Berta Isla
Javier Marias
Gallimard, 2019
traduit par Marie-Odile Fortier-Masek
Attention auteur chouchou, même si je reconnais en toute objectivité qu'il est du genre 'ça passe ou ça casse'. Si vous n'aimez que les phrases courtes qui vous font haleter, vous aurez du mal. Si vous préférez vous perdre un peu dans des phrases tourbillonnantes, si vous aimez que l'auteur décide du rythme, qu'il vous enveloppe parfois de rappels, cet auteur est pour vous.
Avant de dévoiler (un peu, bien sûr) de quoi ça parle, j'ajouterai que Javier Marias sait toujours jouer avec les nerfs de ses lecteurs, lui laissant entrevoir une rencontre, une révélation, lui faisant deviner un événement, mais c'est lui qui décide de l'instant de la révélation, au bout de quelques pages que l'on tourne patiemment parce que c'est le jeu entre lui et nous.
Bon, de quoi ça parle?
Une histoire d'amour, entre Berta Isla la madrilène et son mari Tomas Nevinson, dont la double nationalité anglaise et espagnole ainsi que son don pour les langues et les imitations seront repérés à Oxford où il est étudiant. Ce qui amènera sur la scène les Wheeler et Tupra déjà connus des lecteurs de Marias, et Tomas se verra obligé de travailler pour des services secrets (oui, obligé, et l'on découvrira pourquoi). D'où aussi une histoire d'espionnage, mais dont on ne saura pas grand chose, le secret étant essentiel, n'est-ce pas? Berta et Tomas connaîtront de très longues périodes sans se rencontrer. Tomas risque de ne plus savoir qui il est, Berta de ne plus connaître qui est son mari.
Tout est vu par les yeux de Berta et Tomas, et se déroule surtout des années 70 à 90, sur fond de problème irlandais et guerre des Malouines.
Ne pas s'attendre à beaucoup d'action, je préviens, mais comme d'habitude avec Marias, certaines scènes mettent les nerfs à vif, par exemple celle du briquet...
Un passage
"C'est le narrateur qui décide et qui compte, mais on ne peut ni l'interpeller ni le questionner. Il n'a pas de nom et ce n'est pas non plus un personnage, à l'inverse de celui qui raconte à la première personne; on le croit, et donc on ne se méfie pas de lui; on ne sait pas pourquoi il sait ce qu'il ait ni pourquoi il omet et tait ce qu'il tait, ni pourquoi il est habilité à déterminer le sort de chacune de ses créatures, sans que jamais on le remette en cause. Il est clair qu'il existe et n'existe pas, tout à la fois, ou qu'il existe tout en étant introuvable. Il est même indétectable. Attention, je parle ici du narrateur et non pas de l'auteur, bien tranquille chez lui et qui n'est pas responsable de ce à quoi se réfère son narrateur et et serait même en mal d'expliquer pourquoi ce dernier en sait aussi long. Autrement dit, le narrateur à la troisième personne, omniscient, est une convention que l'on accepte et, d'une façon générale, celui qui ouvre un roman ne se demande ni pour quelle raison ni à quelle fin il prend la parole et garde jalousement durant des centaines de pages cette voix d'homme invisible, cette voix autonome et extérieur venue de nulle part."
Mes autres lectures de l'auteur
Le roman d'Oxford Dans le dos noir du temps Comme les amours Demain dans la bataille pense à moi Ton visage demain I et II et III Si rude soit le début
Javier Marias
Gallimard, 2019
traduit par Marie-Odile Fortier-Masek
Attention auteur chouchou, même si je reconnais en toute objectivité qu'il est du genre 'ça passe ou ça casse'. Si vous n'aimez que les phrases courtes qui vous font haleter, vous aurez du mal. Si vous préférez vous perdre un peu dans des phrases tourbillonnantes, si vous aimez que l'auteur décide du rythme, qu'il vous enveloppe parfois de rappels, cet auteur est pour vous.
Avant de dévoiler (un peu, bien sûr) de quoi ça parle, j'ajouterai que Javier Marias sait toujours jouer avec les nerfs de ses lecteurs, lui laissant entrevoir une rencontre, une révélation, lui faisant deviner un événement, mais c'est lui qui décide de l'instant de la révélation, au bout de quelques pages que l'on tourne patiemment parce que c'est le jeu entre lui et nous.
Bon, de quoi ça parle?
Une histoire d'amour, entre Berta Isla la madrilène et son mari Tomas Nevinson, dont la double nationalité anglaise et espagnole ainsi que son don pour les langues et les imitations seront repérés à Oxford où il est étudiant. Ce qui amènera sur la scène les Wheeler et Tupra déjà connus des lecteurs de Marias, et Tomas se verra obligé de travailler pour des services secrets (oui, obligé, et l'on découvrira pourquoi). D'où aussi une histoire d'espionnage, mais dont on ne saura pas grand chose, le secret étant essentiel, n'est-ce pas? Berta et Tomas connaîtront de très longues périodes sans se rencontrer. Tomas risque de ne plus savoir qui il est, Berta de ne plus connaître qui est son mari.
Tout est vu par les yeux de Berta et Tomas, et se déroule surtout des années 70 à 90, sur fond de problème irlandais et guerre des Malouines.
Ne pas s'attendre à beaucoup d'action, je préviens, mais comme d'habitude avec Marias, certaines scènes mettent les nerfs à vif, par exemple celle du briquet...
Un passage
"C'est le narrateur qui décide et qui compte, mais on ne peut ni l'interpeller ni le questionner. Il n'a pas de nom et ce n'est pas non plus un personnage, à l'inverse de celui qui raconte à la première personne; on le croit, et donc on ne se méfie pas de lui; on ne sait pas pourquoi il sait ce qu'il ait ni pourquoi il omet et tait ce qu'il tait, ni pourquoi il est habilité à déterminer le sort de chacune de ses créatures, sans que jamais on le remette en cause. Il est clair qu'il existe et n'existe pas, tout à la fois, ou qu'il existe tout en étant introuvable. Il est même indétectable. Attention, je parle ici du narrateur et non pas de l'auteur, bien tranquille chez lui et qui n'est pas responsable de ce à quoi se réfère son narrateur et et serait même en mal d'expliquer pourquoi ce dernier en sait aussi long. Autrement dit, le narrateur à la troisième personne, omniscient, est une convention que l'on accepte et, d'une façon générale, celui qui ouvre un roman ne se demande ni pour quelle raison ni à quelle fin il prend la parole et garde jalousement durant des centaines de pages cette voix d'homme invisible, cette voix autonome et extérieur venue de nulle part."
Mes autres lectures de l'auteur
Le roman d'Oxford Dans le dos noir du temps Comme les amours Demain dans la bataille pense à moi Ton visage demain I et II et III Si rude soit le début
Je me demande si je n'ai pas acheté un recueil de nouvelles de lui. En tout cas, ça m'a l'air bien intéressant ! Faut que je trouve ce roman également.
RépondreSupprimerCompte tenu de notre récurrente compatibilité bloguesque, cet auteur devrait te convenir.
SupprimerEn ce qui me concerne ça casse .. alors je passe.
RépondreSupprimerOui, je sais, pas de souci. ^_^
SupprimerJe retenterais bien une fois l'auteur, tu en dis tant de bien... si je croise celui-ci à la bibliothèque, je verrai.
RépondreSupprimerEn bibli, oui, ça vaut mieux si on hésite!
Supprimerc'est fou je vois cet auteur régulièrement chez toi et moi je n'arrive pas du tout à adhérer, j'en ai essayé plusieurs et niet niet ça ne marche pas sur moi
RépondreSupprimerOui, ça casse! Je comprends. Moi j'ai adhéré dès le premier (me sentant assez seule d'ailleurs ^_^)
SupprimerAu moins tu as essayé.
euh j'avoue l'extrait me fait peur ! non merci, je passe mais c'est bien d'avoir un auteur chouchou
RépondreSupprimerJ'en ai plusieurs, celui-ci est vivant et écrit encore!
SupprimerJe n'ai lu que "Comme les amours" que j'ai vraiment aimé... Celui-ci est en cours de lecture chez les jurées ELLE du mois de janvier, je vais voir s'il passe le cap (il est face à Girl de Edna O Brien et Ici n'est plus ici Tommy Orange)... mais j'ai assez envie de retrouver son univers.
RépondreSupprimerTu peux lire aussi Si rude soit le début, qui m'a éblouie!
SupprimerJ'espère que tu auras occasion de le lire, même si les deux autres titres paraissent aussi de belle qualité.
Tu parles de "phrases tourbillonnantes", et je sais que ce n'est pas pour moi. Dommage, l'auteur a l'air intéressant. Mais c'est vrai qu'il ne faut jamais dire jamais.
RépondreSupprimerTu peux toujours tenter (en bibli!)
SupprimerJ'aime pourtant beaucoup les phrases entourloupées, mais là je craque avant d'avoir commencer !
RépondreSupprimerOh tu peux essayer, après tu sauras si c'est pour toi.
SupprimerMalgré ton admiration pour cet auteur, je vais passer car le roman d'espionnage n'est vraiment pas fait pour moi...
RépondreSupprimerEn fait ce n'est pas franchement un roman d'espionnage.
SupprimerVoilà encore un auteur que je n'ai jamais lu, mais l'extrait est bien tentant.... Vais voir si la biblio l'a.
RépondreSupprimerAh j'espère que tu tomberas dans la marmite!
SupprimerTu me mets l'eau à la bouche....
RépondreSupprimerHé hé...
Supprimerje n'ai rien lu encore de l'auteur mais je note... Le fait qu'il ne se passe pas grand chose n'est pas un obstacle pour moi (cf une lecture récente (la terre invisible...)
RépondreSupprimerDes passages sont très denses, et puis quand même le temps passe. Tente, laisse -toi prendre au charme...
SupprimerPas pour moi, je pense.
RépondreSupprimerBonne nuit.
Un petit doute, oui. ^_^ C'est particulier.
SupprimerJamais lu encore cet auteur ( tu proposes du choix pour se lancer ), j'attendais un retour sur ce titre. L'extrait est intéressant !
RépondreSupprimerAh je le lis systématiquement...
SupprimerAuteur totalement inconnu pour moi mais c'est un chouchou pour toi, il mérite qu'on s'attarde sur son cas ;)
RépondreSupprimerIl le mérite, oui, mais j'ai prévenu que rien n'est garanti après.
Supprimerj'emprunterai à la bibliothèque et si cela ne passe pas je me rendrai!
RépondreSupprimerVoilà, c'est la solution la plus sage.
SupprimerAvec moi, ça casse... tant pis
RépondreSupprimerBah, il y a tant à lire par ailleurs. ^_^
SupprimerJ'aime bien la façon dont tu présentes l'auteur ! Je n'ai jamais rien lu de cet auteur, mais il pourrait peut-être me plaire, d'après ce que tu en dis.
RépondreSupprimerIl faut essayer, bien sûr.
SupprimerL'expression convient avec Marías, "ça passe ou ça casse". Je crois bien avoir abandonné un de ses romans alors que j'avais très apprécié "Un cœur si blanc". Chez lui tout est dans le digression à la fois pénétrante et amusante, comme le montre bien l'extrait.
RépondreSupprimerJe possède (achat) le délicieux "Littérature et fantôme".
Si je croise "Berta Isla" en bibliothèque, j'essaie, pas de doute.
A mon avis, mieux vaut le tenter en bibliothèque, on l'y trouve aisément, c'est un auteur reconnu.
Supprimer"Digression pénétrante et amusante", c'est vraiment cela!
Un coeur si blanc est sur mes étagères, le cadeau d'une blogueuse pour qui ça n'avait pas passé, mais merci à elle! ^_^
Dans ce que tu dis, je sens que ce roman... n'est pas pour moi !!! Je passe !
RépondreSupprimerJe pense que tu sens bien... ou alors pas ce titre!
SupprimerPas encore lu cet auteur mais bien repéré. Je tenterai sûrement un jour, par curiosité, mais les "ça passe ou ça casse", ça demande quand même mûre réflexion dans le choix du premier livre.:)
RépondreSupprimerExact!Si rude soit le début, ou Le roman d'Oxford? Comme les amours avait bien marché sur les blogs.
SupprimerEt bien, en effet tu es fan quand on voit tous les titres que tu as lus ;0) Bon, encore un auteur à découvrir pour moi :0) Bon dimnanche Keisha
RépondreSupprimerIl me reste un titre disponible, après, je ne me vois pas me lancer en espagnol...
SupprimerJe te comprends ;0) Je ne m'y lancerait pas non plus :0)
SupprimerJe me contente de l'anglais... ^_^
SupprimerOh j'adore la citation, c'est le genre de questions qui l'a tracassée à l'occasion car cela nous ramène au côté fictionnel de l'histoire qu'on est en train de lire...
RépondreSupprimerSi c'est bien fait, on ne se rend pas compte, mais finalement c'est une question à se poser. Parfois aussi je réalise qu'on voit les choses avec un (ou deux, etc.) personnages.
SupprimerJ'avais aimé ses premiers livres ( le Roman d'Oxford, Dans la bataille, pense à moi... ce que dit le majordome) et puis je n'ai pas du tout accroché avec un titre : je crois que c'est le Dos noir du temps? ) et je l'ai lâchement abandonné! Il faudrait que je lui redonne une chance...
RépondreSupprimerOui, oui, redonne lui sa chance, depuis tu as le choix, quelques uns sont parus.
SupprimerPourquoi pas, j’aime bien les phrases longues et tourbillonnantes :-) (Goran : https://deslivresetdesfilms.com)
RépondreSupprimerMarcel, reviens! ^_^
SupprimerJe ne pense pas l'avoir déjà lu, et je pense que je t'ai déjà écrit ça ^^
RépondreSupprimerFaut essayer, ça peut passer ou casser! ^_^
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