Notre quelque part
Tail of the Blue Bird
Nii Ayikwei Parkes
Zulma, 2014
Traduction de Sika Fakambi
A découvrir absolument.
Écoutons d'abord le vieux Yao Poku, chasseur d'un village au fin fond de la forêt ghanéenne...
"On se ne plaint pas. Il fait bon vivre au village. La concession de notre chef n'est pas loin et nous pouvons lui demander audience pour toutes sortes d'affaires. Il n'y a que douze familles dans le village, et nous n'avons pas d’embêtements. Sauf avec Kofi Atta."
"Nous étions à notre quelque part quand ils sont arrivés. D'abord la fille avec ses yeux qui ne voulaient pas rester en place. Hmm, puisque tu es là, laisse moi te raconter. Les ancêtres disent que la vérité est courte mais, sεbi, si l'histoire est mauvaise, alors même la vérité va s'étaler comme un crapaud écrasé par une voiture sur une de ces routes qu'ils sont en train de construire."
La fille pénètre dans la case de Kofi Atta, où elle découvre des restes peu ragoûtants.
"Elle portait une façon de jupe petit petit là. Et ça montrait toutes ses cuisses, sεbi, mais les jambes de la fille étaient comme les pattes de devant de l'enfant de l'antilope -maaaigre seulement! (C'est plus tard que j'ai appris qu’elle était la chérie d'un certain ministre. Hmm. Ce monde est très étonnant.) Son chauffeur portait kaki de haut en bas comme les colons d'en temps d'avant, et il voulait la calmer, mais la fille secouait la tête et il voulait la calmer, mais la fille secouait sa tête et elle criait seulement. Après un peu ,elle a repris force et elle a commencé à courir vers une voiture claire façon qui était au bord de la route. Et le chauffeur poursuivait son derrière comme la poussière. "
Sans cette fille et ses connaissances haut placées, les villageois auraient certainement réglé l'affaire à leur façon, mais voilà, maintenant la police doit intervenir, et faire appel à Kayo Odamtten, jeune médecin légiste fraîchement revenu d'Angleterre, qui végète un peu dans un laboratoire d'analyses, et doit être convaincu (manu militari!) de se rendre au village.
Une fois là, après une hilarante séance genre "Les Experts" dans la case de Kofi Atta, Kayo se laisse prendre au vin de palme (un peu arrangé), aux palabres dans la buvette locale autour de bons petits plats locaux et aux histoires racontées par les villageois...
Au delà de l'histoire policière dont la conclusion laisse le lecteur dans la réflexion, il faut lire ce chouette roman pour l'ambiance de la grande ville d'Accra, grouillante et quelque peu corrompue, et surtout la vie dans ce village traditionnel, où finalement il fait bon vivre traditionnellement, relié au monde par la radio seulement. Pour avoir traîné mes sandales dans ces coins là, je confirme avoir retrouvé des détails vrais. Ne serait-ce que le conseil d'aller d'abord saluer le chef du village et de ne pas brusquer la litanie des salutations...
Quant à la traduction, bravo! Une partie de la narration est visiblement en anglais plus classique, mais la saveur de la langue, surtout celle de Yao Poku, est excellemment préservée par l'utilisation du français de Côte d'Ivoire (la "go", par exemple, ces façons de traîner sur les syllabes, etc...).
Les avis de Hélène,
Tail of the Blue Bird
Nii Ayikwei Parkes
Zulma, 2014
Traduction de Sika Fakambi
A découvrir absolument.
Écoutons d'abord le vieux Yao Poku, chasseur d'un village au fin fond de la forêt ghanéenne...
"On se ne plaint pas. Il fait bon vivre au village. La concession de notre chef n'est pas loin et nous pouvons lui demander audience pour toutes sortes d'affaires. Il n'y a que douze familles dans le village, et nous n'avons pas d’embêtements. Sauf avec Kofi Atta."
"Nous étions à notre quelque part quand ils sont arrivés. D'abord la fille avec ses yeux qui ne voulaient pas rester en place. Hmm, puisque tu es là, laisse moi te raconter. Les ancêtres disent que la vérité est courte mais, sεbi, si l'histoire est mauvaise, alors même la vérité va s'étaler comme un crapaud écrasé par une voiture sur une de ces routes qu'ils sont en train de construire."
La fille pénètre dans la case de Kofi Atta, où elle découvre des restes peu ragoûtants.
"Elle portait une façon de jupe petit petit là. Et ça montrait toutes ses cuisses, sεbi, mais les jambes de la fille étaient comme les pattes de devant de l'enfant de l'antilope -maaaigre seulement! (C'est plus tard que j'ai appris qu’elle était la chérie d'un certain ministre. Hmm. Ce monde est très étonnant.) Son chauffeur portait kaki de haut en bas comme les colons d'en temps d'avant, et il voulait la calmer, mais la fille secouait la tête et il voulait la calmer, mais la fille secouait sa tête et elle criait seulement. Après un peu ,elle a repris force et elle a commencé à courir vers une voiture claire façon qui était au bord de la route. Et le chauffeur poursuivait son derrière comme la poussière. "
Sans cette fille et ses connaissances haut placées, les villageois auraient certainement réglé l'affaire à leur façon, mais voilà, maintenant la police doit intervenir, et faire appel à Kayo Odamtten, jeune médecin légiste fraîchement revenu d'Angleterre, qui végète un peu dans un laboratoire d'analyses, et doit être convaincu (manu militari!) de se rendre au village.
Une fois là, après une hilarante séance genre "Les Experts" dans la case de Kofi Atta, Kayo se laisse prendre au vin de palme (un peu arrangé), aux palabres dans la buvette locale autour de bons petits plats locaux et aux histoires racontées par les villageois...
Au delà de l'histoire policière dont la conclusion laisse le lecteur dans la réflexion, il faut lire ce chouette roman pour l'ambiance de la grande ville d'Accra, grouillante et quelque peu corrompue, et surtout la vie dans ce village traditionnel, où finalement il fait bon vivre traditionnellement, relié au monde par la radio seulement. Pour avoir traîné mes sandales dans ces coins là, je confirme avoir retrouvé des détails vrais. Ne serait-ce que le conseil d'aller d'abord saluer le chef du village et de ne pas brusquer la litanie des salutations...
Quant à la traduction, bravo! Une partie de la narration est visiblement en anglais plus classique, mais la saveur de la langue, surtout celle de Yao Poku, est excellemment préservée par l'utilisation du français de Côte d'Ivoire (la "go", par exemple, ces façons de traîner sur les syllabes, etc...).
Les avis de Hélène,
J'ai ajouté ce livre à ma LAL après avoir vu la photo de sa traductrice (elle ressemble beaucoup à une de mes amies). J'ai téléchargé le lexique sur le site de Zulma, mais je lirai certainement ce livre en anglais (mais il faudra que je lise un jour la traduction). Tiens ! Je le réserve tout de suite à la bibliothèque !
RépondreSupprimer(la honte, je ne suis pas allée voir la photo, euh c'est une dame... ah oui, une Béninoise -vive le Bénin!- et elle a été primée pour sa traduction - à juste titre)
SupprimerJe ne suis même pas allée voir le lexique, cela n'a pas entravé ma lecture (et le plaisir)
Je ne sais pas trop s'il me plairait .. j'hésite.
RépondreSupprimerSi tu le vois, tente l'aventure, cela change vraiment des lectures habituelles...
SupprimerJe l'ai noté depuis que je l'ai vu mis en avant chez un de mes libraires... (mais que j'avais acheté autre chose) bref, il est noté, et je le lirai, c'est sûr !
RépondreSupprimerChic, chic : bonne lecture (et tente les biblis, en fait, il est dans mes deux biblis)(bon signe)
SupprimerTrès tentant ! Je note le titre de ce livre, j'aime ce mélange des langues et cette façon de parler. Les éditions Zulma font vraiment un chouette travail.
RépondreSupprimerDu grand art, en effet! Cette rentrée chez Zulma est riche, j'ai déjà deux autres titres notés.
SupprimerHors du commun n'est ce pas ? J'ai beaucoup aimé !
RépondreSupprimerUn vrai régal!
SupprimerIl est en commande.
RépondreSupprimerBonne lecture alors (sans trop trop tarder je vous l'espère)
SupprimerLa littérature africaine contemporaine m’intéresse beaucoup, et le travail de Zulma, aussi, et ce que tu en dis ... Encore plus ! Je note, merci.
RépondreSupprimerUne bonne surprise (mais Zulma plus l'Afrique actuelle, ça mérite le détour)
SupprimerEn tout cas tu le défends, et tu es c'est vrai une voyageuse...
RépondreSupprimerJe constate aussi que cette vision de l'Afrique de l'intérieur sonne juste.
SupprimerCe livre ne me dit pas grand-chose mais bon, je ne connais pas.
RépondreSupprimerBon vendredi.
Il est tout récent récent!
SupprimerBon week end!
Il a tout ce qu'il faut pour me plaire celui-là !
RépondreSupprimerTu as tout compris, j'espère le voir bientôt sur ton blog.
SupprimerAha ! Là oui je note. Tiens, côté Zulma, je suis dans Epépé en ce moment. J'adore !! ^^
RépondreSupprimerAaaaaaaaaaaah Epépé une grande expérience de lecture! j'attends ton avis.
SupprimerQuant au Ghanéen , n'hésite pas (et ça fait un pays de plus!)
Comme cette collection est très jolie je crois que je vais me l'offrir au lieu de la chercher à la bibliothèque
RépondreSupprimerZulma et ses couvertures colorées... ^_^
SupprimerTout pareil que Jérôme ! Il a tout pour me tenter ce livre-là :-D
RépondreSupprimerAllez, un peu de voyage ne peut faire de mal!
SupprimerPunaise, trois fois que je lis ton billet, et je ne comprends pas. La fille tombe sur un cadavre c'est ça?
RépondreSupprimerBon peu importe, parce que globalement, ça me plait ce que tu en dis, donc je note (j'aime quand on restitue des ambiances)
Bises
Oui, la fille (qui poursuivait un oiseau, si j'ai bien compris) tombe sur un truc bizarre dans la case, sort en criant, et c'est le début des événements. Après tout, peu importe, tu as raison, question ambiance on y est vraiment...
Supprimerimpossible d'accrocher aux romans sur l'Afrique, même les meilleurs n'arrivent pas à m'intéresser dommage dommage
RépondreSupprimerMême un roman drôle garanti sans guerre, famine ou autre?
SupprimerZulma en général j'aime ! Mais les romans africains j'ai plus de mal... comme Dominique. Et pourtant, tu en parles tellement bien que je suis tentée d'essayer encore !!! Ah quelle tentatrice tu fais !
RépondreSupprimerOn est en vraie pleine Afrique, OK, mais certaines réflexions peuvent s'appliquer à notre coin connu.
SupprimerOn me l'a déjà doublement et fortement conseillé, tu en rajoutes une couche...
RépondreSupprimerHum, je devine le nom des tentateurs, ou bien ? (là mes habitudes de langues africaines remontent, cet "ou bien" est pile poil dans le ton)
SupprimerNotre quelque part, le titre en lui-même est déjà un bon roman. Ce qui étonne est 'aspect «phonétique» de la langue de Côte d'Ivoire.
RépondreSupprimerEn Côte d'Ivoire on parle pas mal de langues, et aussi un français fort correct, avec parfois (volontairement ou non) des habitudes telles qu'allonger les syllabes. Exemple :" il a couru jusqu'ààààà" ou "il a parlé jusqu'à fatigué". Il existait quand j'y étais des journaux satiriques écrits dans cette langue savoureuse. Aya de Yopougon est une série (bande dessinée) qui en donne un bon exemple. Mais, je le répète, pour ce que j'en sais, les gens ne parlent pas tout le temps ainsi.
SupprimerBon, évidemment je suis tentée surtout si cela se passe au Ghana et à Accra. Après, le côté policier africain me chiffonne un peu; j'accroche moyen au genre "policier rigolo et naïf". Ton billet et ce que tu dis de la traduction me rassure un peu. On verra bien!
RépondreSupprimerLe côté polar n'est franchement pas le principal, je pense que tu sera d'accord avec moi (lis le!). J'ai adoré me balader à Accra, et dans ce village. Non, non, pas de naïveté et de gros sabots.
Supprimerle thème ne me tentais pas vraiment, mais tu donnes très envie!
RépondreSupprimerC'est l'effet Zulma! ^_^
SupprimerComme Eimelle, le thème, plus ou moins... mais pour la traduction ,je ne dis pas non!
RépondreSupprimerJe me suis régalée avec ce roman!!! Tu devrais toi aussi aimer cette langue savoureuse.
SupprimerQuel extraordinaire polar : exotique et réjouissant ! (Dame Armande qui a opéré sa mue et s'est métamorphosée en Albertine)
RépondreSupprimerOh mais je vois qu'on a encore des goûts communs! Ce polar mérite de faire une jolie carrière, mais les lecteurs sont parfois frileux.
SupprimerJe vais voir ta mue en héroïne proustienne...