A demain l'embarquement
Laurent Girerd
Le temps qu'il fait, 2018
J'ai trop savouré ma lecture pour ne pas tenter d'écrire un billet ne rendant que faiblement compte du bonheur ressenti à lire ces textes (trop court, 119 pages), narrant les déambulations de l'auteur vers les fleuves et les ports, encadrées par l'histoire d'un docker italien arrivant à Ellis Island. Alors de grue (le matériel) en grue (l'oiseau) on le retrouve après l'Italie du nord en gare du nord vers la Belgique (où il retrouve un pote haut en couleur pour une soirée arrosée), à Saint Petersbourg l'hiver, la Néva étant gelée mais fréquentée.
J'ai hautement apprécié ces phrases ciselées, leurs détours inattendus, ces images, ces couleurs...
"Sous le panneau DEPARTS à la gare du nord où les caténaires sabotés par la tempête menaçaient mon train d'annulation, une femme triste tirait une triste valise. Le choeur de cigales qui montait de ses antiques roulettes me donnait cependant à penser que l'espoir de partir n'était pas encore tout à fait à exclure." (j'ai le scrouitch dans les oreilles, là)
"Devant son chevalet, un homme du dimanche peignait la scène. Sur sa toile, la luzerne oscillait entre le jaune de l'urine au réveil, le jaune Champs-Flammarion et le jaune Verdier." (avouez, vous l'avez, ce jaune!)
Le GPS, texte qui m'a remis en mémoire un récent de Bonheur du jour)
"Je voudrais dire ici ma fierté de ne pas avoir recours à un objet si performant, et ma satisfaction de conduire ma vie comme je l'ai toujours conduite, sans assistance automatisée, en continuant de poser mon regard faillible sur le monde vierge à porté de visage.
Non que j'aie apprécié de tourner dans la ville de saint Antoine pendant quarante-conq minutes sans trouver l'adresse de l'hôtel où j'avais prévu de coucher.(...) Sans compter que, contrairement à l'égarement piétonnier, se perdre en voiture réserve rarement d'agréables surprises. (...)
Je voudrais dire un mot sur le plaisir que me procure le bas-côté où l'on coupe le moteur. C'est là un plaisir méconnu, passablement sous-estimé.(...) Sur le bas-côté j'aime à déplier la trop grande carte de l'IGN."
"Trois cohortes de parasols au garde-à-vous face à l'Adriatique donnent une image balnéaire de ce que fut la discipline romaine." (Quelle économie pour évoquer, quelle image!)
Laurent Girerd
Le temps qu'il fait, 2018
J'ai trop savouré ma lecture pour ne pas tenter d'écrire un billet ne rendant que faiblement compte du bonheur ressenti à lire ces textes (trop court, 119 pages), narrant les déambulations de l'auteur vers les fleuves et les ports, encadrées par l'histoire d'un docker italien arrivant à Ellis Island. Alors de grue (le matériel) en grue (l'oiseau) on le retrouve après l'Italie du nord en gare du nord vers la Belgique (où il retrouve un pote haut en couleur pour une soirée arrosée), à Saint Petersbourg l'hiver, la Néva étant gelée mais fréquentée.
J'ai hautement apprécié ces phrases ciselées, leurs détours inattendus, ces images, ces couleurs...
"Sous le panneau DEPARTS à la gare du nord où les caténaires sabotés par la tempête menaçaient mon train d'annulation, une femme triste tirait une triste valise. Le choeur de cigales qui montait de ses antiques roulettes me donnait cependant à penser que l'espoir de partir n'était pas encore tout à fait à exclure." (j'ai le scrouitch dans les oreilles, là)
"Devant son chevalet, un homme du dimanche peignait la scène. Sur sa toile, la luzerne oscillait entre le jaune de l'urine au réveil, le jaune Champs-Flammarion et le jaune Verdier." (avouez, vous l'avez, ce jaune!)
Le GPS, texte qui m'a remis en mémoire un récent de Bonheur du jour)
"Je voudrais dire ici ma fierté de ne pas avoir recours à un objet si performant, et ma satisfaction de conduire ma vie comme je l'ai toujours conduite, sans assistance automatisée, en continuant de poser mon regard faillible sur le monde vierge à porté de visage.
Non que j'aie apprécié de tourner dans la ville de saint Antoine pendant quarante-conq minutes sans trouver l'adresse de l'hôtel où j'avais prévu de coucher.(...) Sans compter que, contrairement à l'égarement piétonnier, se perdre en voiture réserve rarement d'agréables surprises. (...)
Je voudrais dire un mot sur le plaisir que me procure le bas-côté où l'on coupe le moteur. C'est là un plaisir méconnu, passablement sous-estimé.(...) Sur le bas-côté j'aime à déplier la trop grande carte de l'IGN."
"Trois cohortes de parasols au garde-à-vous face à l'Adriatique donnent une image balnéaire de ce que fut la discipline romaine." (Quelle économie pour évoquer, quelle image!)
Oh, oh, tout-à-fait pour moi celui-là !
RépondreSupprimerOh en le lisant je pensais bien à certaines blogueuses... C'est la raison pour laquelle je me suis attelée à un billet, qui hélas rend mal mon bonheur de lecture.
SupprimerEncore une découverte au rayon récits de voyage ! Je sais où venir chercher quand ce genre me tentera. J'aime beaucoup les extraits.
RépondreSupprimerRécit de voyage peut-être, déambulations, plutôt, et quelle écriture!
SupprimerDE belles citations qui donnent envie.
RépondreSupprimerJ'ai savouré (mais où sont ses autres livres?)
SupprimerJe croyais que tu partais en vacances! Bien trouvé ce livre!
RépondreSupprimerHeu non malheureusement j'ai dû annuler toute idée de vraies vacances pour l'instant. ^_^ Mais je lis.
Supprimerpour moi aussi :-) si j'arrive à mettre la main dessus !
RépondreSupprimerEspérons que ta nouvelle ville va le proposer?
SupprimerJ'inscris ce livre dans ma liste, je me demande ce qu'est "un train d'annulation"? sinon je pense aussi que seuls les hommes regardent leur urine au réveil, ils sont en meilleure position pour cela!
RépondreSupprimerNon, c'est une menace d'annulation, tout simplement (mais je reconnais qu'on peut s'y perdre à première lecture de la phrase)
SupprimerAh oui l'urine, je n'avais pas pensé à cela... ^_^
un petit livre à glisser dans une valise j'ai l'impression
RépondreSupprimerOui, il n'est (hélas) pas gros, cela peut inspirer.
SupprimerAh oui, ce jaune, je l'ai bien visualisé.:-) Je verrais bien ce livre adapté en BD tiens - le côté déambulations, réflexions, un peu à la Taniguchi.
RépondreSupprimerAh mais oui, tiens, pourquoi pas?
Supprimerj'aime bcp les citations!
RépondreSupprimerJ'aurais pu citer quasiment tout le livre...
SupprimerTes extraits donnent envie de le découvrir...J'ai tant à lire déjà mais je le note car je ne connais pas cet auteur et encore une fois c'est toi qui me le fais découvrir. Bonne soirée
RépondreSupprimerJe ne le connaissais pas non plus avant de le 'détecter' à la bibliothèque.
SupprimerJe ne lis quasiment jamais de récits de voyage et pourtant, je suis sûre que j'aimerais ça... Tes extraits sont sympas.
RépondreSupprimerPlus évocateur que franchement descriptif, mais j'ai adoré.
SupprimerLes parasols sont efficaces en effet ! Quant au GPS, que je n'affectionne pas particulièrement il est bien utile cependant dans les zones piétonnes des villes italiennes, surveillées par des caméras redoutables.
RépondreSupprimerL'auteur évoque justement ces redoutables villes italiennes... ^_^
SupprimerQuand on aime, c'est toujours trop court !
RépondreSupprimerBonne fin de soirée.
Tiens oui, c'est vrai... Me reste à trouver d'autres titres de l'auteur...
SupprimerBelle chronique ! on ressent que tu as apprécié cette lecture :)
RépondreSupprimerBonne journée !
Oh que oui! J'espère en lire d'autres.
SupprimerC'est très joliment écrit.
RépondreSupprimerPour ça oui!
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