L'univers de carton
Un guide du monde de Phoebus K. Dank
The cardboard Universe
Christopher Miller
le cherche midi, Lot49, 2014
Traduction de Claro
Bien évidemment j'ai emprunté ce (gros) roman à la médiathèque parce qu'un Lot49 ne se refuse pas, promesse de lecture souvent décoiffante. Hé bien mes amis, totale réussite pour les amateurs de décalé joyeux, d'humour au second degré, parfois de grand n'importe quoi. J'ai levé les yeux au ciel ('mais c'est pas possible, quel taré!'), ricané (façon hyène hilare, © Lectures sans frontières ), pouffé, suis passée à d'autres lectures histoire de ne pas m'essouffler parce que c'est épais quand même et aussi que je voulais savourer, et finalement terminé d'une seule foulée, admirative du tour de force et heureuse d'avoir découvert où tout cela menait (et franchement on se gratte la tête, se demandant où on en est).
Connaissez-vous Phoebus K. Dank (oui, clairement du Philip K. Dick là dessous), auteur prolixe de science fiction? Pour Boswell (oui, le même nom que l'auteur de la biographie de Samuel Johnson...) son ami c'est le plus grand, au point qu'il a consacré sa vie à défendre son oeuvre, pour Hirt, son ex-ami, suspecté d'avoir assassiné Dank, c'est un pauvre type nullissime. Les avis des deux paraissent dans ce roman, encyclopédie dankienne où le lecteur trouvera des résumés de ses romans, le récit de la vie de Dank, et forcément de Boswell, Hirt et les autres. De petits détails mettront la puce à l'oreille du lecteur, qui aura sans doute une idée plus claire des faits à la toute fin. Quoique, l'on trouve aussi un échange entre Miller et Dank pour savoir qui a imaginé l'autre, et Dank a par ailleurs une fois rêvé 'qu'il était le héros d'un roman comique mettant en scène un auteur de troisième zone.' Les entrées dégoulinantes de louange de Boswell s'opposent à celles fielleuses de Hirt ("Les goûts littéraires de Dank - si on peut parler de Dank et de goût dans la même phrase")
Drôle de zèbre que ce Dank. Imagination délirante, obsédé sexuel (les blondes à forte poitrine abondent dans ses romans) se prenant moult râteaux, obèse, drogué, agoraphobe, j'en passe. "Il construisit une machine à remonter le temps et se persuada qu'elle fonctionnait", "se persuada que son voisin dirigeait sur lui un rayon mortel et se mit à porter un costume en papier alu tout en travaillant dans son jardin", "régla son réfrigérateur pour que la petite lumière reste allumée quand la porte était fermée, fit venir le véto chez lui en pleine nuit parce qu'il avait donné à manger à son chat de la nourriture pour chien", etc.
Il y avait longtemps que je m'étais autant amusée à lire un roman. Dank (et Boswell) sont souvent pathétiques, mais quelle imagination débordante! "Il expérimentait en permanence.(...)Un jour, il modifia les toilettes du bas pour que l'eau qui coule quand on tire la chasse soit chaude." "Dank demandait toujours ''Que se passerait-il si?' Que se passerait-il s'il prenait un excitant et un somnifère en même temps? un antidiarrhéique et un laxatif? Un somnifère et un laxatif? () A-t-on le droit d'acheter juste une noisette dans un supermarché? Peut-on la payer par carte bancaire? Par chèque? () Votre ordinateur explosera-t-il si vous cherchez 'e' sur google?" [non, je n'ai pas essayé]
Quant à l'oeuvre de Dank, je vous laisse en juger; selon Hirt, trop de dialogues inutiles. En tout cas certaines histoires tenaient la route et j'aurais aimé les lire.
Je constate avec désespoir qu'il m'est impossible de tout citer, tellement ce roman foisonne de passages notables, un vrai feu d'artifice!
Je terminerai donc en précisant que Claro, le traducteur, en a rajouté dans le bazar ambiant, faisant de ce roman traduit un livre encore meilleur que l'original! En effet il s'est bien lâché dans les notes du traducteur...
Exemples parmi d'autres
"un centime" * avec note: "Je sais bien que le centime n'a pas cours aux Etats-Unis, mais je ne suis pas là pour bercer le lecteur dans l'illusion que ce qu'il tient entre les mains est autre chose qu'une traduction."
"August et April"* avec note : "Ce sont les prénoms des deux protagonistes du roman. (...) Mais sachez qu'on ne traduit jamais les noms et prénoms anglais en prénoms français, de peur que le lecteur oublie qu'ils sont anglais et les imagine avec un béret et une baguette;"
"mainstream"* avec note : "je laisse à dessein ce terme anglais car l'expression 'littérature blanche' m'a toujours paru inappropriée pour désigner des fictions qui méprisent souverainement les Martiens et les pisto-lasers."
Clairement, ce bouquin ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais croyez-moi, ça vaut le détour!!!
En parlent Le tour du nombril, Claro (le génial traducteur!), L'armurerie de Tchékov,
Un guide du monde de Phoebus K. Dank
The cardboard Universe
Christopher Miller
le cherche midi, Lot49, 2014
Traduction de Claro
Bien évidemment j'ai emprunté ce (gros) roman à la médiathèque parce qu'un Lot49 ne se refuse pas, promesse de lecture souvent décoiffante. Hé bien mes amis, totale réussite pour les amateurs de décalé joyeux, d'humour au second degré, parfois de grand n'importe quoi. J'ai levé les yeux au ciel ('mais c'est pas possible, quel taré!'), ricané (façon hyène hilare, © Lectures sans frontières ), pouffé, suis passée à d'autres lectures histoire de ne pas m'essouffler parce que c'est épais quand même et aussi que je voulais savourer, et finalement terminé d'une seule foulée, admirative du tour de force et heureuse d'avoir découvert où tout cela menait (et franchement on se gratte la tête, se demandant où on en est).
Connaissez-vous Phoebus K. Dank (oui, clairement du Philip K. Dick là dessous), auteur prolixe de science fiction? Pour Boswell (oui, le même nom que l'auteur de la biographie de Samuel Johnson...) son ami c'est le plus grand, au point qu'il a consacré sa vie à défendre son oeuvre, pour Hirt, son ex-ami, suspecté d'avoir assassiné Dank, c'est un pauvre type nullissime. Les avis des deux paraissent dans ce roman, encyclopédie dankienne où le lecteur trouvera des résumés de ses romans, le récit de la vie de Dank, et forcément de Boswell, Hirt et les autres. De petits détails mettront la puce à l'oreille du lecteur, qui aura sans doute une idée plus claire des faits à la toute fin. Quoique, l'on trouve aussi un échange entre Miller et Dank pour savoir qui a imaginé l'autre, et Dank a par ailleurs une fois rêvé 'qu'il était le héros d'un roman comique mettant en scène un auteur de troisième zone.' Les entrées dégoulinantes de louange de Boswell s'opposent à celles fielleuses de Hirt ("Les goûts littéraires de Dank - si on peut parler de Dank et de goût dans la même phrase")
Drôle de zèbre que ce Dank. Imagination délirante, obsédé sexuel (les blondes à forte poitrine abondent dans ses romans) se prenant moult râteaux, obèse, drogué, agoraphobe, j'en passe. "Il construisit une machine à remonter le temps et se persuada qu'elle fonctionnait", "se persuada que son voisin dirigeait sur lui un rayon mortel et se mit à porter un costume en papier alu tout en travaillant dans son jardin", "régla son réfrigérateur pour que la petite lumière reste allumée quand la porte était fermée, fit venir le véto chez lui en pleine nuit parce qu'il avait donné à manger à son chat de la nourriture pour chien", etc.
Il y avait longtemps que je m'étais autant amusée à lire un roman. Dank (et Boswell) sont souvent pathétiques, mais quelle imagination débordante! "Il expérimentait en permanence.(...)Un jour, il modifia les toilettes du bas pour que l'eau qui coule quand on tire la chasse soit chaude." "Dank demandait toujours ''Que se passerait-il si?' Que se passerait-il s'il prenait un excitant et un somnifère en même temps? un antidiarrhéique et un laxatif? Un somnifère et un laxatif? () A-t-on le droit d'acheter juste une noisette dans un supermarché? Peut-on la payer par carte bancaire? Par chèque? () Votre ordinateur explosera-t-il si vous cherchez 'e' sur google?" [non, je n'ai pas essayé]
Quant à l'oeuvre de Dank, je vous laisse en juger; selon Hirt, trop de dialogues inutiles. En tout cas certaines histoires tenaient la route et j'aurais aimé les lire.
Je constate avec désespoir qu'il m'est impossible de tout citer, tellement ce roman foisonne de passages notables, un vrai feu d'artifice!
Je terminerai donc en précisant que Claro, le traducteur, en a rajouté dans le bazar ambiant, faisant de ce roman traduit un livre encore meilleur que l'original! En effet il s'est bien lâché dans les notes du traducteur...
Exemples parmi d'autres
"un centime" * avec note: "Je sais bien que le centime n'a pas cours aux Etats-Unis, mais je ne suis pas là pour bercer le lecteur dans l'illusion que ce qu'il tient entre les mains est autre chose qu'une traduction."
"August et April"* avec note : "Ce sont les prénoms des deux protagonistes du roman. (...) Mais sachez qu'on ne traduit jamais les noms et prénoms anglais en prénoms français, de peur que le lecteur oublie qu'ils sont anglais et les imagine avec un béret et une baguette;"
"mainstream"* avec note : "je laisse à dessein ce terme anglais car l'expression 'littérature blanche' m'a toujours paru inappropriée pour désigner des fictions qui méprisent souverainement les Martiens et les pisto-lasers."
Clairement, ce bouquin ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais croyez-moi, ça vaut le détour!!!
En parlent Le tour du nombril, Claro (le génial traducteur!), L'armurerie de Tchékov,
Il faudrait que je le trouve en bibliothèque, parce que c'est typiquement le genre de livre qui peut accrocher, mais tout aussi bien rejeter dès les premières pages.
RépondreSupprimerJe me suis follement amusée (mais l'écriture est classique, pas d'expérimentations ^_^)
Supprimerdéjà je ris en lisant ton billet , et en ce moment où notre monde devient fou, rire ça fait trop de bien alors il passe en prem! sur ma liste merci Keisha
RépondreSupprimerDe temps en temps un tric un peu foldingue ça fait du bien. Une réussite totale (certains ont trouvé ça long, mais la solution est de ne pas en lire trop d'un coup)(et là on en redemande)
SupprimerTon billet m'inspire et, en même temps, je crois que que j'essaierai d'être aussi sage qu'Aifelle, car comme elle, ce genre d'univers peut tout aussi bien m'emporter loin que me laisser sur le bord du chemin...
RépondreSupprimerCela prend la forme tout à fait classique d'une encyclopédie, de A à Z, tu vois, mais ça prend vite un virage barré... remarque, normal, avec de tels personnages!
SupprimerJe t'avoue que la couverture me fait déjà fuir... Bon, a priori, je passe mon tour mais qui sait, un jour mon côté barré reprendra peut-être le dessus ;-)
RépondreSupprimerS'il revient en force, tu y penseras!
SupprimerTypiquement le genre de truc improbable que j'adore ! Mais ma bibli ne l'a pas encore (il est en cours d’enregistrement, j'ai un peu harcelé la dame ce matin ^^)
RépondreSupprimerOui, un lot 49 ça ne se refuse pas !
Chic alors si ta bibli y a déjà pensé!!! Les Lot49 sont parfois un peu curieux, mais là en plus cela se lit bien.
SupprimerLà je passe mon tour, ce n'est pas du tout le style de lecture que j'aime.
RépondreSupprimerJ'accepte parfaitement, tu sais, il y a aussi des genres dans lesquels je ne me lance pas (ou à reculons)
SupprimerJe te fais confiance car grâce à ton blog, j'en ai découvert des auteurs drôles comme J.M. Erre, Bryson etc... Je note mais j'ai l'impression que ce livre n'est pas en poche... est-ce une sortie récente ? Et puis rien que ce nom - avec jeu de mots avec celui de P.K.Dick, ça me plait !
RépondreSupprimer2014, hum, je ne sens pas encore le poche... Dommage, je me l'offrirais presque!
SupprimerQuand j'ai vu ce livre à la bib', j'ai tout de suite pensé à toi et à notre lecture de Exécution de Mark Leyner. J'avais bien repéré Claro et Lot49, et puis cette couverture... ! Mouarf ! Bon, pour l'instant je le laisse dans les rayons, PAL oblige, mais aaah ton billet me motive beaucoup à me lancer (j'ai noté quelques messages subliminaux en dehors du copyright haha !). J'ai failli vérifié si je pouvais l'avoir en VO via la liseuse mais Claro en traducteur, ça vaut toujours le détour (et là les extraits de ses notes, pouarf, je lirais bien la VF rien que pour ça tiens !).
RépondreSupprimerJe confirme que la VF est 'enrichie'... Quand j'ai vu ce livre à la bibli, j'ai foncé dessus, mais il m'a fallu l'emprunter, prolonger, le réemprunter, tu sais, quand on emprunte plus qu'on a le temps de tout lire. Mais là, c'est fait!
SupprimerComplètement pour toi ce bouquin, j'espère que tu prendras autant de plaisir que moi (j'ai sans doute raté des clins d'oeil à l'oeuvre de Dick, mais tant pis)
Quel enthousiasme! J e ne sais s'il me plairait mais c'est sûr que j'aimerais le découvrir! J'adore les notes du traducteur qui a l'air de se mette au diapason! Tous cinglés!
RépondreSupprimerUn brin givrés, oui, quelle ambiance!
SupprimerIl a l'air passablement déjanté !
RépondreSupprimerLes personnages le sont un peu, spéciaux.
Supprimerrho la la, mais ça a l'air complètement 'n'importe quoi!!! Les notes déclaées du traducteur, je crois que je n'ai jamais vu cela dans aucun roman avant, mais j'aime aussi. Et là je me demande jusqu'à quel point c'est déjanté ce roman, parce que quand ça l'est trop, souvent je me perds....
RépondreSupprimerMoi non plus, je n'avais jamais vu de traducteur s'y mettre comme ça!
SupprimerNon, on ne s'y perd pas, à la fin tu as un vrai roman complet, avec la vie de très peu de personnages (mais quels personnages! ^_^), donc pas de risques.
Merci Keisha, faire rire c'est le plus difficile, j'aime bien quand c'est déjanté et si en plus c'est bien écrit.
RépondreSupprimerExact, c'est écrit 'normalement', c'est le second degré qui cartonne!
SupprimerRien que les notes du traducteur que tu cites me font rire ! Celui-là, il est pour moi ! Merci !
RépondreSupprimerQuand je trouve ce genre de pépite, je suis contente qu'on me suive!!!!
SupprimerCe roman est depuis longtemps noté dans ma wish-list. Je me réjouis de lire ton avis positif !!
RépondreSupprimerJe confirme, c'est du nanan! Dommage que je n'aie pas son précédent sous la main, s'il est du même tonneau...
SupprimerJ'ai eu du mal à comprendre ce dont il s'agissait au début ! Mais ça a l'air très drôle, surtout les notes du traducteur (ce sont les questions que je me pose toujours en lisant des traductions : pourquoi traduire dollars par euros ? Cours d'anglais par cours de français ?)
RépondreSupprimerUn cas (très rare) où le livre traduit est encore plus drôle que le livre d'origine! La traduction, c'est tout un monde qui me fascine, je lis des livres à ce sujet (mais dernièrement j'ai abandonné Poétique du traduire, qui me donnait mal à la tête)
SupprimerAu fait, tu n'as plus de blog?
Je suis en train de me super-régaler avec ce roman! :-))
RépondreSupprimerEt merci, car c'est toi qui m'a donné envie de le lire
Ah que je suis contente! Un roman assez particulier, mais franchement réjouissant!!!
SupprimerÇa me donne envie de le relire, tiens !
RépondreSupprimerA relire mon billet, aussi!!!
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