Khomeini, Sade et moi
Abnousse Shalmani
Grasset, 2014
Abnousse Shalmani est née en 1977 à Téhéran. Toute jeune elle a choisi de lutter à sa façon contre les "corbeaux" et les "barbus", jusqu'à l'exil de sa famille à Paris en 1985. Mais les corbeaux et les barbus ne sont hélas pas tous en Iran...
"J'ai trouvé dans l'étude du passé la meilleure voie pour comprendre mon enfance et partager une mémoire commune avec le pays qui m'a recueillie après l'exil. Je suis née plusieurs fois. Une fois un jour d'avril, une autre fois en retirant mon voile et en imposant ma nudité, une troisième fois en foulant le sol français, une autre fois enfin en ouvrant un livre de Zola et en découvrant la littérature libertine du XVIIIème siècle français. "
Autobiographie, pamphlet, cri, plaidoyer, ce récit enthousiasmant, dont j'ai démarré la lecture un certain vendredi 13 novembre au soir dans la sécurité confortable de mon lit et terminé le lundi suivant, a eu une résonance supplémentaire.
Abnousse Shalmani rend hommage à son père, qu'elle surnomme Haute tolérance. "Il écoutait, il proposait, il mettait en débat, mais jamais aucune décision n'était définitive, aucune logique n'était imposée. Il nous laissait non pas la liberté de faire ce qu'on voulait, mais la liberté de réfléchir à ce qu'on voulait. (...) Si j'ai si vite aimé les livres, c'était à force d'observer mon père. (...) Si j'ai voulu être écrivain, c'est parce que mon père aimait lire." "Un père qui brise la tradition pour donner autant de chances à sa fille qu'à son fils, c'est l'assurance pour une femme de ne jamais se croire inférieure à un homme."
Très vite la littérature française devient indispensable. A juste seize ans elle découvre Pierre Louÿs, et son père (toujours lui!) l'aide à se procurer cette littérature érotique. Ensuite elle plonge dans la littérature libertine du XVIIIème siècle et nous en donne une présentation (qui plairait à Mina) vibrante et révolutionnaire(pour moi en tout cas). Puis c'est Sade, bien sûr.
Féministe, oui, du franc parler, contre les empêcheurs de penser et vivre, contre les barbus et corbeaux, contre le voile, faisant face aux incompréhensions autour d'elle. Pages poignantes quand elle évoque cette amitié n'ayant pas survécu au 11 septembre 2001. Puis voici les printemps arabes, puis Mohamed Merah... Puis le récit s'arrête en 2013.
Alors il faut lire absolument ce livre engagé, puissant, fort.
Les avis de Delphine, qui mène vers d'autres liens. Et de second flore .
Auteur rencontrée au salon du livre de Châteauroux; la photo n'a pas été aisée à prendre, avec Erwan Larher juste derrière qui faisait l'imbécile. Erwan blessé au Bataclan, et à qui je souhaite de vite revenir mettre l'ambiance dans les salons du livre!
Abnousse Shalmani
Grasset, 2014
Abnousse Shalmani est née en 1977 à Téhéran. Toute jeune elle a choisi de lutter à sa façon contre les "corbeaux" et les "barbus", jusqu'à l'exil de sa famille à Paris en 1985. Mais les corbeaux et les barbus ne sont hélas pas tous en Iran...
"J'ai trouvé dans l'étude du passé la meilleure voie pour comprendre mon enfance et partager une mémoire commune avec le pays qui m'a recueillie après l'exil. Je suis née plusieurs fois. Une fois un jour d'avril, une autre fois en retirant mon voile et en imposant ma nudité, une troisième fois en foulant le sol français, une autre fois enfin en ouvrant un livre de Zola et en découvrant la littérature libertine du XVIIIème siècle français. "
Autobiographie, pamphlet, cri, plaidoyer, ce récit enthousiasmant, dont j'ai démarré la lecture un certain vendredi 13 novembre au soir dans la sécurité confortable de mon lit et terminé le lundi suivant, a eu une résonance supplémentaire.
Abnousse Shalmani rend hommage à son père, qu'elle surnomme Haute tolérance. "Il écoutait, il proposait, il mettait en débat, mais jamais aucune décision n'était définitive, aucune logique n'était imposée. Il nous laissait non pas la liberté de faire ce qu'on voulait, mais la liberté de réfléchir à ce qu'on voulait. (...) Si j'ai si vite aimé les livres, c'était à force d'observer mon père. (...) Si j'ai voulu être écrivain, c'est parce que mon père aimait lire." "Un père qui brise la tradition pour donner autant de chances à sa fille qu'à son fils, c'est l'assurance pour une femme de ne jamais se croire inférieure à un homme."
Très vite la littérature française devient indispensable. A juste seize ans elle découvre Pierre Louÿs, et son père (toujours lui!) l'aide à se procurer cette littérature érotique. Ensuite elle plonge dans la littérature libertine du XVIIIème siècle et nous en donne une présentation (qui plairait à Mina) vibrante et révolutionnaire(pour moi en tout cas). Puis c'est Sade, bien sûr.
Féministe, oui, du franc parler, contre les empêcheurs de penser et vivre, contre les barbus et corbeaux, contre le voile, faisant face aux incompréhensions autour d'elle. Pages poignantes quand elle évoque cette amitié n'ayant pas survécu au 11 septembre 2001. Puis voici les printemps arabes, puis Mohamed Merah... Puis le récit s'arrête en 2013.
Alors il faut lire absolument ce livre engagé, puissant, fort.
Les avis de Delphine, qui mène vers d'autres liens. Et de second flore .
Auteur rencontrée au salon du livre de Châteauroux; la photo n'a pas été aisée à prendre, avec Erwan Larher juste derrière qui faisait l'imbécile. Erwan blessé au Bataclan, et à qui je souhaite de vite revenir mettre l'ambiance dans les salons du livre!
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(On voit bien derrière la chevelure d'Abnousse sa voisine)(à gauche c'est l'épaule de Bertrand Guillot)(quelle fine équipe) Erwan, tes fans pensent à toi! |
Commentaires
Ce livre a l'air intéressant.
Amicalement.
Nadine N.
Je guetterai tes avis. Pour ce livre, l'avis de l'auteur est sans concessions, mais ça fait bien plaisir!
Erwan est un gars bien, pudique et tout, il ne chouine pas, garde le moral pour ce que j'en sais sur Facebook, mais il a morflé quand même (il se remet à l'hosto)
(et que la 'fine équipe' se reforme bientôt, merci ,)
Super, pour l'envie d'écrire!
http://christianwery.blogspot.be/2012/09/dernier-refrain-ispahan-nairi-nahapetian.html
Bon dimanche, malgré cette lourdeur dans l'air.
Je l'ai lu sans le faire exprès à un moment où ça parlait particulièrement (je l'avais acheté pour le parcours d'une iranienne, en mars avril, parce que j'aime ce pays)
Pour les posts, tout peut arriver! Ne t'inquiète pas.