jeudi 27 juin 2019

Ma soeur, serial killeuse

Ma soeur, serial killeuse
My sister, the serial killer
Oyinkan Braithwaite
Delcourt, 2019
Traduit par Christine Barbaste


Un titre pareil, sur le présentoir à la bibli, comment résister, surtout que, cerise sur le gâteau, il s'agit d'un roman nigérian, qui se déroule dans un Lagos moderne et vraisemblable.

Ce qui l'est moins, ce sont ces crimes en série, mais on s'en moque complètement, on tourne les pages, on s'amuse fort, l'humour est bien noir. Des retours en arrière donnent une vision glaçante d'une explication, avec un père de famille détestable et détesté.

Serial killer, paraît-il, ça commence à trois assassinats, alors d'entrée de jeu, la belle Ayoola appartient au club. Comme d'habitude, elle appelle sa grande soeur Korede à la rescousse, pour la débarrasser du cadavre de son petit ami, Femi, cette fois.

Korede est une infirmière compétente, un poil amoureuse du beau médecin Tade, pas très jolie, et depuis toujours protège sa petite soeur, une beauté somptueuse attirant tous les regards masculins.
Un jour Tade rencontre Ayoola, bien sûr Korede devine la possible fin fatale de cette idylle, mais que faire, pas question de dénoncer sa soeur. Suite à découvrir!!! Ainsi que l'ambiance dans l'hôpital où travaille Ayeeba, la mère des deux jeunes femmes et sa préférence pour la cadette, le lien particulier entre elles.

Une lecture que je recommande chaudement, ça décape, ça dépayse! Jubilatoire.

Le début
"Ayoola m'appelle et prononce ces mots que j'avais espéré ne jamais plus entendre: Korede, je l'ai tué."
On tourne la page :
"Je parie que vous ne le saviez pas: l'eau de Javel masque l'odeur du sang."

Les avis de Karine:), Electra,

lundi 24 juin 2019

La journée mondiale de la gentillesse

La journée mondiale de la gentillesse
Jacqueline Daussain
Quadrature, 2018

Un recueil de nouvelles gagné grâce à Anne (et son mois belge!), parvenu chez moi début juin, après quelques inquiétudes, car deux envois d'un autre éditeur manquent à l'appel, après plus de 10 ans de blog, cela n'était jamais arrivé je pense.

22 textes de quatre à six pages en moyenne, mettant en scène des gens ordinaires, sans chutes particulières, des tranches de vie comme j'aime. Une tension supportable, assez pour ne pas lâcher, mais pas trop pour ne fatiguer les nerfs. Je le répète, c'est comme j'aime!

Le lecteur est tout de suite 'en situation', une histoire se déroule, et on laisse les protagonistes à leur vie, c'est bien ainsi. Par exemple les deux amies de La journée de la gentillesse (découvrir ce que c'est!), les parents de Britney-Di (glaçant), et ces père/fils ou mère/fille se découvrant (un peu), et ces divorcés se débrouillant cahin-caha avec leurs enfants.

Les avis de Anne, Philippe,

jeudi 20 juin 2019

Risque zéro

Risque zéro
Olga Lossky
Denoël, 2019


Etes-vous adhérent de Providence? Si non, c'est bien dommage, vous risquez gros. Si oui, Providence veille sur vous, grâce à une puce surveillant en temps réel votre état de santé. Encore quelques décennies, et voilà un monde semblable au notre, où l'on peut circuler mieux, bénéficier d'une médecine sécurisée. Agnès Carmini a cependant choisi d'exercer comme anesthésiste dans un hôpital 'traditionnel' mais un jour une patiente décède, patiente pourtant adhérente de Providence. Victorien, le mari d'Agnès travaille au service multimedia de Providence concevant des jeux promotionnels flirtant au cours du roman avec sa propre réalité.

En lisant ce roman, je pensais qu'il permettrait vraiment bien aux récalcitrants au genre de s'y lancer. L'écriture est fluide, nous sommes au milieu du 21ème siècle, la technologie est franchement très proche de la nôtre, elle l'anticipe et la prolonge un peu seulement pour certains détails.

Des personnages crédibles et intéressants, pas trop de manichéisme, on n'a pas les gentils versus les méchants, c'est plus subtil que cela. Avantages et inconvénients d'un trop de technologie dans nos vies? Victorien et Agnès ne sont pas monolithiques. Le roman propose aussi d'autres façons de vivre, telle celle des grands parents d'Agnès, en autarcie dans une masure creusoise; ou évoque celle - non désirée- dans les townships. J'ai beaucoup apprécié l'idée du lien entre l'histoire et les mondes crées par Victorien.

Les avis de Yv,
A bien y réfléchir, ce serait aussi une bonne lecture pour un ado.

lundi 17 juin 2019

De sang-froid

De sang-froid
In cold blood, 1965
Truman Capote
Gallimard, 1966



Enfin grâce à une lecture commune avec A Girl,  j'ai lu cet In cold blood qui supposons-le avait impressionné The Autist Reading. De la non fiction, d'ailleurs l'auteur remercie les personnes avec lesquelles il s'est entretenu, et des responsables ayant permis la lecture de documents officiels.

Encore une fois, on se demande pourquoi les auteurs de romans policiers se fatiguent à inventer, car la réalité est souvent bien plus palpitante que la fiction, surtout quand c'est Truman Capote qui raconte avec brio. On en ressort lessivé, bourré de questions sur la nature humaine, la psychiatrie et la peine de mort, bref, du lourd.

Dans la première partie, intitulée 'Les derniers à les avoir vus en vie', l'on fait connaissance de la famille Clutter, en tout cas ses quatre membres résidant en permanence dans leur ferme prospère du petit village de Holcomb, Kansas. A savoir Herbert, le père, son épouse Bonnie et leurs plus jeunes enfants, les lycéens, Nancy et Kenyon. Une brave famille américaine classique des années 50, bien intégrée dans son milieu, des gens fort attachants, leurs connaissances le laissent bien voir.

Parallèlement se retrouvent deux jeunes dans la vingtaine s'étant connu en prison, Dick, originaire du Kansas, et Perry, ce dernier rêvant de mener la belle vie au Mexique. Cette nuit du samedi 15 novembre 1959 ils se dirigent vers la demeure des Holcomb.

Deux trajectoires qui vont forcément se rencontrer, on le sait, on le redoute, on se demande pourquoi? Comment? Car dès le départ l'on connaît le sort des quatre Clutter. (et des deux autres). Sans effets de manche, Capote mène sa narration qui met à mal les nerfs du lecteur.

Je ne vais pas tout raconter de l'enquête, l'arrestation (trouver les preuves s'est joué à 5 minutes, si c'était dans un roman on aurait dit 'cet auteur exagère ce n'est pas crédible'), le procès, et même si l'on n'ignore pas même vaguement le déroulement de l'histoire il reste encore à découvrir. Et comme je le disais, on en sort plein d'interrogations.

Un grand livre, à lire absolument!

Les avis de A girl, Agnès, et je découvre LC aussi avec MilouJackie Brown

jeudi 13 juin 2019

Les filles de Hallows Farm

Les filles de Hallows Farm
Land girls
Angela Huth
Quai Voltaire, 1997
Traduit par Christiane Armandet et Anne Bruneau
Il y a eu un film, on n'échappe pas au bandeau...


Pour des périodes de la vraie vie où le stress suffit à apporter sa dose d'adrénaline, je cale devant des lectures où je risquerais un surdosage. Donc, adieu polars, thrillers, romans aux personnages speedés, bref, pas de suspense s'il vous plait. Juste une bonne écriture, une histoire qui se tient et révèle quelques inattendus, des personnages sympathiques dans leur majorité, pas d'immondes secrets de famille, pas de tension insoutenable, j'allais dire : du normal!

Hé bien Alison Lurie faisait ça très bien (mas j'ai terminé), Barbara Pym s'en tire bien aussi, mais récemment j'ai découvert Angela Huth, et grâce à la bibli et Emmaüs (que ferions-nous sans eux?) j'ai pu survivre. Avec ces Filles de Hallows Farm le charme a (encore) opéré.

En Angleterre durant la seconde guerre mondiale les hommes sont pour la plupart à l'armée, et l'agriculture manque de bras. Arrivent à la ferme des Lawrence trois volontaires, Agatha la sérieuse, Prue la plus frivole et Stella la rêveuse.
Admirons comment Angela Huth présente cela
"Ce soir-là, les filles rejoignirent les Lawrence près du feu de bois dans le salon. Mrs Lawrence raccommoda, Prudence revernit ses ongles, Ag se concentra à moitié sur ses mots croisés. Stella resta simplement assise, pensant à Philip."

Le travail est dur, les filles doivent apprendre. Tailler les haies, labourer droit, traire les vaches, nettoyer les moutons et la litière de la truie.

Il va s'en passer des choses, en plus de ce labeur, durant un an! Surtout sur le plan sentimental. Car le fils Lawrence est là.
"Ne pas flirter avec le fils du fermier est la première règle tacite des volontaires agricoles."

En fait cette histoire est racontée alors que 50 ans se sont écoulés, et bien malin qui devinera comment les trois filles ont mené leur barque ensuite...

Les avis de Lecturissime, Kathel, y'ad'la joie (qui parle des volontaires aussi),

lundi 10 juin 2019

Agatha Christie, what else?

C'est le billet de Dominique (nuages et vent) sur La vérité sur Dix petits nègres de Pierre Bayard (livre que j'ai la ferme intention de lire, j'adore l'auteur) qui m'a alertée :

Inutile de relire «  Dix petits nègres «, si votre mémoire est défaillante ! Pierre Bayard nous donne une liste des personnages avec leur identité, et ce qui les a menés sur l’île. Ensuite, il reprend méticuleusement tous les faits !
Il faut aussi avertir le lecteur que Bayard se réfère dans son analyse à deux autres romans d’Agatha Christie,  et en dévoile l’intrigue et la solution ( qu’il semble trouver bonne !)  il s’agit de «  ABC contre Poirot «  et «  les vacances d’Hercule Poirot ( «  Evil under the Sun « ) ; si vous aviez le projet de les lire un jour, faites ces lectures avant d’aborder cet  ouvrage.
J'en ai conclu que j'avais ces trois romans d'Agatha Christie à relire AVANT!

Dix petits nègres
Ten little niggers, 1939, Angleterre
And then there were none, 1940, Etats Unis
Traduit par Louis Postif
Mon exemplaire : Le masque années 80, couverture jaune!


Dix personnes attirées sous divers prétextes sur une île anglaise, dans une demeure privée. Chacun se voit accuser d'avoir un voire plusieurs morts sur la conscience (pour ceux dont la conscience existe, d'ailleurs). L'un après l'autre, ils sont assassinés... La tension monte.

Même en se souvenant vaguement de l'histoire et de la solution, la lecture demeure captivante! Un Agatha Christie sans Hercule Poirot ni Miss Marple, pour des raisons évidentes, et qui demeure un grand classique de l'auteur, à découvrir absolument bien sûr.

ABC contre Poirot
The A.B.C. murders
Traduit par Louis Postif

Un correspondant anonyme prévient Poirot qu'un meurtre sera commis le 21 du mois à Andover. L'initiale de la victime est un A, et un horaire de chemins de fer, un ABC est trouvé sur place. Et ça continue avec B, C, ... Poirot met en action toutes ses petites cellules grises pour déjouer les plans de l'assassin.

Ah c'est un Agatha Christie narré par le capitaine Hastings, avec son côté naïf, bon client, si charmant, qui se révèle être d'utilité à Poirot. Quelques chapitres se concentrent sur un homme, serait-ce le mystérieux ABC? Un procédé moult fois repris depuis par d'autres, histoire de faire monter le suspense, mais ici c'est parfait.

Pour cette relecture, je me souvenais de tout ou presque, y compris du mobile et du nom du coupable! Mais toujours un plaisir. Et je participe au challenge de Philippe



Les vacances d'Hercule Poirot
Evil under the sun
Traduit par Michel Le Houbie

Alors là, je dois avouer que j'avais forcément déjà lu ce roman, mais je n'en avais absolument aucun souvenir. Qui plus est, rien au cours de ma lecture ne m'a donné une impression de 'déjà lu'.

Cette fois Hercule Poirot est en vacances, dans un hôtel chic d'une île du Devon. Il observe les clients et clientes, et patatras, bien sûr, on trouve un cadavre, et Hercule Poirot participe à l'enquête. L'affaire est particulièrement tordue, et l'on a à la fin l'habituel discours de Poirot, accusant tour à tour en gros tout le monde, et de façon convaincante, jusqu'au suivant sur la sellette!

chez Titine et Lou

jeudi 6 juin 2019

La grande tueuse / La grande grippe

La grande tueuse
Comment la grippe espagnole a changé le monde
Pale rider, 2017
Laura Spinney
Albin Michel, 2018


Il faut dire que cette épidémie de grippe dite espagnole (en fait elle ne venait pas d'Espagne) est tombée au mauvais moment pour laisser des traces prégnantes dans les mémoires. En 1918-1920, c'était la fin de la première guerre mondiale, meurtrière on le sait, mais moins, au niveau mondial, que cette terrible tueuse. En fait on ignore précisément combien sont morts.Entre 50 et 100 millions quand même!

Laura Spinney a su parcourir faire le monde à son lecteur pour évoquer cette pandémie, abordant à chaque chapitre un thème, par exemple, A la poursuite du patient zéro, Gare à la basse-cour! ou Les bons samaritains. Ce n'en est que plus passionnant. A l'époque on ignorait l'existence des virus, sans parler d'avoir un vaccin, et on continuait à se presser en foule, bref le virus H1N1 responsable a pu se propager sans gros problèmes. Pourquoi H et N? On l'apprend dans ce livre. Sachez d'ailleurs qu'on a retrouvé la souche sur des corps, après des décennies, et qu'elles sont dans un endroit à très haute sécurité.

Ne craignez pas de lire cette étude, agréable à lire non par le sujet sans doute mais par l'écriture, et qui m'a beaucoup appris.

Effet centenaire après vraiment des décennies d'oubli plus ou moins volontaire? Voici une second livre sur le même thème, les deux présentés à la médiathèque. En plus d'une séance de révision, ça me plaisait d'examiner comment les auteurs ont traité le sujet.

La grande grippe
1918 La pire épidémie du siècle
Freddy Vinet
Vendémiaire, 2018

Sans jouer au jeu des 7 différences, sachez que Laura Spinney est une journaliste scientifique anglaise, alors que Freddy Viney est professeur et a cofondé le master en gestion des catastrophes et des risques naturels.

Forcément les deux s'appuient sur la même documentation, mais en tant que français Freddy Vinet s'intéresse beaucoup aux documents français, qu'ils concernent les civils, à l'arrière, ou les soldats, sur le terrain en France. Il va plus vite à aborder le sujet du patient zéro, objet d'un gros chapitre chez sa consoeur. La situation mondiale est bien sûr étudiée, y compris dans les pays neutres, histoire de ne pas être brouillé par la guerre en cours. Son ouvrage est plus dense (200 pages d'égal intérêt) et j'ai apprécié les tableaux et graphiques en annexe, j'avoue que ça me parle plus.
Par exemple la surmortalité en Norvège, où apparaît clairement celle des tranches 15 à 40 ans (contrairement aux grippes annuelles dont on avait et a l'habitude).
Ou celle par quartiers à Paris, touchant particulièrement les beaux quartiers, mais quand on affine, les décès sont surtout ceux des employés de maison (logés dans les chambres sans chauffage, sous les toits)...

En conclusion : les redites ne m'ont pas gênée, et je me suis passionnée par ces deux ouvrages!


chez Titine et Lou

lundi 3 juin 2019

Rendez-vous avec le mal

Rendez-vous avec le mal
Date with malice
Julia Chapman
Robert Laffont, 2018
Traduit par Dominique Haas et Stéphanie Laigniel



Après Rendez-vous avec le crime, je savais que je retrouverais mes deux enquêteurs du Yorkshire; Samson O'Brien et Delilah Metcalfe, dans ce coin blotti au pied de collines venteuses, neigeuses, embrouillardées selon le moment, où tout le monde sait tout sur tout, où un secret ne peut se garder longtemps, où l'on a bien connu vos grands-parents et toute votre famille (en fait, c'est comme dans ma petite ville, quoi).

Quelques rappels rapides permettent au lecteur découvrant la série de bien s'y caler, et c'est parti pour une nouvelle intrigue. A la résidence de personnes âgées de Fellside Court, il semble que des objets disparaissent et réapparaissent. Alice Shepherd vient se plaindre, mais comme elle ne paraît elle-même pas très sûre des faits, Samson ne poursuit pas l'affaire. En revanche il va s'occuper de la disparition de Ralph, beau bélier reproducteur.
Mais à Fellside court, la situation empire, la peur règne, il faut agir. Une fine équipe de papys mamies va prêter main forte à Samson et Delilah, de toute façon il en va de leur survie!

Un roman policier sans chichis, plaisant à lire, dans une ambiance de "cosy mystery", des héros sympathiques dont on veut suivre l'évolution. Que deviendra Calimero, braque de Weimar? Quels sont ces appels menaçants parvenant à Samson (dont le passé peut resurgir). Il me faut le tome 3 pour, peut-être, le découvrir.

Les avis de manou,

chez Titine et Lou