de traineaux |
Un lac |
Un supermarché (sérieux : des mangues et des noix de coco?) |
Une librairie |
J'ai craqué sur le côté Hopper |
Hélas le voyage se termine dans un chouette fjord pas loin de l'aéroport
Photo prise à l'aéroport (kallaallisut, danois et anglais).
Titan Airways a assuré le retour : incroyable : des serviettes en tissu, de vrais couverts en métal, pas vu ça depuis si longtemps dans un avion!
Et en lien, l'article d'Olivier Nouillas (on était dans le même bateau ^_^), tout aussi enthousiaste d'ailleurs.
jeudi 1 septembre 2016
Une singularité nue
Une singularité nue
A naked singularity
Sergio De La pava
Le cherche midi, Lot49, 2016
Traduit par claro
Franchement, ces types d'outre-Atlantique ont le chic pour sortir des pavés géniaux et décoiffants. D'accord, ces plus de 800 pages ne se lisent pas d'un souffle, mais on en sort convaincu d'avoir vécu une grande expérience de lecture!
D'origine colombienne, Casi est une jeune avocat voué (et dévoué) à la défense de clients souvent paumés. Par exemple des drogués arrêtés pour avoir conduit un client à un vendeur (salaire : un dollar), ou plus classiquement consommation vente. Même aussi pour avoir vendu des objets divers (pas de la drogue), mais sans autorisation! Il met son point d'honneur à bosser pour tous bien les défendre et gagner ses affaires.
Bien sûr cela ne nourrit guère son homme; il habite une minuscule chambre à New York, ses amis de l'étage en dessous sont un peu barges (surtout l'un qui s'est lancé dans la vision de l'intégralité de la série Honeymooners) et leurs discussions sans fin. Pareil pour les discussions avec ses collègues (le roman est constitué de beaucoup de dialogues) et les membres de sa famille. Cela part dans tous les sens, le phénomène de mort imminente, la notion de Temps, la confession (d'où une histoire de confession de mensonge en confessionnal complètement folle), la peine de mort, les lois sur la drogue, etc. Y compris un rendez-vous amoureux tournant au flop. Quoi d'autre? Des recensions très précises in extenso de minutes au tribunal. Et j'allais oublier l'histoire du boxeur Benitez. Et l'ADN.
Et ce collègue qui veut absolument l'embringuer dans un coup parfait qui les rendra riches.
Le tout très rythmé, toujours un poil décalé, plein d'humour. Franchement : à découvrir!
"Et le moment est aussi bien choisi qu'un autre, aimable lecteur, pour vous informer que je digresserai légèrement au cours de ce récit, et que l'imminent passage descriptif sur la création judiciaire du rappel de vos droits de citoyen (loi Miranda) peut être entièrement sauté par ceux que ça n'intéresse pas et ce sans la moindre déperdition de calorie narrative."
L'auteur sera présent au festival america.
Ce qu'en dit le traducteur ici (mais oui, j'ai oublié, il y a une super recette d'empanadas!)
Le titre fait référence aux trous noirs, à la théorie de la relativité, toussa, mais pas obligatoire d'en savoir plus. En revanche ça parle aussi de perfection et de nombres parfaits.
Challenge pavé de l'été chez Brize
A naked singularity
Sergio De La pava
Le cherche midi, Lot49, 2016
Traduit par claro
Franchement, ces types d'outre-Atlantique ont le chic pour sortir des pavés géniaux et décoiffants. D'accord, ces plus de 800 pages ne se lisent pas d'un souffle, mais on en sort convaincu d'avoir vécu une grande expérience de lecture!
D'origine colombienne, Casi est une jeune avocat voué (et dévoué) à la défense de clients souvent paumés. Par exemple des drogués arrêtés pour avoir conduit un client à un vendeur (salaire : un dollar), ou plus classiquement consommation vente. Même aussi pour avoir vendu des objets divers (pas de la drogue), mais sans autorisation! Il met son point d'honneur à bosser pour tous bien les défendre et gagner ses affaires.
Bien sûr cela ne nourrit guère son homme; il habite une minuscule chambre à New York, ses amis de l'étage en dessous sont un peu barges (surtout l'un qui s'est lancé dans la vision de l'intégralité de la série Honeymooners) et leurs discussions sans fin. Pareil pour les discussions avec ses collègues (le roman est constitué de beaucoup de dialogues) et les membres de sa famille. Cela part dans tous les sens, le phénomène de mort imminente, la notion de Temps, la confession (d'où une histoire de confession de mensonge en confessionnal complètement folle), la peine de mort, les lois sur la drogue, etc. Y compris un rendez-vous amoureux tournant au flop. Quoi d'autre? Des recensions très précises in extenso de minutes au tribunal. Et j'allais oublier l'histoire du boxeur Benitez. Et l'ADN.
Et ce collègue qui veut absolument l'embringuer dans un coup parfait qui les rendra riches.
Le tout très rythmé, toujours un poil décalé, plein d'humour. Franchement : à découvrir!
"Et le moment est aussi bien choisi qu'un autre, aimable lecteur, pour vous informer que je digresserai légèrement au cours de ce récit, et que l'imminent passage descriptif sur la création judiciaire du rappel de vos droits de citoyen (loi Miranda) peut être entièrement sauté par ceux que ça n'intéresse pas et ce sans la moindre déperdition de calorie narrative."
L'auteur sera présent au festival america.
Ce qu'en dit le traducteur ici (mais oui, j'ai oublié, il y a une super recette d'empanadas!)
Le titre fait référence aux trous noirs, à la théorie de la relativité, toussa, mais pas obligatoire d'en savoir plus. En revanche ça parle aussi de perfection et de nombres parfaits.
Challenge pavé de l'été chez Brize
En parlent Nyctalopes,
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