L'Africain



L'Africain
J. M. G. Le Clézio







Mercure de France, 2004









Avec l'Africain, Le Clézio offre un magnifique portrait de son père; celui-ci, de nationalité anglaise, a dû quitter l'ile Maurice et a poursuivi des études médicales à Londres.
"Par orgueil sans doute, pour fuir la médiocrité de la société anglaise, par goût de l'aventure aussi",  il demande son affectation au ministère des Colonies et part à Georgetown, en Guyane.

Il se marie ensuite avec une cousine germaine demeurant en France, et les époux partent travailler dans ce qui est actuellement l'ouest du Cameroun, dans des conditions très rustiques, très loin de la civilisation occidentale.

"Le temps de Banso, pour mon père et ma mère, c'est le temps de la jeunesse, de l'aventure. Au long de leurs marches, l'Afrique qu'ils rencontrent n'est pas celle de la colonisation. L'administration anglaise, selon un de ses principes, a laissé en place la structure politique traditionnelle, avec ses rois, ses chefs religieux, ses juges, ses castes et ses privilèges."
Ils vivent sans confort, le père soigne avec les moyens de l'époque.

La mère doit revenir accoucher en France, elle y passera l'occupation allemande séparée de son mari (celui-ci se lancera dans une folle équipée pour aller la chercher, échouant en Algérie et devant rebrousser chemin...)

Le jeune Le Clézio ne connaitra vraiment son père qu'en allant le rejoindre, avec sa mère et son frère, en 1948 à Ogoja, au sud du Nigéria.

"Sans doute les choses se seraient-elles passées autrement s'il n'y avait pas eu la cassure de la guerre, si mon père, au lieu d'être confronté à des enfants qui lui étaient devenus étrangers, avait appris à vivre dans la même maison qu'un bébé, s'il avait suivi ce lent parcours qui mène de la petite enfance à l'âge de raison. Ce pays d'Afrique où il avait connu le bonheur de partager l'aventure de sa vie avec une femme, à Banso, à Bamenda, ce même pays lui avait volé sa vie de famille et l'amour des siens."

Au début des années cinquante, la famille rentre en France, où le père vit jusqu'aux années quatre vingts.
"L'Afrique avait mis en lui une marque qui se confondait avec les traces laissées par l'éducation spartiate de sa famille à Maurice. L'habit à l'occidentale qu'il endossait chaque matin pour aller au marché devait lui peser. Dès qu'il rentrait chez lui, il enfilait une large chemise bleue à la manière des tuniques des haoussas du Cameroun, qu'il gardait jusqu'à l'heure de se coucher. C'est ainsi que je le vois à la fin de sa vie. Non plu l'aventurier ni le militaire inflexible. Mais un vieil homme dépaysé, exilé de sa vie et de sa passion, un survivant."


Le Clézio sait faire partager son attirance pour l'Afrique de son enfance et surtout le sentiment d'incommunicabilité avec son père. Il réussit cependant à brosser de ce dernier un portrait sensible et plein d'affection. C'est un livre magnifique, nostalgique et émouvant !
[En fait je voulais (re)lire Onitsha mais il semble que ce roman soit inspiré fortement de la vie de Le Clézio à Ogoja.]
Autres avis sur ce livre : Sylire, Sylvie d'Orient-Express, Nanne,
Autres livres de Le Clézio présentés : voir Sylire ou Lisa, qui répertorie les liens.


Commenter cet article

Manu Il y a 4 ans
Malgré son prix Nobel, voilà un écrivain qui ne me tente absolument pas !
jumy Il y a 4 ans
C'est vrai que ce livre est magnifique. Le livre que j'ai lu se passe aussi en Afrique, je comprends que c'est un pays qui l'a attiré.
Moi aussi, sans le club je n'aurais pas connu cet auteur. J'en suis très contente. Je note celui-ci car j'ai bien envie de découvrir d'autres romans de lui.
kathel Il y a 4 ans
Ton avis et celui de Sylire me font noter ce livre, mais pas de Le Clézio pour moi cette fois... Je le découvrirai plus tard !
sybilline Il y a 4 ans
Merci pour cette belle lecture , Keisha! Je m'étonne toujours de ce que Le Clézio fut si longtemps mis sur le côté, jusqu'à ce que le Nobel vienne le sortir de l'ombre..
Lisa Il y a 4 ans
Comme je l'ai déjà dit sur le blog de Sylire, ce que vous dites de ce roman m'attire! Je le note...
Julien Il y a 4 ans
Tu as raison, en lisant ton billet, je m'aperçois des nombreuses similitudes avec Onitsha : le père anglais distant et froid, "l'attirance pour l'Afrique de son enfance", la vie dans le sud du Nigéria en 1948...
J'ai eu du mal à rentrer dans Onitsha, mais c'est un livre magnifique, Le Clézio a du talent.
Alice Il y a 4 ans
Moi, j'ai lu Révolutions et ce fus un gros coup de cœur
d'une immense richesse. J'ai lu aussi ce livre à sa sortie et j'ai beaucoup aimé.
Gambadou Il y a 4 ans
je crois que ce titre sera mon prochain de cet auteur...
cathe Il y a 4 ans
C'est certainement très intéressant de lire ce livre après avoir lu plusieurs romans de Le Clezio. Certaines "obsessions" de l'auteur doivent en effet s'expliquer par sa vie.
Karine :) Il y a 4 ans
Vous donnez toutes les deux, toi et Sylire, un avis bien tentant mais disons que je ne suis pas certaine que ce soit un auteur pour moi, bien que j'aie aimé sa plume. Si je le relis un jour, ce ne sera pas tout de suite... mais bon, je commence ma tournée des billets, peut-être que je changerai d'idée dans la journée!
Fanyoun Il y a 4 ans
Vous êtes plusieurs à l'avoir lu et vos avis semblent unanimes. C'est tentant quand même...
Aifelle Il y a 4 ans
Ton avis plus celui de Sylire, j'étais déjà tentée, le voilà surligné.
Florinette Il y a 4 ans
Après ses nouvelles, j'ai très envie de le découvrir dans ses romans et celui-ci est fort tentant !! ;-))
Alex Il y a 4 ans
J'avais tenté Ritournelle de la faim que j'avais trouvé bien écrit mais impossible d'accrocher. Du coup, je vais peut-être tenter ce titre là. Ton billet m'inspire ^^
Cécile Il y a 4 ans
Ce livre ne m'attire pas énormément malgré le bien que tu en dis alors je passe mon tour pour cette fois...
katell Il y a 4 ans
Je pense que je vais l'inscrire sur ma LAL spéciale Le Clézio ;-)
Armande Il y a 4 ans
Je croyais en avoir terminé avec Le Clézio après ma lecture en demi-teinte d'"Etoile errante" mais ton article me donne envie d'emprunter celui-ci à la médiathèque.
sylvie Il y a 4 ans
j'ai publié un commentaire sur mon blog..j'ai surtout été subjuguée par sa description d'une Afrique des origines...une vraie découverte qui donne envie de lire encore Le Clezio..
Cachou Il y a 4 ans
Commentaire perdu dans la pluie de commentaires ici ^_^:
Pfff, c'est l'invasion Le Clezio aujourd'hui! Voilà un auteur qui ne m'attire pas, même s'il plait. Je ne sais pas. Ce n'est pas le moment pour moi certainement...
Lapinoursinette Il y a 4 ans
Je garde un souvenir très fort de ce livre et je suis contente d'en relire des extraits ce soir grâce au blogoclub et grâce à ton billet!
sylvie Il y a 4 ans
orient express, c'est parfait..c'est interessant de noter les différents niveaux de lecture de ce roman..tu as surtout mis en valeur ses relations difficiles avec le père, j'ai été davantage touchée par sa vision de l'Afrique..des sentiments et des sensations complexes sous les dehors d'une lecture "facile"...
midola Il y a 4 ans
Un titre qu'il faudrait que je lise pour compléter ma lecture de "Onitsha"...
Titine Il y a 4 ans
Je me suis inscrite trop tard au blogoclub pour participer cette fois-ci...snif snif je suis fan de Le Clézio!!! C'est vrai aussi que ça ne m'aurait pas fait découvrir un auteur contrairement à celui sur Mexique. J'espère que tu y participeras également.
Nanne Il y a 4 ans
Je suis en retard pour présenter "L'Africain" dans le cadre du Blogoclub de mars ... Je l'ai trouvé très beau et très poétique, mais avec une vision d'enfant ! Dans tous les cas, un roman à conseiller à ceux et celles qui n'ont rien lu de Le Clézio ...
praline Il y a 4 ans
Ce titre me tente énormément ! Ce sera pour une autre fois :)
Géraldine Il y a 4 ans
Inculte que je suis, je n'ai encore rien lu de le clezio. Mais l'Africain est dans ma PAL depuis novembre, ce qui veut dire qu'il devrait être lu d'ici novembre prochain, bref, pour le premier anniversaire de son prix nobel. POurquoi faire comme tout le monde et lire la même chose en même temps ?!!
Hazel Il y a 4 ans
Tu vas rire... ce n'est que maintenant que j'ai aperçu le sommaire, à droite >_
keisha Il y a 4 ans


On va dire qu'il se faisait tard!
J'ai placé à droite les listes des livres et des auteurs, et très très bas la liste détaillée.

Commentaires