jeudi 29 octobre 2020

Je te suivrai en Sibérie


 Je te suivrai en Sibérie

Irène Frain

Paulsen, 2019

 

Dans un coin de ma tête git le souvenir du Musée des Décembristes à Irkoutsk  et j’imaginais déjà l'héroïne de Je te suivrai en Sibérie dans un tel décor. Tout faux, je crois qu'elle n'y a pas mis les pieds, dans cette demeure.

Mais l'histoire narrée par Irène Frain, sur la base de documents, y compris les souvenirs de Pauline écrits par sa fille Olga, se lit comme un roman et est vraiment incroyable! Et pourtant...

Une petite française sous la coupe d'une mère intraitable et égoïste, qui s'en affranchit et part en Russie comme vendeuse de mode. Ce sont les années 1820, elle rencontre un bel aristocrate russe, et bingo! Mais Ivan fait partie d'un complot contre le tsar, et bien des survivants seront déportés en Sibérie. La-bas, au delà du lac Baïkal, sans espoir de retour. 

Pauline remue ciel et terre pour retrouve Ivan là-bas, ils se marieront et auront plein d'enfants. Sept autres épouses de conjurés y seront aussi, pour certaines ayant dû laisser un enfant derrière elles, comme Pauline. Il en a fallu du courage, de l'abnégation, de la passion, de la ténacité! Pour des dizaines d'années, d'ailleurs.

Oubliez le musée en haut de billet, là-bas c'étaient des cabanes, une vie dure, et le froid, terrible!

 Joliment écrit, sans tralala romantique. N'ayant pas hésité à se rendre sur place (merci le Transsibérien) Irène Frain se base sur les documents, met parfois son grain de sel en donnant son opinion, mais quand elle ne sait pas, elle n'invente pas. Car Pauline n'a pas tout raconté, bien sûr. On sait cependant qu'elle garde une dent contre Dumas, qui a écrit son histoire, très très romancée voire fausse.

 Avis : babelio, Dominique,



lundi 26 octobre 2020

Dans la toile du temps


 Dans la toile du temps

Children of time

Adrian Tchaikovsky

Denoël, 2018

Traduit par Henry-Luc Planchat


Je sens que ce roman va soulever quelques problèmes. D'abord, c'est de la SF (genre space opera je crois), il compte près de 600 pages (ok il n'est pas le seul) et surtout surtout, il fait la part belle à des bestioles considérées (à tort) comme pas sympathiques voire effrayantes (donc pas de mignons chatons).

Mais je confirme que tout peut très bien se passer, la preuve, A girl (son billet) m'a entraînée dans l'aventure, et ces bestioles là, elle n'aime pas.

Donc, dans un futur lointain, dans un espace lointain, quand les hommes ont bien fichu en l'air la planète Terre, se sont bien disputés et entretués, reste en orbite autour du monde de Kern un module abritant la docteure Kern et une intelligence artificielle, Eliza; l'idée de départ étant de terraformer une planète (c'est réussi, elle est verte, boisée, adaptée aux humains) et d'y envoyer des singes qui petit à petit, grâce à un virus, s'élèveraient vers plus d'humanité (mais pas trop quand même).

Bien évidemment il y a eu du raté, les singes sont morts avant, et c'est une autre espèce qui va bénéficier d'une jolie évolution physique, scientifique et sociale. Jusqu'à étendre sa domination sur toute la planète.

Tout cela se déroule sur des décennies voire des siècles (ça reste flou), et pendant ce temps le Gilgamesh, gros vaisseau transportant des humains dont la plupart en hibernation, s'intéresse à la jolie planète accueillante (croient-ils), mais la docteure Kern dit niet pas question d'intervenir dans MON expérience sur MA planète, et filez plus loin. Hélas, rien ne se présente, et le Gilgamesh revient, en piteux état, n'ayant plus le choix : il lui faut cette planète sinon, fini les humains.

On s'attend donc à une confrontation entre eux et la fameuse espèce sur la planète. Tadam!

Mon avis : Il faut vraiment arriver loin dans le roman pour que ça castagne, mais ce n'est pas grave du tout. Les chapitres alternent entre Gilgamesh et monde de Kern, j'avoue que côté Gilgamesh c'est assez répétitif, des problèmes à résoudre, avec deux personnages qui ressortent du lot, un linguiste et une scientifique, mais pfff ces humains ne sont pas aussi sympathiques que l'espèce sur la planète, qui, elle, résout aussi des problèmes. On s'attache à Porta, Bianca et Fabian (des noms génériques puisque pas d'hibernation). Ces bestioles (assez grosses au fil de l'évolution du roman) sont fort attachantes (dixit a girl)(et ce n'est pas qu'un jeu de mots). On se surprend à bien les aimer. De plus, l'auteur a vraiment inventé une façon crédible de considérer leurs avancées scientifiques et même des croyances religieuses. C'est à mon goût le plus intéressant du roman. J'ai aussi apprécié cette société où les femelles dirigent tout (les mâles n'ont qu'à bien se tenir ; mais justement ça change, aussi), et c'est intéressant de réaliser l'inversion de nos habitudes (passées, si?)

Quant à la fin, elle est chouette.

Avis babelio ,

jeudi 22 octobre 2020

L'anomalie


 L'anomalie

Hervé Le Tellier

Gallimard, 2020 


Après avoir écouté l'auteur à la radio, et même s'il entrait un peu dans les détails, j'ai absolument voulu lire ce roman! Et là je vous assure que je me suis régalée, je n'ai sans doute pas tout compris dans les théories explicatives, mais croyez-moi : des OLNI pareils, on en découvre fort peu dans une vie de lecteur, et j'ai parfaitement senti que l'auteur a été le premier à beaucoup s’amuser (et pas le seul, heureusement).

D'accord, il est membre de l'OULIPO, participait au regretté Des papous dans la tête, mais ne pas crier à l'intello expérimental et compliqué, non, ce livre est un pur bonheur. Il est sur la liste de plusieurs prix, mais je suis prête à penser que les jurés n'auront pas le culot ou le bon goût de le primer. Pas grave, foncez!

"Tous les vols sereins se ressemblent. Chaque vol turbulent l'est à sa façon." [vous avez là un exemple des clins d'oeil au lecteur, j'en ai repéré quelques-uns, et sans doute en ai-je raté, peu importe, le roman se lit aussi comme un roman].

Il faut dire que les passagers (et l'équipage) du vol AF006 Paris-New-York ne sont pas près d'oublier les turbulences de ce 10 mars 2021! Parmi eux, un redoutable tueur à gages, une avocate, une mère et ses deux enfants, un architecte et la femme qu'il cherche à retenir, un écrivain sans grands succès, Victor Miesel.

Ce Victor est l'auteur d'un roman intitulé L'anomalie (ha bon?) et pense à un autre."Comme titre il a pensé à Si par une nuit d'hiver deux cent quarante-trois voyageurs (non, dit son éditrice). (...) Il n'a retenu que onze personnages.(...) Il a attaqué le roman avec un pastiche à la Mickey Spillane." Miesel double de Le Tellier? Mise en abyme?

En tout cas ces personnages sont bien présentés, on ne s'y perd pas, et Le Tellier, en plus de Mickey Spillane (c'est lui qui le dit), n'hésite pas à proposer d'autres narrations, des dialogues, etc. , je n'ai sans doute pas tout vu là non plus, et encore une fois peu importe.

Bon, alors, que se passe-t-il pour ces passagers? De l'inattendu, de l'incroyable, avec trois hypothèses où plancheront des grosses têtes, qui feront se gratter la tête (ah oui, mais, au fait, est-ce que?) au lecteur passablement inquiet. 

Autour de ces passagers, on croisera deux scientifiques, ayant pondu le protocole 42 (oui, oui, 42), de gros légumes, et de vrais présidents. "Le président américain reste bouche ouverte, présentant une forte ressemblance avec un gros mérou à perruque blonde." Le notre, de président, sur son collègue "Ce type répète ses discours? Il m'a l'air en roue libre tout le temps." et son conseiller scientifique est un matheux pour une fois sans lavallière mais avec araignée d'agent. Le directeur du contre-espionnage français s’appelle Mélois (l'auteur s'amuse, oui).

Encore quelques trucs au passage (on les voit ou pas, peu importe) : "La première fois qu'Adrien avait vu Meredith, il l'avait trouvée franchement laide." "André ne pouvait détourner son regard d'elle, tant elle était 'son genre' "

On a donc un roman passionnant, amusant, émouvant, sarcastique, maîtrisé, qui adresse à la fois au cerveau et au coeur du lecteur. Avec tous ces personnages, on a chaque fois une histoire connaissant une conclusion pour le moment. Et je ne parle pas de la fin...

Avis : babelio, Antigone, Joëlle,


lundi 19 octobre 2020

Nickel Boys


 Nickel Boys

Colson Whitehead

Albin Michel, 2020

Traduit par Charles Recoursé


Nickel Boys est l'exemple parfait du roman dont on a tellement entendu parler (même le Masque et la Plume) qu'on a l'impression qu'il n'en reste pas grand chose à découvrir. Comment retrouver le plaisir de la pure découverte? Hé bien : si!

Dans les années 60, dans un sud où mieux vaut regarder où on met les pieds quand on est noir (ah bon, de nos jours encore?) , le jeune Elwood Curtis est élevé par sa grand mère, travaille pour ensuite payer ses études, et se révèle bon élève, au point de pouvoir intégrer une université.

Las! Il se retrouve dans une sordide maison de correction, inspirée à l'auteur par la Dozier school for boys, à Marianna, en Floride. La lecture des articles parus à l'époque de la découverte des faits, dans les années 2010, fait froid dans le dos. Colson Whitehead n'a hélas rien inventé. On peut même dire qu'il est resté clairement allusif, sans ajouter de détails insoutenables. Il a cependant imaginé les personnalités de ses personnages, surtout Elwood et son ami Turner, et a utilisé un découpage efficace présent/passé/présent. Le Masque et la Plume, sans tout révéler, avait quand même déjà annoncé quelque chose.

On ressort de cette lecture quand même assez lessivé, même si on avait déjà entendu parler de ces histoires de livres scolaires refilés aux écoles noires et cette piscine rendue inutilisable. Quand à la maison de redressement (ouverte aux blancs et aux noirs, mais séparés!), ça allait franchement loin dans l'horreur.

Tout de même il y a un peu d'humour dans cette narration, j'ai bien aimé Jaimie, papa noir, mère mexicaine, qui allait d'une partie à l'autre du centre, parfois trop foncé, parfois trop clair, et qui spectateur du combat de boxe se réjouissait que de toute façon "quoiqu'il arrive, je peux pas perdre".

Tellement d'avis (babelio)

jeudi 15 octobre 2020

L'homme en rouge


 L'homme en rouge

The man in the red coat

Julian Barnes

Mercure de France, 2020

Traduit par Jean-Pierre Aoustin


"Un artiste peint une ressemblance, ou une version, ou une interprétation, qui célèbre un sujet vivant, évoque son souvenir après sa mort, et peut éveiller la curiosité de ceux qui le voient des siècles après. Cela paraît simple, et l'est parfois. Je me suis intéressé au docteur Pozzi en découvrant son portrait par John Sargent, je suis devenu curieux de sa vie et de son œuvre, j'ai écrit ce livre, et je vois toujours dans cette image une réelle et vive ressemblance."

Voilà comment Julian Barnes, francophile et je pense francophone s'est lancé dans une biographie à son idée du docteur Pozzi. Comme vous sans doute, j'ignorais son nom, alors que, comme le dit Barnes avec malice, il était partout, entre les deux guerres 70-71 et 14-18, fréquentant le beau monde, le soignant souvent. Sa spécialité, la gynécologie, qu'il a contribué à faire évoluer (et il y avait du boulot!). 

Barnes en profite, avec souvent un humour british, pour parler de la Belle Epoque (pas belle pour tout le monde, mais bref), en particulier de Polignac et Montesquiou. Ce dernier paraît-il reconnaissable dans des romans, Huysmans et Proust particulièrement, A rebours étant étonnamment inspiré par lui, et évoqué lors du procès de Wilde. Pozzi fut le médecin, l'amant et l'ami fidèle de Sarah Bernhard. On croise donc bien des auteurs, des journalistes, du grand monde, dans cette biographie érudite sans excès, aux fils conducteurs assez lâches, et passionnante de bout en bout.

Sa vie familiale ne fut pas une réussite, mais sa vie professionnelle, si. Il fut amené à soigner des victimes de duels ou de tirs au pistolet, l'époque semblant en France vraiment favorable à ces activités déplorables et criminelles (et pour des raisons futiles, souvent).

J'ajouterai que des reproductions de tableaux et de vignettes ' Félix Potin' illustrent ce livre soigné.

Des avis sur babelio,


lundi 12 octobre 2020

Les Lettres d'Esther


 Les Lettres d'Esther

Cécile Pivot

Calmann Levy, 2020

L'auteur est la fille de qui vous savez, mais heureusement Les Lettres d'Esther est un ouvrage de fiction, qui ne cherche pas à régler un compte ou honorer un proche. Mon impression assez rapidement : bonne pioche!

Très liée avec son père avec qui elle entretenait une vraie correspondance avant sa mort, Esther est libraire à Lille, et lance l'idée d'un atelier d'écriture : il faudra écrire des lettres à au moins deux personnes inscrites, durant une période donnée. Elle-même participera, donnant des conseils, et recevra un exemplaire de chaque courrier.

Un couple, Nicolas et Juliette, est dans la tourmente à cause de la dépression post-partum de Juliette (on en apprend beaucoup!), Samuel est un tout jeune homme qui a lâché ses études, après le décès de son frère julien lui et ses parents ont du mal à communiquer, Jeanne, la soixantaine, mène dans son coin de campagne un combat contre le mal-être animal et l'enlaidissement des villages, Jean est un homme d'affaires très aisé, toujours en déplacement aux quatre coins du monde.

Au fil des échanges épistolaires, parfois agités, mais toujours urbains, se dessinent les personnalités, les évolutions, jusqu'à une très jolie fin. C'est un roman vraiment agréable à lire, les personnages (même Jean) sont attachants, humains, et j'avoue que j'aurais bien cheminé encore un peu avec eux.

Les avis de LewerenzEve, Didi,

jeudi 8 octobre 2020

Petit traité d'écologie sauvage

Je parle d'une trilogie, lue dans le désordre (mais ce n'est pas grave), dans la dépendance des lecteurs de la médiathèque!

Petit traité d'écologie sauvage t 2
La cosmologie du futur
Alessandro Pignocchi

Steinkis, 2018

D'abord grand merci au squatteur chez Dasola qui m'a permis de découvrir ces pépites. En gros on est dans la veine Fabcaro pour l'absurde et la critique. Sur le blog Puntish, vous aurez une idée.

Dessins à l'aquarelle, et à première vue les mêmes reviennent, mais ce sont les dialogues qui font avancer l'affaire. D'ailleurs Proust explique dans la dernière partie l'avantage du processus.
Quoi, Proust? Oui, avant de partir chez les Jivaros.
Quoi, les Jivaros? Oui, là où notre président (oui, lui) séjourne et découvre. Un anthropologue Jivaro, par ailleurs, étudie la population de Bois-le-roi, et bien entendu est à côté de la plaque dans ses déductions.
Ajoutons des mésanges un poil éco terroristes (et amateurs de drogues), des hommes et femmes politiques vraiment fatigués, des réflexions sur nature et culture, et franchement, c'est à découvrir!

Des avis chez babelio


Petit traité d'écologie sauvage t 3

Mythopoïèse 

Alessandro Pignocchi

Steinkis, 2020


Où l'on retrouve E Macron, D Trump et A Merkel comme on ne les connaît pas (ou alors ils cachent bien leur jeu), le Jivaro toujours en étude de ce qui reste de notre civilisation, et les inénarrables mésanges ("Vous étiez vraiment obligés de brûler l'Elysée? C'était un beau bâtiment. - C'est les pinsons. Ils étaient incontrôlables, on n'a rien pu faire.")


Des avis sur babelio

Et pour terminer, le t1 !


Petit traité d'écologie sauvage

Alessandro Pignocchi

Steinkis 2017 

Finalement j'aurais mieux fait de commencer par le t1, ç'aurait été plus clair de comprendre ce que voulait l'auteur.

"Dans cette bande dessinée, j'ai voulu prolonger ce mouvement de mise à distance en imaginant à quoi ressemblerait le monde si l'on empruntait quelques outils de composition aux Jivaros. Le résultat est absurde. Mais l'est-il beaucoup plus que le monde que nous sommes en train de composer?"

Je ne vais pas détailler ce qu'il entend par 'composer', ni ce qu'il connaît des Jivaros, mais la postface est vraiment intéressante. "Pourquoi agrandir ses jardins quand ceux que l'on a suffisent largement à nous nourrir? Pourquoi se lancer dans l'élevage alors que la chasse est une activité autrement plus ludique?"

La première illustration (au fait, il s'agit d'aquarelles) nous montre un François Hollande et un Jivaro se donnant une poignée de main. "Les dirigeants de la planète ont enfin décidé d'adopter la vision du monde des Indiens d'Amazonie. Il est désormais admis que les plantes et les animaux ont une vie intellectuelle et sentimentale similaire à celle des humains. Ils sont, à ce titre, des membres à part entière de la communauté morale."

Imaginons un premier ministre dont le chauffeur écrase un hérisson. Il faut alors le manger. Puis le premier ministre décide d'aller en vélo au rendez-vous d'Angela. "Appelez-là pour le reculer de deux mois."

On retrouve l'anthropologue Jivaro, etc. , mais hélas pas encore tellement les mésanges...

Des avis sur babelio,

Et pour terminer, hors trilogie, paru avant



Anent

Nouvelles des Indiens jivaros

Alessandro Pignocchi

Préface de Philippe Descola

Steinkis, 2016


Là on se rend chez les achuar, 'étudiés' par Philippe Descola il y a quelques décennies, et revisités par Pignocchi. Le temps a passé, la modernité est arrivée (un peu), que sont devenus les anent?

Je n'explique rien, de l'humour dans cette BD superbement dessinée et colorée, et j'ai appris ce que signifie 'puntish'. S'il vous prend envie de visiter ces communautés, "un puntish offert à l'arrivée sur présentation de ce livre". Mouarf!

Plus sérieusement : livre à découvrir!


Avis chez babelio,

 

lundi 5 octobre 2020

Bénie soit Sixtine


 Bénie soit Sixtine

Maylis Adhémar

Juilliard, 2020

 

Sixtine est la sixième enfant de Muriel et Bruno, famille que sans exagérer on peut qualifier de catholique intégriste, très très, même. Vatican II connaît pas, le pape, non plus. Messe en latin; éducation stricte; pour les jeunes, camps de Frères de la Croix. Bruno serait peut-être un poil plus cool, mais il n'a pas voix au chapitre.

Tenues strictes, couleurs classiques, jupes sous le genou, l'ambiance est totalement bien rendue, au point que c'en était presque caricatural, mais si, ça existe on peut le supposer! 

 Sixtine ne semble pas souffrir de cette existence, en temps voulu elle épouse, sans contrainte, Pierre-Louis Sue de La Garde. Elle est vite déçue par les relations conjugales sans chaleur. Rapidement enceinte, à la joie de tous (on en aura 5 ou 6), elle mène une grossesse pénible, elle doit endurer; à l'arrivée il ne sera pas question de péridurale, elle le sait. Pas question non plus de choisir le prénom de son fils. Mère et belle-mère régissent tout.

Survient un événement tragique qui change la donne, en tout cas les velléités de Sixtine de prendre sa vie en mains peuvent se donner libre cours. Elle n'envoie pas forcément son bonnet par dessus les moulins, mais découvre vraiment d'autres façons de vivre, parfois assez radicales (et là je trouve que l'auteur a poussé le bouchon un peu loin).

Ne chipotons pas, l’histoire est originale et passionnante de bout en bout.Sans doute comme moi allez-vous ouvrir grands vos yeux lors de l'immersion dans ces différents milieux. La religion n'est pas maltraitée en tant que telle, mais ses dérives vraiment extrêmes. Sixtine trouve aussi dans son parcours des gens accueillants et pas rigides.

Des avis sur babelio, dont mumudanslebocage, et sandrion  , on aurait pu faire une LC ^_^,

jeudi 1 octobre 2020

Trois petits tours et puis reviennent


 Trois petits tours et puis reviennent

Big sky

Kate Atkinson

JC Lattès, 2020

Lu en VO, Penguin, même couverture! 

Traduit par Sophie Aslanides


Jackson Brodie dit avoir un côté chien de berger, et comme il a raison! Toujours prêt à aider, toujours sur le terrain, avec son flair et son expérience, oui, un peu pataud peut-être, un peu à côté aussi, mais tellement brave et fidèle! Je l'ai retrouvé avec bonheur dans une histoire plutôt sombre, avec enfants abusés, filles enlevées et prostituées, mais à la fin, même en biaisant un poil la légalité, les méchants sont punis.

Jackson semble toujours amoureux de Julia, mère de son fils Nathan, un ado au regard fixé sur son portable, et tâche d'accomplir son job de détective privé. Mais sa route le conduira (il faut voir ce qu'il dit des coïncidences) sur le chemin de types bien sous tous rapports mais dont le passé (et le présent) sont peu reluisants.

Plein de personnages attachants, Reggie et Ronnie, les deux fliquettes, efficaces, mais qu'on renvoie à leur enquête pas glamour, Harry un autre ado aux jeux de mots qu'il a dû être coton de traduire, une drag queen extra, et j'en passe.

Le tout raconté avec un humour craquant, un découpage minutieux, et parfois des passages où j'ai raté une respiration ou deux.

A lire absolument, pas la peine de connaître les volumes précédents avec Jackson Brodie, que j'ai une furieuse envie de lire ou relire! là il s'agit du numéro 5.

Des avis chez babelio, donc celui de Cathulu

Peu auparavant j'avais découvert un autre titre, sans Jackson Brodie, un roman ancien, d'ailleurs.


Sous l'aile du bizarre

Roman comique 

Emotionnaly weird, 2000

Kate Atkinson

Ed de Fallois, 2000

 Traduit par Jean Bourdier

 "Ce n'est pas parce que vous êtes paranoïaque qu'ils ne vont pas vous faire la peau."

Troisième roman de Kate Atkinson, sans Jackson Brodie (avant, en fait), mais avec le style inimitable qui ravit ses lecteurs (j'en fais partie!). 

Trois narrations qui s'entrecroisent (différentes polices). Effie Andrews est coincée sur une île écossaise, ventée, humide, bref, une île écossaise l'hiver, avec sa mère Nora. Est-ce bien sa mère? Celle-ci intervient au cours du récit d'Effie sur son année d'étudiante à Dundee. Plus un 'devoir' d'Effie, une vague histoire policière sans queue ni tête.

Année 1972, une université où n'arrivent surtout pas de bons élèves, des professeurs courant après les devoirs des étudiants, une atmosphère assez foldingue. Un chien qui apparaît disparaît, pareil pour un bébé (il va bien, merci) , un mystérieux détective privé ex-policier, une femme qui suit Effie..

Un grand tourbillon, amusant et décalé, mais, comment dire, 60 pages avant la fin je fatiguais un poil et ai terminé en diagonale, sans gros souci pour les protagonistes. En plus d'une chronique sur une université des années 70, on peut voir un récit en cours d'écriture (mais non, c'est un roman comique, dit Nora, un personnage ne peut mourir, et hop, Effie réécrit l'histoire). Et à la fin, on saute en 1999 et on apprend ce que sont devenus les personnages.

Bon, mis à part la sus notée petite fatigue, j'ai vraiment trouvé cette lecture plaisante, la narration étant en permanence vive, inventive, imagée, Atkinson, quoi.