Exils
Nuruddin Farah
Le serpent à plumes, 2010
L'auteur : voir ici
Déjà lu : les deux premiers volumes d'une trilogie, Du lait aigre-doux et Sardines, qui se déroulaient durant la dictature militaire de Siyad Baré en Somalie. Les trois romans sont présentés chez Ballades et escales en littérature africaine.
Quatrième de couverture :
"Après vingt ans d'exil à New York, Jeebleh décide de retourner en Somalie, son pays. Au programme: trouver la tombe de sa mère et aider son ami d'enfance Bile à récupérer Raasta, sa fille enlevée. Mais quand il débarque à Mogadiscio, Jeebleh se rend compte que la situation a radicalement empiré.
Les clans ont divisé le pays, les adolescents prennent les gens pour des cibles et les Américains ont la gâchette facile. Le tâche de Jeebleh est complexe, d'autant qu'on se méfie de lui. A quel clan appartient-il aujourd'hui?
Dans ce monde chaotique où rien et personne n'est ce qu'il paraît, où chaque mot peut être une bombe, la petite Raasta, nommée la Protégée, représente l'espoir. Ses mots, sa présence sont le seul réconfort de ce peuple de vautours gouverné par la peur."
Des passages pour l'ambiance générale:
"Où était le danger? Qui était un ami, qui était un ennemi? Il avait été habitué à l'arbitraire d'un régime dictatorial où une simple rumeur vous envoie en prison, à une anarchie civile telle que votre vie pouvait dépendre d'un jeune armé d'un fusil pour la simple raison que vous apparteniez à un autre clan que le sien."
"Qui était-il (Af-Laawe) en réalité? Un médiateur de conflit grassement rémunéré par l'Union Européennne? Une escroc de haut vol qui avait planqué son magot dans une banque suisse? Un philanthrope dont l'ONG se chargeait d'enterrer des corps non réclamés? Le gardien d'une villa désertée par une famille en ruine?"
Mes impressions :
Suivre Jeebleh dans Mogadiscio aux mains des chefs de guerre nommés Strongman North et Strongman South s'avère une totale découverte des réalités somaliennes et de la vie -ou survie- de tous les jours où la mort rode (et les vautours survolent le tout). Comme lui, on se demande qui est qui, à qui faire confiance. Les réponses ne sont pas vraiment explicitées, des forces cachées sont à l'oeuvre et sans doute à l'origine du dénouement, à nous comme à Jeebleh de deviner. Les dialogues nombreux passent parfois du coq à l'âne ou s'interrompent brusquement, comme dans la vie, d'accord, mais c'est un peu désorientant dans un roman. Ceci étant, on arrive quand même quelque part, en dépit de tous les secrets et les non-dits.
Le titre original est Links (liens), moins parlant qu'Exils pour les lecteurs francophones, bien sûr, mais il gomme les allusions nombreuses au pouvoir de la famille et des clans en Somalie. Au point que Jeebleh s'interroge sur l'emploi des "je", "nous", ils"..."
Une bonne occasion de retrouver Nuruddin Farah dans une Somalie mal en point (la dernière fois, c'était sous une dictature), et d'imaginer à quel point Mogadiscio était une ville superbe.
"Je n'ai pas de champs cultivés à vous offrir
Ni d'argent, ni d'or!
Le Pays n'est que broussailles.
Si c'est du bois et de la pierre que vous cherchez,
Vous en trouverez en abondance,
Ainsi que des nids de termites.
...
Tout ce que j'ai à vous donner, c'est la guerre
Si c'est la paix que vous voulez, quittez mon pays."
Sayyid Mohammed Abdullah Hasan, poète somalien du début 20ème siècle.
Merci à Anne Vaudoyer du Serpent à plumes.
Les avis de
Nuruddin Farah
Le serpent à plumes, 2010
L'auteur : voir ici
Déjà lu : les deux premiers volumes d'une trilogie, Du lait aigre-doux et Sardines, qui se déroulaient durant la dictature militaire de Siyad Baré en Somalie. Les trois romans sont présentés chez Ballades et escales en littérature africaine.
Quatrième de couverture :
"Après vingt ans d'exil à New York, Jeebleh décide de retourner en Somalie, son pays. Au programme: trouver la tombe de sa mère et aider son ami d'enfance Bile à récupérer Raasta, sa fille enlevée. Mais quand il débarque à Mogadiscio, Jeebleh se rend compte que la situation a radicalement empiré.
Les clans ont divisé le pays, les adolescents prennent les gens pour des cibles et les Américains ont la gâchette facile. Le tâche de Jeebleh est complexe, d'autant qu'on se méfie de lui. A quel clan appartient-il aujourd'hui?
Dans ce monde chaotique où rien et personne n'est ce qu'il paraît, où chaque mot peut être une bombe, la petite Raasta, nommée la Protégée, représente l'espoir. Ses mots, sa présence sont le seul réconfort de ce peuple de vautours gouverné par la peur."
Des passages pour l'ambiance générale:
"Où était le danger? Qui était un ami, qui était un ennemi? Il avait été habitué à l'arbitraire d'un régime dictatorial où une simple rumeur vous envoie en prison, à une anarchie civile telle que votre vie pouvait dépendre d'un jeune armé d'un fusil pour la simple raison que vous apparteniez à un autre clan que le sien."
"Qui était-il (Af-Laawe) en réalité? Un médiateur de conflit grassement rémunéré par l'Union Européennne? Une escroc de haut vol qui avait planqué son magot dans une banque suisse? Un philanthrope dont l'ONG se chargeait d'enterrer des corps non réclamés? Le gardien d'une villa désertée par une famille en ruine?"
Mes impressions :
Suivre Jeebleh dans Mogadiscio aux mains des chefs de guerre nommés Strongman North et Strongman South s'avère une totale découverte des réalités somaliennes et de la vie -ou survie- de tous les jours où la mort rode (et les vautours survolent le tout). Comme lui, on se demande qui est qui, à qui faire confiance. Les réponses ne sont pas vraiment explicitées, des forces cachées sont à l'oeuvre et sans doute à l'origine du dénouement, à nous comme à Jeebleh de deviner. Les dialogues nombreux passent parfois du coq à l'âne ou s'interrompent brusquement, comme dans la vie, d'accord, mais c'est un peu désorientant dans un roman. Ceci étant, on arrive quand même quelque part, en dépit de tous les secrets et les non-dits.
Le titre original est Links (liens), moins parlant qu'Exils pour les lecteurs francophones, bien sûr, mais il gomme les allusions nombreuses au pouvoir de la famille et des clans en Somalie. Au point que Jeebleh s'interroge sur l'emploi des "je", "nous", ils"..."
Une bonne occasion de retrouver Nuruddin Farah dans une Somalie mal en point (la dernière fois, c'était sous une dictature), et d'imaginer à quel point Mogadiscio était une ville superbe.
"Je n'ai pas de champs cultivés à vous offrir
Ni d'argent, ni d'or!
Le Pays n'est que broussailles.
Si c'est du bois et de la pierre que vous cherchez,
Vous en trouverez en abondance,
Ainsi que des nids de termites.
...
Tout ce que j'ai à vous donner, c'est la guerre
Si c'est la paix que vous voulez, quittez mon pays."
Sayyid Mohammed Abdullah Hasan, poète somalien du début 20ème siècle.
Merci à Anne Vaudoyer du Serpent à plumes.
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freude
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keisha
Il y a 3 ans
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