Sacrifice
The Sacrifice, 2015
Joyce Carol Oates
Philippe Rey, 2016
Traduit par Claude Seban
Ignorant délibérément la présentation de l'éditeur et la quatrième de couverture (et j'ai bien fait!), j'ai découvert le dernier opus de Joyce Carol Oates, arrivé inopinément dans ma boîte aux lettres. Une question : ça passe ou ça casse? (la dame a parfois des tics d'écriture qui me hérissent le poil).
Quelques heures de lecture frénétique plus tard, le verdict : Madame Oates possède un vrai talent.
Pascayne, New Jersey, 1987. Ednetta Frye parcourt les rues de son quartier, cherchant désespérément sa fille Sybilla, 14 ans, disparue depuis déjà deux ou trois jours. Banal? Plutôt l'occasion pour l'auteur de plonger dès le premier chapitre son lecteur dans ce quartier noir déglingué magistralement évoqué.
La voisine d'une usine en ruine (prénommée Ada, hé oui, ces coïncidences font mon bonheur de lectrice), alertée par des gémissements, va la retrouver dans la cave, ligotée, souillée par des excréments de chien, battue et ensanglantée, choquée et violentée par plusieurs blancs dont un flic, à ce que la police réussira à apprendre d'elle.
L'enquête sur ce crime révoltant aura bien du mal à démarrer, la fille demeurant mutique, et la mère craignant (à juste titre) la police, refusant qu'on l'interroge, finissant par l'envoyer à l'abri, loin des services sociaux et autres.
Jusqu'à l'arrivée des frères Mudrick, et là le roman prend une autre dimension, explorant la montée en puissance de l'affaire dans les medias.
Je préfère ne pas trop en dire, seulement que le lecteur est bousculé, mais à lui de saisir les petits moments où l'auteur instille le doute, pour finir emporté par une vague dépassant largement l'histoire de Sybilla. Manipulation des foules, profiteurs, mais aussi réalité de la vie des noirs américains, et en 1987 comme aujourd'hui hélas, si la police t'arrête au volant, tu as intérêt à penser à tes gestes...
"En août 1967 (.) une explosion de violence avait secoué les bas quartiers de Pascayne durant plusieurs jours et plusieurs nuits: coups de feu sporadiques, incendies et pillages, loi martiale, envoi de la garde nationale du New Jersey pour maîtriser la violence. Sur les vingt-sept personnes mortes dans ce qui avait été qualifié d' 'émeute raciale', vingt- quatre étaient noires.
Parmi les vingt-sept victimes, vingt au moins n'avaient participé à aucun acte de violence et n'étaient pas armées: des passants qui s'étaien trouvés au mauvais endroit au mauvais moment, ou qui s'étaient mis imprudemment à une fenêtre dans une zone où les policiers suspectaient la présence de 'snipers'. Trois autres victimes étaient des enfants de moins de douze ans, et deux, des femmes âgées, abattues à l'intérieur de leur domicile par des balles de gardes nationaux qui tiraient en direction des fenêtres.
Les deux dernières victimes, enfin ,étaient des policiers, abattus par des 'tirs amis', 'dans l'exercice de leurs fonctions'."
Après recherche sur internet, ce passage doit être inspiré des émeutes de Newark (NJ) en 1967
De même, le livre de JCO s'inspire de faits réels (mais je n'ai mené de recherches qu'après lecture)
Une remarque cependant : ne pas croire à un livre avec 'bons' d'un côté et 'méchants' de l'autre, c'est bien plus subtil que cela. JCO s'attaque sans peur à un sujet grave (et hélas toujours actuel).
L'avis de Jackie Brown.
The Sacrifice, 2015
Joyce Carol Oates
Philippe Rey, 2016
Traduit par Claude Seban
Ignorant délibérément la présentation de l'éditeur et la quatrième de couverture (et j'ai bien fait!), j'ai découvert le dernier opus de Joyce Carol Oates, arrivé inopinément dans ma boîte aux lettres. Une question : ça passe ou ça casse? (la dame a parfois des tics d'écriture qui me hérissent le poil).
Quelques heures de lecture frénétique plus tard, le verdict : Madame Oates possède un vrai talent.
Pascayne, New Jersey, 1987. Ednetta Frye parcourt les rues de son quartier, cherchant désespérément sa fille Sybilla, 14 ans, disparue depuis déjà deux ou trois jours. Banal? Plutôt l'occasion pour l'auteur de plonger dès le premier chapitre son lecteur dans ce quartier noir déglingué magistralement évoqué.
La voisine d'une usine en ruine (prénommée Ada, hé oui, ces coïncidences font mon bonheur de lectrice), alertée par des gémissements, va la retrouver dans la cave, ligotée, souillée par des excréments de chien, battue et ensanglantée, choquée et violentée par plusieurs blancs dont un flic, à ce que la police réussira à apprendre d'elle.
L'enquête sur ce crime révoltant aura bien du mal à démarrer, la fille demeurant mutique, et la mère craignant (à juste titre) la police, refusant qu'on l'interroge, finissant par l'envoyer à l'abri, loin des services sociaux et autres.
Jusqu'à l'arrivée des frères Mudrick, et là le roman prend une autre dimension, explorant la montée en puissance de l'affaire dans les medias.
Je préfère ne pas trop en dire, seulement que le lecteur est bousculé, mais à lui de saisir les petits moments où l'auteur instille le doute, pour finir emporté par une vague dépassant largement l'histoire de Sybilla. Manipulation des foules, profiteurs, mais aussi réalité de la vie des noirs américains, et en 1987 comme aujourd'hui hélas, si la police t'arrête au volant, tu as intérêt à penser à tes gestes...
"En août 1967 (.) une explosion de violence avait secoué les bas quartiers de Pascayne durant plusieurs jours et plusieurs nuits: coups de feu sporadiques, incendies et pillages, loi martiale, envoi de la garde nationale du New Jersey pour maîtriser la violence. Sur les vingt-sept personnes mortes dans ce qui avait été qualifié d' 'émeute raciale', vingt- quatre étaient noires.
Parmi les vingt-sept victimes, vingt au moins n'avaient participé à aucun acte de violence et n'étaient pas armées: des passants qui s'étaien trouvés au mauvais endroit au mauvais moment, ou qui s'étaient mis imprudemment à une fenêtre dans une zone où les policiers suspectaient la présence de 'snipers'. Trois autres victimes étaient des enfants de moins de douze ans, et deux, des femmes âgées, abattues à l'intérieur de leur domicile par des balles de gardes nationaux qui tiraient en direction des fenêtres.
Les deux dernières victimes, enfin ,étaient des policiers, abattus par des 'tirs amis', 'dans l'exercice de leurs fonctions'."
Après recherche sur internet, ce passage doit être inspiré des émeutes de Newark (NJ) en 1967
De même, le livre de JCO s'inspire de faits réels (mais je n'ai mené de recherches qu'après lecture)
Une remarque cependant : ne pas croire à un livre avec 'bons' d'un côté et 'méchants' de l'autre, c'est bien plus subtil que cela. JCO s'attaque sans peur à un sujet grave (et hélas toujours actuel).
L'avis de Jackie Brown.
Commentaires
Ça va venir...
Ce titre,je ne le connais pas.
Bonne fin de semaine.
Encore que les ordinateurs soient basés là-dessus... 0/1
Et c'est la centième fois que je le dis, je devrais lire un JCO.
Disons que ce roman m'a été envoyé, je lui ai laissé sa chance, et finalement ça c'est bien passé.
Oui, JCO, c'est plus que qui est coupable ou pas, c'est une percée dans ce qu'un être humain pense et ressent. J'ai adoré ce bouquin et comme tu le soulignes, ça apprend des choses sur ces fameuses émeutes!