lundi 31 décembre 2012

Tag pour la nouvelle année

 Bonne année à tous!

Autant fêter ça avec un tag, aucun depuis plus d'un an, je me lâche (enfin! diront certains)

1. Es-tu une acheteuse compulsive de livres ?
A une certaine époque, oui. Résultat, certains sont encore non lus, des décennies après, ou bien je m'en suis débarrassée. Pas vraiment malin, quoi. Mais je suis devenue comme beaucoup une emprunteuse compulsive. En bibli ou auprès des blogueuses (mode *yeux du chat de Shrek* on)
 
2. A quelle fréquence achètes-tu des livres ?
Plusieurs fois par an quand même. Souvent pour les offrir (je me sens moins coupable). Ou quand je sais que je veux les garder ou que je ne les trouverai pas en bibli. Et que peut-être je ne les trouverai plus jamais!!! D'ailleurs je commence à emmagasiner des titres incontournables pour si un jour le livre papier n'existe plus. (mode *parano* on)

3. As-tu une librairie favorite ?
J'aime toutes les librairies. Du moment qu'il y a des livres. Mais les bibliothèques me font le même effet. Elles sont d'ailleurs plus nombreuses que les librairies, dans mon coin perdu.

4. Fais-tu tes achats livresques seule ou accompagnée ?
Seule. Rares sont les gens qui comprennent qu'on peut passer des heures dans une librairie.
 Tu te souviens, clara, quand on a dû quitter Dialogues après juste une petite heure? Ta fille a dit "elle est pire que toi, maman".

5. Librairie ou achats sur le net ?
Les VO, c'est le net,  plus de choix et bien moins cher. Les VF, c'est majoritairement en librairie ou salons du livre.

6. Vers quels types de livres te tournes-tu en premier ?
Tous, hélas...
 
7. Préfères-tu les livres neufs, d'occasion ou les deux ?
J'adore sentir les livres neufs, mais aussi fouiner en occasion, car justement, il y a des occasions...
 
8. Qu'aimes-tu dans le shopping livresque ?
Repartir avec en main le livre que je voulais, me réjouir de le lire bientôt l'avoir à la maison au cas où on ne pourrait plus le trouver ensuite. Le regarder ensuite sur mes étagères en soupirant.
 
9. Te fixes-tu une limite d'achat par mois ?
Pas vraiment, mais je limite car 1) les biblis sont là 2) ma CB chauffe pas mal avec les achats de spectacles. 
 
10. A combien s'élève ta wish-list ?
Aucune idée. Des dizaines, des centaines de livres ?

11. Cite 3 livres que tu veux TOUT DE SUITE ! 
- Comment attirer le wombat de Will Cuppy (A girl, je copie sur toi)(t'avais qu'à pas me taguer)
-  Deux livres de David Lefevre qui parlent de la Patagonie (parus chez Transboreal)
- Les tomes 2 et 3 du récit de voyage de Patrick Leigh Fermor 
(tiens tiens, aucun roman roman dans cette liste...) 
 
12. Pré-commandes-tu tes livres ?
Jamais. 
 
13. Pourquoi un tel pseudo/nom de blog ?
keisha était (est?) un des rares personnages féminins d'une série policière que je lisais à une époque, j'ai pris ce pseudo pour m'inscrire sur un forum dédié à cet auteur de polars.
En lisant en voyageant est un clin d’œil au  titre de Julien Gracq, puisqu'au départ je voulais parler de lectures et de voyages. Et comme mes lectures parlent souvent de voyages, on s'y retrouve aussi.

14. Parle-nous de ton prof préféré.
Aaah ma prof de latin de 1ère!!! Un phénomène, avec elle j'adorais le latin. Si j'ajoute qu’elle fumait comme un pompier, et en classe, utilisant une grosse boîte d’allumettes... Oui, il y a très très longtemps.

15. Parle-nous de ton premier concert.
Le dernier, je pourrais. Le premier, euh, pas de souvenir, c'était quoi?

16. Quel est ton endroit préféré au monde ?
Cela dépend. Je sais me trouver bien en plein d'endroits.
 
17. Un endroit que tu aimerais visiter ?
Après du vagabondage un peu partout, tiens, pourquoi pas la France, non? Quoique, la Patagonie...
 
18. Parle-nous de quelque chose qui te rend complètement folle en ce moment.
Folle dans le sens enthousiaste? L'opéra...
 
19. Si tu pouvais posséder instantanément quelque chose, rien qu'en claquant des doigts, qu'est-ce que ce serait ?
Une grande maison avec plein de livres. (Et le personnel pour s'occuper du ménage)
 
20. Qui tagues-tu ?
Je crois que tout le monde y est passé, non? Qui veut!

vendredi 28 décembre 2012

Le penseur malgré lui

Le penseur malgré lui
On peut rire de tout mais on n'est pas obligé
Grégoire Lacroix
Le cherche midi, 2012



"C'est quoi ce livre?" s'interroge l'auteur, proposant finalement "patchwork" pour ce recueil de "pensées, fables express, extraits de livres publiés ou à publier, poèmes", avec comme "trame une certaine forme d’humour, un goût pour la libre pensée, une absence de prétention littéraire et le souci permanent de ne pas se prendre au sérieux."
C'est un réel bonheur de picorer au travers de ces pages, pour quelques lignes plus ou moins sérieuses, ou des textes plus longs et complètement hilarants. Jeu de mots parfois extrêmes, calembours, un brin d'absurde, quel talent!

Comme je suis sympa et qu'en ces jours tristounets on a besoin de rire, voici quelques extraits:

"La démocratie, c'est la liberté de dire qu'on en manque."
"Un conseil : ne testez jamais vos freins au bord d'une falaise."
"Si, plongé dans un liquide, vous ressentez une forte poussée du haut vers le bas c'est que quelqu'un vous veut du mal."
"Je suis assez énervé à l'idée que mon voisin pense que j'en suis un moi-même."
"Le ballon de rugby, c'est un oeuf de pack"
"Ce qui rend les poissons tristes c'est que, quand ils pleurent, personne ne s'en aperçoit"
"On ne peut pas tout diviser: un demi-trou, c'est encore un trou."
"Le coq de ma basse-cour est vraiment stupide. Quand vient l'heure d'été, il ne sait jamais s'il doit chanter une heure plus tôt ou une heure plus tard."

En tout cas vous n'aurez pas la réponse à toutes les questions:
"Combien pèse une balance?
Où se posaient les hirondelles avant l'invention du téléphone?
A quel moment le boomerang décide-t-il de faire demi-tour et pourquoi?
Pourquoi n'a-t-on pas dispensé de l'affranchissement les lettres anonymes?"

et pour terminer, une fable:
Il est frileux notre Marcel,
Il craint le froid, il craint le gel.
Pour tricoter des pull-overs
En prévision d'un dur hiver
Il a fait tondre cent moutons
Dont il entasse les toisons.
Moralité:
L'amas de laine de Proust.

Les avis de cathulu (qui m'a tentée...),
Merci à Solène, qui m'a comprise.

mercredi 26 décembre 2012

Le monde à l'endroit

Le monde à l'endroit
Ron Rash
Seuil, 2012
Traduit par Isabelle Reinharez


Ron Rash nous a habitués (pour notre plus grand plaisir) à des histoires bien âpres et noires, sans un gramme de graisse, se déroulant du côté des Appalaches. Cette fois ci, le jeune Travis Shelton se cherche un peu. Ses copains ne rechignent pas à boire de la bière et goûter à diverses drogues, fournies entre autres par les Toomey et Leonard, ex-prof devenu dealer. Travis vole des plans de de canabis aux Toomey, qui le punissent très sévèrement.
La vie de Travis prend un nouveau tournant quand, suite à une n-ième dispute avec un père dur et intransigeant, il emménage chez Leonard. Qui le pousse à reprendre sérieusement ses études et l'entraine dans sa passion pour un événement de l'histoire locale.
Ron Rash décrit toujours merveilleusement bien ce coin des Appalaches. Il a l'art de présenter ses personnages sans rien imposer  à son lecteur, le laissant juge. Toujours un côté tragédie à l'ancienne, quand il dénoue l'histoire de ses personnages au lieu même où s'est déroulée un événement frappant de la guerre de Sécession, impliquant les ancêtres de divers protagonistes. Symboliquement très fort.

Chez babelio,

lundi 24 décembre 2012

Amours, délices et orgues : joyeux Noël!

Bonnes fêtes de Noël à tous !


Royales d'abord, avec l'orgue de la chapelle du château de Versailles
J'ai testé le 2 décembre le bon plan suivant : visite commentée d'une partie du château, en petit groupe, sous la houlette d'un guide très intéressant, puis visite du reste du château ouvert au public, galerie des glaces, appartements royaux ou princiers, parc, Trianon(s), etc... Arriver avant 9 heures pour pouvoir réaliser le marathon  parcours, car à 15h30, c'est concert d'orgue dans la chapelle royale. Voir le programme.
L'organiste a présenté l'orgue et j'ai enfin compris comment ça marchait (ou presque) car le groupe était sur la tribune à côté de l'orgue. Un plaisir de voir courir les mains sur les claviers et de découvrir les possibilités offertes par l'instrument. Très très pédagogique, et autour d'un Noël de Louis-Claude Daquin.
Tous les premiers dimanches du mois jusqu'en mars... et gratuit!
Juste deux bémols : s'inscrire aux visites s'avère un peu parcours du combattant et la signalétique dans les parc et le Grand Trianon n'est pas des plus claires (ou alors on n'a pas bien calibré nos neurones?)
Chapelle du château de Versailles, l'orgue vu de la balustrade du 1er étage

Moins classe, mais tout aussi agréable, le concert de Noël dans une petite église par chez moi.

Un programme varié, des noëls de compositeurs des siècles passés, la toccata et fugue en ré mineur de Bach, le grand classique, mais on pouvait suivre sur écran l'organiste et le déplacement (sportif!) des mains et des pieds... Pour terminer improvisation virtuose sur des noëls connus.
Et j'ai eu le plaisir de réviser ce que j'avais appris à Versailles (prof un jour, prof toujours...)

vendredi 21 décembre 2012

Avril enchanté

Avril enchanté
Elisabeth Von Arnim
Salvy, 1990
Traduit par François Dupuigrenet Desroussilles
Paru en 1922 sous le titre The enchanted April




"A tous ceux qui aiment les glycines et le soleil. Italie. Mois d'avril. Particulier loue petit château médiéval meublé bord Méditerranée. Domesticité fournie. Répondre au Times sous la référence Z 1000"

Nous sommes à Londres, en février. Inutile d'insister sur l'ambiance morose, non? Dans ce club féminin de Londres, deux femmes qui ne se connaissent pas sont irrésistiblement attirées par la même annonce : Mrs Wilkins et Mrs Arbuthnot. Lotty et Rose, car elles deviendront nos amies. Pas très heureuses en ménage, brûlant du désir inavoué de changer un peu d'air.
Pour des raisons financières elles vont partager la location avec Lady Caroline Dester et Mrs Fisher. Cette dernière est égocentrique et acariâtre, Caroline ne désire que la solitude, et le séjour débute cahin-caha.
Mais petit à petit ce château, ce cadre magnifique, ces jardins embaumés, la mer transforment insensiblement les personnalités. Tous vont être touchés par un subtil enchantement durant ce mois d'avril.

Elisabeth Von Arnim offre là un roman subtil, plein d'humour et d'humanité, les quiproquos jouant leur rôle, une sorte de conte de fées impossible à refuser, et le tout est absolument délicieux. Il serait peu sage de se priver d'une si jolie occasion de se faire du bien, de vivre pendant quelques heures dans un bulle d'irréalité où tout devient possible.

C'est une relecture, spécialement pour le challenge, mais quel plaisir! De l'auteur j'ai lu une demi-douzaine de titre il y a plus de dix ans, elle mérite d'être plus connue, mais attention, certains de ses romans sont plus troublants et tragiques.

Des avis chez babelio

Pour le challenge de Philippe, Lire sous la contrainte


mercredi 19 décembre 2012

Le temps des offrandes

Le temps des offrandes
A pied jusqu'à Constantinople : de la Corne de Hollande au moyen Danube
Patrick Leigh Fermor
Traduit par Guillaume Villeneuve
Petite bibliothèque Payot, 2003





Sans le billet de Dominique  et Aifelle (merci!) je serais passée à côté d'une pépite, d'un incontournable du récit de voyage et même carrément d'un incontournable tout court.

Après une jeunesse et des études menées parfois de façon fantaisiste, Patrick Leigh Fermor connaît une inspiration subite :
"Changer de cadre; abandonner Londres et l'Angleterre et traverser l'Europe comme un clochard - ou, selon une de mes formules typiques, comme un pèlerin ou un moine itinérant, un goliard, un chevalier désespéré(...)? Voilà que ce n'était pas seulement évident, mais bien la seule chose à faire. Je voyagerais à pied, dormirais dans les meules en été, m'abriterais dans les granges quand il pleuvrait ou neigerait et ne fréquenterais que les paysans ou les clochards."
Nous sommes en décembre 1933, il a 19 ans, et il part sans attendre... Objectif : Constantinople, en prenant Rhin et Danube comme axes du voyage. A pied bien sûr, parfois en péniche, charrette, rarement en automobile, pour sortir d'une ville. Bénéficiant souvent de l'hospitalité villageoise ou d'amis d'amis. Devant gagner son pain à un certain moment.
Ce volume oblige à abandonner (ô combien à regret!) l'auteur au moment d'entrer en Hongrie, cet "A suivre" fait mal, mais permet d'augurer de superbes moments encore. Le tome 2 existe en français, et quant à la fin du voyage, elle n'est pas encore traduite, mais ça vient!!! (The Broken Road (to appear 2013), edited by Artemis Cooper from PLF's unfinished manuscript of the third volume of his account of his walk across Europe in the 1930s)

Pourquoi suis-je tombée sous le charme de ce qui pourrait être un n-ième récit de voyage?  D'abord il ne raconte pas tout, et il s'appuie sur ses carnets de voyage et sa mémoire pour faire œuvre littéraire. Les faits saillants sont relatés, il raconte ce qu'il veut bien de l'histoire ou la géographie des coins traversés, il ne s'occupe pas vraiment de l'actualité (quand même, il traverse l'Allemagne en 1933, mais peu de grandes villes)

Ensuite, la personnalité de l'auteur, à l'humour et l'érudition discrète. Comme il écrit des années plus tard, il peut donner un autre éclairage, mais sans jouer les "je l'avais deviné". Il combattra en Crète dans les années 40, et pour donner une idée du personnage: (il se trouve avec des résistants crétois et un officier allemand prisonnier)

Au cours d'une accalmie dans la poursuite, nous nous éveillâmes au moment précis où l'aurore brillante frappait la crête du mont Ida. Nous l'arpentions, dans la neige et la pluie, depuis deux jours; Les yeux fixés sur ce sommet étincelant de l'autre côté de la vallée, le général murmura pour lui-même:
Vides ut alta stet nive candidum
 Soracte...
(une ode d'Horace)
 C'était l'une de celles que je connaissais!Je poursuivis les vers où il s'était interrompu:
... nec jam sustineant onus
Silvae laborantes, geluque
Flumina constiterint acuto
(...)
Les yeux bleus du général s'étaient détournés du sommet de la montagne pour se poser sur les miens. (...) C'était très étrange; comme si, pour un long moment, la guerre avait cessé d'exister. Nous avions tous deux bu aux même sources longtemps auparavant; et tout fut différent entre nous pendant les heures et les jours qui nous restaient à passer ensemble."
Et finalement (?) des passages fabuleusement bien décrits. Tel par exemple l'abbaye de Melk, où musique et architecture se répondent. Passage trop long à reproduire. Ce livre est désespérant, comment tout citer?
http://www.all-free-photos.com/show/showgal.php?idgal=melk&lang=fr

"Voyages et peinture ont beaucoup en commun, surtout ce genre de voyage." L'Europe rurale sous la neige est brueghelienne.
http://en.wikipedia.org/wiki/File:Pieter_Bruegel_d._%C3%84._106b.jpg
"Le paysage silencieux, étouffé, formait l'arrière -plan des Chasseurs dans la neige de Brueghel"
Rencontres plaisantes et digressions passionnantes font aussi le sel de ce récit que j'ai dévoré trop vite hélas. Ma bibli a promis la suite...

13 février : la suite, pour Entre fleuve et forêt , le tome deux.

Au programme, Hongrie et Roumanie. De nombreuses escales confortables en Hongrie, chez des amis ou de la famille de personnes rencontrées auparavant. Évocation de l'histoire hongroise, dans cette plaine qui fut envahie par les Huns, Gengis Khan et les Turcs...
Page 176, en juin 1934, la seule fois où les actualités l'atteignent, la nuit des longs couteaux, juste quelques lignes. "Personne ne savait quelle était la signification de ces sanglants présages, mais ils répandirent l'effroi et fournirent l'essentiel de la conversation pendant un ou deux jours; puis, noyé par la chaleur et le poids de l'été, le sujet fut oublié."
Une brève et intense histoire d'amour avec une jeune femme mal mariée, puis l'auteur reprend son vagabondage dans les montagnes et les forêts de Roumanie, fuyant les chaleurs de la plaine. Rencontres avec des Bohémiens, des bûcherons, des juifs.

C'est sans doute moins le coup de cœur dû à l'étonnement ravi que pour le premier volume, mais quelle langue! Bravo au traducteur, toujours le même, qui a sûrement contribué au régal de lecture en n'affadissant pas la prose de Fermor. Descriptions vivantes des costumes, des coutumes, un peu d'Histoire et de Géographie, détails des rencontres que l'on sent avoir frappé l'auteur, qui sait les rendre attachants. Il essaie toujours de communiquer, même avec les Bohémiens, faisant appel à des lectures! Ou en latin avec un religieux.
Pour terminer, il visite une île où vivent des Turcs depuis des siècles, ayant gardé leurs caractéristiques. Ada Kaleh, île forteresse en turc. Hélas, cette île fut noyée suite à la construction d'un barrage sur le Danube. (années 70, Ceaucescu!!!)
"Le soleil versait sa gerbe à travers une passoire de feuilles."
"Un oiseau spectaculaire, (...) de la taille d'un corbeau environ et d'un bleu ciel brillant quand il volait, atterrit sur une branche peu éloignée.(un rollier) . Désireux d'avoir unautre aperçu de ses merveilleuses couleurs, je frappai dans mes mains, et il quitta son perchoir comme une création maeterlinckienne."

L'avis de Dominique

Le troisième tome, non traduit, me tente beaucoup. A suivre...?!

lundi 17 décembre 2012

Le sermon sur la chute de Rome

Le sermon sur la chute de Rome
Jérôme Ferrari
Actes sud, 2012

(pas moyen d’échapper au bandeau, mais comme ça je réalise que pour la première fois depuis 2006 avec Les bienveillantes, j'ai lu un prix Goncourt)(et hop, 59 critiques chez babelio)

En 410, Saint Augustin est évêque d'Hippone, actuelle Annaba en Algérie, et exhorte ses fidèles à ne pas se laisser aller au désespoir à l'annonce de la chute de Rome. Ce n'est qu'un monde terrestre qui s'effondre alors.
Jérôme Ferrari choisit d'évoquer en résonance l'histoire de la famille Antonetti au cours des cent dernières années, de l'aïeul revenu de la première guerre mondiale, son fils Marcel vivant les dernières années de l'Empire colonial français et le dernier, Mathieu, reprenant avec son ami Libero un bar dans un village corse, entreprise qui aboutira à un échec.

Encore un roman français qui passe la barre, cette rentrée 2012 est faste! Mais quel souffle, quelle écriture, ces phrases où parfois l'on se perd, mais quelle importance? Quel pouvoir évocateur, quelle maîtrise de la narration, quelle ironie sous-jacente, quelle émotion parfois... Ah Jérôme, je vais me jeter sur vos autres écrits...

Challenge des livres et des iles chez Géraldine. 

vendredi 14 décembre 2012

Le jeu des ombres / La décapotable rouge

Le jeu des ombres
Shadow tag
Louise Erdrich
Albin Michel, 2012
Traduit par Isabelle Reinharez


Quand Irène s'aperçoit que son mari Gil lit son journal intime, le petit carnet rouge, elle démarre illico un second journal, le bleu, et en profite pour manipuler son mari à l'aide de ses écrits dans le rouge. Irène est depuis avant leur mariage le modèle de Gil, qui n'hésite pas à la peindre crûment. Petit à petit l'on découvre les profondes déchirures du couple et l'ambiance asphyxiante pour eux et les trois enfants.

Ma surprise a été que finalement ces deux carnets ne sont pas l'essentiel du livre, où intervient un récit à la troisième personne dévoilant pensées, discussions, rencontres, passé d'Irène et Gil, tous deux d'origine amérindienne (comme Louise Erdrich, on ne l'ignore pas). Une histoire étouffante partant un peu dans tous les sens, que j'ai parfois survolée, mais, je l'avoue, m'a scotchée vers la fin et laissée bien sonnée. Magistral.

Les avis chez Babelio, de nath a lu , qui a bien décrit ce que j'ai ressenti,

Saviez-vous que Louise Erdrich écrivait des nouvelles? Comme elle le dit en préface, certaines sont restées à l'état embryonnaire (pas de roman mis au monde), d'autres sont devenues des romans (il me semble bien qu'il y en a trace dans La malédiction des colombes), certaines sont parues dans des revues, et enfin d'autres paraissent pour la première fois. La décapotable rouge sera suivi en 2013 par Femme nue jouant Chopin.

La décapotable rouge
Louise Erdrich
Albin Michel, 2012
 Traduit par Isabelle Reinharez


 Plus de 400 pages pour une vingtaine de nouvelles, faites le calcul, il y a de quoi plonger dans une histoire. Surtout qu'à ma surprise (et joie), on retrouve dans la plupart les mêmes personnages, mais sans souci de chronologie (ne pas trop chercher à s'y retrouver, d'ailleurs). Parfois enfants, parfois carrément grands parents, tout du long du 20ème siècle, de la grande dépression à nos jours. Et des indiens chippewa du Dakota du Nord, vivant dans des réserves ou pas. Familles Nanapush, Pillafer, Kashpaw. On retrouve aussi une boucherie (des bouchers comme dans La chorale des maîtres bouchers, tiens tiens, et dans la même bourgade d'Argus).
Finalement il ne s'agit pas de nouvelles indépendantes, mais d'une évocation du monde indien, avec sa magie, ses problèmes, sa solidarité, sans oublier quelques discrètes références au racisme ambiant. Pour mieux connaître encore les sources d'inspiration de Louise Erdrich. Très intéressant.

Un passage qui m'a plu
"Cela fait des lustres que nos maris sont décédés.  Il fut un temps où nous avons dû les aimer. Mais pour moi l'amour ne se disait pas avec des fleurs, du moins pas jusqu'à ce qu'il meure. Depuis, chaque printemps je remplace les roses artificielles sur sa tombe."
Un avis chez babelio
Challenge de Folfaerie, eh oui.
 Saviez-vous que les Amérindiens n'ont obtenu la citoyenneté américaine qu’après la première guerre mondiale, à laquelle ils ont participé? Que les langues cherokee et choctaw furent utilisées pour coder des messages? Alors une loi fut votée... en 1924.

mercredi 12 décembre 2012

Krazy Kat : BD et Roman!

Au départ il y eut  un comic strip signé George Herriman paraissant quotidiennement (avec du spécial le dimanche) de 1913 à 1944 dans les journaux de Randolph Hearst. A  Coconino, Arizona, dans un décor changeant comprenant cactus, mesa et prison, Ignatz la souris passe son temps à lancer une brique à la tête de Krazy Kat, chat/chatte (on n'est pas sûr) amoureuse d'Ignatz; l'officier de police Pupp, lui, fait son travail en envoyant Ignatz en prison. En gros, voilà l'histoire qui peut se répéter indéfiniment au gré de l'imagination débordante de Herriman.Un peu fou fou et absurde, bien sûr, avec des dialogues du même tonneau.
Au début c'est surprenant, et petit à petit on rentre dans un monde dont on accepte la bizarrerie.
Lu dans l'édition de 1981 (Futuropolis) et donc éligible au challenge de Yaneck.
bedetheque.com


Pour plus de détails : wikipedia
Ignatz hurls a brick at Krazy Kat, who misinterprets it as an expression of love.
Puis en 1988 Jay Kantor reprend les personnages et les plonge dans notre monde.

Krazy Kat
Jay Cantor
Le cherche midi, 2012, lot49
Traduit par Claro

Krazy Kat rencontre de véritables hommes et se prend à rêver de ne plus être un personnage "plat". L'un d'entre eux étant Oppenheimer, elle se sent ensuite responsable de la bombe atomique et doit suivre une psychanalyse avec Ignatz, qui veut absolument lui faire reconnaître des "pensées sexuelles". La brique serait une image de cette part d'elle-même.
"Franchement, ma nouvelle méthode consiste essentiellement à écouter - le genre de truc que même ces imbéciles devraient être en mesure de faire."

La pauvre Krazy tourne ensuite un film, "elle n'allait pas devenir réelle à ses yeux avant d'être vue par quelqu'un d'autre, sur grand écran(...). Car il lui faudrait un vaste public pour être sûre qu'ils la voyaient vraiment, afin qu'elle soit sûre qu'elle existait." Prisonnière de la Saladec, Section Armée de Libération des Auteurs de Dessins En Colère, elle en sort aux mains d'Ignatz, et les deux doivent "imaginer le genre d'êtres humains qu'ils seraient s'ils devenaient des êtres humains." Et ça vire parfois au SM...

A gauche la couverture originale peut donner une idée du climat psy un peu dingue qui règne dans une partie du roman, où Krazy Kat réussit à nous toucher au travers de ses aventures. Comme dans la BD, Jay Cantor use de mots inventés et d'à peu près (bravo au traducteur).

Je serai honnête, c'est un roman un peu spécial (mais la BD l'était déjà), bourré de trouvailles, portant un regard décalé sur notre monde. Il se lit sans problème et avec beaucoup d'amusement, pressé que l'on est de découvrir où l'imagination délirante de Jay Cantor va mener Krazy et les autres.


Les avis de
  La cause littéraire 

Merci à Solène !

lundi 10 décembre 2012

Plan de table

Plan de table
Maggie Shipstead
Belfond, 2012



Un mariage chez les WASP sur la côte est des Etats-Unis? Au début de ma lecture j'ai eu un peu de mal à sortir de ma tête le souvenir de Les sortilèges du Cap Cod de Richard Russo et d'éviter les comparaisons. Puis c'est heureusement passé et j'ai lu quasiment d'un souffle ce fort joli premier roman.

A Waskeke, île de Nouvelle Angleterre où la famille Van Meter possède une maison, va se dérouler le mariage de Daphné, l'aînée de Winn et Biddy Van Meter. Daphné et son fiancé appartiennent à des milieux compatibles et forment un joli couple. (nota : la famille Duff possède non seulement une maison sur une île, mais l'île entière...). Livia, sa cadette peine à se remettre d'une cruelle rupture avec Teddy Fenn.

Alternant entre les souvenirs de plusieurs personnages et les petits événements de ce long week end pré-mariage, l'histoire avance joliment et assez tranquillement. Des dialogues ou réflexions qui font mouche, quelques personnages hauts en couleur, des moments désopilants (le homard, la baleine, etc...), la description d'une classe où appartenir à un club est mis en priorité ("ils voulaient être des aristocrates dans un pays qui n'était pas censé avoir d'aristocratie") donnent un ensemble réussi et finalement assez caustique.

Les avis de clara (enthousiaste)(merci!), cathulu, plus mitigée, theoma (tombé des mains), myabooks, fort positive,nadaël,

Et d'après Géraldine, oui, ça va dans le challenge

vendredi 7 décembre 2012

Des pépites rayon jeunesse

A la médiathèque (euh, l'une de mes médiathèques)(celle où l'on m'a annoncé récemment que je pouvais emprunter plus que le nombre autorisé)(me le dites pas deux fois, les gars!), la partie jeunesse est dans une salle à part mais on peut emprunter et surtout consulter le catalogue. A ma surprise, Alexis Zorba et un livre de John Muir se trouvaient en magasin jeunesse, et j'ai pu saisir l'occasion de les faire se promener un peu à l'extérieur, ils le méritaient.

L'autre jour, j'ai pénétré là-bas, faisant remonter d'un coup sec la moyenne d'âge des usagers, emprunté Chi, une vie de chat ("ah boooon, vous n'avez que le tome 1?")(quelle erreur!), repéré une vie de Hokusaï en manga, et sauté littéralement sur Dear George Clooney en présentoir nouveautés. Le roman, bien sûr.

Chi, une vie de chat
Tome 1
Konami Kanata
Glénat Kids, 2010



Une video donnant une bonne idée de la BD : totalement régressive, pour fans absolus des chats uniquement (je vous aurai prévenus). A girl, évidemment, tu ne lis pas les sous-titres!


Chi est un adorable chaton (pléonasme) égaré loin de sa mère et ses frères et sœurs et recueilli par une famille vivant en appartement, parents et très jeune garçon. Au début il cherche sa mère, puis ses souvenirs s'estompent (joliment fait) , il doit apprendre à faire pipi au bon endroit (Chi = pipi en japonais) et l'idée marrante est que le petit de la famille est lui aussi en train d'apprendre la propreté. Hélas dans l'immeuble les animaux sont interdits, Chi doit être cachée. Dans le livre et la vidéo, Chi va chez le vétérinaire (et on apprend que c'est une demoiselle de deux trois mois).

Manga en couleur très réussi, et vraiment pour tous, grands comme petits. L'occasion aussi de découvrir un intérieur japonais moderne. Je me suis régalée et fort divertie. Trop mignon, quoi. Kawaïï !!!!

Prenons quelques années et découvrons

Dear Georges Clooney
Tu veux pas épouser ma mère
Susin Nielsen
hélium, 2012


Violette, 13 ans, vit à Vancouver avec sa mère et Rosie, sa petite sœur de 5 ans . Ses parents sont divorcés, son père vit désormais à Los Angeles où il a refait sa vie avec Jennica.Violette a décidé que les garçons, pas son truc, et ne regarde Jean-Paul qu'en toute objectivité, bien sûr. Ce qui la soucie, c'est que depuis le départ de son père, sa mère, pour des raisons qui lui sont incompréhensibles, a besoin d'un homme dans sa vie. Hélas, radins, tarés, ringards, et même déjà mariés, elle attire les pires! Jusqu'à Dudley Wiener, vite surnommé la saucisse, qui accumule les défauts. Alors Violette décide de mener une enquête sur lui, et se décide à écrire à Georges Clooney, pour qu'il épouse sa mère. Pourquoi cette idée? Arrivera-t-elle à ses fins?

Un petit bijou qui m'a bien amusée, pas du tout niais, qui pétille de bout en bout. C'est très drôle (et émouvant aussi), l'intrigue est bien menée avec plein de personnages, les copines de la mère, les chipies de l'école, etc... A la fin bien sûr Violette a mûri, elle comprend certaines aspirations des adultes...

L'avis de cathulu (merci clara, tu as de la mémoire!), de Tasha,

mercredi 5 décembre 2012

Un petit boulot

Un petit boulot
Iain Levinson
Liana Levi, 2003
Existe en poche...



L'usine a fermé, les commerces souffrent, les chômeurs vivotent. Jack Skowran n'a plus que le minimum dans son appartement pas chauffé, ses débiteurs téléphonent. Bref, ça va mal, et quand Ken Gardocki lui propose comme "petit boulot" de tuer sa femme, il accepte.
"Elle va mourir parce que j'ai été licencié d’une usine rentable en plein milieu de ma carrière. Elle va mourir parce que ma copine m'a quitté, parce que je ne supporte pas la vie de chômeur. Corine Gardocki est une femme morte parce qu'un petit malin de Wall Street a décidé que notre usine ferait de plus gros bénéfices si elle se trouvait au Mexique. Je t'aurai, Corinne. Un problème moral? Pas vraiment."
 Iain Levinson choisit l'humour très noir pour dénoncer efficacement l'Amérique en crise, le délabrement des structures, le manque d'espoir de tenir la tête hors de l'eau. Il y va très fort mais sait entraîner son lecteur là où il l'a décidé, lui faisant accepter une histoire dans laquelle la moralité n'a pas trop sa place et où le héros a vraiment une chance incroyable dans sa carrière de tueur, tout en réussissant le tour de force d'amuser avec un tel sujet.

Iain Levinson excelle dans sa description de l'Amérique des p'tits boulots précaires. C'est son premier roman, plutôt gonflé, et suivi de pas mal d'autres réussites. A lire, bien sûr.

On peut le mettre dans le Challenge Polars Thrillers de Liliba


lundi 3 décembre 2012

Murtoriu

Murtoriu
Marc Biancarelli
Actes sud, 2012
Traduit du corse par Jérôme Ferrari, Marc-Olivier Ferrari et Jean-François Rosecchi


Allez, une fois n'est pas coutume, l'auteur : Marc Biancarelli est enseignant de langue corse, et a publié de nombreux ouvrages en corse et en français. La VO de Murtoriu a été publiée en 2009.
En langue corse, murtoriu revêt le double sens de glas et d'avis de décès.

"Et déjà il lui semble entendre les cloches sonner le glas dans son village, les gens qui tombent de désespoir, qui se jettent dans le ravin, les enfants sans soutien. Il entend le glas sonner, qui fige les campagnes, et il voit les gendarmes arriver, tenant à la main les télégrammes bleus qui annoncent eux aussi la mort, la mort sans fin, et qui disent la boucherie de Dieuze, qui disent les massacres des Eparges, et qui disent le désastre de l'Argonne, et qui racontent les tueries de la côte 304 et du Mort-Homme, et le carnage de ce jour, et tous ces avis de décès envoyés vers sa terre lointaine, et qui lui parlent, qui lui annoncent la fin de tout, la fin d'un monde, et il est vivant, lors que tous les autres, tous ceux qu'il connaissait, ceux qui chantaient avec lui dans le train du départ, tous sont morts.(...). La fin, la fin est là. Et le glas qui sonne là-bas dans les Terres.
Per pudèlavi spiega
Un vale carte nè penne
Lu sangue curria à fiume
Corsi è Alumani inseme."

Marc-Antoine Cianfarani, le grand-père, est revenu des tranchées de la première guerre mondiale (époustouflants chapitres!) et de nos jours Marc-Antoine Cianfarani son petit-fils quarantenaire traîne sa misanthropie: seuls trouvent grâce quelques amis. Il vivote dans sa librairie qu'il ferme au fort de l'été, fuyant les touristes, écrit des poèmes, et préfère se réfugier dans un village de la montagne corse. Il ne mâche pas ses mots, ses opinions sont brut de décoffrage, ses rapports avec les femmes, disons, difficiles, même si un cœur bat sous le cuir. Il déteste les touristes et les promoteurs qui défigurent son île. C'est rude, c'est âpre, sans concession. Les continentaux en prennent pour leur grade (passages hilarants...). Les maux de l'île ne sont pas passés sous silence - un vol, un racket et deux assassinats en moins de 300 pages...  "Je ne voudrais pas ajouter à ma décadence et à mon inadaptation à ce monde cinglé le fait d'avoir l'air d'un con. Inutile d'aggraver mon cas, il me suffit de passer pour un asocial et un mec puant -  ce que je suis." Lucide dans l'auto dérision, quoi.

Je n'ai pas tout compris, n'ai pas envie de tout analyser, d'autres le font mieux. Mais quel beau texte! Quelle écriture! Lisez ce roman.

Le bel article de l'Or des livres, qui l'a lu d'abord en corse, son second billet avec les traductions des citations précédemment en corse,  l'avis de mediapart, chez Babelio,
(remarque : désolée, je n'avais pas vu venir l'événement précis dont parlent ces billets, et qui n'advient qu'après la page 200 - sur 270)(donc attention spoiler)

Oh mais je réalise que la Corse est une ile! Et hop, challenge de Géraldine

Tiens donc, ce roman me permet de démarrer (enfin!) le challenge Vivent nos régions de Lystig.

vendredi 30 novembre 2012

Rouge-Gorge / Le sauveur

Rouge-Gorge
Jo Nesbø
folio policier, 2007
Traduit du norvégien par Alex Fouillet

Harry Hole, le retour.
"Un grand type entra rapidement. (...) Cet homme portait une veste de costume un peu trop petite, un jean noir et de grosses Dr. Martens de la même couleur. Les cheveux coupés hypercourt et la silhouette mince et athlétique indiquaient un début de trentaine. Mais les yeux injectés de sang, les poches qui apparaissaient dessous et la peau pâle parsemée de fins vaisseaux qui s'étendaient ça et là en petits deltas rouges allaient plutôt vers la cinquantaine.
- Inspecteur Harry Hole? (...)
- Oui."

Harry, oui, et ses problèmes d'alcool. Il faut dire qu'il lui tombe des malheurs sur le paletot, mais quand même. Sa collègue et amie Ellen s'attache à le faire décrocher.
Mais Harry est surtout un excellent policier qui ne lâche rien, avec sûrement des journées de trente heures (il va rencontrer l'amour, et bosser moins). Il est censé surveiller les milieux néo-nazis de Norvège mais son flair le conduit à se demander à quelle fin un fusil hyper rare et hyper efficace a été introduit en douce dans le pays.
Parallèlement une vieille histoire est racontée, lors du siège de Léningrad où des volontaires norvégiens combattaient sous uniforme allemand, puis à Vienne en 1944. Histoire qui va avoir des conséquences à l'époque actuelle.

Le lecteur a souvent une petite avance sur Harry Hole, même si Nesbo sait bien l'embrouiller. Ce roman appartient à la catégorie "ne se lâche pas", son découpage joue avec les nerfs, les héros récurrents sont sympathiques, sauf quelques ripoux qu'on aimerait dénoncer à Harry (dans quel volume tout sera-t-il clair pour lui?)(ah, dans le suivant, que je n'ai pas lu) et surtout on découvre tout un pan d'histoire norvégienne pas très glorieuse entre 1940 et 1945.

Les avis chez Babelio


 600 pages avec Harry Hole, ça ne suffit pas, j'ai donc enchaîné avec :

Le sauveur
Jo Nesbø
folio policier, 2009
Traduit du norvégien par Alex Fouillet

Dans les semaines précédant Noël, le thermomètre descend largement sous zéro, et à Oslo l'Armée du Salut a de quoi s'occuper avec les réfugiés, les pauvres, les SDF, drogués ou pas. Lors d'un de ses concerts de rue, un de ses membres est abattu par un tueur qui réalise un peu tard qu'il s'est trompé de cible et qu'il lui faut reprendre le travail... Une course démarre entre police et tueur, Harry Hole et ses collègues devant protéger la victime potentielle et retrouver le tueur. Surtout que le mobile n'est pas facile à découvrir.

A nouveau un polar haletant, plein de surprises, au suspense sans faille, avec un Harry Hole lui aussi surprenant parfois.

"Le doute est l'ombre de la foi. Si on n'a pas la capacité de douter, on ne peut pas être croyant. C'est comme le courage, ça, inspecteur principal. Si on n'a pas la capacité d'avoir peur, on ne peut pas être courageux."

Des avis chez babelio

Pour la lecture suivante, j'attendrai quand même un peu...
 Dans l'ordre chronologique:
1 ) L'homme chauve-souris (en Australie)
2 ) Les cafards (en Thaïlande)

puis en Norvège :
3 ) Rouge-Gorge
4 ) Rue Sans-Souci
5 ) L'étoile du diable
6 ) Le Sauveur
7 ) Le Bonhomme de neige

8 ) Le Léopard
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Challenge Polars Thrillers chez Liliba

mercredi 28 novembre 2012

Bref, ils ont besoin d'un orthophoniste

Bref, ils ont besoin d'un orthophoniste
Gaëlle Pingault
Quadrature, 2012




En allant sur le blog de l'auteur, vous pourrez découvrir quelques textes et surtout la genèse de ce recueil : une belle histoire! Gaëlle Pingault est orthophoniste, magnifique métier qu'elle présente avec passion.

Des histoires très courtes présentent des enfants, adultes et personnes âgées qui, bref, ont besoin d'un orthophoniste. Dyslexie, autisme, des dys pas sympa du tout à vivre, rééducation après opération ou AVC, l'éventail des interventions d'un orthophoniste est vaste (une vingtaine recensés) et j'avoue une totale découverte de certains exemples. Les histoires sont fictives, sauf une. Toutes sont porteuses d'espoir. L'humour n'est jamais absent.

Mais Gaëlle Pingault écrit aussi des nouvelles, là il s'agit de son troisième recueil, et entre deux textes plus "professionnels" intervient Laure, une drôle de fille mal dans sa peau mais qui se soigne.
"Ma bonne fée a encore dû rater un truc dans la distribution des machins à joyeux grelots et à pompons heureux au-dessus du berceau à ma naissance. A se demander si j'ai vraiment une bonne fée ou si les réductions d'effectif des fonctionnaires étaient déjà à la mode à l'époque. Optimiste, moi, zéro patate." Une désespérée marrante, quoi.

Lecture hautement recommandable, qu'on ait besoin ou pas d'un orthophoniste.

Merci à l'éditeur. Toujours des bouquins fort soignés.

lundi 26 novembre 2012

Théorème vivant

Théorème vivant
Cédric Villani
Grasset, 2012


Avertissement liminaire: Ce bouquin contient de vrais gros morceaux de mathématiques à l'intérieur. Vous êtes prévenus des conséquences éventuelles! (lire ici )

Qui est Cédric Villani (à part un intello, comme disent les gamins d'aujourd'hui)? Quand même une grosse tête, qui se shoote aux mathématiques de très haut niveau et a obtenu en 2010 la médaille Fields, l'équivalent du Nobel pour les maths, ceci pour "his proofs of nonlinear Landau dumping and convergence to equilibrium for the Boltzman equation".

Costume trois pièces, lavallière, chaîne de montre et araignée broche, voilà pour le look. Mais ce passionné veut et sait aussi partager.

photo prise sur l'excellent article de blog75
Et le livre, alors? D'abord ce n'est pas de la vulgarisation, vous n'en sortirez pas en ayant tout compris sur l'amortissement Landau, l'équation de Boltzmann et autres amusements qui furent le quotidien de notre homme durant de longs mois. Mais vous aurez une petite idée de la façon dont avance une recherche en mathématiques ("Comment ça, tout n'a pas été démontré?" Vous exclamez-vous. "Les mathématiques ne sont pas un truc poussiéreux?")

Cedric Villani raconte la genèse d'une recherche, les longs mois de tâtonnements, de fourvoiements, d'éclairs de génie pour se tirer d'affaire, ses échanges avec son collaborateur Clément Mouhot (et les mails!), ses discussions avec des collègues qui éclairent le terrain, jusqu'à la publication d'un article bien dodu dans une prestigieuse revue mathématique.

Nous suivons aussi (un peu) la vie de famille de l'auteur, particulièrement à Princeton, eh oui comme Gödel (cf La déesse des petites victoires) mais en moins tourmenté heureusement.

Ce qui m'a frappée est le fait que le chercheur n'est pas isolé, - bossant des années puis offrant au monde "la" démonstration attendue depuis des décennie voire des siècles (même si certains fonctionnent ainsi)- mais qu'au contraire ce sont des mois et des mois de contacts nombreux, de présentation à la critique des travaux quasiment "en l'état", de remise de l'ouvrage sur le métier, avant, enfin, d'aboutir.

En plus d'une narration "normale", Cédric Villani a choisi d'insérer dans son livre des mails avec son collaborateur, des passages 100% maths (l'imprimeur a dû s'amuser) d'une beauté indéniable à mes yeux, mais que je n'ai même pas cherché à comprendre, des poèmes, des chansons, des portraits de mathématiciens, et quelques rappels classiques (vous pouvez toujours vous amuser avec le Problème de Syracuse, à la portée de tous, et encore non prouvé - j'dis ça, j'dis rien).

Finalement, il faut se laisser prendre par la main quand la forêt matheuse devient touffue et s'amuser du côté surréaliste de certains dialogues
"Alors attends, déjà, comment tu fais avec le bête transport libre?
- Boh, avec la solution explicite, ça doit le faire, attends, on va essayer de retrouver.
(...)
- On décompose la solution selon les répliques du tore... on change de variables dans chaque morceau... il y a un jacobien qui sort, tu utilises la régularité Lipschitz... et finalement tu trouves une convergence en un sur t. C'est lent mais ça sonne bien.
- Quoi, alors, t'as pas de régularisation... la convergence est obtenue moyenne... moyenne...
- Mais alors il faudrait voir si ça peut pas aider pour le dumping Landau!
Je suis bluffé. Trois secondes de silence. Vague sentiment de quelque chose d'important."


Une présentation, une vidéo, des extraits ici 
L'avis de mediapart
L'auteur en parle sur son blog.
Sur Babelio.

vendredi 23 novembre 2012

Certaines n'avaient jamais vu la mer / Home

Certaines n'avaient jamais vu la mer
Julie Otsuka
Phébus, 2012


56 critiques recensées sur Babelio, quel besoin d'en ajouter une? Voilà bien le problème des romans encensés par tous ou presque, l'envie d'en parler ou même de les lire peut nous quitter rapidement. Heureusement les qualités (et la brièveté, 140 pages) du roman sont telles qu'il fut vite dévoré!

Qui savait (avant parution de ce livre) qu'au début du 20ème siècle de nombreuses japonaises quittèrent leur pays pour un avenir qu'elles espéraient meilleur, en épousant un américain (d’origine japonaise)? On les appelait picture brides. Julie Otsuka utilise le nous narratif, réussissant à évoquer une multitude de destins à la fois semblables et différents. Rêves et désillusions, du travail, beaucoup de travail, les rapports avec les blancs, la vie de famille, l'abandon des traditions par la nouvelle génération, parfois leur réussite. Puis après l'entrée en guerre des États-Unis en 1941, les suspicions et l'envoi des familles en camp éloignés de la côte pacifique.
De fait, ce roman pourrait aussi décrire d'autres immigrations, d'autres suspicions sur une catégorie d'individus, d'autres injustices.
Foisonnant et lumineux roman, à lire, bien sûr!

 Pour Home de Toni Morrison, 57 critiques sur Babelio! J'en parlerai donc dans le même billet, catégorisé "tout le monde en parle mais ce n'est pas une raison pour ne pas le lire". Surtout que c'était l'occasion de découvrir l'auteur avec une texte assez court.


Home
Toni Morrison
Christian Bourgois, 2012
Traduit par Christine Laferrière



En peu de pages Toni Morrison a réussi à en dire tant! La guerre de Corée, les séquelles chez Frank Money (ouh l'histoire de la petite Coréenne),  la condition des noirs américains dans les années 50 et 30 aussi. Oui, mieux vaut entrer chez les blancs par la porte de derrière, faire attention où on s'assied. Pourtant des pages réchauffent le cœur, heureusement (les femmes de Lotus aidant Cee à guérir et grandir).

"Je ne vais nulle part. C'est ici qu'est ma place."

En refermant le roman, trop court ou pas selon les avis, on s'aperçoit que les détails se sont mis en place. Et je ressens l'envie de lire d'autres titres (des idées?), peut être même en version originale, ça doit valoir le coup, car l'écriture est marquante.

mercredi 21 novembre 2012

Demain, demain


Demain, demain
Nanterre, bidonville de la folie
1962-1966
Laurent Maffre
suivi de 127, rue de la Garenne
raconté par Monique Hervo
Actes sud BD/arte éditions, 2012






"Le bidonville, rue de la Garenne, dit La folie, le plus vaste -21 hectares- et le plus insalubre des bidonvilles de Nanterre, se situait sur les terrains de l’établissement public pour l'aménagement de la Défense (l'EPAD). Comme d'autres bidonvilles de Nanterre, (...), il était relégué aux portes de Paris.
En 1962, environ1500 ouvriers "célibataires" et quelques 300 familles y habitaient, sans électricité et sans eau courante. Pour tous, il n'y avait qu'une seule fontaine et une seule adresse administrative : le 127, rue de la Garenne."

Au travers de la vie d'une famille algérienne fictive et de leurs voisins et amis français, un document dessiné en noir et blanc montrant sobrement et efficacement ce qu'était la vie dans ce bidonville. Insalubrité, froid, humidité, boue, corvée d'eau, maladie, incendies meurtriers parfois, démolitions par "les bleus" si on s'avisait de réparer trop solidement, mais aussi solidarité, fêtes, jeux à l'école, une sortie à la mer, espoir d'en sortir.
Leur rêve : avoir une vraie maison, mais ils ne sont pas du tout prioritaires!

En supplément, photos et "journal" de Monique Hervo.

A lire, percutant!

Des planches ici.

Voir Les gridouillis, chez Mo,

lundi 19 novembre 2012

Dans les forêts de Sibérie

Dans les forêts de Sibérie
Sylvain Tesson
Gallimard, 2011


"Je suis au seuil d'un rêve vieux de sept ans. En 2003, je séjournai pour la première fois au bord du Baïkal. Marchant sur la grève, je découvris des cabanes régulièrement espacées, peuplées d'ermites étrangement heureux. L'idée de m'enfouir sous le couvert des futaies, seul, dans le silence, chemina en moi.Sept ans plus tard, m'y voilà."

Pourtant il a bien arpenté la Terre, surtout l'Asie.
Mais:
"Les hommes qui ressentent douloureusement la fuite du temps ne supportent pas la sédentarité. En mouvement, ils s'apaisent. Le défilement de l'espace leur donne l'illusion du ralentissement du temps, leur vie prend l'allure d'une danse de Saint-Guy. Ils s'agitent.
L'alternative, c'est l'ermitage."

On change, quoi.

Le voilà donc parti pour 6 mois dans une cabane de 3 mètres sur 3, sur la rive nord ouest du Baïkal. 700 km de long sur 80 de large, un kilomètre et demi de profondeur, 25 millions d'années, et l'hiver, 110 cm de glace.
Du matériel, de la nourriture, de la boisson, de la lecture (liste fournie ici pages 33-35). L'existence se réduit à une quinzaine d'activités. Cuisiner, couper le bois, lire, écrire, flâner, rêver, explorer les environs.
Les jours se suivent, semblables - ou pas. Le printemps arrive, le lac dégèle.

Un journal au jour le jour, pas toujours passionnant, mais bourré de réflexions intéressantes sur la vie, les paysages, les lectures, la vie...De l'humour et de l’auto dérision.  Une vie ponctuée de pas mal de visites car d'autres cabanes, à 30 ou 100 kilomètres de là, sont habitées par des russes. Thé, vodka (beaucoup de vodka), poisson. Discussions -ou silences. Deux petites chiennes viennent rejoindre sa cabane. Il observe les mésanges.

Au final, le récit d'une expérience, de la réalisation d'un rêve. Une bouffée d'oxygène.

A la fin:
"Sergueï me fait le plus beau compliment de mon existence: "Ta présence ici dissuade les braconniers. Tu auras sauvé quatre ou cinq ours."

Les avis chez babelio
dernièrement, kathel

vendredi 16 novembre 2012

Le chiffre des soeurs / Les ronces

Le chiffre des sœurs
Antoine Piazza
Editions du Rouergue, 2012



Il y a un mystère Piazza. Moi qui déteste en général ces romans trop inspirés par la vie d'un auteur, j'ai dévoré cette chronique façon puzzle à la chronologie vagabonde axée sur les quatre tantes de l'auteur, Annabelle, Armelle, Alice et Angèle. Le lecteur traverse un vingtième siècle et ses évolutions, particulièrement dans cette petite bourgeoisie. Oncles et neveux, gendres et beaux frères, grand-pères restent en arrière plan. Rien de sensationnel ne survient, pas de folie, d'inceste, de catastrophe, mais Piazza transforme la banalité grâce à son regard lucide et détaché. Non, on ne saura rien de ses états d'âme, de ses interventions. Son affection pour cette famille est palpable et il ne prend pas parti. Pourtant ces sœurs ont parfois leur caractère, leurs défauts et leurs manies!
A feuilleter les romans de Piazza, on peut hésiter : c'est dense, pas de dialogues pour aérer les pages. Mais une fois lancée dans une de ses (longues) phrases, je suis accrochée et l'élégance de la langue me berce et m’entraîne...

"Mon père, prenant livraison, dans la semaine qui suivit, d'une nouvelle voiture, fut étonné de ne pas voir, après l'interminable et minutieux examen qui exaspérait d'ordinaire le concessionnaire et les vendeurs réunis derrière lui et à l'issue duquel il il réglait le solde dû à la livraison, l'orifice ombilical et familier qui, au moment de prendre la route, le sauvait éventuellement de la paralysie ou de la pluie. En réalité, Renault avait depuis peu supprimé la manivelle ancestrale et sommaire et fait naître la voiture moderne, docile et exempte de pannes, et les lourds ahans des citadins congestionnés rejoignirent dans un vent archaïque et froid les cris de paysans poussant leurs bêtes."
photo ici

Les avis de Enfin livre! , sans connivence,   le cadran lunaire,   babelio,

Et je continue avec le même!


Les ronces
Antoine Piazza
Editions du Rouergue, 2006


Toujours dans l'autobiographie distanciée, après sa famille dans Le chiffre des sœurs, son séjour en Afrique dans La route de Tassiga, (quoique Roman fleuve flirtait avec la SF), l'auteur évoque maintenant ses sept années comme instituteur dans un village isolé du Haut-Languedoc, dans les années 80, époque charnière de la vie du village, puisque l'école fermera, et il partira à Sète.
Piazza se livre un peu plus, dans ses façons pas toujours acceptées de faire la classe, ses balades à pied dans la région, sa vie de famille, la poésie gardée par son père dans son portefeuille, et ses premiers pas d’écrivain aux manuscrits refusés.
Mais l'essentiel du livre vaut pour la description de figures du village au fil du temps, le maire, les familles de ses élèves, les gens du cru, les rapportés (comme on dit par chez moi), les exilés de retour au pays natal. C'est croqué sans méchanceté, avec précision, un brin de nostalgie, un grand sens de l'observation, et toujours une écriture ample non dénuée de souffle.

Les avis de Wodka, l'antre des mots, Le bibiophare,

mercredi 14 novembre 2012

A nous deux, Paris

A nous deux, Paris
J.P. Nishi
Editions Philippe Picquier, 2012



Encore une fois (soupirs) merci à A girl from earth pour ses tentations autour du Japon.



Taku Nishimura, alias J.P. Nishi, est un japonais trentenaire ne parlant pas français (au début du moins), arrivé à Paris "parce que passionné de BD française". Dans son pays, il est mangaka, à Paris il travaille dans une épicerie japonaise.

Avec une dose élevée d'autodérision il raconte sa découverte des mœurs parisiennes (et françaises aussi) , sans oublier de croquer son ami italien aux nombreuses conquêtes féminines, son collègue malgache et ses amies japonaises parfois "carriéristes de l'amour".

Il découvre les bretelles de soutien-gorge et les décolletés des françaises, les bisous et les codes de ces bisous si peu japonais, les billets de 500 euros impossibles à dépenser -ou presque, les soldes, les vélib's, les voisins de sa chambre de bonne, et même l'amour -ou presque. Les critères de beauté sont bien différents aussi, mais je m'étonne qu'il mélange au départ les différents asiatiques rencontrés.

Paris vu par les yeux d'un Japonais faussement naïf, un joli aller-retour France-Japon, finalement, et de l'humour.

Les avis de Journal du Japon, colimasson, le dolmen, marie,
Encore un pour le challenge de Catherine

lundi 12 novembre 2012

Pêche en eau trouble

Pêche en eau trouble
Carl Hiaasen
10/18, 2004
Double Whammy, traduit par Yves Sarda


Pas de panique! Ce polar déjanté est garanti sans descriptions oiseuses de pêche à la mouche. On n'est pas dans le Montana, d'abord, mais en Floride, et on y pêche le bass, bestiole pas chichiteuse, résistante, prolifique. Sauf que même dans ces conditions là, certains trichent lors des concours où l'on peut quand même gagner 4x4, bateau et espèces; et ça, Dennis Gault n'aime pas. Il engage donc pour enquêter en douce R.J. Decker, qui mettra les pieds dans des histoires plus glauques que le fond boueux des lacs.

L'enquête va se dérouler dans des lieux "jamais à court de gnôle ni de crétinerie", "où la corruption le disputait à l'aridité et que les bizarres notions d'intégration raciale, de droit légitime à un logement décent et d'égalité des droits civiques n’avaient pas atteinte." Ajoutons Skink, une sorte d'ermite un brin givré, Jim Tile, le flic de la route noir et costaud, et Charlie Weeb, propriétaire à la fois d'un Église et d'une chaîne de télévision, organisateur de miracles et de concours de pêche, et promoteur immobilier.

Le lecteur est gagnant sur tous les plans. Une bonne intrigue bien ficelée avec joli final, des passages réjouissants (mais certains sont vraiment complètement barjes!) et une dénonciation du tourisme de masse pollueur, en Floride en particulier (mais imaginez juste certains coins de l'Espagne).
J'ai tellement aimé que j'ai acheté un autre de ses polars, affaire à suivre!

L'auteur : originaire de Floride, journaliste et auteur de romans (certains pour la jeunesse), se fait le défenseur des Everglades.

Des avis chez Babelio

Challenge Polars Thrillers chez Liliba