L'Heure de l'ange
Die uur van die engel
Karel Schoeman
Phébus, 2018
Traduit par Pierre-Marie Finkelstein
Quand ce livre est apparu dans la liste de Masse critique, je n'ai pas hésité, il me le fallait! Oui, encore un auteur chouchou, encore un manque certain d'objectivité. Encore le récit de vies où il ne se passe pas grand chose, encore des coins paumés du veld. Mais le charme opère encore toujours.
En 1838 un gardien de moutons, Daniel Steenkamp, a la vision d'un ange. Cet homme peu lettré est capable d'enflammer les assemblées par des discours, et de composer des poèmes. Ceux-ci, recopiés, seront recueillis par le jeune pasteur Heyns, puis édités par l'instituteur Jood de Lange au fil du siècle qui suivra.
Après une brève évocation de ces faits, le lecteur découvre, à l'époque actuelle, un producteur de télévision originaire de la petite ville où vivaient les personnages précédents, se souvenant d'une visite de classe chez Jood alors très vieux, et menant une sorte d'enquête au sujet de Danie-poète, aidé par la responsable du musée. Tout est d'un remarquable flou, est-ce imagination, rêve, souvenirs réels? Peu importe, les voix se mêlent.
Ensuite, dans une chronologie à l'envers, s'expriment Jood l'instituteur, drôle de type un peu amer, un poète lui aussi, un peu raté. L'on devra deviner la raison de son arrêt de l'enseignement, de sa quasi réclusion chez lui. J'ai rarement lu plus beau, pathétique et poignant que ces dernières pages à l'approche de sa mort.
Le pasteur Heyns aura ceci de commun avec Jood qu'il arrivera tout jeune célibataire dans la ville, et sera incapable d'échapper au mariage avec une fille du coin. Lui aussi aura le projet d'écrire une histoire de la communauté, mais il faut croire que la ville retient toute velléité de projet et de fuite.
Puis brièvement Daniel Steemkamp raconte sa vie.
Ensuite, au tour des deux épouses de ces hommes de s’exprimer (enfin! car ce n'étaient que des ombres jusque là) , éclairant donc l'histoire, et elles auront pu quitter la ville (une fois veuves).
Je raconte tout cela, non pour divulgâcher, de toute façon l'intérêt de la lecture n'est pas que là, mais déjà pour montrer la belle construction du roman. Il m'est difficile -sauf pour ceux ayant déjà lu l'auteur- de donner idée d'une ambiance où reviennent des sensations, des événements. Par ailleurs je garantis qu'on ressent absolument les choses comme les personnages, sous ce ciel tellement lumineux qu'il en est blanc, dans un coin où la terre sèche réclame et attend la pluie, un coin chaud et poussiéreux.
Sans parler d'une langue magnifique (merci sans doute au traducteur!!!) idéale pour rendre ces frémissements et évoquer à la fois une part de l'histoire sud africaine et la vie dans ces petites villes et le veld aux alentours il y a un siècle ou plus.
Hélas une erreur de clic m'a fait proposer ce billet le même jour que celui sur Auster, très bien aussi ces lectures, mais je crains que ce pauvre Schoeman n'en souffre et j'ai déjà mal pour lui!
Die uur van die engel
Karel Schoeman
Phébus, 2018
Traduit par Pierre-Marie Finkelstein
Quand ce livre est apparu dans la liste de Masse critique, je n'ai pas hésité, il me le fallait! Oui, encore un auteur chouchou, encore un manque certain d'objectivité. Encore le récit de vies où il ne se passe pas grand chose, encore des coins paumés du veld. Mais le charme opère encore toujours.
En 1838 un gardien de moutons, Daniel Steenkamp, a la vision d'un ange. Cet homme peu lettré est capable d'enflammer les assemblées par des discours, et de composer des poèmes. Ceux-ci, recopiés, seront recueillis par le jeune pasteur Heyns, puis édités par l'instituteur Jood de Lange au fil du siècle qui suivra.
Après une brève évocation de ces faits, le lecteur découvre, à l'époque actuelle, un producteur de télévision originaire de la petite ville où vivaient les personnages précédents, se souvenant d'une visite de classe chez Jood alors très vieux, et menant une sorte d'enquête au sujet de Danie-poète, aidé par la responsable du musée. Tout est d'un remarquable flou, est-ce imagination, rêve, souvenirs réels? Peu importe, les voix se mêlent.
Ensuite, dans une chronologie à l'envers, s'expriment Jood l'instituteur, drôle de type un peu amer, un poète lui aussi, un peu raté. L'on devra deviner la raison de son arrêt de l'enseignement, de sa quasi réclusion chez lui. J'ai rarement lu plus beau, pathétique et poignant que ces dernières pages à l'approche de sa mort.
Le pasteur Heyns aura ceci de commun avec Jood qu'il arrivera tout jeune célibataire dans la ville, et sera incapable d'échapper au mariage avec une fille du coin. Lui aussi aura le projet d'écrire une histoire de la communauté, mais il faut croire que la ville retient toute velléité de projet et de fuite.
Puis brièvement Daniel Steemkamp raconte sa vie.
Ensuite, au tour des deux épouses de ces hommes de s’exprimer (enfin! car ce n'étaient que des ombres jusque là) , éclairant donc l'histoire, et elles auront pu quitter la ville (une fois veuves).
Je raconte tout cela, non pour divulgâcher, de toute façon l'intérêt de la lecture n'est pas que là, mais déjà pour montrer la belle construction du roman. Il m'est difficile -sauf pour ceux ayant déjà lu l'auteur- de donner idée d'une ambiance où reviennent des sensations, des événements. Par ailleurs je garantis qu'on ressent absolument les choses comme les personnages, sous ce ciel tellement lumineux qu'il en est blanc, dans un coin où la terre sèche réclame et attend la pluie, un coin chaud et poussiéreux.
Sans parler d'une langue magnifique (merci sans doute au traducteur!!!) idéale pour rendre ces frémissements et évoquer à la fois une part de l'histoire sud africaine et la vie dans ces petites villes et le veld aux alentours il y a un siècle ou plus.
Hélas une erreur de clic m'a fait proposer ce billet le même jour que celui sur Auster, très bien aussi ces lectures, mais je crains que ce pauvre Schoeman n'en souffre et j'ai déjà mal pour lui!
J'ai cet auteur sur ma liste à lire depuis un bon moment (grâce aux blogueuses). Son tour viendra un jour ..
RépondreSupprimerJe l'espère (hélas il n'écrira plus)
SupprimerJ'ai pensé à toi en le voyant parmi la liste de Masse Critique. Je n'ai pas encore lu cet auteur, mais ne désespérons pas !
RépondreSupprimerJ'ai tout de suite sauté dessus (quasi sûre qu'il y aurait peu de concurrence ^_^) mais j'hésitais avec un autre.
SupprimerComme tu t'en doutes il est déjà sur mes étagères et la lecture m'a plu énormément mais je peine à écrire le billet
RépondreSupprimerPareil on en sort éblouie, mais après c'est difficile d'en parler, je n'ai même pas pu choisir un passage...
SupprimerJe vois régulièrement cet auteur sur ton blog et n'ai pourtant toujours pas lu... Ca viendra, ça viendra...
RépondreSupprimerDernière tentation ici, car j'ai tout lu! ^_^
SupprimerAh oui, je vois très bien ce dont tu parles avec ces récits "calmes" mais le charme opère tout de même. J'en avais fait l'expérience avec un autre roman de l'auteur et j'avais vraiment beaucoup aimé. Sûr que j'en lirai d'autres de ses romans. Celui-ci ou un autre, j'ai encore plein de choix.^^
RépondreSupprimerSi tu as aimé la lecture d'un autre roman, ça devrait bien se passer pour n'importe lequel de ses romans... J'avais vraiment l'impression d'être dans le veld (et j'ai recyclé des photos de mon dernier voyage ^_^)
SupprimerRhalala, encore un auteur noté depuis longtemps et toujours pas lu (le nombre de titres soigneusement listés augmente).
RépondreSupprimerFaut se lancer, on le trouve en bibli, je pense!
SupprimerqQe de belles découvertes dans la blogosphère pour des livres vers lesquels je ne serai jamais naturellement allée !
RépondreSupprimerLà il s'agit surtout d'un auteur, je le lis systématiquement. Je recommande.
SupprimerJe ne connais absolument pas l'auteur mais tu me donnes envie de le découvrir.
RépondreSupprimerAh pour moi c'est un grand! Tente avec un de ses titres.
SupprimerAh tiens, l'auteur n'est pas Paul Auster ? ;-)
RépondreSupprimerPfff, ça arrive! ^_^
SupprimerOui !! grâce à toi j'aime aussi cet écrivain dont j'ai lu "en étrange pays" qui m'avait énormément plu. Du coup j'ai très envie de lire celui-là !
RépondreSupprimerN'hésite pas, et sache qu'il y en a d'autres de l'auteur, tout aussi intéressants.
SupprimerCela fait bien longtemps que je n'ai pas lu un livre sud-africain. Pourtant, j'avais beaucoup aimé. Donc celui-ci m'intéresse sur tous les plans. Merci Keiisha !
RépondreSupprimerSchoeman mérite d'être lu, c'est plutôt de l'atmosphère mais on ne lâche pas. Une histoire simple, si bien racontée et qu'on ressent.
SupprimerJ'aime tellement cet auteur !!
RépondreSupprimerTu vois ce qu'il te reste à faire...
SupprimerEncore un bouquin dont je n'avais absolument pas entendu parler - je n'en connaissais même pas l'auteur. Mais évidemment, me parler de "langue magnifique", c'est tout ce qu'il me faut pour être tentée !
RépondreSupprimerTu dois absolument découvrir cet auteur! Je l'ai découvert avec 'Cette vie' grâce à la bibli, ensuite mon projet a été de tout lire!
SupprimerJe vois bien aussi de quelle ambiance tu parles. J'avais eu un coup de coeur pour "cette vie" mais curieusement, je n'ai rien lu d'autre. Merci pour la piqûre de rappel.
RépondreSupprimerJ'ai commencé avec Cette vie, et j'étais cuite, j'ai lu les autres (sur plusieurs années)
SupprimerLe titre est noté, j'avais beaucoup aimé "En étrange pays".
RépondreSupprimerSon meilleur, sans doute, mais là on ne va pas s'en priver non plus...
SupprimerJe l’ai lu, j’ai adoré et j'en parle bientôt chez moi :-) (Goran : https://deslivresetdesfilms.com)
RépondreSupprimerYoupee alors! Il faut qu'on parle de ce livre (et de cet auteur)
SupprimerJ'ai lu "Chroniques d'hiver" et me souvient très bien de la scène de l'accident. Pour le reste il me faut encore les lire !
RépondreSupprimerBien sûr, et tu as le temps, ce ne sont pas des nouveautés, mais elles restent bien valables.
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