Contrée indienne
Dorothy M. Johnson
Gallmeister, totem, 2013
Traduit par Lili Sztajn
Avec Dorothy Johnson, vous êtes tout de suite un pied tendre sans cheval, une jeune femme enlevée par les indiens (Sioux, Crows, peut importe), attendant qu'on l'échange contre une rançon, une jeune fille ayant quitté l'est pour s'installer plus loin que la Frontière, échappé à une attaque indienne, et sachant faire comprendre au cow boy timide qu'il ne vous déplait pas, un jeune homme prisonnier des Crows, mais aussi de jeunes indiens désireux de retrouver les traditions des temps anciens, des indiens intrépides attachés à leurs valeurs.
Poussière, souffrance, maladie, ténacité, courage.
Le tout dans une langue efficace, dense.
Plongez au cœur de l'ouest, le vrai!
"C'était vrai, pensa-t-il, ce qu'on disait, un cow-boy n'avait peur que de deux choses : de se retrouver à pied et d'une femme honnête."
Sur le site de l'éditeur :
DOROTHY M. JOHNSON est née en 1905 dans l’Iowa et a passé son enfance
dans le Montana. Rédactrice pour des magazines féminins, puis professeur
à l’université du Montana, elle publiera une quinzaine de livres et
plus de 50 nouvelles dont plusieurs seront adaptées au cinéma (L'Homme qui tua Liberty Valance, Un homme nommé cheval, La Colline des potences). En 1959, elle est faite membre honoraire de la tribu blackfoot. Elle meurt en 1984.
Ce recueil est présenté pour la première fois dans son intégralité, deux
nouvelles “L’incroyant” et “Cicatrices d’honneur” étant jusqu’à présent
restées inédites en français. Deux nouvelles ont été adaptées au cinéma
: L’Homme qui tua Liberty Valance par John Ford en 1962, avec James Stewart et John Wayne ; Un homme nommé Cheval par Elliot Silverstein en 1970.
Les avis chez babelio, lecture écriture (Folfaerie), Jérôme, Hélène (merciiiiiiii)
mercredi 31 juillet 2013
lundi 29 juillet 2013
David sur ordonnance / Plus petit que moi tu meurs
Pascale Ferroul
David sur ordonnance
Actes Sud Babel Noir
Marianne est
médecin psychiatre, elle travaille en hôpital et a l'idée, pour souder
quelques-uns de ses patients, de les emmener assister à un
concert de David Bowie aux arènes de Nimes.
Le lendemain elle les réunit pour les faire parler de cette soirée, mais rien ne se passe comme prévu.
Un meurtre a été commis. Par l'un des patients ?
Un meurtre a été commis. Par l'un des patients ?
J'ai été très attirée par le style personnel, l'humour et le sens de la formule de Pascale Ferroul.
Il m'avait
offert une robe, et quand il m'avait tendu son cadeau tout bigarré,
enveloppé avec un tas de rubans, je m'étais exclamée
:
-
Quel merveilleux emballage !Mais ce n'était pas l'emballage.
Et cette affirmation à double sens :
La quarantaine est une période d'isolement.
Très habile
construction, grande maîtrise de la narration pour ce bref roman
policier qui fait honneur à la dénomination de roman tout
court. Et attention ! Jusqu'à la fin il y a des surprises; inutile
de tricher, c'est tellement bien emballé qu'il faut lire tous les
détails de cette histoire pour comprendre ... et avoir peur
pour la suite.
Bref, une jolie découverte et l'envie de lire plus de cet auteur.
Les commentaires de l'époque :
Cuné
Il y a 5 ans
Bingo en ce qui me concerne, premier article lu, première envie !
keisha
Il y a 5 ans
Et je suis en train de lire, du même auteur, Plus petit que moi, tu meurs ; à la hauteur pour l'instant.
Sistraline
Il y a 5 ans
Coucou ! Me voici en balade sur votre
site que j'apprécie beaucoup. Merci pour le lien ; ) je vais en faire de
même avec le votre ...
A bientôt, amie lectrice.
S.
A bientôt, amie lectrice.
S.
keisha
Il y a 5 ans
Bonjour et merci beaucoup ; ces chaudes journées de vacances sont propices à la lecture ...
Orchidée
Il y a 4 ans
je me le note !
keisha
Il y a 4 ans
Très court, pas vraiment un policier classique, mais intéressant.
Des personnes ayant travaillé dans ce milieu confirment que c'est bien
décrit.
Pierre
Il y a 4 ans
J'aime bien aussi les auteurs qui
cisèlent leurs phrases. Celui-ci a l'air expert en la matière. De plus,
le contexte du crime n'est pas très courant.
keisha
Il y a 4 ans
Un peu systématique parfois, au détriment de l'histoire, mais au
moins ce n'est pas un auteur qui bâcle ! Humour grinçant ; les cas de HP
sont bien rendussemble-t-il.
Pascale Ferroul
Plus petit que moi tu meurs
Prix du polar SNCF 2004
HB Editions
Après avoir aimé David sur ordonnance de la même Pascale Ferroul, j'ai voulu continuer un peu avec elle, et il fallait bien son talent pour me lancer dans cette sombre histoire de bébés retrouvés démembrés par un sérial-killer au fin fond de la province française. Pas de compte rendu d'enquête classique à la Agatha Christie, mais huit personnages racontant une partie de l'histoire et la faisant évoluer petit à petit : médecins légistes, policier, femme de médecin, ... Un lien unissant les petites victimes se fait jour ...
Nous plongeons dans l'univers de la médecine légale. L'auteur a travaillé comme médecin légiste et cela se sent. Les passages parfois rudes sont toujours relevés d'humour, mais cette lecture n'est pas un long fleuve tranquille.
Dès le début, à l'institut médico légal où se présentent les parents d'une victime, le ton est donné :
"-Reconnaissez-vous l'enfant ?
La question avait été posée au père deux ans pus tôt par un officier de la mairie et il avait répondu oui en souriant. De sourire il n'en était plus question alors que le oui restait un oui."
Bref roman à l'écriture fort travaillée, un grand sens des formules, par exemple au sujet des mensonges :
"Il n'était pas simple de tout dire. C'était comme avec les compagnies d'assurance : la franchise se payait toujours."
On n'oubliera pas la petite Juliette, son intelligence, ses jolis mots d'enfant ; Donatien Lefébure qui cache bien ses secrets. Et Léa qui rate ses histoires d'amour :
"-Je participe quand même à ma vie. Mais c'est un participe passé."
vendredi 26 juillet 2013
Parapluies
Parapluies
Christine Eddie
Editions Héloise d'Ormesson, 2013
Matteo est parti une nuit, depuis trente-quatre jours, et depuis il pleut. Beatrice l'attend, s'occupe de Francesca sa presque belle-mère (scotchée devant le télé-achat) avec qui la communication franco-italienne s'avère difficile, et soupçonne Daphnée Sanschagrin, l'assistante de Matteo, de filer le parfait amour avec lui. A l'hôpital ou Francesca doit séjourner, elle fait connaissance de Thalie, dix ans presque, qui lui rappelle Aisha, la petite somalienne vue aux informations (et dont la terrible histoire est vraie!).
Bon, j'ai tout le monde? Oui, mais n'imaginez pas que j'ai tout raconté. Il reste à découvrir comment Christine Eddie a tricoté les fils entre eux, ainsi que les quiproquos et les jolies surprises les attendant, eux et vous, jusqu'au final superbe!
Il reste surtout à découvrir un ton un peu décalé, sans pathos, où point l'émotion cependant, et un sens de la formule où l'humour perce sans crier gare, parfois grâce aux détails récurrents (le tri par ordre alphabétique, la mouche, les objets en vente, etc...)
Bref, j'ai adoré cette chouette histoire. Venez aussi vous abriter sous les parapluies ouverts...
A feuilleter ce livre pour trouver des passages dans le dessein de vous faire craquer définitivement, je suis désespérée : tout est bon, rien à jeter, rien à choisir plus que d'autre, non. Alors, moins de 200 pages, il va falloir vous les lire vous-même.
Les avis chez Babelio, et livr-esse, lucie, (avec des citations)
Christine Eddie
Editions Héloise d'Ormesson, 2013
Matteo est parti une nuit, depuis trente-quatre jours, et depuis il pleut. Beatrice l'attend, s'occupe de Francesca sa presque belle-mère (scotchée devant le télé-achat) avec qui la communication franco-italienne s'avère difficile, et soupçonne Daphnée Sanschagrin, l'assistante de Matteo, de filer le parfait amour avec lui. A l'hôpital ou Francesca doit séjourner, elle fait connaissance de Thalie, dix ans presque, qui lui rappelle Aisha, la petite somalienne vue aux informations (et dont la terrible histoire est vraie!).
Bon, j'ai tout le monde? Oui, mais n'imaginez pas que j'ai tout raconté. Il reste à découvrir comment Christine Eddie a tricoté les fils entre eux, ainsi que les quiproquos et les jolies surprises les attendant, eux et vous, jusqu'au final superbe!
Il reste surtout à découvrir un ton un peu décalé, sans pathos, où point l'émotion cependant, et un sens de la formule où l'humour perce sans crier gare, parfois grâce aux détails récurrents (le tri par ordre alphabétique, la mouche, les objets en vente, etc...)
Bref, j'ai adoré cette chouette histoire. Venez aussi vous abriter sous les parapluies ouverts...
A feuilleter ce livre pour trouver des passages dans le dessein de vous faire craquer définitivement, je suis désespérée : tout est bon, rien à jeter, rien à choisir plus que d'autre, non. Alors, moins de 200 pages, il va falloir vous les lire vous-même.
Les avis chez Babelio, et livr-esse, lucie, (avec des citations)
mercredi 24 juillet 2013
L'autofictif croque un piment
L'autofictif croque un piment
Eric Chevillard
Journal 2011-2012
Editions de l'arbre vengeur, 2013
Sur son blog, l'auteur écrit quotidiennement des textes courts, publiés ensuite. Celui-ci est le quatrième volume, courant du 18 septembre 2011 au 17 septembre 2012, période durant laquelle sera publié son dernier roman L'auteur et moi.
Fort agréable à lire par petits bouts, idéal pour les courtes attentes de la vie que l'on veut traverser intelligemment. Parfois ça fait mouche, parfois moins, selon le lecteur et l'humeur, supposons-le. Très addictif cependant, et déjà je songe à emprunter d'autres opus à la bibli.
Quelques exemples
"Je suis de ceux qui tiennent que la Terre n'est pas une sphère mais un disque. Et non, elle ne tourne pas non plus autour du soleil - quelle absurdité!- mais ricoche dans l'éther : quand elle s'enfonce au-dessous, elle plonge dans l'obscurité - c'est la nuit- et, quand elle en émerge pour planer au dessus, elle reçoit la lumière du soleil - c'est le jour. Que la science astronomique se cabre encore devant de telles évidences a de quoi laisser pantois."
"La rotation de notre planète demeurait pour moi une énigme. Puis je pris de la hauteur et je repérai, arcbouté au globe terrestre, un bousier."
"Un sévère régime alimentaire s'impose. J'ai trop de triglycérides dans le sang: j'opte donc pour aujourd'hui pour une belle saucisse de Morteau (nul sucre). Puis, comme mon taux de cholestérol explose également, je m'en tiens sagement pour suivre à une grosse meringue nappée de caramel (nulle graisse).
"Penser à racheter des Post-it, ne savait-il où noter."
"Il passa son existence enfermé chez lui à lire des romans à suspense, des thrillers haletants, puis SOUDAIN ... la mort survint."
"Le jeune enfant disperse en courant la nuée des pigeons. Quatre-vingt ans plus tard, comme pour remettre en ordre avant de disparaître tout ce que sa présence sur la terre aura perturbé, avec les miettes de son repas, il la reforme."
"Mon boomerang est bien revenu. Mais je n'étais plus là."
"Chaque seconde de sa convalescence à la fois l'éloigne et le rapproche de sa mort."
"Le monde n'est pas à ma convenace; et par exemple, j'aurais pour ma part fixé deux ou trois centimètres plus à droite le manche de la casserole."
Interviennent aussi les deux fillettes de l'auteur, marchant sur les traces du papa:
"-Agathe, tu ne manges pas un peu trop de ces chips?
- Non, que beaucoup."
Quelques textes sous forme de poèmes
"Le vent arrache par violence
aux arbres des révérences
aux volets des applaudissements"
Quelques apartés sur les livres et la lecture
" Le livre dans la liseuse électronique n'existe que le temps de la lecture, puis il disparaît, comme effacé, ou siphonné. Nous fréquentions aussi l'objet, jadis (et naguère encore). Cétait une présence physique, avec ses caractéristiques familières, une compagnie.Certains volumes étaient de vrais crampons, certes, des incrustés, des parasites, mais d'autres nous accompagnaient comme des fétiches, de déménagement en déménagement. Ils partageaient notre vie. Sans vouloir blesser ces purs esprits, nous les aimions aussi pour leur physique... Leur contenu était associé à leur aspect dans notre mémoire oublieuse et il nous suffisait d'en regarder certains sans même les ouvrir pour très exactement et en un éclair les relire. Voilà tout de même une chose irremplaçable qui va se perdre si la tablette absorbe la bibliothèque."
"Puis tous les livres furent numérisés. On cessa de publier des volumes de papier. On brûla la plupart de ceux qui restaient, pour faire de la place. Les autres finirent par tomber en poussière. Alors se produisit le fameux bug."
Et il sait égratigner certains collègues
"Je me flatte d'avoir vécu une expérience rare pour un écrivain - qui atteste aussi une certaine force de caractère, ayons l'humilité de l'admettre: j'ai voyagé dans le Transsibérien sans en rapporter un livre! "
Des nouvelles express
Emplie d'émotion et de gratitude, elle épousa l'homme qui lui avait sauvé la vie en la tirant en arrière par sa capuche alors qu'un bus allait la percuter et qui aussitôt l'enferma dans cette haute tour de la fenêtre de laquelle, après trente ans, elle s'est jetée ce matin.
Ajoutons que dans le bus se trouvait un jeune médecin sans attache sentimentale, charmant, tendre et sensible, spécialisé en traumatologie routière.
Qu'il passa sa vie seul et connut peu de joies, hanté par l'obscure sentiment d'avoir un jour frôlé le bonheur.
"Encore une magnifique histoire d'amour. Elle n'était pas ponctuelle. Il n'était pas patient. Jamais ils ne se rencontrèrent."
Eric Chevillard
Journal 2011-2012
Editions de l'arbre vengeur, 2013
Sur son blog, l'auteur écrit quotidiennement des textes courts, publiés ensuite. Celui-ci est le quatrième volume, courant du 18 septembre 2011 au 17 septembre 2012, période durant laquelle sera publié son dernier roman L'auteur et moi.
Fort agréable à lire par petits bouts, idéal pour les courtes attentes de la vie que l'on veut traverser intelligemment. Parfois ça fait mouche, parfois moins, selon le lecteur et l'humeur, supposons-le. Très addictif cependant, et déjà je songe à emprunter d'autres opus à la bibli.
Quelques exemples
"Je suis de ceux qui tiennent que la Terre n'est pas une sphère mais un disque. Et non, elle ne tourne pas non plus autour du soleil - quelle absurdité!- mais ricoche dans l'éther : quand elle s'enfonce au-dessous, elle plonge dans l'obscurité - c'est la nuit- et, quand elle en émerge pour planer au dessus, elle reçoit la lumière du soleil - c'est le jour. Que la science astronomique se cabre encore devant de telles évidences a de quoi laisser pantois."
"La rotation de notre planète demeurait pour moi une énigme. Puis je pris de la hauteur et je repérai, arcbouté au globe terrestre, un bousier."
"Un sévère régime alimentaire s'impose. J'ai trop de triglycérides dans le sang: j'opte donc pour aujourd'hui pour une belle saucisse de Morteau (nul sucre). Puis, comme mon taux de cholestérol explose également, je m'en tiens sagement pour suivre à une grosse meringue nappée de caramel (nulle graisse).
"Penser à racheter des Post-it, ne savait-il où noter."
"Il passa son existence enfermé chez lui à lire des romans à suspense, des thrillers haletants, puis SOUDAIN ... la mort survint."
"Le jeune enfant disperse en courant la nuée des pigeons. Quatre-vingt ans plus tard, comme pour remettre en ordre avant de disparaître tout ce que sa présence sur la terre aura perturbé, avec les miettes de son repas, il la reforme."
"Mon boomerang est bien revenu. Mais je n'étais plus là."
"Chaque seconde de sa convalescence à la fois l'éloigne et le rapproche de sa mort."
"Le monde n'est pas à ma convenace; et par exemple, j'aurais pour ma part fixé deux ou trois centimètres plus à droite le manche de la casserole."
Interviennent aussi les deux fillettes de l'auteur, marchant sur les traces du papa:
"-Agathe, tu ne manges pas un peu trop de ces chips?
- Non, que beaucoup."
Quelques textes sous forme de poèmes
"Le vent arrache par violence
aux arbres des révérences
aux volets des applaudissements"
Quelques apartés sur les livres et la lecture
" Le livre dans la liseuse électronique n'existe que le temps de la lecture, puis il disparaît, comme effacé, ou siphonné. Nous fréquentions aussi l'objet, jadis (et naguère encore). Cétait une présence physique, avec ses caractéristiques familières, une compagnie.Certains volumes étaient de vrais crampons, certes, des incrustés, des parasites, mais d'autres nous accompagnaient comme des fétiches, de déménagement en déménagement. Ils partageaient notre vie. Sans vouloir blesser ces purs esprits, nous les aimions aussi pour leur physique... Leur contenu était associé à leur aspect dans notre mémoire oublieuse et il nous suffisait d'en regarder certains sans même les ouvrir pour très exactement et en un éclair les relire. Voilà tout de même une chose irremplaçable qui va se perdre si la tablette absorbe la bibliothèque."
"Puis tous les livres furent numérisés. On cessa de publier des volumes de papier. On brûla la plupart de ceux qui restaient, pour faire de la place. Les autres finirent par tomber en poussière. Alors se produisit le fameux bug."
Et il sait égratigner certains collègues
"Je me flatte d'avoir vécu une expérience rare pour un écrivain - qui atteste aussi une certaine force de caractère, ayons l'humilité de l'admettre: j'ai voyagé dans le Transsibérien sans en rapporter un livre! "
Des nouvelles express
Emplie d'émotion et de gratitude, elle épousa l'homme qui lui avait sauvé la vie en la tirant en arrière par sa capuche alors qu'un bus allait la percuter et qui aussitôt l'enferma dans cette haute tour de la fenêtre de laquelle, après trente ans, elle s'est jetée ce matin.
Ajoutons que dans le bus se trouvait un jeune médecin sans attache sentimentale, charmant, tendre et sensible, spécialisé en traumatologie routière.
Qu'il passa sa vie seul et connut peu de joies, hanté par l'obscure sentiment d'avoir un jour frôlé le bonheur.
"Encore une magnifique histoire d'amour. Elle n'était pas ponctuelle. Il n'était pas patient. Jamais ils ne se rencontrèrent."
lundi 22 juillet 2013
Le goût de l'immortalité
Le goût de l'immortalité
Catherine Dufour
dédales mnémos, 2012
"La vie est une drogue terrible, vous le savez très bien."
Auteur inconnu, bouquin emprunté à la médiathèque comme ça, au feeling.
D'après wikipedia, Catherine Dufour écrit des romans, des nouvelles de fantasy déjantées (Blanche Neige et les lance missiles, quel titre prometteur, non?)(A girl, tu résisterais, toi?) et de science fiction sérieux.
Il ne m'a pas fallu longtemps pour constater que Le goût de l'immortalité entre dans la catégorie "sérieux".
Mâtin, quelle claque!
Ah c'est noir noir.
Mais extrêmement bien écrit et de la catégorie "ne se lâche pas".
J'en suis ressortie vivante (quoique...) mais sonnée.
Ce bouquin a obtenu une palanquée de prix, m'étonne pas.
Amis visiteurs, siouplait, ne dites pas, la SF, je n'en veux pas, car si vous voulez connaître une plume éblouissante, foncez. Un auteur qui se réfère en postface à Marguerite Yourcenar (et me donne une furieuse envie de lire ladite Marguerite) est forcément intéressante et remarquable.
Ah oui, de quoi ça parle, finalement?
"J'hésite sur la forme. Quant au fond, je peux déjà vous promettre de l'enfant mort, de la femme étranglée, de l'homme assassiné et de la veuve inconsolable, des cadavres en morceaux, divers poisons, d'horribles trafics humains, une épidémie sanglante, des spectres et des sorcières, plus une quête sans espoir, une putain, deux guerriers magnifiques dont un démon mythomane et une, non, deux belles amitiés brisées par un sort funeste, comme si le sort pouvait être autre chose. A défaut de style, j'ai au moins une histoire.Par contre, n'attendez pas une fin édifiante. N'attendez pas non plus, de ma part, ni sincérité ni impartialité : après tout, j'ai quand même tué ma mère.
Ce n'est pas un sujet qui peut se passer de mensonges."
Croyez-moi, mieux vaut découvrir tout seul cet univers hallucinant, crédible et pas si éloigné. Et, je me répète, cette écriture au cordeau, ciselée, évocatrice.
Les avis de Le cafard cosmique , noosfere , babelio, encore un blogue! ,
Catherine Dufour
dédales mnémos, 2012
"La vie est une drogue terrible, vous le savez très bien."
Auteur inconnu, bouquin emprunté à la médiathèque comme ça, au feeling.
D'après wikipedia, Catherine Dufour écrit des romans, des nouvelles de fantasy déjantées (Blanche Neige et les lance missiles, quel titre prometteur, non?)(A girl, tu résisterais, toi?) et de science fiction sérieux.
Il ne m'a pas fallu longtemps pour constater que Le goût de l'immortalité entre dans la catégorie "sérieux".
Mâtin, quelle claque!
Ah c'est noir noir.
Mais extrêmement bien écrit et de la catégorie "ne se lâche pas".
J'en suis ressortie vivante (quoique...) mais sonnée.
Ce bouquin a obtenu une palanquée de prix, m'étonne pas.
Amis visiteurs, siouplait, ne dites pas, la SF, je n'en veux pas, car si vous voulez connaître une plume éblouissante, foncez. Un auteur qui se réfère en postface à Marguerite Yourcenar (et me donne une furieuse envie de lire ladite Marguerite) est forcément intéressante et remarquable.
Ah oui, de quoi ça parle, finalement?
"J'hésite sur la forme. Quant au fond, je peux déjà vous promettre de l'enfant mort, de la femme étranglée, de l'homme assassiné et de la veuve inconsolable, des cadavres en morceaux, divers poisons, d'horribles trafics humains, une épidémie sanglante, des spectres et des sorcières, plus une quête sans espoir, une putain, deux guerriers magnifiques dont un démon mythomane et une, non, deux belles amitiés brisées par un sort funeste, comme si le sort pouvait être autre chose. A défaut de style, j'ai au moins une histoire.Par contre, n'attendez pas une fin édifiante. N'attendez pas non plus, de ma part, ni sincérité ni impartialité : après tout, j'ai quand même tué ma mère.
Ce n'est pas un sujet qui peut se passer de mensonges."
Croyez-moi, mieux vaut découvrir tout seul cet univers hallucinant, crédible et pas si éloigné. Et, je me répète, cette écriture au cordeau, ciselée, évocatrice.
Les avis de Le cafard cosmique , noosfere , babelio, encore un blogue! ,
vendredi 19 juillet 2013
Comment j'ai appris à lire
Comment j'ai appris à lire
Agnès Desarthe
Stock, 2013
Longtemps Agnès Desarthe n'a pas aimé lire.
Pourtant tout avait bien commencé. Un milieu familial que j'imagine propice (son père est le pédiatre Aldo Naouri, et quand je pense que son frère est Laurent Naouri, époux de Nathalie Dessay, je suis déjà en mode opéra), même si j'admets qu'en tel cas ce n'est ni nécessaire (j'en suis la preuve) ni suffisant (j'ai aussi des noms). A l'école, elle apprend vite à lire. Mais elle n'aime pas lire. Refus. Madame Bovary, ce n'est pas elle. En revanche, elle veut écrire!
Son père le petit malin la soigne à coups d'auteurs de la noire de Gallimard. Des éclaircies, avec Prévert, Salinger, Flaubert (un cœur simple)(toujours pas Emma), George Sand, et Duras, Camus, Faulkner vers quinze ans. Une terminale littéraire (toujours sans lire!), puis hypokhâgne. Toujours rebelle à la lecture.
Quand j'ai entendu parler de ce livre chez Le bouquineur et Flo, je me suis interrogée, pétrie d'incompréhension. Comment est-ce possible? Surtout qu'elle afffiche au compteur de ses lectures des auteurs solides! Et puis, si on n'aime pas lire, quelle idée de suivre des études de lettres!
Mais justement, en hypokhâgne, tout change pour elle...
Pas question que je dévoile le résultat de l'enquête qu'Agnès Desarthe a menée sur elle-même. Bien évidemment les racines étaient anciennes et personnelles. Une fois "guérie", elle a adoré lire les romans haïs autrefois. Plus même, elle a travaillé comme lectrice chez un éditeur. Désormais elle est à la fois écrivain et traductrice, et m'a fascinée par ses pages intelligentes et subtiles sur ce métier, en particulier un choix dans la traduction de Corps étrangers de Cynthia Ozick.
Et voilà comment un livre démarré je l'avoue dans l'incompréhension et l'agacement s'est transformé en une chouette découverte, une réflexion sur la lecture, le plaisir de la lecture, les racines familiales, les premiers souvenirs d'école. Si j'ajoute que c'est écrit avec finesse et humour, vous comprendrez que je recommande chaudement ce Comment j'ai appris à lire. Un indispensable.
Agnès Desarthe
Stock, 2013
Longtemps Agnès Desarthe n'a pas aimé lire.
Pourtant tout avait bien commencé. Un milieu familial que j'imagine propice (son père est le pédiatre Aldo Naouri, et quand je pense que son frère est Laurent Naouri, époux de Nathalie Dessay, je suis déjà en mode opéra), même si j'admets qu'en tel cas ce n'est ni nécessaire (j'en suis la preuve) ni suffisant (j'ai aussi des noms). A l'école, elle apprend vite à lire. Mais elle n'aime pas lire. Refus. Madame Bovary, ce n'est pas elle. En revanche, elle veut écrire!
Son père le petit malin la soigne à coups d'auteurs de la noire de Gallimard. Des éclaircies, avec Prévert, Salinger, Flaubert (un cœur simple)(toujours pas Emma), George Sand, et Duras, Camus, Faulkner vers quinze ans. Une terminale littéraire (toujours sans lire!), puis hypokhâgne. Toujours rebelle à la lecture.
Quand j'ai entendu parler de ce livre chez Le bouquineur et Flo, je me suis interrogée, pétrie d'incompréhension. Comment est-ce possible? Surtout qu'elle afffiche au compteur de ses lectures des auteurs solides! Et puis, si on n'aime pas lire, quelle idée de suivre des études de lettres!
Mais justement, en hypokhâgne, tout change pour elle...
Pas question que je dévoile le résultat de l'enquête qu'Agnès Desarthe a menée sur elle-même. Bien évidemment les racines étaient anciennes et personnelles. Une fois "guérie", elle a adoré lire les romans haïs autrefois. Plus même, elle a travaillé comme lectrice chez un éditeur. Désormais elle est à la fois écrivain et traductrice, et m'a fascinée par ses pages intelligentes et subtiles sur ce métier, en particulier un choix dans la traduction de Corps étrangers de Cynthia Ozick.
Et voilà comment un livre démarré je l'avoue dans l'incompréhension et l'agacement s'est transformé en une chouette découverte, une réflexion sur la lecture, le plaisir de la lecture, les racines familiales, les premiers souvenirs d'école. Si j'ajoute que c'est écrit avec finesse et humour, vous comprendrez que je recommande chaudement ce Comment j'ai appris à lire. Un indispensable.
mercredi 17 juillet 2013
Un notaire peu ordinaire
Un notaire peu ordinaire
Yves Ravey
Les éditions de Minuit, 2013
Freddy vient de purger une peine de prison pour viol d'une fillette, mais sa cousine Madame Rebernak n'est pas du tout pressée de l’accueillir, craignant pour sa fille Clémence (qui prépare son bac français, tout en fréquentant Paul, fils du notaire maître Montussaint)
Une situation simple, avec beaucoup de potentialité, on pourrait dire des attentes de la part du lecteur. J'avoue ne pas avoir été fortement étonnée du déroulement de l'histoire, et mon premier sentiment à la fin fut la déception, mais à la réflexion, voilà un roman intéressant par son atmosphère (évidemment je l'ai lu d'un trait!)
Tout du long la tension est palpable. Gestes et paroles sont présentés, quasiment aucune description de lieu, pas de pensées rapportées, rien, mais le lecteur sait ce qui se passe sous les crânes. Très fort, donc.
Qui narre? Le frère de Clémence, un poil plus âgé qu'elle, dont l'omniscience m'a laissée perplexe, à moins qu'il ne raconte après coup? Jamais ce jeune homme n'est nommé, jamais ses pensées ne sont connues.
Un roman qui mérite lecture, pour l'économie efficace des moyens.
Les avis chez babelio , Ys, jérôme (déçu), clara (synchrones sans le savoir!), Yv
Yves Ravey
Les éditions de Minuit, 2013
Freddy vient de purger une peine de prison pour viol d'une fillette, mais sa cousine Madame Rebernak n'est pas du tout pressée de l’accueillir, craignant pour sa fille Clémence (qui prépare son bac français, tout en fréquentant Paul, fils du notaire maître Montussaint)
Une situation simple, avec beaucoup de potentialité, on pourrait dire des attentes de la part du lecteur. J'avoue ne pas avoir été fortement étonnée du déroulement de l'histoire, et mon premier sentiment à la fin fut la déception, mais à la réflexion, voilà un roman intéressant par son atmosphère (évidemment je l'ai lu d'un trait!)
Tout du long la tension est palpable. Gestes et paroles sont présentés, quasiment aucune description de lieu, pas de pensées rapportées, rien, mais le lecteur sait ce qui se passe sous les crânes. Très fort, donc.
Qui narre? Le frère de Clémence, un poil plus âgé qu'elle, dont l'omniscience m'a laissée perplexe, à moins qu'il ne raconte après coup? Jamais ce jeune homme n'est nommé, jamais ses pensées ne sont connues.
Un roman qui mérite lecture, pour l'économie efficace des moyens.
Les avis chez babelio , Ys, jérôme (déçu), clara (synchrones sans le savoir!), Yv
lundi 15 juillet 2013
A la réflexion
A la réflexion
David Lodge
Rivages Poche, 2012
Traduit par Marc Amfreville
Depuis qu'une collègue m'a demandé il y a une quinzaine d'années "Tu connais David Lodge?" , j'ai quasiment tout lu (et parfois relu) de lui (et même deux romans non traduits, qui ne le seront jamais, à la demande de l'auteur; dommage).
L'on pourrait se méfier de ce recueil d'essais écrits à l'origine pour divers médias ou divers publics, en particulier de possibles répétitions. Il n'en est heureusement rien, et Lodge, à la fois écrivain et professeur de littérature anglaise, sait aussi se garder de propos trop techniques, même si c'est parfois du costaud.
Il dévoile un peu de sa vie, dans Pourquoi j'écris? et Souvenirs d'une enfance catholique, évoque la genèse de Un tout petit monde, et que représente pour lui Joyce.
Même avec des thèmes tels Réalité et fiction dans le roman, Le roman comme forme de communication, L'amour et le mariage dans le roman, Critique et création, Kierkegaard appliqué, il sait rester pratique, brillant, et s'appuyer sur ses romans. Doit-on les avoir lus? Préférable, sans doute. En dévoile-t-il parfois trop à de futurs lecteurs? C'est le risque. Donne-t-il envie de relire ses romans? Oh que oui.
Le dernier essai, La conscience et le roman, est (entre autres) l'occasion, en plus de cent pages passionnantes, de parcourir de façon extrêmement intelligente et claire l'évolution romanesque depuis deux siècles. De Jane Austen et des victoriens, puis Woolf, James, et Joyce, et de plus contemporains, établissant pour ces derniers un rapprochement intéressant entre leur façon d'écrire et le cinéma (dont la fonction est aussi de raconter des histoires). Je ne pourrai plus lire certains auteurs avec le même œil. Précisons qu'il s'agit bien évidemment surtout d'auteurs anglais. Même si l'on croise Powers, Roth et Robbe-Grillet. Désolée...
Des passages? Hélas trop longs, trop nombreux, peu satisfaisants hors contexte.
"Pour moi un roman commence d'ordinaire quand je me rends compte qu'une expérience que j'ai faite présente un intérêt et une unité thématiques pouvant être intégrés à un récit de fiction.Je me mets ensuite à la recherche d'une idée structurante qui produise et contienne cette signification potentielle.(...)
Je n'affirmerais pas, sous prétexte de pouvoir expliquer mon roman ligne à ligne, qu'il ne peut rien signifier d'autre que ce que j'ai voulu y mettre. Je me rends parfaitement compte des dangers qu'il y aurait à limiter la liberté interprétative du lecteur en proposant prématurément ma propre lecture "autorisée" si j'ose dire. D'une certaine façon, un roman est un jeu, un jeu qui nécessite la présence de deux joueurs, un lecteur aussi bien qu'un écrivain. Le romancier qui tente de contrôler ou de dicter les réactions de son lecteur hors des limites du texte pourrait se comparer à un joueur qui ne cesserait de se lever pour aller voir les cartes de son adversaire et qui lui conseillerait laquelle poser au prochain tour. " (deux extraits de Introduction à Un tout petit monde)
David Lodge
Rivages Poche, 2012
Traduit par Marc Amfreville
Depuis qu'une collègue m'a demandé il y a une quinzaine d'années "Tu connais David Lodge?" , j'ai quasiment tout lu (et parfois relu) de lui (et même deux romans non traduits, qui ne le seront jamais, à la demande de l'auteur; dommage).
L'on pourrait se méfier de ce recueil d'essais écrits à l'origine pour divers médias ou divers publics, en particulier de possibles répétitions. Il n'en est heureusement rien, et Lodge, à la fois écrivain et professeur de littérature anglaise, sait aussi se garder de propos trop techniques, même si c'est parfois du costaud.
Il dévoile un peu de sa vie, dans Pourquoi j'écris? et Souvenirs d'une enfance catholique, évoque la genèse de Un tout petit monde, et que représente pour lui Joyce.
Même avec des thèmes tels Réalité et fiction dans le roman, Le roman comme forme de communication, L'amour et le mariage dans le roman, Critique et création, Kierkegaard appliqué, il sait rester pratique, brillant, et s'appuyer sur ses romans. Doit-on les avoir lus? Préférable, sans doute. En dévoile-t-il parfois trop à de futurs lecteurs? C'est le risque. Donne-t-il envie de relire ses romans? Oh que oui.
Le dernier essai, La conscience et le roman, est (entre autres) l'occasion, en plus de cent pages passionnantes, de parcourir de façon extrêmement intelligente et claire l'évolution romanesque depuis deux siècles. De Jane Austen et des victoriens, puis Woolf, James, et Joyce, et de plus contemporains, établissant pour ces derniers un rapprochement intéressant entre leur façon d'écrire et le cinéma (dont la fonction est aussi de raconter des histoires). Je ne pourrai plus lire certains auteurs avec le même œil. Précisons qu'il s'agit bien évidemment surtout d'auteurs anglais. Même si l'on croise Powers, Roth et Robbe-Grillet. Désolée...
Des passages? Hélas trop longs, trop nombreux, peu satisfaisants hors contexte.
"Pour moi un roman commence d'ordinaire quand je me rends compte qu'une expérience que j'ai faite présente un intérêt et une unité thématiques pouvant être intégrés à un récit de fiction.Je me mets ensuite à la recherche d'une idée structurante qui produise et contienne cette signification potentielle.(...)
Je n'affirmerais pas, sous prétexte de pouvoir expliquer mon roman ligne à ligne, qu'il ne peut rien signifier d'autre que ce que j'ai voulu y mettre. Je me rends parfaitement compte des dangers qu'il y aurait à limiter la liberté interprétative du lecteur en proposant prématurément ma propre lecture "autorisée" si j'ose dire. D'une certaine façon, un roman est un jeu, un jeu qui nécessite la présence de deux joueurs, un lecteur aussi bien qu'un écrivain. Le romancier qui tente de contrôler ou de dicter les réactions de son lecteur hors des limites du texte pourrait se comparer à un joueur qui ne cesserait de se lever pour aller voir les cartes de son adversaire et qui lui conseillerait laquelle poser au prochain tour. " (deux extraits de Introduction à Un tout petit monde)
vendredi 12 juillet 2013
22/11/63
22/11/63
Stephen King
Albin Michel, 2013
Traduit par Nadine Gassie
Note spéciale à clara : ne cherche aucune excuse, tu dois le lire!
Dans sa postface, Stephen King termine en remerciant Jack Finney, auteur de Le voyage de Simon Morley, "LE grand récit de voyage dans le temps". Il se trouve que j'ai lu ce roman (et même sa suite, un poil plus faible) et je ne peux que donner raison à Stephen King, tout en le trouvant fort modeste: après 22/11/63, les autres vont avoir du mal à choisir ce thème et réussir à égaler King (le dépasser? Même pas en rêve, les gars)
Stephen King n'est pas un auteur qui m'attire forcément, j'ai lu trois quatre nouvelles, mais c'est Écriture, où il analyse comment écrire un roman, qui m'a vraiment enchantée. Je ne suis pas non plus fan d'histoires fantastiques et j'avoue que dans 22/11/63 j'ai tiqué à deux petits passages (sur 900 pages, donc je pardonne) où l'ambiance était au "je vais vous faire peur". Mais comme l'un d'eux utilisait habilement la ville de Derry où se déroulait un roman précédent de King (avec le clown), rien à redire.
22/11/63 est donc un roman drôlement bien fichu, aux personnages principaux (ceux de fiction) attachants et crédibles, dont les rebondissements maintiennent l'intérêt (et sur 900 pages, faut le faire!), où le lecteur absorbe sa ration d'émotion, suspense et humour.
Ceux qui l'ont lu comprendront pourquoi je suis sortie de là avec l'envie furieuse d'écouter In the mood et même de danser sur cette musique (on se calme!)
Prêts pour une visite extraordinairement bien reconstituée (mais pas du tout niaise) de l'époque 1958-1963? Foncez!
Ah oui j'ai volontairement omis de dire de quoi ça parle. Est-ce bien important? Bref, Jake Epping découvre qu'il peut se rendre en 1958 et sa mission sera de sauver lesoldat président Kennedy ce fameux 22/11/63 à Dallas.
Les avis de rsfblog (d'accord, j'aurais aussi aimé mettre la main sur la VO et trouver des alternatives à pépette et copain)
Challenge pavé de l'été chez Brize (son billet sur le roman, et plein d'autres liens)
Stephen King
Albin Michel, 2013
Traduit par Nadine Gassie
Note spéciale à clara : ne cherche aucune excuse, tu dois le lire!
Dans sa postface, Stephen King termine en remerciant Jack Finney, auteur de Le voyage de Simon Morley, "LE grand récit de voyage dans le temps". Il se trouve que j'ai lu ce roman (et même sa suite, un poil plus faible) et je ne peux que donner raison à Stephen King, tout en le trouvant fort modeste: après 22/11/63, les autres vont avoir du mal à choisir ce thème et réussir à égaler King (le dépasser? Même pas en rêve, les gars)
Stephen King n'est pas un auteur qui m'attire forcément, j'ai lu trois quatre nouvelles, mais c'est Écriture, où il analyse comment écrire un roman, qui m'a vraiment enchantée. Je ne suis pas non plus fan d'histoires fantastiques et j'avoue que dans 22/11/63 j'ai tiqué à deux petits passages (sur 900 pages, donc je pardonne) où l'ambiance était au "je vais vous faire peur". Mais comme l'un d'eux utilisait habilement la ville de Derry où se déroulait un roman précédent de King (avec le clown), rien à redire.
22/11/63 est donc un roman drôlement bien fichu, aux personnages principaux (ceux de fiction) attachants et crédibles, dont les rebondissements maintiennent l'intérêt (et sur 900 pages, faut le faire!), où le lecteur absorbe sa ration d'émotion, suspense et humour.
Ceux qui l'ont lu comprendront pourquoi je suis sortie de là avec l'envie furieuse d'écouter In the mood et même de danser sur cette musique (on se calme!)
Ah oui j'ai volontairement omis de dire de quoi ça parle. Est-ce bien important? Bref, Jake Epping découvre qu'il peut se rendre en 1958 et sa mission sera de sauver le
Les avis de rsfblog (d'accord, j'aurais aussi aimé mettre la main sur la VO et trouver des alternatives à pépette et copain)
Challenge pavé de l'été chez Brize (son billet sur le roman, et plein d'autres liens)
mercredi 10 juillet 2013
Immortelle randonnée
Immortelle randonnée
Compostelle malgré moi
Jean-Christophe Rufin
éditions Guérin, 2013
N'ayant pris aucune note au cours du voyage, faisant confiance à sa
mémoire pour trier, rejeter ou préserver "selon le degré d'importance
dont elle affecte les événements", n'ayant même pas prévu de raconter
son aventure, c'est à la demande amicale des éditeurs que Jean-Christophe Rufin s'est décidé
à écrire ce récit.
Il nous livre donc son récit personnel sans tomber dans le travers du journal de bord chronologique, effleurant peu les sujets trop techniques, se concentrant sur ses souvenirs prégnants. Pudique, il évoque cependant ses pensées et évolutions, y compris spirituelles (au sens très très large). Écriture élégante, un poil d'humour et d'émotion, pour un livre qui m'a vraiment emballée. Et que bien sûr je recommande!
Les avis chez babelio,
Compostelle malgré moi
Jean-Christophe Rufin
éditions Guérin, 2013
coup de coeur |
Il nous livre donc son récit personnel sans tomber dans le travers du journal de bord chronologique, effleurant peu les sujets trop techniques, se concentrant sur ses souvenirs prégnants. Pudique, il évoque cependant ses pensées et évolutions, y compris spirituelles (au sens très très large). Écriture élégante, un poil d'humour et d'émotion, pour un livre qui m'a vraiment emballée. Et que bien sûr je recommande!
En partant pour Saint-Jacques, je ne cherchais rien et je l'ai trouvé.Un beau jour de mai, muni de sa précieuse credential à faire tamponner aux étapes, Jean-Christophe Rufin débarque à Hendaye, direction Compostelle!
Vers Compostelle, l'essentiel n'est pas le point d'arrivée, commun à tous, mais le point de départ. C'est lui qui fixe la hiérarchie subtile qui s'établit entre les pèlerins. Quand deux marcheurs se rencontrent, ils ne se demandent pas "Où vas-tu?", la réponse est évidente, ni "Qui es-tu?", car sur le Chemin on n'est plus rien d'autre qu'un pauvre Jacquet. La question qu'ils posent est "D'où es-tu parti?". Et la réponse permet immédiatement de savoir à qui l'on a affaire.Pourquoi donc?
Comment expliquer, à ceux qui ne l'ont pas vécu, que le Chemin a pour effet sinon pour vertu de faire oublier les raisons qui ont amené à s'y engager? A la confusion et à la multitude des pensées qui ont poussé à prendre la route, il substitue la simple évidence de la marche. On est parti, voilà tout.
Hórreo galicien (wikipedia) |
Les avis chez babelio,
lundi 8 juillet 2013
Liberté dans la montagne
Liberté dans la montagne
Marc Graciano
Editions Corti, 2013
J'étais prévenue, ce livre est particulier, mais comme Dominique et claudialucia, suis tombée sous son charme. Le plus délicat étant d'en parler, après que les deux blogueuses citées l'ont fait avec talent (voir leurs billets, liens ci-dessous)
Si on regarde l'histoire : deux personnages jamais nommés, le vieux et la petite, suivent le long d'une rivière, remontant vers le nord, vers sa source. Pourquoi? D'où viennent-ils? Qu'ont-ils vécu? Peu sera dévoilé. Au fil de leur marche ils rencontrent des villages, une ville, des campements, des êtres malfaisants ou accueillants.
Pas de nom de lieux, ni d'époque, mais celle suggérée est médiévale, où la justice peut être rapide et les gibets vite installés, où l'on s'affronte en tournois, où l'on porte braies et chausses, où l'on sait reconnaître les plantes comestibles.
A bien regarder, nombreuses sont les recettes de cuisine au fil des pages, des mets oubliés, mais paraissant souvent savoureux. Une époque où l'on pouvait survivre en quasi autarcie. Mais où la violence et le danger rodent. Une époque de croyances, et aussi de connaissances (l'écorce de saule et ses bienfaits, par exemple)
La relation entre le vieux et la petite est pétrie d'amour et douceur, le vieux protégeant la petite, et lui enseignant les secrets de la nature qui les environne, lui inculquant une certaine sagesse.
Mais ce qui frappe c'est l'écriture. Des répétitions multiples, quasi lancinantes, finissant par créer une ambiance envoutante. Un vocabulaire précis, inusité, voire disparu et inconnu de nos jours, ajoutant à l'impression de plonger dans un monde lointain. Des phrases parfois hachées, des reprises pour ajouter au sens. Pour terminer en feu d'artifice avec les cinq dernières pages et le fascinant déroulement d'événements potentiels.
"Les rescapés d'un groupe primitif et réfugiés dans ce marais. Deux apôtres égarés partageant leur agape. Les membres isolés d'une tribu nomade prenant leur maigre repas lors d'une halte éphémère. Lors d'une halte temporaire. Deux formes que l'énergie aurait momentanément prises en ce lieu de l'espace. Deux apparitions fugaces. D'éphémères apparitions dans ce repli de l'espace.Deux instables concrétions d'énergie. Deux fugaces avatars d'énergie apparus dans la vapeur du marais comme la discrète. Comme la dérisoire et presque invisible fumée s'échappant de la saulaie et le vieux dit à la petite le nom de la plante qu'il avait récoltée et qu'ils consommaient et il lui en nomma les différents usages et il lui en décrivit les vertus. Il lui enseigna comment la reconnaître et, prenant une tige... etc..."
Les billets de Dominique (la première tentatrice) et de claudialucia (merciii!!!)
Le site de l'éditeur, avec un résumé, les deux premières pages et un article de presse.
Marc Graciano
Editions Corti, 2013
coup de coeur |
Si on regarde l'histoire : deux personnages jamais nommés, le vieux et la petite, suivent le long d'une rivière, remontant vers le nord, vers sa source. Pourquoi? D'où viennent-ils? Qu'ont-ils vécu? Peu sera dévoilé. Au fil de leur marche ils rencontrent des villages, une ville, des campements, des êtres malfaisants ou accueillants.
Pas de nom de lieux, ni d'époque, mais celle suggérée est médiévale, où la justice peut être rapide et les gibets vite installés, où l'on s'affronte en tournois, où l'on porte braies et chausses, où l'on sait reconnaître les plantes comestibles.
A bien regarder, nombreuses sont les recettes de cuisine au fil des pages, des mets oubliés, mais paraissant souvent savoureux. Une époque où l'on pouvait survivre en quasi autarcie. Mais où la violence et le danger rodent. Une époque de croyances, et aussi de connaissances (l'écorce de saule et ses bienfaits, par exemple)
La relation entre le vieux et la petite est pétrie d'amour et douceur, le vieux protégeant la petite, et lui enseignant les secrets de la nature qui les environne, lui inculquant une certaine sagesse.
Mais ce qui frappe c'est l'écriture. Des répétitions multiples, quasi lancinantes, finissant par créer une ambiance envoutante. Un vocabulaire précis, inusité, voire disparu et inconnu de nos jours, ajoutant à l'impression de plonger dans un monde lointain. Des phrases parfois hachées, des reprises pour ajouter au sens. Pour terminer en feu d'artifice avec les cinq dernières pages et le fascinant déroulement d'événements potentiels.
La toue cabanée du "géant"? |
Les billets de Dominique (la première tentatrice) et de claudialucia (merciii!!!)
Le site de l'éditeur, avec un résumé, les deux premières pages et un article de presse.
vendredi 5 juillet 2013
L'été slovène
L'été slovène
Clément Bénesch
Flammarion, 2013
Cet été là, le narrateur et Eléna partent en vacances en Slovénie, à Bled, puis à Ljubljana.
Avec entre autres péripéties la traversée à la nage des eaux froides du lac:
Mais il ne s'agit pas de guide touristique.
Les jeunes amoureux font des rencontres, cherchent souvent à s'isoler, mais tout ne se passe pas toujours comme ils l'espéraient. Leur relation a-t-elle de l'avenir? Survivra-t-elle à ces vacances? Pas sûr.
Ce qui fait l'intérêt de ce court roman, c'est son écriture un peu décalée, son humour pince sans rire. Un premier roman d'un tout jeune auteur, fort prometteur. J'ai beaucoup aimé cette jolie découverte.
Clément Bénesch
Flammarion, 2013
Cet été là, le narrateur et Eléna partent en vacances en Slovénie, à Bled, puis à Ljubljana.
Avec entre autres péripéties la traversée à la nage des eaux froides du lac:
Ile de Bled |
Les jeunes amoureux font des rencontres, cherchent souvent à s'isoler, mais tout ne se passe pas toujours comme ils l'espéraient. Leur relation a-t-elle de l'avenir? Survivra-t-elle à ces vacances? Pas sûr.
Ce qui fait l'intérêt de ce court roman, c'est son écriture un peu décalée, son humour pince sans rire. Un premier roman d'un tout jeune auteur, fort prometteur. J'ai beaucoup aimé cette jolie découverte.
Quelques longues minutes plus tard, elle me demanda en laissant traîner les voyelles : Pourquoi tu m'aimes? Comment? répondis-je, bon politicien, du tac au tac - le fait de t'aimer ne suffit pas? Il faut encore trouver des raisons? Oui, dit-elle. J'ai réfléchi quelques secondes. Alors ça va peut-être te sembler une énorme dérobade, mais voilà. De même que l'on ne trouve à redire que des mauvais livres (où l'on se fait une joie de prendre en note les incorrections, celles qui suscitent notre mauvaise ironie) tandis que les excellents sont si dépourvus de faille qu'on ne peut y introduire aucun pied-de-biche pour découvrir leurs rouages, de même l'amour commence pour moi à décliner lorsqu'on est capable de dire exactement ce qui nous plaît chez l'autre. Dès lors, l'autre est seulement une liste avec des cases cochées. Eléna ne répondit pas pendant un certain temps. Oui, conclut-elle, je trouve que c'est une belle dérobade. Attends! l'interrompis-je presque (pas trop fort; notre discussion n'avait été qu'un discret chuchotement). Attends: j'ai eu le temps de prévoir un plan B. Voilà ce qui me plait chez toi : ton émerveillement. Je l'entendis sourire dans le noir. Est-ce que, demanda-t-elle, ça signifie que notre amour décline?
Un feu d'artifice pétaradait avec l'ardeur des choses facultatives.
Je pense qu'un garçon tel que toi, ou toi, puisque tu es là, ne devrait pas être avec une fille comme moi, vu la disparité de nos caractères. C'est vrai, répondis-je froidement, c'est vrai que je suis un assez bon exemple d'un garçon tel que moi.Les avis chez babelio, sophielit, kathel (merciiiiii!)
mercredi 3 juillet 2013
Maine / Etrange passion
Maine
J. Courtney Sullivan
Editions rue Fromentin, 2013
Traduit par Camille Lavacourt
Quatre femmes de trois générations différentes vont se retrouver dans le Maine en ce début d'été encore un peu frisquet. Alice, coquette, la langue bien pendue, très bigote et cherchant à négocier un pardon en léguant sa belle propriété à l'Eglise. Kathleen, qui aurait de loin préféré évité de voir sa mère Alice, et continuer à s'occuper de ses vers de terre dans sa ferme californienne. Mais sa fille Maggie, qui vient de se faire larguer par son copain, a besoin d'elle. La dernière de ce roman choral, c'est Ann Marie, la pièce rapportée, la femme parfaite du fils parfait.
Quant deux d'entre elles se rencontrent (et qu'est-ce quand c'est plus de deux!), ça vire très vite à l'affrontement et à la dispute, en tout cas aux répliques vachardes. Même si les souvenirs de bons moments reviennent, et qu'elles se ressemblent plus qu'elles ne croient.
De chaque génération étaient attendues des options différentes. Pour celle d'Alice, seul le mariage était convenable. Pour Kathleen et Ann Marie, la divorcée et la mère au foyer obsessionnelle, déjà les lézardes apparaissent. Maggie, elle, fera un bébé toute seule.
Voilà le type de roman qui ne peut que me plaire, des histoires de femme, les États-Unis, pas trop de descriptions, de bons dialogues, de l'humour, bref, si vous avez du temps libre cet été, foncez! Un bon roman, qui ne m'a pas fait grimper aux murs d'enthousiasme (peut-être en ai-je beaucoup lu qui lui ressemblent?), cela se sent dans mon billet, mais que j'ai dévoré avec plaisir, et c'est déjà pas mal!
Kathleen :"Sa belle-soeur était un être humain après tout."
Plus loin, Ann Marie, ladite belle-soeur:
"Kathleen, ma belle-soeur.
- Oh! dit Linda une main sur le coeur. Je ne savais pas que vous vous connaissiez. Pendant une minute, j'ai eu peur!
On se connaît, oui, et c'est bien ça qui fait peur, pensa Ann Marie."
De multiples avis enthousiastes partout sur les blogs et chez babelio
A tel point que j'ai voulu me livrer à une petite expérience : et si je lisais un roman sans en connaître absolument rien? Justement Flo proposait de découvrir Anita Shreve (voir ici son billet sur ses cinq (!) lectures ) et le seul exemplaire de ma bibliothèque numéro 1 était intitulé Étrange passion, paru chez France Loisirs, et dépourvu de couverture colorée et donc de quatrième de couverture, puisqu'il ne restait que la reliure (rouge).
Strange fits of passion est paru en 1991, traduite en 1996 par Marie-Claude Peugeot.
Juste tournée la dernière page de Maine, je me plonge donc dans Étrange passion. Et me retrouve dans le Maine... Hé oui.
Mary Amesbury a fui un mari violent et s'est réfugiée dans une petite ville du Maine, avec son bébé de six mois, Caroline. L'hiver est glacial, aucun touriste, ne demeurent que des pêcheurs et leurs familles, une boutique est ouverte.
Dès le départ l'on sait qu'un événement tragique est survenu puisque Mary se retrouve en prison, où une journaliste l'a convainc d'écrire son histoire, qui servira de base à un article avant le procès. C'est donc ce récit, entrecoupé de témoignages d'habitants de l'île, qui formera le corps essentiel du roman.
J'avoue que le titre faisait craindre le pire, mais fort heureusement Anita Sheve a opté pour une écriture sans fioritures et sans pathos, d'une sobriété efficace. Quelques passages mettent en lumière l'ambiance de ce coin du Maine, rude, isolé, et la vie des pêcheurs. Les différences de voix entre les intervenants sont bien marquées.
Surtout, intervient le récit de la rencontre puis du mariage de Mary et Harrold, tous deux journalistes, puis la plongée de l'époux dans l'alcool et la violence. Comment Mary a-t-elle supporté/accepté?
"Une fois qu'on se met à mentir, à partir du moment où on ment pour le couvrir, on est dans le même bateau que lui, et on est perdue."
"Il ne m'a plus battue pendant plusieurs mois; mais il y a des façons d'abuser d'une femme qui ne sont pas d'ordre physique. Ces autres formes de violence étaient parfois pires que d'être battue."
Anita Shreve démonte bien l'enfermement de Mary, l’ambiguïté parfois de la situation.
Mais une fois l'extrême limite franchie, pourquoi ne pas porter plainte?
En 1971, l'on pense que "un mari ne peut pas violer sa femme."
Finalement, ce roman s'est révélé vraiment intéressant, jusque y compris la rencontre entre la journaliste et Caroline, mais je ne peux tout raconter, non?
J. Courtney Sullivan
Editions rue Fromentin, 2013
Traduit par Camille Lavacourt
Quatre femmes de trois générations différentes vont se retrouver dans le Maine en ce début d'été encore un peu frisquet. Alice, coquette, la langue bien pendue, très bigote et cherchant à négocier un pardon en léguant sa belle propriété à l'Eglise. Kathleen, qui aurait de loin préféré évité de voir sa mère Alice, et continuer à s'occuper de ses vers de terre dans sa ferme californienne. Mais sa fille Maggie, qui vient de se faire larguer par son copain, a besoin d'elle. La dernière de ce roman choral, c'est Ann Marie, la pièce rapportée, la femme parfaite du fils parfait.
Quant deux d'entre elles se rencontrent (et qu'est-ce quand c'est plus de deux!), ça vire très vite à l'affrontement et à la dispute, en tout cas aux répliques vachardes. Même si les souvenirs de bons moments reviennent, et qu'elles se ressemblent plus qu'elles ne croient.
De chaque génération étaient attendues des options différentes. Pour celle d'Alice, seul le mariage était convenable. Pour Kathleen et Ann Marie, la divorcée et la mère au foyer obsessionnelle, déjà les lézardes apparaissent. Maggie, elle, fera un bébé toute seule.
Voilà le type de roman qui ne peut que me plaire, des histoires de femme, les États-Unis, pas trop de descriptions, de bons dialogues, de l'humour, bref, si vous avez du temps libre cet été, foncez! Un bon roman, qui ne m'a pas fait grimper aux murs d'enthousiasme (peut-être en ai-je beaucoup lu qui lui ressemblent?), cela se sent dans mon billet, mais que j'ai dévoré avec plaisir, et c'est déjà pas mal!
Kathleen :"Sa belle-soeur était un être humain après tout."
Plus loin, Ann Marie, ladite belle-soeur:
"Kathleen, ma belle-soeur.
- Oh! dit Linda une main sur le coeur. Je ne savais pas que vous vous connaissiez. Pendant une minute, j'ai eu peur!
On se connaît, oui, et c'est bien ça qui fait peur, pensa Ann Marie."
De multiples avis enthousiastes partout sur les blogs et chez babelio
A tel point que j'ai voulu me livrer à une petite expérience : et si je lisais un roman sans en connaître absolument rien? Justement Flo proposait de découvrir Anita Shreve (voir ici son billet sur ses cinq (!) lectures ) et le seul exemplaire de ma bibliothèque numéro 1 était intitulé Étrange passion, paru chez France Loisirs, et dépourvu de couverture colorée et donc de quatrième de couverture, puisqu'il ne restait que la reliure (rouge).
Strange fits of passion est paru en 1991, traduite en 1996 par Marie-Claude Peugeot.
Juste tournée la dernière page de Maine, je me plonge donc dans Étrange passion. Et me retrouve dans le Maine... Hé oui.
Mary Amesbury a fui un mari violent et s'est réfugiée dans une petite ville du Maine, avec son bébé de six mois, Caroline. L'hiver est glacial, aucun touriste, ne demeurent que des pêcheurs et leurs familles, une boutique est ouverte.
Dès le départ l'on sait qu'un événement tragique est survenu puisque Mary se retrouve en prison, où une journaliste l'a convainc d'écrire son histoire, qui servira de base à un article avant le procès. C'est donc ce récit, entrecoupé de témoignages d'habitants de l'île, qui formera le corps essentiel du roman.
J'avoue que le titre faisait craindre le pire, mais fort heureusement Anita Sheve a opté pour une écriture sans fioritures et sans pathos, d'une sobriété efficace. Quelques passages mettent en lumière l'ambiance de ce coin du Maine, rude, isolé, et la vie des pêcheurs. Les différences de voix entre les intervenants sont bien marquées.
Surtout, intervient le récit de la rencontre puis du mariage de Mary et Harrold, tous deux journalistes, puis la plongée de l'époux dans l'alcool et la violence. Comment Mary a-t-elle supporté/accepté?
"Une fois qu'on se met à mentir, à partir du moment où on ment pour le couvrir, on est dans le même bateau que lui, et on est perdue."
"Il ne m'a plus battue pendant plusieurs mois; mais il y a des façons d'abuser d'une femme qui ne sont pas d'ordre physique. Ces autres formes de violence étaient parfois pires que d'être battue."
Anita Shreve démonte bien l'enfermement de Mary, l’ambiguïté parfois de la situation.
Mais une fois l'extrême limite franchie, pourquoi ne pas porter plainte?
En 1971, l'on pense que "un mari ne peut pas violer sa femme."
Finalement, ce roman s'est révélé vraiment intéressant, jusque y compris la rencontre entre la journaliste et Caroline, mais je ne peux tout raconter, non?
lundi 1 juillet 2013
L'attente de l'aube
L'attente de l'aube
William Boyd
Seuil, 2012
Traduit de l'anglais par Christiane Besse
Ravie des parutions anciennes de Boyd, que je qualifie d’africaines (Un Anglais sous les tropiques, Comme neige au soleil, La croix et la bannière, Brazzaville plage), de ses autres romans (Les nouvelles Confessions, A livre ouvert, La vie aux aguets, Orages ordinaires), un peu moins de ses nouvelles (lâchement laissées de côté), me voici, fidèle au poste, avec L'attente de l'aube, son dernier roman, qui nous promène de Vienne à Londres en passant par Genève et brièvement en Belgique, de 1913 à 1915.
Lysander Rief,un acteur londonien souffrant d'un problème, disons, intime, va consulter à Vienne un psychanalyste qui le guérira à l'aide du "Parallélisme" qu'il a inventé semble-t-il. Par ailleurs une certaine Hettie lui prouvera qu'il est guéri...
Mais tout se complique, Lysander est contraint de fuir l'Autriche, grâce à des compatriotes de l'ambassade qui lui feront clairement comprendre que l'on a besoin de lui pour de petites missions d'espionnage. Sa vie amoureuse se complique.
Voilà un roman comme les anglais savent en produire, une bonne histoire, des personnages ambigus, de l'humour ("- Non, déclara le colonel. Parce que vous aurez cessé d'exister. - En fait, j'aimerais bien une tasse de thé, après tout."), une ambiance historique bien rendue, de l'accélération dans le suspense et des descriptions ou réflexions pleines de finesse. J'en suis sortie un peu étonnée, car les interrogations de Lysander face aux coïncidences, son impression d'être manipulé, n'ont pas été toujours éclaircies, Boyd entretient jusqu'au bout un léger flou.
"Tout était résolu, expliqué. Mais, au fil de la journée, d'autres questions vinrent me tracasser, me troubler, m'obligeant à revoir mon jugement jusqu'à ce que, au crépuscule, tout retourne à la confusion.Peut-être la vie est-elle ainsi - on essaie d'y voir clair, mais ce que l'on voit n'est jamais plus clair et ne le sera jamais.Plus nous ferons d'efforts, plus le trouble s'aggrave. Tout ce qui nous est laissé, ce sont des approximations, des nuances, des multitudes d'explications plausibles. Faites votre choix."
Les avis chez babelio,
William Boyd
Seuil, 2012
Traduit de l'anglais par Christiane Besse
Ravie des parutions anciennes de Boyd, que je qualifie d’africaines (Un Anglais sous les tropiques, Comme neige au soleil, La croix et la bannière, Brazzaville plage), de ses autres romans (Les nouvelles Confessions, A livre ouvert, La vie aux aguets, Orages ordinaires), un peu moins de ses nouvelles (lâchement laissées de côté), me voici, fidèle au poste, avec L'attente de l'aube, son dernier roman, qui nous promène de Vienne à Londres en passant par Genève et brièvement en Belgique, de 1913 à 1915.
Lysander Rief,un acteur londonien souffrant d'un problème, disons, intime, va consulter à Vienne un psychanalyste qui le guérira à l'aide du "Parallélisme" qu'il a inventé semble-t-il. Par ailleurs une certaine Hettie lui prouvera qu'il est guéri...
Mais tout se complique, Lysander est contraint de fuir l'Autriche, grâce à des compatriotes de l'ambassade qui lui feront clairement comprendre que l'on a besoin de lui pour de petites missions d'espionnage. Sa vie amoureuse se complique.
Voilà un roman comme les anglais savent en produire, une bonne histoire, des personnages ambigus, de l'humour ("- Non, déclara le colonel. Parce que vous aurez cessé d'exister. - En fait, j'aimerais bien une tasse de thé, après tout."), une ambiance historique bien rendue, de l'accélération dans le suspense et des descriptions ou réflexions pleines de finesse. J'en suis sortie un peu étonnée, car les interrogations de Lysander face aux coïncidences, son impression d'être manipulé, n'ont pas été toujours éclaircies, Boyd entretient jusqu'au bout un léger flou.
"Tout était résolu, expliqué. Mais, au fil de la journée, d'autres questions vinrent me tracasser, me troubler, m'obligeant à revoir mon jugement jusqu'à ce que, au crépuscule, tout retourne à la confusion.Peut-être la vie est-elle ainsi - on essaie d'y voir clair, mais ce que l'on voit n'est jamais plus clair et ne le sera jamais.Plus nous ferons d'efforts, plus le trouble s'aggrave. Tout ce qui nous est laissé, ce sont des approximations, des nuances, des multitudes d'explications plausibles. Faites votre choix."
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