lundi 29 juin 2015

Trollope

John Bull sur le Guadalquivir
Anthony Trollope
L'herne, 2014
Traduit par Béatrice Vierne


Des nouvelles d'Anthony Trollope, ce victorien auteur d'ordinaire de gros pavés? Voyons voir...

Trois de ces nouvelles ont en commun de se dérouler hors Angleterre (Espagne, Belgique et Palestine) et de montrer un gentleman anglais sous un jour un peu ridicule. La nouvelle éponyme conte les embûches sur le chemin d'un jeune amoureux d'une Sévillane le menant par le bout du nez. Les vestiges du général chassé voit un honnête anglais se retrouvant sans pantalon (shoking!), ledit pantalon découpé en morceaux. Dans A cheval à travers la Palestine le classique voyage en Orient, à Jérusalem, Jéricho, etc. offrira quelques mauvaises surprises au narrateur. Quant à La crique de Malachi, se déroulant sur la sauvage côte cornouaillaise, voilà une jolie histoire dont le suspense efficace ne déroute cependant pas le lecteur habitué à des fins heureuses.

Rien à dire, Trollope possède de l'imagination et sait ferrer son lecteur. On le voit quand même arriver de loin... Mais pas question de lâcher, tellement c'est fort bien fait, avec humour et dérision. Pas de méchancetés là-dedans et des personnages attachants.

J'adore le côté correct et victorien, "Nous avons trouvé là un p..." "Tante Sally, comment pouvez-vous prononcer un mot pareil?" Il semble que ces dames n'aient pas peur de parler de pantalons de messieurs, mais Trollope use de périphrases et d'abréviations (pour ne pas choquer son public?)
"Elle ajouta une précision qu'il n'est peut-être pas nécessaire que je répète." (mais auparavant on a fait sortir de la pièce cinq jeunes demoiselles...)

Les avis de claudialucia (merci!!!),

Voilà qui termine le mois anglais. Première participation, onze billets, onze romans et nouvelles fort divers. L'occasion d'alléger la PAL. Mais des tentations chez les autres participants, et des auteurs à retrouver sans forcément attendre un an. Trollope par exemple, avec le Docteur Thorne, un bon vieux pavé qui devrait admirablement tenir place dans le challenge Pavé de l'été chez Brize. Elle n'est pas belle la vie?

vendredi 26 juin 2015

No fond return of love


No fund return of love
Barbara Pym
Virago press, 2009
Paru en 1961



Envie de se plonger dans une histoire où l'on boit moult tasses de thé? (sherry ou  gin aussi mais moins souvent et parfois plus discrètement). Barbara Pym est parfaite pour cela! Besoin de fausse légèreté, d'humour au second degré, d'ellipses brillantes? Toujours Barbara Pym. Un zeste de passage à l'église? Pas de souci! (grâce à ce roman, mon vocabulaire s'est augmenté de cassock, soutane, sans doute un peu difficile à caser dans une conversation). A la recherche de roman furieusement british pour ce mois anglais? Barbara Pym est toujours là!

Londres, début des années 60. Dulcie Mainwaring vient d'être quittée par son fiancé (prétendant qu'il n'était pas digne de son amour) et pour réparer son coeur brisé, disons, se changer les idées, elle décide de participer à un week end de conférences. Elle y fait connaissance de Viola, comme elle travaillant à la tâche ingrate de rédiger des index, et d'Aylwin Forbes, docteur en littérature, qui, lui, écrit des livres sur d'obscurs poètes, dont Viola rédige l'index, justement.

Dans ce roman épatant se croisent une bonne dizaine de personnages liés les uns aux autres, se rencontrant involontairement ou fort volontairement. En effet Dulcie, accompagnée de Viola, commence à mener une enquête sur Aylwin, son épouse venant de retourner chez sa mère, et, tiens donc, son frère dont la paroisse se situe près de chez ses propre oncle et tante, et pourquoi ne pas aller prendre l'air dans une station balnéaire où réside la famille d'Aylwin...
Comme dit Dulcie "C'est comme une sorte de jeu", pensant "plus sûr et plus confortable de vivre dans les vies des autres- d'observer leurs joies et leurs peines avec détachement comme si l'on regardait un film ou une pièce."

C'est fort drôle et ne se lâche pas, le lecteur ne sachant pas vraiment où cela va mener, mais se prenant au jeu gaiement. De temps en temps se glissent des tonalités plus tristes quand Dulcie pense à sa propre existence, et son futur...

Les personnages secondaires sont fort bien croqués, allez, juste Mrs Beltane et son odieux petit chien, "her little poodle, blue-rinsed to match her hair." C'est bourré de petits détails (Dulcie possède dans sa bibliothèque le roman de B Pym, Some Tame Gazelle), de remarques au passage (en avance à un dîner, Dulcie pénètre dans une cabine téléphonique pour passer le temps. Mais téléphoner à qui? Un appel anonyme? "Les appels de cette nature sont-ils le fait de gens ayant dix minutes à remplir avant d'arriver quelque part?")
Et la belle-mère d'Ailwyn: "Les gens savent toujours où ils en sont avec moi" - il ne lui était jamais venu à l'idée que les gens pourraient ne pas toujours vouloir connaître de telles choses.

Un tempo parfait, pas de longueurs, mais le temps pris pour les petits détails, même si cela semble contradictoire. Il me faut absolument lire (ou relire) tous ses romans!

Bien évidemment pour le mois anglais
Paru en français sous le titre Les ingratitudes de l'amour (les avis de papillon, urgonthe,

mercredi 24 juin 2015

En caravane

En caravane
Caravaners
Elisabeth Von Arnim
Salvy, 1991 et 10/18, 1995
Traduction de François Dupuigrenet Desroussilles


Mais qu'allait-il faire dans cette galère? Otto von Ottringel, baron et officier prussien coulait des jours heureux (son entourage sans doute moins) de tyran domestique dans la petite ville de Storchwerder. Pour fêter ses noces d'argent - pour lui, car il n'est marié que depuis cinq ans avec sa seconde jeune épouse- sans trop dépenser, il décide de parcourir le Kent et le Sussex avec des compatriotes et des anglais, en caravane justement. Hélas le beau temps n'est pas de la partie,et de plus il lui faut participer aux tâches quotidiennes, lui habité à être toujours servi et obéi!

Nous sommes au début du 20ème siècle, l'Allemagne vit sur sa victoire de la guerre de 1870, et Ottringel est un concentré de ces hobereaux prussiens fiers de leur pays. C'est lui qui raconte, et c'est époustouflant car il ne s'aperçoit absolument pas qu'il est épouvantable et que ses compagnons de voyage (y compris son épouse Edelgard qui commence à s'émanciper, et, elle prend vraiment plaisir à ces vacances) l'évitent et le supportent de moins en moins.
Voilà donc un héros narrateur imbu de lui même, phallocrate, misogyne, antisémite, colérique, méprisant les non allemands, les serviteurs, snob et lèche bottes, paresseux, geignard, égocentrique et j'en oublie. Et, j'oubliais, tellement drôle dans son assurance aveugle. Grinçant et réussi!

Partez donc En caravane... Voyage inspiré semble-t-il d'un voyage réel effectué par Elisabeth Von Arnim (qui devait bien connaître les types tels Ottringel) et Forster.

Les avis de folfaerie,

Le mois anglais, bien sûr!

lundi 22 juin 2015

Lettres pour le monde sauvage

Lettres pour le monde sauvage
Récits
Wallace Stegner
Gallmeister, 2015
Traduit par Anatole Pons


Wallace Stegner et Gallmeister réunis : il me le fallait! Sur le site de l'éditeur j'ai pu lire le premier texte, absolument sublime et j'étais cuite.(Lettre, bien trop tard)

Ce petit volume réunit en fait deux lettres (dont une, fictive) et des textes écrits sur quelques dizaines d'années. Lettre, bien trop tard, s'adresse à sa mère, décédée lorsqu'il avait un peu plus de 20 ans, et si vos yeux se mouillent un peu à cette lecture, n'en ayez pas honte. Le roman La montagne en sucre se révèle donc très autobiographique, ce que j'ignorais, et c'est un vrai bonheur de découvrir ici d'autres textes de cette veine, particulièrement la vie à Whitemud (autrement nommée Eastend), Saskatchewan, où Stegner passa sa jeunesse. Une ville de prairie, de Frontière, comptant au départ quelques dizaines d'habitants, et évoluant au fil du temps (les premiers trottoirs de planches, bénis par les femmes, la première école, etc). "A notre arrivée [1914], Whitemud consistait en un amas de cabanes, une alimentation générale, un hôtel à charpente de bois, une pension de famille, et quelques wagons désaffectés recyclés en habitations. Par temps humide, l'unique rue de la ville était sillonnée d'ornières; par temps sec, c'était une rivière de poudre grise, habitée par des chevaux de selle, des attelages somnolant entre les brancards, et des mouches voletant autour des tas de crottin."
Sans oublier la décharge où fouinaient les gamins...Qui lui apprend "combien se perd, combien est laissé de côté, sans nécessité et sans scrupule, durant la création d'un nouveau pays."

"Je puise dans ces souvenirs depuis des années comme s'ils avaient réellement eu lieu, j'ai écrit des nouvelles et des romans à partir d'eux."

Comme Stegner est un de mes auteurs chouchous, je me suis régalée à découvrir ses souvenirs et ses impressions. Mais quelqu'un ayant compté Edward Abbey parmi ses étudiants ne peut-il nous livrer quelques textes un poil plus 'nature writing'? (le titre parle de monde sauvage, non?)  Surtout que "Mon enfance dans l'un des derniers espaces de la Frontière m'a inculqué deux choses : la connaissance du monde sauvage et de ses créatures, et, sur le tard, la culpabilité d'avoir participé à leur destruction."

Alors oui, Stegner écrit des textes emplis de l'amour de la nature et de la nécessité de la préserver (Lettre pour le monde sauvage, le dernier texte du recueil, Des bienfaits du monde sauvage (citant Marc Aurèle "Ce qui n'est pas utile à la ruche ne l'est pas à l'abeille.") et aussi L'aridité comme mode de vie, plus technique). Mais il est formidable aussi quand il raconte une randonnée dans un canyon habité par des Indiens presque coupés du monde, et se pose des questions sur le futur de cette population si le tourisme se développe trop. Ou quand tout simplement il évoque une randonnée des décennies auparavant, en 1923, dans un coin de rêve (Au jardin d'Eden) dont il donne l'adresse, puisque "aucun visiteur, quel que soit son pouvoir de nuisance, ne peut atteindre ce qui vit dans ma tête, aussi vif et pur que si je l'avais quitté la semaine dernière."

"Cet endroit a tout - tous les essentiels, tous les à-côtés imaginables. Il a le terrain plat, l'herbe grasse, le bois, l'accès facile à l'eau, qui font le confort d('un campement. Il a l'abri et l'ombre, les vues panoramiques, l'ouverture, la brise légère, qui élèvent le confort au luxe. Il n'y a pas de moustiques en haut de cette falaise; il y a des arbres dont la forme épouse le dos et où l'on peut s'asseoir pour lire; la terre est de ce grain grossier qui ne produit pas de poussière et qui, dans le cas peu probable d'une chute de pluie, ne produirait pas non plus de boue. Chaque arbre offre des branches à la bonne hauteur pour y accrocher des choses; il y a suffisamment de troncs d'arbres abattus pour improviser des tables et des bancs de cuisine. Et l'air, à trois mille mètres, frappe le fond des poumons comme de l'éther."

Les avis de Folfaerie, Leatouchbook,
Merci à Babelio et l'éditeur

vendredi 19 juin 2015

Des nouvelles de Virginia Woolf autour de Mrs Dalloway

A haunted house
The complete shorter fiction
Virginia Woolf
Vintage classics, 2003
Traduction de Pascale Michon pour Mrs Dalloway et Pierre Nordon pour The new Dress


Mieux valait regarder la réalité en face : ce volume comprenant toutes les nouvelles de Virginia Woolf écrites au cours de sa vie, et en VO en plus, ne sera jamais lu (première tentative, août 2013) si je ne contourne pas finement l'obstacle. Entre 1922 et 1925 elle écrivit plusieurs nouvelles autour de la soirée chez les Dalloway relatée dans le roman Mrs Dalloway.

La préface rappelle que la nouvelle Mrs Dalloway in Bond Street fut écrite au cours de l'été 1922 et à l'automne Virginia Woolf notait dans son journal que la nouvelle s'était ramifiée en un livre. Elle envoya cependant la nouvelle pour une parution en magazine, notant que Mrs Dalloway ne lui semblait pas complète comme elle était.
Débutant par 'Mrs Dalloway said she would buy the gloves herself' - oui, pas les fleurs-, la nouvelle voit Mrs Dalloway dans Londres et une boutique de gants, et se termine par son exclamation ravie 'Miss Anstruther' lorsque le nom lui revient en mémoire.

Toujours d'après la préface, après avoir écrit son roman et pensant à son prochain, Vers le phare, Virginia Woolf se sentit le désir d'écrire des nouvelles autour de la réception donnée chez Mrs Dalloway.

Mabel en est sûre : sa robe neuve, de couleur jaune, est une horreur (The new dress). La soirée est gâchée, elle ne pense qu'à cela, se sentant 'une vieille mouche décrépite, mal fagotée, affreusement minable.' L'image reviendra en fil conducteur de la nouvelle.
"Nous ressemblons tous à des mouches essayant de franchir le rebord de la soucoupe, pensait Mabel, et elle se répétait cette phrase comme si elle se signait et tentait de trouver une formule pour exorciser sa douleur et rendre son angoisse supportable. (...)Et voici qu'elle pouvait voir des mouches franchissant lentement le rebord d'une soucoupe pleine de lait, leurs ailes toutes collées.(...) Elle était une mouche, mais les autres étaient des libellules, des papillons, de beaux insectes, légers, gracieux, dansant et elle était la seule à se hisser hors de la soucoupe."
"Mabel a une robe neuve, dit-il, et la pauvre mouche fut littéralement poussée au milieu de la soucoupe. Mabel était persuadée qu'il voulait qu'elle se noie."
Finalement elle fuit, enveloppée dans son bon vieux manteau chinois...

Rencontre tout en subtilités, à la soirée, entre Stuart Elton et Mrs Sutton (Happiness). Il lui confie être allé à Kew dans l'après-midi, comme s'il jetait bouts de tissu et de biscuits à des loups le poursuivant en forêt. Et Virginia Woolf s'amuse à continuer de paragraphe en paragraphe : 'with this whole pack of famished wolves in pursuit'. Mrs Sutton revient à la charge : 'A kew, seul?' 'Ah, the wolf yapped in his ear'...
Et cette phrase, justifiant qu'on lise VW en VO : 'making dashes and splashes about him like a man dabbing putty here there trying to cement bricks together'

Mrs Vallance se remémore sa famille (Ancestors) tout en parlant avec Jack Renshaw. Terminant les larmes aux yeux.

Mrs Dalloway elle-même présente (Introduction) Lily Everit à un groupe de jeunes invités, dont Bob Brinsley. Lily devient consciente de son état de femme, 'all made her feel that she had come out of her chrysalis and was being proclaimed what in the comfortable darknessof chilhood she had never been - this frail and beautiful creature, before whom men bowed, this limited and circumscribed creature who woud not do what she liked, this butterfly with a thousand facets to its eyes and delicat fine plumage, and difficulties and sadnesses innumerable; a woman.'
Je ne me hasarde pas à traduire, disons que la femme serait une jolie petite chose fragile...
Alors que les hommes. 'high towers, solemn bells, flats built every brick of them by men's toil, churches built by men's toil, parliaments too.', voilà des bâtisseurs d'empire!
Brinsley : 'Je suppose que vous écrivez? Sans doute des poèmes.'
Sa réponse : 'des essais'.

Je passe rapidement Together and apart, pour ne pas trop allonger, citant juste
'their lives, seen by moonlight, as long as an insect's and no more important.'

The man who loved his kind
et A summing up, histoire de prouver la difficulté de traduire
'catching cod, catching cold, influenza, rheumatism and Keats'

Le talent de Virginia Woolf est fort présent dans ses nouvelles, ce peut être un moyen d'aborder l'auteur. Pour parler -maladroitement- de ces nouvelles, j'ai dû relire, et chaque fois je découvrais d'autres facettes. Désolée de n'avoir pas traduit, c'est mission impossible.Désolée de ne pas avoir tout décortiqué. Il me restera plein d'autres nouvelles à savourer...
On ne lit pas ces nouvelles pour leur chute, il n'y en a pas vraiment, mais pour la langue, les images, l'ambiance, la subtilité, l'humour et l'émotion se mêlant... Une vraie plongée dans les pensées et les ressentis, sans appuyer.

Et huit pour le mois anglais


Existe en français
La soirée de Mrs Dalloway
Traduit par Nancy Huston
Les allusifs, 2014

Présentation éditeur
Rassemblées par la critique Stella McNichol en 1973, ces sept nouvelles magnifiquement traduites par Nancy Huston reconstituent un livre imaginé par Virginia Woolf en octobre 1922 et dont elle n’écrira qu’un seul chapitre, ayant servi de matrice au début de Mrs Dalloway. Ouvrant le recueil, « Mrs Dalloway dans Bond Street » nous fait ainsi retrouver avec d’exquises variations le personnage central de Clarissa, électrisée par la vitalité divine de Londres un jour de juin. Rédigées plus tard, les six nouvelles suivantes font entrer en scène d’autres invités de Mrs Dalloway, ignorés du roman… Avec une poésie insolite, orchestrant entre tous ces personnages pris dans la nasse de la mondanité des rencontres subtilement dissonantes, Virginia Woolf traque de sa tentaculaire sensibilité ce qu’elle nomme dans son journal « la conscience de soirée ». Celle d’un avocat cherchant quelqu’un à qui infliger le récit de sa bonne action du jour… D’une jeune fille pressentant soudain son inquiétant destin de femme… D’une invitée pétrifiée par le souvenir de son enfance… De cet homme et de cette femme d’âge mûr surpris par une fugace fusion… De cette mère de famille subissant l’échec cuisant de sa nouvelle robe... Ou de cette rêveuse, dans le jardin arrière de Mrs Dalloway, retournant brusquement au monde ordinaire à cause d’un seau… Virtuose visionnaire de cette série d’instants mondains, où se mêlent en une déchirante alchimie passé et présent, réel et imaginaire, extase de vivre et douleur d’être, culpabilité et arrogance sociale, Woolf épouse les minuscules coups de théâtre de la vie psychique, éclairant la fuyante multiplicité des soi à l’intérieur de soi. Portées par une narration novatrice, feu d’artifice stylistique, ces nouvelles sont une parfaite introduction à la littérature moderniste.

mercredi 17 juin 2015

Héritage

Héritage
Inheritance
Nicholas Shakespeare
Grasset 2011, FL 2012
Traduction Karine Lalechère


Dettes, factures impayées et courriers de la banque sont le quotidien d'Andy Larkham, employé sans gros avenir dans une maison d'édition confidentielle. Sa fiancée le quitte pour un autre. De plus, il pleut et il fait froid à Londres en ce jour de février, et il doit se rendre à une crémation (un professeur qui l'a beaucoup aidé et influencé). Bref, la totale.
Arrivé en retard, il se trompe de salle, assiste à la cérémonie d'un inconnu, Madigan, dont le testament stipulait que sa fortune serait partagée entre les personnes y ayant assisté : voilà Andy riche à millions!
Il fait connaissance de la propre fille de Madigan, arrivée trop en retard, et voulant contester le testament. Elle déteste son père, en donnant un portrait peu sympathique. Andy décide d'en savoir plus sur son bienfaiteur...

Un départ intéressant car l'on ne peut s'empêcher de se demander ce que l'on aurait fait à la place d'Andy. Lequel tergiverse pas mal (refuser l'argent? le partager? il varie beaucoup sans que l'on sache trop pourquoi). Hélas pour moi l'histoire d'Andy va s'arrêter pour laisser place à la vie fort remplie de Madigan, de l'Arménie à l'Angleterre en passant par l'Australie; un mariage malheureux, une fille qu'il doit ne plus voir, un escroc dans les coulisses (barque bien chargée pour celui-ci!)... Tout va vite, tout est plutôt effleuré. Un peu d'histoire arménienne, un zeste de Montaigne, pourquoi pas, mais j'ai vite terminé tout ça en diagonale, retrouvant à la fin Andy et la fille de Madigan, mais sans empathie particulière. Je sauverai l'utilisation intéressante du manuscrit sur Montaigne...

Il me semblait avoir lu à une époque des billets enthousiastes sur ce roman, une bonne idée de départ c'est sûr, mais peut-être l'écriture ne m'a pas accrochée...

Pour le mois anglais bien sûr (et de sept!)

lundi 15 juin 2015

La véritable histoire du dernier roi socialiste

La véritable histoire du dernier roi socialiste
The extraordinary reign of king Ludd
Roy Lewis
Babel, 2007
Traduit par Christine Le Boeuf



Où il s'avère que Roy Lewis n'a pas seulement écrit (l'excellent) Pourquoi j'ai mangé mon père...

"Qu'évoque aujourd'hui pour qui que ce soit le 4 août 1914? (...) C'est la date de ma naissance - la naissance d'un roi. Jadis, on tirait le canon en de semblables occasions. Pas le 4 août 1914. Pas le moindre coup de canon, ce jour-là."

Georges Akbar I, roi-empereur, roi d'Angleterre et empereur des Indes, déroule ses souvenirs. Sans pouvoir réel à cause du succès des révolutions de 1848 en Europe, il démarre son règne dans un monde où les recherches scientifiques sont sous la responsabilité de l'Inpatco, L'International Patent Convention, et les découvertes distillées au compte gouttes parmi les populations, par crainte du chômage et de la surpopulation. Un monde rural, tranquille, sans pollution, sans industrialisation à outrance, mais où l'espérance de vie atteint cinquante ans, et à forte mortalité infantile.
Comme de bien entendu dans ce genre d'histoires, existent des groupes opposés au statu quo, luttant pour le progrès et le libéralisme, et l'arrêt de ce socialisme (n'ayant rien à voir non plus avec un Marxisme échevelé ), et qui réussiront -on le sait dès le départ- à ramener notre monde sur les bons rails de la course au profit, au progrès et à la consommation sans freins.

J'aime beaucoup les uchronies parce qu'en fait elles parlent de notre réalité à nous, critiquant et donnant à réfléchir. Roy Lewis a choisi un bon narrateur, ayant accès aux informations, petit à petit, capable de prendre des décisions au bon moment, mais aussi sachant raconter avec humour et susciter la sympathie. Le monde imaginé est crédible et exposé sans grands discours imbuvables, le lecteur s'amuse de retrouver dans un contexte différent des personnages historiques connus.

A découvrir!

La demi-douzaine est atteinte, dans ce mois anglais


vendredi 12 juin 2015

Les Hauts de Hurle-Vent

Les Hauts de Hurle-Vent
Wuthering Heights
Emily Brontë
Le livre de poche, 2009
Traduction de Frédéric Delebecque


Le problème avec les romans célèbres, c'est qu'on a l'impression de déjà connaître l'histoire. Oui, les landes battues par le vent, l'amour romantique entre Heathcliff et Catherine, la vengeance de l'amoureux déçu, voilà ce que j'en connaissais, et sans doute le soupçon d'un côté 'too much' me tenait à l'écart de cette lecture incontournable. Grâce au mois anglais, j'ai enfin lu Wuthering heights (PAL -1). Comme je suppose que la plupart connaissent déjà ce roman ou en ont amplement entendu parler, je ne raconterai pas l'histoire plus avant (on la trouve sans problème sur le net)

Alors?
Première impression : mais c'est passionnant! Cela se lit sans efforts, tout de suite on est plongé dans l'histoire, dans l'ambiance... L'écriture (je me fie à une traduction assez ancienne) est fluide.

Deuxième impression : excellente construction. En 1801 (donc avant l'époque d'Emily Brontë), Mr Lockwood vient de louer une propriété appartenant à Heathcliff, proche de quelques miles de la sienne. Reçu comme un chien lors d'une simple visite là-bas, et impressionné par l'ambiance y régnant, il interroge au retour sa femme de charge, Hélène Dean, en service dans les deux maisons depuis longtemps. Bavarde et observatrice, elle est la narratrice principale du roman (mis à part une lettre d'Isabelle et un compte rendu d'une servante) et jamais l'on ne s'y perd. J'ai scruté les détails, sa présence est avérée clairement, et elle raconte ce qu'elle a vu et entendu, le lecteur ne connaîtra pas autrement les pensées, paroles et actions des personnages. Frustrant mais rigoureux.
Helene est la soeur de lait de Hindley, donc née en 1757, et à quatorze ans elle était semble-t-il déjà au service de la famille Eanshaw. Vu tout ce à quoi elle assiste et le temps passé à raconter l'histoire à Lockwood, on peut se demander quand elle se repose, mais bref.

Troisième impression : fatiguant. Tous ces personnages brutaux, vociférant, disputant, se chamaillant, s'injuriant, voire se battant quasi perpétuellement mettent les nerfs à rude épreuve. Les héros n'écoutent que rarement les conseils prodigués par Helene Dean ou les quelques adultes plus terre à terre, et tombent ainsi dans des situations tragiques, contribuant ainsi volontairement à leur propre malheur. J'ai fini par les regarder s'agiter ainsi sans trop m'y attacher (oui, jetez moi des pierres), et à me désintéresser presque totalement de leur sort. Cruels, fantasques, coléreux, puérils, égocentriques, nerveux, méchants, j'en passe, ils le sont quasiment tous.

Et là je me rends compte que mon billet va tomber dans l'agacement. Ressaisis-toi! Tu as un chef d'oeuvre de la littérature, et après tout des personnages peu sympathiques peuvent donner un roman génial! Mais hélas je ne suis pas sensible aux ambiances de lande désolée, orage, revenants, cimetières hantés et quand Heathcliff va jusqu'à découvrir le visage de sa bien-aimée Catherine au cimetière (des années après l'enterrement), j'ai du mal.

Quatrième impression : celle de huit clos (ah bon, mais les sorties sur la lande où on est trempé, refuse de changer de vêtements et attrape la crève, hein?)(quand Catherine va passer sa convalescence chez les Linton, 'elle et son mari prirent tous deux la fièvre et moururent à peu de jours d'intervalle.')(rapide!)
Donc huis clos en ce sens que tout se déroule dans deux propriétés (et la lande), sans oublier le cimetière. Rien au village, peu de personnages finalement, quasiment tous cousins et se mariant ensemble, donnant les mêmes prénoms (on a deux Catherine) ou alors le nom en prénom (Linton); on comprend qu'existe dans ce volume un fort pratique tableau généalogique.

Cinquième impression : de bonnes idées inattendues
Emily Brontë a choisi de faire mourir l'une de ses héroïnes au milieu du roman (très fort!)(je pense que tout le monde le sait déjà, donc je ne spoile pas, ou, comme disent les québécois, je ne divulgâche pas)(depuis que j'ai appris ce mot chez grominou, je ne m'en lasse pas), laissant la voie libre à une vengeance implacable et une autre histoire en miroir, près de vingt ans après.

La fin du roman voit un changement d'atmosphère, perceptible dans le climat printanier et le jardin fleuri. Enfin un peu d'espoir de vie calme pour les survivants, après la disparition (rapide!) de Heathcliff. Mais la dernière scène nous ramène au cimetière... Heureusement, car on frôlait le trop sucré.

Quand on ne plonge pas à corps perdu dans un roman (mais qu'on ne peut le lâcher, attention!), on est sensible à des détails. L'âge des protagonistes par exemple. Autre époque, soit. Mais se rappeler que Catherine vit moins de vingt ans, donc elle n'avait guère que quinze seize ans au moment de ses amours compliquées avec Heathcliff (qui fuit durant trois ans sans même chercher à éclaircir quoi que ce soit, se fiant à des paroles qui ne lui étaient pas destinées)(et revient sans qu'on sache comment il s'est transformé et a acquis quelque fortune).
Emily Brontë ne le dit pas, mais Catherine est enceinte lors de sa grande scène d'hystérie:
"Elle s'agita tellement que son égarement fébrile devient de la folie et qu'elle se mit à déchirer l'oreiller avec ses dents; puis, se dressant toute brûlante, elle voulut que j'ouvrisse la fenêtre. Nous étions au cœur de l'hiver"

Autres détails:
Page 326, fin chapitre 27, Helene Dean est enfermée à clé, demande en vain à être relâchée, 'je frappai du poing sur le battant, je secouai le loquet avec rage'. Deux trois heures plus tard, on lui apporte à manger 'Ouvrez la porte.-  J'obéis vivement.' (alors, enfermée ou pas?)

De nombreux avis, en particulier chez lecture/écriture
Existe en livre audio (sylire)
Et un cinquième pour le mois anglais

mercredi 10 juin 2015

La lettre de Queenie

La lettre de Queenie
Tout ce qu'elle n'a pas pu dire à Harold Fry
Rachel Joyce
XO éditions, 2015
traduction de Béatrice Shalit


Mais si, Harold Fry! Celui qui reçut une lettre de Queenie, vingt ans après qu'elle a quitté brusquement le sud de l'Angleterre, lettre lui apprenant qu'elle va bientôt mourir. Sur ce Harold part -à pied- pour une traversée du pays, envoyant des cartes postales à Queenie au fur et à mesure de son périple. J'avais bien aimé le précédent roman et celui-ci présente l'histoire vue par Queenie.

Queenie n'a pas eu une existence très rose, et devenue collègue d'Harold à la brasserie, elle doit cacher ses sentiments à son égard. Dans sa longue lettre elle raconte ce qui est arrivé et l'a poussée à fuir la ville, et s'installer au bord de la mer dans une petite maison, aménageant un très original jardin.
Elle réside au centre de soins palliatifs St. Bernardine, à Berckwick upon-Tweed.

J'attendais pas mal de ce roman, puisque j'avais beaucoup aimé la 'version Harold'. Cependant les secrets de Queenie qu'elle veut révéler à Harold, même s'ils pèsent sur sa conscience, ne sont pas méchants méchants en fait, et rapidement j'ai préféré les parties du roman se déroulant dans le centre de soins palliatifs. Un centre complètement à l'opposé des mouroirs qui existent encore en majorité de nos jours.
'Une fois que l'infirmière m'eut appliqué un nouveau patch contre la douleur, soeur Lucy me massa les mains. Ses doigts doux et ronds se glissaient entre les miens, soulageant mes articulations tout en les caressant. Elle alla chercher son vernis à ongles brillant et me fit une manucure.'
Les résidants du centre sont en fin de vie, c'est sûr, mais tout est fait pour qu'ils profitent à fond des saisons, de la nature, tous leurs sens sont sollicités. Une petite atmosphère de folie y règne parfois, grâce à quelques originaux.

En conclusion, c'est un roman agréable à lire, l'auteur a fignolé de jolies descriptions aussi
'Je regardais la douce pluie de juin crépiter sur les roses roses qui tremblaient un peu et diffusaient leur senteur sucrée et fraîche comme des serviettes de lin.'

Quatrième lecture du mois anglais (comme Harold, rien ne m'arrête)

lundi 8 juin 2015

Sept ans

Pour les sept ans de ce blog, j'aurais pu répondre au tag sur les lieux attachés aux lectures, mais Proust est passé avant :

"ce qu'elles [nos lectures] laissent surtout en nous, c'est l'image des lieux et des jours où nous les avons faites" , par exemple le Capitaine Fracasse, lu "au coin du feu dans la salle à manger, dans ma chambre, au fond du fauteuil revêtu d'un appuie-tête au crochet, et pendant les belles heures de l'après-midi, sous les noisetiers et les aubépines du parc..."

(Je dirai juste qu'en fait je privilégie en voyage les lectures en décalage avec le lieu)

J'aurais pu aussi répondre au tag du Code de la route ou Quelle lectrice es-tu?
mais il faut se creuser la tête pour donner des réponses plus valables dans un trimestre, et je suis trop paresseuse (mais si vous insistez?)

J'aurais pu donner des tonnes de statistiques (mon millième billet est passé inaperçu).

J'aurais pu dénicher une image en rapport avec le thème. Finalement, voici mes deux félins:
Niouga, sieste sur coussin dernière la vitre (plein sud)

Squatty prend la pose dès que j'arrive

Squatty et Niouga : le face-à-face
Mais je veux remercier mes fidèles lecteurs, me réjouir des liens (virtuels ou réels) tissés au fil des ans, des rencontres, des rigolades, des tentations. Un blog, c'est cela aussi!

vendredi 5 juin 2015

Le goût de la mère

Le goût de la mère
Mother's milk
Edward St Aubyn
Christian Bourgois, 2007
Traduit par Anne Damour


Dans la famille Melrose, il y a le père, la mère, et bientôt Robert, puis Thomas. Chaque parent pourvu d'une mère un peu spéciale, Kettle mère de Mary égoïste ne donnant rien, et Eleanor mère de Patrick un poil trop généreuse au point de tout donner à une sorte de gourou/chaman (et rien pour son fils ou elle-même). Y compris une superbe propriété familiale dans le sud de la France, où Patrick, puis toute la famille passent tout de même quelques étés, avant de devoir se rabattre sur les Etats Unis, pour un séjour décrit de façon fort grinçante.

Après l'excellent Sans voix, je craignais être moins emballée par Le goût de la mère, mais dès le départ le talent de St Aubyn est patent. D'abord les points de vue changent (pour celui de Robert naissant, voir plus bas), l'humour est présent (ah les amis richissimes et puants de Saint Tropez), les dialogues pétants, le rythme soutenu. Au détour d'un passage, on est touché:
Robert enfant : "Il avait été tellement occupé à élaborer des phrases qu'il en avait presque oublié les jours primitifs où penser ressemblait à une tache de couleur étalée sur une page."
Patrick : "Nous sommes tous les intrigues secondaires des autres.(...) Tout le monde pense être sur la terre, même quand on est sur la lune d'un autre."
"Tout ce bavardage qui prend place entre-temps n'est rien comparé aux pleurs et aux gémissements du début et de la fin de l'existence. Cela me rend fou : nous sommes dominés par un tyran muet après l'autre."[la mère de Patrick perd la parole et la boule]

Les avis de Calepin, (il a raison, ce Robert a vraiment des réflexions au-dessus de son âge)

Les premières pages ici.(la naissance vue du point de vue du bébé, fulgurant!)

Hop, troisième pour le mois anglais (mais on va se calmer)

mercredi 3 juin 2015

A parts égales

A parts égales
Balancing Act
Joanna Trollope
Les deux terres, 2015
Traduction Johan-Frédérik Hel-Guedj


Ce blog ne propose qu'un seul roman de Joanna Trollope, Désaccords mineurs, mais des années auparavant j'avais dévoré nombre de ses romans proposant toujours des histoires avec moult personnages, des familles confrontées à des problèmes d'actualité, des personnages pas odieux que l'on finit par comprendre, et des fins parfois ouvertes mais satisfaisantes. Cet A part égales est dans la droite ligne des autres. Pour ce que j'en sais, l'auteur sait se renouveler, tout en proposant du british arrosé de thé (et de bière)

Cette fois, direction Stoke-on-Trent, berceau 'de la poterie et de la faïencerie traditionnelles anglaises', dans une entreprise crée et tenue de main de maître par Susie Moran, et où travaillent ses trois filles et un de ses gendres. Susie ayant l'habitude de vouloir tout savoir, tout contrôler, tout décider, son mari et ses enfants ont parfois du mal à suivre et à accepter.

A ce moment là arrive Morris, le père (octogénaire) de Susie, qui jamais ne s'est occupé d'elle, partant avec son épouse en Afrique et laissant le bébé d'un an aux bons soins des grands parents. Un père prodigue pour lequel on ne tue pas le veau gras. Mais comme je le disais, chez Joanna Trollope on ne tombe pas dans le drame sordide, on est entre gens qui discutent et cherchent à comprendre l'autre, sans tout accepter non plus, des solutions inattendues surgissent, et la vie de tous est bouleversée.

"Sa présence a tout transformé.
- Non, rien. Il est trop facile de le rendre responsable de tout. Il a simplement tout exhumé au grand jour. Sans rien faire... en se contentant d'arriver ici, et, ainsi, de créer un problème."

Morris comme catalyseur, oui.
Ce roman agréable à lire propose aussi une réflexion intéressante sur la répartition des rôles dans un couple (j'ai beaucoup aimé Léo). Mais ce n'est pas mon préféré de l'auteur, trop lisse peut-être?

Les avis de Les lectures d'Hélène, Anne,

Merci à l'éditeur!

Et de deux pour ce mois anglais

lundi 1 juin 2015

Le bois du rossignol

Le bois du rossignol
Nightingale Wood
Stella Gibbons
Points 2014, et Héloïse d'Ormesson
Traduit par Philippe Giraudon
Paru en 1938



Le début : "Il est difficile d'obtenir un jardin sinistre, mais le vieux Mr Wither y était parvenu.
Même s'il ne travaillait pas lui-même à celui de sa maison des environs de Chesterbourne, en Essex, son manque d'intérêt pour la terre et sa répugnance à dépenser de l'argent n'étaient pas sans influencer le jardinier"

La campagne anglaise des années 30, sa bonne société de familles vivant de leurs rentes, ses nobliaux en arrière plan, et une petite ville tranquille, voici le cadre idéal pour une délicieuse comédie à l'anglaise où ne manquent ni thé, ni scones, ni bière ni champagne. J'ai dévoré ce roman (500 pages en poche) sans que mon intérêt ne baisse.

Alors évidemment, comme la quatrième de couverture n'y a pas manqué, Jane Austen, oui, non, ou bien? Je ne rentrerai pas dans le débat, disons que les unions chez Jane Austen, toutes romantiques qu'elle puissent paraître, se réalisent sans sortir du rang, en tenant bien compte de l'argent possédé ou pas.
Ici dès le début la jeune et gentille Viola, qui ne souffre pas d'un excès d'intelligence, revient chez les Wither après le décès de leur fils, son mari pas spécialement aimé et regretté, mais qui l'a arrachée à son métier de vendeuse. Dans cette demeure tristounette elle va s'ennuyer et rêver au beau et riche voisin... Demeure abritant ses deux belles-soeurs célibataires frôlant la quarantaine, Madge la sportive et Tina, qui va s'éprendre du chauffeur de la maison, jeune homme plein d'ambition.

Point ne faut trop en raconter, car il se passe plein d'événements, racontés avec vivacité et humour, et bien d'autres personnages de différentes classes sociales se croisent. Je recommande cette lecture so british qui a sa place évidente dans le mois anglais, of course.

Les avis de claudia lucia (merciiiiiiiiiiiii)(et j'apprends qu'il venait de chez Lewerentz) , Anne Souris (larges extraits), Le nez dans les livres,

Edit du 1er juin : c'est officiel, je participe au mois anglais, et pour la première fois.