Lire les trilogies dans le désordre, ça, maintenant, c'est fait. Mais avec Chez nous (2) et Lila (3), aucune importance. D'autant plus que Gilead (1) se déroule après Lila. De toute façon Marilynne Robinson a l'art d'entremêler passé, présent et futur probable.
Gilead
Marilynne Robinson
Prix Pulitzer 2005
Actes sud, 2007
Traduit par Simon Baril
Marylinne Robinson n'écrit pas de page turner, pas de crimes, pas de violence, et tout se déroule à Gilead, petite ville de l'Iowa, dans les années 50 pour le présent. Le révérend John Ames sent que sa santé et son énergie déclinent, et il écrit une longue lettre à son fils âgé de sept ans, qu'il lira après sa mort, lorsqu'il le désirera. Il lui parle de son histoire d'amour avec son épouse, mère du petit, de ses propres parents et grands parents. Un père et un grand père révérends eux-aussi, ainsi que Broughton son ami d'enfance, toujours à Gilead, dont le fils Jack lui a causé bien des soucis.
On l'aura compris, vu le nombre de révérends là-dedans (j'ignore d'ailleurs de quelle dénomination, on baptise les nouveaux-nés, ça j'en suis sûre), le spirituel occupe une grande place. Mais John Ames médite plus qu'il ne prêche le lecteur, remise en cause et introspection sont toujours présents. Le personnage le plus intéressant est Jack, et sa relation avec John, celle d'un fils et d'un père finalement. Les maîtres mots sont grâce et pardon, ce qui ne peut faire de mal dans une lecture.
Hé oui, ça peut rebuter les lecteurs, un léger trop plein de religieux, mais c'est écrit avec tellement de finesse et de délicatesse, tellement intelligent et bien exprimé, que je place cet auteur très-haut.
"Si tu fais face à l'insulte ou à l'hostilité, ta première envie sera de répliquer sur le même terrain. Mais si tu te dis quelque chose comme: Me voici en présence d'un émissaire envoyé par le Seigneur, et il y a pour moi un profit à retirer, en premier lieu l'occasion de faire preuve de ma foi, la chance de montrer que je participe, ne serait-ce qu'à un faible degré, à la grâce qui m'a sauvé, alors tu es libre d'agir différemment de ce que les circonstances semblent dicter. "
"Il est rare, assurément, de subir une offense qui ne soit pas l'écho d'offenses que l'on a soi-même commises. Cela dit, je ne sais dans quelle mesure en avoir conscience peut nous aider quand il s'agit de faire face à la difficulté concrète de contrôler sa colère. Je n'ai pas non plus trouvé le moyen d'appliquer le raisonnement en question aux circonstances actuelles, bien que je n'aie pas abandonné tout effort pour y parvenir."
"Il y a comme un miroitement dans les cheveux d'un enfant, au soleil. On y distingue certaines de couleurs de l'arc-en-ciel, de petits rayons de lumière douce qui ont les mêmes teintes que celles qu'on voit parfois dans la rosée. On les trouve dans les pétales de fleurs, et sur la peau des enfants."
Quelques avis : sur babelio,
Marilynne Robinson enseigne à l'université de l'Iowa et écrit des essais, donc certains regroupés dans
Quand j'étais enfant, je lisais des livres
Marilynne Robinson
Actes sud, 2016
Traduit par Simon Baril
Des essais fort lisibles mais j'avoue avoir un peu calé quand cela parlait trop de "ces chers vieux Etats-Unis", la constitution, l'université et l'histoire en particulier. L'auteur s'intéresse (entre autres) à Calvin et certaines pages sur l'Ancien testament sont franchement fort intéressantes. La loi hébraïque réputée cruelle et punitive s'avère l'être moins que celle de temps plus modernes en Europe en ce qui concerne la position face au vol et à la misère...
Marylinne Robinson parle aussi d'auteurs avec lesquels elle est en désaccord, sur les terrains de la religion et de la science. Tout en restant lucide et mesurée.
"Si elle peut nous apporter des connaissances, la science ne peut nous conférer la sagesse. Non plus que la religion, tant que celle-ci ne met pas de côté la bêtise et la distraction pour redevenir elle-même."
A la fin d'un passage sur les livres:
"Tous les auteurs que je connais, lorsqu'on leur demande comment on devient écrivain, répondent par un seul mot : Lisez."
Gilead
Marilynne Robinson
Prix Pulitzer 2005
Actes sud, 2007
Traduit par Simon Baril
Marylinne Robinson n'écrit pas de page turner, pas de crimes, pas de violence, et tout se déroule à Gilead, petite ville de l'Iowa, dans les années 50 pour le présent. Le révérend John Ames sent que sa santé et son énergie déclinent, et il écrit une longue lettre à son fils âgé de sept ans, qu'il lira après sa mort, lorsqu'il le désirera. Il lui parle de son histoire d'amour avec son épouse, mère du petit, de ses propres parents et grands parents. Un père et un grand père révérends eux-aussi, ainsi que Broughton son ami d'enfance, toujours à Gilead, dont le fils Jack lui a causé bien des soucis.
On l'aura compris, vu le nombre de révérends là-dedans (j'ignore d'ailleurs de quelle dénomination, on baptise les nouveaux-nés, ça j'en suis sûre), le spirituel occupe une grande place. Mais John Ames médite plus qu'il ne prêche le lecteur, remise en cause et introspection sont toujours présents. Le personnage le plus intéressant est Jack, et sa relation avec John, celle d'un fils et d'un père finalement. Les maîtres mots sont grâce et pardon, ce qui ne peut faire de mal dans une lecture.
Hé oui, ça peut rebuter les lecteurs, un léger trop plein de religieux, mais c'est écrit avec tellement de finesse et de délicatesse, tellement intelligent et bien exprimé, que je place cet auteur très-haut.
"Si tu fais face à l'insulte ou à l'hostilité, ta première envie sera de répliquer sur le même terrain. Mais si tu te dis quelque chose comme: Me voici en présence d'un émissaire envoyé par le Seigneur, et il y a pour moi un profit à retirer, en premier lieu l'occasion de faire preuve de ma foi, la chance de montrer que je participe, ne serait-ce qu'à un faible degré, à la grâce qui m'a sauvé, alors tu es libre d'agir différemment de ce que les circonstances semblent dicter. "
"Il est rare, assurément, de subir une offense qui ne soit pas l'écho d'offenses que l'on a soi-même commises. Cela dit, je ne sais dans quelle mesure en avoir conscience peut nous aider quand il s'agit de faire face à la difficulté concrète de contrôler sa colère. Je n'ai pas non plus trouvé le moyen d'appliquer le raisonnement en question aux circonstances actuelles, bien que je n'aie pas abandonné tout effort pour y parvenir."
"Il y a comme un miroitement dans les cheveux d'un enfant, au soleil. On y distingue certaines de couleurs de l'arc-en-ciel, de petits rayons de lumière douce qui ont les mêmes teintes que celles qu'on voit parfois dans la rosée. On les trouve dans les pétales de fleurs, et sur la peau des enfants."
Quelques avis : sur babelio,
Marilynne Robinson enseigne à l'université de l'Iowa et écrit des essais, donc certains regroupés dans
Quand j'étais enfant, je lisais des livres
Marilynne Robinson
Actes sud, 2016
Traduit par Simon Baril
Des essais fort lisibles mais j'avoue avoir un peu calé quand cela parlait trop de "ces chers vieux Etats-Unis", la constitution, l'université et l'histoire en particulier. L'auteur s'intéresse (entre autres) à Calvin et certaines pages sur l'Ancien testament sont franchement fort intéressantes. La loi hébraïque réputée cruelle et punitive s'avère l'être moins que celle de temps plus modernes en Europe en ce qui concerne la position face au vol et à la misère...
Marylinne Robinson parle aussi d'auteurs avec lesquels elle est en désaccord, sur les terrains de la religion et de la science. Tout en restant lucide et mesurée.
"Si elle peut nous apporter des connaissances, la science ne peut nous conférer la sagesse. Non plus que la religion, tant que celle-ci ne met pas de côté la bêtise et la distraction pour redevenir elle-même."
A la fin d'un passage sur les livres:
"Tous les auteurs que je connais, lorsqu'on leur demande comment on devient écrivain, répondent par un seul mot : Lisez."
Encore un auteur que je ne connais pas (me souviens même pas que tu en aies parlé, misère, je te suis pourtant assidument depuis tout ce temps !).
RépondreSupprimerEt dommage que ça ne marche pas en sens inverse, que lire beaucoup n'amène pas à l'écriture : on aurait déjà une belle oeuvre derrière nous !.
Désolée... J'aime cette auteur, assez discrète, aux thèmes pas glamour de nos jours. ^_^ Bref, mal barré, quoi.
SupprimerHeu quand je lis, je me sens souvent incapable d'en faire autant, déjà les billets pour le blog, j'y arrive mal parfois, alors... je reste où je suis. ^_^
j'ai chroniqué sa trilogie et moi qui suis absolument athée j'y ai pris un énorme plaisir, les personnages sont tellement pétris d'humanité que c'est un bonheur de lecture
RépondreSupprimerAvec Gilead je termine la trilogie (!), exact, tellement d'humanité, des valeurs qui sont celles de ces gens croyants (et bien sûr d'autres), mais sans prosélytisme, avec humilité. Et qu'on aimerait plus répandues.
SupprimerJe me souviens de tes précédents billets sur cette auteure ; d'ailleurs, j'avais noté son nom, mais je n'ai toujours pas trouvé le temps de la lire.
RépondreSupprimerAlors n'oublie pas car ça risque d'être mon dernier billet sur elle, je ne pense pas trouver d'autres titres.
SupprimerJ'ai lu Lila, un second m'attend sur l'étagère depuis 2 ans... En fait j'ai lu Lila 2 fois et je l'ai prêté à genre 10 personnes. C'est un grand livre ! Bref, faut que je me mette à lire les autres.
RépondreSupprimerOups là! Mais je te comprends. Je songe à relire chez nous, lu il y a trop longtemps.
SupprimerC'est formidable de l'avoir prêté à tant de monde.
J'ai lu Gilead à sa sortie, avant de tenir un blog, du coup je n'en ai quasiment aucun souvenir concret... Je me rappelle seulement de la grâce de l'écriture. Clairement pas un page turner mais chaque phrase est bourrée de talent.
RépondreSupprimerDes gens menant une vie simple et paraissant étriquée, mais quelle vie intérieure! Et c'est tellement bien rendu.
Supprimerj'aime beaucoup quand des auteurs très religieux arrivent à m'intéresser, c'est très rare mais souvent ils me font beaucoup réfléchir.
RépondreSupprimerDominique aime, alors que ce n'était pas gagné. Mais avec des personnages si profonds et universels, ça passe.
SupprimerJe garde un très bon souvenir de Lila et je m'étais promis de compléter mes lectures de l'auteur alors... voilà qui me remet cette promesse en mémoire.
RépondreSupprimerHé oui, voilà à quoi servent les lectures un peu hors actualité. ^_^
SupprimerPas du tout débutée, bien au contraire ! Vraiment de l'humanité et de belles valeurs, de la délicatesse, et les extraits qui achèvent de me convaincre.
RépondreSupprimerAh les extraits! J'avoue les choisir parce qu'ils m'ont parlé, pourquoi se priver? et aussi ça montre bien où on se place, pas dans de la religiosité rigide. Plutôt dans l'humilité et le pardon.
SupprimerEt bien moi quand j'étais enfant je ne lisais pas :-) (Goran : https://deslivresetdesfilms.com)
RépondreSupprimerTssst! Je suis censée croire ça? Et pourquoi pas, on est libre, non?
SupprimerL'univers de "Gilead" m'avait semblé fort pesant. J'ai lu davantage d'avis positifs sur "Lila", j'y viendrai peut-être.
RépondreSupprimerEt sans doute Chez nous est moins pesant aussi? Une trilogie qu'on peut lire dans l'ordre que l'on veut, en fait.
SupprimerJ'ai lu Lila et beaucoup aimé même si la religion n'est pas mon fort, je lirai les autres mais pas tout de suite, trop de livres à lire et ils ne sont pas ma priorité!
RépondreSupprimerC'est le genre de livres qui ne vieillit pas, de toute façon. ^_^
SupprimerOui, c’est vrai que le grand écrivain ont de grand lecteur. Je le remarque encore une foi au fur et à mesure de ma relecture de Marguerite Yourcenar. Mais on eut être aussi grand lecteur sans pour cela écrire...
RépondreSupprimerHeureusement qu'on n'écrit pas forcément! Sinon on aurait moins de temps pour lire, et il y aurait encore plus de livres à encombrer les étagères!
SupprimerCeci étant, oui, un écrivain doit se faire les dents en lisant!
J'ai lu les deux autres de la trilogie et j'avais énormément aimé... beaucoup de finesse et d'humanité...
RépondreSupprimerTu vois ce qu'il te reste à faire...^_^
SupprimerCe livre me semble un peu énigmatique. Je le regarderai donc à la librairie, si jamais je le trouve par ici pour voir si je trouve des arguments d'achat plus sérieux que la beauté de la couverture !
RépondreSupprimerLa beauté de la couverture est réelle, même si ce qui s'y cache est fort beau aussi.
SupprimerBon, j'ai lu ton article totalement dans le désordre d'où mon précédent commentaire. Certaines phrase me parlent d'autres moins et me hérisseraient même peut-être un chouia... Conséquences d'années et d'années d'éducation religieuse un peu trop vigoureuse. Je vais réfléchir avant d'agir !
RépondreSupprimerDifficile de choisir des passages. C'est une auteur qui mérite d'être mieux connue, heureusement elle a ses inconditionnels.
SupprimerHmmm pas sûre d'en faire une priorité dans cette période où j'ai moins le temps de lire et une PAL/LAL toujours aussi énorme !^^
RépondreSupprimerC'est sûr que ça réclame du temps, ces livres assez denses (et la PAL ne s'arrange pas)
SupprimerMoi, je suis très classique, je lis les trilogies dans l'ordre, le côté religieux me freinait un peu, mais au vu de tes commentaires, je pense que je vais aller faire un tour du côté de cette humanité là, elle me fera du bien !
RépondreSupprimerLe côté religieux passe finalement bien, même auprès de personnes rétives au sujet (voir certains commentaires)
SupprimerOui, ça fait du bien...