Articles

Affichage des articles du juin, 2015

Trollope

Image
John Bull sur le Guadalquivir Anthony Trollope L'herne, 2014 Traduit par Béatrice Vierne Des nouvelles d'Anthony Trollope, ce victorien auteur d'ordinaire de gros pavés? Voyons voir... Trois de ces nouvelles ont en commun de se dérouler hors Angleterre (Espagne, Belgique et Palestine) et de montrer un gentleman anglais sous un jour un peu ridicule. La nouvelle éponyme conte les embûches sur le chemin d'un jeune amoureux d'une Sévillane le menant par le bout du nez. Les vestiges du général chassé voit un honnête anglais se retrouvant sans pantalon (shoking!), ledit pantalon découpé en morceaux. Dans A cheval à travers la Palestine le classique voyage en Orient, à Jérusalem, Jéricho, etc. offrira quelques mauvaises surprises au narrateur. Quant à La crique de Malachi , se déroulant sur la sauvage côte cornouaillaise, voilà une jolie histoire dont le suspense efficace ne déroute cependant pas le lecteur habitué à des fins heureuses. Rien à dire, Trollope

No fond return of love

Image
No fund return of love Barbara Pym Virago press, 2009 Paru en 1961 Envie de se plonger dans une histoire où l'on boit moult tasses de thé? (sherry ou  gin aussi mais moins souvent et parfois plus discrètement). Barbara Pym est parfaite pour cela! Besoin de fausse légèreté, d'humour au second degré, d'ellipses brillantes? Toujours Barbara Pym. Un zeste de passage à l'église? Pas de souci! (grâce à ce roman, mon vocabulaire s'est augmenté de cassock, soutane, sans doute un peu difficile à caser dans une conversation). A la recherche de roman furieusement british pour ce mois anglais? Barbara Pym est toujours là! Londres, début des années 60. Dulcie Mainwaring vient d'être quittée par son fiancé (prétendant qu'il n'était pas digne de son amour) et pour réparer son coeur brisé, disons, se changer les idées, elle décide de participer à un week end de conférences. Elle y fait connaissance de Viola , comme elle travaillant à la tâche ingrate de réd

En caravane

Image
En caravane Caravaners Elisabeth Von Arnim Salvy, 1991 et 10/18, 1995 Traduction de François Dupuigrenet Desroussilles Mais qu'allait-il faire dans cette galère? Otto von Ottringel, baron et officier prussien coulait des jours heureux (son entourage sans doute moins) de tyran domestique dans la petite ville de Storchwerder. Pour fêter ses noces d'argent - pour lui, car il n'est marié que depuis cinq ans avec sa seconde jeune épouse- sans trop dépenser, il décide de parcourir le Kent et le Sussex avec des compatriotes et des anglais, en caravane justement. Hélas le beau temps n'est pas de la partie,et de plus il lui faut participer aux tâches quotidiennes, lui habité à être toujours servi et obéi! Nous sommes au début du 20ème siècle , l'Allemagne vit sur sa victoire de la guerre de 1870, et Ottringel est un concentré de ces hobereaux prussiens fiers de leur pays. C'est lui qui raconte, et c'est époustouflant car il ne s'aperçoit absolument pa

Lettres pour le monde sauvage

Image
Lettres pour le monde sauvage Récits Wallace Stegner Gallmeister, 2015 Traduit par Anatole Pons Wallace Stegner et Gallmeister réunis : il me le fallait! Sur le site de l'éditeur j'ai pu lire le premier texte, absolument sublime et j'étais cuite.( Lettre, bien trop tard) Ce petit volume réunit en fait deux lettres (dont une, fictive) et des textes écrits sur quelques dizaines d'années. Lettre, bien trop tard , s'adresse à sa mère, décédée lorsqu'il avait un peu plus de 20 ans, et si vos yeux se mouillent un peu à cette lecture, n'en ayez pas honte. Le roman La montagne en sucre  se révèle donc très autobiographique, ce que j'ignorais, et c'est un vrai bonheur de découvrir ici d'autres textes de cette veine, particulièrement la vie à Whitemud (autrement nommée Eastend) , Saskatchewan , où Stegner passa sa jeunesse. Une ville de prairie, de Frontière, comptant au départ quelques dizaines d'habitants, et évoluant au fil du temps (le

Des nouvelles de Virginia Woolf autour de Mrs Dalloway

Image
A haunted house The complete shorter fiction Virginia Woolf Vintage classics, 2003 Traduction de Pascale Michon pour Mrs Dalloway et Pierre Nordon pour The new Dress Mieux valait regarder la réalité en face : ce volume comprenant toutes les nouvelles de Virginia Woolf écrites au cours de sa vie, et en VO en plus, ne sera jamais lu (première tentative, août 2013) si je ne contourne pas finement l'obstacle. Entre 1922 et 1925 elle écrivit plusieurs nouvelles autour de la soirée chez les Dalloway relatée dans le roman Mrs Dalloway. La préface rappelle que la nouvelle Mrs Dalloway in Bond Street fut écrite au cours de l'été 1922 et à l'automne Virginia Woolf notait dans son journal que la nouvelle s'était ramifiée en un livre. Elle envoya cependant la nouvelle pour une parution en magazine, notant que Mrs Dalloway ne lui semblait pas complète comme elle était. Débutant par 'Mrs Dalloway said she would buy the gloves herself' - oui, pas les fleurs-, la n

Héritage

Image
Héritage Inheritance Nicholas Shakespeare Grasset 2011, FL 2012 Traduction Karine Lalechère Dettes, factures impayées et courriers de la banque sont le quotidien d' Andy Larkham, employé sans gros avenir dans une maison d'édition confidentielle . Sa fiancée le quitte pour un autre. De plus, il pleut et il fait froid à Londres en ce jour de février, et il doit se rendre à une crémation (un professeur qui l'a beaucoup aidé et influencé). Bref, la totale. Arrivé en retard, il se trompe de salle, assiste à la cérémonie d'un inconnu, Madigan, dont le testament stipulait que sa fortune serait partagée entre les personnes y ayant assisté : voilà Andy riche à millions! Il fait connaissance de la propre fille de Madigan, arrivée trop en retard, et voulant contester le testament. Elle déteste son père, en donnant un portrait peu sympathique. Andy décide d'en savoir plus sur son bienfaiteur... Un départ intéressant car l'on ne peut s'empêcher de se demande

La véritable histoire du dernier roi socialiste

Image
La véritable histoire du dernier roi socialiste The extraordinary reign of king Ludd Roy Lewis Babel, 2007 Traduit par Christine Le Boeuf Où il s'avère que Roy Lewis n'a pas seulement écrit (l'excellent) Pourquoi j'ai mangé mon père... "Qu'évoque aujourd'hui pour qui que ce soit le 4 août 1914? (...) C'est la date de ma naissance - la naissance d'un roi. Jadis, on tirait le canon en de semblables occasions. Pas le 4 août 1914. Pas le moindre coup de canon, ce jour-là." Georges Akbar I, roi-empereur, roi d'Angleterre et empereur des Indes, déroule ses souvenirs. Sans pouvoir réel à cause du succès des révolutions de 1848 en Europe, il démarre son règne dans un monde où les recherches scientifiques sont sous la responsabilité de l'Inpatco, L'International Patent Convention, et les découvertes distillées au compte gouttes parmi les populations, par crainte du chômage et de la surpopulation. Un monde rural, tranquille, sa

Les Hauts de Hurle-Vent

Image
Les Hauts de Hurle-Vent Wuthering Heights Emily Brontë Le livre de poche, 2009 Traduction de Frédéric Delebecque Le problème avec les romans célèbres, c'est qu'on a l'impression de déjà connaître l'histoire. Oui, les landes battues par le vent, l'amour romantique entre Heathcliff et Catherine, la vengeance de l'amoureux déçu, voilà ce que j'en connaissais, et sans doute le soupçon d'un côté 'too much' me tenait à l'écart de cette lecture incontournable. Grâce au mois anglais, j'ai enfin lu Wuthering heights (PAL -1). Comme je suppose que la plupart connaissent déjà ce roman ou en ont amplement entendu parler, je ne raconterai pas l'histoire plus avant (on la trouve sans problème sur le net) Alors? Première impression : mais c'est passionnant! Cela se lit sans efforts, tout de suite on est plongé dans l'histoire, dans l'ambiance... L'écriture (je me fie à une traduction assez ancienne) est fluide. Deuxièm

La lettre de Queenie

Image
La lettre de Queenie Tout ce qu'elle n'a pas pu dire à Harold Fry Rachel Joyce XO éditions, 2015 traduction de Béatrice Shalit Mais si, Harold Fry ! Celui qui reçut une lettre de Queenie, vingt ans après qu'elle a quitté brusquement le sud de l'Angleterre, lettre lui apprenant qu'elle va bientôt mourir. Sur ce Harold part -à pied- pour une traversée du pays, envoyant des cartes postales à Queenie au fur et à mesure de son périple. J'avais bien aimé le précédent roman et celui-ci présente l'histoire vue par Queenie . Queenie n'a pas eu une existence très rose, et devenue collègue d'Harold à la brasserie, elle doit cacher ses sentiments à son égard. Dans sa longue lettre elle raconte ce qui est arrivé et l'a poussée à fuir la ville, et s'installer au bord de la mer dans une petite maison, aménageant un très original jardin. Elle réside au centre de soins palliatifs St. Bernardine, à Berckwick upon-Tweed. J'attendais pas mal de

Sept ans

Image
Pour les sept ans de ce blog, j'aurais pu répondre au tag sur les lieux attachés aux lectures , mais Proust est passé avant : "ce qu'elles [nos lectures] laissent surtout en nous, c'est l'image des lieux et des jours où nous les avons faites" , par exemple le Capitaine Fracasse, lu "au coin du feu dans la salle à manger, dans ma chambre, au fond du fauteuil revêtu d'un appuie-tête au crochet, et pendant les belles heures de l'après-midi, sous les noisetiers et les aubépines du parc..." (Je dirai juste qu'en fait je privilégie en voyage les lectures en décalage avec le lieu) J'aurais pu aussi répondre au tag du Code de la route ou Quelle lectrice es-tu ? mais il faut se creuser la tête pour donner des réponses plus valables dans un trimestre, et je suis trop paresseuse ( mais si vous insistez? ) J'aurais pu donner des tonnes de statistiques (mon millième billet est passé inaperçu). J'aurais pu dénicher une image en

Le goût de la mère

Image
Le goût de la mère Mother's milk Edward St Aubyn Christian Bourgois, 2007 Traduit par Anne Damour Dans la famille Melrose, il y a le père, la mère, et bientôt Robert, puis Thomas. Chaque parent pourvu d'une mère un peu spéciale, Kettle mère de Mary égoïste ne donnant rien, et Eleanor mère de Patrick un poil trop généreuse au point de tout donner à une sorte de gourou/chaman (et rien pour son fils ou elle-même). Y compris une superbe propriété familiale dans le sud de la France, où Patrick, puis toute la famille passent tout de même quelques étés, avant de devoir se rabattre sur les Etats Unis, pour un séjour décrit de façon fort grinçante. Après l'excellent Sans voix , je craignais être moins emballée par Le goût de la mère, mais dès le départ le talent de St Aubyn est patent. D'abord les points de vue changent (pour celui de Robert naissant, voir plus bas), l'humour est présent (ah les amis richissimes et puants de Saint Tropez), les dialogues pétants, l

A parts égales

Image
A parts égales Balancing Act Joanna Trollope Les deux terres, 2015 Traduction Johan-Frédérik Hel-Guedj Ce blog ne propose qu'un seul roman de Joanna Trollope, Désaccords mineurs , mais des années auparavant j'avais dévoré nombre de ses romans proposant toujours des histoires avec moult personnages, des familles confrontées à des problèmes d'actualité, des personnages pas odieux que l'on finit par comprendre, et des fins parfois ouvertes mais satisfaisantes. Cet A part égales est dans la droite ligne des autres. Pour ce que j'en sais, l'auteur sait se renouveler, tout en proposant du british arrosé de thé (et de bière) Cette fois, direction Stoke-on-Trent, berceau 'de la poterie et de la faïencerie traditionnelles anglaises' , dans une entreprise crée et tenue de main de maître par Susie Moran , et où travaillent ses trois filles et un de ses gendres. Susie ayant l'habitude de vouloir tout savoir, tout contrôler, tout décider, son mari et s

Le bois du rossignol

Image
Le bois du rossignol Nightingale Wood Stella Gibbons Points 2014, et Héloïse d'Ormesson Traduit par Philippe Giraudon Paru en 1938 Le début : "Il est difficile d'obtenir un jardin sinistre, mais le vieux Mr Wither y était parvenu. Même s'il ne travaillait pas lui-même à celui de sa maison des environs de Chesterbourne, en Essex, son manque d'intérêt pour la terre et sa répugnance à dépenser de l'argent n'étaient pas sans influencer le jardinier" La campagne anglaise des années 30, sa bonne société de familles vivant de leurs rentes, ses nobliaux en arrière plan, et une petite ville tranquille, voici le cadre idéal pour une délicieuse comédie à l'anglaise où ne manquent ni thé, ni scones, ni bière ni champagne. J'ai dévoré ce roman (500 pages en poche) sans que mon intérêt ne baisse. Alors évidemment, comme la quatrième de couverture n'y a pas manqué, Jane Austen, oui, non, ou bien? Je ne rentrerai pas dans le débat, disons q