Dictionnaire amoureux de Marcel Proust
Jean-Paul et Raphaël Enthoven
Plon Grasset, 2013
De Agonie à Zinedine (si, si!), ce sont 700 pages à la fois érudites et gouleyantes qui attendent le proustien pas trop néophyte tout de même. Les deux auteurs, père et fils (pour répondre tout de suite à la possible question, sachez que c'est le fils qui m'a dédicacé ce livre l'année dernière) se sont lancés sans peur dans ce tout Proust ou presque, forcément subjectif. Leurs choix sont là, même si les incontournables entrées sont présentes : Albertine, Asthme, Baiser (du soir), Cocteau (Jean), Grand Hôtel, Homosexualité, Judaïsme, etc... Moins attendus : CGT, CQFD (Ceux Qui Franchement Détestent), Kabbale, Motordu (Prince et princesse de) et Zinedine...
Quelques exemples
Asperge
Le collectionneur russe Charles Ephrussi avait commandé en 1880 à Manet une nature morte représentant une botte d'asperges, pour la somme de 800francs. À la réception de l’œuvre, il lui en donne 1 000. Manet décide alors d'offrir un nouveau tableau, de plus petites dimensions, à son généreux commanditaire, qu'il lui envoie accompagné du billet suivant : « Il en manquait une à votre botte. » (texte pris sur wikipedia)
CQFD : Anatole France : "La vie est trop courte et Proust est trop long."
Gallica.bnf.fr : pour voir les manuscrits...
Hahn (Reynaldo) Une des rares séquences émotion dans ce livre;
Hapax (désigne un mot qui n'a qu'une seule occurrence dans la littérature), et chez Proust : barbotis, cacographie, condoléancer, copiateurs, courbaturé, encauchemardée, escroqueuse, installage, louisphilippement, migrainer, patoiseur, poudrederizée, tigelé, trompaiiller, vibratilité, ... (je ne vous dis pas l'énervement affolé de mon correcteur orthographique)
Madeleine (Jacques) : incroyable mais vrai, le premier lecteur professionnel et consciencieux de Proust s'appelait ainsi! J'en profite pour ajouter que l'héroïne de François le Champi, que le narrateur lisait dans son enfance, s'appelle Madeleine. On n'en sort pas.
Motordu (Prince et princesse de), semble-t-il dignes descendants de Françoise et du directeur du Grand Hôtel de Balbac
Olfaction (et émotion)
"la psychologie expérimentale a, depuis longtemps, établi un lien solide entre ce que l'on sent et ce que l'on ressent. Par gratitude, elle a elle-même nommé "syndrome de Proust" le va-et-vient complexe qui, né dans les narines ou le palais, s'empresse de vivifier des émotions tapies dans le cerveau archaïque.
A cet égard, il est avéré que les odeurs sont des stimuli sensoriels de première force et que les perceptions de l'enfance s'y incrustent mieux que si elles avaient été recueillies par d'autres organes." (le reste est fort intéressant aussi)
Ouin-ouin
Voir chez les Boloss des Belles Lettres (je n'ai ni tout lu ni tout compris)
En parle : Valérie, ici et là
Jean-Paul et Raphaël Enthoven
Plon Grasset, 2013
De Agonie à Zinedine (si, si!), ce sont 700 pages à la fois érudites et gouleyantes qui attendent le proustien pas trop néophyte tout de même. Les deux auteurs, père et fils (pour répondre tout de suite à la possible question, sachez que c'est le fils qui m'a dédicacé ce livre l'année dernière) se sont lancés sans peur dans ce tout Proust ou presque, forcément subjectif. Leurs choix sont là, même si les incontournables entrées sont présentes : Albertine, Asthme, Baiser (du soir), Cocteau (Jean), Grand Hôtel, Homosexualité, Judaïsme, etc... Moins attendus : CGT, CQFD (Ceux Qui Franchement Détestent), Kabbale, Motordu (Prince et princesse de) et Zinedine...
Quelques exemples
Asperge
Musée d'Orsay |
CQFD : Anatole France : "La vie est trop courte et Proust est trop long."
Gallica.bnf.fr : pour voir les manuscrits...
Imprimeur, un métier! |
Hapax (désigne un mot qui n'a qu'une seule occurrence dans la littérature), et chez Proust : barbotis, cacographie, condoléancer, copiateurs, courbaturé, encauchemardée, escroqueuse, installage, louisphilippement, migrainer, patoiseur, poudrederizée, tigelé, trompaiiller, vibratilité, ... (je ne vous dis pas l'énervement affolé de mon correcteur orthographique)
Madeleine (Jacques) : incroyable mais vrai, le premier lecteur professionnel et consciencieux de Proust s'appelait ainsi! J'en profite pour ajouter que l'héroïne de François le Champi, que le narrateur lisait dans son enfance, s'appelle Madeleine. On n'en sort pas.
Motordu (Prince et princesse de), semble-t-il dignes descendants de Françoise et du directeur du Grand Hôtel de Balbac
Olfaction (et émotion)
"la psychologie expérimentale a, depuis longtemps, établi un lien solide entre ce que l'on sent et ce que l'on ressent. Par gratitude, elle a elle-même nommé "syndrome de Proust" le va-et-vient complexe qui, né dans les narines ou le palais, s'empresse de vivifier des émotions tapies dans le cerveau archaïque.
A cet égard, il est avéré que les odeurs sont des stimuli sensoriels de première force et que les perceptions de l'enfance s'y incrustent mieux que si elles avaient été recueillies par d'autres organes." (le reste est fort intéressant aussi)
Ouin-ouin
Voir chez les Boloss des Belles Lettres (je n'ai ni tout lu ni tout compris)
En parle : Valérie, ici et là
Bien sûr il est sur mes étagères, un petit bémol, je les trouve tous les deux un rien condescendants comme si seuls les lecteurs de Proust étaient des lecteurs sérieux et intelligents, grrr ça m'agace mais sur le fond de ce dico je m'incline, il y a pas mal de choses à piocher
RépondreSupprimerTu m'en avais déjà fait part, de cette impression de condescendance (je n'y ai pas fait trop attention en lisant). Un volume à avoir chez soi pour y piocher à loisir, exact.
SupprimerJe pense me l'offrir pour Noël....
RépondreSupprimerN'hésitez pas à vous faire ce plaisir!
SupprimerPas encore sauté le pas de m'offrir "Un amour de Swan" que tu m'as conseillé pour commencer. Par contre j'ai repéré un Dictionnaire amoureux du piano qui m'intéresse beaucoup !
RépondreSupprimerMa pauvre, je te comprends. ^_^ Figure toi que j'ai acheté un Dictionnaire amoureux de l'opéra (on se demande pourquoi ) et lorgne à la bibli sur un Dictionnaire amoureux des chats.
SupprimerDommage, je ne supporte ni le père ni le fils dans cette famille, mais si je le vois, je l'emprunterais volontiers...
RépondreSupprimerJe n'en ai vu qu'un et les connais peu par ailleurs (ils ont l'air people quand même, non?)
SupprimerTu ne pouvais que l'acheter celui-là .. j'y penserai à l'occasion, à la bibliothèque, mais j'ai déjà tellement entendu le fils sur le sujet, à la radio ..
RépondreSupprimerIls ont l'air d'être des "pros" de Proust, en effet...
SupprimerIl était dans la s&lection ELLE l'an dernier et s'est fait sortir, je peux te dire que les jurées Elle étaient moyennement proustiennes dans l'âme. Je crois que Valérie en a récupéré un exemplaire...j'ai hâte de découvrir Proust tu sais ;-)
RépondreSupprimerDans la sélection Elle? Ouh là! En document sans doute. Comme je le suggère, il vaut mieux être proustien et avoir déjà lu un peu de Proust avant, ce qui limite un peu le public. N'hésite pas à t'y lancer, c'est fort agréable (à part des pages plus philo où je n'ai pas vraiment essayé de pénétrer en profondeur)
SupprimerProust ne cesse d'être une source d'inspiration.
RépondreSupprimerPour le meilleur en général, reconnaissons-le (il faut déjà oser s'y attaquer!)
SupprimerJ'aime beaucoup cette collection. Enthoven (fils) était passé à la Grande Librairie lors d'une spéciale Proust, et ce qu'il disait était assez intéressant !
RépondreSupprimerLui et son père connaissent fort bien le sujet (et ils ne sont pas toujours d'accord!)
SupprimerUne collection que je commence à lire, oui, j'ai acheté celui sur l'opéra et repéré celui sur les chats (il y a vraiment tous les sujets!)
Je l'ai aussi bien sûr, il traîne sur la table du salon et je l'ouvre à n'importe quelle page régulièrement ! Et bien sûr je me régale :-)
RépondreSupprimerQuant aux Enthoven père et fils, on en a beaucoup parlé à propos de Carla Bruni (vous vous doutez à propos de quoi...), ils manquent de modestie, certes, mais ça ne se sent pas trop dans ce livre ;-)
Je suis ravie que cette jolie Carla ait trouvé actuellement la stabilité amoureuse (oui, je suis midinette)... Le père et le fils, voyons voyons? ^_^
SupprimerExact, cette collection peut se lire en picorant... (que voilà un salon de bon goût ^_^)
Petite gourmandise littéraire à offrir et à se faire offrir :)
RépondreSupprimerJ'ai opté pour le "à s'offrir"...
SupprimerHaha j'adore Anatole France.;-) Bon, je crois qu'il vaut mieux que je me concentre sur le projet "lire Proust un jour", plutôt que ce dictionnaire, même s'il semble savoureux.
RépondreSupprimerOn en a déjà parlé... Pour Un amour de Swan, de longueur correcte, lui!
SupprimerUn livre qui ne peut être emprunté, il faut l’avoir chez soi à demeure pour y piocher de-ci, de-là. Je le guette en prix d’occasion chez Gibert…
RépondreSupprimerHum, cela voudrait dire qu'un lecteur s'en déferait? Une erreur de casting, alors... Car pas question que je cède le mien!
SupprimerVraiment, même si c'est amusant et instructif, je ne sais pas si c'est la manière la plus tentante (pour moi) de côtoyer Proust. Malgré toute mon admiration pour l'érudition des auteurs, et particulièrement Raphaël que j'ai écouté sur Proust en février.
RépondreSupprimerJe ne comprends pas ce que cette histoire d'asperge et Manet vient faire avec Proust ?
Il y a sur mon étagère "Proust fantôme" de Jérôme Prieur. L'avez-vous lu ? J'hésite à me lancer dedans et je devrai bientôt le rendre en bibliothèque.
SupprimerComme le livre et l'auteur étaient sous mes yeux, je n'ai pas résisté! Une lecture plaisante et instructive, qui s'ajoute sans doute à d'autres sur des thèmes similaires. Si vous avez l'impression de ne pas accrocher la présentation forcément subjective en Dictionnaire, ne forcez pas, je sais que vous avez d'autres livres sous la main...
SupprimerJe cherche, et ... mais oui, les fameuses asperges! Chez Tante Léonie je crois me souvenir, et puis l'odeur ensuite;.. (Proust ne laisse pas de côté des détails de ce genre ^_^)
"mon ravissement était devant les asperges, trempées d’outre-mer et de rose et dont l’épi, finement pignoché de mauve et d’azur, se dégrade insensiblement jusqu’au pied — encore souillé pourtant du sol de leur plant — par des irisations qui ne sont pas de la terre. Il me semblait que ces nuances célestes trahissaient les délicieuses créatures qui s’étaient amusées à se métamorphoser en légumes et qui, à travers le déguisement de leur chair comestible et ferme, laissaient apercevoir en ces couleurs naissantes d’aurore, en ces ébauches d’arc-en-ciel, en cette extinction de soirs bleus, cette essence précieuse que je reconnaissais encore quand, toute la nuit qui suivait un dîner où j’en avais mangé, elles jouaient, dans leur farces poétiques et grossières comme une féerie de Shakespeare, à changer mon pot de chambre en un vase de parfum."
Ensuite sans doute cette anecdote avec Manet? Charles Ephrussi étant ami de Proust, vous voyez qu'il y a quand même un lien.
Je ne peux éclairer votre lanterne, ce livre m'est inconnu. Feuilletez-le?
SupprimerJ'avais démarré Les enquêtes de Monsieur Proust de Pierre-Yves Leprince mais même si l'ambiance proustienne était parfaite, j'ai trouvé cela longuet, à force.
Oui merci Keisha, je sais qu'il est question d'asperges chez Proust. Mais pour le moment, je ne me sens pas retourner vers Proust de cette manière-là, sans doute parce que je ne l'ai pas assez lu ?
SupprimerJe me doute bien que vous avez de bonnes bases proustiennes! Ne vous forcez pas à lire "autour de Proust", si le texte lui même vous offre toute satisfaction.
SupprimerCa te plait?
RépondreSupprimerGrâce à Galéa, un autre receuil, celui qui réunit les chroniques de France Inter sur Proust m'attend.
Bien sûr, sur Proust, je lis ce qui me tombe sous la main! ^_^
SupprimerOn m'a offert le même petit volume des chroniques de FI, mais pas encore commencées...
J'avoue que je ne suis pas une fan de Proust malgré ses qualités immenses d'écrivain. Il m'a vraiment parfois ennuyée.
RépondreSupprimerDes longueurs, mais pas forcément les mêmes à chaque lecture, eh oui... Je connaissais quelqu'un qui sautait des passages, alors ose!
SupprimerPas encore lu ce Dictionnaire, ni relu La Recherche - ô temps suspends ton vol...
RépondreSupprimerNous sommes tous à la recherche de temps, ça c'est sûr... ^_^
Supprimerdéjà vu mais pas lu... sacrément tentée quand même !
RépondreSupprimerIl peut se lire par morceaux, tranquillement...
SupprimerC'est une curiosité pour moi un tel dictionnaire, je ne suis pas assez adepte de Proust pour m'y plonger. Mais je t'admire, en plein travaux, de te plonger dans cette manne ! (à moins que ce ne soit un refuge :D )
RépondreSupprimer@ Anne : Je t'encourage à lire Un amour de Swann.
Ce gros bouquin a été lu il y a bien des semaines... Mais en pleins travaux comme tu dis, je lorgne sur d'autres pavés quand même!
SupprimerJe recommande aussi Un amour de Swann à ceux qui craignent l’œuvre complète.
tu piques ma curiosité et mon envie , mais je me demande ce que ça rajoute à la lecture de la recherche qui me captive depuis si longtemps
RépondreSupprimerCela ajoute de connaître des détails insoupçonnés (d'intérêt divers parfois), de se remémorer de beaux passages, d'en remettre une couche dans la proustolâtrie... ^_^
SupprimerAaah Proust ! Le roi de la biffure sur manuscrit comme le montre la photo... Merci pour ce billet.
RépondreSupprimerHélas l'ordinateur est arrivé, on n'a plus ce genre de documents. ^_^ Tant mieux pour les éditeurs et leurs lecteurs, quand même.
SupprimerMoi, j'ai reçu le dictionnaire amoureux de la Chine. Il doit bien faire mille pages! Quand lirai-je tout ça?
RépondreSupprimerBonne fin de soirée.
Petit à petit, li après li. ^_^
SupprimerJe viens de constater que mon Dictionnaire amoureux de l'opéra est aussi gros!!! Même pas peur!
Mon papa me l'a offert celui-là, c'est du bonbon :-) j'adooooore
RépondreSupprimerAvec tout ce qu'il y a d'écrit autour de Proust, tu peux te régaler (et les idées cadeaux, facile pour la famille! ^_^)
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