vendredi 29 mars 2013

Les amants du Spoutnik

Les amants du Spoutnik
Haruki Murakami
10/18, 2007
Traduit par Corinne Atlan

Quatrième de couverture
K. est amoureux de Sumire, mais celle-ci n'a que deux passions : la littérature et Miu, une mystérieuse femme mariée. Au sein de ce triangle amoureux, chaque amant est un satellite autonome et triste, et gravite sur l'orbite de la solitude. Jusqu'au jour où Sumire disparaît. Les amants du Spoutnik bascule alors dans une atmosphère proprement fantastique où l'extrême concision de Murakami cisèle, de façon toujours plus profonde, le mystère insondable de l'amour..

Mais encore?
Cette fois, contrairement à 19Q4, Murakami ne délaye pas, ne répète pas, et ses qualités reconnues sont présentes. L’écriture est un vrai velours, avec un je-ne-sais-quoi qui vous agrippe.

Des formules originales, bien trouvées, parlant à l'imagination
"Tu peux être incroyablement gentil par moments. On dirait un mélange de Noël, de grandes vacances et de chiot qui vient de naître."
"A cette idée, je me sentis triste et seul - un malheureux insecte sans projet ni croyance, accroché machinalement à un mur élevé, par une nuit venteuse."

Beaucoup de références à la littérature et musique occidentales.
La lune est quasiment un personnage, elle revient souvent (cf 19Q4)

Une histoire poignante, pleine de douceur, délicatesse et nostalgie.

Mon problème?
"Il est paraît-il dangereux d'introduire des rêves(que vous les ayez faits ou que vous les ayez inventés) dans le cours d'un roman. Seule une poignée d’écrivains parmi les plus doués sont capables de rendre avec les mots justes la synthèse et l'absence de logique propres aux rêves. Je n'ai aucune objection à cette théorie; Cependant, je voudrais tout de même raconter un de mes rêves récents."
Suivent deux pages racontant un rêve de Sumire; Murakami se débrouille bien, pas de souci, cela coule bien avec le reste du roman. De même, l'intrusion du fantastique (léger) ne me gêne pas, sauf que j'en ressors à la toute fin frustrée, avec un goût de "oui, et alors?". Trop rationnelle? Fin trop ouverte? A part ça, j'ai dévoré ce roman.

Lecture commune avec A girl from earth et Valérie  et salsifi papillon (que je découvre par la même occasion)
Les avis chez babelio

mercredi 27 mars 2013

Le bonheur commence maintenant

Le bonheur commence maintenant
Thomas Raphaël
Flammarion, 2013




Heureux lecteurs de La vie commence à 20 h 10, sautez de joie : la saison deux est sortie! Avec toujours plus de drôlerie, de rebondissements, d'émotion (et un poil plus de bitch, homme ou femme, d'ailleurs)

Faut-il avoir lu auparavant La vie commence à 20 h 10 (paru en poche, a-hum)? Ma foi, le lecteur peut s'en tirer grâce à quelques rappels qui à mon avis ne diminueront pas le plaisir de la lecture dudit roman précédent. Bref, vous faites comme vous voulez, on lit les deux, peu importe l'ordre. Clair?

Sophie, la trentenaire bordelaise, professeur de lettres, amoureuse de Marc, tante par alliance de Julien et Annie, apprend que son roman, refusé par moult éditeurs, pourrait faire l'objet d'un film du talentueux Lucas Gardel. La voilà donc sur le point de devenir sa directrice artistique, métier dont elle ignore évidemment tout. Oui, mais Marc?

Premier rebondissement (ou le deuxième, je ne sais plus), Sophie retrouve Paris et ses colocataires Julien, étudiant, et Mélanie, journaliste. 
Mélanie, comme bien des jeunes diplômés, a de l'énergie, du talent, mais enchaîne les stages et jamais de CDI... Julien, qui se satisfaisait d'aventures sans lendemain, va craquer pour son professeur. 

Si l'on sait qu'on retrouve Joyce Verneuil, on se dit qu'on va trembler. Quoique.

Verdict : un roman englouti en peu de temps (il y avait longtemps que j'avais autant repoussé mon heure de dodo). Le bonheur de retrouver toute l'équipe, ses tracas, ses coups durs, mais aussi son énergie et sa débrouillardise. On aurait pu craindre que cette suite soit fade par rapport au premier roman, eh bien non, j'ai pareillement ri et tremblé, emportée par un plaisant tourbillon. Vivement la saison trois!!! 

C'est l'auteur qui en parle ici (je signale que la video est pleine de lolcats...)(mouarf)

Et clara en parle aussi! 

lundi 25 mars 2013

De la place pour un seul amour

De la place pour un seul amour
Kalanit W. Ochayon
Albin Michel, 2013
Traduit par Katherine Werchowski


"Parfois, des gens font des choses apparemment incompréhensibles, inexplicables. Des choses auxquelles, même en vous triturant les ménages, vous ne trouverez guère d'explication. "

Tiens, Na'omi. Chaque jour on peut la voir arpenter la route entre Saint Jean d'Acre et Haïfa, attirée par le carrefour où son fils a perdu la vie dans un accident. Le fils qui avait justement pris la place réservée à cet unique amour. Tamar, elle, pense souvent reconnaître en des inconnues sa sœur disparue sur une plage il y a des années; obsessionnelle, pleine de tocs. Sans qu’elles le sachent, ces deux femmes sont liées.
Et Sacha? Elle et sa soeur Marina (et l'inénarrable copain de cette dernière, Jorge -non, Julio!) attendent l'héritage de leur père, mais rien ne se passera comme prévu, et là c'est de la douce dinguerie dans les dialogues entres Sacha et Marina, et la suite de leurs aventures.

Un drôle de roman à trois voix, bien mené, que je n'ai pas lâché, parfois triste, parfois hilarant. A découvrir, bien sûr.

Merci à l'éditeur et Carol M.

L'avis de Lilly in the vallée

vendredi 22 mars 2013

Le roi transparent

Le roi transparent
Rosa Montero
Points, 2010
Traduit par Myriam Chirousse





Ne comptez pas sur moi pour vous conter la légende du roi transparent,  car je tiens à la vie.
En revanche, je pourrais vous narrer la passionnante histoire de Léola, née paysanne analphabète et devenue chevalier, au cours d'un 12ème siècle en pays occitan. Période de l'amour courtois à la cour d'Aliénor d'Aquitaine, de croisades, en particulier contre les Cathares. Bûchers et Inquisition.
Accompagnée de Nynève, qui se prétend fée de la connaissance, guérisseuse en tout cas, elle connaîtra un parcours parfois douloureux et sombre, mais restera fidèle à elle-même.

Rosa Montero cette fois ne nous emmène pas en Espagne, ni dans le futur, mais dans une époque qu’elle avoue la passionner. "S'il fallait faire rentrer ce livre dans un genre narratif, je crois qu'il se trouverait plutôt dans celui des romans d'aventures ou fantastiques."
Elle s'y connaît suffisamment pour offrir plus qu'un roman historique (fort bien documenté par ailleurs). La touche de fantastique, roi Arthur et chevaliers de la Table ronde, demeure légère. Surtout elle dresse un bon portrait de deux femmes n'acceptant pas le sort dévolu aux femmes de l'époque si elles ne sont pas nobles,  elles luttent et s'instruisent tout du long de leur existence.

Encore un roman de Rosa Montero que je recommande chaudement.

Un bon extrait des Considérations finales de l'auteur:
"Pendant un peu plus d’une centaine d'années, le monde a semblé devenir merveilleusement fou, avec une explosion de modernité et de liberté. C'est l'époque des troubadours, du raffinement provençal, des cours d'amour, de la prépondérance des dames. La femme acquiert une importance inusitée; une infinité de chartes d'affranchissement sont délivrées aux bourgs, donnant ainsi lieu aux premières villes modernes; la lecture et l'écriture sortent des monastères et commencent à être fréquentes chez les nobles et chez les bourgeois; les notions modernes de liberté, de bonheur et d'individualisme germent timidement dans le cœur des humains. Ce fut un siècle trépidant et plein de changements.(...) Les chrétiens qui ont accompagné cette révolution étaient les cathares, dont le bon sens et la civilité me paraissent admirables. Pendant près d'un siècle, enfin, le monde, ou du moins une partie du monde connu, a vécu ce rêve de progrès. Et puis la répression a vaincu. Mais le pouvoir absorbe toujours une partie de ce qu'il écrase, et c'est ce qui a germé de nouveau lors de la Renaissance : les résidus de ces temps lumineux.
Ce roman prétend refléter ce processus, mais vu de l'intérieur de la conscience des êtres humains. Plus que les données historiques, j'ai voulu saisir les mythes et les rêves, l'odeur et la sueur de ce temps-là.

Les avis de Ys, de Béa (merciiiiiiiiiiii), Miss Léo,

mercredi 20 mars 2013

Le lézard lubrique de Melancholy Cove

Le lézard lubrique de Melancholy Cove
Christopher Moore
série noire Gallimard, 2003




"Christopher Moore est un homme très malade, dans le meilleur sens du terme." Carl Hiaasen.
(Oh que oui!)

Normalement septembre est à Melancholy Cove, petite cité touristique de Californie, une période où l'on savoure le calme. Sauf cette année là, avec le réveil et l'arrivée sur terre d'un gigantesque lézard: "Une créature de cette taille ferait passer un tyrannosaure pour un nain de jardin. Il n'existe rien de cette taille sur cette planète depuis soixante millions d'années."
Ben si.
Mis à part Skinner le chien tendance Rantanplan, Steve le lézard (oui, Steve), et quelques rats, le reste des personnages de ce roman est humain, variante givrée. (Jamais vu ça à ce point.) Même la psychanalyste Val (qui décide de donner brusquement des placebos à tous ses malades) est bien atteinte. Le flic local cultive son carré de marijuana, le pharmacien a une attirance (sexuelle, osons le dire!)) pour les créatures marines, et Molly, la givrée officielle de la ville, qui entend des voix off, est une ancienne actrice de séries Z (Kendra, l'Amazone des Terres inconnues, son épée et son bikini de cuir...). Sans oublier un bluesman refusant d'être heureux, sinon où serait le blues?
Des scènes d'anthologie, des réflexions philosophiques au détour d'une page, un bon suspense, voilà amplement de quoi se changer les idées. N'hésitez pas !(A girl, je pense à toi très fort)

Les avis de polarnoir, le cafard cosmique, systar, chez babelio, manu (qui me l'a fait noter!), Amanda,  Karine:), Kathel, Papillon

lundi 18 mars 2013

Fin de mi-temps pour le soldat Billy Lynn

Fin de mi-temps pour le soldat Billy Lynn
Ben Fountain
Albin Michel, 2013
Traduit par Michel Lederer


Mon attrait particulier pour la collection Terres d'Amérique ne va pas se relâcher, c'est sûr! Encore une lecture qui m'a épatée. Un premier roman en plus. Chaudement recommandé.

Billy Lynn, dix-neuf ans, engagé dans l'armée, se trouve en Irak. Lors d'une action sur le terrain, sa compagnie est filmée par une équipe de la télévision américaine, et voilà donc l'occasion de monter une superbe opération de communication, histoire d'en remettre une couche aux États-Unis. La compagnie Bravo doit donc passer quinze jours à parcourir le pays, rencontrant politiques, businessmen (et un peu leur famille quand même). Le point culminant de cette "Tournée de la Victoire" sera le match de football (américain) à Dallas.

Fort heureusement le propos n'est pas de décrire des batailles sur le terrain, tout est vu par les yeux de Billy Lynn et ses souvenirs souvent confus. En revanche on jubile fort avec ces aventures de Billy en Amérique. Tout le monde y passe, les politiques, les riches, Hollywood, les joueurs de football (p 220 puis 230 et ss),  le pom pom girls, bref l'Amérique, sa façon de vivre, sa nourriture, ses automobiles, sa façon de tout mettre en spectacle et de faire feu de tout bois.

"L'hypocrisie coule sur eux, peut-être parce que le mercantilisme permanent de la vie américaine a engendré des seuils exceptionnellement élevés de tolérance devant l'imposture, la manipulation, l'escroquerie, la connerie et le mensonge éhonté, devant, en d'autres termes, la publicité sous toutes ses formes. Avant d'avoir servi en zone de combat, Billy lui-même n'avait jamais remarqué combien tout était truqué."(p 178)

"Quelque part en chemin, l'Amérique est devenue un gigantesque centre commercial auquel s'est greffée une nation."

Plein de passages où Ben Fountain tire dans le tas, mais possède aussi l'art de rendre attachants ces jeunes (la vingtaine!) soldats et surtout Billy Lynn.  

Les avis sur Babelio,
Un gros merci à l'éditeur et Carole M.

et pour savoir pourquoi cette photo, lisez le roman!
Beyoncé

vendredi 15 mars 2013

L'île des beaux lendemains

L'île des beaux lendemains
Caroline Vermalle
Belfond, 2013



C'est officiel : le printemps est là!
Non mais vous avez vu cette couverture? Manque juste les odeurs des jacinthes et des roses, le bourdonnement des abeilles...
Et l'on commence dans les jardins à apercevoir des papillons batifoler de ci de là, alors on est dans l'ambiance idéale pour découvrir ce nouveau roman de Caroline Vermalle.

Vents et papillons tourbillonnent pour nous conter une bien jolie histoire. Il suffit de se laisser prendre par la main et d'accepter un brin de fantaisie. Rejoignons Jacqueline et Marcel. Après 56 ans d'un mariage sans amour, Jacqueline part à l'île d'Yeu rejoindre sa cousine Nane, jamais revue depuis des décennies. Nane, la dame gouailleuse, mais qui "cachait son coeur malheureux dans un placard gardé par une bergère d'albâtre", offrant aisément gite et couvert. Marcel décide alors de réaliser un de ses rêves, descendre la Loire à la nage. Jusqu'à l'île d'Yeu, bien sûr. Paul, le voisin breton du couple, féru d'astronomie, nous emportera dans le passé et les étoiles.

Tous ces gens-là ont allègrement dépassé les soixante-dix ans, leur vie n'a pas toujours été celle rêvée ou désirée, alors, est-il trop tard? La réponse, évidemment, sera : non! Aérons les vieux draps, ouvrons les tiroirs! Caroline Vermalle a le chic pour raconter avec finesse ce genre d'histoires, sa tendresse pour ses personnages est évidente, sa plume est légère même dans les moments graves, ses descriptions nous font entrer de plain-pied dans une ambiance si douce...

Vous avez aimé L'avant-dernière chance : ce nouveau roman est pour vous!

Ce roman est déjà paru en Allemagne en 2012, sous le titre Als das leben überraschend zu Besuch kam, mais ne sort en France que maintenant. Les mystères de l'édition!Le blog de l'auteur.

Les avis de saxaoul,
Un grand merci à Caroline Vermalle. Un seul regret, qu’elle ne soit pas au salon de Châteauroux cette année...
Challenge des livres et des îles chez Géraldine (ouf, j'avais oublié!)

mercredi 13 mars 2013

Cherche jeunes filles à croquer / A la vue à la mort

Cherche jeunes filles à croquer
Françoise Guérin
Éditions du Masque, 2012


Drôle d'affaire quand même. Des disparues, mais pas de corps. Même pas sûr qu’elles ne soient pas en train de vivre leur vie tranquillement, tiens. Le commandant Lanester obéit cependant à son chef et quitte Paris, son chat Walesa, la rousse Léo qui lui trotte dans la tête, et sa psy Jacinthe, pour Chamonix et ses environs. Plusieurs jeunes filles manquent à l'appel depuis quelque temps, elles ont en commun d'avoir séjourné dans un établissement de traitement de l'anorexie. Gendarmerie et police reprennent l'enquête.

Un polar que je vous mets au défi de lâcher, sauf pour de légitimes raisons physiologiques. Une fois que j'ai eu compris que Lanester n'était plus aveugle, tout a roulé! L'auteur est psychologue clinicienne et son roman ne se contente pas d'offrir une enquête haletante, bien découpée, sans temps morts, mais il informe petit à petit sur l'anorexie (non, pas de cours théorique) et franchement c'est une horrible maladie... Lanester traîne quelques casseroles psy et le debriefing avec Jacinthe tout du long de l'enquête est bien intéressant. Fort heureusement Lanester et sa fine équipe, bons professionnels par ailleurs, apportent un poil d'humour bienvenu.

Le titre, excellent, ne se comprend qu'à la fin. Motus.

Tout en un! Le blog de l'auteur et la liste de ceux qui en parlent, journaux, blogs...

Ce billet va suivre l'ordre chronologique de mes lectures, donc je présente ensuite A la vue à la mort (Le masque, 2010) qui est le premier de la série, où l'on va découvrir tous les personnages récurrents (y compris Walesa)

Lanester et son équipe du quai des orfèvres est à la recherche d'un tueur en série laissant sans crainte ses empreintes sur les lieux de ses crimes, et dessinant un oeil noir au dessus des cadavres. En référence à Victor Hugo, il est baptisé Caïn par la police.

Une enquête classique? Par certains côté, oui, car la routine policière a son efficacité et ses obligations. Mais quand on sait que Lanester a perdu la vue d'un seul coup sur le lieu du troisième crime, et qu'il va continuer à travailler vaille que vaille, l'intérêt redouble. Tout un travail se fait dans le cabinet de Jacinthe, la psy qu'il a choisi de voir (déjà là un mot peu approprié, mais...): tout à la fois le passé de Lanester se dévoile et son enquête avance.

Comme le précédent, ce roman a été dévoré (démarré à l'entracte d'un spectacle, continué dans une file d'attente, puis tout de même lu en majorité dans des positions plus confortables...).

Des nouvelles du livre et de Lanester sur le blog de l'auteur

Je signale pour terminer que ces deux livres sont voyageurs.

Et bien sûr dans le challenge Polars et Thrillers de liliba

 

lundi 11 mars 2013

Pike / Le tireur (Gallmeister, le retour)

Pike
Benjamin Whitmer
Gallmeister, 2012
Traduit par Jacques Mailhos




Pike est un ancien dealeur, toxicomane, mais reste violent (et armé). Il apprend la mort de sa fille Sarah qu'il n'avait plus vue depuis qu'elle avait six ans et se voit chargé de Wendy, douze ans, plutôt à cran (et Monster, son chaton). Sarah était prostituée et toxicomane et est morte dans des conditions sordides qu'il veut élucider complètement. Avec lui, Rory, un jeune boxeur au passé traumatisant.
Sur leur chemin, se retrouve Derrick Krieger, un flic "brutal et véreux", compromis entre autres dans la mort d'un gamin noir qui s'enfuyait, et semblant connaître la fillette et pas mal de détails sur la mort de Sarah.
Pike et Derrick finiront par se retrouver, un seul en sortira vivant.

Âmes sensibles, attention! C'est 100% noir. Les épisodes violents se succèdent, personne ne sort intact, non que l'auteur s'appesantisse sur les détails (les évoquer, ça suffit largement) , ça cogne, ça tire, la plupart du temps sans réfléchir plus avant. On plonge dans des milieux de paumés, de sans espoir, de cabossés par la vie.
Ce côté brut de décoffrage a fini par m'empêcher de m'attacher à l'histoire, qui se déroule en laissant derrière elle un bon lot de cadavres (Pike, Wendy et le chaton s'en tirent, en gros). Mais c'est un roman découpé au millimètre, sans un gramme de graisse inutile, hallucinant, noir (oui, je l'ai dit) et superbement écrit. A vous de voir, vous êtes prévenus.

Les avis de Pierre Faverolle, JM Laherrère, petitsachem,

Le tireur
Glendon Swarthout
Gallmeister, totem, 2012

Souvent au cours de ma lecture je pensais "ouh là que je comprends que ce roman a été adapté au cinéma", "ouh là que je vois bien John Wayne dans ce rôle" et bien sûr "ouh là quel livre!"

Si j'écris le mot western, certains lecteurs vont fuir - et ils auront tort. Restez, restez, et oyez l'histoire de J.B. Books, tireur redoutable et redouté arrivant ce 22 janvier 1901 dans la ville d'El Paso (Texas). Stoppez les harmonicas, l'heure est grave.

Books n'est pas un type sympathique, mais il force le respect. Que vient-il faire à El Paso? Mourir. Un médecin lui annonce qu'il est atteint d'un cancer, qu'il n'en a plus pour longtemps, et mourra dans d'affreuses souffrances. Les vautours (humains) rodent autour de lui et dans la chambre louée où quasiment tout le roman va se dérouler, défile tout un lot de personnages intéressés. Seule sa logeuse gardera une attitude digne.

J'ai (forcément) aimé ce roman, les duels verbaux,  l'atmosphère de cette ville de l'ouest, les articles de l'unique journal que lit Books, et bien évidemment la fin d'anthologie, dans le saloon!

Books doit réaliser qu'une période se termine, le monde qu'il a connu va disparaître. "On est en 1901. Les jours anciens sont morts et enterrés et vos ne le savez même pas. Vous pensez que cette ville est juste un endroit comme les autres où faire régner une terreur de tous les enfers. (...) Bien sûr qu'on encore des saloons, des filles et des tables de jeu, mais on a aussi l'eau courante, le gaz, l'électricité et une salle d'opéra, on aura un tramway électrique d'ici l'année prochaine et on parle même de paver les rues. On a tué le dernier crotale dans El Paso Steet il y a deux ans, dans un terrain vague. La First National Bank s'est installée ici.On a eu la visite du Président des États Unis hier sur la grand place. Bon sang, on peut même se faire livrer de la glace sur le pas de la porte!(...) Où est votre place dans cette marche du progrès? Nulle part. Votre place est au musée. Pour être plus précis, Books, vous appartenez à une autre époque, complètement révolue."

"Il tenait un revolver encore chaud dans la main, sentait la morsure de la fumée dans ses narines et le goût de la mort sur la langue. Le cœur haut dans sa gorge, le danger derrière lui - et puis la sueur soudaine et le néant, et la sensation douce et fraîche d'être né."

Les avis de JérômeHélène, actu du noir,

vendredi 8 mars 2013

La souris bleue

La souris bleue
Kate Atkinson
Editions de Fallois, 2004
Traduit de l'anglais par Isabelle Caron
 Existe en poche...


Ingrédients : du temps libre devant soi, sur un jour ou deux. Canapé, thé et pluie moche au dehors peuvent aider.
Bien mélanger. Devenir asociale.
Résultat : chouette moment de lecture pétillante.

Premier volume où apparaît le détective Jackson Brodie, dont on devine aisément le cœur gros comme ça. Alors que sa seule enquête le mène à filer une hôtesse de l'air soupçonnée d'infidélité, voilà que lui tombent en même temps des recherches plus ardues sur des faits bien refroidis. Trente quatre ans auparavant, une petite fille disparaît, et ses sœurs retrouvent son doudou, une Souris bleue, dans le bureau de leur père récemment décédé. Dix ans plus tôt, qui a tué Laura, et pourquoi? Son père, qui a mis sa vie entre parenthèses, se décide à ré-ouvrir les recherches. Vingt cinq ans en arrière, une jeune mère épuisée abat son mari d'un coup de hache.

Jackson Brodie va dénouer tout ces écheveaux, avec de bons coups de pouce du destin et un peu de flair, entre deux disputes avec son ex-épouse et une vie de papa poule affolé par les dangers pouvant roder autour de sa fille de huit ans. Un drame durant son enfance pèse sur sa vie.

Du bien dense, non? Les personnages prennent vie, deviennent attachants, on oscille entre comédie et tragédie, c'est drôle et c'est poignant. Les petits détails peuvent d'éclairer quelques pages plus loin, le découpage est parfait, le lecteur en sait parfois plus que Brodie, et jusqu'au bout il est secoué par des rebondissements.

Plein d'avis sur babelio
L'avis le plus récent je crois, celui d'Ys, qui a fait pencher la balance,  et comme ça tombait dans le challenge de Philippe...
Challenge Thrillers et polars chez liliba


mercredi 6 mars 2013

L'océan

L'océan
The Restless Sea
Robert Kunzig
essai traduit de l'anglais par Bernard Blanc
Actes Sud/ Solin, 2001


Pour son Histoire de tout, ou presque, Bill Bryson avait avalé moult documentation, dont ce livre de Robert Kunzig. Journaliste scientifique, celui-ci s'est spécialisé dans l'océanographie. Cette lecture vient donc à point nommé doubler et compléter la précédente. Comme Bryson ne pouvait guère trop détailler tous les sujets touchés, son chapitre sur l'océan avait un goût de trop peu. Maintenant, me voilà rassasiée. J'avoue que c'est dense, parfois coriace (heureusement que Bryson m'avait balisé le terrain!), mais Kunzig ne manque pas d'humour, de pédagogie et d’enthousiasme. Quelle importance après tout si je n'ai pas tout compris? Je garantis que le plaisir de lecture fut au rendez-vous.

Première surprise : non, on ne va pas tout de suite se baigner! Toute cette eau sur notre planète, d'où vient-elle? Eh bien, de l'espace! Oui, le big bang, les comètes, tout ça...
Connaître la terre ferme paraît facile, explorer nos proches voisines aussi, si on y met l'argent, mais l'océan? Longtemps ce fut l'inconnu, et c'est assez récemment qu'on a eu les moyens d'avoir une idée de ce qui était sous la coque des navires. A savoir des plaines, des montagnes, des volcans, le tout n'arrêtant pas de bouger!
http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://www.astronoo.com/images/images_articles/fondsMarinsSatelliteIfremer.jpg&imgrefurl=http://www.astronoo.com/articles/fossesOceaniques.html&h=670&w=1000&sz=91&tbnid=eMn1stPX9yGojM:&tbnh=90&tbnw=134&zoom=1&usg=__SfTzJzh66BdoL08ayJR-JaXRyUA=&docid=HU2pxMxK63ySvM&hl=fr&sa=X&ei=JZgCUbjjMOfZ0QXl1oH4Cw&ved=0CDEQ9QEwAA&dur=1768
Longtemps on a cru que dès qu'on atteint une certaine profondeur, dans le noir (!) plus rien ne vivait. Grossière erreur! Partout il y a de la vie, sous des formes parfois incroyables. Et de la lumière!

siphonophore Physalia Physalis (http://www.planktonchronicles.org/en/episode/new-siphonophores-the-longest-animals-on-the-planet)
Mais on n'est pas à l'abri de nouvelles surprises : quelle relation entre le phytoplancton, le fer dans l'océan et un nouvel âge glaciaire (en raisonnant vite)?
Après un chapitre sur le destin tragique des morues sur-pêchées, reste à s'intéresser aux courants océaniques, avec quand même beaucoup de "peut-être" et de "d'une façon ou d'une autre" dans toutes ces recherches sur le climat. De manière générale, il reste encore beaucoup à découvrir sur l’océan.

Conclusion : un essai très bien fait, complet, éclairant.

lundi 4 mars 2013

Avancer

Avancer
Maria Pourchet
Gallimard, 2012








Pourquoi cette lecture? Au début, un billet de secondflore [Bertrand Guillot] intitulé Sortir chez Gallimard, et démontrant que ce n'est pas forcément pour un roman promesse d'un long fleuve tranquille. Puis un autre sur Avancer, justement. Mon sang de lecture curieuse n'a fait qu'un tour, mon doigt de geek m'a amenée sur le site de ma médiathèque du fin fond de la France : Avancer y était!

Verdict? Que du bonheur!
Victoria, née Marie-Laure, vingt-huit ans, est très douée pour ne rien faire. Parfois Victoria et Marie-Laure ne sont pas d'accord (d'où des échanges peu courtois), mais pour glander, si. Victoria, donc, après des études en sociologie, s'est installée dans l'appartement de Marc-Ange, son ex-prof, et observe la vie depuis le balcon. En face, un trou où bossent des ouvriers, et les Dupont, SDF (sauf si on appelle domicile l'Algeco du chantier). Ajoutons Roland, le chat, le Petit, fils de Marc-Ange, dix ans, doté, on l'apprendra, d'une jumelle (des deux c'est le Petit qui a récupéré tout le stock de vivacité de l'intelligence).
J'ai la paresse de tout raconter, il sera question d'une enquête sociologique sur les Vélenvilles, de tirer les cartes, de pompiers, que sais-je?
Cette fantaisie primesautière se lit pour le plaisir de découvrir une histoire originale ( impossible de savoir où ça peut bien mener), et surtout une écriture drôle à souhait bourrée d'ironie, de formules, sans oublier les histoires à côté fort bien observées. Bref, j'ai adoré et jubilé.

Quelques bonbons pour la route (mais il y en a plein!)
"L'avantage à dormir habillée est de se lever habillée."
"La scoliose, la sœur du Petit l'a déjà et[qu'] il est donc inutile d'abîmer le jumeau en bon état avant de finir l'autre."
"L'open space est connu pour être à la productivité ce que le nerf est à la guerre."

Les avis de Babelio, cathulu,

vendredi 1 mars 2013

Mucho mojo / The two-bear mambo / Vanilla Ride

Mucho mojo
Joe R. Lansdale
Vintage crime, 1994


Avec un immense plaisir j'ai retrouvé les deux potes texans, Hap (blanc et straight), Leonard (noir et gay), encore un peu cabossés après Savage season, et on les comprend.

Cette fois, Leonard vient d'hériter d'un oncle qu'il voyait étant gamin, mais qui n'a pas vraiment bien accepté son orientation sexuelle. Dans l'héritage, un bon paquet de dollars, une maison demandant des réparations (et avoisinant un repaire de trafiquants et vendeurs de drogue à clients de tous âges), et, plus curieusement, des coupons de réduction, un roman, un tableau. Sans parler d'un squelette de gosse environné de revues pédophiles et porno, sous le plancher de la maison.
Leonard refuse d'appeler la police, sachant que son oncle serait le coupable idéal dans les affaires d'enfants disparus au cours des dix dernières années, il se contente de convaincre un policier de l'aider officieusement.
Et j'oubliais Florida, devant laquelle Hap a les réactions du loup de Tex Avery. Et une adorable mamie qui les gave de nourriture goûteuse.

Franchement, on rit pas mal, l'amitié indéfectible de ces deux là est bonne à voir, mais ne les empêche pas de se balancer des vannes terribles. Leur humour dézingue le voisinage à tout va, sans s'occuper de la couleur de la peau.
Parfois lors de leurs discussions sur le Mal les deux amis ne sont pas toujours d'accord. Quant à leur enquête, elle avance, et il leur faudra avoir le cœur bien accroché.

Un énorme merci à Gwen (voir son avis)

En français, L'arbre à bouteilles
Les avis chez Babelio, et cathulu, et dasola,





Et voici le deuxième, dont l'intrigue est assez liée, même s'il peut se lire indépendamment.

The two-bear mambo
vintage crime /black lizard, 1995


Les bonnes habitudes ne se perdant pas, en ouverture, Leonard vient de mettre le feu chez ses voisins vendeurs de crack et autres substances.
Comme dit un spectateur "Of them three fires, this one's the best, Leonard." "Thanks", Leonard said. "It's the practice makes the difference."

La police locale accepte de passer encore l'éponge sur ce délit si Hap et Leonard se rendent à Grovetown découvrir ce qui a bien pu arriver à Florida, la jeune et jolie juriste noire partie enquêter sur une pendaison suspecte dans la cellule de la prison de Grovetown.

.Grovetown... Petite bourgade du Texas n'ayant pas eu vent du mouvement des droits civiques, où il est préférable d'être blanc et où une bande de types genre KKK font la loi à leur idée quand ça leur plait. Alors, lancer là dedans Hap et Leonard, amateurs de bonne bagarre quand on les cherche, ça craint.

Encore une fois le lecteur va être happé sans problème, suivre les deux lascars dans leurs aventures, et peu importe si l'on ne retrouve vraiment Florida qu'à la toute fin du livre, on aura vraiment eu peur et on aura vraiment ri aussi. Mais il faut s'accrocher!

En français Le mambo des deux ours
Les avis de Les lectures de l'orme, chez babelio, le bibliophare, cathulu, gwen (merciiiiiiiii) l'a lu (son billet?)








Challenge Thrillers et polars chez liliba, bien sûr. Catégorie valeur sûre.

Edit du 30 juin 2013
Vanilla Ride
folio policier, 2012

Là je fais un grand saut dans la série, Hap a une copine, Brett, et la relation entre Leonard et John a du plomb dans l'aile. Mais qu'importe, ces deux là ont toujours l'art de se mettre dans des situations périlleuses, les balles sifflent, les bagarres sont saignantes, mais ils s'en tirent toujours, amochés, mais vivants.
Toujours l'humour bien costaud.
Je signale que c'est mon premier lu en français, j'avais peur de la traduction (les trucs grossiers passent mieux en VO?) mais non, ça va. Juste qu'il va falloir me laver les yeux et les oreilles...

Merci clara.