mercredi 31 décembre 2014

2015 arrive! London for ever (1)


Parmi les quelques photos ramenées de mon voyage à Londres début novembre 2014, celle-ci, prise du Royal Opera House durant l'entracte, est assez illuminée pour une carte de vœux.

Bonne année à tous!

A part, ça, pour moi, un voyage commence à Paris! Sainte-Chapelle, Conciergerie, Expo Hokusaï, rien ou presque ne m'arrête (même pas les deux heures de retard du train suite à un vol de métaux sur la voie...)(on ne me l'avait jamais faite, celle-là).
L'horloge au coin de la Conciergerie
Départ gare du nord : mais je rêve, c'est un tableau avec flip flap et non pas un truc électronique? J'immortalise l'instant rétro.
Le soir même, Idoménée à Covent Garden, je suis In ze place, j'en rêvais!


Les deux soirées suivantes seront consacrées aussi à des concerts dans d'autres salles, au programme Beethoven, et Chostakovitch, Tchaïkovsky, ainsi qu'un autre russe pas connu (et Bach en bis!). Violons de légende, Guarnerius, Stadivarius.  Mais quelle offre à Londres! (bon, Paris n'est pas mal non plus)

Ce court séjour était placé sous le signe de la musique et de l'art, sans négliger le Londres moderne que je ne connaissais pas.




The Shard (Renzo Piano) plus haut que la Tour Eiffel

Du haut de The Shard, fantastic! et franchement quel temps magnifique... (est de Londres)

On ne s'en lasse pas... (vers le nord)


(Vers l'ouest)

Les douves de la Tour de Londres et les poppies pour le mois de novembre

Promis, je vais essayer de proposer la suite (Londres de toujours...) début 2015!

samedi 27 décembre 2014

Orphelins de Dieu

Orphelins de Dieu
Marc Biancarelli
Actes Sud, 2014



Avouons-le carrément, ce n'est pas la couverture qui m'a portée vers cette lecture (quoique, quelle autre choisir? ou alors dans le même registre...), mais la découverte de l'auteur avec Murtoriu, écrit en corse et traduit par Jérôme Ferrari, ainsi que le billet de Ys Tête de lecture (mercîîîî^!)

Au fil de la lecture j'ai deviné que l'histoire se déroulait en Corse (avec un peu d'Italie et de Grèce) au cours d'un dix-neuvième siècle rural, rude et violent. Le jeune berger Charles a été horriblement agressé par une bande de bandits, juste pour le plaisir de faire mal, et sa soeur Vénérande convainc Ange Colomba de l'aider à châtier les coupables. Ange Colomba, dit l'Infernu, ancien résistant à l'armée/combattant/mercenaire/bandit de grand chemin/brigand, un poil au bout du rouleau. Alternent l'histoire de cet Infernu avec des bandes pillant, volant, violant, et celle de la vengeance de Vénérande.
Le tout raconté dans une langue "hallucinée", âpre, emportant tout sur son passage dans un souffle épique. C'est noir mais sidérant, cela se lit sans traîner, quelques détails font frémir, mais Biancarelli n'insiste pas et cela fait partie de son histoire. Ange Colomba a-t-il vraiment eu le choix, dès sa jeunesse il était destiné à vivre arme à la main...
La quatrième de couverture parle de western, et comme une citation de True Grit figure en exergue, pourquoi pas?

Un passage: "Je n'ai pas connu tes malheurs dans l'enfance, Ange, et je sais que tu as d'autres raisons que les raisons de la patrie, mais je t'aime bien. Je t'aime beaucoup. Je pense même que j'ai combattu plus longtemps que je ne devais rien que parce que des hommes tels que toi étaient à mes côtés. Je veux dire des orphelins de Dieu. De ces jeunes combattants que le destin a jetés par les chemins. Non pas la liberté qu'on nous a prise, mais cette misère que les guerres ont semée, et ces injustices qui ont poussé sur la lie des batailles."

L'avis de dasola, jérôme,

mercredi 24 décembre 2014

Billet de Noël (respectons les traditions bloguesques)

Joyeux Noël à toutes et à tous!

Comme vous avez été sages, je vais vous parler de chats. (Oui, on craint le pire)

Il était une fois une princesse féline, née dans un lointain pays tropical (sur mon ex blog on la voyait escalader un papayer à la force des griffes) et vivant des jours calmes, choyée par sa maîtresse. Affectionnant les radiateurs bien chauds et les couettes moelleuses, sans dédaigner un tour de jardin, Niouga 1ére, aka la louloute était la reine du quartier, adorée de tous (on me chuchote dans l'oreillette qu'une maman mulot ne partage pas cet enthousiasme, depuis la disparition prématurée d'un de ses rejetons)(dégusté dans ma salle de bains à 4 heures du matin)
Jusqu'au jour où elle dût rejoindre le garage, la maison étant occupée périodiquement par de "vilains ouvriers", sympathiques d'après sa maîtresse, mais fort bruyants quand même. Le coup de la bétonnière en plein job juste devant le garage, c'est mal passé.
Petit à petit la bête s'y faisait, les semaines s'écoulaient. Sa maîtresse remarquait juste une diminution un peu forte du niveau des croquettes, mettant cela sur le compte du Prince roux, mastard du royaume voisin, bien connu de ses services pour profiter d'une porte ouverte et grignoter les croquettes dans la cuisine. Rien de grave, donc.
Sauf qu'un beau matin Niouga grogna et refusa de revenir dans le garage, ayant déjà établi ses pénates dans une dépendance du voisinage.
Le garage n'était plus vide!
Sous des airs de peluche inoffensive le bientôt dénommé Squatty, chaton abandonné de trois quatre mois environ, cachait une volonté affirmée d'occuper le terrain, à savoir un garage rempli de cartons, meubles, couvertures, donc cat-friendly au possible.

On ignore comment l'histoire finira. Une chose est sûre, ils n'auront pas d'enfants ensemble. Un récent face à face félin s'est soldé du côté de Niouga par des grognements sans empathie, du côté de l'envahisseur par une retraite prudente... Les postures animales indiquent un refus de coopérer pour l'une, une envie de faire plus ample connaissance pour l'autre.

Scoop : pour la première fois, une photo du chaton! (c'est fou ce que c'est hyperactif, ces trucs là, impossible de le photographier à loisir)
Vous auriez résisté, vous? Je suis cuite!

De plus c'est une boîte à ronrons

lundi 22 décembre 2014

Le pays silencieux

Le pays silencieux
Christine Cerrada
Michalon, 2014


A part chez Le bouquineur avec son beau billet, silence radio pour ce roman ayant vraisemblablement eu la malchance de sortir au moment du raz-de-marée de la rentrée littéraire. Quand l'auteur me l'a proposé j'ai accepté parce que "je le sentais bien", et je crois que les blogs ont aussi pour rôle de rattraper les oublis.

A quarante-huit ans, Laure Brenner vit ses derniers mois. Un cancer du sein détecté trop tard (les filles, faites-vous suivre régulièrement!), des traitements sans effets positifs, la décision de les stopper en accord avec médecins et entourage, sans cependant arrêter les analyses et les transfusions lui apportant des "répits".
Elle enregistre ses pensées, son journal de bord, son mari Louis étant chargé de les mettre sur papier quand elle ne sera plus là. L'on sait donc que Laure est décédée, même si sa voix nous accompagne.

Avant d'aller trop loin il me faut dire que ce roman n'est absolument pas plombant et tire-larmes! Règne une atmosphère paisible, maîtrisée, sereine : Laure a déjà parcouru du chemin dans sa maladie, on le sent, et elle passera de l'espoir à l'espérance (non, ce n'est pas du tout la même chose!). Elle est bien entourée, avec un mari amoureux, un fils, une infirmière, et un ami d'enfance, Paul, qu'elle sera capable d'aider. Pas de problèmes de moyens, et la petite troupe pourra passer des semaines dans une propriété du sud-ouest (et tester des médecines inattendues). L'état de Laure évolue doucement (vers le moins bon), tout est crédible, bien sûr c'est poignant, mais on n'a pas envie de crier à l'injustice, Laure ne le voudrait pas non plus.

"Si je n'étais pas malade, je serais en train de courir vers la bouche de métro, un sac Picard à la main contenant le repas du soir. Je penserais aux résultats de l'agence, à un dossier pas encore bouclé. Je n'aurais pas eu le temps de regarder le ciel, ni ce qu'il en tombe! Je ne connaîtrais de la météo que ce qu'en dit la radio..."

J'ai aimé cette lecture sans paillettes, paisible, hors courant. Face à la mort, face à celle d'un proche, les masques tombent, l'essentiel demeure. J'aimerais le faire voyager, ce beau roman, n'hésitez-pas!

J'en ai profité pour découvrir quelques relais de la route du Tokaïdo, estampes de Hiroshige, qui ponctuent joliment le roman.
Arrivée de la route du Tōkaidō (Hiroshige)

jeudi 18 décembre 2014

Le fils

Le fils
Philipp Meyer
Albin Michel, 2014
Traduit par Sarah Gurcel



Encore un de ces bons pavés d'outre-Atlantique, une fresque historique et familiale comme les auteurs américains savent en écrire, pour notre plus grand plaisir ... Au départ le côté Little Big man saute aux yeux, avec Eli, enlevé par les Comanches et racontant une grosse partie de son histoire en 1936, alors qu'il est centenaire. Au cours de la première guerre mondiale, son ranch est prospère, mais son fils Peter n'approuve pas la façon musclée dont son père mène ses affaires. Et de nos jours, plus de vaches pour engranger les dollars, mais le pétrole, et l'arrière petite-fille d'Eli revient aussi sur sa vie de femme d'affaires dans un milieu masculin.

Trois époques, trois personnages, trois vies, une intrigue menée de main de maître, distillant les informations et brossant l'histoire du Texas sur un bon siècle et demi, de façon vivante et passionnante . Nostalgie, réalisme pour un bon morceau de construction des États Unis, réalisée sans tenir trop compte des populations autochtones, encore une fois. Les Comanches n'étaient pas des enfants de cœur, soit, mais voir l'évolution de leur mode de vie est cruel. Les Texans d'origine espagnole n'ont guère eu plus de chance.

Ne passez pas à côté de cette lecture!

Plein d'avis chez babelio.

lundi 15 décembre 2014

L'impensable rencontre

L'impensable rencontre
Chroniques des "sauvages" de l'Amérique du nord
Marie-Hélène Fraïssé
Albin Michel, 2014





Après l'épopée de Lewis et Clark (Lewis et Clark : Le grand retour   La piste de l'ouest) il fallait bien en connaître plus sur cette découverte du continent nord américain par les Européens.
Marie-Hélène Fraïssé, journaliste, grand-reporter (géo, Radio France), productrice d’émissions à France-Culture, où elle dirige le magazine hebdomadaire Tout un monde, auteur d'essais historiques sur l'époque coloniale américaine et les « premiers contacts » avec les Amérindiens (merci wikipedia) paraissait être "la" référence sur le sujet. J'ai donc accepté l'offre de l'éditeur (merci!)

Copieux, sérieux, mais pas du tout indigeste, voilà un livre couvrant bien le sujet. Comme chacun sait, Christophe Colomb n'a pas découvert l'Amérique, il y eut un épisode viking, et de toute façon le continent était déjà habité, cultivé, connu, bien avant, par des populations ayant déjà nommé fleuves et montagnes...
" 'La grande eau'. C'est ce que signifie mississipi en langue algonquienne. L'artère centrale de l'Amérique du nord, rare privilège, a conservé le nom que lui donnaient ses riverains d'origine. Une exception dont bénéficie également son affluent principal, le Missouri, 'peuple des grands Canots' dans la langue sioux.
Il s'en fallut de peu, à vrai dire."

Espagnols, français, anglais, (russes) ont fait des pieds et des mains pour explorer, cherchant d'abord une route vers le continent asiatique, mais aussi être les premiers à commercer, ou à prendre possession des terres sans se préoccuper d'habitants antérieurs (que pourtant ils rencontrent!).
De nombreux documents (rapports, journaux, etc) sont reproduits, sur les contacts, pas forcément les premiers (souvent sans témoignage écrit), entre Européens et populations du grand nord, des côtes est puis ouest, des grandes plaines, sans oublier le sud en venant du Mexique. Passionnant, instructif, et souvent désolant tellement les autochtones sont mal perçus.
Il reste à écrire l'histoire avec les 'voix' des peuples indiens, souligne Marie-Hélène Fraïssié.

"Partout, le pays apparaît sillonné de pistes, semé d'habitats saisonniers, nommé dans ses moindres ruisseaux, ses plus modestes collines. Contrairement à ce qui était annoncé, avec des vibratos dans la voix, le Great Unknown (grand Inconnu) de l'Ouest n'est pas une Terra Nullius, Terre de Personne. Plutôt un immense réseau extensif de peuples divers, aux modes de subsistance et aux croyances souvent comparables. L'arrivée des blancs va en quelques décennies, moins à travers des opérations militaires ou des campagnes d'extermination, que par l'effet des maladies, l'alcool, la chasse immodérée des millions de bisons, les perturbations des modes d'échange et du lien social  traditionnel, les réduire presque  à néant."

Une seule remarque : à force de voyages et lectures je finis par connaître ce continent mais une ou deux petites cartes n'auraient pas nui, je crois.
Pour poursuivre cette lecture:
Allez voir (par exemple) l'entrée Haïda sur wikipedia

 Plusieurs œuvres du peintre Catlin sont au musée du quai Branly.  Si je comprends bien des indiens ont été embarqués en France et montrés au roi.
Portrait de chef indien, "Maun-gua-daus" (Grand Héros)
Œuvre commandée par le roi Louis-Philippe à la suite du spectacle de danses présenté par la troupe indienne de George Catlin au Louvre en 1845, Paris musée de l'Homme
© musée du quai Branly

jeudi 11 décembre 2014

Trente-six chandelles

Trente-six chandelles
Marie-Sabine Roger
la brune au rouergue, 2014



Chez les Decime, les hommes meurent à 11 heures du matin, le jour de leurs trente-six ans, ce depuis des générations. Mortimer est donc prêt, mais le jour venu, rien ne se passe.
Jusqu'ici la vie de Mortimer, quoiqu'il fasse, était influencée par cette date, au point de refuser famille et enfants (et heureusement que ses ancêtres n'ont point fait de même), mais maintenant le voici comme tout le monde, face à la mort sans en connaître la date, ce qui change le point de vue sur l'existence, non?

Humour et émotion  sont toujours là, l'on fait connaissance des adorables Paquita et Nassardine (et de leur baraque à crêpes!) et de l'étrange Jasmine pleurant sur un banc pour aider les autres et fabriquant des chapeaux incroyables... Je sens que les romans de Marie-Sabine Roger vont devenir incontournables pour les moments où l'on veut de jolis sentiments, de chouettes histoires, du rêve...*

"Elle leur a dit qu'elle adorait les crêpes, et elle leur a prouvé qu'elle ne plaisantait pas. Elle a englouti deux Titanic(tartiflette-andouillette). (...) Ensuite, comme elle hésitait, entre une Perdition (banane-chocolat chaud- boule de vanille - speculoos) et une Possession (caramel -beurre salé - tatin de pommes - brisures de macarons), Paquita lui a demandé (etc etc)

"Cette fille, c'était du papier alu entre deux couronnes dentaires, une coupure de l'index sur une feuille de papier, une gerçure aux lèvre qui se fend quand on rit. Une chose insignifiante avec un potentiel d'emmerdement énorme."

* quoique avec Les encombrants ce sera sans doute différent : lecture prévue...

Beaucoup d'avis chez Babelio

lundi 8 décembre 2014

Un an dans la vie d'une forêt

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Un an dans la vie d'une forêt
The Forest Unseen : A Year's watch in Nature
David G. Haskell
Flammarion, 2014
Traduction : Thierry Piélat




Grâce à Dominique j'ai pu m'embarquer dans un voyage immobile fascinant. Biologiste, l'auteur a choisi d'observer durant une année entière un petit coin de forêt, assis sur son rocher (ou couché avec sa loupe). Ses règles : rester silencieux, "déranger le moins possible, ne pas tuer d'animaux ni en évincer, ne pas y creuser ni y pénétrer." Dilemme lorsqu'il y trouve un jour deux balles ayant volé du golf voisin : on les laisse ou on les retire? (p216)

Le petit coin est bien choisi et grouille de vie, et surtout notre homme au fil du temps affine son sens de l'observation. Ne pensons pas uniquement aux chenilles, grenouilles, écureuils ou rapaces, arbres et fougères bien en évidence, mais pensons jusqu'au minuscule, au cellulaire même!

Je me suis régalée dans cette lecture (dense).
Si l'on m'avait dit que même le rumen d'un cerf me passionnerait... (p 46) Les oiseaux résidents souffrant du manque de nourriture l'hiver voient leur nombre limité l'été, ce qui permet aux migrateurs de trouver à se nourrir, justement.(p 37). Les feuilles par temps froid se bourrent entre autres de vitamines C, les Indiens mâchouillaient d'ailleurs des plantes à feuilles vertes l'hiver.(p42). Et les mousses, hein? Saviez-vous que "la ville de New York a décidé de protéger les monts Catskill au lieu de financer la construction d'une station d'épuration."? (p 63) Au passage, j'apprends pourquoi le ciel est bleu (une histoire de photons et de molécules...)(p 120) et que les urubus nous débarrassent de la bactérie de l'anthrax et du virus du choléra (p 242)

Ajoutons que David Haskell sait partager ces multiples connaissances dans tous les domaines (jolie bibliographie à la fin), sans forcément "baisser le niveau", mais en les rendant accessibles de façon souvent imagée. Il n'est pas sorti indemne de ses observations, ayant pratiqué sans le savoir ce que les Japonais nomment shinrin-yoku, 'se baigner dans l'air de la forêt'. (p 255)

Un exemple de passage attractif (enfin, à mon goût) (p 150)
"Les insectes élevés dans des caisses doublées  de vieux numéros du New York Times n'arrivent pas à maturité. Le choix de leurs lectures n'est pas en cause, bien que les insectes élevés sur le Times de Londres parviennent, eux, à maturité. Le New York Times est imprimé sur du papier à base de pulpe de bois de sapin baumier. Cet arbre sécrète une substance chimique imitant les hormones des insectes herbivores qui l'attaquent et il se protège ainsi en retardant le développement de ses ennemis et en les châtrant. Le papier du Times de Londres, lui, vient d'un arbre qui ne dispose pas de ces défenses hormonales, et peut donc servir sans danger de litière pour les insectes du laboratoire."

jeudi 4 décembre 2014

L'île du Point Némo

L'île du Point Némo
Jean-Marie Blas de Roblès
Zulma, 2014



Cher lecteur, vous voulez un bon gros roman dont les 458 pages se lisent en un week end hivernal? oublier votre quotidien? voyager avec des personnages hauts en couleur? L'île du Point Nemo vous attend.

Un Vingt mille lieues sous les mers revisité (avec Nautilus bien sûr) et pour parvenir à cette fameuse île, un périple à la hauteur du Tour du monde en quatre-vingts jours (il n'y a a pas que du Verne là-dedans, puisque des personnages se nomment Holmes ou Bonacieux, mais vous avez compris le principe). Nos héros se tirent de toutes les situations ("Comment nos amis se retrouvèrent indemnes et par quels expédients ils réussirent à continuer leur voyage jusqu'à destination, c'est ce que nous nous permettrons d'omettre pour ne pas rallonger inutilement notre récit."), peuvent tout financer et devinent les codes secrets les plus tordus en bénéficiant d'un flair peu crédible. (Et alors?). Vous apprendrez des techniques utiles - ou pas ("Si certains lecteurs ont eu à enflammer un manchot mort au cours de leur existence, il ne fait guère de doute qu'ils se comptent sur les doigts d'une main. C'est donc pour l'immense majorité des autres que nous détaillerons la manière de procéder."). Vous connaîtrez un voyage un peu mouvementé dans le Transsibérien  ("C'est à cet instant qu'un éléphant s'abattit sur la voiture 5")(je ne me lasse pas de cette phrase). Vous retrouverez peut-être un diamant volé.

Pas mal, non?
Mais ce n'est pas tout.

Une autre intrigue, sise dans le Périgord, se noue à la précédente. On sait assez vite comment, mais au fil du roman des détails communs apparaissent. A vous de découvrir lesquels, au fil de péripéties étonnantes, jubilatoires, baroques. Blas de Roblès possède une érudition (et une imagination) sans limites. La tradition de lecture à voix haute dans les fabriques de cigares à Cuba et ses descriptions d'animaux des grandes profondeurs sont exactes, mais pour d'autres détails, je n'en sais rien. Je n'ai pas voulu chercher non plus, préférant me perdre dans ces noms de groupuscules (juste cherché l'horloge du Panthéon...).

Dans l'usine de Monsieur Wang, on fabrique de drôles de liseuses:
"Du point de vue des éditeurs, il s'agissait simplement de produits d'appel pour vendre ensuite leurs nouveautés. Pour les concepteurs de liseuses, cela n'avait aucune espèce d'utilité. Le temps que les acheteurs ouvrent leur e-books, ne serait-ce que pour les feuilleter, et on aurait changé trois fois de tablettes et de normes de fichiers. L'important, ce n'était même pas qu'ils achètent des livres numériques récemment parus, mais qu'ils achètent encore et encore la possibilité de les acheter. Le même système que partout ailleurs, et qui fonctionnait à vide, comme le reste de l'économie. La bibliothèque numérique n'était qu'une variation moderne du péché d’orgueil, celui de parvenus pressés d'exhiber leur prospérité, s'entourant de livres tape-à-l'oeil - voire de simples reliures vides - qu'ils n'avaient jamais lus et ne liraient jamais"

On peut se perdre?
"Toute phrase écrite est un présage. Si les événements sont des répliques, des recompositions plus ou moins fidèles d'histoires déjà rêvées par d'autres, de quel livre oublié, de quel papyrus, de quelle tablette d'argile nos propres vies sont-elle le calque grinçant?"

Sans vouloir tout révéler de la brillante machinerie du roman, citons:
"Tout se passe comme s'il n'y avait qu'une seule histoire à raconter, un seul récit dont certains pans ressurgissent par bribes, se complètent ou se nient au fur et à mesure qu'ils affleurent à la mémoire. La longue approche en hélice d'un cœur sombre qui ne se laisse deviner que par la récurrence de motifs obstinés et mystérieux."
Même si j'ai pensé aussi au ruban de Möbius



Les avis de Hélène (j'ai zappé les scènes auxquelles tu penses, l'auteur prévient, d'ailleurs), Yv, Papillon, tous d'accord pour vous dire : foncez!

lundi 1 décembre 2014

Ce qui est en haut

Ce qui est en haut
Gilles Haumont
Comment les dernières avancées de la science éclairent la question de l'existence de Dieu
Roman (c'est bien précisé sur la couverture)
Anne Carrière, 2013


En dépit de l'avis positif de Marque-pages, qui a attiré mon attention sur ce livre, je restais un peu rétive. L'auteur prévient que "Ce qui est en haut est un conte. Il a pour seule ambition de présenter de manière accessible la querelle qui anime actuellement la communauté scientifique concernant la question du principe anthropique. Qu'est-ce que le principe anthropique? Tout simplement la constatation que l'univers semble 'construit' pour que la vie évoluée puisse y apparaître, avec un degré de précision qui semble de plus en plus surprenant à mesure que la science progresse."
Il imagine sept personnages, une jeune fille, Ariane, fort éveillée, et six scientifiques de haut (voire très haut) niveau, cosmologiste, physicien, biologiste, astrophysicienne, paléontologue, neurobiologiste, enfermés accidentellement dans une grotte, attendant les secours -qui tardent, et l'eau monte!- et passant leur temps à présenter à Ariane les données de leur spécialité concernant le principe anthropique.

Plusieurs dangers étaient à craindre : que ces conversations demeurent artificielles et les personnages de simple instruments; que l'auteur ne fasse passer de force une opinion ou une autre.

Mais finalement, après le prologue un peu embrouillant, j'ai lu avec un vif plaisir la présentation de ces théories scientifiques actuelles, exposées clairement, avec éventuellement les théories contradictoires ou les non réponses de la communauté scientifique, et j'avoue avoir dévoré ce livre très rapidement, trouvant les personnages attachants et le suspense prenant. Les dialogues non dénués d'humour rendent le tout fort digeste et l'histoire et l'évolution des personnages leur donnent chair sous nos yeux.

Pour lecteurs curieux? L'expérience vaut la peine. N'hésitez pas à aller chez Marque pages pour plus de détails et d'exemples.