L'ombre en fuite
Richard Powers
Le cherche midi, Lot 49, 2009
Seattle, années 80 : Adie Klarpol rejoint une équipe de grosses têtes travaillant à la mise au point de la "Caverne".
Différents talents s'associent pour créer des univers virtuels.
Adie commence par une simple feuille du tableau du douanier Rousseau pour aboutir à la chambre Jungle.
"Leur première réussite - la feuille qui tournoyait dans les ténèbres de la caverne - les avait conduits là : à ce corps laiteux et lenticulaire que Spider voyait graviter dans la pénombre de son esprit. Epaules bombées, tresses de toron. Le galbe des hanches reposait en quelque point du limaçon de Pascal."
La chambre Econométrie permet de "voir" les données économiques:
"A dix heures, juste au dessus de l'horizon, la chevelure rousse d'une comète dessine une reprise de la consommation au troisième trimestre. Une rosace de poussière cosmique présage un chômage persistant. Une variation des données tabulaires met au jour des rapports cachés qui deviennent soudain évidents. Les courbes dansent comme des lampions accrochés au front d'une nuit d'été."
Beyrouth, années 80 : Taimur Martin , professeur américain est pris en otage et enfermé dans une pièce obscure. Il survit des mois et des mois, se perdant dans sa mémoire et son imagination, suppliant qu'on lui donne de la lecture.
Après plusieurs tentatives infructueuses il réussit à se souvenir d'un tableau du musée de Chicago, où il habitait avec son épouse Gwen:
"Tout ici vous a attendu, vous, la pensée qui regarde. Le savon, l'eau, la serviette, une chemise de rechange, un mur aux tableaux penchés. Que vous faut-il d'autre? Le lit est un peu étroit. Mais dans une chambre comme celle-là, Gwen réclamera de dormir blottie contre vous."
Les deux histoires se poursuivent parallèlement, avec en commun cette chambre de Van Gogh. Par finir par se rejoindre...
Mon avis: Richard Powers confirme là son grand talent. J'ai retrouvé son style extrêmement imagé et précis, où science, art et poésie sont ici entrelacés.
Le monde des chercheurs embarqués dans leur passion est bien rendu.La partie concernant la captivité au Liban est tout aussi captivante et basée sur des faits réels.
C'est une lecture qui fait chauffer quelques neurones et réclame de l'attention... Parfois vertigineux...
Un roman qui mérite de s'y plonger en dépit de l'aridité du thème de la réalité virtuelle, transfiguré par l'auteur.
Merci à Solène Perronno et aux éditions du cherche midi qui ont su détecter l'inconditionnelle de Richard Powers et lui proposer ce nouveau roman...
Les avis de Anna Blume, Amanda Meyre, Cuné, Leiloona (dont les connaissances savent éclairer quelques obscurités ...) In cold blog, Karine:), Cathulu,
Edit du 24 avril:
"Peint sur le plâtre peint de la peinture : une reproduction des premières images jamais dessinées.
Il a repris Altamira, dit Karl.(...) Le sujet, ce n'est pas vraiment la danseuse. Ce tableau parle de la première preuve jamais apportée de la nécessité de peindre. Peindre comme on frappe dans ses mains."
Richard Powers
Le cherche midi, Lot 49, 2009
Seattle, années 80 : Adie Klarpol rejoint une équipe de grosses têtes travaillant à la mise au point de la "Caverne".
Différents talents s'associent pour créer des univers virtuels.
Adie commence par une simple feuille du tableau du douanier Rousseau pour aboutir à la chambre Jungle.
Le rêve, Douanier Rousseau, MOMA, New York
"Leur première réussite - la feuille qui tournoyait dans les ténèbres de la caverne - les avait conduits là : à ce corps laiteux et lenticulaire que Spider voyait graviter dans la pénombre de son esprit. Epaules bombées, tresses de toron. Le galbe des hanches reposait en quelque point du limaçon de Pascal."
La chambre Econométrie permet de "voir" les données économiques:
"A dix heures, juste au dessus de l'horizon, la chevelure rousse d'une comète dessine une reprise de la consommation au troisième trimestre. Une rosace de poussière cosmique présage un chômage persistant. Une variation des données tabulaires met au jour des rapports cachés qui deviennent soudain évidents. Les courbes dansent comme des lampions accrochés au front d'une nuit d'été."
Beyrouth, années 80 : Taimur Martin , professeur américain est pris en otage et enfermé dans une pièce obscure. Il survit des mois et des mois, se perdant dans sa mémoire et son imagination, suppliant qu'on lui donne de la lecture.
Après plusieurs tentatives infructueuses il réussit à se souvenir d'un tableau du musée de Chicago, où il habitait avec son épouse Gwen:
"Tout ici vous a attendu, vous, la pensée qui regarde. Le savon, l'eau, la serviette, une chemise de rechange, un mur aux tableaux penchés. Que vous faut-il d'autre? Le lit est un peu étroit. Mais dans une chambre comme celle-là, Gwen réclamera de dormir blottie contre vous."
La chambre de Van Gogh à Arles (Art Institute of Chicago)
Les deux histoires se poursuivent parallèlement, avec en commun cette chambre de Van Gogh. Par finir par se rejoindre...
Mon avis: Richard Powers confirme là son grand talent. J'ai retrouvé son style extrêmement imagé et précis, où science, art et poésie sont ici entrelacés.
Le monde des chercheurs embarqués dans leur passion est bien rendu.La partie concernant la captivité au Liban est tout aussi captivante et basée sur des faits réels.
C'est une lecture qui fait chauffer quelques neurones et réclame de l'attention... Parfois vertigineux...
Un roman qui mérite de s'y plonger en dépit de l'aridité du thème de la réalité virtuelle, transfiguré par l'auteur.
Merci à Solène Perronno et aux éditions du cherche midi qui ont su détecter l'inconditionnelle de Richard Powers et lui proposer ce nouveau roman...
Les avis de Anna Blume, Amanda Meyre, Cuné, Leiloona (dont les connaissances savent éclairer quelques obscurités ...) In cold blog, Karine:), Cathulu,
Edit du 24 avril:
"Peint sur le plâtre peint de la peinture : une reproduction des premières images jamais dessinées.
Il a repris Altamira, dit Karl.(...) Le sujet, ce n'est pas vraiment la danseuse. Ce tableau parle de la première preuve jamais apportée de la nécessité de peindre. Peindre comme on frappe dans ses mains."
El Jaleo de Sargent
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