Ma vie en peintures
El nervio optico
Maria Gainza
Gallimard, 2018
Traduit par Gersende Camenen
"Je marchais dans le musée en évitant les grands tableaux, lassée de la peinture du vingtième siècle et de ses grands airs messianiques qui crient sur ton passage : 'je suis une oeuvre d'art!' comme s'il y avait de quoi en faire tout un plat, lorsqu'un tableau a capté mon attention. En approchant j'ai découvert son nom : Schiavoni. Un nom qui ne me disait rien du tout; tout au plus évoquait-il celui d'un garagiste ou d’une entreprise de déménagement, même si, dans ce cas, on aurait dû lire 'Schiavoni, père et fils.' Et puis il y avait la question de la ressemblance."
L'illustration de couverture, Jeune fille assise d'Augusto Schiavoni, appartient au Musée des Beaux Arts de Buenos Aires, et lors d'une visite Maria Gainza réalise la ressemblance entre la jeune fille représentée en 1929 et elle-même enfant. Là voilà ensuite rappelant la vie de Schiavoni, particulièrement à Venise, et évoquant sa vieille amitié (à elle) avec un certain Fabiolo. Le lien entre ces différents sujets existe, passer de l'un à l'autre peut ne pas paraître forcément fluide, mais on ne s'y perd pas et cela reste fort intéressant.
Voilà comment Maria Gainza, journaliste et critique d'art argentine, construit ses différents chapitres, chacun consacré sans trop de chronologie à un peintre et une partie de sa vie, avec l'Argentine en lointaine toile de fond. La quatrième de couverture appelle cela une fiction autobiographique et je préfère cela à roman.
"Parcourez du regard une salle de peinture argentine. Faites le lentement, en gardant une vision floue. Dès que vous sentirez une secousse (...) arrêtez-vous: il est fort probable que vous vous trouviez face à un Victorica."
Parlant de son incapacité (récente) à prendre l'avion
"Bien sûr, il y a des choses que tu rates en ne voyageant pas. Tu as dû renoncer à voir un jour Le Rêve, l'une des grandes peintures de Rousseau qui se trouve au MoMa de New York et qui, fit-on, fait trembler le sol sous les pieds. Tu ne verras pas non plus la Madonna del Parto de Piero Della Francesca, qui est à Monterchi et qui porte une tunique bleue capable d'émouvoir une institutrice allemande; le Baiser à la dérobée de Fragonard, qui est à l'Ermitage de Saint-Pétersbourg, ce sera pour une future réincarnation slave. Et, entre nous, il est temps de renoncer à l'idée saugrenue de contempler de tes propres yeux le hanami, la neige la plus exquise du monde, le moment précis où les cerisiers fleurissent au Japon."
L'avis (tentateur) de Maryline (avec plein d'illustrations) et Annie, bien illustré aussi.
El nervio optico
Maria Gainza
Gallimard, 2018
Traduit par Gersende Camenen
"Je marchais dans le musée en évitant les grands tableaux, lassée de la peinture du vingtième siècle et de ses grands airs messianiques qui crient sur ton passage : 'je suis une oeuvre d'art!' comme s'il y avait de quoi en faire tout un plat, lorsqu'un tableau a capté mon attention. En approchant j'ai découvert son nom : Schiavoni. Un nom qui ne me disait rien du tout; tout au plus évoquait-il celui d'un garagiste ou d’une entreprise de déménagement, même si, dans ce cas, on aurait dû lire 'Schiavoni, père et fils.' Et puis il y avait la question de la ressemblance."
L'illustration de couverture, Jeune fille assise d'Augusto Schiavoni, appartient au Musée des Beaux Arts de Buenos Aires, et lors d'une visite Maria Gainza réalise la ressemblance entre la jeune fille représentée en 1929 et elle-même enfant. Là voilà ensuite rappelant la vie de Schiavoni, particulièrement à Venise, et évoquant sa vieille amitié (à elle) avec un certain Fabiolo. Le lien entre ces différents sujets existe, passer de l'un à l'autre peut ne pas paraître forcément fluide, mais on ne s'y perd pas et cela reste fort intéressant.
Voilà comment Maria Gainza, journaliste et critique d'art argentine, construit ses différents chapitres, chacun consacré sans trop de chronologie à un peintre et une partie de sa vie, avec l'Argentine en lointaine toile de fond. La quatrième de couverture appelle cela une fiction autobiographique et je préfère cela à roman.
"Parcourez du regard une salle de peinture argentine. Faites le lentement, en gardant une vision floue. Dès que vous sentirez une secousse (...) arrêtez-vous: il est fort probable que vous vous trouviez face à un Victorica."
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_R%C3%AAve_(Rousseau) |
"Bien sûr, il y a des choses que tu rates en ne voyageant pas. Tu as dû renoncer à voir un jour Le Rêve, l'une des grandes peintures de Rousseau qui se trouve au MoMa de New York et qui, fit-on, fait trembler le sol sous les pieds. Tu ne verras pas non plus la Madonna del Parto de Piero Della Francesca, qui est à Monterchi et qui porte une tunique bleue capable d'émouvoir une institutrice allemande; le Baiser à la dérobée de Fragonard, qui est à l'Ermitage de Saint-Pétersbourg, ce sera pour une future réincarnation slave. Et, entre nous, il est temps de renoncer à l'idée saugrenue de contempler de tes propres yeux le hanami, la neige la plus exquise du monde, le moment précis où les cerisiers fleurissent au Japon."
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hanami |
La couverture est attirante. Le reste aussi ..
RépondreSupprimerAutour de la peinture, il ne m'en fallait pas plus...
Supprimerc'est très tentant en effet!
RépondreSupprimerTente avec ta bibli!
Supprimerle sujet est tout à fait attractif, c'est noté
RépondreSupprimerPour ma part, un seul billet a suffi à me faire noter...
SupprimerAucune bibliothèque ne le possède ici...pourtant, c'est Gallimard... Je note tout de même. ;-)
RépondreSupprimerHum, j'ai demandé l'achat à ma bibli. ^_^
SupprimerPas tentée par cette fiction autobiographique.
RépondreSupprimerPas de souci! Le mélange m'a bien plu.
SupprimerOriginal
RépondreSupprimerTout à fait.
SupprimerA guetteren bibli, oui ;-)
RépondreSupprimerVoilà, c'est sans risque.
Supprimerj'ai un peu de mal à comprendre le sujet du livre et pourtant j'ai lu deux fois ton billet, elle raconte sa vie qui correspond à des œuvres de peinture?
RépondreSupprimerNon, c'est juste pour un portrait, que ça correspond un peu. Sinon, elle parle de certains épisodes de sa vie, et se mêle l'évocation d'un peintre. Oui, c'est flou, je sais.
SupprimerDéjà repéré :-)
RépondreSupprimerAlors vas y.
Supprimerpourquoi pas?
RépondreSupprimerFouine à la bibli!
SupprimerMerci pour le lien. Je me disais bien que tu ne pourrais pas résister à cette lecture. Même si, parfois, je n'ai pas reconnu le fil directeur, cela n'a pas du tout gêné ma lecture, je me suis promenée à plaisir. L'épilogue m'a émue aussi.
RépondreSupprimerTon billet est le seul que j'aie vu, mais tout de suite j'ai noté, et tu vois, c'était une lecture dans mes cordes, alors merci!
SupprimerLe concept me plaît bien, et la thématique peinture aussi, sans parler de l'Argentine, tout ça... Ouais, ouais, ça se pourrait bien que je me laisse tenter...
RépondreSupprimerLe billet de Maryline, et les thématiques, forcément ça m'attirait aussi...
SupprimerTrès jolie couverture.
RépondreSupprimerHé oui, aussi!
SupprimerFiction autobiographique, c'est intéressant, ça permet de ne pas mettre tout et n'importe quoi sous le terme de roman. Très drôle l'extrait cité. Moi qui cherche des auteurs latinos, voilà de quoi ;)
RépondreSupprimerVoilà de quoi, en effet! Oui, on écrit 'roman' un peu n'importe comment, récemment c'était pour un bon gros livre sur juillet 1830, bien documenté et bien écrit, mais sans personnages inventés.
Supprimercela me plairait beaucoup, je trouve la construction très originale.
RépondreSupprimerExactement! Même si cela peut décontenancer de passer de l'un à l'autre sur la même page.
SupprimerOh, le principe d'une peinture/une tranche de vie est chouette. Mais ce n'est pas trop pénible sur la longueur ?
RépondreSupprimerPas du tout! En fait c'en est plus intéressant. Les époques se mêlent, aussi, ce n'est pas chronologique.
SupprimerC'est un sujet qui m'attire beaucoup ! Je verrai si je le croise en médiathèque...Merci pour cette découverte car je ne connais pas du tout l'auteur et je n'ai pas entendu parler de ce livre
RépondreSupprimerTu sais, je n'avais vu qu'un seul billet, et c'est dommage.
SupprimerTrès tentant, je vais faire un tour chez Maryline ;-)
RépondreSupprimerBonne idée, j'espère qu’elle te tentera aussi.
SupprimerLa peinture, Venise... Le passage d'un thème à l'autre. Cela me plaît bien.
RépondreSupprimerTu comprends pourquoi j'ai craqué...
SupprimerVictorica ? Je n'ai pas trouvé la référence. Je suis tombée sur Vittoria Stagni, peintre argentin contemporaine.
RépondreSupprimerJ'avoue ne pas avoir vérifié. Merci de ta vigilance.
SupprimerLu et très apprécié dont le ton mordant, qui fait parfois tant de bien !
RépondreSupprimerEt j'ai retrouvé ton (excellent) billet!
SupprimerIl est sur ma liste.
RépondreSupprimerAlors bonne lecture!
SupprimerBon, ouf, ce roman et ce que tu en dis ne me parle pas trop, je peux donc passer la fleur au fusil !
RépondreSupprimerTu peux si tu ne le sens pas.
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