Le Grand Jeu
Céline Minard
Rivages, 2016
"L'auteur a bénéficié d'une résidence d'écriture au domaine national de Chambord", où avec Scomparo elle a lu en public Bastard Battle et Ka ta, que j'ai furieusement envie de lire.
Bref, j'aime Céline Minard, franchement c'est un des auteurs actuels les plus intéressants.
Même si j'ai abandonné Le dernier monde, et pas fait de billet sur le très brillant R, So long, Luise et Faillir être flingué m'ont conquise.
Et ce grand jeu? Des visions de Céline Minard escaladant à mains nues la lanterne du château de Chambord ou descendant en rappel la façade nord ont pu me venir à l'esprit, je l'avoue.
Une femme se fait installer un refuge bourré de technologie sur la paroi d'une montagne, espérant sans doute y couler des jours tranquilles. Jardinage, plantation de bambous, exploration, randonnée, escalade.
Beaucoup d'escalade, c'est technique. (Je fatigue)
On ne sait rien de cette femme, elle s'interroge à plusieurs reprises sur promesse et menace, se plait à grimper."L'obstacle fait toujours partie du chemin car s'il le détourne, il le façonne et s'il ne le détourne pas, il s'y incorpore."
C'est pour ces phrases que j'aime beaucoup Céline Minard. (Et que j'ai continué.)
Jusqu'à l'arrivée d'un autre personnage mystérieux (non, pas la marmotte), au début 'tas de laine', puis absolument fascinant (pour le personnage et moi lecteur).
"Les habitudes aussi, il faut les construire. Effectuer les gestes de l'autarcie, les gestes simples, quotidiens, voilà ce que je m'étais proposé de construire pour habitude. J'ai investi cet environnement et ces conditions qui me permettent de n'être pas dans l'obligation de croiser tous les matins un ingrat, un envieux, un imbécile.""Il n'était absolument pas prévu que je partage quoi que ce soit avec quelqu'un et encore moins tout un espace -mon espace!"
Mais voilà, l'intrusion la bouscule dans son train-train
"Si se retrancher c'était s'enfermer avec un ingrat, un oublieux, un imbécile? Si s'éloigner des humains c'était céder à l'affolement? Refuser de prendre le risque de la promesse, de la menace. Refuser de le calculer, de la mesurer, de s'en garder. Si la retraite (le retirement), c'était jeter le risque du côté du danger, définitivement? Si c'était choisir la peur, la panique, se choisir un maître? Se laisser dévorer par la promesse et la menace, sans même qu'elles s’annoncent? Vaut-il mieux s'éloigner du danger ou tenter de le réduire? A quelle distance une relation humaine n'est-elle qu'un risque? A quelle distance est-elle inoffensive?"
Puis Céline Minard entraîne narratrice et lecteur dans une direction inattendue.
Mon avis? L'arrivée du tas de laine, qui a réveillé mon intérêt, survient à près de la moitié du roman (quelques dizaines de pages, puisque le roman est court) et il faut tenir le coup jusque là, accepter ces pages de jardinage et d'escalade (mais c'est fichtrement bien raconté, parfois un poil technique ).
Ensuite? Eh bien Le Grand Jeu se met en place!
Un drôle de bouquin (mais on s'en doute, c'est habituel chez l'auteur) qui peut agacer, pousser à l'abandon, mais mérite d'être lu jusqu'à la fin.
Pour accompagner cette lecture, Pression de Lachenmann, joué au violoncelle par la narratrice, "dix minutes de vomi, de grincements, de pincements, de râles, de souffle, de coups, de glisse, de percées, de dégringolades, de soudure et de pression."
Les avis de Nicole G., Sibylline Lecture/Ecriture, sur bibliosurf aussi,
Céline Minard
Rivages, 2016
"L'auteur a bénéficié d'une résidence d'écriture au domaine national de Chambord", où avec Scomparo elle a lu en public Bastard Battle et Ka ta, que j'ai furieusement envie de lire.
Bref, j'aime Céline Minard, franchement c'est un des auteurs actuels les plus intéressants.
Même si j'ai abandonné Le dernier monde, et pas fait de billet sur le très brillant R, So long, Luise et Faillir être flingué m'ont conquise.
Et ce grand jeu? Des visions de Céline Minard escaladant à mains nues la lanterne du château de Chambord ou descendant en rappel la façade nord ont pu me venir à l'esprit, je l'avoue.
Une femme se fait installer un refuge bourré de technologie sur la paroi d'une montagne, espérant sans doute y couler des jours tranquilles. Jardinage, plantation de bambous, exploration, randonnée, escalade.
Beaucoup d'escalade, c'est technique. (Je fatigue)
On ne sait rien de cette femme, elle s'interroge à plusieurs reprises sur promesse et menace, se plait à grimper."L'obstacle fait toujours partie du chemin car s'il le détourne, il le façonne et s'il ne le détourne pas, il s'y incorpore."
C'est pour ces phrases que j'aime beaucoup Céline Minard. (Et que j'ai continué.)
Jusqu'à l'arrivée d'un autre personnage mystérieux (non, pas la marmotte), au début 'tas de laine', puis absolument fascinant (pour le personnage et moi lecteur).
"Les habitudes aussi, il faut les construire. Effectuer les gestes de l'autarcie, les gestes simples, quotidiens, voilà ce que je m'étais proposé de construire pour habitude. J'ai investi cet environnement et ces conditions qui me permettent de n'être pas dans l'obligation de croiser tous les matins un ingrat, un envieux, un imbécile.""Il n'était absolument pas prévu que je partage quoi que ce soit avec quelqu'un et encore moins tout un espace -mon espace!"
Mais voilà, l'intrusion la bouscule dans son train-train
"Si se retrancher c'était s'enfermer avec un ingrat, un oublieux, un imbécile? Si s'éloigner des humains c'était céder à l'affolement? Refuser de prendre le risque de la promesse, de la menace. Refuser de le calculer, de la mesurer, de s'en garder. Si la retraite (le retirement), c'était jeter le risque du côté du danger, définitivement? Si c'était choisir la peur, la panique, se choisir un maître? Se laisser dévorer par la promesse et la menace, sans même qu'elles s’annoncent? Vaut-il mieux s'éloigner du danger ou tenter de le réduire? A quelle distance une relation humaine n'est-elle qu'un risque? A quelle distance est-elle inoffensive?"
Puis Céline Minard entraîne narratrice et lecteur dans une direction inattendue.
Mon avis? L'arrivée du tas de laine, qui a réveillé mon intérêt, survient à près de la moitié du roman (quelques dizaines de pages, puisque le roman est court) et il faut tenir le coup jusque là, accepter ces pages de jardinage et d'escalade (mais c'est fichtrement bien raconté, parfois un poil technique ).
Ensuite? Eh bien Le Grand Jeu se met en place!
Un drôle de bouquin (mais on s'en doute, c'est habituel chez l'auteur) qui peut agacer, pousser à l'abandon, mais mérite d'être lu jusqu'à la fin.
Pour accompagner cette lecture, Pression de Lachenmann, joué au violoncelle par la narratrice, "dix minutes de vomi, de grincements, de pincements, de râles, de souffle, de coups, de glisse, de percées, de dégringolades, de soudure et de pression."
Les avis de Nicole G., Sibylline Lecture/Ecriture, sur bibliosurf aussi,
Un grand coup de coeur pour moi :)
RépondreSupprimerC'est grâce à toi qu'a démarré mon aventure livresque avec l'auteur!
SupprimerElle vient bientôt dans ma librairie, je suis curieuse de l'entendre sur son livre. En tout cas, j'attendrai sagement la bibliothèque, ça passe ou ça casse ce genre de livre.
RépondreSupprimerOui, ça passe ou ça casse, mais il faut tenter, et, vu que ce roman est assez court, persévérer. Il y a quelque chose qui fait qu'on ne lâche pas, finalement, et je pense que ça te plaira (si, si)
SupprimerMmouais, j'hésite quand même ... J'avais adoré "Faillir être flingué", moins "So long Louise", mais quelle écriture effectivement. Ici, ce n'est pas la varape qui me fait peur mais la descente !
RépondreSupprimerAllez, sois audacieuse!
SupprimerEncore une fois, je ne connaissais pas...
RépondreSupprimerC'est vraiment une voix originale et talentueuse!
Supprimerça a l'air hyper bizarre ... j'en entends pas mal parler mais rien à faire, c'est trop étrange pour moi !
RépondreSupprimerC'est déroutant, c'est sûr, j'ai craint pendant quelques dizaines de pages que ce serait toujours pareil, et puis, un changement est survenu.
SupprimerJ'ai lu trop d'avis négatifs et je ne supporte pas les aphorismes, les questions existentielles qui apparemment jalonnent le récit - je préfère suivre des personnages et me poser les questions toute seule que de trouver les questions toutes faites ;-)
RépondreSupprimerPas pour moi ! Pourtant j'avais adoré Faillir être flingué.
Je n'ai pas trouvé beaucoup d'avis, les deux que je signale sont positifs. Oui, il y a les questions existentielles, mais aussi pas mal d'escalade (j'ai renoncé à citer des passages ^_^). Bon, un roman qui au moins ne laisse pas indifférent.
SupprimerTrop perché pour moi je pense. Pourtant j'ai adoré son roman précédent.
RépondreSupprimerPerché, oui, à plus de 2000 mètres d'altitude.
SupprimerTon avis va dans le sens de ceux que j'ai lu, pas vraiment enthousiaste, mais ce livre perché m'attire comme un aimant, et comme j'aime la montagne, je me dis que ça pourrait passer peut être ...
RépondreSupprimerJe ne regrette pas ma lecture, tu sais, les deux derniers tiers sont préparés par le premier. Si la montagne t'attire, tu vas voir, c'est fascinant.
Supprimerje n'avais déjà pas aimé son précédent, Faillir être flingué, alors je passe très facilement
RépondreSupprimerJe n'insiste pas, si le précédent ne collait déjà pas.
SupprimerPunaise ! la "musique" me donne envie de fuir à l'autre bout de la planète :-(
RépondreSupprimerAh c'est contemporain! ^_^ J'ai voulu voir, puisque le personnage joue ce morceau...
SupprimerJ'ai toujours faillir etre flingué en attente , et en même temps son theme sur l'escalade ne me tente pas. Apres tout, il y a déjà Premier de Cordée.
RépondreSupprimerPour l'instant, dégage Faillir être flingué de la PAL.
SupprimerHmmm non mais les auteurs où il faut persévérer, j'ai déjà donné cet été.;-) Toujours pas lu cet auteur en passant, mais un jour, un jour, comme d'autres, peut-être.:-)
RépondreSupprimerJe suis sûre qu'un de ses titres, tiens, So long Luise, te plairait fort.
SupprimerToujours pas lu cette auteure de crainte que cela ne me plaise pas... Oui, je sais, c'est lâche !
RépondreSupprimerIl faut tenter (merci les biblis) après on voit.
SupprimerJe sens que ce n'est pas pour moi, et c'était déjà le cas avec le précédent.
RépondreSupprimerEssaye si tu as l'occasion, mais je reconnais que ça peut ne pas bien se passer.
SupprimerJe n'ai pas du tout été convaincue comme tu le sais...
RépondreSupprimerJ'ai retrouvé des avis, depuis, et c'est sûr que c'est très varié! Je te comprends.
Supprimerje l'ai en réserve mais je suis un peu sceptique, j'ai tellement aimé le précédent que je crains fortement d'être déçue
RépondreSupprimerL'auteur, même si son écriture demeure taillée au cordeau, renouvelle ses thèmes, là, ma foi, ça pourrait te plaire (mais tiens le coup jusque page 80)
SupprimerAutant j'avais aimé "Faillir être flingué", autant celui-ci m'a laissé très dubitatif... Excellent ou arnaque ? Je ne sais qu'en penser...
RépondreSupprimerhttp://lebouquineur.hautetfort.com/archive/2016/08/26/celine-minard-le-grand-jeu-5840060.html
J'ai redécouvert les avis (mangés par google). Arnaque je ne pense pas, disons que ça ne laisse pas indifférent et qu'on se grattouille un peu le cuir chevelu. ^_^
SupprimerUne femme avertie en vaut deux dit-on, j'ai beaucoup aimé faillir être flingué alors peut être :-)
RépondreSupprimerComme j'ai lu un bon paquet de ses romans, l'auteur a plus de mal à me faire lâcher et je lui fais confiance, mais j'avoue que là elle en fait moins pour rendre la chose attractive. Mais j'ai tenu bon.
SupprimerOui, l'arrivée du tas de laine semblait prometteuse (bien aimé l'épisode marmotte aussi), mais j'ai trouvé qu'elle n'allait pas vraiment au bout de sa démarche, et tout le vocabulaire technique m'a vraiment saoulé !
RépondreSupprimerOui, la marmotte. ^_^ Même le jardinage ça passait, après tout. Mais trop de mots techniques pour l'escalade, le lecteur lambda n'a pas envie de prendre son dictionnaire. Pourtant un joli frisson quand elle 'sent' une voie vers la fin du livre, là le néophyte peut apprécier.
SupprimerC'est assez mystérieux, tout ça, pour que j'y jette un coup d'oeil si je le trouve à la bibliothèque... pas pour générer un achat.
RépondreSupprimerTout à fait!!! (ma bibli a reçu pleeeiin de nouveautés!)
SupprimerRien lu de cet auteur mais ça a l' air étrange...
RépondreSupprimerMieux vaut alors lire Faillir être flingué, le précédent, peut-être moins déconcertant.
SupprimerJ'ai adoré "Faillir être flingué" mais j'ai décroché à la trentième page de "So long Luise". Celui-là a l'air encore assez atypique. j'aime bien ça.
RépondreSupprimerUn auteur (femme!) qui poursuit son chemin!
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