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Affichage des articles du octobre, 2016

Le making of de "Toro"

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Le making of de "Toro" The making of Toro Mark Sundeen Gallmeister, collection Americana, 2010 Traduit par Laura Derajinski C'est, si j'ai bien compris, l'histoire d'un type qui a écrit "La fauconnerie en s'amusant', "un texte triomphal, baigné d’une sauce au lyrisme enfantin et frit à la poêle du cynisme" d'après lui et "Quand les faucons de  LaFrance battent maladroitement des ailes vers un coucher de soleil mal rendu, le lecteur aimerait que les oiseaux ne retrouvent jamais le chemin de leur nid", selon une critique. Bref, un  artiste incompris, mais à un stade de déni difficile à saisir. "Avec chagrin, j'ai dû admettre que je n'étais pas à la hauteur en tant que personnage principal de mes propres livres. Si je voulais que l'auteur de mon histoire passe à la postérité aux côtés d'Hemingway et de Jack London, il fallait que le l'invente. Il me ressemblerait un peu, bien sûr mais en moi

De profundis

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De profundis Emmanuelle Pirotte le cherche midi, 2016 Dans un avenir non déterminé mais sans doute proche, le virus Ebola (qui en est à Ebola III) a remonté vers le nord et sévit en Europe, fauchant les populations sans distinction d'âge et de richesse. Bruxelles est aux mains de bandes adverses, les Cavaliers (tendance Apocalypse) et les Frères de l'islam. Roxane se débrouille au jour le jour en trafiquant drogues et faux médicaments. Jusqu'au jour où elle apprend la mort de son ex-mari, et prend la charge de Stella , leur fillette de huit ans. Elles échappent de peu à la mort, et Roxane décide de se réfugier dans une maison de famille, située dans un village éloigné épargné par le virus, survivant en autarcie, mais n'échappant pas aux bandes de rôdeurs et aux fugitifs. Mais sont-elles seules dans cette maison? Moi, les dystopies , j'aime plutôt, surtout quand elles sont bien imaginées. Sans se sentir bien dans ce monde là, le lecteur ne peut que réalis

Chanson douce

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Chanson douce Leïla Slimani Gallimard, 2016 Pourquoi ai-je longuement hésité à parler de ce livre? Parce que je n'ai pas aimé? Euh non, même si je ne saute pas au plafond, ça va. Parce qu'il est sans qualités? Que nenni. Parce que c'était long et pénible? Non plus, je l'ai dévoré sur 24 heures. Parce qu'il est sans intérêt? Que nenni. Parce que ce sera le n-ième billet sur ce roman et que je n'ai rien de bien malin à dire? Oh oui, oh oui, voilà mon problème. Je crois atteindre là la saturation et si ce roman m'avait réellement enthousiasmée j'aurais ajouté ma petite pierre à l'édifice sans états d'âme. Soyons clairs : la quatrième de couverture et les différents billets lus (et même le Masque et la Plume, c'est dire!) n'en révèlent pas trop. De toute façon l'on sait dès le départ que la nounou a tué les deux jeunes enfants dont elle avait la charge . Sans trop de détails, ouf. Myriam et Paul, les parents, ont deux enfa

Le bal mécanique

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Le bal mécanique Yannick Grannec Anne Carrière, 2016 A Chicago, Josh dirige une émission de télé réalité mêlant relooking total de maison et mise à plat des tensions familiales. Entre la famille Carter et ses mensonges, sa propre famille dont sa femme Vikkie, enceinte, sa mère, et son père, Carl, peintre installé à Saint Paul de Vence, Josh a des sources de tension. Carl, fils du marchand de tableaux berlinois Theodor Grenzberg, adopté durant les années 30 par un couple devenu américain, apprend l'existence de tableaux volés par les nazis , et qui lui reviendraient, dont un portrait de Theodor par Otto Dix. Une enquête démarre, longue et difficile; que s'est-il exactement passé au cours de ces années 30 en Europe? Qu'est devenue Magda, fille de Theodor? Cette première moitié du roman est une réussite totale, j'ai adoré, c'est vif et plaisant à lire, les personnages sont attachants, on en redemandait pour la suite. Mais, dommage, la seconde partie m&

Amour monstre

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Amour monstre Geek Love, 1989 Katherine Dunn Gallmeister, 2016 Traduit par Jacques Mailhos Encore un roman américain incroyable dégoté de derrière les fagots par Gallmeister. Accrochez-vous dans le grand huit, ça dépote! Justement il y a un grand huit dans le bouquin (pour une scène) puisque l'histoire se déroule dans un cirque ambulant. "Mon père et ma mère m'ont fabriquée comme ça. Ils ont obtenu des résultats plus originaux que moi avec quelques-uns de leurs autres projets." Là c'est Olympia (Oly) Binewski la narratrice, 90 cm, naine, bossue, albinos et chauve. Après des années à travailler au cirque familial à l'arrière plan des numéros de ses frères et soeurs, on la retrouve au début du roman comme chroniqueuse à la radio, où une voix agréable et une bonne diction ont plus d'importance que le physique. Elle veille de loin sur sa fille Miranda et pour cela s'intéresse à Mlle Lick, richissime héritière dont le but "est de libérer le

Sans parler du chien

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Merci à la Fnac http://static.fnac-static.com/multimedia/ Images/FR/NR/9d/c5/14/1361309/1540-1.jpg  qui, contrairement à A**, permet de copier les images Sans parler du chien ou Comment nous retrouvâmes enfin la potiche de l'évêque To say nothing of the dog Connie Willis J'ai lu Millénaires, 2000 Traduit par Jean-Pierre Pugi Incroyable! J'aurais juré que Connie Willis était anglaise! Humour finement british, connaissance de l'époque victorienne et des bons auteurs anglais, tout y est, pourtant. J’ajouterai que Connie Willis connaît parfaitement les chats, ce n'est pas possible autrement! Vous avez lu Trois hommes dans un bateau? (si non, allez vite découvrir ça!), alors vous allez vous régaler, enfilez pantalon de flanelle, posez un canotier sur votre tête, et c'est parti. Votre mission, vous reposer d'un trop grand nombre de sauts temporels dans la cathédrale de Coventry sous les bombardements de 1940, à rechercher une (affreuse) potich

Meurtre au Savoy

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Meurtre au Savoy Polis, Polis, Potatismos, 1972 M. Sjöwall et P. Wahlöö Rivages noir, 2009 Traduit (de l'anglais!) par Michel Deutsch revu à partir de l'original suédois Alors qu'il s'adressait à ses convives dans la salle à manger du Savoy de Malmö , le riche et puissant industriel Viktor Palmgren est abattu d'un coup de revolver par un inconnu prenant la fuite par une fenêtre ouverte. L'enquête démarre cahin-caha, conduisant jusqu'à Stockhom et le proche Danemark. Jusqu'à un épilogue qui me laissera en bouche un goût fort amer. Ce roman paru il y a quelques décennies fait partie d'un ensemble de dix, ayant comme idée fondamentale, selon les auteurs, de "montrer la coupe d’une société structurée d'une certaine manière, et d'analyser la criminalité en tant que fonction sociale." Il ne s'agit pourtant pas d'un pamphlet indigeste, mais d'un excellent polar bien mené, l'on découvre un pays où l'on peut

Rien où poser sa tête

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Rien où poser sa tête Françoise Frenkel l'arbalète Gallimard, 2015 Préface de Modiano Si j'ai bien compris, ce livre paru en Suisse dans les années 40 a réapparu chez un bouquiniste, récemment. D'où réédition conforme à l'original. Françoise Frenkel, polonaise d'origine, a fondé en 1921 la première librairie française de Berlin, librairie connaissant un franc succès; mais elle pourra fuir de justesse à Paris en 1939. Après un témoignage sur la montée du nazisme et de l'antisémitisme en Allemagne, suit une incroyable histoire de fuite et de cache cache en France : Françoise Frankel est étrangère, et juive. Longues journées inoccupées à attendre des papiers, de l'argent (interdiction de travailler), trouver des victuailles, puis lorsque sa situation devient brûlante, obligation de se cacher, de fuir, pour finalement tenter de passer la frontière suisse. L'on croise des réfugiés étrangers, face à des français héroïques ou pas. Certains, comme

Sacrifice

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Sacrifice The Sacrifice, 2015 Joyce Carol Oates Philippe Rey, 2016 Traduit par Claude Seban Ignorant délibérément la présentation de l'éditeur et la quatrième de couverture (et j'ai bien fait!), j'ai découvert le dernier opus de Joyce Carol Oates, arrivé inopinément dans ma boîte aux lettres. Une question : ça passe ou ça casse? (la dame a parfois des tics d'écriture qui me hérissent le poil). Quelques heures de lecture frénétique plus tard, le verdict : Madame Oates possède un vrai talent. Pascayne, New Jersey, 1987. Ednetta Frye parcourt les rues de son quartier, cherchant désespérément sa fille Sybilla, 14 ans, disparue depuis déjà deux ou trois jours . Banal?  Plutôt l'occasion pour l'auteur de plonger dès le premier chapitre son lecteur dans ce quartier noir déglingué magistralement évoqué. La voisine d'une usine en ruine ( prénommée Ada, hé oui, ces coïncidences font mon bonheur de lectrice ), alertée par des gémissements, va la retrouver

Le Grand Jeu

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Le Grand Jeu Céline Minard Rivages, 2016 "L'auteur a bénéficié d'une résidence d'écriture au domaine national de Chambord", où avec Scomparo elle a lu en public Bastard Battle et Ka ta, que j'ai furieusement envie de lire. Bref, j'aime Céline Minard, franchement c'est un des auteurs actuels les plus intéressants. Même si j'ai abandonné Le dernier monde, et pas fait de billet sur le très brillant R, So long, Luise et Faillir être flingué m'ont conquise. Et ce grand jeu? Des visions de Céline Minard escaladant à mains nues la lanterne du château de Chambord ou descendant en rappel la façade nord ont pu me venir à l'esprit, je l'avoue. Une femme se fait installer un refuge bourré de technologie sur la paroi d'une montagne, espérant sans doute y couler des jours tranquilles. Jardinage, plantation de bambous, exploration, randonnée, escalade. Beaucoup d'escalade, c'est technique. ( Je fatigue ) On ne sait rien d

Ada

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Ada Antoine Bello Gallimard, 2016 Comme Papillon( son billet ) (mais en 'moins pire', en tout cas je ne suis pas capable d'en disséquer les raisons), je suis fan d'Antoine Bello et l'annonce d'un nouvel opus m'a plongée dans une frénésie  intérieure (on sait se tenir). Sans vraiment savoir de quoi ça parlait, je me suis lancée. Bello est sans doute le plus américain des auteurs français (d'ailleurs il est né à Boston, vit à New York et possède la double nationalité), et sans que cela choque son roman se déroule en Californie. Dans la Silicon Valley, l'entreprise Turing Corp. a bien des soucis : Ada a disparu! Elle prévient la police, et arrive Frank Logan , policier atypique qui préférerait continuer à rechercher des ados avant leur mise sur le trottoir et boucler les responsables de trafics humains, parce que tout de même Ada n'est pas un être vivant, c'est une intelligence artificielle (AI), un programme. Mais il va rapidement f

Nos âmes la nuit

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Nos âmes la nuit Our souls at night Kent Haruf Robert Laffont, 2016 Traduit par Anouk Neuhoff Revenons faire un tour dans la petite ville de Holt imaginée par Kent Haruf (voir aussi Le chant des plaines ), mais pour une histoire encore plus intimiste. Addie et Louis habitent la même rue, sont tous deux veufs et septuagénaires. Leur vie s'écoule calmement, on le devine, une vie tranquille dans une petite ville tranquille, les amis, les rencontres, les papotages et de temps en temps la famille, enfants et petits enfants. "Et puis il y eut le jour où Addie Moore rendit visite à Louis Waters. C'était un soir de mai juste avant qu'il fasse complètement nuit.". Addie propose carrément à Louis de venir passer la nuit chez elle, juste pour discuter tranquillement. Louis accepte. Foin du qu'en-dira-t-on, d'ailleurs Louis ne passe même pas par derrière les maisons, mais par la rue principale. Forcément tout se sait dans les petites villes, ça cancane bi

Yaak Valley, Montana

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Yaak Valley, Montana Fourth of July Creek Smith Henderson Belfond, 2016 Traduit par Nathalie Peronny Lors du festival America, l'auteur était là, souriant, disponible, ainsi qu'Electra (voir son billet ), qui m'a chaudement recommandé cette lecture. Pouvais-je résister? J'ai donc vite acquis un exemplaire, mais en VO (histoire de justifier un achat non prévu) merci à la fnac de permettre de copier les images http://livre.fnac.com/a8107145/Smith-Henderson-Fourth-of-July-Creek et obtenu une dédicace! J'avais déclaré auparavant que la traduction se ferait dans ma tête au fur et à mesure; en fait quand je lis, j'ai plutôt du global comme en français, sauf quand un mot est inconnu. Mais là, je devais parfois relire, c'est souvent ramassé, comme si on réfléchit ou parle vite, pas toujours de ponctuation dans une phrase, ou pas de verbe, ça doit se voir en version française. Brut de décoffrage parfois. Mais c'est le style de l'auteur, adap