Biophilie

Biophilie
Edward O. Wilson
José Corti, 2012, collection Biophilia
Traduit par Guillaume Villeneuve



L'auteurEdward Osborne Wilson, né en 1929 à Birmingham, Alabama, est un biologiste, entomologiste, myrmécologue de notoriété mondiale, fondateur de la sociobiologie, concepteur de la biodiversité développée au début du XXIᵉ siècle. 

Ce livre est en fait paru en 1984! Il est le premier d'une collection chez José Corti, nommée Biophilia, justement, dont je sens qu'il va me la falloir!

Quatrième de couverture et explication du titre par l'auteur

Je définirais la “biophilie” comme la tendance innée à se concentrer sur la vie et les processus biologiques. Depuis notre prime enfance, nous nous préoccupons avec bonheur de nous-mêmes et des autres organismes. Nous apprenons à faire le départ entre le vivant et l’inanimé et nous nous dirigeons vers le premier comme des phalènes vers une lampe. Nous apprécions en particulier la nouveauté et la variété. Tout cela se conçoit d’emblée, mais il y a encore beaucoup à en dire. J’entends démontrer qu’explorer la vie, s’affilier à elle, constitue un processus profond et complexe du développement mental. Dans une mesure encore sous-évaluée par la philosophie et la religion, notre existence repose sur cette inclination.
La biologie moderne a conçu une façon toute nouvelle de considérer l’univers, laquelle s’accorde du avec ce point de vue de la biophilie. En d’autres termes, l’instinct, pour une fois, s’aligne sur la raison. J’en tire une conclusion optimiste : c’est pour autant que nous en viendrons à comprendre d’autres organismes que nous leur accorderons plus de prix, comme à nous-mêmes.


Vous êtes toujours là? Bon, j'arrête ces (bien pratiques) copiés collés et vous parle de cette lecture. Quand je pense que j'ai failli la rater, n'ayant pas de prime abord compris de quoi il s'agissait, alors que c'est complètement ma tasse de thé (oui, attention, sur ce blog, le grand retour des trucs nature/écologie/petites bestioles/naturalisme)

Une dizaine de textes pour 200 pages environ, écrites avec une précision scientifique sans lourdeur ou obscurité mais aussi un soin tout littéraire, conduisent le lecteur principalement dans les zones tropicales humides, si merveilleusement riches, avec par exemple la fourmi parasol.

Elles s'attaquent aux feuilles et causent bien des dégâts, mais leur étude est fascinante (cette histoire de jardin et de champignon!). "Si les êtres humains évoluent dans une univers visuel et auditif, les insectes sociables existent d'abord par le goût et l'odeur. En un mot, nous sommes audiovisuels alors qu'ils sont chimiques".

Une des grandes questions auxquelles essaie de répondre l'auteur au cours de ses recherches est
"Quelles doivent être les dimensions d'une réserve naturelle pour qu'on puisse protéger de façon durable la plupart, sinon toutes les espèces de plantes et d'animaux qui s'y trouvent?" Bien compliqué, surtout qu'il semble y avoir "un équilibre de la nature jusqu'au niveau des espèces, avec des vagues de remplacement." La biodiversité se hisserait jusqu'à un certain niveau puis demeurerait stationnaire, avec arrivée et départ de certaines espèces.

Ce livre riche et varié s'interroge aussi sur la peur du serpent chez les êtres humains (et les singes) et à l'habitat 'idéal' de l'homme. "Certaines caractéristiques-clés de l'habitat physique de jadis correspondent aux choix opérés par les êtres humains contemporains quand ils ont voix au chapitre."
"Une savane, vallonnée d'or et de vert, sillonnée par un réseau précis de cours d'eau et de lacs..."

Le dernier chapitre, écrit il y a déjà une trentaine d'années, intitulé L'éthique de la conservation, tirait déjà la sonnette d'alarme.
Je me contenterais d'une citation:
"Le pire pari de tous est de laisser des espèces verser tout entières dans l'extinction car même si l'on concède plus de place à l'environnement naturel par la suite, jamais il ne pourra se reconstituer dans sa diversité originelle. La première règle du bricolage, nous rappelle Aldo Leopold, est de garder toutes les pièces."

J'en profite pour rappeler qu'il n'est pas besoin de partir sous les tropiques pour découvrir une nature étonnante. J'ai récemment vu un film tourné en Alsace, près du Rhin canalisé et industriel, où une gravière abandonnée est devenue un petit paradis pour faune et flore. Jungle d'eau douce, la vie secrète des gravières. Le film entier se trouve facilement sur internet.



Commentaires

  1. Les petites bêbêtes ça ne me dit rien en ce moment ... peut-être plus tard.

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    1. Et la biodiversité? Et la préservation des la nature? ^_^

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  2. lu mais moins aimé que d'autres livres du même genre, enfin quand je dis moins aimé c'est quand même un excellent livre, je vois que tu es moins paresseuse que moi pour rédiger des billets :-)

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    1. Il me semble avoir vu chez toi un livre de la même collection? Qui avait l'air plus attirant (l'historie d'un naturaliste, c'était danois je crois) mais ma bibli n'a que celui-ci, qui a su se faire convaincant!!!
      J'en profite pour caser un film vraiment passionnant aussi!

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  3. voila qui concerne directement la prof de bio!

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    1. Particulièrement, si tu veux! (je rêve de mettre la main sur les bouquins de Fabre). Mais lisible par tous!

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    2. j'adore Fabre, je l'ai fait lire dans le temps à mes élèves.

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    3. Un fois j'ai vu un exemplaire de la collection Bouquins (tiens, tiens, il appartenait à une prof de biologie; on dit SVT je crois?) et depuis j'en rêve...

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  4. ça devrait me plaire, et puis José Corti....

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    1. Hé oui, José Corti qui a lancé une collection bien tentante (pour moi en tout cas)

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  5. Bonjour ! Quelle bavarde quand tu parles de la nature ! C'est vrai que tu as failli me perdre dans la lecture de la 4ème de couv... et puis, j'ai trouvé très intéressant le reste de ton billet.

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    1. Je donne rarement la quatrième de couverture, mais il fallait bien expliquer le terme biophilie! Et puis cela donne un aperçu du style de l'auteur.
      Ceci étant, je sais que ma passion pour ce type de lectures n'est pas toujours partagée! ^_^ Cependant quand le fond et la forme se rencontrent, quel bonheur!

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  6. Voilà le printemps et le retour de la nature chez toi !

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    1. Mouais, tu veux m'aider à désherber, à la main et la binette?
      Ceci étant, oui, un peu de nature en lecture ne fait pas de mal, j'ai quasiment lu tout ce qui m'est tombé sous la main.

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  7. Un peu de fatigue aidant, j'avais fait de la lecture rapide et lu bibliophilie. D'où mon incompréhension de l'intro. J'ai remis ma tete à l'endroit et depuis j'ai mieux compris ;-) En fait la Nature je l'aime beaucoup en vrai. Donc je vais passer celui ci.

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    1. Bibliophilie est aussi un titre qui m'aurait attirée... ^_^
      Quant à la nature, j'aime lire dessus et aussi bien sûr en vrai!

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  8. Ca va t'étonner mais ça m'intéresse comme sujet ! C'est vrai que je préfère regarder les docu sur ce genre de thème, plus abordable avec les images, je trouve... c'est noté !

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    1. Un des textes date des années 80, et hélas on constate que déjà à l'époque on pouvait tirer la sonnette d'alarme et pas grand chose n'a changé...
      Pour les docus, j'ai fait exprès de mettre le lien, un film vraiment étonnant.

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  9. En lecture, ça ne me tente pas trop, en revanche, bizarrement, c'est le genre de sujet que je pourrais très bien suivre et qui pourrait me fasciner en documentaire à la TV. Tiens, en passant, j'ai récupéré au boulot "Un an dans la vie d'une forêt" suite à ton billet.^^

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    1. Justement je donne les références d'un film tourné... en Alsace!
      Un an dans la vie d'une forêt, oui, faut parfois s'accrocher mais le thème et le style font le bouquin!

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  10. Pour mon fils peut-être, il adore toutes les bestioles, en reportage, en livres, ça devrait l'enchanter, dans un an ou deux :)

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    1. C'est écrit de façon bien tenue, mais pourquoi pas? Sinon, tu as le film dont je donne les références, visible sur internet, et passionnant, à tout âge!

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  11. Il me fait bien envie celui-là. J'ai déjà un livre de Wilson à la maison, il date de 2006, Sauvons la biodiversité, et il y parle aussi des fourmis qui ont l'air de le fasciner. Il faut que je le relise cette semaine, à toute vitesse, car je me suis inscrite à un cours sur la biodiversité, sur le MOOC. C'est vraiment génial.

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    1. Les fourmis, c'est sa spécialité!
      Nous sommes sur les mêmes longueurs d'ondes, STP, prends le temps de regarder le petit film (fin de mon billet), la bande annonce, ou entier sur internet...
      Il y a des MOOC sur tout, dis donc!

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