Journal
Hélène Berr
Tallandier, 2008
Hélène Berr
Tallandier, 2008
Brillante étudiante à la Sorbonne, Hélène prépare l'agrégation
d'anglais. Elle a sa famille, ses amis, la musique, et peut être un
amoureux, Gérard. Nous sommes en avril 1942, et la situation des
juifs français commence à se détériorer ... Elle rencontre Jean et
là elle est réellement amoureuse. En juin 1942 son père est interné à
Drancy. Début juillet 1942, elle demande à être assistante
sociale bénévole et visitera aussi des enfants. Jusqu'à son
arrestation en mars 1944, elle tient son journal.
Deux principales raisons pour lesquelles lire ce journal :
L'évidente, d'abord, comme un témoignage.
"J'ai un devoir à accomplir en écrivant, car il faut que les autres sachent." "Je sais pourquoi j'écris ce journal, je sais que je veux qu'on le donne à Jean si je ne suis pas là lorsqu'il reviendra."
Au début sa vie est presque normale. Puis de nouvelles lois sont instaurées. Les raffles et les déportations s'intensifient. Le changement de ton est très net dans ce journal (en 1943). Elle n'hésite pas à parler des tragédies autour d'elle. Elle est parfaitement lucide sur les dangers et son destin possible.
Au sujet de l'arrestation d'enfants par un inspecteur de police français : "Qu'on soit arrivé à concevoir le devoir comme une chose indépendante de la conscience, indépendante de la justice, de la bonté, de la charité, c'est là la preuve de l'inanité de notre prétendue civilisation."
De plus ce journal, écrit quasiment sans ratures, a une réelle valeur littéraire. L'écriture n'est pas "datée".
Une journée d'été à Aubergenville : "Le foudroiement de lumière qui émane du potager, l'allégresse qui accompagne la montée triomphante dans le soleil matinal, la joie à chaque instant renouvelée d'une découverte, le parfum subtil des buis en fleurs, le bourdonnement des abeilles, l'apparition soudaine d'un papillon au vol hésitant et un peu ivre. Tout cela, je le reconnaissais, avec une joie singulière. Je suis restée à rêver sur le banc là-haut, à me laisser caresser par cette atmosphère si douce qu'elle faisait fondre mon coeur comme de la cire ; et à chaque moment je percevais une splendeur nouvelle"
Dans la première partie revient souvent le mot "joie", Hélène croque la vie à pleines dents, elle est très sensible à la nature, elle aime se promener dans Paris et l'évolution de son amour pour Jean est très finement visible pour le lecteur.
Ensuite, de plus en plus, elle s'interroge sur ce qu'elle et les autres doivent vivre, sur le futur possible, et la tonalité générale de ses réflexions est plus sombre ...
"Ce n'est pas la pitié qu'ils doivent donner, c'est la compréhension, la compréhension qui leur fera sentir toute la profondeur, l'irréductibilité de la souffrance des autres, la monstrueuse injustice de ces traitements et les révoltera."
Pour ces raisons, j'ai réellement été captivée par cette lecture, sans jamais me sentir en position de "voyeur". A lire absolument !
Deux principales raisons pour lesquelles lire ce journal :
L'évidente, d'abord, comme un témoignage.
"J'ai un devoir à accomplir en écrivant, car il faut que les autres sachent." "Je sais pourquoi j'écris ce journal, je sais que je veux qu'on le donne à Jean si je ne suis pas là lorsqu'il reviendra."
Au début sa vie est presque normale. Puis de nouvelles lois sont instaurées. Les raffles et les déportations s'intensifient. Le changement de ton est très net dans ce journal (en 1943). Elle n'hésite pas à parler des tragédies autour d'elle. Elle est parfaitement lucide sur les dangers et son destin possible.
Au sujet de l'arrestation d'enfants par un inspecteur de police français : "Qu'on soit arrivé à concevoir le devoir comme une chose indépendante de la conscience, indépendante de la justice, de la bonté, de la charité, c'est là la preuve de l'inanité de notre prétendue civilisation."
De plus ce journal, écrit quasiment sans ratures, a une réelle valeur littéraire. L'écriture n'est pas "datée".
Une journée d'été à Aubergenville : "Le foudroiement de lumière qui émane du potager, l'allégresse qui accompagne la montée triomphante dans le soleil matinal, la joie à chaque instant renouvelée d'une découverte, le parfum subtil des buis en fleurs, le bourdonnement des abeilles, l'apparition soudaine d'un papillon au vol hésitant et un peu ivre. Tout cela, je le reconnaissais, avec une joie singulière. Je suis restée à rêver sur le banc là-haut, à me laisser caresser par cette atmosphère si douce qu'elle faisait fondre mon coeur comme de la cire ; et à chaque moment je percevais une splendeur nouvelle"
Dans la première partie revient souvent le mot "joie", Hélène croque la vie à pleines dents, elle est très sensible à la nature, elle aime se promener dans Paris et l'évolution de son amour pour Jean est très finement visible pour le lecteur.
Ensuite, de plus en plus, elle s'interroge sur ce qu'elle et les autres doivent vivre, sur le futur possible, et la tonalité générale de ses réflexions est plus sombre ...
"Ce n'est pas la pitié qu'ils doivent donner, c'est la compréhension, la compréhension qui leur fera sentir toute la profondeur, l'irréductibilité de la souffrance des autres, la monstrueuse injustice de ces traitements et les révoltera."
Pour ces raisons, j'ai réellement été captivée par cette lecture, sans jamais me sentir en position de "voyeur". A lire absolument !
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