Les Héritiers de la mine
Jocelyne Saucier
Denoël, 2015
Non, je n'ai pas lu Il pleuvait des oiseaux, mais j'aimerais bien, maintenant. Avec Les Héritiers de la mine j'ai découvert cette chouette auteur québécoise.
La tribu Cardinal, dans cette ville minière, c'est le père, quasiment toujours en prospection, mais mettant un point d'honneur à apprendre aux enfants à manier la dynamite -prudemment- , la mère, quasiment toujours en cuisine (mais elle ne peut s'en passer, au point qu'elle continue même lorsque les enfants tous adultes ont quitté la maison) et les enfants, au nombre croissant au fil du temps, pour se stabiliser à vingt-et-un.* Une bande de gamins avec meneurs et suiveurs, n'hésitant pas à terroriser le voisinage (les culs terreux)
Alors évidemment l'organisation familiale devait tenir compte du nombre; quoique l'impression de tourbillon, de vie au petit bonheur est ce qui ressort. Batailles pour une place sur le canapé, lits choisis le soir, mais des règles tout de même. J'ai aimé la mère comptant ses enfants autour de la table familiale lors des repas -places fixées-, et ses visites nocturnes lorsqu'ils dormaient. Ils n'ont jamais oublié ces regards...
Mais le nœud de l'histoire, c'est qu'ils ne sont plus que vingt, et ça, c'est un manque, une douleur, un remords, un refus, un mystère selon les cas. Au point de fuir, d'éviter les rencontres, de se regarder dans le miroir pour la jumelle survivante, de tanner les autres avec les questions. Plusieurs enfants devenus largement adultes prennent la parole à tour de rôle et petit à petit les faits se dévoilent. Qui a disparu? Comment? Pourquoi? Pourquoi le cacher? Les détails serrent le coeur et à la fin on est un poil sonné par ce drame.
Humour, tendresse, dans une langue qui emporte, pour un roman qu'on ne lâche pas. La construction est particulièrement maîtrisée, ce qui ne gâte rien.
* Ce détail ne m'a pas fait sauter au plafond, j'ai connu une dame issue d'une fratrie de vingt-et-un - dix-neuf vivants, ajoutait-on juste après. Même remarque dans le roman (tous vivants?), curieux.
Des avis chez bmr mam, topinambulle, suzanne,
Merci à l'éditeur, pour ce roman reçu dans le cadre d'un partenariat.
Et grâce à Suzanne je réalise que j'ai lu mon deuxième roman de Québec-o'-trésors
vendredi 29 mai 2015
mercredi 27 mai 2015
Volte-face / Les neuf dragons
Volte-face
The reversal
Michael Connelly
calmann-lévy, 2012
Traduit par Robert Pépin
Un Connelly, je ne résiste pas, surtout qu'ici, cerise sur le gâteau, se retrouvent Harry Bosch mon flic préféré à LA, et Mickey Haller, avocat de la défense ordinairement, qui cette fois va passer à l'accusation., en prenant dans son équipe une de ses ex, la talentueuse Maggie McPherson.
Il ne faut pas moins que cette équipe de choc pour venir à bout de Jason Jessup. Après vingt-quatre ans de prison pour enlèvement et meurtre d'une gamine de douze ans, ce dernier est libéré car des traces d'ADN ont été retrouvées sur le vêtement de la fillette, qui n'étaient pas les siennes. Un nouveau procès s'ouvre, tous les coups ou presque sont permis, Bosch et ses deux complices étant persuadés que Jessup est coupable.
Un bon Connelly, avec les parties 'procès' bien détaillées (je sais mieux comment cela se passe aux Etats Unis qu'en France...) et aussi une enquête à l'extérieur. Bosch se révèle aussi papa poule attentionné et plaçant la sécurité de sa fille avant tout, fille qu'il a récupérée après les événements relatés dans Les Neuf Dragons (voir plus bas).
"Il [Bosch] était toujours agacé de voir la justice et la loi être ainsi manipulées par des avocats astucieux. Dans le processus, ce qu'il faisait, lui, était pur. Il partait de la scène de crime et remontait les éléments de preuve jusqu'à l'assassin. Il y avait certes des règles à suivre, mais au moins la route était-elle claire les trois-quarts du temps. Cela dit, une fois au tribunal, les choses prenaient une autre tournure. Les avocats se disputaient sur des questions d'interprétations, d'hypothèses et de procédures. Plus rien ne donnait l'impression d'avancer en ligne droite. La justice se transformait en labyrinthe.
Comment était-il possible que le témoin d'un crime horrible n'ait pas le droit de témoigner contre l'accusé devant une cour de justice? Cela faisait maintenant plus de trente-cinq ans qu'il était flic et il ne comprenait toujours pas comment fonctionnait le système."
Je n'ai pas résisté, j'ai emprunté et lu Les neuf Dragons, avec pour conséquence que j'ai lu TOUS les Connelly, sauf le dernier paru.
Les neuf dragons
Nine Dragons
Michael Connelly
Seuil, 2011
Traduit par Robert Pépin
En fait la série est bien menée, il n'est pas trop besoin de lire dans l'ordre, même si là je connaissais déjà le sort de l'ex de Bosch, mais sans les détails.
Tout démarre par la mort d'un petit commerçant chinois de Los Angeles, avec comme piste un possible racket. Vient l'arrestation d'un dénommé Chang, arrêté juste avant de s'envoler pour Hong Kong, et refusant de parler. Juste là Bosch apprend que sa fille, qui réside à Hong Kong avec sa mère, a été enlevée. Ajoutons de possibles fuites dans la police, un collègue un peu trop bureaucrate, les triades asiatiques, et on a les éléments d'un bon suspense et de pas mal de péripéties et d'action. Bosch, quand on touche à sa fille, n'est pas d'humeur à respecter toutes les règles!
Un bon opus!(avis non partagé par certains lecteurs, mais bof, moi ça me va quand même)(mais je reconnais que Bosch en père 'touche pas à ma fille', c'est parfois un peu pathos)
The reversal
Michael Connelly
calmann-lévy, 2012
Traduit par Robert Pépin
Un Connelly, je ne résiste pas, surtout qu'ici, cerise sur le gâteau, se retrouvent Harry Bosch mon flic préféré à LA, et Mickey Haller, avocat de la défense ordinairement, qui cette fois va passer à l'accusation., en prenant dans son équipe une de ses ex, la talentueuse Maggie McPherson.
Il ne faut pas moins que cette équipe de choc pour venir à bout de Jason Jessup. Après vingt-quatre ans de prison pour enlèvement et meurtre d'une gamine de douze ans, ce dernier est libéré car des traces d'ADN ont été retrouvées sur le vêtement de la fillette, qui n'étaient pas les siennes. Un nouveau procès s'ouvre, tous les coups ou presque sont permis, Bosch et ses deux complices étant persuadés que Jessup est coupable.
Un bon Connelly, avec les parties 'procès' bien détaillées (je sais mieux comment cela se passe aux Etats Unis qu'en France...) et aussi une enquête à l'extérieur. Bosch se révèle aussi papa poule attentionné et plaçant la sécurité de sa fille avant tout, fille qu'il a récupérée après les événements relatés dans Les Neuf Dragons (voir plus bas).
"Il [Bosch] était toujours agacé de voir la justice et la loi être ainsi manipulées par des avocats astucieux. Dans le processus, ce qu'il faisait, lui, était pur. Il partait de la scène de crime et remontait les éléments de preuve jusqu'à l'assassin. Il y avait certes des règles à suivre, mais au moins la route était-elle claire les trois-quarts du temps. Cela dit, une fois au tribunal, les choses prenaient une autre tournure. Les avocats se disputaient sur des questions d'interprétations, d'hypothèses et de procédures. Plus rien ne donnait l'impression d'avancer en ligne droite. La justice se transformait en labyrinthe.
Comment était-il possible que le témoin d'un crime horrible n'ait pas le droit de témoigner contre l'accusé devant une cour de justice? Cela faisait maintenant plus de trente-cinq ans qu'il était flic et il ne comprenait toujours pas comment fonctionnait le système."
Je n'ai pas résisté, j'ai emprunté et lu Les neuf Dragons, avec pour conséquence que j'ai lu TOUS les Connelly, sauf le dernier paru.
Les neuf dragons
Nine Dragons
Michael Connelly
Seuil, 2011
Traduit par Robert Pépin
En fait la série est bien menée, il n'est pas trop besoin de lire dans l'ordre, même si là je connaissais déjà le sort de l'ex de Bosch, mais sans les détails.
Tout démarre par la mort d'un petit commerçant chinois de Los Angeles, avec comme piste un possible racket. Vient l'arrestation d'un dénommé Chang, arrêté juste avant de s'envoler pour Hong Kong, et refusant de parler. Juste là Bosch apprend que sa fille, qui réside à Hong Kong avec sa mère, a été enlevée. Ajoutons de possibles fuites dans la police, un collègue un peu trop bureaucrate, les triades asiatiques, et on a les éléments d'un bon suspense et de pas mal de péripéties et d'action. Bosch, quand on touche à sa fille, n'est pas d'humeur à respecter toutes les règles!
Un bon opus!(avis non partagé par certains lecteurs, mais bof, moi ça me va quand même)(mais je reconnais que Bosch en père 'touche pas à ma fille', c'est parfois un peu pathos)
lundi 25 mai 2015
La Saison des adieux
La Saison des adieux
Afskeid en Vertrek
Karel Schoeman
Phebus, 2004
Traduction de Pierre-Marie Finkelstein
Illustration de couverture : Nikolaï Rerikh, Repos du chasseur, 1916
Ce n'est pas ici la première apparition de Karel Schoeman (prononcer Skeuman), écrivain sud africain né en 1939 et écrivant en afrikaans. Quand on aime un auteur, on veut tout lire. Petit à petit se réalise la découverte de l'Afrique du sud 'de l'intérieur', mais ici comme auparavant il ne faut point s'attendre à un exposé clair des événements, plutôt des allusions assez floues et universelles. Très fort.
Une fois encore, plongée dans un roman de Karel Schoeman, je n'ai pu le lâcher, sans doute grâce à son écriture (bravo au traducteur). Les quelques impressions suivantes ne donneront pas une idée complète de ce riche roman.
Adriaan, poète sud africain réputé, vient de faire paraître un recueil et se retrouve dans une période sans écriture. Un de ses rituels est de détruire ses notes et brouillons, avant de démarrer d'autres écrits. Il est possible de voir ce roman sous l'angle de la création et de l'écriture, à quel moment Adriaan décide de se remettre à l'ouvrage, l'élément déclencheur, et comment les mots lui viennent.
A la fin, il est dérangé chez lui alors qu'il écrit, la main salie d'encre.
Pour moi l'un des moments les plus forts du roman est la rencontre d'Adriaan avec Dekker, poète vivant reclus à la campagne, et ayant cessé d'écrire ('Après on est libre')
"Il ne faut pas mal interpréter mon retrait. Mais ne le prenez surtout pas comme une condamnation de votre propre engagement.
-Moi, engagé? dit Adriaan, étonné.
- Vos livres le sont.
- Vous êtes bien l'un des rares à vous en être aperçu!
- Vous prenez position. Le choix même de vos mots est déjà une prise de position, un jugement, indépendamment de ce que vous tentez de dire dans tel ou tel poème en particulier.
- Pourtant la plupart des gens ne lisent que ce qui est le plus apparent, malheureusement.
- J'ai vu les lumières des torches, dans la nuit, de l'autre côté de la colline, au dessus du village.J'ai entendu les mitrailleuses, les avions qui volaient en rase-mottes dans l'obscurité."
La quatrième de couverture annonce que ce roman (écrit en 1990) se déroule dans les années 70, durant une période de troubles. En effet, barrages, patrouilles, laissez-passer, militaires, disparitions, personnes déplacées, barbelés, sirènes, toute une ambiance sombre et pesante baigne ce roman.
"Dans le hall de la gare, les sans-abri déambulaient; à l'entrée de l'hôtel, la porte tournante pivotait sous le regard des vigiles; quelque part un homme s'abattait lourdement sur le sol, le visage en sang, quelque part quelqu'un mourait sur le sol de béton, dans la lumière omniprésente d'une ampoule électrique nue."
Mais la majeure partie du roman concerne Adriaan, ses rencontres, sa vie sociale ou professionnelle, ses déambulations, dans une ville du Cap souvent pluvieuse ou le lumineux bord de mer.
Alors? Si ce n'est déjà fait, découvrez Schoeman!
Les avis d'Eeguab (chez lecture/écriture)
Afskeid en Vertrek
Karel Schoeman
Phebus, 2004
Traduction de Pierre-Marie Finkelstein
Illustration de couverture : Nikolaï Rerikh, Repos du chasseur, 1916
Ce n'est pas ici la première apparition de Karel Schoeman (prononcer Skeuman), écrivain sud africain né en 1939 et écrivant en afrikaans. Quand on aime un auteur, on veut tout lire. Petit à petit se réalise la découverte de l'Afrique du sud 'de l'intérieur', mais ici comme auparavant il ne faut point s'attendre à un exposé clair des événements, plutôt des allusions assez floues et universelles. Très fort.
Une fois encore, plongée dans un roman de Karel Schoeman, je n'ai pu le lâcher, sans doute grâce à son écriture (bravo au traducteur). Les quelques impressions suivantes ne donneront pas une idée complète de ce riche roman.
Adriaan, poète sud africain réputé, vient de faire paraître un recueil et se retrouve dans une période sans écriture. Un de ses rituels est de détruire ses notes et brouillons, avant de démarrer d'autres écrits. Il est possible de voir ce roman sous l'angle de la création et de l'écriture, à quel moment Adriaan décide de se remettre à l'ouvrage, l'élément déclencheur, et comment les mots lui viennent.
A la fin, il est dérangé chez lui alors qu'il écrit, la main salie d'encre.
Pour moi l'un des moments les plus forts du roman est la rencontre d'Adriaan avec Dekker, poète vivant reclus à la campagne, et ayant cessé d'écrire ('Après on est libre')
"Il ne faut pas mal interpréter mon retrait. Mais ne le prenez surtout pas comme une condamnation de votre propre engagement.
-Moi, engagé? dit Adriaan, étonné.
- Vos livres le sont.
- Vous êtes bien l'un des rares à vous en être aperçu!
- Vous prenez position. Le choix même de vos mots est déjà une prise de position, un jugement, indépendamment de ce que vous tentez de dire dans tel ou tel poème en particulier.
- Pourtant la plupart des gens ne lisent que ce qui est le plus apparent, malheureusement.
- J'ai vu les lumières des torches, dans la nuit, de l'autre côté de la colline, au dessus du village.J'ai entendu les mitrailleuses, les avions qui volaient en rase-mottes dans l'obscurité."
La quatrième de couverture annonce que ce roman (écrit en 1990) se déroule dans les années 70, durant une période de troubles. En effet, barrages, patrouilles, laissez-passer, militaires, disparitions, personnes déplacées, barbelés, sirènes, toute une ambiance sombre et pesante baigne ce roman.
"Dans le hall de la gare, les sans-abri déambulaient; à l'entrée de l'hôtel, la porte tournante pivotait sous le regard des vigiles; quelque part un homme s'abattait lourdement sur le sol, le visage en sang, quelque part quelqu'un mourait sur le sol de béton, dans la lumière omniprésente d'une ampoule électrique nue."
Mais la majeure partie du roman concerne Adriaan, ses rencontres, sa vie sociale ou professionnelle, ses déambulations, dans une ville du Cap souvent pluvieuse ou le lumineux bord de mer.
Alors? Si ce n'est déjà fait, découvrez Schoeman!
Les avis d'Eeguab (chez lecture/écriture)
vendredi 22 mai 2015
Le journal de Yaël Koppman
Le journal de Yaël Koppman
Marianne Rubinstein
Wespieser, 2007
(existe en pocket)
L'auteur est une romancière et essayiste, économiste, maître de conférences à Paris. Elle a écrit 'Tout le monde n'a pas la chance d'être orphelin', essai sur les orphelins juifs de la Schoah, et Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel, roman où l'on retrouve son personnage Yaël Koppman! (merci wikipedia)
Première phrase : "Clara dit qu'elle se chargerait d'acheter les fleurs." J'étais ferrée. Et ce n'était que le début de la balade dans l'univers étonnant de Bloomsbury.
Mais ce titre très Bridget Jonesien cache sans surprise le journal d'une trentenaire parisienne entourée de son colocataire Eric (rien entre eux, il n'est pas hétéro), sa cousine Clara, juive aux yeux des non juifs, mais pas du tout aux yeux des juifs car sa mère ne l'est pas, donc elle songe à se convertir; à part ça Clara fréquente un homme marié (qui ne veut pas quitter sa femme, air connu) et sent son horloge biologique tourner tourner. Et Yaël? Pas vraiment trop de kilos à perdre, mais une vie sentimentalo-sexuelle vide ou compliquée, une vie professionnelle remplie (elle est économiste et maître de conférences, oui, comme) et surtout surtout... une mère! avec laquelle les rapports sont ... compliqués, et ayant toujours refusé de révéler qui était le père de Yaël.
Pas de quoi s'emballer, me direz-vous? Ah mais c'est que Yaël est fascinée par l'économiste John Maynard Keynes et ses idées. Il fréquenta le groupe de Bloomsbury, Vanessa Bell (soeur de virginia Woolf) épouse de Clive Bell, et mère de Angelica Garnett, dont il fut le parrain. Entre l'histoire d'Angelica et celle de Yaël se révèle un 'effrayant et salutaire effet de miroir' : parallèle entre Bloomsbury et les soixante-huitards comme Elsa, mère de Yaël; relation mère fille compliquée, Vanessa-Angelica ou Elsa-Yaël; père 'inconnu'. Vous avez deviné que Yaël est aussi en analyse.
Yaël décide d'écrire un livre sur Angelica, écrivain et peintre, elle la rencontre même (oui, elle est morte en 2012!). Juste pour montrer l'ambiance, sachez que son vrai père, Duncan Grant, fut l'amant de son oncle (frère de Virgnia et Vanessa Woolf), de son futur mari David Garnett, d'un futur amant, de John Maynard Keynes aussi... La barque est pas mal chargée... Yaël analyse finement le roman de David Garnett, La femme changée en renard.
Marianne Rubinstein aborde tous ces sujets en 200 pages environ, oui! Ecriture fluide, humour, un poil d'émotion, des remarques pleines de justesse, des personnages bien captés. Et puis Sabine Wespieser. Bref, une bien jolie surprise que cette lecture!
Sachez aussi que Yaël utilise des notions d'économie dans la vie pratique : la théorie de l'avantage comparatif sert à partager les ménage et les courses avec le colocataire, le problème du lave-vaisselle à vider se règle grâce au dilemme du prisonnier et le marché de la séduction est considéré comme un marché en information imparfaite...
L'avis de Lou chez Lecture écriture, Marie, qui renvoie vers Amanda Meyre - Cathulu
Chez Clarabel - Cunéipage
Les lectures de Florinette
Lily et ses livresLivres de Malice
Marianne Rubinstein
Wespieser, 2007
(existe en pocket)
L'auteur est une romancière et essayiste, économiste, maître de conférences à Paris. Elle a écrit 'Tout le monde n'a pas la chance d'être orphelin', essai sur les orphelins juifs de la Schoah, et Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel, roman où l'on retrouve son personnage Yaël Koppman! (merci wikipedia)
Première phrase : "Clara dit qu'elle se chargerait d'acheter les fleurs." J'étais ferrée. Et ce n'était que le début de la balade dans l'univers étonnant de Bloomsbury.
Mais ce titre très Bridget Jonesien cache sans surprise le journal d'une trentenaire parisienne entourée de son colocataire Eric (rien entre eux, il n'est pas hétéro), sa cousine Clara, juive aux yeux des non juifs, mais pas du tout aux yeux des juifs car sa mère ne l'est pas, donc elle songe à se convertir; à part ça Clara fréquente un homme marié (qui ne veut pas quitter sa femme, air connu) et sent son horloge biologique tourner tourner. Et Yaël? Pas vraiment trop de kilos à perdre, mais une vie sentimentalo-sexuelle vide ou compliquée, une vie professionnelle remplie (elle est économiste et maître de conférences, oui, comme) et surtout surtout... une mère! avec laquelle les rapports sont ... compliqués, et ayant toujours refusé de révéler qui était le père de Yaël.
Pas de quoi s'emballer, me direz-vous? Ah mais c'est que Yaël est fascinée par l'économiste John Maynard Keynes et ses idées. Il fréquenta le groupe de Bloomsbury, Vanessa Bell (soeur de virginia Woolf) épouse de Clive Bell, et mère de Angelica Garnett, dont il fut le parrain. Entre l'histoire d'Angelica et celle de Yaël se révèle un 'effrayant et salutaire effet de miroir' : parallèle entre Bloomsbury et les soixante-huitards comme Elsa, mère de Yaël; relation mère fille compliquée, Vanessa-Angelica ou Elsa-Yaël; père 'inconnu'. Vous avez deviné que Yaël est aussi en analyse.
Yaël décide d'écrire un livre sur Angelica, écrivain et peintre, elle la rencontre même (oui, elle est morte en 2012!). Juste pour montrer l'ambiance, sachez que son vrai père, Duncan Grant, fut l'amant de son oncle (frère de Virgnia et Vanessa Woolf), de son futur mari David Garnett, d'un futur amant, de John Maynard Keynes aussi... La barque est pas mal chargée... Yaël analyse finement le roman de David Garnett, La femme changée en renard.
Marianne Rubinstein aborde tous ces sujets en 200 pages environ, oui! Ecriture fluide, humour, un poil d'émotion, des remarques pleines de justesse, des personnages bien captés. Et puis Sabine Wespieser. Bref, une bien jolie surprise que cette lecture!
Sachez aussi que Yaël utilise des notions d'économie dans la vie pratique : la théorie de l'avantage comparatif sert à partager les ménage et les courses avec le colocataire, le problème du lave-vaisselle à vider se règle grâce au dilemme du prisonnier et le marché de la séduction est considéré comme un marché en information imparfaite...
L'avis de Lou chez Lecture écriture, Marie, qui renvoie vers Amanda Meyre - Cathulu
Chez Clarabel - Cunéipage
Les lectures de Florinette
Lily et ses livresLivres de Malice
mercredi 20 mai 2015
Wild idea
Wild Idea
Des bisons à la terre et de la terre aux bisons
Dan O' Brien
Au diable vauvert, 2015
Traduction Walter Gripp
"C'est quoi ton boulot? Protéger le monde?
- Non, bien sûr. Mais je dois faire quelque chose."
Après Les bisons du Coeur-Brisé (d'après la forme de la marque sur le bétail) j'ai été ravie de retrouver Dan O'Brien et sa petite équipe. Je craignais un peu les redites, mais non, le propos de l'auteur est de raconter l'évolution de son aventure avec la Wild Idea Buffalo Company. Sur son 'petit' ranch de Dakota du sud, il élève des bisons sans clôtures, permettant aux animaux et herbes endémiques de la Prairie de revenir, et commercialise de la viande de bison abattu sur place et non en abattoir.
Prenant conscience qu'il lui faut agir sur de plus grandes surfaces, il désire acheter, disons, une sorte d'abattoir mobile, et le Ranch de Cheyenne River.
"J'ai tout balancé en une seule phrase ininterrompue :
'Pam dit que tu as de l'argent à investir et j'ai le projet d'aider des Lakotas en moissonnant leurs bisons de façon culturellement appropriée, et de me débrouiller pour qu'on achète cette machine vraiment formidable qui coûte un tas de fric, et l'agent des impôts dit que ça peut passer en 501c3 alors j'ai pensé que peut-être tu serais d'accord pour nous donner un quart de millions de dollars.'
Il y a eu un silence au bout du fil."
Moissonner les bisons sur les terres indiennes Lakotas ne se fait pas sans quelques préliminaires. "Nous devons brûler de la sauge. Nous devons remercier les ancêtres. Nous avons besoin de cérémonies." Les Lakotas peuvent même récupérer des parties des bisons impropres à la vente mais traditionnellement cuisinés ou utilisés.
Pour les lecteurs frileux craignant le nature writing pur et dur, les grandes envolées lyriques sur la défense de la nature et tout ça, soyez sans crainte. On pourrait parler de récit crossover. Il y a de fabuleux passages sur le retour des bisons après l'hiver (les braves bêtes se débrouillent seules pour survivre dans le froid et la neige), et la chasse au faucon pèlerin, un passage très triste sur des sternes et des herbes rares fauchées prématurément, mais c'est (trop) court et on suit avec intérêt l'aventure de toute une famille dans ce ranch, famille très attachante. Jilian, la mère, m'a l'air d'une fantastique cuisinière et me donnerait presque envie de manger de la viande rouge...
Bref, ça fait plaisir de savoir qu'aux Etats-Unis il y a encore des fous pour se lancer dans l'élevage de bisons 'libres', pas emprisonnés dans des parcs d'engraissement, pas nourris artificiellement, tués sans stress (mais tués quand même, eh oui), lesdits bisons vivant leur vie dans les Grandes Plaines telles qu'elles existaient avant le 19ème siècle, l'idée étant qu'elles bénéficient de la présence des bisons (tout est lié)
Le premier petit bison de l'année 2015 au ranch!
Si comme moi vous voulez en savoir plus, c'est ici (photos, films, blog, recettes, etc. et même possibilité de commander -envoient-ils en France ?)
Les avis de Folfaerie,
Des bisons à la terre et de la terre aux bisons
Dan O' Brien
Au diable vauvert, 2015
Traduction Walter Gripp
"C'est quoi ton boulot? Protéger le monde?
- Non, bien sûr. Mais je dois faire quelque chose."
Après Les bisons du Coeur-Brisé (d'après la forme de la marque sur le bétail) j'ai été ravie de retrouver Dan O'Brien et sa petite équipe. Je craignais un peu les redites, mais non, le propos de l'auteur est de raconter l'évolution de son aventure avec la Wild Idea Buffalo Company. Sur son 'petit' ranch de Dakota du sud, il élève des bisons sans clôtures, permettant aux animaux et herbes endémiques de la Prairie de revenir, et commercialise de la viande de bison abattu sur place et non en abattoir.
Prenant conscience qu'il lui faut agir sur de plus grandes surfaces, il désire acheter, disons, une sorte d'abattoir mobile, et le Ranch de Cheyenne River.
"J'ai tout balancé en une seule phrase ininterrompue :
'Pam dit que tu as de l'argent à investir et j'ai le projet d'aider des Lakotas en moissonnant leurs bisons de façon culturellement appropriée, et de me débrouiller pour qu'on achète cette machine vraiment formidable qui coûte un tas de fric, et l'agent des impôts dit que ça peut passer en 501c3 alors j'ai pensé que peut-être tu serais d'accord pour nous donner un quart de millions de dollars.'
Il y a eu un silence au bout du fil."
Moissonner les bisons sur les terres indiennes Lakotas ne se fait pas sans quelques préliminaires. "Nous devons brûler de la sauge. Nous devons remercier les ancêtres. Nous avons besoin de cérémonies." Les Lakotas peuvent même récupérer des parties des bisons impropres à la vente mais traditionnellement cuisinés ou utilisés.
Pour les lecteurs frileux craignant le nature writing pur et dur, les grandes envolées lyriques sur la défense de la nature et tout ça, soyez sans crainte. On pourrait parler de récit crossover. Il y a de fabuleux passages sur le retour des bisons après l'hiver (les braves bêtes se débrouillent seules pour survivre dans le froid et la neige), et la chasse au faucon pèlerin, un passage très triste sur des sternes et des herbes rares fauchées prématurément, mais c'est (trop) court et on suit avec intérêt l'aventure de toute une famille dans ce ranch, famille très attachante. Jilian, la mère, m'a l'air d'une fantastique cuisinière et me donnerait presque envie de manger de la viande rouge...
Bref, ça fait plaisir de savoir qu'aux Etats-Unis il y a encore des fous pour se lancer dans l'élevage de bisons 'libres', pas emprisonnés dans des parcs d'engraissement, pas nourris artificiellement, tués sans stress (mais tués quand même, eh oui), lesdits bisons vivant leur vie dans les Grandes Plaines telles qu'elles existaient avant le 19ème siècle, l'idée étant qu'elles bénéficient de la présence des bisons (tout est lié)
Le premier petit bison de l'année 2015 au ranch!
Si comme moi vous voulez en savoir plus, c'est ici (photos, films, blog, recettes, etc. et même possibilité de commander -envoient-ils en France ?)
Les avis de Folfaerie,
lundi 18 mai 2015
On a marché dans Pyongyang
On a marché dans Pyongyang
Abel Meiers
Ginkgo éditeur, 2015
Quentin arrive en Corée travailler dans un projet (agriculture) juste avant le décès de Kim Jong Il et offre une description très pince sans rire de ces moments de deuil et de désolation, sans pouvoir toujours faire la part entre les sentiments réels ou simulés.
Après cette période, son épouse Sarah et ses fils de 4 et 7 ans peuvent enfin le rejoindre dans ce grand appartement de Pyongyang où eau et électricité ne sont pas garantis 24 heures sur 24. Des extraits du journal de Sarah ponctuent la narration, volontairement neutre en apparence.
Tout le monde a entendu parler de l'ambiance grise et triste régnant en Corée du nord et parfois l'on a l'impression d'une immense prison à ciel ouvert... Les étrangers n'ont guère de contacts avec les Coréens autres que professionnels et il ne faut pas s'attendre à des révélations. Juste qu'on se demande sur quelle planète on est là-bas, c'est ahurissant. Chol, le traducteur au français parfait, sait montrer de l'humour.
Je recommande cette plongée familiale dans l'univers ubuesque et surréaliste (on n'évite pas ces qualificatifs, je suis désolée) du royaume de Kim Jong-Un (on parle de dynastie communiste). C'est drôle et triste et l'émotion réussit à affleurer lors du départ de la famille...
Si le cœur vous en dit, on peut y aller, Discover North Korea, c'est ici.
"Il furent accueillis en ville par des peintures représentant de solides agriculteurs au sourire éclatant, qui contrastaient assez sensiblement avec les paysans de la vie réelle qu'ils venaient de quitter, épaules tombantes et rides creusées dans des visages pourtant jeunes."
(Dans l'école de langue anglaise pour étrangers)
"J'ai pu voir de mes propres yeux, les exercices de mathématiques dans lesquels il fallait compter le nombre de chars américains pulvérisés par l'armée coréenne sachant que le fréquence de tirs de l'artillerie est de cinquante douilles par minute et qu'un blindé a une résistance de blablabla blablabla (soupir)."
Rien à faire, trop tentée, il m'a fallu engloutir d'autres livres sur le même sujet (je réserve Pyongyang de Guy Delisle pour plus tard)
Nouilles froides à Pyongyang
Jean-Luc Coatalem
Grasset, 2013
Cette fois le narrateur, accompagné d'un des ses amis, dandy parisien sédentaire d'ordinaire et muni de trois Pléiade, part en Corée sous le prétexte de préparer des voyages pour son agence touristique (fictive). Leurs impressions plus brèves seront les mêmes, avec deux trois Kim scotchés à leur basques, un programme ... programmé. Des rappels historiques, et une approche de la frontière, apportent un plus au récit précédent qui se limitait (efficacement) au ponctuel journalier, le lecteur étant libre de chercher les renseignements nécessaires.
Deux bouquins complémentaires se confirmant l'un l'autre, finalement. Jean-Luc Coatalem déplore de ne pouvoir trouver café, restaurant, boutiques, publicités, enseignes, dans les rues de Pyongyang. Dans le récit précédent, j'ai appris qu'en fait ce n'est pas 'visible' et les étrangers se refilent les adresses où, derrière une façade neutre, se cache une boutique ou un restaurant.
J'ai appris que dans la zone démilitarisée entre les deux Corée, prolifèrent des animaux, léopards de l'Amour et tigres de Mandchourie. Pas prévu au départ, mais cet espace préservé pourrait entrer dans la liste des réserves de biosphère. Un comble, s'exclame l'auteur! Qui quittera lui aussi la Corée le cœur pincé...
Les avis de nathalie,
Abel Meiers
Ginkgo éditeur, 2015
Quentin arrive en Corée travailler dans un projet (agriculture) juste avant le décès de Kim Jong Il et offre une description très pince sans rire de ces moments de deuil et de désolation, sans pouvoir toujours faire la part entre les sentiments réels ou simulés.
Après cette période, son épouse Sarah et ses fils de 4 et 7 ans peuvent enfin le rejoindre dans ce grand appartement de Pyongyang où eau et électricité ne sont pas garantis 24 heures sur 24. Des extraits du journal de Sarah ponctuent la narration, volontairement neutre en apparence.
Tout le monde a entendu parler de l'ambiance grise et triste régnant en Corée du nord et parfois l'on a l'impression d'une immense prison à ciel ouvert... Les étrangers n'ont guère de contacts avec les Coréens autres que professionnels et il ne faut pas s'attendre à des révélations. Juste qu'on se demande sur quelle planète on est là-bas, c'est ahurissant. Chol, le traducteur au français parfait, sait montrer de l'humour.
Je recommande cette plongée familiale dans l'univers ubuesque et surréaliste (on n'évite pas ces qualificatifs, je suis désolée) du royaume de Kim Jong-Un (on parle de dynastie communiste). C'est drôle et triste et l'émotion réussit à affleurer lors du départ de la famille...
Photo satellite de la péninsule coréenne prise de nuit |
Si le cœur vous en dit, on peut y aller, Discover North Korea, c'est ici.
"Il furent accueillis en ville par des peintures représentant de solides agriculteurs au sourire éclatant, qui contrastaient assez sensiblement avec les paysans de la vie réelle qu'ils venaient de quitter, épaules tombantes et rides creusées dans des visages pourtant jeunes."
(Dans l'école de langue anglaise pour étrangers)
"J'ai pu voir de mes propres yeux, les exercices de mathématiques dans lesquels il fallait compter le nombre de chars américains pulvérisés par l'armée coréenne sachant que le fréquence de tirs de l'artillerie est de cinquante douilles par minute et qu'un blindé a une résistance de blablabla blablabla (soupir)."
Rien à faire, trop tentée, il m'a fallu engloutir d'autres livres sur le même sujet (je réserve Pyongyang de Guy Delisle pour plus tard)
Nouilles froides à Pyongyang
Jean-Luc Coatalem
Grasset, 2013
Cette fois le narrateur, accompagné d'un des ses amis, dandy parisien sédentaire d'ordinaire et muni de trois Pléiade, part en Corée sous le prétexte de préparer des voyages pour son agence touristique (fictive). Leurs impressions plus brèves seront les mêmes, avec deux trois Kim scotchés à leur basques, un programme ... programmé. Des rappels historiques, et une approche de la frontière, apportent un plus au récit précédent qui se limitait (efficacement) au ponctuel journalier, le lecteur étant libre de chercher les renseignements nécessaires.
Deux bouquins complémentaires se confirmant l'un l'autre, finalement. Jean-Luc Coatalem déplore de ne pouvoir trouver café, restaurant, boutiques, publicités, enseignes, dans les rues de Pyongyang. Dans le récit précédent, j'ai appris qu'en fait ce n'est pas 'visible' et les étrangers se refilent les adresses où, derrière une façade neutre, se cache une boutique ou un restaurant.
J'ai appris que dans la zone démilitarisée entre les deux Corée, prolifèrent des animaux, léopards de l'Amour et tigres de Mandchourie. Pas prévu au départ, mais cet espace préservé pourrait entrer dans la liste des réserves de biosphère. Un comble, s'exclame l'auteur! Qui quittera lui aussi la Corée le cœur pincé...
Les avis de nathalie,
vendredi 15 mai 2015
Les arpenteurs
Les arpenteurs
The Ploughmen
Kim Zupan
Gallmeister, 2015
Traduit par Laura Derajinski
Pourquoi cette lecture? 1) Gallmeister (et ça faisait longtemps, non?) 2 ) Cela se passe au Montana.
Bien, voyons voir cela.
C'est la nuit, dans la prison du comté de Copper, que discutent deux hommes à la fois différents et semblables.
D'un côté de la grille, le jeune adjoint, Valentine Millimaki, dont le mariage se délite, luttant contre l'insomnie et plongé dans le brouillard du manque de sommeil. Parfois le jour, accompagné du chien Tom, il part à la recherche de personnes disparues dans la région, les retrouvant bien souvent trop tard... J'ai aimé la délicatesse de Val à l'égard de ces victimes.
De l'autre côté, John Gload, et ne pas se fier à ses airs de papy! C'est un tueur, un vrai, sans trop d'états d'âme, et un rusé! Il s'est pris d'affection, semble-t-il, pour Val et lui dévoile des parties de son passé, au cours des nuits où lui aussi dort fort peu.
Le titre original fait d'ailleurs référence à cette ressemblance entre eux, dommage que le titre français soit obscur (à mon avis).
Deux êtres que tout oppose à priori, même si une certaine sensibilité à leur environnement les habite (descriptions -courtes- et belles), ainsi qu'un côté taiseux. Bien des silences, des non dits dans ce roman où le lecteur se doit de demeurer vigilant et de remplir les blancs. Au final, un roman noir et rude qu'on ne lâche pas, une amitié parfois dérangeante et fascinante.
"Gload observa la rivière à travers un bosquet de saules sans feuilles, l'eau écumait dans le vent. Les mouettes qu'il détestait tant semblaient flotter sur le tissu crêpe du ciel printanier comme des origamis punaisés là-haut."
"Sous le regard du chien immobile, il retira sa propre moufle, tendit le bras et toucha le poignet de la femme. Comme il les touchait toujours tous. Ce qui restait d'eux, se disait-il, n'était pas ce qu'ils avaient été."
Des avis chez babelio, et clara,
The Ploughmen
Kim Zupan
Gallmeister, 2015
Traduit par Laura Derajinski
Pourquoi cette lecture? 1) Gallmeister (et ça faisait longtemps, non?) 2 ) Cela se passe au Montana.
Bien, voyons voir cela.
C'est la nuit, dans la prison du comté de Copper, que discutent deux hommes à la fois différents et semblables.
D'un côté de la grille, le jeune adjoint, Valentine Millimaki, dont le mariage se délite, luttant contre l'insomnie et plongé dans le brouillard du manque de sommeil. Parfois le jour, accompagné du chien Tom, il part à la recherche de personnes disparues dans la région, les retrouvant bien souvent trop tard... J'ai aimé la délicatesse de Val à l'égard de ces victimes.
De l'autre côté, John Gload, et ne pas se fier à ses airs de papy! C'est un tueur, un vrai, sans trop d'états d'âme, et un rusé! Il s'est pris d'affection, semble-t-il, pour Val et lui dévoile des parties de son passé, au cours des nuits où lui aussi dort fort peu.
Le titre original fait d'ailleurs référence à cette ressemblance entre eux, dommage que le titre français soit obscur (à mon avis).
Deux êtres que tout oppose à priori, même si une certaine sensibilité à leur environnement les habite (descriptions -courtes- et belles), ainsi qu'un côté taiseux. Bien des silences, des non dits dans ce roman où le lecteur se doit de demeurer vigilant et de remplir les blancs. Au final, un roman noir et rude qu'on ne lâche pas, une amitié parfois dérangeante et fascinante.
"Gload observa la rivière à travers un bosquet de saules sans feuilles, l'eau écumait dans le vent. Les mouettes qu'il détestait tant semblaient flotter sur le tissu crêpe du ciel printanier comme des origamis punaisés là-haut."
"Sous le regard du chien immobile, il retira sa propre moufle, tendit le bras et toucha le poignet de la femme. Comme il les touchait toujours tous. Ce qui restait d'eux, se disait-il, n'était pas ce qu'ils avaient été."
Des avis chez babelio, et clara,
mercredi 13 mai 2015
Où je continue avec deux auteurs de BD
Après Petite histoire des colonies françaises, je me suis jetée sur tous les albums de Gregory Jarry et Otto T disponibles à la médiathèque. J'y ai retrouvé le principe 'Texte décalé plus petits dessins en dessous où il vaut la peine de scruter les détails' et l'usage du blanc, du noir et d'une seule autre couleur.
D'abord
La conquête de Mars
Tome 1 Le premier homme sur la Lune
Tome 2 Germania
Editions FLBLB, 2008
Le 21 juillet 1969, quand Neil Armstrong pose le pied sur le sol lunaire, que découvre-t-il? Un drapeau nazi.
Le 5 juillet 2029, quand Makélélé Chow pose le pied sur Mars, que voit-il? Une ville entière, Germania, construite par les Nazis.
Hé oui, figurez-vous qu'en 1945 Hitler et un groupe bien choisi (dont Leni von Riefenstahl) prirent la fuite vers l'espace...
Les deux auteurs, cette fois libérés de l'obligation de coller à l'histoire réelle, s'en donnent à cœur joie dans l'imagination un poil délirante, s'offrant même une jolie critique de notre société. A découvrir!!!
Tome 1 : présentation de l'éditeur avec liens vers pages, avis,
Même chose pour le Tome 2
Revenons sur Terre, où dans les années 80 un petit village des Deux Sèvres a eu l'honneur d'être choisi comme site d'enfouissement de déchets nucléaires. Et là, ce n'est pas de la fiction!!!
Pareil, site de l'éditeur pour infos et planches.
Village toxique
flblb, 2010
Le projet offrait pourtant bien des avantages financiers pour le petit village, qui s'obstina à refuser... Après un bon rappel sur l'énergie nucléaire, les auteurs racontent cette lutte acharnée, dans le style caustique et documenté que j'ai appris à apprécier...
Un poil d'humour :
"Un dispositif téléphonique permettait de se contacter au cas où il faudrait se rassembler rapidement en un point précis. Le système était simple : Pierre appelait Paul, Isabelle, Jean, André et Sylvie, lesquels appelaient eux-mêmes 5 personnes et ainsi de suite. Il fallait moins d’une heure à partir du premier coup de fil pour que 500 personnes déboulent n'importe où dans un rayon de 30 kilomètres. Par contre, ça pouvait prendre 2 ou 3 heures si Pierre était amoureux de Sylvie et que c'était son mari qui décrochait."
Et terminons avec
Petite histoire du grand Texas
flblb, 2005
Le site de l'éditeur, pour les premières pages, et (pour moi) la découverte d'une édition plus récente où la fin a changé! Déjà que la fin de 2005 était, comment dire, étonnante...
Mais avant de parler de la fin, il faut savoir que le reste parle vraiment de l'histoire du Texas, les espagnols, les indiens, les noirs, ainsi que l'élevage, le pétrole, et certains présidents récents... On apprend même (en 2005!) que Barack Obama sera candidat en 2008...
Conclusion: indispensable de découvrir ces deux auteurs et leur univers fantaisiste et sérieux à la fois.
D'abord
La conquête de Mars
Tome 1 Le premier homme sur la Lune
Tome 2 Germania
Editions FLBLB, 2008
Le 21 juillet 1969, quand Neil Armstrong pose le pied sur le sol lunaire, que découvre-t-il? Un drapeau nazi.
Le 5 juillet 2029, quand Makélélé Chow pose le pied sur Mars, que voit-il? Une ville entière, Germania, construite par les Nazis.
Hé oui, figurez-vous qu'en 1945 Hitler et un groupe bien choisi (dont Leni von Riefenstahl) prirent la fuite vers l'espace...
Les deux auteurs, cette fois libérés de l'obligation de coller à l'histoire réelle, s'en donnent à cœur joie dans l'imagination un poil délirante, s'offrant même une jolie critique de notre société. A découvrir!!!
Tome 1 : présentation de l'éditeur avec liens vers pages, avis,
Même chose pour le Tome 2
Revenons sur Terre, où dans les années 80 un petit village des Deux Sèvres a eu l'honneur d'être choisi comme site d'enfouissement de déchets nucléaires. Et là, ce n'est pas de la fiction!!!
Pareil, site de l'éditeur pour infos et planches.
Village toxique
flblb, 2010
Le projet offrait pourtant bien des avantages financiers pour le petit village, qui s'obstina à refuser... Après un bon rappel sur l'énergie nucléaire, les auteurs racontent cette lutte acharnée, dans le style caustique et documenté que j'ai appris à apprécier...
Un poil d'humour :
"Un dispositif téléphonique permettait de se contacter au cas où il faudrait se rassembler rapidement en un point précis. Le système était simple : Pierre appelait Paul, Isabelle, Jean, André et Sylvie, lesquels appelaient eux-mêmes 5 personnes et ainsi de suite. Il fallait moins d’une heure à partir du premier coup de fil pour que 500 personnes déboulent n'importe où dans un rayon de 30 kilomètres. Par contre, ça pouvait prendre 2 ou 3 heures si Pierre était amoureux de Sylvie et que c'était son mari qui décrochait."
Et terminons avec
Petite histoire du grand Texas
flblb, 2005
Le site de l'éditeur, pour les premières pages, et (pour moi) la découverte d'une édition plus récente où la fin a changé! Déjà que la fin de 2005 était, comment dire, étonnante...
Mais avant de parler de la fin, il faut savoir que le reste parle vraiment de l'histoire du Texas, les espagnols, les indiens, les noirs, ainsi que l'élevage, le pétrole, et certains présidents récents... On apprend même (en 2005!) que Barack Obama sera candidat en 2008...
Conclusion: indispensable de découvrir ces deux auteurs et leur univers fantaisiste et sérieux à la fois.
lundi 11 mai 2015
Les événements
Les événements
Jean Rolin
P.O.L., 2015
Un roman qui du présentoir nouveautés de la bibli m'a attirée par sa quatrième de couverture (reprenant juste le début du roman) et par d'autres évocations plus personnelles; ensuite j'ai découvert avec ravissement des avis très opposés : Comète déteste absolument, zazy aime l'auteur, et Laure de Micmélo est mitigée.
"Mais qui aurait pu soupçonner la départementale 48 de receler une menace quelconque?" (Département de l'Allier?)
Dans une France à la suite à des événements dont on ne sait pas grand chose (survenus après le 16 août 2013, en tout cas, ce jour là tout était encore comme d'ordinaire), le narrateur quitte Paris. Un Paris avec stigmates de guerre civile, blindés calcinés, barrages, bâtiments éventrés. La FINUF (Force d'interposition des Nations unies en France) tente d'imposer un retour au calme, le couvre-feu est instauré, mais la France est en proie à des guérillas, sont-ce les milices de Brennecke, ou plus au sud les djihadistes d'AQBRI? (Al Quaïda dans les Bouches-du-Rhône islamique), j'en passe.
Par la nationale 20 et petits trajets bucoliques (il aura toujours un oeil pour la flore et les paysages) le narrateur rejoint Brennecke à Salbris, effectue une mission à Saint-Amand Montrond, puis file vers le sud, avec Victoria, collaboratrice de Brennecke, jusque dans les bouches-du-Rhône.
De temps un temps un observateur extérieur reprend les rênes du récit, apportant peu d'éléments explicatifs d'ailleurs.
Je conçois très bien qu'il s'agisse d'un roman 'ça passe ou ça casse'. L'écriture est extrêmement distanciée (j'ai décelé quelques traces d'humour au n-ième degré), on ne sait rien des tenants ou aboutissants, les narrateur décrit longuement les lieux (je confirme que pour Salbris tout y est - sauf le BA), les phrases s'étirent s'étirent, longues incises, et hop on retombe bien sur ses pattes.
Pour moi ça a passé. J'aime l'écriture, d'abord, et l'ambiance décalée du roman. Oui, imaginez Sarajevo dans les années 90, vous avez le Paris du roman. Ces conflits et guerres civiles 'exotiques' ou en tout cas 'pas chez nous', eh bien c'est en France, et extrêmement bien reconstitué et crédible -Jean Rolin est aussi journaliste, d'ailleurs). Peu importe de ne pas tout savoir, au contraire les impressions n'en sont que plus fortes. Une façon efficace de donner à comprendre ce que vivent certaines populations...
Quatrième de couverture (et début du roman)
"C'était un des petits plaisirs ménagés par la guerre, à sa périphérie, que de pouvoir emprunter le boulevard de Sébastopol pied au plancher, à contresens et sur toute sa longueur. En dépit de la vitesse élevée que je parvins à maintenir sans interruption, entre les parages de la gare de l'Est et la place du Châtelet, j'entendais éclater ou crisser sous mes pneus tous les menus débris que les combats avaient éparpillés : verre brisé, matériaux de construction hachés en petits morceaux, branchettes de platane, boîtes de bière ou étuis de munitions. Ici et là se voyaient également quelques voitures détruites, parmi d'autres dégâts plus massifs. Sur le terre-plein central de la place du Châtelet, à côté de la fontaine, des militaires en treillis, mais désarmés, en application des clauses du cessez-le-feu, montaient la garde, ou plutôt allaient et venaient, autour de l'épave calcinée d'un véhicule blindé de transport de troupes."
Nota : j'aime bien que le titre Evénements garde l'ancienne orthographe...
Jean Rolin
P.O.L., 2015
Un roman qui du présentoir nouveautés de la bibli m'a attirée par sa quatrième de couverture (reprenant juste le début du roman) et par d'autres évocations plus personnelles; ensuite j'ai découvert avec ravissement des avis très opposés : Comète déteste absolument, zazy aime l'auteur, et Laure de Micmélo est mitigée.
"Mais qui aurait pu soupçonner la départementale 48 de receler une menace quelconque?" (Département de l'Allier?)
Dans une France à la suite à des événements dont on ne sait pas grand chose (survenus après le 16 août 2013, en tout cas, ce jour là tout était encore comme d'ordinaire), le narrateur quitte Paris. Un Paris avec stigmates de guerre civile, blindés calcinés, barrages, bâtiments éventrés. La FINUF (Force d'interposition des Nations unies en France) tente d'imposer un retour au calme, le couvre-feu est instauré, mais la France est en proie à des guérillas, sont-ce les milices de Brennecke, ou plus au sud les djihadistes d'AQBRI? (Al Quaïda dans les Bouches-du-Rhône islamique), j'en passe.
Par la nationale 20 et petits trajets bucoliques (il aura toujours un oeil pour la flore et les paysages) le narrateur rejoint Brennecke à Salbris, effectue une mission à Saint-Amand Montrond, puis file vers le sud, avec Victoria, collaboratrice de Brennecke, jusque dans les bouches-du-Rhône.
De temps un temps un observateur extérieur reprend les rênes du récit, apportant peu d'éléments explicatifs d'ailleurs.
Je conçois très bien qu'il s'agisse d'un roman 'ça passe ou ça casse'. L'écriture est extrêmement distanciée (j'ai décelé quelques traces d'humour au n-ième degré), on ne sait rien des tenants ou aboutissants, les narrateur décrit longuement les lieux (je confirme que pour Salbris tout y est - sauf le BA), les phrases s'étirent s'étirent, longues incises, et hop on retombe bien sur ses pattes.
Pour moi ça a passé. J'aime l'écriture, d'abord, et l'ambiance décalée du roman. Oui, imaginez Sarajevo dans les années 90, vous avez le Paris du roman. Ces conflits et guerres civiles 'exotiques' ou en tout cas 'pas chez nous', eh bien c'est en France, et extrêmement bien reconstitué et crédible -Jean Rolin est aussi journaliste, d'ailleurs). Peu importe de ne pas tout savoir, au contraire les impressions n'en sont que plus fortes. Une façon efficace de donner à comprendre ce que vivent certaines populations...
Quatrième de couverture (et début du roman)
"C'était un des petits plaisirs ménagés par la guerre, à sa périphérie, que de pouvoir emprunter le boulevard de Sébastopol pied au plancher, à contresens et sur toute sa longueur. En dépit de la vitesse élevée que je parvins à maintenir sans interruption, entre les parages de la gare de l'Est et la place du Châtelet, j'entendais éclater ou crisser sous mes pneus tous les menus débris que les combats avaient éparpillés : verre brisé, matériaux de construction hachés en petits morceaux, branchettes de platane, boîtes de bière ou étuis de munitions. Ici et là se voyaient également quelques voitures détruites, parmi d'autres dégâts plus massifs. Sur le terre-plein central de la place du Châtelet, à côté de la fontaine, des militaires en treillis, mais désarmés, en application des clauses du cessez-le-feu, montaient la garde, ou plutôt allaient et venaient, autour de l'épave calcinée d'un véhicule blindé de transport de troupes."
Nota : j'aime bien que le titre Evénements garde l'ancienne orthographe...
vendredi 8 mai 2015
Amours
Amours
Voyage dans l'intimité des Egyptiens
Marion Touboul
Transboreal, Voyage en poche, 2015
Photographies de Françoise Beauguion
Comme des extraits assez larges sont proposés sur le site de l'éditeur ici, encore ici, et puis là, je ne vais pas m'attarder sur l'écriture (fluide, évocatrice dans les descriptions, assez tonique pour ne pas lasser le lecteur, bref ce que j'aime dans ce type de lecture) ni sur tous les thèmes abordés, mais essayer de présenter simplement.
Marion Touboul a su me toucher dès le prologue, où elle évoque (brièvement) son vécu familial et personnel, juste assez pour m'entraîner à sa suite. Journaliste, elle connaît la langue arabe, a vécu en Egypte (pour diverses raisons elle réside dorénavant en Espagne) et les rencontres dont elle fait part ont eu lieu globalement entre la fin de Moubarak président et 2015. Pas besoin de connaitre à fond les événements, elle y fait parfois allusion, mais en relation avec l'atmosphère ou l'accueil des villageois surtout, laissant parfois leur peur de l'étranger présenté comme un espion prendre le pas sur leur hospitalité légendaire et réelle.
Hospitalité que Marion et Françoise (allez, je peux utiliser vos prénoms?) recherchent afin de poser leur fameuse question (sans doute tournée autrement selon les cas) 'Que représente l'amour pour vous?'. Ce livre est fait des réponses de dizaines d'hommes et de femmes, mariés ou pas, habitant la ville et la campagne. Calmement, patiemment, sans forcer, et avec respect, elles obtiennent des réponses parfois inattendues, mettant au jour du bonheur ou du drame. N'évitant aucun sujet intime ou délicat, tels l'excision ou la prostitution des jeunes gens auprès des touristes européennes, sans oublier la dure réalité vécue par les homosexuels. Poids de la famille, mariages arrangés, même dans les grandes villes où les femmes exercent un métier. "Elle rêvait d'amour à l'Occidentale avec la pudeur à l’Égyptienne. Un modèle à inventer"
Certains finissent par aimer leur femme: "Elle est comme ma sœur. Si elle venait à disparaître, je serais perdu. Aimer, c'est être complice avec quelqu'un dont on connaît le passé et les parents. On n'a pas de secrets l'un pour l'autre. C'est un amour pur et durable, pas comme celui dont on parle dans les séries télévisées. L'amour passionnel, c'est très rare ici.""Moi je crois en l'amour qui naît après le mariage dans la vie quotidienne." Une vision de l'amour rapprochée de celle de la mère d'Albert Cohen dans Le livre de ma mère.(page 226). L'auteur sait présenter les multiples facettes du problème, sans juger ou critiquer, avec des références prises dans notre histoire ou littérature occidentale. Une occasion de réfléchir pour nous aussi à ce qu'est l'amour.
Pour terminer ainsi
"Difficile de définir l'amour car il en existe autant de visages que d'êtres. Point de solution miracle pour le faire fructifier. De notre voyage se dégage pourtant un enseignement : l'amour n'est jamais acquis, il se mérite. (...) L'amour est comme cette lueur à l'avant d'un vélo dans la nuit, quine reste allumée qu'à la force des mollets.Pour que l'étreinte du départ devienne éternité, sans cesse entretenir la fragile lumière."
Ce questionnement ô combien personnel et parfois secret se révèle finalement pour moi une découverte de l'Egypte, des villages isolés aux grandes métropoles, et de son histoire récente. J'ai vogué sur une felouque, crapahuté dans le désert du Sinaï, marché sur les routes poussiéreuses, fréquenté les boîtes et les cafés, assisté à des mariages...
Voyage dans l'intimité des Egyptiens
Marion Touboul
Transboreal, Voyage en poche, 2015
Photographies de Françoise Beauguion
Comme des extraits assez larges sont proposés sur le site de l'éditeur ici, encore ici, et puis là, je ne vais pas m'attarder sur l'écriture (fluide, évocatrice dans les descriptions, assez tonique pour ne pas lasser le lecteur, bref ce que j'aime dans ce type de lecture) ni sur tous les thèmes abordés, mais essayer de présenter simplement.
Marion Touboul a su me toucher dès le prologue, où elle évoque (brièvement) son vécu familial et personnel, juste assez pour m'entraîner à sa suite. Journaliste, elle connaît la langue arabe, a vécu en Egypte (pour diverses raisons elle réside dorénavant en Espagne) et les rencontres dont elle fait part ont eu lieu globalement entre la fin de Moubarak président et 2015. Pas besoin de connaitre à fond les événements, elle y fait parfois allusion, mais en relation avec l'atmosphère ou l'accueil des villageois surtout, laissant parfois leur peur de l'étranger présenté comme un espion prendre le pas sur leur hospitalité légendaire et réelle.
Hospitalité que Marion et Françoise (allez, je peux utiliser vos prénoms?) recherchent afin de poser leur fameuse question (sans doute tournée autrement selon les cas) 'Que représente l'amour pour vous?'. Ce livre est fait des réponses de dizaines d'hommes et de femmes, mariés ou pas, habitant la ville et la campagne. Calmement, patiemment, sans forcer, et avec respect, elles obtiennent des réponses parfois inattendues, mettant au jour du bonheur ou du drame. N'évitant aucun sujet intime ou délicat, tels l'excision ou la prostitution des jeunes gens auprès des touristes européennes, sans oublier la dure réalité vécue par les homosexuels. Poids de la famille, mariages arrangés, même dans les grandes villes où les femmes exercent un métier. "Elle rêvait d'amour à l'Occidentale avec la pudeur à l’Égyptienne. Un modèle à inventer"
Certains finissent par aimer leur femme: "Elle est comme ma sœur. Si elle venait à disparaître, je serais perdu. Aimer, c'est être complice avec quelqu'un dont on connaît le passé et les parents. On n'a pas de secrets l'un pour l'autre. C'est un amour pur et durable, pas comme celui dont on parle dans les séries télévisées. L'amour passionnel, c'est très rare ici.""Moi je crois en l'amour qui naît après le mariage dans la vie quotidienne." Une vision de l'amour rapprochée de celle de la mère d'Albert Cohen dans Le livre de ma mère.(page 226). L'auteur sait présenter les multiples facettes du problème, sans juger ou critiquer, avec des références prises dans notre histoire ou littérature occidentale. Une occasion de réfléchir pour nous aussi à ce qu'est l'amour.
Pour terminer ainsi
"Difficile de définir l'amour car il en existe autant de visages que d'êtres. Point de solution miracle pour le faire fructifier. De notre voyage se dégage pourtant un enseignement : l'amour n'est jamais acquis, il se mérite. (...) L'amour est comme cette lueur à l'avant d'un vélo dans la nuit, quine reste allumée qu'à la force des mollets.Pour que l'étreinte du départ devienne éternité, sans cesse entretenir la fragile lumière."
Ce questionnement ô combien personnel et parfois secret se révèle finalement pour moi une découverte de l'Egypte, des villages isolés aux grandes métropoles, et de son histoire récente. J'ai vogué sur une felouque, crapahuté dans le désert du Sinaï, marché sur les routes poussiéreuses, fréquenté les boîtes et les cafés, assisté à des mariages...
mercredi 6 mai 2015
Le coeur entre les pages / D'un mauvais oeil
Le coeur entre les pages
The moment of everything
Shelly King
Préludes, 2015
Traduit par Pascale Haas
Un chat, des livres.
Le chat étant aussi caractériel que ma louloute (gare aux griffes) et les livres d'occasion, obligeant parfois à désodoriser l'environnement du Dragonfly, la librairie tenue par Hugo et Jason (spécialiste du rayon SF).
Maggie est l'héroïne narratrice très sympathique, récemment virée d'une start up californienne et passant son temps libre à dévorer des romances au Dragonfly."Je lisais La Rebelle (...) Il y avait eu également La rédemption, Le Bandit et La Trahison de la reine des pirates. Pour moi, pas d'histoires à l'eau de rose avec cocktails et talons aiguilles en couverture.Je voulais des pirates, des torses virils et des corsages pigeonnants. Sans doute étais-je un peu vieux jeu.". Maggie, oui, dont l'ami Dizzy dit qu'elle est "capable de convaincre les fleurs de se décoller du papier peint." Dizzy qui possède un rire tel que "si des oies passaient par là, elles ne tarderaient pas à descendre en piqué récupérer une de leurs compagnes égarées."
Par ailleurs Maggie réorganise le rayon Romances par ordre alphabétique et découvre par la suite que Jason a classé les tranches par couleurs.
Un beau jour elle découvre dans un exemplaire de L'amant de Lady Chatterley (au Dragonfly depuis des lustres) un échange entre Henry et Catherine, des inconnus tombant ainsi amoureux.
Je n'en dirai pas plus, en fait ce très joli roman réserve quelques petites surprises, les détails sont soignés, la tendresse n'est pas absente et le mieux est de se laisser prendre au charme émanant de ses pages.
Les avis de Lou,
D'un mauvais oeil
Lacy Eye
Jessica Treadway
Préludes, 2015
traduit par Eric Moreau
Trois ans après la sauvage agression nocturne qui l'a blessée psychologiquement et physiquement, Hanna apprend que la cour d'appel accepte un nouveau jugement du coupable, Rud Petty. Est-il coupable, d'ailleurs? Quel est le rôle joué par sa fille Dawn, petite amie de Rud? Il faut dire que Dawn est une jeune fille assez disgracieuse, mal dans sa peau et harcelée depuis l'enfance par ses camarades de classe. Pourquoi Rud s'est-il intéressé à elle, même ses parents aimants se le demandaient... Sur ce, Dawn demande à revenir chez sa mère, qui est bien la seule à la croire blanche comme neige. De son côté Hanna cherche à se souvenir des événements de cette nuit là...
Un bon petit thriller pour moi qui en lit peu et suis sans doute bonne cliente, tout en ne supportant pas les vrais/faux suspenses jouant inutilement avec les nerfs du lecteur. Rien de tel ici, ouf, l'histoire est habilement menée, les arrêts de jeu pour replonger dans le passé sont là pour apporter du sens et de la matière et les personnages principaux (et même certains secondaires) sont fouillés. On se focalise sur une relation mère/fille assez toxique finalement, Hanna refusant de voir ce qui se trouve sous son nez, oubliant, niant, pardonnant. Dawn dans son ambiguïté est fort réussie aussi.
Ces deux livres fort différents ont un point commun : je les ai dévorés!!!
The moment of everything
Shelly King
Préludes, 2015
Traduit par Pascale Haas
Un chat, des livres.
Le chat étant aussi caractériel que ma louloute (gare aux griffes) et les livres d'occasion, obligeant parfois à désodoriser l'environnement du Dragonfly, la librairie tenue par Hugo et Jason (spécialiste du rayon SF).
Maggie est l'héroïne narratrice très sympathique, récemment virée d'une start up californienne et passant son temps libre à dévorer des romances au Dragonfly."Je lisais La Rebelle (...) Il y avait eu également La rédemption, Le Bandit et La Trahison de la reine des pirates. Pour moi, pas d'histoires à l'eau de rose avec cocktails et talons aiguilles en couverture.Je voulais des pirates, des torses virils et des corsages pigeonnants. Sans doute étais-je un peu vieux jeu.". Maggie, oui, dont l'ami Dizzy dit qu'elle est "capable de convaincre les fleurs de se décoller du papier peint." Dizzy qui possède un rire tel que "si des oies passaient par là, elles ne tarderaient pas à descendre en piqué récupérer une de leurs compagnes égarées."
Par ailleurs Maggie réorganise le rayon Romances par ordre alphabétique et découvre par la suite que Jason a classé les tranches par couleurs.
Un beau jour elle découvre dans un exemplaire de L'amant de Lady Chatterley (au Dragonfly depuis des lustres) un échange entre Henry et Catherine, des inconnus tombant ainsi amoureux.
Je n'en dirai pas plus, en fait ce très joli roman réserve quelques petites surprises, les détails sont soignés, la tendresse n'est pas absente et le mieux est de se laisser prendre au charme émanant de ses pages.
Les avis de Lou,
D'un mauvais oeil
Lacy Eye
Jessica Treadway
Préludes, 2015
traduit par Eric Moreau
Trois ans après la sauvage agression nocturne qui l'a blessée psychologiquement et physiquement, Hanna apprend que la cour d'appel accepte un nouveau jugement du coupable, Rud Petty. Est-il coupable, d'ailleurs? Quel est le rôle joué par sa fille Dawn, petite amie de Rud? Il faut dire que Dawn est une jeune fille assez disgracieuse, mal dans sa peau et harcelée depuis l'enfance par ses camarades de classe. Pourquoi Rud s'est-il intéressé à elle, même ses parents aimants se le demandaient... Sur ce, Dawn demande à revenir chez sa mère, qui est bien la seule à la croire blanche comme neige. De son côté Hanna cherche à se souvenir des événements de cette nuit là...
Un bon petit thriller pour moi qui en lit peu et suis sans doute bonne cliente, tout en ne supportant pas les vrais/faux suspenses jouant inutilement avec les nerfs du lecteur. Rien de tel ici, ouf, l'histoire est habilement menée, les arrêts de jeu pour replonger dans le passé sont là pour apporter du sens et de la matière et les personnages principaux (et même certains secondaires) sont fouillés. On se focalise sur une relation mère/fille assez toxique finalement, Hanna refusant de voir ce qui se trouve sous son nez, oubliant, niant, pardonnant. Dawn dans son ambiguïté est fort réussie aussi.
Ces deux livres fort différents ont un point commun : je les ai dévorés!!!
lundi 4 mai 2015
Biophilie
Biophilie
Edward O. Wilson
José Corti, 2012, collection Biophilia
Traduit par Guillaume Villeneuve
L'auteur : Edward Osborne Wilson, né en 1929 à Birmingham, Alabama, est un biologiste, entomologiste, myrmécologue de notoriété mondiale, fondateur de la sociobiologie, concepteur de la biodiversité développée au début du XXIᵉ siècle.
Ce livre est en fait paru en 1984! Il est le premier d'une collection chez José Corti, nommée Biophilia, justement, dont je sens qu'il va me la falloir!
Quatrième de couverture et explication du titre par l'auteur
Je définirais la “biophilie” comme la tendance innée à se concentrer sur la vie et les processus biologiques. Depuis notre prime enfance, nous nous préoccupons avec bonheur de nous-mêmes et des autres organismes. Nous apprenons à faire le départ entre le vivant et l’inanimé et nous nous dirigeons vers le premier comme des phalènes vers une lampe. Nous apprécions en particulier la nouveauté et la variété. Tout cela se conçoit d’emblée, mais il y a encore beaucoup à en dire. J’entends démontrer qu’explorer la vie, s’affilier à elle, constitue un processus profond et complexe du développement mental. Dans une mesure encore sous-évaluée par la philosophie et la religion, notre existence repose sur cette inclination.
La biologie moderne a conçu une façon toute nouvelle de considérer l’univers, laquelle s’accorde du avec ce point de vue de la biophilie. En d’autres termes, l’instinct, pour une fois, s’aligne sur la raison. J’en tire une conclusion optimiste : c’est pour autant que nous en viendrons à comprendre d’autres organismes que nous leur accorderons plus de prix, comme à nous-mêmes.
Vous êtes toujours là? Bon, j'arrête ces (bien pratiques) copiés collés et vous parle de cette lecture. Quand je pense que j'ai failli la rater, n'ayant pas de prime abord compris de quoi il s'agissait, alors que c'est complètement ma tasse de thé (oui, attention, sur ce blog, le grand retour des trucs nature/écologie/petites bestioles/naturalisme)
Une dizaine de textes pour 200 pages environ, écrites avec une précision scientifique sans lourdeur ou obscurité mais aussi un soin tout littéraire, conduisent le lecteur principalement dans les zones tropicales humides, si merveilleusement riches, avec par exemple la fourmi parasol.
Elles s'attaquent aux feuilles et causent bien des dégâts, mais leur étude est fascinante (cette histoire de jardin et de champignon!). "Si les êtres humains évoluent dans une univers visuel et auditif, les insectes sociables existent d'abord par le goût et l'odeur. En un mot, nous sommes audiovisuels alors qu'ils sont chimiques".
Une des grandes questions auxquelles essaie de répondre l'auteur au cours de ses recherches est
"Quelles doivent être les dimensions d'une réserve naturelle pour qu'on puisse protéger de façon durable la plupart, sinon toutes les espèces de plantes et d'animaux qui s'y trouvent?" Bien compliqué, surtout qu'il semble y avoir "un équilibre de la nature jusqu'au niveau des espèces, avec des vagues de remplacement." La biodiversité se hisserait jusqu'à un certain niveau puis demeurerait stationnaire, avec arrivée et départ de certaines espèces.
Ce livre riche et varié s'interroge aussi sur la peur du serpent chez les êtres humains (et les singes) et à l'habitat 'idéal' de l'homme. "Certaines caractéristiques-clés de l'habitat physique de jadis correspondent aux choix opérés par les êtres humains contemporains quand ils ont voix au chapitre."
"Une savane, vallonnée d'or et de vert, sillonnée par un réseau précis de cours d'eau et de lacs..."
Le dernier chapitre, écrit il y a déjà une trentaine d'années, intitulé L'éthique de la conservation, tirait déjà la sonnette d'alarme.
Je me contenterais d'une citation:
"Le pire pari de tous est de laisser des espèces verser tout entières dans l'extinction car même si l'on concède plus de place à l'environnement naturel par la suite, jamais il ne pourra se reconstituer dans sa diversité originelle. La première règle du bricolage, nous rappelle Aldo Leopold, est de garder toutes les pièces."
J'en profite pour rappeler qu'il n'est pas besoin de partir sous les tropiques pour découvrir une nature étonnante. J'ai récemment vu un film tourné en Alsace, près du Rhin canalisé et industriel, où une gravière abandonnée est devenue un petit paradis pour faune et flore. Jungle d'eau douce, la vie secrète des gravières. Le film entier se trouve facilement sur internet.
Edward O. Wilson
José Corti, 2012, collection Biophilia
Traduit par Guillaume Villeneuve
L'auteur : Edward Osborne Wilson, né en 1929 à Birmingham, Alabama, est un biologiste, entomologiste, myrmécologue de notoriété mondiale, fondateur de la sociobiologie, concepteur de la biodiversité développée au début du XXIᵉ siècle.
Ce livre est en fait paru en 1984! Il est le premier d'une collection chez José Corti, nommée Biophilia, justement, dont je sens qu'il va me la falloir!
Quatrième de couverture et explication du titre par l'auteur
Je définirais la “biophilie” comme la tendance innée à se concentrer sur la vie et les processus biologiques. Depuis notre prime enfance, nous nous préoccupons avec bonheur de nous-mêmes et des autres organismes. Nous apprenons à faire le départ entre le vivant et l’inanimé et nous nous dirigeons vers le premier comme des phalènes vers une lampe. Nous apprécions en particulier la nouveauté et la variété. Tout cela se conçoit d’emblée, mais il y a encore beaucoup à en dire. J’entends démontrer qu’explorer la vie, s’affilier à elle, constitue un processus profond et complexe du développement mental. Dans une mesure encore sous-évaluée par la philosophie et la religion, notre existence repose sur cette inclination.
La biologie moderne a conçu une façon toute nouvelle de considérer l’univers, laquelle s’accorde du avec ce point de vue de la biophilie. En d’autres termes, l’instinct, pour une fois, s’aligne sur la raison. J’en tire une conclusion optimiste : c’est pour autant que nous en viendrons à comprendre d’autres organismes que nous leur accorderons plus de prix, comme à nous-mêmes.
Vous êtes toujours là? Bon, j'arrête ces (bien pratiques) copiés collés et vous parle de cette lecture. Quand je pense que j'ai failli la rater, n'ayant pas de prime abord compris de quoi il s'agissait, alors que c'est complètement ma tasse de thé (oui, attention, sur ce blog, le grand retour des trucs nature/écologie/petites bestioles/naturalisme)
Une dizaine de textes pour 200 pages environ, écrites avec une précision scientifique sans lourdeur ou obscurité mais aussi un soin tout littéraire, conduisent le lecteur principalement dans les zones tropicales humides, si merveilleusement riches, avec par exemple la fourmi parasol.
Une des grandes questions auxquelles essaie de répondre l'auteur au cours de ses recherches est
"Quelles doivent être les dimensions d'une réserve naturelle pour qu'on puisse protéger de façon durable la plupart, sinon toutes les espèces de plantes et d'animaux qui s'y trouvent?" Bien compliqué, surtout qu'il semble y avoir "un équilibre de la nature jusqu'au niveau des espèces, avec des vagues de remplacement." La biodiversité se hisserait jusqu'à un certain niveau puis demeurerait stationnaire, avec arrivée et départ de certaines espèces.
Ce livre riche et varié s'interroge aussi sur la peur du serpent chez les êtres humains (et les singes) et à l'habitat 'idéal' de l'homme. "Certaines caractéristiques-clés de l'habitat physique de jadis correspondent aux choix opérés par les êtres humains contemporains quand ils ont voix au chapitre."
"Une savane, vallonnée d'or et de vert, sillonnée par un réseau précis de cours d'eau et de lacs..."
Le dernier chapitre, écrit il y a déjà une trentaine d'années, intitulé L'éthique de la conservation, tirait déjà la sonnette d'alarme.
Je me contenterais d'une citation:
"Le pire pari de tous est de laisser des espèces verser tout entières dans l'extinction car même si l'on concède plus de place à l'environnement naturel par la suite, jamais il ne pourra se reconstituer dans sa diversité originelle. La première règle du bricolage, nous rappelle Aldo Leopold, est de garder toutes les pièces."
J'en profite pour rappeler qu'il n'est pas besoin de partir sous les tropiques pour découvrir une nature étonnante. J'ai récemment vu un film tourné en Alsace, près du Rhin canalisé et industriel, où une gravière abandonnée est devenue un petit paradis pour faune et flore. Jungle d'eau douce, la vie secrète des gravières. Le film entier se trouve facilement sur internet.
vendredi 1 mai 2015
La dernière réunion des filles de la station service
La dernière réunion des filles de la station service
Fannie Flagg
le cherche midi, 2015
Traduit par Jean-Luc Piningre
Fannie Flagg, le retour. Mais si, vous savez, ces bons vieux romans feelgood impossibles à lâcher avant la fin... Cette fois, l'héroïne se nomme Sookie Poole, quasi sexagénaire (quoique) coulant dans sa petite ville d'Alabama où tout le monde se connaît une tranquille vie d'épouse et de mère de famille. Une seule ombre au tableau : sa mère, Lenore [j'ai reçu des épreuves non corrigées, si j'ai bien compris, Victoire c'est aussi Lenore? Faut pas me troubler comme ça!]
Lenore tire la couverture à elle, épuise son entourage, se met des idées dans la tête, serait-elle un poil fêlée? En tout cas on ne s'ennuie pas avec elle. Sookie aimerait juste ne pas toujours se sentir dévalorisée.
Sookie considère donc sa propre existence comme terne et peu palpitante.
Mais un jour elle apprend un fait incroyable la concernant, et je n'en dirai pas plus (non mais).
Sookie, je l'ai trouvée bien sympathique, mais parfois un poil agaçante, à ne pas oser, à changer d'avis. C'est aussi à ma connaissance la seule héroïne du 21ème siècle à devoir user de sels quand elle craint des émotions fortes. Apprenant que sa date d'anniversaire est fausse, elle réagit en pensant que son horoscope a toujours été faux! En colorimétrie, Lenore est le printemps et le bleu une de ses couleurs, donc elle pense à sa mère quand elle voit une libellule bleue. Juste de petits détails dont je me passerais. En revanche sa copine new âge est bien croquée.
En fait le plus intéressant et original c'est l'histoire des WASP (Women Airforce Service Pilots) dont j'ignorais tout : ces femmes américaines ayant piloté des avions dans l'armée américaine lors de la seconde guerre mondiale, surtout pour la logistique, pas sur le champ de bataille, et dont le rôle primordial fut bien mal reconnu.
Sookie à sa fille
"Quand le jour arrive où tes propres enfants te regardent avec d'autres yeux, où ils deviennent plus que tes enfants, mais des êtres à part entière, alors ça vaut la peine de supporter les rides et les kilos en trop."
Les avis de clara,
Fannie Flagg
le cherche midi, 2015
Traduit par Jean-Luc Piningre
Fannie Flagg, le retour. Mais si, vous savez, ces bons vieux romans feelgood impossibles à lâcher avant la fin... Cette fois, l'héroïne se nomme Sookie Poole, quasi sexagénaire (quoique) coulant dans sa petite ville d'Alabama où tout le monde se connaît une tranquille vie d'épouse et de mère de famille. Une seule ombre au tableau : sa mère, Lenore [j'ai reçu des épreuves non corrigées, si j'ai bien compris, Victoire c'est aussi Lenore? Faut pas me troubler comme ça!]
Lenore tire la couverture à elle, épuise son entourage, se met des idées dans la tête, serait-elle un poil fêlée? En tout cas on ne s'ennuie pas avec elle. Sookie aimerait juste ne pas toujours se sentir dévalorisée.
Sookie considère donc sa propre existence comme terne et peu palpitante.
Mais un jour elle apprend un fait incroyable la concernant, et je n'en dirai pas plus (non mais).
Sookie, je l'ai trouvée bien sympathique, mais parfois un poil agaçante, à ne pas oser, à changer d'avis. C'est aussi à ma connaissance la seule héroïne du 21ème siècle à devoir user de sels quand elle craint des émotions fortes. Apprenant que sa date d'anniversaire est fausse, elle réagit en pensant que son horoscope a toujours été faux! En colorimétrie, Lenore est le printemps et le bleu une de ses couleurs, donc elle pense à sa mère quand elle voit une libellule bleue. Juste de petits détails dont je me passerais. En revanche sa copine new âge est bien croquée.
En fait le plus intéressant et original c'est l'histoire des WASP (Women Airforce Service Pilots) dont j'ignorais tout : ces femmes américaines ayant piloté des avions dans l'armée américaine lors de la seconde guerre mondiale, surtout pour la logistique, pas sur le champ de bataille, et dont le rôle primordial fut bien mal reconnu.
Frances Green, Margaret Kirchner, Ann Waldner et Blanche Osborn quittent leurs appareils « Pistol Packin' Mama » au centre de formation AAF |
"Quand le jour arrive où tes propres enfants te regardent avec d'autres yeux, où ils deviennent plus que tes enfants, mais des êtres à part entière, alors ça vaut la peine de supporter les rides et les kilos en trop."
Les avis de clara,
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