Un été avec Montaigne
Antoine Compagnon
Equateurs Parallèles, 2013
Un été avec Montaigne, ce fut en 2012 sur France Inter, où Antoine Compagnon, à une heure de grande écoute, proposa une quarantaine de brefs passages des Essais et des explications et commentaires, devenus dans ce recueil des chapitres de trois pages environ. La majorité des passages proviennent du Livre III (le seul que j'aie lu)(le livre I en est au dixième chapitre, gardons espoir).
Bref, rien d'insurmontable pour le novice.
Pour un novice, justement, je conseille cette agréable balade dans l'univers de Montaigne, pas exhaustive évidemment, et demandant cependant quelque concentration. Chaque passage choisi des Essais (Livre de Poche, La pochothèque, 2001) est présenté sans fards (il eût été dommage de se priver de la langue de l'auteur), puis ensuite "traduit" pour faciliter les choses. Sans oublier un aperçu de la vie de l'auteur, et parfois une application personnelle.
Bien sûr je ne vais pas me plaindre que Montaigne soit ainsi rendu accessible, j'espère de tout cœur que ce petit volume sera lu, et surtout qu'il conduira à la découverte de l'oeuvre complète. Après ma lecture de Comment vivre? de Susan Bakewell, il s'est agi de "fiches révisions" plutôt que de découvertes proprement dites.
Une réflexion ô combien d'actualité:
"Quand un homme public ment une fois, il n'est plus jamais cru; il a choisi un expédient contre la durée; il a donc fait un mauvais calcul.
Selon Montaigne, la sincérité, la fidélité à sa parole, est une conduite bien plus payante. Si l'on n'est pas poussé à l'honnêteté par conviction morale, alors la raison pratique devrait y inciter."
Où j'apprends que negotium, le négoce, est la négation de l'otium, le loisir;
Au lecteur :"C'est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t'avertit dès l'entrée, que je ne m'y suis proposé aucune fin, que domestique et privée : je n'y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire : mes forces ne sont pas capables d'un tel dessein."(...) Si c'eût été pour rechercher les faveurs du monde, je me fusse paré de beautés empruntés. je veux qu'on m'y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans étude et artifice: car c'est moi que je peins."
"Ces deux commerces [l'amour et l'amitié] sont fortuits, et dépendants d'autrui : l'un est ennuyeux par sa rareté, l'autre se flétrit avec l'âge: ainsi ils n'eussent pas assez pourvu au besoin de ma vie. Celui des livres, qui est le troisième; est bien plus sûr et plus à nous. Il cède aux premiers, les autres avantage : mais il a pour sa part la constance et facilité de son service." (III, 3)
Le billet de claudialucia (forcément! ^_^) qui présente aussi par ailleurs le château de Montaigne.
Dominique en parle aussi (bien sûr!)
Lire et merveilles
Là encore chez BMR-MAM!
Antoine Compagnon
Equateurs Parallèles, 2013
Un été avec Montaigne, ce fut en 2012 sur France Inter, où Antoine Compagnon, à une heure de grande écoute, proposa une quarantaine de brefs passages des Essais et des explications et commentaires, devenus dans ce recueil des chapitres de trois pages environ. La majorité des passages proviennent du Livre III (le seul que j'aie lu)(le livre I en est au dixième chapitre, gardons espoir).
Bref, rien d'insurmontable pour le novice.
Pour un novice, justement, je conseille cette agréable balade dans l'univers de Montaigne, pas exhaustive évidemment, et demandant cependant quelque concentration. Chaque passage choisi des Essais (Livre de Poche, La pochothèque, 2001) est présenté sans fards (il eût été dommage de se priver de la langue de l'auteur), puis ensuite "traduit" pour faciliter les choses. Sans oublier un aperçu de la vie de l'auteur, et parfois une application personnelle.
Bien sûr je ne vais pas me plaindre que Montaigne soit ainsi rendu accessible, j'espère de tout cœur que ce petit volume sera lu, et surtout qu'il conduira à la découverte de l'oeuvre complète. Après ma lecture de Comment vivre? de Susan Bakewell, il s'est agi de "fiches révisions" plutôt que de découvertes proprement dites.
Une réflexion ô combien d'actualité:
"Quand un homme public ment une fois, il n'est plus jamais cru; il a choisi un expédient contre la durée; il a donc fait un mauvais calcul.
Selon Montaigne, la sincérité, la fidélité à sa parole, est une conduite bien plus payante. Si l'on n'est pas poussé à l'honnêteté par conviction morale, alors la raison pratique devrait y inciter."
Où j'apprends que negotium, le négoce, est la négation de l'otium, le loisir;
Au lecteur :"C'est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t'avertit dès l'entrée, que je ne m'y suis proposé aucune fin, que domestique et privée : je n'y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire : mes forces ne sont pas capables d'un tel dessein."(...) Si c'eût été pour rechercher les faveurs du monde, je me fusse paré de beautés empruntés. je veux qu'on m'y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans étude et artifice: car c'est moi que je peins."
"Ces deux commerces [l'amour et l'amitié] sont fortuits, et dépendants d'autrui : l'un est ennuyeux par sa rareté, l'autre se flétrit avec l'âge: ainsi ils n'eussent pas assez pourvu au besoin de ma vie. Celui des livres, qui est le troisième; est bien plus sûr et plus à nous. Il cède aux premiers, les autres avantage : mais il a pour sa part la constance et facilité de son service." (III, 3)
Le billet de claudialucia (forcément! ^_^) qui présente aussi par ailleurs le château de Montaigne.
Dominique en parle aussi (bien sûr!)
Lire et merveilles
Là encore chez BMR-MAM!
Commentaires
(j'ai aussi fortement pensé à certains politiques ^_^)(je rappelle que Montaigne a été maire de Bordeaux, et donnait forte satisfaction)
Je l'ai vu, j'ai failli l'acheter... puis je ne l'ai pas fait... j'ai été bête car il n'est pas dans les bibliothèques près de chez moi. Je finirai bien par le retrouver, pour un printemps, un été ou un automne... qu'importe la saison pourvu qu'on ait l'ivresse ;-)
Je ne savais pas que le point de départ était une émission de radio. J'essaierai de me tenir au courant pour l'été à venir.
Oui, une émission de radio, et l'été dernier c'était Proust, j'en ai suivi une ou deux, c'était frustrant car trop court!!! ^_^
Malheureusement à notre époque ceci n'est plus vrai : "Selon Montaigne, la sincérité, la fidélité à sa parole, est une conduite bien plus payante. Si l'on n'est pas poussé à l'honnêteté par conviction morale, alors la raison pratique devrait y inciter."
Les politiques malhonnêtes, ô combien nombreux, ne sont jamais inquietés vraiment et se font souvent réélire!!
merci pour le lien!
Pour ma part, je n'ai pas choisi la voie facile pour Montaigne avec le Macé-Scarron. J'ai en cours "Comment s'affirmer avec Nietzschze" (Balthazar Thomas), genre de livre est nettement plus didactique pour approcher de près un philosophe.
Darcos à l'Académie F? Mais on ne m'a rien dit! Le Darcos ex ministre? Pffff...
Et je suis ravie du succès de ce livre, s'il fait de même pour Proust, je prends!
Je compte sur vous pour me tenter! Quoique Nietzsche m'attire beaucoup moins que Montaigne.
Ce qui donne l'occasion à Antoine Compagnon, ses auditeurs de 2012 et maintenant ses lecteurs de 2013 ou 2014, de revisiter les thèmes indémodables : la lecture bien sûr, la découverte du Nouveau Monde, l'enseignement et la philosophie, la religion et ses guerres, la maladie, la médecine et la mort, le pouvoir, le voyage, l'amitié ou l'amour, et même la sexualité ou les femmes.
Je doute donc je suis, telle aurait pu être la devise du cher Montaigne dont le scepticisme confinait au conservatisme (et en cela, il était bien différent des philosophes des Lumières à venir).
Curieusement, Montaigne avait rédigé ses Essais en français, vieux français, chose inhabituelle à l'époque où l'on parlait latin à la maison (enfin, dans certaines maisons !). Il s’en excusait presque, ayant choisi la langue de ses lecteurs (et de ses lectrices, mais oui, il le dit !) tout en sachant cette langue vouée à ne pas durer :
[…] J’écris mon livre à peu d’hommes, et à peu d’années. Si c’eût été une matière de durée, il l’eût fallu commettre à un langage plus ferme.
Un été avec Montaigne peut se proposer à un débutant ou un apeuré!
Montaigne a eu une vie bien remplie, il a voyagé (jusqu'en Italie) , a été maire de Bordeaux, bref, ce n'est pas un philosophe reclus dans sa tour, en effet.
Ajoutons que l'homme avait aussi de l'humour!
Pour ta petite Aya, je comprends parfaitement, cela t'obligerait à l'abandonner un peu de temps. L'idéal est de trouver une voisine sympa qui referait le niveau de l'eau et des croquettes. Ma mère joue ce rôle jusqu'ici. Mais quand même le félin préfère sa maîtresse.
Ta soeur ! ouaou! Je me demandais récemment si elle en était à 7 ou 9, bon j'ai ma réponse. En effet elle doit sûrement prendre quelques précautions et du repos.
Chez moi pas de souci tu es welcome ...