Camarade Papa
Gauz
Le Nouvel Attila, 2018
Après Debout Payé du même auteur, pas question de ne pas découvrir son nouveau roman!
Un petit passage à Amsterdam dans les années 80, avec un gamin à l'esprit vif et complètement endoctriné par ses parents communistes, version Albanie d'Enver Hodja et Corée du nord. Son père l'envoie en Côte d'Ivoire, où résident des amis et de la famille. Le gosse découvre le village, l'école.
Fin 19ème siècle, Dabilly s'en va chercher l'aventure dans l'Afrique coloniale à ses débuts; c'est l'époque des comptoirs sur la côte (Grand-Bassam, Assinie), des explorations vers le nord, et plus généralement de la lutte avec l'Angleterre visant à l'empêcher d'étendre ses colonies. Entre les deux, diverses tribus de la future Côte d'Ivoire, cherchant à tirer leur épingle du jeu.
Les deux récits alternent, avec de courtes 'légendes' d'une ou deux pages, dont les éléments s’intègrent parfaitement ensuite dans le cours de celui de Dabilly.
Voilà pour l'aspect général du roman.
Ce qui frappe ensuite, c'est l'écriture, qui à mon avis devrait convaincre le lecteur le moins attiré par une histoire des premiers temps de la colonisation en côte d'Ivoire et l'ambiance dans un petit village dans les années 1980.
"Dans la chaîne des discours de Camarade Papa, après les Philips, il y a les tulipes.Ce sont des fleurs turques qui ont attrapé la coqueluche chez les bourgeois hollandais il y a longtemps. Bien avant la vapeur anglaise, les bourgeois protesteurs hollandais utilisent la fleur turque pour fabriquer une bourse. la fleur n'est pas très belle, même les moutons refusent de la brouter. Mais à cause de la pluie value, ils s'achètent et se vendent la mauvaise herbe, ils inventent le capitalisme des bourses. Il ne vient pas d'Angleterre, tout le monde s'est trompé, Marx et son ange aussi."
Voilà un petit bonhomme qui a ingéré les discours du Papa, et le ressort à sa façon inimitable, l'histoire des tulipes est vraie. Savoureuse façon de raconter, non?
Avec Dabilly, on est dans un langage plus soutenu, ou la causticité affleure au 12ème degré. Ah ce temps des colonies, où la barre empêchait d'aborder en bateau sur le rivage, où l'on ne devait pas sortir sans casque avant 6 heures du soir, où l'on mourait vite fait de la fièvre jaune...
"On a tous deux balances: celle des achats et celle des ventes. celle des achats allège, celle des ventes alourdit. Ils sont malins, mais ça, ils n'ont pas compris.
A la colonie, les gens profitent.
- N'allez pas crois qu'il sont naïfs. Ils ne ratent pas une occasion de nous gruger, ces singes-là. On ne compte plus les ballots de caoutchouc, de coton ou de graines de palme alourdis par des cailloux.
La colonie rend les gens justes."
On l'aura compris, j'ai bien jubilé au cours de ma lecture, Gauz sachant égratigner au passage les diverses catégories de personnages. On y croise -d'assez loin- des personnages ayant existé, tels Treich ou Binger (oui, ceux de Treichville et Bingerville...)
Merci à Anne et Arnaud et à l'éditeur.
Gauz
Le Nouvel Attila, 2018
Après Debout Payé du même auteur, pas question de ne pas découvrir son nouveau roman!
Un petit passage à Amsterdam dans les années 80, avec un gamin à l'esprit vif et complètement endoctriné par ses parents communistes, version Albanie d'Enver Hodja et Corée du nord. Son père l'envoie en Côte d'Ivoire, où résident des amis et de la famille. Le gosse découvre le village, l'école.
Fin 19ème siècle, Dabilly s'en va chercher l'aventure dans l'Afrique coloniale à ses débuts; c'est l'époque des comptoirs sur la côte (Grand-Bassam, Assinie), des explorations vers le nord, et plus généralement de la lutte avec l'Angleterre visant à l'empêcher d'étendre ses colonies. Entre les deux, diverses tribus de la future Côte d'Ivoire, cherchant à tirer leur épingle du jeu.
Les deux récits alternent, avec de courtes 'légendes' d'une ou deux pages, dont les éléments s’intègrent parfaitement ensuite dans le cours de celui de Dabilly.
Voilà pour l'aspect général du roman.
Ce qui frappe ensuite, c'est l'écriture, qui à mon avis devrait convaincre le lecteur le moins attiré par une histoire des premiers temps de la colonisation en côte d'Ivoire et l'ambiance dans un petit village dans les années 1980.
"Dans la chaîne des discours de Camarade Papa, après les Philips, il y a les tulipes.Ce sont des fleurs turques qui ont attrapé la coqueluche chez les bourgeois hollandais il y a longtemps. Bien avant la vapeur anglaise, les bourgeois protesteurs hollandais utilisent la fleur turque pour fabriquer une bourse. la fleur n'est pas très belle, même les moutons refusent de la brouter. Mais à cause de la pluie value, ils s'achètent et se vendent la mauvaise herbe, ils inventent le capitalisme des bourses. Il ne vient pas d'Angleterre, tout le monde s'est trompé, Marx et son ange aussi."
Voilà un petit bonhomme qui a ingéré les discours du Papa, et le ressort à sa façon inimitable, l'histoire des tulipes est vraie. Savoureuse façon de raconter, non?
Avec Dabilly, on est dans un langage plus soutenu, ou la causticité affleure au 12ème degré. Ah ce temps des colonies, où la barre empêchait d'aborder en bateau sur le rivage, où l'on ne devait pas sortir sans casque avant 6 heures du soir, où l'on mourait vite fait de la fièvre jaune...
"On a tous deux balances: celle des achats et celle des ventes. celle des achats allège, celle des ventes alourdit. Ils sont malins, mais ça, ils n'ont pas compris.
A la colonie, les gens profitent.
- N'allez pas crois qu'il sont naïfs. Ils ne ratent pas une occasion de nous gruger, ces singes-là. On ne compte plus les ballots de caoutchouc, de coton ou de graines de palme alourdis par des cailloux.
La colonie rend les gens justes."
On l'aura compris, j'ai bien jubilé au cours de ma lecture, Gauz sachant égratigner au passage les diverses catégories de personnages. On y croise -d'assez loin- des personnages ayant existé, tels Treich ou Binger (oui, ceux de Treichville et Bingerville...)
Merci à Anne et Arnaud et à l'éditeur.
Je n'ai pas lu le précédent ; talent qui se confirme apparemment ..
RépondreSupprimerOui, le passage est souvent périlleux, mais là c'est réussi.
Supprimertu as l'air t'etre bien amusée
RépondreSupprimermon ordi ne met plus les accents circonflexe désolée
Assez réjouissant, en effet. Et instructif. Quel ordi! ^_^
SupprimerConnais pas mais cette vision des choses me tente bien.
RépondreSupprimerNouveau roman, réussi aussi.
SupprimerC'est le prochain sur ma liste. Vu les extraits, il y a de fortes chances que ça me plaise et que le précédant rejoigne ma PAL ensuite.
RépondreSupprimerYes! j'espère que tu prendras plaisir à lire les deux! ^_^
SupprimerSuis pas trop tenté par ce bouquin inconnu...
RépondreSupprimerBon weekend
Lis au moins son premier, ça doit être dans ta bibli?
Supprimerah oui, je me souviens bien de Debout-payé! J'ignorais cette sortie, chouette!
RépondreSupprimerOui, chouette!!!
Supprimerauteur et roman totalement inconnu pour moi, mais la critique donne vraiment envie de se lancer :-)
RépondreSupprimerTe voilà avec les deux à découvrir, dis donc!
SupprimerIl me tente assez celui-là... Malheureusement, il est loin d'être le seul ! Ma PAL commence déjà à menacer de s'effondrer !
RépondreSupprimerHé oui, septembre c'est dur...
SupprimerAh il est bien en haut de ma PAL mais après le Elliot Perlman, il fallait des lectures plus simples, légères (BD) et une valeur sûre (un thriller d'un auteur japonais qui fait toujours mouche avec moi). Bon, j'espère ne pas trop tarder à me lancer mais j'ai quelques prêts bib' à honorer avant aussi.
RépondreSupprimerMais oui, le Perlman, que devient-il? ^_^
SupprimerPrends ton temps, que tu le lises au bon moment, voilà.
Un second roman convaincant, je suis preneuse.
RépondreSupprimerCe n'est pas toujours 'gagné' de réussir le deuxième coup, mais là je pense que ça va!
Supprimerje n'avais pas lu son premier non plus, je découvrirai peut-être l'un ou l'autre!
RépondreSupprimerVoilà, facile à trouver, pour le premier! (le deuxième en librairie?)
SupprimerJe ne connais pas du tout. Je prends bonne note. Le thème m'intéresse.
RépondreSupprimerIl m'intéressait aussi au départ.
SupprimerJe viens de l'acheter. Un peu inquiète cependant parce que je crains que le style faussement naïf de l'enfant dans le passage que tu cites sur les tulipes finisse par devenir lassant et un peu irritant. Enfin, je vais voir !
RépondreSupprimerHeureusement (oui j'avoue !) les passages où intervient le gamin sont les moins nombreux! Un livre entier ainsi m'aurait fatiguée. J'attends ton avis!
SupprimerPas tout de suite au programme mais bientôt !
RépondreSupprimerAlors bonne lecture!
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