Couverture de la première édition américaine. 1881 |
Henry James
Penguin classics, 1984
Bla bla qu'on peut sauter :
Dans la catégorie 'même pas peur', après L'excuse de Julie Wolkenstein qui reprenait brillamment l'intrigue du roman de James, et le récent billet de Dominique qui le place dans son top 10, je me suis lancée dans ce (gros) roman, disponible seulement en VO à la bibliothèque.
Me souvenant donc (vaguement) de l'histoire, le risque était d'y prendre moins d'intérêt : mais non, James fait partie des auteurs - et c'est sûrement à cela qu'on reconnaît leur qualité- passionnants -voire plus- quand on n'ignore pas tout de ses écrits. Au moins j'étais prévenue, la vie d'Isabel Archer ne sera pas un long fleuve tranquille.
Cependant j'ai prudemment lu la préface APRES. Julie Wolkenstein était beaucoup plus vague et a - si j'ose dire- transfiguré l'oeuvre de James- inventant une suite pour "Isabel" après le décès de "Ralph", et une vie amoureuse heureuse pour "Pansy". Alors que la préface raconte tout! Parfait pour les petites mémoires, mais après lecture.
L'histoire :
Isabel Archer est une jeune américaine de 23 ans environ, orpheline, intelligente et déterminée, de beauté et de richesse raisonnables, en tout cas assez pour attirer plein de prétendants et ne pas travailler. Elle est considérée comme très indépendante et va bien le démontrer en première partie du roman. (oui on sent qu'elle m'a un poil agacée, mais ensuite je l'ai plainte et admirée, la pauvre)
Invitée par sa tante Mrs Touchett, elle s'installe pour une période indéterminée dans la propriété des Touchett, près de la Tamise. Elle y fait connaissance de son oncle, et de son cousin Ralph, dont la maladie (tuberculose vraisemblablement) l'oblige à fuir parfois le climat anglais pour celui de l'Italie, et de Lord Warburton, aristocrate local qui a tout pour lui, physique, richesse, intelligence, sauf la capacité de se faire aimer d'Isabel. Arrive Caspar Goodwood, homme d'affaires américain, lui aussi amoureux d'Isabel, et dont la demande en mariage est aussi rejetée, Isabel affirmant haut et fort son désir d'indépendance.
Et Ralph? Ce n'est pas un secret pour le lecteur que lui aussi est amoureux d'Isabel.
Arrive Madame Merle, une veuve fort intelligente dont la vie semble se passer en des séjours chez ses multiples amis; Isabel se prendra d'amitié pour elle.
Le vieux Monsieur Touchett décède, non sans avoir laissé à Isabel , à la demande de Ralph, une belle fortune, désirant la voir vraiment indépendante.
Isabel va voyager durant deux ans, et on la retrouve en Italie, où Madame Merle la présente à Gilbert Osmond, veuf et père de la jeune Pansy, quinze ans. En dépit de quelques avertissements, Isabelle épouse Gilbert. Il faudra en gros la seconde partie du roman pour qu’elle soit désillusionnée par ce mariage.
Mes impressions (en vrac):
Un démarrage assez diesel, où James décortique en long et en large le caractère de ses personnages, mais les dialogues épatants m'ont fait prendre patience. Puis la mayonnaise prend, et j'ai dévoré le reste. James est très doué dans les dialogues, bourrés de sous-entendus et de non-dits, laissant parfois le lecteur impatient d'avoir le renseignement recherché, et souvent frustré quand il n'apprend pas tout. La tension monte, il lui reste à se contenter des regards, des petits gestes, pour deviner ou espérer deviner. D'après Julie Wolkenstein James lui-même n'avait pas toutes les réponses. Dans l'affaire avec Pansy, Isabel et Lord Warburton, difficile de savoir ce que ces deux derniers avaient réellement en tête (le savent-ils eux-mêmes consciemment, d'ailleurs?).
Ralph serait assez spectateur. "What's the use of being ill and disabled and restricted to mere spectatorship at the game of life if I really can't see the show when I've paid so much for my ticket?" Traduction à l'arrache " A quoi bon être malade et handicapé et réduit à être spectateur du jeu de la vie si réellement je ne peux voir le spectacle alors que j'ai payé mon ticket si cher?" Julie Wolkenstein, toujours elle, prétend qu'il est logique que le roman se termine peu après la mort de Ralph, qui n'est plus là pour connaître la suite.
Les demandes en mariage de Warburton et de Goodwood se succèdent dans le roman, et c'est intéressant de découvrir comment les deux hommes sont différents lors de cette demande.
Assez évident de penser que James oppose le vieux et le nouveau continent, avec un plus pour l'ancien. Allez-retours entre Angleterre et Italie (avec un séjour à Paris) pour ses personnages sans gros problèmes financiers semble-t-il. On est dans une bonne société, policée, respectant les usages et les conventions, et il est rare que les masques tombent, sauf un peu vers la fin, et il faut souvent être vigilant.
L'un des plus beaux passages (à mon goût) est celui où Isabel, quasi consciente du passé qu'on lui a caché, trouve consolation parmi les ruines de Rome. L'on sent d’ailleurs que James ne pouvait qu'aimer et connaître passionnément cette ville.
Et Madame Merle? Quel personnage! Les notes de fin de volume font la relation avec le nom de Madame de Merteuil, et c'est sûr que c'est aussi une comploteuse, et qu'à la fin elle quittera l'Europe (la fuite?)
Que ces considérations parfois tristounettes n'empêchent ps de lire ce fabuleux roman, qui se révèle -même si de moins en moins au fur et à mesure que l'histoire avance- plutôt drôle, en tout cas le tragique côtoie l'ironie. Et je m'aperçois que j'ai oublié de parler de Henrietta Stackpole, l'amie d'Isabel, journaliste au caractère bien trempé, parfois ridicule mais extrêmement sympathique, et contribuant souvent à relâcher la tension.
D'autres avis : lecture écriture, babelio,
J'ai vu le film, que j'avais aimé, mais j'avoue ne pas être très tentée par le roman.
RépondreSupprimerD'après Dominique, le film est une réussite, alors après ce sera difficile de lire le roman. Mais il en reste d'autres, de James. ^_^
SupprimerCela fait bien longtemps que je n'ai rien lu d'Henry James...Il faudrait que je me replonge dans son oeuvre alors pourquoi pas dans celui-là ! Merci
RépondreSupprimerTu sais, c'est juste le deuxième pour moi, et je n'étais pas trop emballée par le premier, sans doute pas le bon moment, si , si!
Supprimerje crois qu'il pourrait me plaire!
RépondreSupprimerC'est un gros roman, mais cela en vaut la peine, c'est bien écrit, bien composé.
SupprimerUn livre que j'ai beaucoup aimé. Ah, vivement le moment où je relirai tout Henry James !
RépondreSupprimerBonne journée.
Je comprends, surtout qu'il existe d'autres auteurs qu'on veut relire (et qui le méritent). Pour ma part, c'est la découverte, et je m'en réjouis!
SupprimerEh bien voilà encore un auteur que je ne connais pas !
RépondreSupprimerJe ne lis que les contemporains, en fait.
Bonne journée qui devrait être ensoleillée.
Là sur le blog j'attaque du lourd! ^_^
SupprimerEt il existe aussi de bons contemporains, ne te tracasse pas.
Ensoleillée et frisquette, on dirait.
Portrait vu à droite et à gauche ces derniers temps, bien coté, je le trouve trop volumineux et choisis plutôt quelques nouvelles.
RépondreSupprimerC'est vrai que c'est bien épais. Les nouvelles, ou romans plus courts, devraient vous donner du plaisir de lecture aussi.
SupprimerJe risque d'être laissée de côté par le démarrage lent. Cela fait longtemps que je n'ai pas lu Henry James, je relirais bien Le tour d'écrou, qui est très court !
RépondreSupprimerLent peut-être, mais chaque chapitre offre son lot de dialogues vifs!
SupprimerBonjour Keisha, quel courage d'avoir lu ce beau roman en VO. Moi, je garde un très beau souvenir du film de Jane Campion avec un casting 4 étoiles. Bonne journée.
RépondreSupprimerDominique en parlait, comme étant vraiment réussi.
Supprimercertainement un de mes romans préférés tous auteurs confondus
RépondreSupprimerce que certains considèrent comme des défauts : lenteur, sauts dans le temps, incises, détours ...sont pour moi toute la saveur du roman
J'avoue que j'ai lu de plus en plus vite, vraiment ferrée par l'histoire et les personnages... Vraiment à lire!
Supprimerj'ai trop aimé!
RépondreSupprimerD'ordinaire je supprime ces spams, surtout en langue étrangère, mais là c'est en français et finalement je lui trouve un côté poétique.
SupprimerJ'ai très envie de le lire, bravo pour cette belle chronique ! :)
RépondreSupprimerLance toi, une belle lecture d'hiver, au coin du feu. ^_^
SupprimerJe n'ai pas vu le film, ce serait donc une bonne idée de lire le roman, je le note dans un coin
RépondreSupprimerOui, note, je pense aussi qu'il vaut mieux lire d'abord le roman (même si le film est bien, m'a-t-on appris)
Supprimerjamais lu mais vu le film - j'ignore pourquoi mais son style ne m'attire pas..
RépondreSupprimerAh c'est bien écrit! Mais bon, le 19ème siècle... ^_^
SupprimerLu, relu et à relire encore, j'ai eu du plaisir à lire tes impressions de lecture (un démarrage diesel, mince, pas peur de polluer ? ;-). Très bonne adaptation cinématographique, mais il y manque le beau style de James, bien sûr.
RépondreSupprimerQuasi impossible à rendre au cinéma mais il semble que ce soit tout de mêem réussi.
SupprimerDiesel peut-être de mon fait, car en VO il me faut un plus plus de temps! ^_^
Je ne connais ni le film ni le livre ( je crois que je vais d'abord faire connaissance avec cet auteur par le biais du film)
RépondreSupprimerAaaah ou alors par un de ses autres romans (plus courts). Mais le film est réputé excellent.
SupprimerJe l'ai depuis des années dans ma PAL, il faudrait que je le ressorte...
RépondreSupprimerCourage! Pour ma part je l'ai vite mis en route.
SupprimerJ'en garde un excellent souvenir !
RépondreSupprimerAaaaaaaah tant mieux!
SupprimerJ'aime beaucoup ton bla-bla-bla en début d'article ;-)
RépondreSupprimerje m'aperçois que j'ai tendance à ce genre de blabla et je ne suis pas la seule, pour expliquer pourquoi cette lecture; cela n'a rien à voir bien sûr avec le contenu d'un roman mais ça me permet de me souvenir des circonstances.
Supprimerj'avoue, honte à moi (ha, ha même pas de culpabilité...) que je n'ai rien lu de l'auteur... en plus je ne me souviens pas du film alors je vais peut-être commencer par là, vu que le roman est un pavé :-)
RépondreSupprimerj'ai tendance à blablater aussi je crois!
Ah le côté pavé fait peur! Oui, le film si tu veux et sache que l'auteur a écrit des nouvelles. ^_^
SupprimerJe t'admire de l'avoir lu en VO. Je le fais parfois, pour des textes plus courts et plus simples. Mais là !
RépondreSupprimerPour le reste je suis séduite avant d'avoir commencé et si quelqu'un me disait que c'est trop long, trop court, trop etc etc, rien n'y ferait !
En tout cas je n'ai pas eu envie d'arrêter, pavé ou pas! Je te le disais, le prochain en VO risque d'être de Wharton. ^_^
Supprimerje me serais méfiée moi… mais si tu dis qu'il est fabuleux, bah, tu dois avoir raison ^^
RépondreSupprimerTu sais, mes goûts pour les classiques anglo-saxons... ^_^ Essaie un plus court, si tu veux.
SupprimerTiens, il faudrait vraiment que je lise cet auteur un jour. C'est tout de même un des grands classiques de la littérature anglophone. On sent que cette lecture t'a bien inspirée en tout cas.^^
RépondreSupprimerAh mais oui, tu pourrais t'y intéresser (mais j'avoue m'être vautrée il y a une ou deux décennies sur Daisy Miller, sans doute pas le moment haha)
SupprimerPas mon favori de James mais j'ai beaucoup aimé - malgré des longueurs, surtout dans la second partie à mon avis.
RépondreSupprimerJames décortique, mais quels dialogues, quels sous-entendus!
SupprimerSi c'est catégorie "même pas peur" gros roman classique et VO , je passe ! J'ai, plein de classique dans ma PAL, (tant papier qu'audio), donc je vais d'abord lire ceux là avant d'ajouter des titres et des auteurs dont je ne connais rien...
RépondreSupprimerJe sais que tu te lances bravement dans les classiques, je ne vais donc pas te casser sur ta lancée...
SupprimerOk pour le portrait, je le lirai peut-être pour l'inimitable style jamesien, mais j'ai beaucoup apprécié la suite qu'en a faite J. Banville où on retrouve Isabel et G. Osmond, Miss Stackpole, Touchett et Serena Merle, etc..
RépondreSupprimerHélas ce livre n'est pas disponible à la bibliothèque (pour l'instant)
SupprimerIci à Liège, la plupart de ses livres sont déjà dans la réserve ! Je trouve que John Banville n'est pas toujours apprécié à sa juste valeur. Il écrit aussi des polars sous le nom de Benjamin Black.
SupprimerCertains de ses livres sont à la bibli, quand même, je peux m'y pencher. Oui, envoyer à la réserve est parfois prématuré, mais les biblis manquent de place! Espérons qu'un titre demeure, pour que les emprunteurs 'de hasard' connaissent.
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