La Saison des adieux
Afskeid en Vertrek
Karel Schoeman
Phebus, 2004
Traduction de Pierre-Marie Finkelstein
Illustration de couverture : Nikolaï Rerikh, Repos du chasseur, 1916
Ce n'est pas ici la première apparition de Karel Schoeman (prononcer Skeuman), écrivain sud africain né en 1939 et écrivant en afrikaans. Quand on aime un auteur, on veut tout lire. Petit à petit se réalise la découverte de l'Afrique du sud 'de l'intérieur', mais ici comme auparavant il ne faut point s'attendre à un exposé clair des événements, plutôt des allusions assez floues et universelles. Très fort.
Une fois encore, plongée dans un roman de Karel Schoeman, je n'ai pu le lâcher, sans doute grâce à son écriture (bravo au traducteur). Les quelques impressions suivantes ne donneront pas une idée complète de ce riche roman.
Adriaan, poète sud africain réputé, vient de faire paraître un recueil et se retrouve dans une période sans écriture. Un de ses rituels est de détruire ses notes et brouillons, avant de démarrer d'autres écrits. Il est possible de voir ce roman sous l'angle de la création et de l'écriture, à quel moment Adriaan décide de se remettre à l'ouvrage, l'élément déclencheur, et comment les mots lui viennent.
A la fin, il est dérangé chez lui alors qu'il écrit, la main salie d'encre.
Pour moi l'un des moments les plus forts du roman est la rencontre d'Adriaan avec Dekker, poète vivant reclus à la campagne, et ayant cessé d'écrire ('Après on est libre')
"Il ne faut pas mal interpréter mon retrait. Mais ne le prenez surtout pas comme une condamnation de votre propre engagement.
-Moi, engagé? dit Adriaan, étonné.
- Vos livres le sont.
- Vous êtes bien l'un des rares à vous en être aperçu!
- Vous prenez position. Le choix même de vos mots est déjà une prise de position, un jugement, indépendamment de ce que vous tentez de dire dans tel ou tel poème en particulier.
- Pourtant la plupart des gens ne lisent que ce qui est le plus apparent, malheureusement.
- J'ai vu les lumières des torches, dans la nuit, de l'autre côté de la colline, au dessus du village.J'ai entendu les mitrailleuses, les avions qui volaient en rase-mottes dans l'obscurité."
La quatrième de couverture annonce que ce roman (écrit en 1990) se déroule dans les années 70, durant une période de troubles. En effet, barrages, patrouilles, laissez-passer, militaires, disparitions, personnes déplacées, barbelés, sirènes, toute une ambiance sombre et pesante baigne ce roman.
"Dans le hall de la gare, les sans-abri déambulaient; à l'entrée de l'hôtel, la porte tournante pivotait sous le regard des vigiles; quelque part un homme s'abattait lourdement sur le sol, le visage en sang, quelque part quelqu'un mourait sur le sol de béton, dans la lumière omniprésente d'une ampoule électrique nue."
Mais la majeure partie du roman concerne Adriaan, ses rencontres, sa vie sociale ou professionnelle, ses déambulations, dans une ville du Cap souvent pluvieuse ou le lumineux bord de mer.
Alors? Si ce n'est déjà fait, découvrez Schoeman!
Les avis d'Eeguab (chez lecture/écriture)
Afskeid en Vertrek
Karel Schoeman
Phebus, 2004
Traduction de Pierre-Marie Finkelstein
Illustration de couverture : Nikolaï Rerikh, Repos du chasseur, 1916
Ce n'est pas ici la première apparition de Karel Schoeman (prononcer Skeuman), écrivain sud africain né en 1939 et écrivant en afrikaans. Quand on aime un auteur, on veut tout lire. Petit à petit se réalise la découverte de l'Afrique du sud 'de l'intérieur', mais ici comme auparavant il ne faut point s'attendre à un exposé clair des événements, plutôt des allusions assez floues et universelles. Très fort.
Une fois encore, plongée dans un roman de Karel Schoeman, je n'ai pu le lâcher, sans doute grâce à son écriture (bravo au traducteur). Les quelques impressions suivantes ne donneront pas une idée complète de ce riche roman.
Adriaan, poète sud africain réputé, vient de faire paraître un recueil et se retrouve dans une période sans écriture. Un de ses rituels est de détruire ses notes et brouillons, avant de démarrer d'autres écrits. Il est possible de voir ce roman sous l'angle de la création et de l'écriture, à quel moment Adriaan décide de se remettre à l'ouvrage, l'élément déclencheur, et comment les mots lui viennent.
A la fin, il est dérangé chez lui alors qu'il écrit, la main salie d'encre.
Pour moi l'un des moments les plus forts du roman est la rencontre d'Adriaan avec Dekker, poète vivant reclus à la campagne, et ayant cessé d'écrire ('Après on est libre')
"Il ne faut pas mal interpréter mon retrait. Mais ne le prenez surtout pas comme une condamnation de votre propre engagement.
-Moi, engagé? dit Adriaan, étonné.
- Vos livres le sont.
- Vous êtes bien l'un des rares à vous en être aperçu!
- Vous prenez position. Le choix même de vos mots est déjà une prise de position, un jugement, indépendamment de ce que vous tentez de dire dans tel ou tel poème en particulier.
- Pourtant la plupart des gens ne lisent que ce qui est le plus apparent, malheureusement.
- J'ai vu les lumières des torches, dans la nuit, de l'autre côté de la colline, au dessus du village.J'ai entendu les mitrailleuses, les avions qui volaient en rase-mottes dans l'obscurité."
La quatrième de couverture annonce que ce roman (écrit en 1990) se déroule dans les années 70, durant une période de troubles. En effet, barrages, patrouilles, laissez-passer, militaires, disparitions, personnes déplacées, barbelés, sirènes, toute une ambiance sombre et pesante baigne ce roman.
"Dans le hall de la gare, les sans-abri déambulaient; à l'entrée de l'hôtel, la porte tournante pivotait sous le regard des vigiles; quelque part un homme s'abattait lourdement sur le sol, le visage en sang, quelque part quelqu'un mourait sur le sol de béton, dans la lumière omniprésente d'une ampoule électrique nue."
Mais la majeure partie du roman concerne Adriaan, ses rencontres, sa vie sociale ou professionnelle, ses déambulations, dans une ville du Cap souvent pluvieuse ou le lumineux bord de mer.
Alors? Si ce n'est déjà fait, découvrez Schoeman!
Les avis d'Eeguab (chez lecture/écriture)
Commentaires
Choisis en fonction des disponibilités à ta bibli.
J'ai donné les références de la couverture, car quand j'ai présenté ma lecture précédente de l'auteur, on m'a demandé d'où elle venait, un tableau sans doute, mais je n'avais pas les réfrences.
'Mon' Schoeman serait aussi un choix recommandable!
Comment fait-on pour ne jamais avoir lu le livre des amies blogueuses alors que l'on passe sa vie à lire? Grave question existentielle!
Je n'ai jamais lu ce Pleure, ô pays bien aimé, mais je comprends que cela te rappelle cet auteur sud africain...
Et j'allais te proposer de nous rejoindre pour Gordimer mais je vois que A Girl est déjà passé par-là ;-)