L'île du Point Némo
Jean-Marie Blas de Roblès
Zulma, 2014
Cher lecteur, vous voulez un bon gros roman dont les 458 pages se lisent en un week end hivernal? oublier votre quotidien? voyager avec des personnages hauts en couleur? L'île du Point Nemo vous attend.
Un Vingt mille lieues sous les mers revisité (avec Nautilus bien sûr) et pour parvenir à cette fameuse île, un périple à la hauteur du Tour du monde en quatre-vingts jours (il n'y a a pas que du Verne là-dedans, puisque des personnages se nomment Holmes ou Bonacieux, mais vous avez compris le principe). Nos héros se tirent de toutes les situations ("Comment nos amis se retrouvèrent indemnes et par quels expédients ils réussirent à continuer leur voyage jusqu'à destination, c'est ce que nous nous permettrons d'omettre pour ne pas rallonger inutilement notre récit."), peuvent tout financer et devinent les codes secrets les plus tordus en bénéficiant d'un flair peu crédible. (Et alors?). Vous apprendrez des techniques utiles - ou pas ("Si certains lecteurs ont eu à enflammer un manchot mort au cours de leur existence, il ne fait guère de doute qu'ils se comptent sur les doigts d'une main. C'est donc pour l'immense majorité des autres que nous détaillerons la manière de procéder."). Vous connaîtrez un voyage un peu mouvementé dans le Transsibérien ("C'est à cet instant qu'un éléphant s'abattit sur la voiture 5")(je ne me lasse pas de cette phrase). Vous retrouverez peut-être un diamant volé.
Pas mal, non?
Mais ce n'est pas tout.
Une autre intrigue, sise dans le Périgord, se noue à la précédente. On sait assez vite comment, mais au fil du roman des détails communs apparaissent. A vous de découvrir lesquels, au fil de péripéties étonnantes, jubilatoires, baroques. Blas de Roblès possède une érudition (et une imagination) sans limites. La tradition de lecture à voix haute dans les fabriques de cigares à Cuba et ses descriptions d'animaux des grandes profondeurs sont exactes, mais pour d'autres détails, je n'en sais rien. Je n'ai pas voulu chercher non plus, préférant me perdre dans ces noms de groupuscules (juste cherché l'horloge du Panthéon...).
Dans l'usine de Monsieur Wang, on fabrique de drôles de liseuses:
"Du point de vue des éditeurs, il s'agissait simplement de produits d'appel pour vendre ensuite leurs nouveautés. Pour les concepteurs de liseuses, cela n'avait aucune espèce d'utilité. Le temps que les acheteurs ouvrent leur e-books, ne serait-ce que pour les feuilleter, et on aurait changé trois fois de tablettes et de normes de fichiers. L'important, ce n'était même pas qu'ils achètent des livres numériques récemment parus, mais qu'ils achètent encore et encore la possibilité de les acheter. Le même système que partout ailleurs, et qui fonctionnait à vide, comme le reste de l'économie. La bibliothèque numérique n'était qu'une variation moderne du péché d’orgueil, celui de parvenus pressés d'exhiber leur prospérité, s'entourant de livres tape-à-l'oeil - voire de simples reliures vides - qu'ils n'avaient jamais lus et ne liraient jamais"
On peut se perdre?
"Toute phrase écrite est un présage. Si les événements sont des répliques, des recompositions plus ou moins fidèles d'histoires déjà rêvées par d'autres, de quel livre oublié, de quel papyrus, de quelle tablette d'argile nos propres vies sont-elle le calque grinçant?"
Sans vouloir tout révéler de la brillante machinerie du roman, citons:
"Tout se passe comme s'il n'y avait qu'une seule histoire à raconter, un seul récit dont certains pans ressurgissent par bribes, se complètent ou se nient au fur et à mesure qu'ils affleurent à la mémoire. La longue approche en hélice d'un cœur sombre qui ne se laisse deviner que par la récurrence de motifs obstinés et mystérieux."
Même si j'ai pensé aussi au ruban de Möbius
Les avis de Hélène (j'ai zappé les scènes auxquelles tu penses, l'auteur prévient, d'ailleurs), Yv, Papillon, tous d'accord pour vous dire : foncez!
Jean-Marie Blas de Roblès
Zulma, 2014
Cher lecteur, vous voulez un bon gros roman dont les 458 pages se lisent en un week end hivernal? oublier votre quotidien? voyager avec des personnages hauts en couleur? L'île du Point Nemo vous attend.
Un Vingt mille lieues sous les mers revisité (avec Nautilus bien sûr) et pour parvenir à cette fameuse île, un périple à la hauteur du Tour du monde en quatre-vingts jours (il n'y a a pas que du Verne là-dedans, puisque des personnages se nomment Holmes ou Bonacieux, mais vous avez compris le principe). Nos héros se tirent de toutes les situations ("Comment nos amis se retrouvèrent indemnes et par quels expédients ils réussirent à continuer leur voyage jusqu'à destination, c'est ce que nous nous permettrons d'omettre pour ne pas rallonger inutilement notre récit."), peuvent tout financer et devinent les codes secrets les plus tordus en bénéficiant d'un flair peu crédible. (Et alors?). Vous apprendrez des techniques utiles - ou pas ("Si certains lecteurs ont eu à enflammer un manchot mort au cours de leur existence, il ne fait guère de doute qu'ils se comptent sur les doigts d'une main. C'est donc pour l'immense majorité des autres que nous détaillerons la manière de procéder."). Vous connaîtrez un voyage un peu mouvementé dans le Transsibérien ("C'est à cet instant qu'un éléphant s'abattit sur la voiture 5")(je ne me lasse pas de cette phrase). Vous retrouverez peut-être un diamant volé.
Pas mal, non?
Mais ce n'est pas tout.
Une autre intrigue, sise dans le Périgord, se noue à la précédente. On sait assez vite comment, mais au fil du roman des détails communs apparaissent. A vous de découvrir lesquels, au fil de péripéties étonnantes, jubilatoires, baroques. Blas de Roblès possède une érudition (et une imagination) sans limites. La tradition de lecture à voix haute dans les fabriques de cigares à Cuba et ses descriptions d'animaux des grandes profondeurs sont exactes, mais pour d'autres détails, je n'en sais rien. Je n'ai pas voulu chercher non plus, préférant me perdre dans ces noms de groupuscules (juste cherché l'horloge du Panthéon...).
Dans l'usine de Monsieur Wang, on fabrique de drôles de liseuses:
"Du point de vue des éditeurs, il s'agissait simplement de produits d'appel pour vendre ensuite leurs nouveautés. Pour les concepteurs de liseuses, cela n'avait aucune espèce d'utilité. Le temps que les acheteurs ouvrent leur e-books, ne serait-ce que pour les feuilleter, et on aurait changé trois fois de tablettes et de normes de fichiers. L'important, ce n'était même pas qu'ils achètent des livres numériques récemment parus, mais qu'ils achètent encore et encore la possibilité de les acheter. Le même système que partout ailleurs, et qui fonctionnait à vide, comme le reste de l'économie. La bibliothèque numérique n'était qu'une variation moderne du péché d’orgueil, celui de parvenus pressés d'exhiber leur prospérité, s'entourant de livres tape-à-l'oeil - voire de simples reliures vides - qu'ils n'avaient jamais lus et ne liraient jamais"
On peut se perdre?
"Toute phrase écrite est un présage. Si les événements sont des répliques, des recompositions plus ou moins fidèles d'histoires déjà rêvées par d'autres, de quel livre oublié, de quel papyrus, de quelle tablette d'argile nos propres vies sont-elle le calque grinçant?"
Sans vouloir tout révéler de la brillante machinerie du roman, citons:
"Tout se passe comme s'il n'y avait qu'une seule histoire à raconter, un seul récit dont certains pans ressurgissent par bribes, se complètent ou se nient au fur et à mesure qu'ils affleurent à la mémoire. La longue approche en hélice d'un cœur sombre qui ne se laisse deviner que par la récurrence de motifs obstinés et mystérieux."
Même si j'ai pensé aussi au ruban de Möbius
Les avis de Hélène (j'ai zappé les scènes auxquelles tu penses, l'auteur prévient, d'ailleurs), Yv, Papillon, tous d'accord pour vous dire : foncez!
Je suis déçue, parce que l'auteur qui devait venir la semaine prochaine dans ma librairie a annulé ! bon, je ne lui en veux pas et j'ai noté son roman quand même :-))
RépondreSupprimerDommage dommage... Quoique cela te laissera le temps de lire ce roman, si l'auteur vient un jour?
SupprimerJe n'ai lu que deux courts romans de l'auteur, que j'avais aimé tous les deux... Je le lirai, mais bon, je suis déjà dans un pavé en ce moment, ça attendra un peu ! ;-)
RépondreSupprimerJe n'avais lu que le premier (très très pavé...) et je vois qu'il m'en reste deux, alors?
SupprimerQuant aux pavés, j'ai attaqué Le fils dans la foulée, et là c'est encore plus copieux... ^_^
je n'ai pas été passionné par ses précédents romans mais là le rapport à Jules Verne me tente bien
RépondreSupprimerC'est foisonnant, baroque... Mais tu retrouveras tes marques avec les romans d'aventure du 19ème siècle!
Supprimerallez pourquoi pas ?
RépondreSupprimerUn week end froid et pluvieux, et hop, c'est bon...
Supprimerok je fonce (bientôt...)
RépondreSupprimerChic chic, j'espère que tu marcheras!
SupprimerJe l'avais déjà noté dans mon calepin des "livres à lire" et cette critique conforte mon opinion favorable...
RépondreSupprimerJe l'avais dans ma liste "à lire absolument, ou en tout cas, en priorité". Fait, et je suis ravie.
SupprimerEntièrement d'accord avec toi pour dire "foncez" ! Un de mes préférés de cette rentrée littéraire avec du souffle, de l'imagination et une belle écriture.
RépondreSupprimerCela fait énormément de bien, par les temps qui courent... ^_^
SupprimerNote : j'ai du mal à maîtriser Google+, je me suis inscrite, mais sans rien garantir.
Ce roman divise, j'ai l'impression. Je connais plusieurs personnes qui ne l'ont pas fini. Et toi même, tu dis avoir sauté des passages.
RépondreSupprimerJ'ai sauté un seul passage, deux pages, sur le conseil de l'auteur (les parties à trois, pas trop mon truc). Allez, fais toi ton opinion, ce serait dommage de se priver d'un chouette roman.
SupprimerAlors, toi, tu sais vendre un livre !!! Bravo pour la mise en bouche.
RépondreSupprimerLes billets lus étaient déjà bien tentants. Ce qui ne suffit pas, d'accord, et ensuite je peux dire que vraiment ça m'a plu.
SupprimerEh bé Keisha, même planquée dans le garage, tu réussis toujours à donner envie !!! ;-)
RépondreSupprimerC'est le chaton-squatteur qui est dans le garage, ma louloute est dans la remise de la voisine, tout ce monde félin survit à 4 degrés... Moi je suis au chaud chez ma maman... ^_^
SupprimerIl a l'air en tout cas intéressant bien qu'un peu prolixe.
RépondreSupprimerPfff, c'est vrai que c'est foisonnant... Mais moins de 500 pages, finalement.
SupprimerEuh.. tu veux que ma PàL explose ? XD
RépondreSupprimerOk je l'ajoute même si parfois je redoute un peu ce genre de livre..mais tu m'as eu au premier paragraphe :oui je veux rester au chaud tout l'hiver à lire dans mon lit (avec du café sans lait, car je suis allergique et pas de thé non plus) na !
Tu n'as rien à redouter, il n'alourdira pas longtemps ta PAL tellement il se lit vite. Depuis j'ai attaqué Le fils, un autre gros roman (mais pourquoi les livres qui me font envie dépassent-ils 400 pages?)
SupprimerJ'avais littéralement adoré "Là où les tigres sont chez eux", une plume vive, érudite, brillante et qui sait manier son lecteur. J'ai l'impression que celui-ci est dans la même veine ... (j'avais été un peu déçue par un recueil de nouvelles, dont le titre m'échappe)
RépondreSupprimerJe n'avais lu que Là où les tigres sont chez eux, et là cette île était repérée dès la rentrée; j'ignore pourquoi je n'ai pas lu ses autres écrits. Dommage qu'on ne retrouve pas les qualités de l'auteur dans ses nouvelles; peut-être a-t-il besoin de plus de pages pour donner libre cours à son imagination? (mais je note quand même)
SupprimerCa me parait excellent ! j'attendrai sa sortie poche ou via la bib' !
RépondreSupprimerDommage que mon challenge iles se soit noyé tout seul !
Ah mais oui, les challenges! J'avoue que maintenant je laisse filer tout ça... Avec le blog en vitesse réduite...
SupprimerPunaise, il est largement temps que je découvre cet auteur...
RépondreSupprimerNon mais allo quoi tu ne l'as jamais lu? Largement temps, oui, surtout que tu as là un auteur français qui n'hésite pas à y aller à fond dans l'imagination...
SupprimerA part son coté "pavé", il a tout pour me plaire celui-là.
RépondreSupprimerNe t'occupe pas du côté pavé, à mon avis il se lit mieux que certains trucs soporifiques de moins de 200 pages.
SupprimerTu me tentes beaucoup, beaucoup, beaucoup !
RépondreSupprimerFais toi plaisir... ^_^
SupprimerJe le veux, je le veux, je le veux.....
RépondreSupprimerPunaise, j'adore ton billet
Je pense qu'il devrait pouvoir croiser ta route, non? ^_^ Zulma a fait fort cette rentrée !
SupprimerEt je dirai même plus : "Foncez !"
RépondreSupprimerFarpaitement! (moi Astérix, toi Hergé ; on a des références ^_^)
SupprimerIl me fait de l'oeil ce roman...
RépondreSupprimerHé oui hé oui, n'hésite pas...
SupprimerPas fan de Jules Verne mais pfiou, que voilà un billet diablement tentateur quand même. Je note, jamais rien lu de l'auteur en plus. Mais bon, ce sera pas pour dans l'immédiat. Trop trop de livres m'attendent déjà.:-)
RépondreSupprimerc'est mieux que Jules Verne (oh là je vais me faire tuer si des fans absolus passent par ici...)
SupprimerBonjour Keisha, pas encore lu mais j'y pense (un des trois finalistes du prix du roman Fnac). Bon dimanche.
RépondreSupprimerJe ne m'occupe pas trop des prix, mais, ma foi, s'il en a un, pourquoi pas, ce serait justice!
SupprimerBon lundi (si, si)
J'aime beaucoup le passage sur les liseuses. Il me rappelle le dessin humoristique que j'avais publié avec cet adolescent qui donne son avis sur le dernier modèle de liseuse, aspects techniques etc... et qui n'y voit qu'un inconvénient : il n'aime pas lire.
RépondreSupprimerPouvoir se promener avec 10 000 livres ne doit pas masquer la réalité: on ne pourra tous les lire. Même si on est gros lecteur.
SupprimerJ'ai dit oui au pavé et je ne l'ai pas regretté !
RépondreSupprimerParfait pour tout oublier, grisaille, etc.
SupprimerJe l'ai noté, mais vu sa longueur, je me le réserve pour les grandes vacances.
RépondreSupprimerIl se lit très très vite, on oublie le nombre de pages.
SupprimerUne belle découverte je partage ton enthousiasme -et oui on peut zapper ce qui nous plait moins ...-
RépondreSupprimerSurtout quand l'auteur nous donne l'autorisation... ^_^
SupprimerIl me tente beaucoup !! Mais c'est encore un pavé... remarque on ne semble pas s'y ennuyer une seconde... Bises, bonne semaine
RépondreSupprimerA moins de 500 pages, et que de l'aventure, pratiquement: ça coule tout seul!
SupprimerJe l'ai acheté à la rentrée mais pas encore lu ! Je ne pense pas réussir à le lire comme toi en un week-end mais j'ai hâte de m'y mettre pendant mes vacances.
RépondreSupprimerSi tranquillité plus temps pourri : la bête ne devrait pas te résister longtemps...
SupprimerMoi aussi j'ai bien aimé le passage où l'auteur fait le parallèle entre le dernier modèle de liseuse et les reliures vides :-)... la course au paraître.
RépondreSupprimerIl semble qu'on soit plusieurs à avoir remarqué ce (bon) passage.
Supprimerça va me plaire, j'en suis sûre. Quand dois-je donc gagner le prochain Loto ? Parce que ma LAL atteint la taille d'un séquoïa :-))
RépondreSupprimerCe n'est pas un problème d'argent (tout ça est proposé par mes biblis) mais de temps, et là... le temps ne s'achète pas!
SupprimerOuaip, sauf que ma biblio rurale n'a pas ça en rayon. Ils auraient dû m'embaucher, j'avais plein d'idées pour attirer de nouveaux lecteurs et entre autre le renouvellement du fonds... tant pis pour eux ! :-))
SupprimerIls ne savent pas ce qu'ils perdent, tiens, en ne t'embauchant pas. ^_^ La mienne est rurale mais dynamique et avec des nouveautés, mais ce n'est pas le cas de toutes, je crois. Peux-tu leur demander des achats? J'espère pour toi qu'ils n'ont pas un public trop homogène qui ne lit que le même genre de littérature...
SupprimerHélas je doute que tu leur fasses acheter du nature writing exclusivement! (j'y arrive à ma bibli de la plus grande ville!)
Remarque, s'ils ont un bon fond en classiques, c'est le moment de t'y mettre.
J'ai vraiment bien aimé.
RépondreSupprimerL'aventure c'est l'aventure, et ça fait du bien!
SupprimerIn the pile... à lire bientôt, of course!
RépondreSupprimerJe pense que tu vas te régaler!
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