The great railway bazaar (en VF Railway Bazaar)
By train through Asia
Paul Theroux
Penguin books, 1977
Début (et fin) : "depuis l'enfance, quand je vivais à Boston et dans le Maine, j'ai rarement entendu un train passer et ne pas souhaiter être à bord."(traduction perso pas parfaite)
Pas étonnant qu'on le trouve dévalant le continent américain du nord au sud (Patagonie Express) ou la Chine d'est en ouest. Cette fois, soyons fous, et suivons-le dans un périple d'environ quatre mois, de Londres à Londres par le train (rarement avion ou bateau, et si pas possible autrement), l'Orient-Express jusqu'à Istambul, puis jusqu'à Ceylan, remontant en passant par le Vietnam, le Japon et la Russie avec le mythique Trans-Sibérien. Mais les noms font rêver, The Radjani Express to Bombay, The Mandalay Express, The golden arrow to Kuala Lumpur ... Vitesses et conforts divers...
Il noue conversation ou évite des fâcheux, gagne un peu d'argent en donnant des conférences dans de grandes villes, explore un peu. Sur Babelio comme Goodreads, les avis sur l'auteur et ce livre sont tranchés ... et variés. A partir du moment où on considère que ce n'est pas un guide de voyage, que l'auteur a des points de vue personnels et souvent sarcastiques, on savoure son ironie (et même son autodérision). Comme voyager en train me ravit, ce genre de livres aussi.
Quelques passages (traduits à l'arrache, comme d'habitude)
La Suisse: "scènes de calendrier que vous admirez un moment avant de ressentir un besoin urgent de bouger vers un nouveau mois"
Le Vietnam et sa tragédie (en 1973 la guerre n'était pas terminée) "La tragédie était que nous étions venus et, dès le début, n'avions pas prévu de rester: Danang en était la preuve." Un des passages les plus troublants et tragiques du livre.
Différents trains
En Thaïlande, "il n'y a pas d'autre train dans le monde ayant un haut pot de pierre dans la salle de bains, où, avant dîner, on peut se tenir nu, se lavant à grande eau avec des mesures d'eau (difficile à traduire, je suppose que ça doit ressembler à la douche 'à la calebasse' africaine). Les trains de chaque pays contiennent les essentiels équipements de la culture : les trains thaïs ont le pot avec le dragon sur le côté, à Ceylan une voiture réservée aux moines bouddhistes, en Inde une cuisine végétarienne et six classes, en Iran des tapis de prière, en Malaisie un marchand de nouilles, au Vietnam une vitre à l'épreuve des balles pour la locomotive, et sur chaque voiture d'un train russe il y a un samovar (et ça je peux confirmer!).Le Railway bazaar, avec ses gadgets et passagers, représente si complètement la société qu'embarquer c'est être confronté au caractère national."
Avis babelio
Pour ne pas lasser mes visiteurs en multipliant les billets (mais j'annonce que j'en prévois encore!), voici un compte rendu d'un autre livre de Paul Theroux
Voyage excentrique et ferroviaire autour du Royaume-UniThe Kingdom by the Sea, 1983
Paul Theroux
Les cahiers rouges, Grasset, 1993
Traduit par Marie-Odile Fortier-Masek
Paul Theroux habite à Londres depuis des années, c'est d'ailleurs de là qu'il était parti pour le périple précédent, et on aura d'ailleurs des nouvelles (émouvantes) d'un anglais rencontré dans l'Orient-Express. Notre homme ne manque pas d'idées, et décide de parcourir les côtes du Royaume-Uni dans le sens des aiguilles d'une montre, en train ou à pied si possible, en car ou auto-stop si pas possible autrement. En évitant les visites de châteaux ou autres attractions touristiques.
Ce périple se déroule en 1982, durant la guerre des Malouines, et on y apprend aussi la naissance du prince William, deux occasions de saisir les réactions des anglais.
Les villes côtières se suivent (j'ai mis quand même un peu de temps à vraiment accrocher), et puis ce randonneur aux opinions arrêtées a fini par me plaire, avec sa curiosité et son art des dialogues captés sur le vif. Un Royaume-Uni fort varié, parfois à quelques kilomètres de distance, en proie au chômage ou à la guerre (le passage en Ulster est vraiment fort intéressant), et à la grève, ce qui empêche la fin du voyage en train. Je découvre que là-bas comme en France on a abandonné les petites lignes pas rentables...
"Je surpris la conversation de deux vieilles dames accoudées à la balustrade qui donnait sur la baie. (...)
La lune est belle, dit miss Maltby.
- Ouais, dit miss Thorn, c'est vrai.
-Mais c'est pas ce que nous avons vu plus tôt ce soir.
-Non, ça, c'était le soleil.
Et miss Maltby de rajouter : 'Tu m'avais dit que c'était la lune, pourtant.
-Y avait tellement de brouillard, vois-tu, reprit miss Thorn, mais maintenant je peux te dire que c'était le soleil."
Dois-je ajouter que l'écriture est de belle tenue?
Avis babelio,