mardi 31 août 2021

Aldo Leopold

 Sans doute connaissez-vous le nom d'Aldo Leopold, moins connu que Thoreau et Muir, et peut-être avez-vous découvert son livre le plus connu, Almanach d'un comté des sables ? Une lecture indispensable.

Mais voici une courte présentation d'Aldo Leopold,


Aldo Leopold

Un pionnier de l'écologie

Jean-Claude Génot

Editions Hesse, 2019

(image prise ici https://www.decitre.fr/livres/aldo-leopold-9782357060647.html)

 

Leopold a démarré dans la vie comme forestier (et chasseur) mais il a connu une évolution intéressante. "Comment un fervent chasseur est-il devenu un des plus grands défenseurs de la nature sauvage et l'inspirateur de nombreux écologistes?"

Bien des idées sont connues de nos jours (pas toujours appliquées) mais à l'époque tout était nouveau et à découvrir. Surpopulation des cerfs, surpâturage, élimination des prédateurs, érosion des sols, bref, un fragile équilibre.

"Comme forestier, Leopold a apporté à la profession un équilibre entre vision et pragmatisme. Comme défenseur de la nature sauvage, il a donné un cadre en lien avec les racines historiques et philosophiques de la nation, et a fait de la wilderness une spécificité américaine. Comme scientifique, il a aidé à développer l'écologie de la faune sauvage et contribué à donner un sens à sa gestion. Comme enseignant, il a inspiré des centaines d'étudiants pour observer et comprendre la nature, l'étudier et la protéger. Comme penseur, il a donné au mouvement de la conservation une définition philosophique. Comme écrivain, il a donné à son pays un des livres fondateurs de la littérature de nature, un genre très américain."

Bon, tout ça est très bien, mais qu'en est-il des écrits d'Aldo Leopold, mis à part l'incontournable Almanach d'un compté des sables ? hé bien voici un recueil de quelques textes.


Ethique de la terre

suivi de Penser comme une montagne

Aldo Leopold

Petite bibli Payot, 2019

Traduit par Aline Weill

Le célèbre Penser comme une montagne est fort court, où il voit mourir une louve, et s'amorce sa conviction que les loups ont un rôle à jouer, sinon les cerfs pullulent, ne peuvent tous se nourrir, les arbres périssent, etc. Phénomène normalement bien connu de nos jours.

J'ai beaucoup aimé l'histoire du chêne près de chez lui (mis à mort par la foudre), occasion de parler de faune et flore depuis des décennies autour de ce brave chêne.

"On court deux dangers spirituels à n'avoir pas de ferme. L'un est de penser que le petit déjeuner pousse dans les épiceries, l'autre de supposer que la chaleur vient de la chaudière."

Il aborde aussi le problème des espaces naturels, du tourisme, du trop de routes, etc.

Deux livres à lire!  Peut-être pas en grosse priorité, mais après Almanach du comté des sables (comment ça j'en ai déjà parlé deux fois?) si on veut poursuivre.

samedi 28 août 2021

Les tribulations d'un Français en France


 Les tribulations d'un Français en France

Philibert Humm

Editions du Rocher, 2021

 

Objectif : "Le tour du monde sans quitter la France"!

Voilà le narrateur parti dans un vieux combi VW, à la découverte de lieux aussi alléchants que Clécy, capitale de la Suisse normande, Montargis, la Venise du Gâtinais, Autun, la petite Rome de Bourgogne, et bien d'autres, on voit bien le thème. 

"Se promener dans Truchtersheim n'est pourtant pas de tout repos. L'Alsace est ce pays dans lequel on ne peut marcher tranquille sans que les automobilistes freinent à votre hauteur, au cas où vous souhaiteriez traverser. De sorte qu'on passe ici son temps à changer de trottoir pour rendre la politesse."

Ne pas chercher l'exhaustivité, ce n'est pas un guide de voyage, mais ça donne envie de voyager et de découvrir, ne serait-ce pour vérifier si l'auteur a bien dit vrai et ne nous mène pas en bateau (pas de gondoles à Montargis, d'ailleurs).

Ecriture alerte, pleine d'humour, distrayant, que demander de plus? Hé bien, encore plein d'autres destinations, non?

Autre objectif : "La France en auto-stop", accompagné d'une pimpante jeune collègue et d'une pancarte arborant l'indication 'n'importe où', ce qui est un moyen comme un autre d'arriver quelque part. Des rencontres, plus que du tourisme, et retour dans le même bistrot.

Même pas 150 pages, un seul défaut, trop court!

mercredi 18 août 2021

Lorsque le dernier arbre


 Lorsque le dernier Arbre

Greenwood

Michael Christie

Albin Michel, 2021

Traduit par Sarah Gurcel

 

Au départ, j'avais vaguement compris qu'il y avait des arbres dans l'affaire, donc ça m'intéressait a priori. Ensuite, je me suis plongée complètement à l'aveugle dans le roman,  allant de surprise en surprise, de bonheur en bonheur. 

Bien que les arbres aient de l'importance, autour d'eux gravitent des êtres humains. Jake Greenwood a été engagée (oui, c'est une femme) pour servir de guide à des riches 'Pèlerins' désireux de voir une des dernières forêts, sur une île à l'est du Canada. Un privilège coûteux, car en 2038, suite au Dépérissement, les arbres sont morts et la poussière et son cortège de maladies respiratoires a envahi la Terre, livrée à une quasi famine.

Roman post apo? Ne partez pas! En 2008, le père de Jake, Liam, utilise du bois de récupération pour créer des meubles et, comme charpentier, travaille dans des maisons. Fils de Willow, habitant un vieux Westfalia, se livrant à de l'écoterrorisme (genre verser du sucre dans les réservoirs de gros engins très coûteux).

On remonte en 1974, avec Willow, justement, récupérant son oncle Everett à sa sortie d'une longue peine de prison. Que s'est-il passé? La moitié du roman, consacrée à '1934' va dévoiler une partie de l'histoire, et là, que de personnages attachants, et quelles péripéties!  On fera connaissance d'Everett, de Temple, son sens de l’accueil, sa bibliothèque (mais quelle historie fabuleuse!), et de Harris, frère d'Everett, ayant bâti sa fortune sur l'abattage des arbres...

J'espère ne pas trop en raconter, mais j'ai tout aimé dans ce roman, l'écriture, la construction, les personnages, les drames, les diverses amours, et sans doute le petit espoir à la fin?

 Avis babelio, Nicole,

Page récapitulative du challenge. Dernière page : 587.





mardi 10 août 2021

La poursuite de l'idéal


 La poursuite de l'idéal

Patrice Jean

Gallimard, 2021


" Cyrille était-il un nigaud? Le lecteur est en droit de se poser la question. Le romancier aussi : son imagination lui a-t-elle refourgué un héros de deuxième main, incapable de se débrouiller tout seul, aveugle aux évidences, sans cesse mené par le bout du nez, veule, indécis, stupide? Parmi des milliers de héros, il a fallu tomber sur cette ganache! Allez écrire un roman avec un benêt!"

Sois rassuré, lecteur, Cyrille Bertrand, jeune homme que l'on suit durant une petite dizaine d'années, sa vingtaine, est un héros plutôt sympathique, un peu empêtré c'est sûr, mais quel aspirant poète (et parfois amoureux) ne le serait pas, dans notre monde? Disons roman d'apprentissage, comme ça on sera débarrassé, et suivons Cyrille dans ses amours et ses aspirations. Fidèle en amitié, entre les opposés Raphaël et Ambroise, il fera son chemin, du service contentieux d'une entreprise à ... (au lecteur de le découvrir), en passant par le rayon fruits et légumes d'un supermarché où l'on croisera un syndicaliste pur et dur - beau personnage, et le ministère de la culture sous l'égide de Trézenik, réac selon lui-même et les autres, mais quel personnage lui aussi.

L'intérêt ne faiblit pas, la dérision file entre les lignes, la société dans son entier est égratignée, les personnages aussi, la fin est jolie, bref, j'ai bien fait de suivre le conseil du bibliothécaire en me lançant à l'aveugle.

"La société finissait par tenir ses promesses. Elle vous domestiquait gentiment."

Note page 270 "Et dire qu'il a fallu attendre la moitié du roman, et même plus de la moitié, pour avoir un portrait du héros. C'est nul."

"Tant qu'un projet vous tient entre ses griffes, vous n'avez de cesse que vous ne vous en libériez en le menant à son terme, que ce sujet soit un diplôme à passer, un voyage en Namibie, une soirée d'anniversaire,  un roman, un coït, une entreprise, un mariage, mais une fois l'événement derrière vous, vous retrouvez la gratuité des jours et des saisons; parfois vous vous dites : ce n'était donc que ça; ma vie n'a pas changé."

(OK, mieux vaut avoir bon moral en se lançant dans la lecture, mais c'est fort plaisant)

Avis babelio, qui en disent plus, j'ai volontairement raconté fort peu, car c'est un livre à découvrir!


mardi 3 août 2021

Une odyssée africaine


 Une odyssée africaine

Mary Kingsley

Payot Voyageurs, 1995

Traduit par Anne Hugon

Préface de Anne Hugon et Robert Sctrick

 

Quand j'aurai révélé que le titre complet est 'Une exploratrice victorienne chez les mangeurs d'hommes (1893-1895)',  vous comprendrez la raison de cette lecture. 

Cependant la plus hardie, c'est Mary! A trente ans, libérée d'obligations familiales, elle part en Afrique, pour étudier coutumes et animaux (les poissons -ichtyologie). En bateau bien sûr, voyageant plutôt léger, et se vêtant victorien. Elle se félicite d'ailleurs de porter une robe assez épaisse et protectrice quand elle tombe dans un piège en pleine forêt gabonaise.

"Je pris un raccourci et avant d'avoir le temps de faire ouf, me retrouvai au fond d'une piège hérissé de piques, à quinze pieds de profondeur.

C'est dans ce genre d'occasion que l'on bénit les bonnes vieilles jupes en coton épais."

Pas de porteurs indigènes pour elle, elle crapahute comme ses accompagnateurs, traverse les cours d'eau profonds, loge au village, mange de tout (seule précaution, eau bouillie et thé), palabre et échange. De temps en temps elle fait escale chez un couple 'blanc', mais la plupart du temps, infatigable, curieuse, passionnée et admirative, elle mène sa troupe de locaux pas toujours unis. Et elle échappe à tous les dangers, parfois de justesse!

Quasi infatigable, elle explore, tient son journal, prend des notes. Certains passages sont longuement descriptifs, mais globalement, grâce à sa dérision fort british et son enthousiasme d'acier, c'est extrêmement plaisant à lire. J'ai préféré sa découverte de l'Ogooué (les rapides!!!) et de la Remboué, au Gabon, pas de tout repos. Voire dangereux. Je passe sur les nombreuses bestioles de tous calibres que l'on trouve dans ce coin là.

Après des pages sur le fétichisme dans ces régions, elle termine avec son ascension du mont Cameroun (en robe bien sûr et bottines...), dans la brume et les pluies glaciales, avec une équipe de bras casés qu’elle doit reprendre! Elle en revient boueuse et entière!

"La côte de l'Afrique occidentale a un point commun avec les régions antarctiques: une fois que l'on y est allé, on ne pense plus qu'à y retourner."

"Le battement régulier du pilon est l'un des bruits les plus caractéristiques des villages de brousse."

Elle meurt de dysenterie en 1900, alors qu’elle soigne les blessés d'un camp de prisonniers en Afrique du sud.

Avis babelio, dont celui de Myriam,