Pourquoi les hommes fuient?
Erwan Larher
Quidam, 2019
Jane a 21 ans et pas froid aux yeux (ni ailleurs d'ailleurs), vivant sa vie à 200 à l'heure. Elle ne se laisse pas marcher sur les pieds et a le sens de la répartie cinglante (pour le plus grand plaisir du lecteur). Côté famille? Des grands parents peu attractifs qui se révéleront moins moches qu'attendu, une mère décédée et un père en pointillés finalement disparu on ne sait où. Seul indice lâché par sa mère : c'est un musicien. De fil en aiguille Jane enquête, rencontre, découvre le milieu rock des années 80, les petits groupes qui percent, disparaissent, un milieu où l'on se marche sur les pieds et lutte pour sa part de lumière.
Que l'on ne s'y trompe pas, ce roman ne se résume pas à la quête du père, il est beaucoup plus dense et riche que cela! Le monde du rock comme si vous y étiez, la fuite en autarcie dans une campagne reculée, les portables qui buguent mystérieusement, des grèves, manifestations, de la violence policière, des auras ou manques d'auras, mais dans quel monde sommes-nous? Le retour de Billie, mère de Marguerite (celle qui n'aime pas ses fesses), des scènes gouleyantes, Jane n'appréciant pas qu'on lui pique sa place de train, le type aviné dans le bistrot, les colocataires de Jane, une journaliste locale, un plan à trois, un personnage ne comprenant pas la signification de 'non'. Des retours vers le passé, éclairant le présent, un suspense bien mené. J'ai dévoré le tout.
Quelques extraits
Jane utilise pas mal de vocabulaire et tournures 'jeune', mais on suit (j'ai quand même dû chercher MMORPG et yolo, shame on me)
- Si on a inventé un mot, c'est parce qu'il n'y en avait pas pour dire ça.
- On dit ce qu'on veut, surtout!"
Avec le colocataire, Greg
"- Neuf heures?! Bordel, Greg, je me suis padgée à cinq dum, et puis on n'entre pas dans la chambre des gens à neuf heures un dimanche matin!
Ce taré de petit bourge confit dans ses habitudes, je parie qu'il préférerait une dictature militaire à une pénurie de lait bio."
(et peu après on a une description d'un magasin bio par Jane, ça vaut son pesant de quinoa.)
A feuilleter je retrouve pleiiiiiiiin de passages réjouissants.
Mais aussi
"L'hiver t'est merveille à présent. Lactescence pureté tavelée de crissements, de craquements, ponctuée de diamants givrés, le rien réverbère le rien à perte de vue, un aperçu des origines, ou de l'éternité. les larmes nivéales aux branches pendues disent le chagrin de la forêt, affirment qu’elle était là avant la matrice qui la rase et survivra à l'implosion de celle-ci.
Découvrir que le silence de la solitude n'en est pas un non plus."
"Tu plantes, cueilles, chasses sans te poser de questions. S'en posaient-ils, tes ancêtres berrichons au XVIIème siècle? La culture, l’éducation, les livres ont enherbé les esprits, lents vénéfices qui ont accouché d’ego monstrueux. Et de questions. Trop de questions. Heureusement, on a inventé la télévision."
Erwan Larher fait partie du club très fermé des auteurs dont je veux tout lire, et arrivée au 7ème opus j'ai tenté de comprendre pourquoi. Une belle imagination flirtant parfois avec l'imaginaire, un regard acéré sur notre monde et éventuellement des pistes de solutions, des personnages parfois brut de pomme sur lesquels l'on sent le regard bienveillant du créateur, et cette écriture dense et drue qui paraît couler de source, pourtant on sent que la barre est haute et pas question d'à peu près.
Les avis de Cunéipage,
Erwan Larher
Quidam, 2019
Jane a 21 ans et pas froid aux yeux (ni ailleurs d'ailleurs), vivant sa vie à 200 à l'heure. Elle ne se laisse pas marcher sur les pieds et a le sens de la répartie cinglante (pour le plus grand plaisir du lecteur). Côté famille? Des grands parents peu attractifs qui se révéleront moins moches qu'attendu, une mère décédée et un père en pointillés finalement disparu on ne sait où. Seul indice lâché par sa mère : c'est un musicien. De fil en aiguille Jane enquête, rencontre, découvre le milieu rock des années 80, les petits groupes qui percent, disparaissent, un milieu où l'on se marche sur les pieds et lutte pour sa part de lumière.
Que l'on ne s'y trompe pas, ce roman ne se résume pas à la quête du père, il est beaucoup plus dense et riche que cela! Le monde du rock comme si vous y étiez, la fuite en autarcie dans une campagne reculée, les portables qui buguent mystérieusement, des grèves, manifestations, de la violence policière, des auras ou manques d'auras, mais dans quel monde sommes-nous? Le retour de Billie, mère de Marguerite (celle qui n'aime pas ses fesses), des scènes gouleyantes, Jane n'appréciant pas qu'on lui pique sa place de train, le type aviné dans le bistrot, les colocataires de Jane, une journaliste locale, un plan à trois, un personnage ne comprenant pas la signification de 'non'. Des retours vers le passé, éclairant le présent, un suspense bien mené. J'ai dévoré le tout.
As de Trêfle au Bateau Ivre (https://www.leprog.com/186-la-petite-histoire-du-bateau-ivre.html) |
Jane utilise pas mal de vocabulaire et tournures 'jeune', mais on suit (j'ai quand même dû chercher MMORPG et yolo, shame on me)
- Si on a inventé un mot, c'est parce qu'il n'y en avait pas pour dire ça.
- On dit ce qu'on veut, surtout!"
Avec le colocataire, Greg
"- Neuf heures?! Bordel, Greg, je me suis padgée à cinq dum, et puis on n'entre pas dans la chambre des gens à neuf heures un dimanche matin!
Ce taré de petit bourge confit dans ses habitudes, je parie qu'il préférerait une dictature militaire à une pénurie de lait bio."
(et peu après on a une description d'un magasin bio par Jane, ça vaut son pesant de quinoa.)
A feuilleter je retrouve pleiiiiiiiin de passages réjouissants.
Mais aussi
"L'hiver t'est merveille à présent. Lactescence pureté tavelée de crissements, de craquements, ponctuée de diamants givrés, le rien réverbère le rien à perte de vue, un aperçu des origines, ou de l'éternité. les larmes nivéales aux branches pendues disent le chagrin de la forêt, affirment qu’elle était là avant la matrice qui la rase et survivra à l'implosion de celle-ci.
Découvrir que le silence de la solitude n'en est pas un non plus."
"Tu plantes, cueilles, chasses sans te poser de questions. S'en posaient-ils, tes ancêtres berrichons au XVIIème siècle? La culture, l’éducation, les livres ont enherbé les esprits, lents vénéfices qui ont accouché d’ego monstrueux. Et de questions. Trop de questions. Heureusement, on a inventé la télévision."
Erwan Larher fait partie du club très fermé des auteurs dont je veux tout lire, et arrivée au 7ème opus j'ai tenté de comprendre pourquoi. Une belle imagination flirtant parfois avec l'imaginaire, un regard acéré sur notre monde et éventuellement des pistes de solutions, des personnages parfois brut de pomme sur lesquels l'on sent le regard bienveillant du créateur, et cette écriture dense et drue qui paraît couler de source, pourtant on sent que la barre est haute et pas question d'à peu près.
Les avis de Cunéipage,
Toujours pas lu cet auteur. Par quoi commencer, please ?
RépondreSupprimerBen heu. Je vais dire, les disponibles, car ses premiers (très bons par ailleurs) sont plus compliqués à trouver (peut-être en bibli?). Certains, les 5 et 6, sont sortis en poche.
SupprimerDisons donc ce dernier puisque cuné n'a pas calé! ^_^
je te savais déjà amatrice de livres barrés!
SupprimerHeu je ne dirais pas barré quand même... Tente!
SupprimerC'est vrai que son écriture a du chien.
RépondreSupprimerTitre noté.
Syl.
Mais oui, du chien, j'aime l'expression!
SupprimerToujours pas lu non plus... (Goran : https://deslivresetdesfilms.com)
RépondreSupprimerPfff, ce n'est pas sérieux, camarade!
SupprimerUne sorte de suite de Marguerite n'aime pas ses fesses ? J'avais adoré le ton de ce roman donc celui ci devrait venir à moi rapidement !
RépondreSupprimerOh alors tu vas plus qu'aimer, c'est sûr, ma belle!
Supprimerle retour vers un passé que l'on présente après coup comme scintillant; à cause des paillettes m'amuse souvent c'était toujours plus triste que ce que l'on croit
RépondreSupprimerOh le roman est bien ancré dans le présent, enfin, pour ce que j'en sais.
SupprimerJ'en suis restée à "Autogénèse". Les suivants m'ont moins inspirée.
RépondreSupprimerAh faut voir quand même...
SupprimerJe n'ai lu que "Le livre que je ne voulais pas écrire" et il m'a laissé mitigée... j'ai aimé le style, les trouvailles littéraires, ça oui, mais pas les personnages, ni une certaine "suffisance" de l'auteur. Je pense que j'aurais préféré une fiction, mais pourtant, je n'ai guère envie de lire les fictions de l'auteur.
RépondreSupprimerBon je retourne à mon roman norvégien... ^-^
Ben quoi? Là c'est fiction! Comme les autres (sauf celui que tu as lu)
SupprimerBen, quand ça ne me dit rien, je n'ai pas envie de me forcer, malgré les avis des copines ! ;-)
SupprimerT'inquiète, tu sais, je pourrais faire une liste des auteurs encensés par les copines blogueuses, et ... ça ne passe pas!
SupprimerQue de qualités à ce roman. Forcément, je note le titre.
RépondreSupprimerMerci! Note l'auteur aussi.
SupprimerJ'ai commencé avec Marguerite et j'ai été amusée de la recroiser par ici. Mais pas seulement : je me le suis dévoré, jolie densité, great job !
RépondreSupprimerYes, sure! On ne lâche pas ce livre!
SupprimerVoilà une bonne question, mais elle restera sans réponse !
RépondreSupprimerBonne soirée.
A toi de voir! ^_^
SupprimerToujours pas lu ce fameux Erwan Larher, shame on me ! Et pourtant j'en ai un dans ma PAL. Mais je n'ai pas choisi le plus facile non plus, son avant-dernier. Je devrais peut-être partir sur Marguerite. Celui-ci est tentant mais le milieu du rock des années 80, hmmm...
RépondreSupprimerL'avant dernier, c'est Marguerite? Hé oui, ça passe.
SupprimerMais non, cet univers impitoyable années 80 n'est pas le seul intérêt du roman, voyons!
Non, l'avant-dernier c'est celui de l'attentat. Pour l'instant je n'arrive pas à m'y plonger, du coup je me dis que Marguerite, ce sera peut-être plus facile.:)
SupprimerCelui de l'attentat, comme tu dis, pourrait cependant t'étonner. Mais Marguerite a des atouts, tu sais.
SupprimerJe ne suis pas surprise de ton avis, je sais que tu es une grande fan de l'auteur depuis un moment déjà.
RépondreSupprimerDepuis le début, tiens... ^_^
SupprimerEn tout cas, ta chronique est gouleyante.
RépondreSupprimerMerci, et le roman l'est aussi!
SupprimerBonsoir Keisha, désolé mais ce n'est pas pour moi. Je ne comprends rien de ce qu'il écrit. Bonne soirée.
RépondreSupprimerHa, j'aime beaucoup, peut-être un autre de ses romans te conviendrait mieux.
SupprimerUn bon Larher, si je comprends bien ? Evidemment, je le lirai, tu m'as fait devenir fan !
RépondreSupprimerUn bon (en existe-t-il de mauvais? ^_^)
SupprimerBonne lecture!
Il me fait bien envie celui-ci, d'autant plus que je ne l'ai jamais lu...
RépondreSupprimerJe conseille, alors...
SupprimerIl faudrait déjà que je lises la fameuse Marguerite !! mais je note celui-ci aussi...
RépondreSupprimerOh il se lit indépendamment.
Supprimer