Our mutual friend
Notre ami commun
Charles Dickens
Penguin Classics, 1997
Rentrée littéraire 1865
(Rapatrié de l'ancien blog)
L'histoire (si tant est qu'on puisse résumer un roman de Dickens...)(soupirs découragés)
Trois mots, l'argent, la Tamise et la nuit...
Après avoir rompu tout lien avec ses deux enfants, le riche John Harmon, meurt avec son tas de richesses, léguant sa fortune à son fils John à condition qu'il épouse Bella Wilfer, sinon l'argent ira à son fidèle employé Boffin.
John (le fils) revient donc en Angleterre, mais son cadavre est repêché dans la Tamise par Goffer Hexam et sa fille Lizzie, qui exercent un drôle de travail quand même, mais il faut bien vivre. Un mystérieux individu cherche à voir le corps, disparaît, puis réapparaît comme locataire chez les Wilfer, puis secrétaire chez les Boffin (qui ont hérité du vieil Harmon puisque le jeune est déclaré mort), sous le nom de John Rokesmith, et devient donc un ami commun aux deux familles. Evidemment on se doute de l'identité réelle de Rokesmith, dévoilée assez rapidement par Dickens.
Entre temps, Rokesmith est tombé amoureux de Bella, "so insolent, so trivial, so capricious, so mercenary, so careless, so hard to touch, so hard to turn" "and yet so pretty, so pretty!" Bella qui est issue d'un milieu modeste refuse un avenir tout aussi étriqué financièrement. Pourtant elle commence à souffrir de l'influence négative de la richesse sur Monsieur Boffin.
Par ailleurs Lizzie est courtisée par le maître d'école de son frère, Bradley Headstone et un homme de loi, Eugène Wrayburn. Fou de jalousie, Bradley Headstone s'attache aux pas de son rival. Lizzie s'enfuit et se cache pour obtenir quelque tranquillité.
L'argent encore avec les Veneering, riches parvenus dont les réceptions serviront de fil rouge au récit sans qu'ils aient vraiment une influence sur l'histoire, Fledgeby qui se livre au prêt sous couvert de l'officine de Riah, le juif: après Fagin, Dickens voulait un personnage juif plus sympathique.
La Tamise continue à couler, indifférente." And as the great black river with its dreary shores was soon lost to her view in the gloom, so, she stood on the river's brink unable to see into the blank vast misery of a life suspected, andfallen away from by good and bad, but knowing that it lay there dim before her, stretching away to the great Ocean, Death." Le roman s'ouvre sur la découverte d'un cadavre dans ses eaux, mais la suite verra des discussions sur ses berges et des noyades.
Il est remarquable que les personnages accomplissent des trajets fort longs à pied, à travers Londres (Ce qui était le cas de Dickens, d'après sa biographie). Sans parler du premier chapitre, c'est la nuit que Headstone suivra Wrayburn, que Wegg, l'homme à la jambe de bois ("he was so wooden a man that he seemed to have taken his wooden leg naturally, and rather suggested to the fanciful observer, that it might be expected - if his development received no intimely check - to be completely set up with a pair of wooden legs in about six months") (du pur Dickens!), Wegg donc épie Boffin et ses trouvailles d'immenses tas de détritus où - peut-être- John Harmon le père pourrait avoir dissimulé d'autres testaments?
Evidemment, j'ai laissé de côté de multiples personnages qui relient tous ceux dont j'ai déjà parlés. Dickens a son habitude a l'art de les rendre absolument remarquables. La mère de Bella est une sorte de mégère qui répète à son doux mari "It is as you think; not as I do" ; Riderhood (une vraie crapule), est évoqué par "the sweat of an honest's man brow". Chacun est reconnaissable à sa façon de s'exprimer suivant sa classe sociale ou sa personnalité. Comment oublier aussi Miss Abbey qui tient un bar d'une main de fer, décidant quand tel ou tel client a assez bu et doit rentrer chez lui.
Il n'a pas échappé au lecteur attentif que les passages cités sont en anglais. En effet, ce roman absolument génial n'existe qu'en pléiade!!! J'en profite pour ajouter ma voix aux personnes trouvant scandaleux que tous (oui, tous) les romans de Dickens ne soient pas accessibles au lecteur français à un prix raisonnable (quoique un pléiade c'est 1400 pages de qualité pour le prix de deux trois romans de 300 ou 400 pages qui ne tiendront pas la route longtemps, mais bon, je m'égare).
Sans doute aurais-je pu traduire les passages? Qu'il soit établi que traduire Dickens, c'est un métier, et je n'oserai marcher sur les plate-bandes de Sylvère Monod, son traducteur habituel, dont je reconnais de plus en plus le talent. Que faire sans trahir l'auteur face à "her Boffinless friends" ou bien "The grating wind sawed rather than blew; and I sawed, the sawdust whirled about the sawpit. Every street was a sawpit, and there were no top-sawyers; every passenger was an under-sawyer, with the sawdust blinding him and choking him"?
En guise de conclusion :
Ce roman fait jeu égal avec Bleak House dans mon panthéon des roman dickensiens.
L'édition que j'ai achetée contient en plus les illustrations originales de Marcus Stone et le plan du roman établi par Dickens. Il faut savoir que cette histoire est parue en feuilleton, que l'auteur devait savoir où il allait puisqu'une fois un épisode paru, pas moyen de le corriger. J'imagine aisément les contemporains de Dickens guettant avec frénésie les nouvelles livraisons, car c'est un roman palpitant, aux multiples rebondissements, aux personnages (pas tous, OK) attachants, mêlant habilement tragique, émotion, humour, ironie, critique de la société. Bref, Dickens est le meilleur!
Il existe (bien sûr!)une série BBC (voir ici)
Edit : Et j'avais oublié le billet de Karine:), tout aussi enthousiaste!
Cynthia Il y a 2 ans
Notre ami commun
Charles Dickens
Penguin Classics, 1997
Rentrée littéraire 1865
(Rapatrié de l'ancien blog)
L'histoire (si tant est qu'on puisse résumer un roman de Dickens...)(soupirs découragés)
Trois mots, l'argent, la Tamise et la nuit...
Après avoir rompu tout lien avec ses deux enfants, le riche John Harmon, meurt avec son tas de richesses, léguant sa fortune à son fils John à condition qu'il épouse Bella Wilfer, sinon l'argent ira à son fidèle employé Boffin.
John (le fils) revient donc en Angleterre, mais son cadavre est repêché dans la Tamise par Goffer Hexam et sa fille Lizzie, qui exercent un drôle de travail quand même, mais il faut bien vivre. Un mystérieux individu cherche à voir le corps, disparaît, puis réapparaît comme locataire chez les Wilfer, puis secrétaire chez les Boffin (qui ont hérité du vieil Harmon puisque le jeune est déclaré mort), sous le nom de John Rokesmith, et devient donc un ami commun aux deux familles. Evidemment on se doute de l'identité réelle de Rokesmith, dévoilée assez rapidement par Dickens.
Entre temps, Rokesmith est tombé amoureux de Bella, "so insolent, so trivial, so capricious, so mercenary, so careless, so hard to touch, so hard to turn" "and yet so pretty, so pretty!" Bella qui est issue d'un milieu modeste refuse un avenir tout aussi étriqué financièrement. Pourtant elle commence à souffrir de l'influence négative de la richesse sur Monsieur Boffin.
Par ailleurs Lizzie est courtisée par le maître d'école de son frère, Bradley Headstone et un homme de loi, Eugène Wrayburn. Fou de jalousie, Bradley Headstone s'attache aux pas de son rival. Lizzie s'enfuit et se cache pour obtenir quelque tranquillité.
L'argent encore avec les Veneering, riches parvenus dont les réceptions serviront de fil rouge au récit sans qu'ils aient vraiment une influence sur l'histoire, Fledgeby qui se livre au prêt sous couvert de l'officine de Riah, le juif: après Fagin, Dickens voulait un personnage juif plus sympathique.
La Tamise continue à couler, indifférente." And as the great black river with its dreary shores was soon lost to her view in the gloom, so, she stood on the river's brink unable to see into the blank vast misery of a life suspected, andfallen away from by good and bad, but knowing that it lay there dim before her, stretching away to the great Ocean, Death." Le roman s'ouvre sur la découverte d'un cadavre dans ses eaux, mais la suite verra des discussions sur ses berges et des noyades.
Il est remarquable que les personnages accomplissent des trajets fort longs à pied, à travers Londres (Ce qui était le cas de Dickens, d'après sa biographie). Sans parler du premier chapitre, c'est la nuit que Headstone suivra Wrayburn, que Wegg, l'homme à la jambe de bois ("he was so wooden a man that he seemed to have taken his wooden leg naturally, and rather suggested to the fanciful observer, that it might be expected - if his development received no intimely check - to be completely set up with a pair of wooden legs in about six months") (du pur Dickens!), Wegg donc épie Boffin et ses trouvailles d'immenses tas de détritus où - peut-être- John Harmon le père pourrait avoir dissimulé d'autres testaments?
Evidemment, j'ai laissé de côté de multiples personnages qui relient tous ceux dont j'ai déjà parlés. Dickens a son habitude a l'art de les rendre absolument remarquables. La mère de Bella est une sorte de mégère qui répète à son doux mari "It is as you think; not as I do" ; Riderhood (une vraie crapule), est évoqué par "the sweat of an honest's man brow". Chacun est reconnaissable à sa façon de s'exprimer suivant sa classe sociale ou sa personnalité. Comment oublier aussi Miss Abbey qui tient un bar d'une main de fer, décidant quand tel ou tel client a assez bu et doit rentrer chez lui.
Il n'a pas échappé au lecteur attentif que les passages cités sont en anglais. En effet, ce roman absolument génial n'existe qu'en pléiade!!! J'en profite pour ajouter ma voix aux personnes trouvant scandaleux que tous (oui, tous) les romans de Dickens ne soient pas accessibles au lecteur français à un prix raisonnable (quoique un pléiade c'est 1400 pages de qualité pour le prix de deux trois romans de 300 ou 400 pages qui ne tiendront pas la route longtemps, mais bon, je m'égare).
Sans doute aurais-je pu traduire les passages? Qu'il soit établi que traduire Dickens, c'est un métier, et je n'oserai marcher sur les plate-bandes de Sylvère Monod, son traducteur habituel, dont je reconnais de plus en plus le talent. Que faire sans trahir l'auteur face à "her Boffinless friends" ou bien "The grating wind sawed rather than blew; and I sawed, the sawdust whirled about the sawpit. Every street was a sawpit, and there were no top-sawyers; every passenger was an under-sawyer, with the sawdust blinding him and choking him"?
En guise de conclusion :
Ce roman fait jeu égal avec Bleak House dans mon panthéon des roman dickensiens.
L'édition que j'ai achetée contient en plus les illustrations originales de Marcus Stone et le plan du roman établi par Dickens. Il faut savoir que cette histoire est parue en feuilleton, que l'auteur devait savoir où il allait puisqu'une fois un épisode paru, pas moyen de le corriger. J'imagine aisément les contemporains de Dickens guettant avec frénésie les nouvelles livraisons, car c'est un roman palpitant, aux multiples rebondissements, aux personnages (pas tous, OK) attachants, mêlant habilement tragique, émotion, humour, ironie, critique de la société. Bref, Dickens est le meilleur!
Il existe (bien sûr!)une série BBC (voir ici)
Edit : Et j'avais oublié le billet de Karine:), tout aussi enthousiaste!
Cynthia Il y a 2 ans
keisha
Il y a 2 ans
Manu
Il y a 2 ans
keisha
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dominique
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keisha
Il y a 2 ans
Sûr et certain tu quittes OB alors ? Tu rapatries petit à petit ?
RépondreSupprimerCachou a tout rapatrié sur WP, elle a de l'aide à proposer, mais j'hésite encore...
SupprimerLà je fais un essai de rapatriement à la main, visiblement ça va affoler les GR...
C'est le roman que Desmond, ayant lu tout Dickens, transporte avec lui partout pour le lire à l'ultime moment, à l'article de la mort. C'est de "Lost" que je parle là, me revoilà obsessionnelle avec cette série que j'ai entrepris de regarder à nouveau en entier, depuis le premier épisode pendant l'été. 2 épisodes par jour, j'en suis à la saison 3 et c'est au moins aussi passionnant que la première fois. Mais on parle de Dickens ici, pardon....
RépondreSupprimerAïe, je comprends Desmond, même si je ne le connais pas précisément (merci d'avoir donné le contexte!); si j'ai bien compris l'été pluvieux te pousse vers les séries...
SupprimerDickens se retrouve partout, rien d'étonnant, ces anglo-saxons savent l'utiliser...(je me souviens d'un bel épisode du docteur who)
Là c'est un vieux billet, je fais un essai de récupération, mais je crois que je vais en rester là. Même Cachou, aidée (elle propose les services, d'ailleurs, c'est sympa), a passé beaucoup de temps à fignoler. En plus mon clavier bugue...(je remets plein de lettres une à une)
A première vue, je n'ai pas tout compris .. mais ce n'est pas grave. Je ne suis même pas sûre d'avoir lu UN Dickens, j'ai tout devant moi, tu imagines ?
RépondreSupprimerTu n'as lu aucun Dickens? Et je te parle encore? ^_^ Cela prouve ma grande ouverture d'esprit...
SupprimerLis en un (pavé, forcément) , peut être pas n'importe lequel (demande des conseils), et entre dans un monde fabuleux!
Ceci étant, ceci était une tentative (pas forcément positive) de rapatriement d'un billet). Bon, je ne vais pas me prendre la tête et y passer ma vie, c'est un blog...^_^
Ma conclusion, c'est que ce livre a l'air fabuleux comme tous les dickens ! Et puis j'adore ces romans feuilletons foisonnants ! Et qu'il faut que je m'achète la pléiade !
SupprimerQuel enthousiasme! Mais je n'ai rien à dire, je l'ai lu en VO, ma bibli refusant l'achat du Pléiade.
SupprimerLes Dickens le moins courants, tel celui-ci, sont souvent les préférés des fans, va savoir!
Bon courage dans tes rapatriements alors !
RépondreSupprimerQuant à moi, je n'ai lu que le conte de Noël mais on verra quand je serai à la retraite ;-)
J'ignore si je continuerai, ou alors les billets sur les incontournables?
SupprimerA la retraite? Lointain, alors, si j'ai bonne mémoire. Mais Dickens est intemporel (et patient)
J'adore ton billet, of course! Je l'ai adoré, comme tu le sais. Il fait aussi partie de mon panthéon Dickensiens! Je pense que j'aime ces romans plus tardifs de Dickens. J'ai l'adaptation chez moi, que je n'ai pas encore regardée, of course. Un jour, un jour...
RépondreSupprimer(Un billet rapatrié de mon ancien blog, juste pour voir)(Certains billets me tiennent à cœur!)
SupprimerJe te conseille l'adaptation, où il ne manque quasiment rien!
D'ailleurs, tiens, j'ai encore quelques romans de Dickens à lire, pour une année Dickens, je joue petit jeu...