Encore une fois je voyage sur les traces de Paul Theroux. Peu de trains, mais des modes de transport différents.
Les îles heureuses d'OcéanieLe Pacifique à la pagaie
Paul Theroux
Grasset, 1993
L'auteur ne voyage pas toujours en train (sauf là à l'intérieur de l'Australie), et le voilà en kayak (pliable). Non, il ne refait pas les voyages des Polynésiens à travers le Pacifique, peuplant il y a des siècles divers archipels séparés de centaines voire milliers de kilomètres, il se contente de justement arriver sur une île ou un groupe d'îles, par bateau ou avion, et ensuite d'explorer au maximum, campant si possible et usant du kayak.
Une cinquantaine d'îles de tailles diverses, de l'Australie à Hawaï, en passant par Tahiti, les Marquises (les français en prennent pour leur grade!), l'île de Pâques; peu d'archipels lui échappent. Toujours des rencontres, un ton souvent moqueur mais qui sait se faire sérieux. Une lecture idéale pour se dépayser. Le voyage s'est déroulé en 1991, en pleine guerre du Golfe, je le précise car bien des habitants fort éloignés du conflit demandaient des nouvelles!
Un récit fort complet, instructif et agréable à lire. Varié, sans lassitude du lecteur.
Babelio : une critique
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Merci wiki pour cette carte fascinante https://fr.wikipedia.org/wiki/Oc%C3%A9anie |
J'ai donc continué sans enchaîner cependant avec :
Safari noir
Du Caire au Cap en passant par les terres
Paul Theroux
Grasset, 2004
Traduit par Dominique Peters
Ayant séjourné au Kenya, Ouganda et Malawi dans les années soixante, Paul Theroux, plein de nostalgie, veut y retourner, mais lors d’une grande descente nord sud de toute l'Afrique de l'est, accomplie en 2001. Comme d'habitude, il voyage seul, avec les moyens de transport locaux, felouque, ferry, train, camion, etc., en vêtements usagés, rien de tape-à-l'œil.
Dès l'Egypte
"J'étais parti des rives de la Méditerranée et, par les Colonnes d'Hercule, peu à peu je pénétrais plus profondément en Afrique. Le voyage est une transition; au mieux, c'est un départ de chez soi et une avancée. Je déteste être parachuté quelque part. J'ai besoin de relier les lieux les uns aux autres. Un des problèmes que je rencontre en voyage, c'est la facilité avec laquelle une personne peut être transportée si vite du familier à l'étrange, avec laquelle, disons, le cadre new-yorkais qui quitte son bureau se retrouve d'un coup d'ailes le lendemain en Afrique pour observer les gorilles. C'est juste un moyen de se sentir étranger. L'autre manière, la lenteur, la traversée des frontières nationales, le frôlement des barbelés, sac sur le dos et passeport à la main est le meilleur moyen de se souvenir qu'il y a une relation entre 'ici' et' là-bas', qu'un récit de voyage, c'est l'histoire de' là-bas' et retour."
Quelque part, sur une route dangereuse, dans un véhicule hors d'âge. Au sujet de voleurs de grands chemins:
"Ils ne veulent pas ta vie, ils veulent tes chaussures. (...). Bien des fois, après cela, au cours de mes errances africaines, je me suis murmuré ces mots, épitaphe du sous-développement, le désespoir en une simple phrase. A quoi leur sert ta vie? A rien. Mais tes chaussures - ah c'est une autre affaire! Elles valent quelque chose, bien plus que ta montre (ils ont le soleil) ou ton stylo (ils sont illettrés) ou ton sac (ils n'ont rien à mettre dedans). C'étaient des hommes qui avaient besoin de chaussures, parce qu'ils étaient toujours en marche."
L'un des plus beaux chapitres est le 15, le passage intéressant pages 346 et 347, où il revient à l'endroit où des années auparavant il avait enseigné. Las, tout a changé, l'école est délabrée. Une occasion de regarder cet endroit qui a influencé le cours de sa vie, et de mettre le doigt sur l'inutilité (voire pire) de l'aide extérieure) en Afrique.
Son projet était de terminer au Cap, mission accomplie. Après le Zimbabwe, le Mozambique, et l'Afrique du sud bien sûr. Une vision désenchantée de l'Afrique urbaine, avec plus d'espoir pour les campagnes.
A mon avis un des meilleurs opus de l'auteur.
Il a fortement aimé la gare de Maputo (Gustave Eiffel y a mis sa patte) et j'avoue que...
(voir le lien)
Babelio : une critique