Fonds perdus
Bleeding Edge, 2013
Thomas Pynchon
Fiction et Cie, Seuil, 2014
Traduction de Nicolas Richard
J'ai a-do-ré.
En parcourant il y a quelques mois la liste des nouveautés de la rentrée, je n'ai noté que deux fois "il me le faut absolument" : le Padura et le Pynchon. (
je peux le prouver)
C'est sûr, Thomas Pynchon ne sera jamais au festival America. Circulent de vieilles photos de cet auteur né en 1937 -eh oui- sinon mystère. Fort heureusement existent ses romans,
Vente à la criée du Lot 49 et
Vice caché ont suffi à me faire tomber dans la marmite.
A girl je ne comprends pas que tu n'aies jamais tenté cet auteur (si?), car c'est totalement ton créneau...
Pour savoir de quoi ça parle, ma foi, vous avez l'excellente quatrième de couverture ou une récapitulation page 280 sur 440 de
Maxine l'héroïne à destination de
Horst, dont j'ignore si à ce moment il s'agit de son ex ou futur ex ("pur produit du Midwest, quatrième génération, sentimental comme un silo à grains") mais ne m'embrouillez pas, là.
"Le documentariste Reg Despard- son génie de l’informatique encore deux fois plus parano, Eric - ils repèrent des drôles de trucs dans la comptabilité de hashslingrz, OK, Reg m'en fait part, pense que c'est de mauvais augure, à un échelon global, peut-être lié au Moyen-Orient, mais ça ferait trop
X-Files ou je ne sais quoi." "Maintenant il semble que Reg ait disparu, mystérieusement, mais peut être juste parti à Seattle." "Maintenant les Fédéraux en ont aussi après
moi, soi-disant à cause de Brooke, de son mari et d'une supposée connexion avec les Mossad, qui pourrait très bien être de la pure, comment disent-ils là-bas, foutaise."
Vous n'avez pas tout compris? Ce n'est pas grave! Cela se passe à
New York (ville parcourue au fil du roman, somptueusement décrite, merveilleusement évoquée)
en 2001, après l'éclatement de la bulle Internet (oui, le 11 septembre, a-t-il été "senti" avant, et quid de la parano de certains? Le lecteur s'interroge). Nerd, geeks, hackers, ce petit monde se croise, pas toujours IRL, Maxine plonge dans DeepArcher, monde d'avatars (qui m'a fait vérifier fébrilement si Second Life existe encore; réponse : oui).
Si vous voulez une lecture plan plan avec neurones préservés, n'insistez pas. Si vous préférez du costaud, si vous adorez les personnages un peu décalés (et il y en a des dizaines, je vous passe les deux russes (euh, trois Russes), le gourou, la secrétaire, les parents de Maxine, sa sœur, le "Nez", un chauffeur de taxi, etc...), l'impression de toujours marcher un poil à côté de vos pantoufles, les dialogues au scalpel, les néologismes qui rendent chauves les traducteurs (chapeau à Nicolas Richard, tiens; j'ai repéré un joli inatthackable page 132), un poil de nostalgie et de tendresse (oui quand même), une histoire vraiment speed où l'on hésite entre virtuel et réel parfois, alors ce roman est pour vous!
Page 279, un réjouissant passage destiné aux clients IKEA (je laisse ce qui précède, sur le montage, se rendre au magasin et s'y perdre)
"Regarde ça. Un tabouret de bar, qui s'appelle Sven...? Une vieille tradition suédoise, l'hiver s'installe, la météo devient rude, au bout d'un certain temps, on se retrouve à sympathiser avec le mobilier d'une manière à laquelle on ne se serait pas attendu...?"
"Vous savez, ils existent vraiment, ces minuscules personnages qui sortent de sous le radiateur avec... avec des petits balais, et des pelles à poussière, et-
- Eric, non. Je ne veux pas en entendre parler."
"Ernie maintenant avec un regard rusé qu'elle connaît bien, 'si tu ne veux pas de ce bout de gâteau, là-'
'Du moment que tu expliques à Lennox Hill les blessures par fourchette' "
Les avis chez
Babelio ,
Fric Frac Club,
Ted, (que des mecs on dirait; je m'interroge sur mes goûts lecture)
Un article de
Telerama, avec intervention du traducteur (passionnant), un article de
Slate,