Un homme presque parfait
Nobody's Fool, 1993
Richard Russo
Quai Voltaire, 1995
Traduit par Jean-Luc Piningre, Josette Chicheportiche
et Françoise Arnaud-Demire
Pourquoi cette lecture, là, maintenant? Parce que l'auteur sera au prochain festival America et que d'autres de ses romans sont dans ma PAL depuis fort longtemps, alors autant s'y atteler. Et puis Les sortilèges du Cap Cod Ailleurs m'avaient tellement plu.
Qui serait cet homme presque parfait? Sully, le héros, disons l'anti-héros, a tout du loser. La soixantaine, vivotant de petits boulots, souffrant d'un genou démantibulé suite à une chute d'une échelle alors qu'il croyait avoir vu son père (décédé). Un père violent à qui il ne peut pardonner, laissant volontairement la maison familiale se délabrer. Une ex-femme, un fils avec lequel il va finalement renouer, la découverte de l'art d'être grand-père, une liaison de vingt ans au moins, et la fascination pour "la plus belle fille de Bath"
Car cela se déroule à Bath, rien à voir avec Austen, petite ville en pleine décrépitude dans l'état de New York. Autour de Sully gravitent donc les membres ou ex membres de sa famille, (et ses souvenirs), sa logeuse, Miss Beryl, ancienne professeur qui a vu passer tous les habitants ou presque dans sa classe de quatrième, un entrepreneur qui lui fournit le petit boulot payé -ou pas- au noir, et surtout son pote Rub, sympathique mais pas franchement doté de la lumière à tous les étages. Plus une déneigeuse volée par Sully alors que pas un poil de neige ne tombera, et pourtant l'histoire se déroule en novembre et décembre (1984), pas de chance, on le dit, pour Sully! J'en oublie, et tout se petit monde se retrouve souvent -trop souvent- dans les petits restaurants ou bars du coin.
J'ai pris un immense plaisir à lire tranquillement ce gros roman, où l'auteur sait donner les détails quand il l'a décidé, il faut lui faire confiance. Ce pourrait être désespérant, mais non, on a toujours un petit sourire -tendre- posé sur le visage. Les dialogues claquent, quelques comparaisons font mouche.
"Essayer d'obliger Sully à voir les choses comme elle revenait à mettre un chat à l'intérieur d'un sac -il y avait toujours une patte qui ressortait."
"On ne saurait trop recommander la compagnie d'un homme qui ne vous en voulait pas d'avoir fait un tas de cendres de sa maison."
"Son expression était aussi avenante que celle de quelqu'un qui vient de reconnaître le meurtrier de ses propres parents au milieu d'une longue file de suspects."
Maintenant je vais râler sur la traduction, suis-je la seule à ne pas aimer ces:
-les premières vingt années de sa vie (p 166)
-ces derniers vingt printemps (p 296)
-les premières trente-cinq années de la vie (p 333)
Nobody's Fool, 1993
Richard Russo
Quai Voltaire, 1995
Traduit par Jean-Luc Piningre, Josette Chicheportiche
et Françoise Arnaud-Demire
Pourquoi cette lecture, là, maintenant? Parce que l'auteur sera au prochain festival America et que d'autres de ses romans sont dans ma PAL depuis fort longtemps, alors autant s'y atteler. Et puis Les sortilèges du Cap Cod Ailleurs m'avaient tellement plu.
Qui serait cet homme presque parfait? Sully, le héros, disons l'anti-héros, a tout du loser. La soixantaine, vivotant de petits boulots, souffrant d'un genou démantibulé suite à une chute d'une échelle alors qu'il croyait avoir vu son père (décédé). Un père violent à qui il ne peut pardonner, laissant volontairement la maison familiale se délabrer. Une ex-femme, un fils avec lequel il va finalement renouer, la découverte de l'art d'être grand-père, une liaison de vingt ans au moins, et la fascination pour "la plus belle fille de Bath"
Car cela se déroule à Bath, rien à voir avec Austen, petite ville en pleine décrépitude dans l'état de New York. Autour de Sully gravitent donc les membres ou ex membres de sa famille, (et ses souvenirs), sa logeuse, Miss Beryl, ancienne professeur qui a vu passer tous les habitants ou presque dans sa classe de quatrième, un entrepreneur qui lui fournit le petit boulot payé -ou pas- au noir, et surtout son pote Rub, sympathique mais pas franchement doté de la lumière à tous les étages. Plus une déneigeuse volée par Sully alors que pas un poil de neige ne tombera, et pourtant l'histoire se déroule en novembre et décembre (1984), pas de chance, on le dit, pour Sully! J'en oublie, et tout se petit monde se retrouve souvent -trop souvent- dans les petits restaurants ou bars du coin.
J'ai pris un immense plaisir à lire tranquillement ce gros roman, où l'auteur sait donner les détails quand il l'a décidé, il faut lui faire confiance. Ce pourrait être désespérant, mais non, on a toujours un petit sourire -tendre- posé sur le visage. Les dialogues claquent, quelques comparaisons font mouche.
"Essayer d'obliger Sully à voir les choses comme elle revenait à mettre un chat à l'intérieur d'un sac -il y avait toujours une patte qui ressortait."
"On ne saurait trop recommander la compagnie d'un homme qui ne vous en voulait pas d'avoir fait un tas de cendres de sa maison."
"Son expression était aussi avenante que celle de quelqu'un qui vient de reconnaître le meurtrier de ses propres parents au milieu d'une longue file de suspects."
Maintenant je vais râler sur la traduction, suis-je la seule à ne pas aimer ces:
-les premières vingt années de sa vie (p 166)
-ces derniers vingt printemps (p 296)
-les premières trente-cinq années de la vie (p 333)
Je ne connais même pas l'auteur :(
RépondreSupprimerDeux de ses livres sont parus récemment, mais il écrit depuis longtemps. On ne peut connaître tout le monde, de toute façon.
SupprimerJe n'ai pas encore exploré le programme du festival America, mais il me semble qu'il y a encore du très bon cette année. Je note ce Russo là.
RépondreSupprimerCette année il y a de l'excellent, nouveaux auteurs, et auteurs confirmés.
SupprimerEt puis, si tu veux continuer avec les mêmes personnages, vingt ans après, tu pourras lire "A malin, malin et demi", qui sort en poche tout bientôt !
RépondreSupprimerEt qui sera dans ma bibli bientôt aussi !!! Ainsi qu'un recueil de nouvelles (si j'ai tout compris)
SupprimerPour info. Richard Russo sera aussi à la médiathèque d'Alfortville le vendredi 21 septembre à 18h30. Le débat sera animé par Chrisitine Ferniot.
RépondreSupprimerMerci de l'information, mais vu où j'habite, ça sera coton de m'y rendre. Mais ça peut intéresser des visiteurs du blog.
SupprimerTu es sous le charme, je note.
RépondreSupprimerTu sais, je pense que n'importe lequel de ses romans fera l'affaire!
SupprimerIncroyable quand-même ces erreurs de traduction sur un auteur réputé !
RépondreSupprimerIl m'arrive aussi régulièrement de pester.
La tournure anglaise est en train de polluer le français, je l'ai déjà remarqué.
SupprimerÇa a l'air d'être le genre de romans qu'on apprécie pour son ambiance, ses personnages et le style narratif. Jamais lu cet auteur mais il faudrait sûrement que je tente un jour (ce fameux "un jour"^^). Bon sinon, d'accord avec toi, les phrases traduites à la fin, c'est limite limite. À voir comment c'est tourné en VO et s'il y a un effet de style mais j'en doute.
RépondreSupprimerOui, un auteur à noter (le problème c'est qu'il écrit des romans épais, là 580 pages j'ai frôlé le pavé de l'été).
SupprimerEn VO je pense qu'il y a 'the first 20 years' ce qui est correct mais maintenant ça déteint sur le français (et je râle). C'est si difficile de faire attention et d'écrire 'les 20 premières années'?
Richard Russo, je ne connais que de nom... Il faudrait que je regarde ce qu'il y a à la bibliothèque.
RépondreSupprimerTu devrais en trouver, prends ce que tu veux!
SupprimerBien tentant, rien que pour mieux connaître "le pote Rub", si mal éclairé !
RépondreSupprimerLe bouquin est plein de ces personnages jamais antipathiques, drôles et émouvants.
SupprimerRâle, râle... Tu as bien raison.
RépondreSupprimerC'est typiquement une erreur de débutant (anglicisme ou traduction littérale). Remboursez, remboursez !!!!
Pas de remboursement puisqu'emprunt bibli. Mais franchement, il y a eu récidive, pour un seul je n'aurais pas râlé.
SupprimerJe n'ai lu que le déclin de l'empire Whiting, j'en lirai volontiers un autre j'ai beaucoup aimé le sens de la nuance de cet auteur
RépondreSupprimerCe Déclin (avec d'autres de Russo) est dans ma LAL/PAL.
SupprimerExact, un auteur qui prend son temps, pour notre bonheur, faut lui faire confiance.
vu l'enthousiasme de la critique je note (je ne connais pas l'auteur!)
RépondreSupprimerAaaah, tu ne connais pas! Du très bon auteur américain comme ils en produisent là-bas.
SupprimerJe n'ai jamais lu son premier roman, uniquement "Le Déclin de l'empire Whiting" qui m'avait plu. Ah, la place de l'épithète !
RépondreSupprimerCe Déclin est dans ma PAL depuis des années, je sais qu'il me plaira.
SupprimerTrois occurrences, oui, ça m'a agacée, à force. ^_^
J'ai ses autres romans dans ma pal mais je n'aurais pas le temps de le lire avant le Festival, tant pis! sinon oui je râle aussi devant la traduction !
RépondreSupprimerJ'ai 3 romans dans ma PAL, et les deux derniers commandés par la bibli. Hop, faire durer le plaisir sur plusieurs années...
SupprimerPour le festival, j'avoue ne pas avoir eu le temps de lire les auteurs que je voulais, tant pis, ils ne seront pas moins bons après...
J'ai très envie de découvrir Russo, mais je n'aurai pas le temps avant le festival (mais comme tu dis, il ne sera pas moins bon après !)
RépondreSupprimerUne chronique de la suite de celui ci dans America m'avait donné une folle envie de le lire, mais je note qu'il faudrait commencer par Un homme presque parfait donc.
Ah je suis en train de terminer A malin malin et demi, qui reprend une partie des personnages et s'attache plus à un personnage secondaire du premier, alors 1) oui mieux vaut lire le premier d'abord, et 2 ) le deuxième est quasiment meilleur c'est dire!!!
SupprimerJE constate que l'auteur a ses thèmes de prédilections : les gentils losers, les petites villes de provinces décrépites, les bars... et même la grimpette sur les toits de maisons (ou les clochers) ! Très envie de lire celui-là.
RépondreSupprimerOh n'hésite surtout pas (et il y a un autre roman qui reprend ces personnages, à lire après, donc)
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